Le Graal…
Un frère racontait que Dieu(e) avait voulu remplir un vase de tout l’amour potentiel… et que ce vase a explosé répandant ainsi des morceaux aux quatre coins de la planète, chaque civilisation s’est emparée de son morceau. Chaque civilisation détiendrait ainsi, dans son cœur, la part de LA vérité… du Graal.
Tout le monde connaît la légende de la coupe dans laquelle Joseph d’Arimathie, disciple du Christ, aurait recueilli son sang au pied de la croix après qu’un légionnaire romain (Longin) l’avait blessé au flanc. Ce sang est le symbole éternel de la Lumière, de la vie et aussi de la pureté d’une lignée… Le « Sang Real » ou « royal ».
On le retrouve, à travers le monde, lié au vase d’abondance ou au breuvage d’immortalité : la plupart des cérémonies magiques commençaient par le sacrifice d’un animal dont on recueillait le sang dans une coupe. Même les sociétés secrètes se servent de la coupe de sang pour les rites d’agrégation comme signe d’union consanguine.
La tradition se retrouve jusqu’au Caucase où l’on mettait dans la coupe le suc de l’arbre de vie, en Iran, en Irlande, en Belgique et au Danemark où l’on retrouve des vases et des chaudrons rituels. Le Graal est souvent représenté par un réceptacle circulaire ou à 12 facettes, large et plus ou moins secret.
Dans la littérature médiévale, il représente le mystère du Christianisme. L’on pourrait donc affirmer que si LE Graal appartient à la Chevalerie Céleste, sa quête est du ressort de la Chevalerie terrestre. Nous sommes déjà en train de penser au roi Arthur et aux douze chevaliers de la Table Ronde, dont les légendes ont été collectées par Geoffrey de Monmouth en 1136, soit dix-huit ans après la création de l’Ordre du Temple. Elles furent développées ensuite par le romancier Chrétien de Troyes au XII ème siècle ; plusieurs auteurs se succédèrent reprenant ou continuant l’histoire de Perceval. Ce héros est lui-même fils d’une veuve, ce qui, nous l’avons déjà vu, marque une coupure dans la transmission traditionnellement perpétuée de père en fils. Il cherche le Saint Graal, ou peut-être simplement son identité… une partie de lui-même… est-ce cette parcelle du Divin ? Mais nous reviendrons sur ce détail symbolique dans le chapitre consacré à la franc-maçonnerie avec la légende d’Hiram… En tout cas, l’on peut chiffrer l’ensemble de la légende à plus de cinquante mille vers. Cependant, vers 1230, le thème du Graal disparaît subitement des œuvres littéraires. Pour Michel Roquebert, les développements autour de la quête du Graal constitueraient une machine de guerre idéologique dans la croisade contre les Cathares du Languedoc.
Dans La Chute du Roi Tyr, d’Ezéchiel (chap. 28 versets 11 à 19 , La Bible de Jérusalem chez Cerf, page 1511) nous pouvons lire un poème que l’on a souvent interprété comme ayant trait à la chute de Lucifer qui est le plus beau de tous les anges et possède une émeraude en guise de troisième œil ! C’est là un réceptacle de la lumière divine. Il est le signe d’union entre le Divin et lui. Or dans sa chute, plongé qu’il est dans les ténèbres et par la milice de Dieu, cette pierre se “décollera” et tombera. Le Saint Graal ce pourrait être cela aussi, cette émeraude… « La Table d’Émeraude » d’Hermès Trismégiste ? Ce vert est un point commun, entre autre à Venus, Lucifer et Hermès… et sans doute, la pierre à « rectifier » du V.I.T.R.I.O.L. pour l’alchimiste.
Le Graal est bien le « Sain(t) Bol » (ou réceptacle) de LA vérité, comme s’amuse à le dire un ami, guide spirituel. Il se mérite et nous mène à l’éveil par un long chemin. Un synonyme de « réceptacle » est « creuset » soit le four de l’alchimiste, ce lieu où il parvient à générer le Grand Mystère de la Création. Par la suite, nous le retrouverons aussi dans le Tarot : la coupe. Mais auparavant, en étudiant l’étymologie du mot Kabbale, nous allons voir comme elle se confond avec celle du Graal : « réception ». Et elle fait de son adepte un chevalier du langage qui sera capable de déceler les lois cosmiques dans la Tora.
