Jacques de Molay – Le crépuscule des templiers Edition 2013

 

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Chacun sait la fin tragique du Temple, cet ordre religieux militaire fondé au XIIe siècle, l’un des plus puissants d’Occident, dont le procès, intenté par Philippe le Bel en 1307, alimente aujourd’hui encore bien des légendes et des controverses. Peut-être connaît-on moins Jacques de Molay (v. 1244-1314), dernier grand maître du Temple, qui périt dans les flammes du bûcher pour avoir refusé de renier son ordre. A dire vrai, l’homme, originaire de la Comté de Bourgogne, ne fait guère parler de lui tout au long d’une carrière discrète en Orient. Élu à la tête des templiers en 1292, il est confronté à la chute des États latins après la prise d’Acre par les Mamelouks. De Chypre, où les chrétiens d’Orient se sont repliés, il anime alors la lutte pour la reconquête de Jérusalem, en s’appuyant sur une alliance avec les Mongols. Mais cette stratégie échoue, et le grand rêve prend fin. Convoqué en France par le pape Clément V pour y discuter de la croisade et de la fusion entre les ordres du Temple et de l’Hôpital, Molay se trouve pris au piège d’une machination qui le dépasse et qui porte un coup fatal aux templiers. Alain Demurger, au regard de documents inédits récemment portés à sa connaissance, revient, dans cette édition revue et augmentée, sur le parcours d’un homme méconnu, souvent mal jugé par la postérité, mais non sans caractère et ambition. Modifiant au passage quelques dates et données considérées jusqu’à présent comme établies, il évalue, dans une enquête passionnante, la part de responsabilité du dernier grand maître dans le procès du Temple et les véritables motifs de celui-ci.

Publié dans : L'ordre des Templiers | le 15 mars, 2014 |Pas de Commentaires »

Les Templiers et leurs Mystères 5ème Edition 2013

 

 

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Contacter l’auteur : patrick.riviere87@gmail.com

Publié dans : L'ordre des Templiers | le 20 janvier, 2014 |1 Commentaire »

Les Templiers dans le Lot, un voyage au coeur du Quercy

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Les Templiers s’installèrent dans le Lot vers 1153 en créant d’abord leur maison cheftaine du Quercy au Bastit-du-Causse, en plein Causse de Gramat. Elle s’appuyait, au Sud, sur deux commanderies ― Soulomès, foncée vers 1160, et Cras, créée en 1200 ― à l’Est dur celle de Durbans (fondée en 1160) et au Nord, sur celle de Martel. À Figeac, une commanderie existait hors les murs, en 1187, et dépendait de la commanderie de Cahors, fondée en 1190 dans le quartier des Badernes. Quant à la commanderie de La Tronquière, créée vers 1250, certains des historiens lui attribuent une origine templière et d’autres une formation hospitalière. À la frontière du Lot et du Tarn-et-Garonne l’importante commanderie templière de Lacapelle-Livron fut fondée à la fin du XIIe siècle : elle possédait de nombreuses dépendances dans l’actuel département du Lot, en particulier à Carnac et à Trébaix, au sud-ouest de Cahors. Rigoureusement organisées et hiérarchisées, ces commanderies étaient au centre d’un réseau plus ou moins étendu de maisons fortes, de métairies, de chapelles, de prieurés, d’hôpitaux, de léproseries, de droits et de rentes divers, le tout constituant un important patrimoine, développant une politique de production diversifiée et efficace. Une courte prosopographie des Templiers complète cette étude.

Nom de l’éditeur : Pascal Galodé Editions

Julie Galodé

Pascal Galodé éditeurs
7 rue de Dinan
35400 Saint-Malo
Tél : 02.23.18.63.45
Publié dans : L'ordre des Templiers | le 17 décembre, 2013 |Pas de Commentaires »

TEMPLIERS Baphomet et Mendès, bouc du sabbat

 

Baphomet et Mendès, bouc du sabbat

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Tiré du livre Dogmes et rituels de la Haute-Magie, cette représentation donné par Eliphas Lévis est devenue la représentation visuelle  dite « officielle » de Baphomet :


« Le bouc sur le frontispice porte le signe du pentagramme sur son front, avec un point en son sommet, un symbole de lumière, ses deux mains formant le signe de l’Hermétisme, l’une pointant la lune blanche de Chesed, l’autre pointant la lune noire de Geburah. Ce signe exprime la parfaite harmonie de la compassion avec la justice. Son premier bras est féminin, l’autre masculin comme ceux de l’androgyne de Khunrath, les attributs de celui auquel nous devions nous lier avec ceux de notre bouc parce qu’il est un seul et même symbole. La flamme de l’intelligence brillante entre ses cornes est la lumière magique de la lumière de l’équilibre universel, l’image de l’âme élevée au-dessus de la matière, comme la flamme qui, bien qu’attachée à la matière, brille au-dessus d’elle. La tête laide de la bête exprime l’horreur du pécheur, dont l’agissement matériel, la partie entièrement responsable, doit supporter exclusivement la punition ; car l’âme de par sa nature est insensible et peut uniquement souffrir lorsque elle se matérialise. La canne qui se dresse à la place des organes génitaux représente la vie éternelle, le corps recouvert d’écailles l’eau, le demi-cercle au-dessus l’atmosphère, les plumes qui volent ce qui est volatile. L’humanité est représentée par les deux seins et les deux bras androgynes de ce sphinx des sciences occultes. »[3]

Dans la description de Lévi, Baphomet incarne le point culminant du processus alchimique – l’union de forces opposées afin de créer la Lumière Astrale – la base de la magie, et, au final, de l’illumination.
Un regard approfondi sur l’image nous révèle que chaque symbole est inévitablement équilibré avec son opposé. Baphomet lui-même est un personnage androgyne qui porte les caractéristiques des deux sexes : les seins de la femme, le pénis en érection représenté par la canne. Le concept d’androgénisme tient une place importante dans la philosophie occulte car il est représentatif du plus haut niveau d’initiation dans la quête du « devenir un avec Dieu ».
Le phallus de Baphomet est en fait le Caducée d’Hermès – une baguette entremêlée de deux serpents. Cet ancien symbole a représenté l’Hermétisme pendant des siècles. Le Caducée représente ésotériquement l’activation des chakras de la base de la colonne vertébrale à la glande pinéale.

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Le caducée comme symbole de l’activation des chakras

« La Science n’est réelle que pour ceux qui admettent et comprennent la philosophie et la religion ; et son processus ne réussira que pour l’adepte qui a atteint la souveraineté de la volonté, et qui devient ainsi le Roi du monde élémentaire : pour le grand agent de l’opération du Soleil, cette force décrite dans le Symbole d’Hermès, de la table d’émeraude : c’est le pouvoir magique universel ; le pouvoir spirituel, la force motrice rougeoyante ; il s’agit du Od selon les Hébreux, et la Lumière Astrale, selon les autres.
Là-dedans se trouve le feu secret, vivant et philosophique, duquel parlent tous les philosophes Hermétiques avec une réserve mystérieuse : la Graine Universelle, de laquelle ils gardaient le secret, et qu’ils représentaient seulement sous les traits du Caducée d’Hermès. » [4]

Baphomet est donc symbolique du Grand Œuvre alchimique où les forces séparées et opposées sont unies dans un équilibre parfait pour générer de la Lumière Astrale. Le procédé alchimique est représenté sur l’image de Lévi par les termes Solve et Coagula, sur les bras de Baphomet. Même s’ils donnent séparément des résultats opposés, Solve (du latin solvere : « dissoudre, désagréger », c’est-à-dire transformer un solide en liquide) et Coagula (c’est-à-dire transformer un liquide en solide) sont deux étapes nécessaires du processus alchimique – qui vise à transformer une pierre en or, ou, en termes ésotériques, transformer un profane en un homme illuminé. Les deux étapes sont inscrites pointant des directions différentes, ce qui renforce encore plus leur nature différente.

Les mains de Baphomet forment le « signe de l’Hermétisme » – qui est une représentation de l’axiome hermétique « Là haut comme ici-bas », un dicton qui résume entièrement les enseignements et objectifs de l’Hermétisme, où le microcosme (l’homme) est comme le macrocosme (l’univers). Par conséquent, comprendre l’un équivaut à comprendre l’autre. Cette Loi de Correspondance a pour origine les Tablettes d’Emeraude d’Hermès Trismégiste où il est écrit :


« Ce qui est Ici-bas correspond à ce qui est Là-haut, et ce qui est Là-haut correspond à ce qui est Ici-bas, pour accomplir les miracles de l’Unique. » [5]


La maîtrise de cette force vitale, la Vie Astrale, est ce qui est appelé « magick » par les occultistes modernes.


La carte de tarot du Magicien, qui montre l’axiome Hermétique « Là-haut comme Ici-bas ».

« La pratique de la magie – qu’elle soit blanche ou noire – dépend de l’habilité de l’utilisateur à contrôler la force vitale universelle – celle qu’Eliphas Lévi appelle le grand agent magique ou la lumière astrale. Par la manipulation de cette essence fluide se produisent les phénomènes de transcendantalisme. Le fameux bouc hermaphrodite de Mendès était une créature composite créée pour symboliser la lumière astrale. Il est identique à Baphomet, membre du panthéon mystique des ces disciples de magie cérémonielle, les Templiers, qui l’ont probablement obtenu des Arabes. » [6]

Chacune des mains de Baphomet indique des lunes opposées, que Lévi a appelées Chesed et Geburah – deux concepts opposés de la Kabbale juive. Dans l’Arbre de la Vie cabalistique, le Sephiroth, Chesed est associé avec la « gentillesse donnée aux autres » tandis que Geburah se réfère à « la retenue de l’empressement de quelqu’un à accorder sa bonté aux autres, quand le récipient de ce bien est jugé sans valeur et susceptible d’en faire mauvaise utilisation ». Ces deux concepts sont opposés et, comme avec tout dans la vie, un équilibre doit être trouvé entre les deux.

La caractéristique la plus remarquable de Baphomet est bien sûr sa tête de bouc. Cette monstrueuse représente la nature animale et pécheresse de l’homme, ses tendances égoïstes et ses bas instincts. Opposé à la nature spirituelle de l’Homme (symbolisée par la « lumière divine » sur sa tête), ce côté animal est malgré tout vu comme une part essentielle de la nature dualiste de l’Homme, où l’animal et le spirituel doivent s’unir dans l’harmonie. On pourrait aussi dire que l’apparence d’ensemble de Baphomet, grotesque, peut servir à repousser et à dégoûter le profane qui n’est pas initié à la signification ésotérique du symbole.

Origines de son nom :

Il y a plusieurs théories concernant les origines du nom « Baphomet ». L’explication la plus répandue prétend que c’est une corruption du vieux français désignant le prophète de l’Islam (Muhammad, latinisé en « Mahomet »). Durant les croisades, les chevaliers Templiers restèrent pour des périodes prolongées dans les pays du Moyen-Orient où ils ont eu connaissance des enseignements du mysticisme arabe. Ce contact avec des civilisations orientales leur a permis de ramener en Europe les bases de ce qui deviendra plus tard l’occultisme occidental, ce qui inclut le gnosticisme, l’alchimie, la Kabbale et l’Hermétisme. L’affinité des Templiers avec les musulmans a conduit l’Eglise à les accuser de vénérer une idole appelée Baphomet, donc il y a des liens possibles entre Baphomet et Mahomet. Cependant, il existe d’autres théories à propos de l’origine de ce nom.

Eliphas Lévi, l’occultiste français qui a fait cette fameuse description de Baphomet, avança l’argument que le nom dérivait d’un code cabalistique :

« Le nom Templier Baphomet, qui devrait être cabalistiquement écrit à l’envers, est composé de trois abréviations : Tem. Ohp. AB. : templi omnium hominum pacts abbas, « le père du temple de la paix entre les Hommes. »[1]

Arkon Daraul, un auteur et professeur de tradition et de pratique magique soufie, prétendait que Baphomet venait du mot arabe Abu fihama(t), ce qui signifie « le père de la Compréhension ».[2]

Le Dr. Hugh Schonfield, dont les travaux sur les parchemins de la mer Morte sont bien connus, a développé une des théories les plus intéressantes. Schonfield, qui a étudié un code secret juif appelé le code d’Atbash, qui était utilisé lors de la traduction de certains des parchemins de la mer Morte, prétendait que lorsqu’un s’appliquait au mot « Baphomet », il renvoyait au mot grec « Sophia », qui signifie « sagesse, connaissance » et qui est aussi synonyme de « déesse ».


      Origines Possibles de la Représentation :


L’image moderne de Baphomet semble prendre racines dans plusieurs sources antiques, mais d’abord dans les dieux païens. Baphomet affiche une ressemblance à des dieux présents tout autour du globe, dont l’Egypte, l’Europe du Nord et l’Inde. En fait, un grand nombre de mythologies de civilisations anciennes comprennent un genre de déité cornue. Selon la théorie jungienne, Baphomet est la continuation de l’archétype du dieu cornu, étant donné que le concept d’une déité surmontée de cornes est présente universellement dans le psychisme de l’individu. Est-ce que Cernunnos, Pan, Hathor, le Diable (représenté par les Chrétiens) et Baphomet ont une origine commune. Certains de leurs attributs présentent une ressemblance frappante.


En Grand-Bretagne, une version de Cernunnos se nommait Herne. Le dieu cornu avait les caractéristiques satyriques de Baphomet, tout comme cette insistance sur le phallus.

 
Cernunnos : Dieu solaire à visage humain jeune et aux bois de cerf, ou simplement cornu, il est le dieu de la fécondité. Il est également le maître du royaume des morts. Il a parfois été christianisé sous le nom de Saint Cornély ou Saint Corneille. Il était le dieu principal des Carnutes.


Pan était un dieu important en Grèce. Le dieu de la nature était en général représenté avec des cornes sur la tête et le bas du corps d’un bouc. A l’instar de Cernunnos, Pan était une déité phallique. Ses attributs animaux sont une incarnation des instincts charnels et procréatifs de l’homme.


« Le pape Sylvestre II et le Diable » (1460). Dans la Christianisme, le diable a des caractéristiques similaires aux dieux païens décrits ci-dessus, vu qu’ils sont la principale inspiration pour ces descriptions. Les attributs incarnés par ces dieux devinrent une représentation de ce qui est considéré comme le Mal par l’Eglise.


La carte du Diable dans le tarot de Marseille (XVème siècle). Cette description du diable, avec ses cornes, ses ailes, ses seins et son signe de la main est assurément une influence majeure dans le description de Baphomet par Lévi.


Robin
Good-Fellow [littérallement « Bon-Compagnon », ndlr] ou le Puck est une fée de la mythologie censée être la personnification des esprits de la terre. Possédant plusieurs attributs de Baphomet et d’autres déités, il est ici montré sur la couverture d’un livre de 1629, entouré de sorcières.


« Le grand Bouc » ou le « Sabbat des sorcières » de 1821, par Goya. La peinture représente une assemblée de sorcières rassemblées autour de Satan, dépeint comme un être mi-homme mi-bouc.

Une figure ressemblant à Baphomet sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui fut à l’origine bâtie par les chevaliers Templiers.


Dans les Sociétés Secrètes


Bien que la description de Lévi en 1861 soit la plus célèbre, le nom de cette idole a circulé pendant plus d’un milliers d’années à travers les sociétés secrètes et les cercles occultes. La première mention connue de Baphomet en tant que partie d’un rituel occulte apparut durant l’ère des chevaliers du Temple.

Les Chevaliers du Temple


Baphomet présidant un rituel Templier, par Léo Taxil.

Il est largement admis parmi les chercheurs de l’occulte que la figure de Baphomet était d’une grande importance dans les rituels des chevaliers Templiers. La première occurrence du nom « Baphomet » apparut dans une lettre de 1098 écrite par le croisé Ansèlme de Ribemont : [7]


« Alors que le jour se levait, ils en ont appelé à Baphomet de vive voix alors que nous priions silencieusement Dieu en nos cœurs ; ensuite nous avons attaqué et les avons tous sortis de force hors des enceintes de la ville. »


Lors du procès des Templiers en 1307, où les chevaliers furent torturés et interrogés sur ordre du roi Philippe IV, le nom « Baphomet » fut mentionné plusieurs fois. Alors que certains Templiers niaient l’existence de Baphomet, d’autres l’ont décrit comme étant une tête coupée, un chat ou une tête à trois visages.

« Les Templiers adoraient-ils Baphomet ? Offrirent-ils une salutation honteuse aux fesses du grand bouc de Mendès ? Quelle était en réalité cette secrète et puissante association qui mettaient en péril l’Eglise et l’Etat, et qui fut ainsi détruite sans bruit ? Ne jugez rien à la légère ; ils sont coupables d’un grand crime ; ils ont exposé à des yeux profanes le sanctuaire de l’ ancienne initiation. Ils se sont à nouveau rassemblés et ont partagé les fruits de l’arbre de la connaissance, et ainsi ils pourraient devenir les maîtres du monde. Le jugement prononcé contre eux est plus haut et bien plus vieux que le tribunal du pape ou celui du roi. « Le jour où tu mangeras de cela, tu mourras certainement » a dit Dieu Lui-même, cela est écrit dans le Livre de la Genèse.
(…)

Oui, ceci est notre conviction profonde, les Grands Maîtres de l’Ordre des Templiers ont vénéré le Baphomet, et pour cela ils furent vénérés par leurs initiés ; oui, il existait dans le passé, et peut-être encore à présent, des assemblées qui sont présidées par ce personnage, assis sur un trône et possédant une torche entre les cornes. Mais les adorateurs ne considèrent pas, comme nous le considérons, que c’est une représentation du diable : au contraire pour eux il s’agit du dieu Pan, le dieu de nos écoles modernes de philosophie, le dieu de l’école théurgique d’Alexandre et de nos propres néo-platoniciens, le dieu de Lamartine et de Victor Cousin, le dieu de Spinoza et Platon, le dieu des forces gnostiques primitives ; aussi le Christ du clergé dissident. Cette dernière qualification, écrite sur le bouc de la Magie Noire, n’étonnera pas les étudiants des antiquités religieuses, qui sont familiers avec les phases de symbolisme et de doctrines dans leurs transformations variées, que ce soit en Egypte, en Inde ou en Judée » [8]

Franc-maçonnerie


Peu après la sortie de l’illustration de Lévi, le journaliste et écrivain français Léo Taxil a publié une série de livres et de pamphlets dénonçant la franc-maçonnerie, en accusant les Loges de vénérer le diable. Au centre de ses accusations se trouvait Baphomet, qui fut décrit comme l’objet de vénération de la franc-maçonnerie.

« Les mystères de la franc-maçonnerie » accusait les francs-maçons de satanisme et de vénérer le diable. Le livre de Lévi souleva la colère des catholiques.


La couverture du livre « les mystères de la franc-maçonnerie » dépeignant un rituel maçonnique présidé par Baphomet, qui se fait littéralement adorer.

Une image anti-maçonnique par le publicitaire Abel Clarin de la Rive, 1894.

En 1897, après avoir causé pas mal de remous suite à ses révélations sur la franc-maçonnerie française, Léo Taxil a organisé une conférence de presse où il annonça que beaucoup de ses révélations étaient des inventions [9]. Dès lors, cette série d’évènements fut surnommée « le canular Léo Taxil ». Cependant, certains prétendront qu’il y avait une probabilité que les confessions de Taxil furent forcées, dans le but d’étouffer la controverse impliquant la franc-maçonnerie.

Quelle que soit la réponse, la connexion la plus évidente entre Baphomet et la franc-maçonnerie se fait à travers le symbolisme, où l’idole devient une allégorie pour de profonds concepts ésotériques. L’auteur maçonnique Albert Pike argumente que, dans la franc-maçonnerie, Baphomet n’est pas un objet d’adoration, mais un symbole, dont le véritable sens n’est révélé qu’aux initiés de niveau supérieur.

« Il est absurde de supposer que des hommes d’intellect adoraient une idole monstrueuse appelée Baphomet, ou qu’ils reconnurent Baphomet comme un prophète inspiré. Leur symbolisme, inventé des lustres auparavant, pour dissimuler ce qu’il était dangereux d’avouer, était bien sûr mal compris de ceux qui n’étaient pas initiés, et pour leurs ennemis ils semblaient panthéistes. Le veau d’or, fabriqué par Aaron pour les Israëlites, n’était qu’un des bœufs sous la couche de bronze, et les Keroubim [les anges, ndlr] du Propitiatoire, mal compris. Les symboles du sage deviennent toujours les idoles de la masse ignorante. Ce que les Chefs de l’Ordre ont réellement cru et enseigné, est indiqué aux Adeptes via les indices que comportent les hauts-degrés de la franc-maçonnerie, et via les symboles que seuls les Adeptes comprennent. »[10]


Aleister Crowley


L’occultiste britannique Aleister Crowley naquit environ six mois après la mort d’Eliphas Lévi, ce qui le poussa à croire qu’il était sa réincarnation. Crowley était connu à l’intérieur de l’O.T.O., la société secrète qu’il a popularisée, comme « Baphomet » en partie pour cette raison.


Une image signée « Baphomet » par Crowley.


Voici l’explication de Crowley à propos de l’étymologie du nom « Baphomet », tirée de son livre de 1929, Les Confessions d’Aleister Crowley.


« J’avais pris le nom Baphomet comme devise à l’O.T.O. Pendant plus de six ans, j’avais essayé de découvrir la manière adéquate d’épeler ce nom. Je savais que ça devait avoir huit lettres, et aussi que les correspondances numériques et littérales devaient être telles qu’elles exprimeraient la signification du nom de manière à confirmer quelle érudition l’avait découverte, et aussi pour éclaircir ces problèmes que les archéologues avaient tant échoué à résoudre… Une théorie sur le nom, c’est qu’il représente les mots ???? ??????; le baptisme de la sagesse ; une autre, que c’est la corruption d’un titre signifiant « Père Mithras ». Inutile de dire que le suffixe R soutenait cette dernière théorie. J’ai additionné le mot comme prononcé par le Sorcier. Ça faisait 729. Ce nombre n’était jamais apparu dans mon œuvre cabbalistique et par conséquent ne siginfiait rien pour moi. Il se justifiait cependant comme le cube de neuf. Le mot ?????, le titre mystique donné au Christ par Pierre comme en tant que pierre angulaire de l’Eglise, a cette même valeur. Jusque là, le Sorcier avait fait preuve de grandes qualités ! Il avait éclairci le problème étymologique et montré pourquoi les Templiers avait dû donner le nom de Baphomet à leur soi-disant idole. Baphomet était Père Mithras, la pierre cubique qui était l’angle du Temple. » [11]

Baphomet est une figure importante de la Théléma, le système mystique qu’il a établi au début du XXème siècle. Dans l’une de ses œuvres les plus importantes, Magick, Liber ABA, Livre 4, Crowley décrit Baphomet comme un androgyne divin :


« Le Diable n’existe pas. C’est une invention des Frères Noirs pour impliquer une Uniter dans leur fouillis de divagations ignorantes. Un diable qui aurait l’unité serait un Dieu… « Le Diable » est, historiquement, le Dieu de tous les gens qu’on déteste personellement… Ce serpent, SATAN, n’est pas l’ennemi de l’Homme, mais celui qui a fait de notre race des Dieux, connaissant le Bien du Mal ; il nous a fait cette offre : « connais-toi Toi-même ! » et nous a enseigné l’Initiation. Il est le « Diable » du Livre de Thoth, et Son emblème est Baphomet, l’androgyne qui est le hiéroglyphe de la perfection ésotérique… Il est donc la Vie, et l’Amour, de plus sa lettre est ayin, l’Oeil, pour cela il est la Lumière ; et son image zodiacale est le Capricorne, cette chèvre bondissante dont l’attribut est la Liberté. » [12]

L’Ecclesia Gnostica Catholica, branche ésotérique de l’Ordo Templi Orientis, (O.T.O), récite sa Messe Gnôstique : « Et je crois en le Serpent et le Lion, Mystère des Mystères, dans son nom BAPHOMET. » [13] Baphomet est considéré comme l’union du Chaos et de Babalone, l’énergie masculine et féminine, le phallus et le ventre.

L’Eglise de Satan


Bien qu’elle ne soit pas officiellement une société secrète, l’Eglise de Satan d’Anton Lavey reste un ordre occulte influent. Fondée en 1966, l’organisation a adopté le « Sigil de Baphomet » comme son insigne officiel.


Le sigil de Baphomet, symbole officiel de l’Eglise de Satan, représente le bouc de Mendès dans un pentagramme inversé.

Le sigil de Baphomet a probablement été grandement inspiré par cette illustration de La Clef de la Magie Noire, de Stanislas de Guaita.

Illustrations de La Clef de la Magie Noire (1897).


Selon Anton Lavey, les Templiers vénéraient Baphomet en tant que symbole de Satan. Baphomet tient une place prépondérante durant les rituels de l’Eglise de Satan puisque le symbole est placé au-dessus de l’autel ritualistique.

« Le symbole de Baphomet était utilisé par les Chevaliers Templiers pour représenter Satan. A travers les âges le symbole a été appelé par différents noms. Parmi eux, citons : le Bouc de Mendès, le Bouc du Milliers de Jeunes, le Bouc Noir, le Bouc de Judas, et peut-être le plus approprié : le Bouc-émissaire.

Baphomet représente les Pouvoirs des Ténèbres alliés avec la fertilité génératrice du bouc. Dans sa « pure » forme, le pentagramme est montré en train d’inclure la figure d’un homme dans les cinq points d’une étoile – trois points en haut, deux en bas – ce qui symbolise la nature spirituel de l’Homme. Dans le Satanisme le pentagramme est aussi utilisé, mais puisque le Satanisme représente les instincts charnels de l’Homme, soit l’opposé de sa nature spirituelle, le pentagramme est inversé afin de s’adapter parfaitement à la tête du bouc – ses cornes, représentant la dualité, dressées vers le haut en signe de défi ; les autres points étant inversés, soit la trinité reniée. Les signes hébreux hors du cercle extérieur du symbole qui prend ses racines dans les enseignements de la kabbale, épellent « Léviathan », le serpent de l’abysse d’eau, et identifié à Satan. Ces signes correspondent aux cinq points de l’étoile inversée. » [14]

 Anton Lavey

Sources

1. Eliphas Levi, Dogmes et Rituels de la Haute Magie

2. Arkon Daraul, A History of Secret Societies
3.
Eliphas Levi, Dogme et Rituel de la Haute Magie
4.
Albert Pike, Morals and Dogma
5. English translation of the Emerald Tablet
6. Manly P. Hall, The Secret Teachings of All Ages
7. Malcom Barber and Keith Bate, Letters from the East: Crusaders, Pilgrims and Settlers in the 12th-13th Centuries
8.
Op. Cit. Levi
9.
The Confessions of Léo Taxil, April 25 1897
10. Albert Pike, Morals and Dogma
11. Aleister Crowley, The Confessions of Aleister Crowley
12. Aleister Crowley, Magick, Liber ABA, Book 4
13. Helena and Tau Apiron, “The Invisible Basilica: The Creed of the Gnostic Catholic Church: An Examination”
14. Anton Lavey, The Satanic Bible

Publié dans : L'ordre des Templiers | le 4 juin, 2013 |2 Commentaires »

Les Templiers de Josy MARTY-DUFAUT

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LE LIVRE

(Notes de l’éditeur)

 

De nos jours, l’histoire des Templiers provoque encore un engouement considérable. L’homme aime le mystère, les questions sans réponses, il se passionne pour cette histoire qui fut l’une des plus grandes énigmes de l’Histoire de France. Des films à grand spectacle retraçant leur épopée remplissent les salles. De nombreuses compagnies animent des fêtes médiévales, des réunions et nombreux sont les participants qui désirent devenir des « blancs manteaux ».

 

Comment la réalité devient-elle un mythe ? Qui étaient ces moines soldats dont la mission était de défendre les pèlerins et de combattre auprès des Croisés ? Pourquoi le roi Philippe le Bel s’acharna-t-il contre eux, comment le pape put-il les abandonner ? Où se trouve le trésor, la fortune colossale qu’ils ont amassée jour après jour ? L’Ordre religieux et militaire, le plus puissant et plus riche du monde médiéval, deux siècles plus tard, tombera dans la tragédie. Le cri poignant lancé par le dernier des maîtres de l’Ordre et l’anathème à l’encontre du roi Philippe-le-Bel et du pape, appartiennent à la mémoire collective.

 

UNE CHEVALERIE CHRÉTIENNE

L’histoire des templiers est intimement liée à celle des Croisades. Leur aventure se déroulera sur deux cents ans, à partir de la deuxième croisade, pour s’achever avec la chute de Jérusalem et le départ de Terre Sainte de tous les Occidentaux.

 

Géopolitique du monde méditerranéen

 

Au Moyen Âge, le bassin méditerranéen est l’enjeu de peuples qui rivalisent d’influences afin de pouvoir s’y implanter. Les lieux saints au Moyen-Orient avec la ville de Jérusalem sont aux mains des Fatimides d’Egypte et une grande partie de l’Espagne est sous la domination d’une tribu arabe, les omeyyades. Une grande insécurité règne dans ces pays pour les chrétiens, voyageurs et pèlerins.

 

Le Saint-Sépulcre à Jérusalem est le lieu le plus saint de la chrétienté, abritant le tombeau du Christ. En 1009, l’église est détruite par le calife Al Hâkim. L’idée d’une croisade germe dans les esprits. La situation s’améliore les années suivantes. En 1054 l’empereur de Byzance en accord avec le successeur du calife destructeur autorise la reconstruction de la rotonde du Saint-Sépulcre. Mais en 1071, Byzance est envahi par les Turcs musulmans ce qui déstabilise complètement le monde oriental et en 1078 les Seldjoukides massacrent la population de Jérusalem. L’appel à la croisade est lancé en 1095 par Urbain II afin que les chrétiens d’occident viennent en aide aux chrétiens d’orient. L’occident revendique également l’accès libre aux lieux saints. Jusque-là les pèlerins étaient soit massacrés, soit fortement rançonnés. Nombreux étaient ceux qui partaient en Terre Sainte, peu étaient ceux qui en revenaient.

 

Quant à ceux qui atteignaient le tombeau du Saint-Sépulcre, ils devaient s’acquitter d’une pièce d’or que les Sarrasins exigeaient afin qu’ils puissent pénétrer dans le Saint-Sépulcre. Ceux qui avaient été dépouillés sur

la route ne pouvaient y entrer et erraient miséreux dans les rues de Jérusalem. Le chroniqueur Guillaume

de Tyr écrit : «sur mille pèlerins un seul à peine pouvait subvenir à ses besoins car ils avaient perdu en route leurs provisions et n’avaient sauvé que leur corps à travers des périls et des fatigues sans nombre».

 

Au VIe siècle, l’Islam, en pleine expansion, désire gagner des territoires en Europe. L’état Al-Andalus est créé sous la domination omeyyade. Les Carolingiens avec Charlemagne et surtout son fils, Louis le Pieux, vont regagner Barcelone et Tarragone, si bien que les limites d’Al-Andalus seront fixées pendant trois siècles au sud de ces deux villes. Les deux tiers de la péninsule ibérique sont sous la domination musulmane, le Nord

est occupé par le pouvoir chrétien. À partir de l’Al-Andalus, les Sarrasins font des incursions dans le sud de la France et en Provence. Les régions ne sont plus sécurisées. On a affaire à des envahisseurs qui ne désirent pas s’intégrer à la différence des Barbares, mais à des hommes qui pillent et dévastent. Le Sarrasin, à partir du XIe siècle, est considéré comme un infidèle et la guerre qu’on mène contre lui prend le qualificatif de

« sainte ». De plus les pèlerins désirant se rendre au Portugal, à Saint-Jacques-de-Compostelle, passant obligatoirement par le nord de l’Espagne, sont eux aussi en danger.

 

Au Moyen-Orient, tout commence le 15 juillet 1099 avec la prise de Jérusalem par les Croisés. En 1101,

le patriarche de Jérusalem crée une confrérie de chevaliers dont la mission est la défense du Saint-Sépulcre.

Il la place sous les ordres du prieur des chanoines du Saint-Sépulcre. Les Templiers dans un premier temps vont rejoindre cette confrérie.

 

Date de parution : 31 mai 2013

Editeur : Autre Temps Editions

Auteur : Josy MARTY-DUFAUT

Broché, 160 pages

Prix : 12 €

Publié dans : L'ordre des Templiers | le 23 mai, 2013 |2 Commentaires »

Les Cris d’Armes des chevaliers

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Les Cris d’Armes des chevaliers

(Aperçu sur la chevalerie spirituelle)

 

L’héraldiste associe par tradition au blason le cri d’armes et la devise du chevalier.

Ces trois éléments sont l’identité extérieure et intérieure de l’homme à cheval.

 

Le blason authentifie nos origines par l’association des couleurs et des meubles, ces blasons sont souvent « parlant ».

La devise indique ce que nous sommes venus faire sur terre en fonction d’une projection céleste.

Le cri  indique la nature ultime de l’âme du chevalier. Âme qui se manifesta bruyamment lors de la naissance de l’enfant.

La voie initiatique chevaleresque est l’une des trois voies traditionnelles dûment décrites par René Guénon.

À ce titre, nombre de rapprochements sont à faire entre les voies maçonniques et chevaleresques. Les principes de tripartition de l’être sont identiques, mais s’appliquent dans des domaines superposés. C’est l’illustration parfaite des lois de correspondances.

 

La progression chevaleresque.

 

« Jusqu’à l’âge de 7 ans, le futur chevalier était laissé aux soins des femmes. Il était ensuite PAGE jusqu’à 14 ans, c’est-à-dire attaché à un châtelain, Chevalier qu’il avait fonction de servir. Sorti vers 14 ans, il était ÉCUYER, c’est-à-dire attaché à un chevalier qu’il secondait en paix comme en guerre soignant ses armes, ses chevaux, l’aidant à revêtir sa cuirasse, le secourant dans la bataille, le remontant avec l’un de ses grands chevaux s’il en était besoin, le soignant, gardant ses prisonniers, etc.

Il avait déjà de ce fait un entraînement poussé et l’emploi des armes. Lorsqu’il avait pu faire preuve de sa valeur soit à la guerre, soit en tournoi, il pouvait être armé chevalier vers 21 ans. Il était alors bachelier et avait droit de porter pennon (le pennon était un enseigne, sorte de fanion, qui se terminait en pointe). Il avait aussi d’ailleurs droit de girouette, et sur sa gentilhommière, ou château, en forme de pennon à pointe, tournait le floquet ou pennoncel.

Le plus souvent le chevalier bachelier n’était pas assez riche pour porter bannière et prenait parti sous un banneret auquel il amenait son pennon … Mais quand il parvenait à réunir un domaine d‘au moins quatre batelles et avait un certain nombre de vassaux, il pouvait demander à porter bannière. (La bacelle équivalait à 10 mas ou ineh – mesure agraire correspondant aux labours d‘une charrue à deux boeufs).

Pour avoir la prérogative de porter bannière – qui était une marque de grande noblesse – le chevalier bachelier devait avoir servi et suivi à la guerre, avoir aussi assez de terres pour que des gentilshommes accompagnent sa bannière.

II lui fallait avoir au moins 50 hommes d’armes (25 pour combattre et 25 pour lui et la bannière garder ce qui représentait environ 150 cavaliers à cheval, sans compter les gens de pied archers, arbalétriers ou piquenaires.

Lorsqu’il réunissait les conditions voulues, le chevalier bachelier devait apporter à la première bataille où il se trouvait son pennon  et présenter sa « compagnie » au connétable ou aux maréchaux qui intervenaient auprès du prince, pour que lui soit accordé le droit de « porter bannière ». Alors, on coupait l’extrémité pointue du pennon qui prenait une forme carrée ou rectangulaire et devenait bannière, d’où l’expression ancienne : « faire de pennon bannière » pour marquer le passage d’une dignité à une autre dignité plus élevée. De même la girouette du banneret prenait la forme rectangulaire ou carrée. En principe à l’occasion d’une première bataille le chevalier bachelier pouvait demander à porter bannière, à la deuxième à devenir banneret,  à la troisième il pouvait aspirer à devenir haroiz qui était le plus haut degré de la noblesse seigneuriale ».

 

La tripartition

Le cri est l’expression de l’intériorité d’un corps relié à sa fondation. L’identité de l’être ressort par la bouche du chevalier comme un expire au moment ultime du combat. Le jeter de corps dans la mêlée de la bataille, au milieu d’une forêt de lances et d’épées, dissocie les trois éléments constitutifs de l’être en les identifiant. Le corps d’arme se meut au milieu de ce magma dissolutif du chaos originel, l’esprit sort par la bouche du combattant[1]pour rejoindre l’épée tenue à main droite, et l’âme désespérée de cette séparation crie son veuvage.

Le corps du chevalier sera enfant de l’âme veuve de l’esprit. Nous retrouvons ici les deux expressions maçonniques : fils de la Veuve pour l’âme et fils de la lumière pour l’esprit.

Le jeter du corps dans la bataille est relaté en Loge lors de l’initiation maçonnique ou l’impétrant se trouve le cœur transpercé dans les épreuves circumambulatoires, et lors du jaillissement de la lumière au milieu d’une forêt d’épées tendues vers son cœur. Les deux voies initiatiques, artisanales et chevaleresques ont en commun la tripartition de l’Être : corps, âme et esprit.

 

L’intériorité habitée

Le cri plus qu’un élément d’identification recoupe les fondements de la tradition, en rendant parfaitement visible la structure interne à tout être. C’est ici l’idéal chevaleresque qui identifie le veuvage de l’âme comme la fameuse dame, moteur principal de la quête chevaleresque. L’âme anime le corps de matière comme la Dame anime la quête du chevalier.

Ainsi « Ma Dame » est Notre Dame pour les chevaliers du Temple, la dame de la deuxième paire de gants pour le maçon sont la Veuve, ici assimilée à Marie dont Hiram est le fils.

Il faut lire en effet en langue sacrée Hiram de droite à gauche, ce qui nous donne Mari (H). Le « e » muet est remplacé par le H bien connu du REP par sa symbolique développée dans le grade de Chevalier de Saint-André. Ce H est, en plus d’une clef hermétique, le Hé du tétragramme divin exprimant le fameux « souffle » sur la surface des eaux explicitée dans la genèse. De ce souffle naîtra la différenciation par la volonté principielle.

Le souffle comprenait l’anima qui produisit l’animus, mais cet anima pour l’homme créé à l’image de Dieu, s’accompagnait d’une parcelle indivise de l’esprit au point de se confondre l’une à l’autre. En effet, l’esprit-principe ne pouvait être accueilli dans le corps sans présence de l’âme anima.

L’expérience initiatique du cri.

Tout le travail initiatique d’éveil consiste à faire prendre en compte par notre conscience des trois éléments constitutifs de l’être (corps, âme, esprit), en l’associant chacun aux trois axes de la loge. C’est au centre de cette croix tridimensionnelle que doit se réaliser l’Unité.

Ce cri fait donc le pendant de l’âme dans le domaine de l’entendement ésotérique. Il est miroir révélateur de l’âme et de son volontarisme à accueillir l’esprit. C’est une signature des tréfonds de l’être.

Comme il existe une signature céleste de l’esprit du chevalier dans les cieux, qui est celle de son nomen chevaleresque découlant de la devise, il existe une signature terrestre de l’âme. C’est le cri.

Ainsi l’homme devenu chevalier, identifie les trois parties de son être.

Son nom d’appartenance corporel au terrestre par la prise du nom de son fief ou de sa terre ou de sa famille, son « cri d’arme » qui est en vérité son « «cri d’âme », et son nomen d’ordre ou devise, traduction céleste de sa personnalité en regard de l’esprit-lumière.

L’inscription céleste de son nom se fait aussi par l’appartenance de ce dernier à un ordre chevaleresque. La fonction de l’ordre chevaleresque est de fixer l’ordonnancement triparti de l’Être et la dévolution successorale, c’est le rôle de l’armorial.

Au plan hermétique on peut faire les mêmes rapprochements entre l’âme et l’esprit : la Dame est la reine qui attend le Roi-Soleil, de leur mariage né l’homme fruit du ciel et de la terre, de l’eau et du feu. L’homme par son mercure fait l’alliance des opposés. Cet homme est l’androgyne, l’Adam original, celui d’avant la chute. Les ordres de chevalerie par leur culture de la Dame font tous cette tentative de réunification, aucun n’y fait exception (ordre de Saint André du Chardon, ordre de la toison d’or, ordre du Temple, etc.).

 

À bien des égards les textes anciens nous éclairent sur l’intérêt au combat de ces cris : La Chanson de Roland[2]est un témoignage très caractéristique des coutumes de la chevalerie. Nous y retrouvons les exemples du cri de combat, du cri de guerre, du cri féodal et déjà du cri royal ou cri national utilisé comme « cri à la rescousse »et « cri de ralliement ». Sans esprit inventif je reprendrai les études historiques existantes sur ce sujet, et notamment celle de H. DE BUTTET, en les réinterprétant sur un plan initiatique.

 

 

 

 

Le cri s’est distingué en sous-classifications :

 

- le cri primitif  - considéré comme le plus instinctif, c’est une vocifération proche de l’animalité qui lutte pour conserver son statut d’homme triparti. Le cri anime et amplifie l’instinct et l’agressivité au combat, c’est l’âme qui est en souffrance sous la torsion du corps et le siège des armes transperçantes.

On comprend qu’il doit impressionner l’adversaire par sa fureur. Son caractère enveloppant et hypnotique lui donne un aspect collectif qui peu être accompagné d’instrument de musique. L’effet enveloppant se traduisait dans un esprit de corps collectif. Sa contagion était telle qu’elle faisait oublier la peur de mourir. C’est à la puissance de ce premier cri engageant les corps que l’on pouvait déterminer la détermination à s’oublier et donc l’issue du combat, les Romains s’en servaient au contact final comme une explosion d’adrénaline[3]

 

- le cri de guerre – ou slughan, variante du cri primitif, il a ici un sens extérieur précis. Le corps expire un lien particulier qui exprime l’appel de l’âme à l’endroit de l’esprit. On exprime un nom, une idée, une invocation, une prière, un mot d’ordre doté d’un sens premier apparent et un second secret.

 

Le cri de guerre des Romains est : feri ! (frappe !). Ils frappaient en effet du plat de leur épée sur leur bouclier symbolisant la voûte crânienne et la voûte étoilée. Les Grecs criaient « allahla » ou (« allahli » d’où le terme de chasse hallali. Le vieux cri de guerre celtique « Torr he brenn » (casse la tête) remonte très loin, peut-être à l’âge des cavernes ! La frappe du bouclier fait sortir l’esprit de la boîte crânienne, le torr he brenn ouvre la boîte crânienne.

Ce positionnement en rapport à la sortie de l’esprit par le sommet du crâne formera le cimier du heaume qui outre ses couleurs parlantes signifie la sortie sans peur et sans reproche (l’âme pure et légère[4]) de l’esprit du corps. On en retrouve la trace dans les cris de guerre des Irlandais « a boo » (à la victoire) qui figurent au cimier des armoiries des Desmond et Mac Carthy. Le cri de guerre antique de l’Écosse le «  slughan »ou slogan se retrouve dans le cri de clan des Mac Donnel, Mac Alpine, Mac Gregor, et d’autres encore.

Le cri de guerre des Cosaques « Huraj ! » dont est issu le « hurrah ! » remonte aussi fort loin il signifie « au paradis » et l’acclamation écossaise Houzza houzza houzza ! des loges militaires écossaises de l’époque Stuartiste marque cette continuité.

Le cri de guerre, on le voit n’est plus le hurlement primitif de survie, mais est devenu un mot slogan. Il deviendra une incantation vivifiant le culte des ancêtres, intercesseurs au travers du ciel. Cette pratique fut conservée au rite écossais : les loges maçonniques au moins une fois l’an font l’appel les Frères passés à l’Orient éternel[5]. Dans les combats tribaux, les ancêtres se joignent à l’appel des vivants pour œuvrer à la victoire.

Souvent le cri invoque les secours du ciel, le nom d’un chef, celui d‘une ville, le souvenir d’une victoire. Nous relatons deux épisodes de l’Ancien Testament ou l’aide du ciel est clairement exprimée, le cri entre en vibration avec la musique :

La première ville que trouvèrent les Israélites, après le passage du Jourdain, fut celle de Jéricho. Josué, par l’ordre de Dieu, fit faire à son armée le tour de la ville, une fois par jour, pendant six jours de suite. Des prêtres, portant l’arche, précédaient les hommes de guerre. Au septième jour, on fit sept fois le tour de la ville ; au dernier tour, les prêtres sonnèrent de la trompette, et le peuple jeta de grands cris « Jéricho,… » : à l’instant les murailles tombèrent, et chacun entra par la brèche qu’il avait devant lui. Tous les habitants furent passés au fil de l’épée. Ce cri d’arme fut repris au moyen âge par de nombreuses lignées.

Les 300 Hébreux prirent chacun une trompette d’une main, et de l’autre un vase de terre renfermant un flambeau ; ainsi armés, ils descendirent la nuit dans le camp des Madianites. Au signal donné, ils brisent les vases et sonnent de la trompette en criant : « Le glaive du Seigneur et de Gédéon ! » Les ennemis se croient surpris par une puissante armée, ils s’enfuient de toutes parts, et se tuent les uns les autres sans se reconnaître. Cent vingt mille Madianites périrent. Le cri d’arme « Gédéon,… » fut aussi repris à maintes reprises.

 

Depuis Constantin, les chrétiens invoquent Dieu, la Vierge, les Saints : ce sont des cris d‘invocation[6] pour le salut du combattant on ouvrait ainsi le passage de l’esprit vers le ciel.

 

- Adiuta ! criait un officier. – Deus ! répondait toute la troupe.

Ce fût, l’invocation personnelle de Clovis à Tolbiac . L’abbé Merlette, pense que ce fut le cri de guerre royal puis impérial qu’avaient gardé les Mérovingiens et les Carolingiens. Selon lui « Diex aïe » serait le cri authentique de Roland et de Charlemagne.

Au XIe siècle le cri des Anglais est « Croix de Dieu ! », celui des Normands « Dieu nous garde ! ».

Au XIIIe siècle les troupes de don Pedro d’Aragon contre les Mores d’Espagne, avant le combat s’agenouillent. Après une brève prière, ils frappent le sol de leur lance en criant : « Desperta ferro ! » (Fer réveille-toi !) et se précipitent sur l’ennemi en criant :

« A Gur ! » (À Dieu !). Pour les connaisseurs l’allusion à la lance rédemptrice de Longinus est évidente. En réveillant le fer et par la frappe, on réveille la voie du cœur ou réside l’âme qui héberge l’esprit, et en frappant le sol on réveille les âmes errantes des ancêtres morts au combat. Ce fer va percer le centre de l’adversaire lui libérant l’esprit et envoyant son âme en terre. Donc la voie du centre est l’ultime lieu pour de séjour des âmes (centre de la terre) et pour l’envol de l’esprit (centre ontologique).

Au XVe siècle les Moscovites crient « Dieu et le Grand  Prince ! » Formule encore féodale inférant une hiérarchie entre le divin et l’opératif royale comme on le retrouve dans les anciennes formules des loges militaires stuartistes du XVIIeme siècle : « Dieu Grand Architecte de l’Univers ».

Les deux cris, cri primitif et cri de guerre, furent employés simultanément, le premier pour la torsion de l’âme et le second pour l’ouverture du chemin pour l’esprit.

La mort au combat était libératrice dès lors que l’on respectait son engagement et sa parole, ce qui est conforme à l’idéal chevaleresque. Cette mort par l’engagement des trois dimensions de l’être est de même nature que la mort sacrificielle du saint sur la croix par crucifixion. En chevalerie initiatique le grand principe du vouloir mourir et de pouvoir renaître. Après la mort il y a renaissance. La vie du chevalier et une vie éveillée[7] et tout entière tendue vers le but de son engagement et de sa parole. C’est ce qui le distingue du commun des mortels et justifie son statut.

 

(…)

 

- les cris d’armes du chevalier – du Xe aux XVe siècles – qui est très caractéristique des usages de cette époque. La chevalerie se structure dans la tradition de la veillée d’armes, du serment et de l’adoubement. Le cri se modifie en fonction du lien hiérarchique et du ralliement au combat. Chacun donne à l’expression une relation à Dieu aux saints, au nom des ancêtres intercesseurs qui sont parfois confondus avec celui des terres de leur chef. Cette relation devient identitaire et qualifiante.

 

Le chevalier banneret et son cri.

 

Le cri  devient une expression féodale réservée au chevalier banneret, ce chevalier aîné de famille est un chef militaire ayant droit de porter bannière. Il y avait doncjusqu’au XVIIème siècle, autant de cris d‘armes que de bannières. Le cri peut être inscrit sur la bannière. C’est le héraut d’armes qui l’annonçait. On retrouvait la bannière et le cri sur le blason. L’aîné portait blason plein et sans brisures.

Le blason est la prolongation hermétique de l’intériorité de l’être, il décrit la part impérissable de l’être et la définition de la personnalité combattante.

Le cri expression de l’âme fait ouvrir le chemin vers le ciel pour l’envol de l’esprit et vers le centre de la mêlée en effrayant les adversaires.

La devise définit le nom céleste du chevalier.

Par le cri, la devise et le blason, c’est l’âme, l’esprit et le corps du chevalier qui se dessine dans les cieux.

Il est prêt au déjà l’inscription céleste du transport de l’esprit. Alors le foudroiement joue aussi bien sur l’adversaire que sur le chevalier mettant celui-ci dans un état particulier.

Il y a donc dans le cri d’arme un aspect ascendant qui est une voie pour le retour de l’esprit et un aspect descendant consistant au foudroiement de l’adversaire par le percement de l’armure. La foudre associée à l’épée, ou à la lance qui transperce s’associe à l’intime expiré dans un souffle pour envoyer l’adversaire dans l’autre monde. En cas d’échec au combat, la voie de l’ascension de l’esprit lui est ouverte.

 

Le roi de France – le premier des seigneurs – avait son cri : Montjoie, qui deviendra Montjoie Saint-Denis, et prendra le caractère de cri national unique.

D’où les expressions françaises du vieux langage : « aller au cri » pour exprimer le rassemblement identitaire des vassaux sous ses ordres pour aller à la guerre.

Notons que tous les gentilshommes n’avaient pas le droit de cri. Ils devaient se rendre au cri du banneret.

Les seigneurs français portant bannière avaient leur cri, qui était inscrit sur leur bannière. Le cri était un moyen de commandement: il servait à donner le signal du combat, à rallier les hommes d’armes dans la mêlée confuse du champ de bataille à cette époque de combat individuel. Le cri d’armes d’un banneret était le cri du corps d’armée qu’il commandait, et de toutes les bannières ou pennons qu’il pouvait avoir sous ses ordres.

Les bannerets choisissaient généralement l’un d’entre eux, celui qui leur semblait le plus qualifié pour une bataille. Le cri de guerre était alors celui du commandant en chef choisi.

 

 

Quelle était la forme des cris d’armes ?

Le cri de l’occident s’est formé en  orient sur le centre religieux des origines : celui bien connu, de Godfroy de Bouillon à la première croisade : « Dieu le veult ! Dieu le veult ! ».

 

Souvent les familles criaient simplement leurs noms de leurs ancêtres. C’est le cas d’Acigny, d’Aspremont, les Duras, les Joinville, les Gamache, les Kergorlan, les Rubempré et bien d’autres crient le nom de l’ancêtre qui personnifie l’âme en terre et l’esprit intercesseur.

Souvent y est jointe une invocation :

- « à Dieu »

- Les invocations à Notre Dame sont nombreuses :

« Bourbon Notre Dame ! » est le cri de Navarre, Notre Dame au Seigneur de Coucy ! est celui bien connu des Sires de Coucy.

De même on crie : « Cergy Notre Dame, N. D. Sancerre ! N. D.Guesclin ! (c’est le cri du connétable Bertrand de Guesclin) Bourbon Notre Dame ! N. D. Belle Val ! Notre Dame Ribeinont crie le seigneur de Bousiers …

-Les invocations aux saints intercesseurs sont courantes : « Montigny Saint Christophe ! » (C’est le cri des Heuchins d’ostrevant). Saint Aubert ! (c’est le cri des Graincourt en Artois). Saint Pol ! (celui des d’Hautecloque). Les Pindray crient : Meltes Saint André ! ; les Saint Yrieix : « Saint Yrieix à moi ! » ; les Vienne en Bourgogne : « Saint-Georges au puissant Duc ! ».

-Parfois est évoqué le souvenir des croisades et de la lumière du Levant : les Blondel, les Crouy, les Chanel crient : « Jérusalem ! » – les Chauvigny crient « Chevaliers pleuvent Jérusalem»

-La fidélité au roi n’est pas de reste:

(pro rege ! pro rege !).

-Les cris des noms de villes ou de forteresse :

En Picardie, et en Artois, les kmewal, les Ollehain, le Vidame de Picquigny, les Ranchicourt crient « Boulogne » ; il est vrai qu’ils en portent les armes.

Les comtes de Kimberley, en Grande- Bretagne ont conservé jusqu’à nos jours pour cri d’armes «  Azincourt » en souvenir d’une victoire contre la France.

 

Le cri était parfois le reflet des meubles d’un blason de donc de la personnalité du chevalier, ce qui explique le cri des comtes de Flandres « Flandres au Lyon ! »– Les Waudripont portent deux lions adossés dos à dos ; leur cri est :

«  Cul à cul Waudripont ! ». Les Wandelancourt crient «  Mon aigle ».

Un épisode peut être l’origine de la formule d’un cri : en 1495, à la bataille de Formone Charles VIII appelle à son secours un seigneur de la maison de Montoison dont le cri et la devise deviendront « à la rescousse Montoison ! » ; le cri des Morialine « la rescousse Morialine » a une origine semblable.

Enfin, nous retrouvons les cris primitifs et cris de combat sans doute les plus anciens dans les cris d’armes.

- des Chasteler : Pring ! Pring ! (tue ! tue !)

- des comtes de Bar : au feu ! au feu !

- des Altvillars : Halaac ! halaac ! (à la bache !)

- des Carbonnel d’Hierville : Huc ! huc ! Carbonnel !

- des Coligny : « haut la lance Pillot ! »

- des Contamine : à moi !

- des Coucy : N. D. au Seigneur de Coucy !

- des d’Eternac : main droite !

- des Grant de Vaux : « Tenons ferme ! »

- des Keranguat : « Défends-toi ! »

- des Tournon : «  au plus dur ! »

 

 

La bannière réglait le mouvement des troupes pendant le combat.

En cas de déroute le ralliement se faisait autour de cette bannière.

Les cris d’armes étaient poussés au moment de donner l’assaut, ou pour rallier la troupe ; il l’était aussi pour soutenir le banneret en danger, ou pour le délivrer s’il était pris : c’était « le cri à la rescousse ».

 

L’usage du cri d’armes, cri féodal, fut aboli. Les ordonnances de 1534 et de 1557 ont même imposé le silence lorsque le combat collectif démarre. On ordonna la jetée dans la mêlée qui n’en était plus une. Charles VII et ses compagnies d’ordonnances, base de l’armée royale contribuèrent à ce changement.

Alors on n’observe jamais au plus grand silence que dans les armées lorsqu’on est sur le point d’en venir aux mains, car on est attentif aux ordres des officiers, on entend le bruit des tambours, des trompettes, des timbales, mêlé à celui des armes à feu quand le combat commence.

 

Les cris d’armes particuliers ont aussi été abolis à la création des compagnies d’ordonnance. Cela a dispensé les bannerets d’amener leurs vassaux au service ordinaire, les bannières et la qualité de banneret même disparaissent de nos institutions. L’armée royale est créée, l’époque féodale est close, la Monarchie va centraliser tous les pouvoirs, et les derniers grands féodaux disparaîtront un jour sous le couperet de Richelieu. Le duc d’Epernon mourra en 1661 : alors commencera vraiment le règne du Grand Roi, Louis XIV.

Mais si la féodalité s’éteint, l’art héraldique survit et maintient la tradition. Les cris d’armes se retrouvent souvent avec des devises dans les blasons de quelques anciennes familles, inscrites au cimier de leurs armes dans la forme où ils étaient jadis écrits sur les bannières et où les lançaient les hérauts d’armes à l’occasion des tournois pour annoncer les chevaliers qui entraient en lice.

 

Le cri Royal : Montjoie Saint-Denis !

Nous ne pouvons manquer d’esquisser ici l’histoire du cri royal qui était à l’origine un cri seigneurial – celui du premier des seigneurs – avant de devenir cri unique, cri national. Le cri royal « Montjoie Saint-Denis » a fait l’objet de bien des Orderic Vital dit qu’en 1119 les Français ayant entendu le cri d’armes des Anglais qui venaient à eux crièrent Mont-Joye qui est le cri d‘armes de notre nation – «  sed ingressi, tersa vice clamarerunt ». Le même cri se retrouve à Antioche en 1191. D’après la Chronique des Flandres, en 1214, à la bataille de Bouvines, Philippe Auguste ayant eu son cheval tué sous lui, cria « Montjoie » à haute voix et fut aussitôt remonté sur un autre destrier.

L’origine de « Montjoie » a fait l’objet de nombreuses recherches, depuis des siècles et d’hypothèses passionnées. On a prétendu qu’il remontait à Clovis – l’étymologie même est incertaine ; on ne peut retenir l’explication qu’en donne l‘Auteur de la Chanson de Roland,.. le «  meum gaudium » a fait couler beaucoup d’encre.

Dans le vocabulaire médiéval le montjoie est un mont, ou un tas de pierres élevé à dessein, peut-être simplement le tertre sur lequel le prince est placé pour suivre la bataille, et plante sa bannière études – mais son origine n’est pas connue avec exactitude.

Il faut remarquer que l’invocation Saint-Denis à été ajoutée au cri d‘armes du roi à partir de l’époque où l‘oriflamme a été levée. L’oriflamme était la bannière militaire de l’abbaye de Saint-Denis. Ce monastère était en droit d’armer ses vassaux pour défendre ses terres.

Nous savons qu’en 1249, au siège de Damiette, c’est le cri de Montjoie Saint Denis qui retentit quand, à la suite de Saint-Louis, les chevaliers chrétiens sortent des vaisseaux pour se jeter dans UR combat très dur contre les Infidèles.

Le Montjoie-Saint-Denis sera encore crié à maintes reprises : à Furnes en 1292, à Azincourt en 1415, au siège de Montargis en 1426  à  Pontoise avec Charles VII en 1441 … mais les historiens et chroniqueurs ne le mentionnent plus depuis … et on ignore ce qu’elle est devenue.

 

Celui qui portait l’oriflamme avait le titre de «  porte-oriflamme » c’était la plus haute dignité de l’Armée, et une charge préférée à toute autre.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le cri d’armes «  Montjoie Saint-Denis »n’était pas attaché aux portes-oriflamme, mais au roi d’armes.

Le roi d’armes était alors un personnage de la maison du roi, dont la charge était importante. Depuis Louis le Gros, il était le porte-parole, l’ambassadeur du roi ou du commandant en chef.

Monté sur un cheval blanc afin de pouvoir être facilement reconnu, tenant à la main une masse d’armes ou un bâton à manche de velours violet semé de lis l’or et surmonté d’une couronne fermée (ancêtre du bâton de maréchal) placée à la tête des hérauts et poursuivants d’armes – il était désigné sous le nom de Montjoie.

Ainsi après la bataille d’Azincourt, nous rapporte Monstrelet,  Henri V d’Angleterre vainqueur de cette journée parcourut le champ de bataille où gisaient tant de chevaliers français, vaincus surtout par ses archers. Il fit venir le Montjoie, roi d’armes de France qui était prisonnier, pour lui demander le nom du château qu’il voyait près de lui. – Azincourt ! répondit celui-ci, et c’est de ce nom que fut baptisée la célèbre bataille qui sonna le glas de la chevalerie française.

L’époque féodale est révolue, la Monarchie s’affirme, le cri national au combat devient « France ! France ! » et « vive le roi »

Il deviendra plus tard avec Napoléon « Vive l’Empereur ! »

Beaucoup plus tôt avait été poussé un cri d’armes international, un cri Européen : le cri de l’occident : celui bien connu, de Godefroy de Bouillon à la première croisade : « Dieu le veult ! Dieu le veult ! ».

 

(…)

 

(Rescrit de synthèse sur base P de Buttet et E.°.R.°.)


[1]On voit dans cette image les Kérubims gardien de l’arbre de la connaissance,  armés d’une épée sortant de la bouche.

[2]« Après le désastre de Roncevaux, Charlemagne conduit les Français au combat pour venger la mort de Roland. Les deux troupes – françaises et sarrasines – se rencontrent aux cris de Montjoie d‘un côté (du nom de Joyeuse, l’épée de Charlemagne) de Précieuse de l’autre (du nom de l’épée du roi païen) Ce sont des cris de combat féodaux et nationaux. Nous en parlerons plus loin. Mais après que Naimes ait tué Malprime, son adversaire, la bataille devient terrible. L’émir fait donner toutes ses réserves, ses troupes accourent de toute part :

les unes braient et hennissent, les autres aboient comme des chiens : les cris primitifs accompagnent l’attaque des troupes barbares devantlaquelle plie l’armée des chevaliers français … »

 

[3] « Tite Live assure qu’aux cris des soldats de Scipion les oiseaux tombaient morts du ciel. »

[4]La pesée de l’âme des Égyptiens se retrouve comme une obsession dans le pardon de la confession. L’âme légère permet le retour vers Dieu, l’âme lourde fait le séjour aux enfers.

[5]Faut-il le rappeler la chaîne d’union et horizontale avec tous les FF présents sur les colonnes et à l’Orient, mais elle est aussi verticale avec les Frères de l’Orient Éternel. Ce point est indispensable à la transmission de l’influx spirituel.

[6]D’après Ferdinand Lot dans son étude sur la langue du commandement de l’armée romaine et le cri de guerre française au Moyen Age …

Il aurait retrouvé dans les manuels militaires byzantins – notamment dans le Strategicon de l’Empereur Maurice, les commandements latins du 6e siècle. Le cri de guerre impérial, de l’Empire chrétien nous apparaissent comme une invocation d’ouverture du passage et d’intersession.

[7]La veillée qui précède l’adoubement est littéralement un éveil initiatique ou il est appris la naissance céleste après la mort.

Publié dans : Non classé | le 18 février, 2013 |1 Commentaire »

CHAPELLE DE BEAUNE OU JACQUES DE MOLAY FIT SERMENT

Publié dans : L'ordre des Templiers | le 20 décembre, 2012 |2 Commentaires »

La Règle de Vie.

La Règle de Vie.

La Règle de Vie. initial_b

ien mener sa vie selon un certain style, pour cela il faut au Chevalier une sorte de code,un canevas qui l’aidera en route.
Nous l’avons intitulé « Règle de Vie »
La voici dans sa simplicité :

Tu n’auras de cesse dans la quête de la LUMIÈRE.

Tu auras le sens du SACRÉ dans le plus grand esprit de tolérance.

Tu auras le culte de l’HONNEUR, mais tu mépriseras les honneurs.

Tu tiendras la DAME en grand respect.

Ta CHARITÉ sera plus actes que paroles.

Tu seras instrument de PAIX, toujours et en tout lieu.

Ta MAISON et ta table seront celles de tes Frères.

Ta vie de tous les jours sera SERVICE, jusqu’au moindre de tes actes.

Tu considéreras le bien de l’HOMME, ensuite l’affaire, jamais le seul lucre ne te guidera.

Tu respecteras la VIE sous toutes ses formes, nul n’a le droit d’en disposer à sa guise.

 


 

Peut-être, pourrions-nous y ajouter quelques corollaires, conseils bien utiles à méditer chemin faisant :

  • Parle peu, agis davantage.
  • Achève ce que tu as entrepris, sans vouloir tout commencer en même temps.
  • Fais ce que tu as promis, mais réfléchis avant de promettre.
  • Essaie de faire bien ta besogne avant de critiquer celle des autres.
  • Efforce-toi d’enrichir les autres avant de te lamenter sur l’égoïsme et la dureté des temps.
  • Pense à donner au lieu de recevoir.
  • Remercie au lieu de demander.
  • Comprends avant de réclamer compréhension.
  • Console au lieu de réclamer consolation.
  • Et, sache reconnaître tes erreurs… et les réparer…

Sceau de la FCM

Publié dans : Non classé | le 24 octobre, 2012 |6 Commentaires »

Les Modes de Transmission en Chevalerie

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Les modes de transmission.

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ous distinguerons deux grands types de transmission :
1. La transmission, par un homme de sa propre chevalerie à un autre homme qu’il crée Chevalier.
2. La création d’un nouveau Chevalier par un pouvoir civil ou religieux en vertu de leur pouvoir.

Ce distinguo fait, nous pouvons aller plus loin dans notre propos. En effet, il est important de bien séparer les deux types de transmission de la qualité de Chevalier, car si dans le premier cas, un Chevalier transmet sa chevalerie, dans le second, le pouvoir n’est pas forcément lui-même Chevalier, et qui plus est il ne faut pas forcément que le candidat soit mis en présence du pouvoir. C’est là chose fondamentale pour bien comprendre la suite de nos propos.

Dans le premier cas, on distinguera le mode strictement militaire qu’est l’armement, du mode religieux qu’est l’adoubement.

Dans le second cas, on distinguera l’ordination, mode religieux, de la nomination qui est le mode strictement civil. Remarquons que s’il est interdit à un Chevalier armé de se faire adouber par la suite (et vice versa), rien ne l’empêche d’être ordonné et même nommé. De plus le Chevalier armé ou adoubé peut, c’est à dire à le pouvoir, d’armer ou d’adouber lui-même un candidat, ce qui est strictement impossible au Chevalier ordonné ou nommé puisque, étant dépourvu de la qualité d’ecclésiastique ou de détenteur d’un pouvoir civil, il ne possède pas le fons honorum.

L’armement.

Le 15 septembre 1515, le roi François premier est armé chevalier par Pierre Terrail, seigneur de Bayard.Comme nous l’avons déjà dit, l’armement est le mode militaire de création d’un nouveau Chevalier. Historiquement, on voit le roi de France procéder à l’armement de Chevaliers avant la bataille d’Azincourt, ou encore conférer la Chevalerie, sur le champ de bataille, après le combat. Ce mode de transmission est en fait le plus ancien car on peut le faire remonter à l’époque où le jeune Franc recevait ses armes en présence de ses pairs.

Ci-contre, Le 15 septembre 1515, le roiFrançois Ierest armé Chevalier par Pierre Terrail, seigneur de Bayard, (représentation par Paul Lehugeur).

L’armement est une cérémonie très simple1. Le candidat, un genou en terre, se tient devant le consécrateur.
Celui-ci, l’épée haute dit :
— Au nom de Monsieur Saint-Michel et de la Chevalerie Universelle.
Il pose l’Epée sur l’épaule droite du candidat et dit :
— Au nom de tous les Chevaliers qui m’ont précédé.
Il pose l’Epée sur la tête du candidat et dit :
— Je te fais Chevalier.
Il frappe de l’Epée, l’épaule gauche du candidat.
Le consécrateur donne la collée et remet l’Epée au nouveau Chevalier en lui disant :
— SOIS PREUX et prends cette Épée, symbole du combat que tu vas devoir mener contre toi-même.

L’adoubement.

De la même manière que l’armement est le mode de transmission strictement militaire, l’adoubement est un armement qui se déroule au cours d’un office religieux. L’officiant procède à sa cérémonie comme à l’accoutumée, bénissant éventuellement les armes du candidat, puis avant le canon, il s’arrête. Le consécrateur intervient et procède à l’investiture chevaleresque de la même manière que décrit pour l’armement. Ceci étant fait, chacun reprend sa place, et l’officiant continue sa liturgie.

L’ordination.

L’ordination est le mode strictement religieux. Un prélat crée un Chevalier de la même manière qu’un évêque crée un prêtre. Le Chevalier ainsi créé prend la qualification de « Miles Christi ». Rappelons que ces Chevaliers, pour le moins ceux qui ne sont pas eux-mêmes prélat, ne peuvent ordonner d’autre Chevalier puisqu’ils ne disposent pas d’une « Fontaine d’Honneur ». D’une certaine manière, ces Chevaliers sont des nobles, à l’exception près qu’ils ne peuvent transmettre leur noblesse à leur descendance.

La nomination.

La nomination a ceci de particulier qu’elle nécessite un « Fons Honorum », c’est-à-dire le droit d’honorer. Le Fons Honorum étant un des droits régaliens, les Maisons régnantes ou ayant régné, ainsi que les dirigeants en exercice des États non monarchiques, sont les seuls à le posséder. En vertu de ce droit, il leur est possible de décerner soit un titre de noblesse (la république de Venise a conféré la noblesse), soit un Ordre national. Il va sans dire que la présence du décernant n’est nullement obligatoire lors de la remise de la distinction.

Remarquons toutefois l’existence une certaine Fontaine d’Honneur au sein de la Légion d’Honneur en France, où la remise de la médaille est impérativement effectuée par une personne elle-même titulaire de ladite Légion d’Honneur.


Notes :

1 : Le texte peut subir, suivant les Ordres de Chevalerie, quelques modifications. Nous avons repris la version proposée par le Président de la Fraternitas Universa Militum, dans sa communication parue dans la revue Excalibur n° 47.

Publié dans : Non classé | le 24 octobre, 2012 |5 Commentaires »

Différents types de Chevalerie.

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Différents types de Chevalerie.

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l existe différents types de Chevalerie. Nous allons passer en revue quelques uns, tout en sachant bien que la plupart des Ordres, s’ils ont une option principale, ont également quelques activités secondaires. En effet, un Ordre de pensée dispose d’un Honorariat et d’un service caritatif, mais il est évident que ces deux activités sont secondaires.

La Chevalerie de combat.

On appelle « fers vêtus » les Chevaliers des temps héroïques qui combattaient en armure. Ces preux des temps anciens nous ont transmis énormément de valeurs comme le sens de l’Honneur, le respect de la parole donnée. De nos jours, il y a des groupes qui perpétuent le souvenir de ces grands anciens par des reconstitutions de combats médiévaux, de campements. Il existe même un championnat d’escrime médiévale.

Les livres d’histoires, les romans de chevaleries, les films et toutes ces reconstitutions font connaître la Chevalerie au grand public, même si parfois (il faut bien l’avouer) ils prêtent à sourire.

La Chevalerie d’honneur.

Les « fers vêtus » furent emportés par la poudre noire. Certes, ils avaient déjà été atteints par l’arbalète, mais la blessure n’était pas trop profonde. La Chevalerie allait-elle mourir ? Non, car depuis quelques temps déjà, les princes avaient constitué des milices autour d’eux. Ces milices, de groupes de protection rapprochée qu’elles étaient lors de leur création, devinrent peu à peu un service d’honneur autour de la personne du prince. C’est de ces milices que les ordres nationaux tirent leurs origines. Dans l’Histoire, combien de personnes abandonnèrent tout ou partie de leurs possessions ou de leur droits en échange d’un collier prestigieux !

La Chevalerie d’œuvre.

Les meilleurs exemples de Chevalerie d’œuvre nous sont donnés par les Ordres de Malte et de Saint Lazare. Ils consacrent l’essentiel de leurs activités au caritatif.

La Chevalerie de pensée.

La Chevalerie de pensée est une forme de Chevalerie où le combat à mener est un combat contre soi-même, contre le « sale type » qui sommeille en nous tous. En outre, la Chevalerie de pensée est surtout une Chevalerie intellectuelle travaillant sur des documents.

La Chevalerie folklorique (Confréries).

Sous ce vocable, nous avons repris les différentes associations vantant les mérites de produits régionaux ainsi que celles pratiquants des reconstitutions historiques sans combats : ces groupes sont connus sous le nom de « Confréries »

La Chevalerie occulte.

C’est sans contexte la forme de Chevalerie la plus discrète, on n’en entend parler, généralement, que quand l’une de ces associations disparaît. Il convient de rester prudent vis-à-vis de ces groupements qui, parfois, manifestent des options peu recommandables.

Publié dans : Non classé | le 24 octobre, 2012 |Pas de Commentaires »
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