Guillaume de Sonnac alias Willelmus de Sonayo
Willelmus de Sonayo
vers 1200 – 11 février 1250
Ce document présente une introduction commune à un ensemble d’études réalisées par l’association Guillaume de Sonnac. Ces études sont destinées à mieux connaître qui était ce grand maître de l’ordre du Temple, le plus ancien précepteur de la commanderie d’Auzon dont nous avons connaissance.
Dans un premier temps nous avons établi une « Bibliographie concernant Guillaume de Sonnac » suivie d’une liste des évènements chronologiques s’étant déroulés à cette époque en Poitou, France, Angleterre et Terre Sainte puis des principales monographies publiques avec la traduction de celles non disponibles en français.
Pour faire suite à cette première étude, comme Guillaume de Sonnac fut le 18ème grand maître des templiers de 1247 à 1250, nous examinerons ce que disent les chroniqueurs sur les templiers après la bataille de la Forbie en 1245 jusqu’à la mort de Guillaume de Sonnac près de Mansourah en 1250. Cette étude est intitulée « Guillaume de Sonnac chez les chroniqueurs ». Le nom de Guillaume de Sonnac n’est cité que deux fois par les chroniqueurs, une fois chez Joinville sous le nom de « Guillaumes de Sonnac » et une fois chez Matthieu Paris sous le nom de « Willelmus de Senay ». Toutes les autres citations emploient des périphrases comme « le maître du Temple… »
L’étude de la vie de Guillaume de Sonnac se heurte à deux difficultés principales:
La première concerne le nom même de notre templier. Celui-ci est erroné en français. Il n’apparait sous la forme SONNAC que dans le livre de Jehans de Joinville : « Livre des saintes paroles et des bons faiz nostre roy saint Looys » dont nous ne possédons plus le manuscrit original. Cette erreur a entrainé une incertitude sur l’origine du grand maître, le suffixe en AC faisant penser au sud de la France. Nous étudierons l’ensemble des fausses pistes avancées pour l’origine de Guillaume de Sonnac dans une étude intitulée “Origine du nom de Guillaume de Sonnac et fausses pistes sur le lieu de sa naissance”. C’est ainsi que les historiens ont pensé que Guillaume de Sonnac était originaire de Sonnac sur l’Hers dans l’Aude Languedoc; ou de Sonnac dans le Lot Quercy. Une famille du Rouergue le revendique également parmi ses ancêtres sous le nom de Saunhac et lui a attribué ses armes.
La seconde réside dans le très faible nombre de manuscrits qui citent notre homme suite à la destruction massive des documents concernant les templiers. Nous en avons recensé 17 présentés dans l’étude “Manuscrits de référence citant Guillaume de Sonnac”. A partir de ces différents documents nos établissons que son vrai nom est plutôt Wilhelm de Sonay, d’où l’emploi de son nom latin comme titre de cette introduction.
Avant d’aller plus loin, il fallait retrouver la véritable origine de Guillaume de Sonnac. Pour déterminer cette origine nous avons réalisé deux études:
Une première a consisté à rechercher tous les fiefs possibles en France ayant les noms de SONAY ou approchant ( Sonnay, Sonai, Sonnai, Saunay, Saunai ou Saunais ). L’étude s’intitule: « SONAY comme fief » et recherche autant que possible les origines latines du nom.
Une seconde en recherchant toutes les personnes ayant porté le nom de « de SONAY » ou approchant ( de Sonnay, de Sonai, de Sonnai, de Saunay, de Saunai ou de Saunais ). Elle s’intitule « Les familles DE SONAY ».
En conclusion de ces deux études il semble que Guillaume de Sonnac soit vraisemblablement originaire d’une famille du Bas Poitou anoblie sous Foulque V et installée au château de Sonnay près de Chinon en Touraine. Ceci pourrait expliquer la vocation de Guillaume de Sonnac puisque Foulque V fut ami du fondateur des templiers Hugues de Payens puis roi de Jérusalem. On comprend aussi pourquoi Guillaume de Sonnac fut proche des Plantagenets, Foulque V étant père de Geoffroy Plantagenet et beau père d’Henry II qui de surcroit fit de Chinon sa forteresse royale sur le continent.
Les principaux indices qui plaident en faveur de cette hypothèse sont les suivants:
- Hugo de Nissun qui se dit consanguin de Guillaume de Sonnac est originaire de Fontenay le Comte (Nizeau) en Vendée.
- Le château de Sonnay est le seul qui porte presque le même nom en latin que notre homme: « de SONNAYO ».
- Le précepteur de Fretay et de Chastre en Touraine de 1236 à 1246 s’appelait Savaricus de Sonayo.
- Au XII et XIIIème siècles, les « DE SONAY » sont concentrés en Touraine et Bas-Poitou.
Ces études seront suivies de quelques autres concernant « Les lieux fréquentés par Guillaume de Sonnac », « Les personnages côtoyés par Guillaume de Sonnac », « Les légendes autour de Guillaume de Sonnac », cette dernière étude incluant les théories ésotériques qui font de Guillaume de Sonnac un des membres de l’organisation secrète de l’ordre compte tenu de son origine prétendue du pays Cathare et également à cause du fait qu’il a éloigné Roncelin de Fos des dangers de la guerre en Terre Sainte, ce même Roncelin ayant été accusé par Geoffroy de Gonneville précepteur de Poitou et Aquitaine lors du procès à Chinon pour avoir introduit des principes pervers dans l’ordre.
Dans l’état actuel de nos connaissances, voici la monographie que nous proposons pour décrire la vie de Willelmus de Sonayo:
Selon plusieurs indices mais contrairement à ce qui est communément admis, il serait né vers 1200 d’une famille originaire du Bas-Poitou anoblie par Foulque V et installée au château de Sonnay, proche de la forteresse royale de Chinon tenue par Jean sans Terre et Isabelle d’Angoulême souverains de l’immense empire Plantagenêt hérité d’Henry II et d’Aliénor d’Aquitaine, alors au sommet de son expansion. Si l’on retient cette hypothèse, il est alors probable que Willelm de Sonay a été reçu templier en l’importante commanderie de l’Ile Bouchard qui venait d’essaimer en créant la commanderie des Moulins en 1214 (année de la bataille de Bouvines, du traité de Chinon et du rattachement officiel du Poitou à la France qui ne sera effectif qu’en 1224).
Selon Münster et Laurent Dailliez les règles 544 à 549 concerneraient la réception dans l’ordre de Guillaume de Sonay qui aurait été reçu par simonie (c’est à dire l’achat de son entrée dans l’ordre). Cette thèse est réfutée car les coupables se sont accusés devant maître Armand de Périgord (1232 ? – 1244) à Césarée. Ce ne pouvait donc être Guillaume qui ne « fit le passage qu’en 1247 ». Il devait donc s’agir de Renaud de Vichiers commandeur d’Acre entre 1240 et 1242 et Maître de l’ordre entre 1250 et 1252 comme successeur de Guillaume de Sonnac.
Toujours selon Laurent Dailliez il portait d’azur à la croix alésée d’or (manuscrit décrivant la commanderie de Cahors Dom Malvesin 1700). Les armes actuellement attribuées par la tradition sont celles de la famille du Rouergue des « de Saunhac » (or au lion rampant de sable, couronné, lampassé et armé de gueules, accompagné de douze carreaux aussi de gueules posés en orle) origine que nous contestons.
Le 8 janvier 1224 il est recteur de la commanderie d’Auzon et, malgré son jeune age, est choisi pour ses qualités de négociateur par Gérard de Breies précepteur d’Aquitaine afin de le représenter lors d’un litige opposant le précepteur de Sainte-Gemme proche de Maillezais en Vendée à l’abbé de Montierneuf à Poitiers.
C’est en 1223 que Geoffroy II dit La Grand-Dent fils de Geoffroy Ier de Lusignan et d’Eustachie Chabot que la légende appellera Mélusine épousa Clémence de Châtellerault fille d’Hugues III vicomte de Châtellerault et d’Eustachie de Mauléon. Dès l’année suivante, tous les deux héritent de la vicomté de Châtellerault pour Clémence et des châteaux de Mervent et de Vouvant pour Geoffroy, lieu d’où une partie de la famille de Guillaume pourrait être originaire. De plus, le cartulaire de Mauléon contient trois actes de donations de Geoffroy II de Lusignan aux Templiers. C’est dire les liens qui devaient unir le précepteur d’Auzon et les vicomtes de Châtellerault.
En 1228 une seconde sentence où Willelm de Sonay représente Gérard de Breies est rendue. Elle concerne également des taxes sur les grains entre la maison templière de Poitiers siège de la préceptorie d’Aquitaine et l’abbaye du Pin près de Béruges. Willelm de Sonay est alors précepteur de la commanderie d’Auzon.
Le 11 février 1229 Frédéric II Hohenstauffen récupère par la négociation (traité de Jaffa), Jérusalem, Nazareth et Bethléem
En 1236 (25 mars) certainement pour satisfaire à l’usage suite au déclin des Plantagenêts, Willelm se fait alors appeler Guillaume. Il assiste à la remise des biens du clerc Willelm de Cerizay avec l’accord de son seigneur Guillaume de la Forêt sur Sèvre à la commanderie de Mauléon dans les Deux Sèvres. Guillaume de Sonay est alors précepteur d’Aquitaine succédant ainsi à Gérard de Breies. Il est décrit comme un homme vénérable et aimé. Les blasons représentés sur les murs de la commanderie d’Ozon nous font penser qu’il a pu être remplacé à Auzon par Renaud de Vichiers. La longue complicité de ces deux hauts responsables templiers date peut être de cette époque.
En 1239, Jean IV évêque de Poitiers atteste de la concession de la maison de Velaudon appartenant à la commanderie d’Auzon à Étienne de Saint-Cyr prètre. Le signataire est Guillaume de Sonay précepteur des maisons du Temple en Aquitaine.
En 1240 Renaud de Vichiers devient commandeur d’Acre puis maître de France en 1242.
Après son mariage avec Jeanne de Toulouse en 1241, le 5 janvier 1242, Alphonse comte apanagiste d’Aquitaine et de Poitou et frère du roi de France Louis IX convoque l’ensemble de la noblesse poitevine à Chinon. Ceci équivaut à une déclaration de guerre compte tenu de l’insulte publique faite en 1241 par Hugues X de Lusignan comte de la Marche et sa femme (depuis 1220) Isabelle d’Angoulème auparavant épouse de Jean sans Terre et ex-reine d’Angleterre. Guillaume, en tant que précepteur d’Aquitaine et originaire du lieu a pu être invité à cette manifestation.
4 mai 1242 Louis IX entre dans Poitiers avec 30 000 hommes. On ne sait pas si ce fut la première rencontre de Guillaume et de Louis IX mais c’est probable bien que Guillaume ait surement hésité à le rencontrer compte tenu de ses relations avec Hugues X et Isabelle comme nous le verrons plus loin.
En 1242, Guillaume de Sonay accorde la concession d’une maison de Cognac appartenant à la commanderie de Château-Bernard près de Cognac à Helie Gerbert soldat. Il est toujours maître d’Aquitaine à cette date.
En 1243, Guillaume envoie un messager, frère Thomas, à Henry III pour essayer d’obtenir des droits de douane sur le port de Bordeaux en compensation de dommages de guerre subis par quelques commanderies du Sud Ouest.
18 octobre 1244, la nouvelle du désastre de la Forbie (près de Gaza), l’emprisonnement (ou la mort réelle) du maître de l’ordre Armand de Périgord, le martyr des 312 chevaliers templiers et des 324 turcopoles capturés et la perte de Jérusalem ont certainement fortement affecté Guillaume. Ne connaissant pas le sort d’Armand de Périgord, l’ordre est alors dirigé par le vice maître Guillaume de Roquefort. Cette même année Louis IX tombe très gravement malade et fait le vœux de se croiser. Les commanderies templières et hospitalières d’Occident font tout leur possible pour envoyer argent et renforts en Orient, ce dont elles sont remerciées par le pape. Avec le 13ème concile général œcuménique de Lyon en juin 1245 Innocent IV appelle à la croisade. Il est donc probable que Guillaume ait aidé Alphonse de Poitiers à préparer activement la septième croisade, Renaud de Vichiers alors maître de France s’occupant pour sa part de négocier la location de navires à Marseille.
Le 2 juin 1246, Isabelle d’Angoulème, sur son lit de mort à Fontevraud où elle sera inhumée, adresse une supplique à Louis IX concernant ses enfants successeurs du comté de la Marche. Cette supplique est confiée à 5 hommes de confiance dont notre Guillaume toujours précepteur d’Aquitaine à cette date contrairement aux affirmations de Laurent Dailliez qui le dit maître de l’ordre (Grand Maître) dès 1245.
En 1246 Armand de Périgord meurt en captivité (ou du moins sa mort devient officielle), les négociations en vue de sa libération n’ayant pas abouti. Richard de Bures est nommé Grand Commandeur donc chargé de la nomination du maître de l’ordre.
En 1247 les Carismiens (Iraniens) qui avaient envahi la Terre Sainte et pris Jérusalem, après avoir été chassés par les Tartares (Mongols), sous la protection du sultan d’Egypte Al-Malik as-sâlih Najm ad-Dîn Ayyûb (1207-1249), sont définitivement battus et chassés de Terre Sainte.
Guillaume accède à la maîtrise de l’ordre en 1247 logiquement élu par le chapitre général réuni à Château Pèlerin. En mai 1247 Guillaume II Longue-Épée comte de Salisbury (1212-1250) petit fils d’Henry II se croise avec Geoffroy de Lucy que nous retrouverons à la bataille de Mansourah aux cotés de Guillaume. C’est cette même année le 13 octobre que Guillaume fait parvenir avec le maître des hospitaliers Guillaume de Châteauneuf un messager templier à
Henry III, roi d’Angleterre, portant un vase de cristal contenant du sang du Christ. L’authenticité de cette relique est attestée par une lettre du patriarche de Jérusalem Robert. Guillaume désirait certainement, par ce geste, inciter Henry III à accorder plus de soutiens à la croisade. Henry III porta personnellement, en procession le saint sang de Saint Paul à Westminster.
Guillaume a peut être assisté à la chute de Tibériade, du mont Tabor, de Belvoir et d’Ascalon toujours en 1247. Selon les termes du traité de reddition de Louis IX à la fin de la septième croisade, les possessions franques avant les combats se composaient de Jaffa, Arsur, Césarée, Château Pèlerin, Haïfa, Caymont, Nazareth, Saphed, Beaufort, Tyr, Le Toron et Sidon.
Pâques 1248 Jehan de Joinville quitte son château pour la septième croisade dont il sera le principal chroniqueur.
Le 12 juin 1248, Louis IX se croise et reçoit les insignes de la croisade à l’abbaye de Saint-Denis. Le 25 (ou 28) aout, il s’embarque à Aigues-Mortes avec une flotte de 1500 navires pour rejoindre Limassol à Chypre. La reine Marguerite de Provence, Robert d’Artois, sa femme et Charles d’Anjou les frères du roi, Jean de Joinville biographe du roi et Renaud de Vichiers en tant que Maréchal de l’ordre sont parmi les partants. Le roi est accueilli le 28 septembre 1248 par Henri Ier de Lusignan (les premiers navires étant arrivés depuis le 17).
Vers octobre 1248 (selon Röhricht) Guillaume et le Maréchal Hugo de Jury écrivent alors à Louis IX en relâche à Chypre que le sultan d’Egypte Al-Malik as-sâlih Najm ad-Dîn Ayyûb qui menaçait Jaffa et Césarée était prêt à négocier la paix avec les croisés et leur avait envoyé un émir. Des bruits dans l’entourage de Louis IX laissent entendre que Guillaume était lui même à l’origine de la négociation. Louis IX n’étant pas disposé à reculer, reproche vertement à Guillaume sa décision et lui interdit formellement de donner suite au projet.
Selon les gestes des chiprois (mais ce document tardif comporte beaucoup de fautes) Guillaume aurait appareillé d’Acre peu de temps après l’arrivée du roi, avec des renforts, afin d’assister au conseil royal qui décida d’hiverner à Chypre. Guillaume et les hospitaliers étaient favorables à un débarquement à Acre mais ce n’était pas l’avis d’Henri I de Lusignan qui menaça de ne pas se joindre à la croisade s’il n’était pas envisagé un débarquement en Egypte. Selon ces mêmes gestes des chiprois, après les fêtes pascales, Louis IX envoya la reine Marguerite de Provence à Acre puis à Château Pèlerin, chez les templiers, pour y accoucher en sécurité. Le bébé du nom de Jean ne survécut pas; il se peut que la reine ait été escortée par Guillaume de Sonay.
En décembre 1248, pendant la maîtrise de Guillaume, Ferdinand III aidé par les templiers qui tentèrent un stratagème inédit prend Séville après 16 mois de siège.
Le 6 avril 1249, un messager du maître de l’ordre Guillaume de Sonay, frère Jacques de Turrisellis négocie avec le doge de Venise, Jacob Teupolum une indemnité à verser aux marchands vénitiens en compensation des dommages qu’ils avaient eu suite à la prise de la ville de Senj (Croatie).
Un premier essai d’appareillage depuis Limassol en février échoue suite à des difficultés avec la location des navires.
Le 12 mai 1249, Guillaume signe une reconnaissance de dette à Limassol Chypre chez le notaire G. Vecchio pour une somme empruntée à des banquiers vénitiens (10 000 besans syriens soit 3750 livres tournois) d’ordre et pour compte de la comtesse Yolande de Bourbon dont le mari venait de décéder à Chypre pendant le séjour des troupes de la septième croisade. Cette transaction était faite avec la caution de Louis IX et à sa demande. Le même jour a lieu un grand conseil templier sous la tente du précepteur de la terre de Jérusalem avec Guillaume de Sonay Maître de l’ordre, Renaud de Vichiers Maréchal, Etienne de Haute Tour précepteur de la Terre, Jacques de Montognoso précepteur d’Uspri, Ferrand l’Espagnol précepteur d’Antioche, Geoffroy de Mural précepteur militaire et Amaury Jaures drapier. Le conseil reçoit en mains propre la somme à remettre à Yolande de Bourbon. Le lendemain 13 mai la flotte embarque pour Damiette mais la tempête la disperse. Le tiers de la flotte arrive au large de Damiette le 4 juin, débarquement le 5, mort d’Hugues X de Lusignan (le mari d’Isabelle d’Angoulème) puis prise de la ville désertée le 6 sans combat. Malgré ce qui en est dit, il n’est pas certain que Guillaume ait participé à la prise de la ville mais il a pu être présent à l’entrée solennelle du 12 juin ou eut lieu la consécration de la cathédrale-mosquée à Marie. Un conseil royal suivit la prise de Damiette pour décider si l’on attaquerait Alexandrie ou directement le Caire (appelé Babylone à l’époque).
Après la prise de Damiette, Guillaume écrit à son ami Robert Sanford précepteur d’Angleterre pour lui relater la prise de la ville. Henry III avait en effet interdit à Robert Sanford de quitter l’Angleterre dès 1243. Guillaume reçoit des biens dans Damiette pour le Temple.
Alors qu’il était à Damiette, Guillaume ordonne à Roncelin de Fos de rejoindre l’Espagne pour y être commandeur à la place de frère Palayo. La dure règle des templiers est particulièrement respectée par Guillaume lors du séjour à Damiette contrairement au relâchement général des troupes croisées et ce même après l’intervention de la reine Marguerite de Provence. Des exemples de sa sévérité sont cités dans la règle catalane.
Juillet 1249, Guillaume Longue-Epée arrive en renfort avec le contingent anglais. Après plusieurs exploits vers Alexandrie et la prise d’une riche caravane, il se brouille avec le bouillant comte d’Artois, il quitte alors Damiette pour se réfugier à Acre chez les templiers et les hospitaliers.
Guillaume fait lui aussi le voyage à Acre puisque le 1 octobre 1249 on le retrouve à Acre dans la maison communale des Génois où il signe le reçu concernant le remboursement des sommes prêtées à Yolande de Bourbon. Il assiste impuissant à 28 jours de combat naval entre Pisans et Génois au large de Saint Jean d’Acre. Guillaume, aidé des hospitaliers convainquirent Jean d’Ibelin, seigneur d’Arsuf d’accepter la charge de gouverneur d’Acre que lui offrait Henry I de Lusignan. Il réussit à imposer la paix aux belligérants.
Mort du sultan Najm ad-Dîn Ayyûb le 23 novembre 1249 des suites d’une gangrène. Les sarrasins essayèrent de cacher cette mort qui fut apprise assez rapidement par les croisés. Le commandement des armées est confié à l’émir Fakr ed-din
Louis IX rappelle à Damiette Guillaume de Sonay et Guillaume Longue-Epée qui assistent alors à l’arrivée des renforts accompagnant Alphonse de Poitiers. Un conseil royal se range derrière l’avis de Robert d’Artois qui exigeait l’attaque immédiate du Caire sans prendre Alexandrie. Le 23 ou 27 novembre 1249, c’est le départ pour le Caire via Mansourah. Premier campement à Fariskour.
Le 7 décembre 1249 bataille de Sharmesah entre les templiers et l’avant garde sarrazine. Le contingent templier est commandé par le maréchal Renaud de Vichiers. Il y eut 600 morts coté sarrasin. Il n’est pas dit si Guillaume a participé aux combat. Le 13 décembre arrivée à Baramoun.
21 décembre 1249, arrivée devant Mansourah mais du mauvais coté du canal d’Aschmoun, comme en 1221. L’armée sarrasine est sur la rive opposée avec des engins lançant le feu grégeois (chats-châteaux). Au prix d’efforts inefficaces, Louis IX tenta de traverser en construisant une chaussée sous le feu ennemi.
Le 23 décembre 1250 sévère attaque des sarrasins qui perdent de nombreux combattants. Le 25 décembre, les templiers prêtent main forte à Joinville pour sauver Pierre d’Avalon et son frère attaqués pendant le repas de Noël. Les escarmouches se font de plus en plus nombreuses.
Le 8 février 1250 avant l’aube, l’avant garde des croisés dont le contingent templier est commandé par Guillaume passent au gué de Salman avec beaucoup de difficultés le bras du Nil guidée par un traitre bédouin converti et surtout grassement récompensé. Le détachement templier tue alors l’émir Fakr ed-din surpris à la sortie de son bain. Une vive dispute oppose alors Robert d’Artois partisan d’attaquer la ville de suite et Guillaume soutenu par Guillaume II Longue-Epée, commandant du détachement anglais, qui préféraient attendre la traversé du reste de l’armée comme l’avait exigé le roi Louis IX et remettre en service les balistes ennemis pour protéger les positions franques. A noter que pour Joinville l’altercation a lieu avant l’attaque de Mansourah et pour Matthieu Paris après avoir traversé une première fois la ville de Mansourah. Les templiers ne peuvent laisser Robert attaquer seul et entrent dans la ville fortifiée. Après un moment de panique, les Sarrasins, encouragés par la résistance de la garde Baharite mameluk du sultan commandée par Bibars-Bendocdar, se ressaisissent et massacrent la quasi totalité des chevaliers qui étaient imprudemment entrés dont Robert d’Artois (au combat pour Joinville, noyé en s’enfuyant pour Matthieu Paris), Guillaume Longue-Epée et 280 templiers. Seulement trois templiers réussissent à s’enfuir par le fleuve dont notre Guillaume qui perdit un œil dans ce combat.
Le soir même, bien que blessé, Guillaume aide Joinville à empêcher un groupe de sarrasins de voler la tente que les templiers avaient assigné à Joinville. Le lendemain, il entreprend de fortifier les défenses en utilisant le bois des machines de guerre prises aux sarrasins.
Le 11 février 1250 l’ensemble des croisés survivants résistent lors d’une bataille acharnée près de la rivière Bahr al-Saghîr sur le lieu même où l’émir Fakr-Eddin avait trouvé la mort. Guillaume reçoit une flèche dans son œil resté valide et expire peu après. Renaud de Vichiers le remplacera très vite à la tête de l’ordre.
Cette biographie montre combien nous sommes loin des légendes cathares ou ésotériques prêtées à Guillaume de Sonnac. Au contraire, nous voyons un attachement constant aux Plantagenets, aux Lusignan et à leur descendance.
La mort héroïque de Guillaume de Sonay que Matthieu Paris, pourtant avare de compliments à l’égard des templiers, qualifiait de « vir quidem discretus et circumspectus, in negotiis quoque bellicis paritus et expertus - homme discret et circonspect, autant qu’habile et expérimenté dans les affaires de la guerre», fut cité 60 ans après par Jacques de Molay lors du procès comme un acte susceptible d’illustrer la grandeur et l’exemplarité de l’ordre.
Voici donc la vie d’un héros qui, par ses qualités humaines, a accédé à la plus haute distinction de l’ordre des templiers. Même si beaucoup de projets se sont écroulés autour de lui (celui de l’empire Plantagenet ou la septième croisade), il a réussi ce qu’il avait toujours désiré, mourir en chevalier et en martyr pour son Dieu, en Terre Sainte.
http://www.guillaumedesonnac.com/introduction_aux_etudes_sur_guillaume_de_sonnac_046.htm

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