Archive pour novembre, 2009

Prier et combattre

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Prier et combattre

Dictionnaire européen

des ordres militaires au Moyen Âge

Sous la direction de Nicole Bériou et Philippe Josserand

C’est en 2002 que s’est ouvert le grand chantier du Dictionnaire européen des ordres militairesau Moyen Âge. Coordonné par Nicole Bériou (université Lyon-II et Institut

universitaire de France) et par Philippe Josserand (université de Nantes), cet ouvrage se

fait l’écho du dynamisme d’un champ d’étude en plein renouveau, en intégrant mieux

qu’ils ne le sont les frères de ces institutions – Templiers, Teutoniques, Hospitaliers et

autres Calatravans –, aux préoccupations des connaisseurs et des amateurs du Moyen

Âge. Cette mine de documentation, à l’intersection de l’histoire militaire, spirituelle,

politique (sans oublier l’architecture et l’urbanisme) s’étend, dans l’espace, du Proche-

Orient des croisades aux pays Baltes des Teutoniques, des commanderies templières

d’Angleterre jusqu’à l’Espagne et au Portugal de la Reconquista, et couvre quatre ou cinq

des siècles les plus fascinants du Moyen Âge.

Autour d’historiens français reconnus, comme Alain Demurger ou Damien

Carraz, une équipe a travaillé pendant plusieurs années, rassemblant plus de 200 collaborateurs

issus de quelque 25 pays dont huit pays de l’Union européenne (Allemagne,

Espagne, France, Hongrie, Italie, Pologne, Portugal, Royaume-Uni). Des nombreux

échanges qui ont permis de confronter des traditions historiques s’ignorant souvent, un

ouvrage européen exceptionnel est né qui compte au total 1 120 entrées traitant d’un

lieu, d’un personnage ou d’une institution ou portant au contraire sur l’ensemble des

ordres dans une perspective thématique.

Précédé d’une ample introduction historique d’Alain Demurger, spécialiste des

Templiers, pourvu de renvois, de bibliographies et d’index, le Dictionnaire européen desordres militaires au Moyen Âge donne aussi, loin des stéréotypes du Templier avaricieux

ou du Teutonique cruel, au public le plus large – ceux que font trembler le supplice et la

spoliation des Templiers, rêver le fi lm d’Eisenstein sur Alexandre Nevski et les ruines

du Crac des Chevaliers – l’occasion de mieux comprendre des institutions qui comptent

au nombre des créations les plus originales de la période médiévale en Occident. Sans

oublier ici ou là, de prodigieux destins.

PRIER et COMBATTRE

Dictionnaire européen

des ordres militaires au Moyen Âge

Sous la direction de Nicole Bériou et Philippe Josserand

En librairie le 4 novembre 2009

Format : 170 x 240 mm

Environ 1 200 pages

Jaquette illustrée – Volume sous étui

130 illustrations noir et blanc

40 cartes, 19 plans

1 cahier hors-texte couleur de 8 pages

ISBN : 978-2-213-62720-5

Relations commerciales :

Soizik Casavecchia

01 45 49 82 45

scasavecchia@editions-fayard.fr

Relations presse :

Marion Corcin

01 45 49 82 31

mcorcin@editions-fayard.fr

Delphine Katrantzis

(Presse régionale)

01 45 49 82 43

dkatrantzis@editions-fayard.fr

Exemplaire hors commerce © Librairie Arthème Fayard, 2009 / 300221301294.01.5

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 21 novembre, 2009 |Pas de commentaires »

- Histoire Templière -

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- Histoire Templière -
Ordre Souverain des Frères Aînés de la Rose
Croix
(Aussi, les Frères Élus et les Frères Consolés)
(© 2009 Philippe L. De Coster)
Le Graal et ses enquêtes à travers les âges depuis les
Croisades dans l’emprise de l’imagination
Occidentale, beaucoup plus que d’autres légendes
traditionnelles et historiques, on émerveillés beaucoup
de personnes. C’est l’incarnation d’un rêve, une idée
d’application universelle qui apparaît en des centaines
de lieux différents. Et, malgré son histoire, de
l’intérieur ou de l’extérieur, sa authenticité peut être
retracée en grande partie, mais qui est en même temps
évasif par des spéculations de tout genre, comme une
étincelle de lumière dont la lueur est seulement
voyante à la fin du tunnel, ou un réflexion vaguement
et rapidement dans un miroir. Et, malgré son histoire lointaine et médiévale, ce
grand thème est encore bien vivant de nos jours, comme la mémoire des
illustres Chevaliers Templiers, qui inlassablement continue de maintenir notre
fascination. La légende et le mystère du Graal ont résonnés à travers les siècles
passés. Et, pour la plupart du temps la légende du Graal manque d’évidence
historique, pendant que beaucoup ont essayé de trouver un rapport qui noue les
deux, c’est-à-dire les Templiers et le Graal.
Le Graal pour les Frères Aînés de la Rose
Croix, plus réaliste, n’est rien
d’autre que de se trouver à la recherche de la connaissance, comme à l’époque
des Croisades, en Terre Sainte parmi les Juifs et les Musulmans. La religion
juive entraîna les Templiers à retrouver l’arche de l’alliance ; des rouleaux
manuscrits sous la montagne à l’endroit du Temple. Ils trouvèrent un nombre
restreint de manuscrit. D’autres Templiers étaient à la recherche de connaissance
chez les Musulmans, parmi les érudits accoutumés aux sciences métaphysique
(occulte), l’alchimie et le gnosticisme. Ils étaient des accomplis dans le Grand
OEuvre, et ses divers arts.
Parmi les Musulmans, le cheikh Arstân fit cette allusion à un des hadiths,
« Craignez la clairvoyance du croyant, car il regarde par la lumière divine ! »
(Rapporté par Bukhârî) Il ne s’agit pas de lumières créées et matérielles, mais
d’une transparence parfaite de la créature aux actes, attributs et Essence divins.
L’être entier du gnostique est donc devenu lumière, et n’a pas besoin de la
lumière du dehors comme intermédiaire entre le monde et lui.
La réalisation initiatique de l’homme est comme un processus en marche, ou un
potentiel, alors qu’elle est déjà effective. N’ayant pas quitté son « ego », le
gnostique contemple les signes divins dans le monde extérieur et intérieur. La
« vision certaine » n’est pas d’une nature différente de la Foi Chrétienne ou
Islamique, ou encore de la science exotérique : elle en est l’accomplissement.
Un certain nombre de Templiers recherchaient donc les éléments Gnostiques,
Hermétiques, et Alchimiques. D’autres proposent que les Templiers furent les
prédécesseurs des Franc-maçon modernes.
Le 13 octobre 1307, le Roi, craignant qu’un jour ou l’autre l’Ordre du Temple
de Jérusalem ne se dressât devant lui, fit en sorte que tous les Templiers fussent
arrêtés, mandant en plus à ses officiers que ses lettres qui portaient
commandement d’arrêter les Miliciens fussent ouvertes en un même jour et à la
même heure, sous peine d’encourir son indignation. Ce qui fut exécuté, même la
personne du Grand-Maître de l’Ordre, Jacques de Molay, qui était au Temple de
Paris. Le Roi se saisit immédiatement du Temple de Paris, et y alla loger, y mit
aussi son trésor et les Chartes de France, et saisissait tout le reste des biens des
Templiers.
C’est à cette époque médiévale de l’histoire, que l’Ordre du Temple fut le
dernier Ordre Initiatique Occidentale qui secrètement réunit sa propre culture
avec celle des Frères Orientaux.
Ceci se passe en Palestine, où avec des buts et raisons politiques différentes, sa
milice oeuvra ensemble avec les troupes des Croisades, et avec eux les
Chevaliers de Saint Jean de l’Île de Rhodes. Barnardo da Chiaravalle (Saint
Bernard) (1090-1153) créa la Règle du Temple, restaura l’Ordre Cistercien,
avec la devise «
Salve caput cruentatum ». Il étendit sa protection à partir de
l’Ordre qui toucha les plus illuminés Rabbins (prêtres Juifs) séjournant sous le
joug de la puissance temporelle et religieuse de l’Europe dans les communautés
Juives de l’Espagne, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie.
Il voulait leur assistance pour dissoudre les mystères cachés de beaucoup de
documents collectionnés et conservés à Jérusalem par « ses » moines guerriers,
qu’ils reçurent par les alliances secrètes qu’ils tenaient avec les hautes
interprètes de la chevalerie Islamique.
La documentation historique nous indique d’une construction érigée par « la
Maison de la Sagesse (Bayt Al Hykma
) », où leurs réunions avaient lieu à partir
de l’année 1100.
L’essor culturel fut d’une grande ampleur. Il est certes le fait des Arabes et des
Musulmans mais aussi des Chrétiens, des Juifs, et des Persans qui y
participaient.
Arnauld de VILLENEUVE (Arnau de Vilanova ou Arnaldus de Villanova) vers
1235 – vers 1311, médecin, théologien, diplomate, astrologue et alchimiste
Catalan profita de son séjour à la cour d’Aragon pour traduire des textes arabes
ou hébreux, pour en faire profiter l’école de Montpellier. Au cours du Moyen
Age les pays islamisés avaient une tradition médicale orientée vers
l’enseignement, l’organisation et l’exercice pratique de la profession ainsi que la
construction d’hôpitaux. La littérature médicale en langue arabe est certes
abondante, mais elle manque d’originalité. La médecine arabe a eu le mérite de
conserver et transmettre de nombreux textes grecs et latins oubliés ou perdus au
cours de la première période du Moyen Age Occidental.
La Haute Hiérarchie Templière ne concéda jamais leurs secrets politiques et
initiatiques en dehors de leur Commanderies et Temples. Pendant ses dernières
années de détention dans les cachots françaises, le Grand Maître de l’Ordre,
Jacques de Molay, avait le temps de s’occuper de construction, sous le couvert
des frères mineurs de l’Ordre (moines et constructeurs des Temples qui plus tard
représentèrent la partie ésotérique de la Franc-maçonnerie), et quatre groupes de
Dignitaires et Officiers du Temple d’Écosse, France, Allemagne et l’Italie. En
fin de compte, ils devenaient la partie ésotérique de la Franc-maçonnerie. Ce fut
l’année 1313.
Suivant les derniers ordres du Grand Maître, un groupe de sept Templiers qui
étaient initiés dans les secrets de l’Ordre, les Chevaliers Gaston de la Pierre de
Phoebus, Guidon de Montanor, Gentili da Foligno, Henri de Monfort, Luis de
Grimoard, Pierre Yorick de Rivault et César Minvielle, avec quinze autres
personnages, arrivèrent à l’Île de Mull en Écosse, où d’autres frères attendaient
leur arrivée.
Sur cette île, le 24 juin 1313, le Chevalier Aumonte fut élu comme Grand Maître
par l’assemblée régente. Le Templier Guy de Montanor, docteur en alchimie, au
septième degré de la hiérarchie initiatique et disciple du Grand Maître, fonda
l’Eglise Templière avec les autres initiés dans le secret de la fraternité, afin de
perpétuer l’enseignement qui avait été transmis.
Leur emblème (voir représentation ci-dessus) fut un pélican avec ses jeunes
surmontés d’un chapeau de cardinal à six pompons, portant la devise : « Dium
sib cæteris ».
En Octobre 1316, quatre Templiers initiés dans le Secret des Secrets (le Secret
Royal), Guidon de Montanor, Gaston de la Pierre Phoebus, Pietro il Buono di
Lombardia et Richard l’Anglais, avec vingt-quatre autres frères, tous
appartenant à l’Eglise Templière, partirent pour la France, ce qui fut sous la
souveraineté du Roi Philippe V. Ils demandèrent une audience à Jacques
d’Euse, élu Pape d’Avignon au « nomen (nom) » de S.S. Jean XXII. La réunion
fut acceptée immédiatement, qui eût lieu le 17 novembre 1316.
Les résultats de cette réunion furent l’assurance
protectrice entière de la part du Pape pour ces moines
guerriers, et le plan d’une Règle pour un nouvel Ordre,
dont les membres seront appelés les Frères Aînés de la
Rose
Croix. Ce groupe chevaleresque subissait de
grosses pertes par leur voyage turbulent et tragique à la
rencontre des frères en Angleterre ; pendant qu’en France
il y avait un homme qui était resté en tant que garant de
la Règle du Pape, le vieux recteur de l’Ordre Hospitalier
du Pont-Saint-Esprit.
La raison pour cette convention fut le développement et transmission de la
puissance de l’art alchimique, que les Templiers possédaient. En outre, cette
même « puissance » en plus de l’existence de l’Eglise Templière séparée de
l’Eglise-mère fut un grand souci pour le nouveau Pape.
En effet, le Pape fut constamment en état d’alerte pour maintenir sa suprématie
et autonomie sur les pays Européens, détruis par les conflits entre les différentes
factions monarchiques et impérialistes, se contredisant continuellement l’un et
l’autre. Pour eux la puissance financière était plus importante que la valeur des
armes, contredisant ainsi ce que chantaient les ménestrels et poètes à la court.
Et, malgré tout, à Avignon, le 5 janvier 1317, la Règle de l’Ordre fut remis aux
Frères Aînés de la Rose
Croix, à condition que parmi les trente-trois membres
désignés par le Haut Collège soit également le Cardinal J. Lavie de Villemur
(Jacques de Via), le neveu de Pape. Malheureusement il mourut
d’empoisonnement alimentaire, le 6 mai de la même année. A sa mort, le Haut
Collège des Frères Aînés, qui suivirent la Règle devait être recomposé pour
obtenir trente-trois membres (l’âge du Christ), qui désigna à la place du décédé,
un important Templier et gentilhomme, le Provençal Enguerand de Ners et avec
lui la nouvelle administration, c’est-à-dire le « Conseil Suprême », qui se
constitue comme suit :
Imperator à titre posthume : Gaston de la Pierre PHOEBUS
Deuxième Imperator : Cardinal-Evêque d’Avignon J. de Via
Sénéchal-Coadjuteur : Della Rovere
Grand Commandeur : Pierre le Bon de Lombardie
Grand Commandeur Adjoint : Richard dit l’Anglais
Commandeur : Guidon de Montanor
Hiérophante Majeur : Yves Lancel de l’Isle
Hiérophantes : Ortholain et Odona
Garde de Scels et Trésors : Louis de Grimoard
Grand-Maître : Henri de Montfort
Grand-Maître : Pierre, Yorick de Rivault
Grand-Maître : Baron de la Pierre
Grand-Maître : César Minvielle
Grand-Maître : Jean-Marie de Senectaire
Soit quatorze Chevaliers formant le Conseil Suprême. Quant aux dix-neuf
Maîtres-Guides, les notes n’en ont retenu que 6 : Henri Manfred de la Pierre
PHOEBUS (fils de Gaston), Gentilis de FOLIGNO, Luis d’Arville, Renault des
Pins et LE ROUX de Bretagne. On remarquera que dès le premier Conseil, deux
personnages se couvrent déjà d’un pseudonyme : le baron de la PIERRE, et LE
ROUX de BRETAGNE. Ce dernier a adopté tout simplement le « surnom » de
son aïeul Jean Ier de Bretagne, et dont la devise est significative, notamment
(
Secretum meum) – Mon secret.
L’Ordre échappa au contrôle direct du Pape en quittant Avignon, déménagea à
la Commanderie de Monfort sur Argens en 1333, afin d’organiser leur destinée à
partir de ce lieu.
Ce fut un petit château donné aux Templiers en 1207 par
Alphonse d’Aragon, Comte de Provence, qui n’avait strictement rien à voir avec
les Templiers. Celui que nous connaissons aujourd’hui a remplacé l’ancien
château des Templiers.
Le château, ancienne commanderie templière un haut
lieu de l’Ordre, se trouve au nord perché sur un promontoire dominant la rivière.
Les Chevaliers y restaient toute une année. Ils débutaient leur séjour à Montfort
sur Argens par une Messe Solennelle, à qui ils donnèrent la Communion
Mystique à tous les participants, pour continuer dans l’invisible ce que plus tard
fut appelé, « le Mythe Rosicrucien ».
Depuis lors aucun Templier ne s’est jamais déclaré comme tel, tout en
enseignant les adeptes dans le plus grand secret. A partir du 16 janvier 1992, si
un initié, ou un adepte d’une autre obédience initiatique dûment reconnue, le
Martinisme par exemple, vient demandé l’adoubement nous lui conférons après
avoir fait les recherches nécessaires quant à l’ authenticité de sa candidature.
Cependant, dans l’avenir et c’est à partir de ce jour le candidat à l’adoubement
devra passer les tests des sept degrés initiatiques O.S.F.A.R.
C. Pour chaque
degré, il aura trois mois d’assimilation d’enseignement théorique, et finalement
devra nous envoyer un travail, appelé « Procès Verbal » pour estimation. A la
fin de ce terme, il ou elle pourra recevoir l’adoubement. Celui ou celle qui est
accepté comme Templier de l’Ordre Souverain des Frères Aînés de la Rose
Croix, a accès à l’histoire, mais pas ceux du dehors. Néanmoins, il est obligé de
maintenir le plus grand silence quant à nos secrets, en mémoire de nos
cinquante-huit Imperators et Chevaliers tout au long de l’histoire F.A.R.
C,
surtout envers ceux des premiers temps des persécutions templières.
Les fraternités Sufis du Caire, Luxor et Damase, et les Communautés religieuses
du Mont Athos ont toujours été intéressées aux archives de la branche templière
la plus proche de l’Europe. Nous trouvons en ces lieux les réponses à beaucoup
de questions concernant la vérité templière, et de ce qui se posent encore de nos
jours.
Ces frères ont préservés ce qu’en Europe fut annulé ou mystifié par les
puissances temporelles, qui dans le secret, mais avec enthousiasme avaient
suivis la mystique dite hérétique, comme déviation surnommée moderne, ou des
institutions complètement exotériques. Ils sont les prétendus nouveaux des
Templiers ou Rosicruciens.
Mais, qui furent ses inspirateurs de ce mouvement initiatique en Europe ? Ce fut
un mouvement lié à la science et le mysticisme qui désormais continue son
oeuvre en autres champs d’action, et avec des « uniformités extérieures »
différentes. Ils maintenaient le Secret des secrets, ou le symbole des Mystères
initiatiques.
Sur la voie de la Règle Rosicrucienne – les Frères Élus et les Frères
Consolés.
La réunion (et la convention) eût lieu en 1317 avec les Chevaliers du Temple,
ratifiée par le Pape Jean XXII avec la bulle «
Spondent pariter ». Ce Pape, avec
le peu qu’il était autorisé de savoir, était amène d’écrire le traité incontestable
alchimique, « Le Traité de l’Art de Transmutation », publié après son décès en
1557. Nous omettons tous les éléments collatéraux et détails secondaires ; nous
rappelant que ce Pape après sa mort, laissa clandestinement dans sa résidence
d’Avignon la somme de 25.000.000 pièces d’or (une somme absolument
extraordinaire à l’époque). L’intérêt de ce détail est important, car dans l’avenir
un nombre innombrable de Princes de l’Eglise s’intéressèrent à l’Art
Alchimique. Il y a beaucoup de témoignages documentés à ce sujet, et nous
laissons aux septiques le fardeau de démontrer l’inverse. Nous laissons ici le
courant de promiscuité qui s’est accumulé de la réunion de l’Ordre du Temple,
pour continuer notre parcours.
Nous allons soustraire de l’ouvrage « Histoire des Templiers et les Croisades »
(Paris, Byblos Tome 1), quelques articles des documents de l’époque où la
Règle des Frères Mineurs, aussi une extension directe de l’Ordre du Temple des
Haut Dignitaires. Le document original de la Règle existe en deux copies ; la
première se trouve au Vatican, la seconde à Hambourg. Ce document fut
préservé par Br. Mathieu de Tramlay jusqu’en 1205, et ensuite par Robert de
Samfort, provincial du Temple en Angleterre (année 1240) et par le Maître
Roncelin de Fos.
Nous allons analyser quelques articles de la Règle des adeptes mineurs afin de
comprendre leur attitude ainsi que leurs sentiments envers les Frères Élus.
Article 11 :
L’admission rituelle de l’Élu : le serment pour la présentation du
secret de l’Ordre, car chaque indiscrétion est punissable par la mort. Le
réceptionnaire embrasse le néophyte sur les lèvres afin de transmettre le souffle
du plexus sacré qui transmet la force créatrice à l’endroit du nombril, et le
membre viril, image du principe masculin. (Cet article fut mis en cause par les
Inquisiteurs comme étant une pratique homosexuelle.) Au fait, la référence à
cette transmission symbolique du Maître vers les Centres inférieures (Cakras) de
l’initié, ne se prête à aucune équivoque.
Article 13 :
Le néophyte piétinera sur la Croix et y crachera, et c’est ainsi qu’il
obtiendra la tunique blanche avec ceinture. (Ce qui symbolise le mépris envers
les instruments de torture que les dévots aiment et adorent tellement dans leurs
cultes exotériques.
Article 14 :
L’homme qui s’imagine être autorisé d’injurier Jésus, le fils de
Marie, parce que nous avons insulté le bois de la Croix, sera exclu des Capitoles
et son éducation ne sera pas prolongée.
Article 20 :
Les Élus constituent la Haute Assemblée, le peuple des acquisitions,
où il y a n’y Juifs, ni Sarrasins, ni libres, ni esclaves, mais hommes et femmes.
A l’homme qui demeure dans le vrai Christ-Dieu, nous lui annonçons un Dieu
qui se manifeste lui-même au monde, un Christ seul fils d’un Dieu, qui fut avec
Dieu éternellement, qui n’est jamais né, et n’a jamais souffert, ne sait pas
mourir, est omniscient, a aimer et a joint l’âme du fils de Marie, et ainsi il était
dans le monde. Un Dieu que le monde n’a jamais connu, parce que l’homme
charnel n’a pas compris ce que l’Esprit est. On peut définitivement affirmer que
le fils de Marie et Joseph a tout accompli : son enseignement, ses miracles et son
oeuvre sacré, par la puissance et la force de ce vrai Christ, qui émane de Dieu
depuis l’éternité. Il joignit pour une période l’âme de Jésus, mais il n’a jamais
apparut en chair et en os. Depuis que le fils de Joseph et de Marie fut un saint,
exempt de tous péchés et crucifié, nous l’adorons en Dieu et lui adressons notre
prière. Seulement, nous considérons le bois de la croix comme étant le signe de
la Bête mentionné dans l’Apocalypse.
Les Frères Consolés
Article 8 :
Il y a des Élus et des Consolés dans chaque partie du monde. Là où
vous trouverez des grands bâtiments en construction (les Temples) et les signes
d’identification qui y sont apportées … (ce que je ne mentionne pas
publiquement), vous allez découvrir beaucoup de personnes éduquées par Dieu
et le Grand Art. Ils les ont hérité de leurs pères et maîtres, qui sont tous des
Frères… (Une autre omission)… par la voie souterraine vous allez les conduire
aux Capitoles, et ceux qui craints vous allez les désigner le « Consolamentum »
en dehors des capitoles, devant trois témoins.
Article 9 :
Vous allez fraternellement recevoir les Frères de ses groupes, et
pareillement pour les Consolés (les Rosicruciens) de l’Espagne et de Chypre ;
vous allez faire de même pour les Sarrasins, les Druses et ceux qui vivent au
Liban. Si l’Esprit anime les Sarrasins ou les Druses, vous allez les admettre
comme Elus ou Consolés.
Article 18 :
Le néophyte sera conduit aux archives où il sera enseigné dans les
mystères divines, de Dieu, de l’Enfant Jésus, le vrai Baphomet, la Nouvelle
Babylone, des choses naturelles, de la vie éternelle et la science secrète, la
Grande Philosophie, Abraxas et les Talismans (objets théurgiques ). Toutes ces
choses seront cachées pour les ecclésiastiques (profanes ou non initiés) admis
dans l’Ordre.
Article 39 :
Il est défendu dans les Maisons où tous les Frères ne sont pas des
Élus ou des Consolés de travailler des matériaux par la science philosophique,
ou la transmutation des métaux de bases en or ou argent. Le travail sera
seulement entreprit dans des lieux gardés et secrets.
Nous allons maintenant prendre en considération qui était les aspirants de ce
mouvement initiatique en Europe. Ce fut un mouvement relié à la science et le
mysticisme qui continue le travail dans d’autres champs d’action et avec des
différents uniformes extérieurs.
De ces propriétés il est difficile d’imaginer comment un ordinaire templier ou
Mythe Rosicrucien serait porteur du Secret des secrets, ou symbole des Mystères
initiatiques, compensé en un mot, le « Graal ». Et, pourtant, ils ont grandement
contribués.
La Croix philosophique symbole de la Rose et Croix, comme montre l’image,
gravée au 19
ème, contient le plan symbolique du temple d’Ezéchias (le Temple
Circulaire, contenant quatre éléments dans la Chambre Carrée.
La Croix est souvent mal comprises en Franc-maçonnerie notamment pour la
Croix Teutonique reproduit ci-après. Il est préférable de se rappeler qu’entre
deux croix, il n’y a pas de rapport, même pas ésotérique.
Étudions soigneusement ce plan et la disposition des Symboles, car son contenu
signifie la réalisation de l’emplacement philosophique correcte de la Doctrine
des Mystères Mineurs dans le Temple Maçonnique.
Notes Supplémentaires sur la Règle de l’Ordre
sans Imperator, Siège vacant en permanence.
L’Ordre est constitué de Pays placés sous la responsabilité du Grand Maître
Philippe Laurent De Coster, Gand, Belgique.
A l’Ordre proprement dit s’associent diverses Commanderies.
Tout candidat doit être parrainé par un membre de l’Ordre. L’acceptation par un
Templier de cette vraie responsabilité, lui fait prendre conscience de son
parrainage et l’implique devant les Frères Aînés de la Rose
Croix, et devant le
Grand Architecte, l’Unique, sur les trois plans.
L’Ordre du Temple de Jérusalem est initiatique. Il ne promet pas de pouvoirs
supra normaux et n’offre pas d’occultisme populaire des superstitieux. Il
propose la Voie de la recherche scientifique, alchimique, ésotérique ou
métaphysique, le gnosticisme, en un mot « la gnose ». Ardue, semée d’embûches
et de possibles chutes mais, au prix de l’effort, pleines de révélations et de
découvertes lumineuses que l’on tiendra dans le plus grand secret.
L’Ordre est dirigé par les Grands-Maîtres des Commanderies de pays placés,
assisté par des comités collégiaux variés.
Le Grand-Maître représentant de l’autorité de l’Ordre, fait appliquer par les
instances au pouvoir de juridiction et orientations générales de la vie et de
l’activité de l’Ordre.
Tout membre de l’Ordre, quel que soit son grade, sa fonction et même sa dignité
lui doit respect et obéissance.
En cas de « disparition » du Grand-Maître pour quelque raison que se soit, la
Règle prévoit sa suppléance et son remplacement immédiat.
Du cheminement dans l’Ordre.
Tout candidat accepté est reçu comme adepte. Peu importe ce qu’il a été et fait,
maintenant ou en d’autres temps. Pour lui seul doit compter le fait de SERVIR.
L’arbre est reconnu à ses fruits. L’ordre lui demande de se conformer à ses règles
et critères. A moins qu’il ne le sache, les occasions lui seront données pour
montrer qui il est.
Si l’adepte réussit ses épreuves, il est admis au grade de profession temporelle,
ce qui implique aussi un grade plus dans le comportement, notamment la
profession proprement dite, ce qui signifie l’adoubement. L’armement
(l’adoubement) chevaleresque est comme un sacrement définitif et surtout
irréversible.
Comme Chevalier de l’Ordre des Frères Aînés de la Rose
Croix, il se situe
dans l’Ordre ; et, depuis qu’il appartient à l’Ordre, il pourra être appelé à
différentes fonctions et missions et même par la Grâce Divine l’aidant, aux
distinctions et au sacerdoce Templier si Dieu le veut, connu en Latin par le

Magni Sacerdotes Templariorum”.
Les activités de l’Ordre
On appartient à l’Ordre en qualité personnelle pas dans une autre quelque qu’elle
soit. A l’intérieur on doit prendre en compte « l’étiquette spécifique à ce monde »
une fois franchi le seuil. Dans le monde, mais pas de ce monde, à voir même nos
secrets.
La vie dans l’Ordre est particulièrement faite par les apports de ses membres. On
y entre pour donner et non pour recevoir. Tout cela dégage un total de valeurs
supérieur à la simple addition. Ce total est égal à l’Unité.
En conséquence le Templier n’espère rien pour lui.
Sa contribution est double sur les trois plans du corps de l’Âme (le Soi
Supérieur) et de l’Esprit :
·
Individuellement:
·
Par ses efforts sur soi-même en tout lieu, moment et circonstances de sa
vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle.
·
Pour se connaître mieux, se dominer, se dépasser constamment.
·
·
S’interdisant tout jugement définitif sur qui ou quoi qu’il soit.
·
·
Acceptant de mettre en doute la conception qu’il a de soi-même.
·
·
Prenant en considération l’idée que les autres ont de lui.
·
Collectivement:
Assumant la part qui lui revient dans les travaux, les cérémonies et charges de
son Ordre sous toutes ses formes, en tout lieu et moment où on le lui ordonne.
Quelques qu’aient été jusqu’à présent son expérience de la vie, ses opinions
cachées ou révélées, ses convictions théoriques ou pratiques d’une croyance ou
d’une confession philosophique et religieuse -même quand il n’en a eu aucune -
seules compte:
·
Sa Foi dans le Grand Architecte, l’Unique, et Son Esprit en chacun de
nous, et dans l’ordre transcendant de tout ce qui existe.
·
Son respect des Lois Cosmiques et son désir d’approfondir sa
connaissance (la gnose) afin de s’ajuster toujours mieux à elles.
·
Sa sincérité dans la quête des Voies de L’unité et de lumière tant sur le
plan personnel que sur le plan mondial.
Tout le conduit par le moyen de l’investiture à prononcer les trois VOEUX de:
Charité, Simplicité, Obéissance
L’Ordre oblige, par la même, chacun à:
·
Méditer
·
Écouter.
·
Discipliner sa pensée, sa langue, ses gestes.
·
Vaincre ses imperfections, ses désirs.
·
Combler ses lacunes personnelles.
·
Être présent dans l’Ordre.
·
Participer activement à ses travaux.
·
Vivre templièrement chaque instant de son existence.
·
Aimer et servir son prochain quel qu’il soit.
Telle est en résumé la Règle basique pour chacun.
Tout templier doit participer à l’office de sa commanderie ou de sa Province (par
défaut, au service religieux de sa confession) et se rendre à autant de
convocations qui lui seront faites.
L’Ordre Souverain des Frères Aînés de la Rose
Croix n’est pas une religion. Il
fait parti de LA RELIGION, fondée par le Pape d’Avignon, Sa Sainteté Jean
XXII. Bien plus que Chrétien, l’Ordre est plutôt christique.
C’est dire que s’il vient pour convertir (au sens étymologique) il se propose
comme un point de convergence pour réunir au delà des barrières formelles et
théologiques. L’Ordre n’oublie certainement pas, que le Pape est le Vicaire du
Christ, chef de l’Eglise de Pierre que reconnaît l’Ordre. Rappelez-vous que, au
moyen âge, il ne dépendait que du Saint Père à l’exclusion de toute autre
dépendance.
Pour cela L’Ordre du Temple consacre à Sa Sainteté, une piété filiale, une
fraternelle déférence et obéissance dans la mesure où il ne contredit pas
l’immense espérance d’une reconnaissance qui effacerait la dissolution inique de
1312 et qui depuis ce moment tache de boue la face de l’Eglise.
L’investiture est donnée aux Frères qu’après les avoir éprouvés dans leurs
comportements journaliers. Les grands tests sont : la charité, l’altruisme, le
dévouement, la fidélité… et, par-dessus tout, être capable de garder un secret.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 11 novembre, 2009 |1 Commentaire »

La Stricte Observance dite Templière.

 

 

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Les Réformes spirituelles du Rite Ecossais Rectifié (1)

 

 Jean van Win

Ce titre comporte trois concepts juxtaposés : celui de rite, celui d’écossais, celui de rectifié. Voyons-les en détail afin de comprendre clairement sur quoi nous allons réfléchir ce midi.

Le Rite : en maçonnerie, un rite est un sous-groupe d’un ensemble, composé essentiellement de certaines valeurs de base partagées par ce sous-groupe, et d’une structure particulière, c’est à dire d’un certain nombre de grades. Exemples : le RER en comporte 4 + 2 ; le REAA 33 ; le RF 3 + 4 Ordres de grades. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que l’on commence à qualifier certains systèmes maçonniques de rites. Auparavant, dans le système rectifié, on utilise indifféremment les mots Régime et Rite, qui sont en réalité synonymes.

La première édition du Régulateur des Chevaliers Maçons, par lequel le Grand Orient de France «  régule » en effet les hauts grades du rite français en 1801, s’appelle : «  Régulateur des Chevaliers Maçons selon le Régime du Grand Orient de France ». Il s’agit bien entendu du futur rite français, qui n’existe pas encore sous cette appellation qui ne lui sera donnée que par opposition au futur REAA.

Régime signifie donc à la fois gouvernement et système, ce qui est exactement la définition du rite. Le mot régime cède définitivement la place au mot rite au début du XIXe siècle. Le fait d’utiliser soit «  rite écossais rectifié » soit «  régime écossais rectifié » n’a pas la moindre signification [1]

Ecossais : cet adjectif n’implique pas le moindre rapport ni avec les cornemuses, le whisky, les kilts ou le monstre du Loch Ness. Ecossais signifie tout simplement que la structure particulière du rite comporte des grades dits hauts, c’est à dire des développements thématiques rituels ultérieurs à celui du grade de maître. Le grade d’Ecossais est le premier qui apparut en France vers 1743, certains FF Maîtres marquant par cette distinction nouvelle leur souci de se distinguer du vulgum pecus, d’autres manifestant un souci d’approfondissement.

Rectifié : cet adjectif est synonyme de réformé. Il vient du verbe latin ‘rectificare’, c’est à dire redresser, remettre dans le droit chemin.[2] Le RER apparaît en effet vers le milieu du XVIIIe siècle, à un moment où la maçonnerie française connaît des déviations et des innovations blâmables ; certains FF de la région lyonnaise ont décidé de retourner à ce qu’ils considéraient comme la véritable maçonnerie des origines.

Bref : le rite se dit réformé, rectifié. Par rapport à quoi ? Par rapport, bien entendu, à ce qu’était devenue la maçonnerie française à l’époque où Jean-Baptiste Willermoz, né en 1730, y entre à l’âge de 20 ans, soit en 1750.

Petit rappel historique.

On sait que la maçonnerie obédientielle vit le jour à Londres en 1717. Et non la maçonnerie spéculative, comme on l’écrit souvent. Ce sont en effet quatre loges spéculatives qui s’associent et créent une petite fédération qu’elles intitulent modestement Grande Loge de Londres et de Westminster. En 1723, cette fédération publie des Constitutions sous la plume du généalogiste impécunieux James Anderson. Vers 1725 apparaît, venu d’on ne sait où, le grade de Maître. Vers 1730, des loges anglaises s’installent à Paris, quoique les stuartistes fervents affirment qu’il y eut des loges jacobites en France dès 1688.

De 1730 à 1750 environ, la progression est fulgurante, le succès des «  frimessons ou frimaçons » est énorme. Dès 1743, soit 13 ans après son implantation en France, apparaissent des Maîtres Ecossais qui se disent supérieurs aux simples Maîtres et exigent d’être traités avec des privilèges et des honneurs particuliers. Déjà…

Les rituels anglais, utilisés par les loges françaises souvent peuplées de résidents britanniques, connaissent dès le début des « améliorations » qui stupéfient les Anglais et ravissent les Français : ajout d’une élégante et frivole houppe dentelée sur les tableaux de loge [3], port de l’épée, port abusif du cordon de l’Ordre du Saint-Esprit ( en réalité strictement réservé à une centaine de nobles triés sur le volet),  maintien du chapeau en loge ( comme le Roy et les Grands…), hommage rendu à la verbosité par la création du poste d’orateur, inconnu des Anglais, dramatisation des rituels afin d’épouvanter (sic) les candidats [4], toutes innovations qui francisent la pratique maçonnique et laissent rêveurs et interloqués les flegmatiques fondateurs anglais…

Autre innovation de nos bouillants voisins d’outre-Quiévrain : les hauts grades. Ils ne sont en réalité qu’ultérieurs : la vanité les fait hauts.

En 1736, le chevalier Ramsay prononce, ou ne prononce pas, peu importe, un discours qui laissera des séquelles en France, mais aussi dans le reste du monde civilisé : il prétend que la maçonnerie ne doit rien aux vulgaires ouvriers des chantiers, mais tout aux Croisés qui partirent à la conquête des Lieux Saints. Les maçons sont en réalité des chevaliers maçons. Ce discours met le feu aux poudres d’une société dans laquelle le passage de l’état de bourgeois à l’état noble constituait, pour certains, une véritable obsession.[5] Les ‘chevaliers maçons’ auraient rang de gentilhomme en loge, et, moyennant finance, se verraient traiter en prince, sublimes ou illustrissimes selon les cas, gardant coiffe en tête, portant l’épée etc…Une telle opportunité, au sein de la stricte société de classes dans laquelle elle vit le jour, ne laissa pas de susciter un enthousiasme fébrile ; on se bouscule aux portillons de la promotion sociale.

Et de 1730 à 1750, la course aux vanités se poursuit dans le plus grand désordre. Les organismes maçonniques foisonnent, se multiplient, se séparent, se subdivisent, s’excommunient, se combattent, fusionnent, divorcent derechef, et donnent un lamentable spectacle de division, d’improvisation et de chamailleries sans fin.

Tout chaos engendre quelque jour un ordre, de même que tout ordre génère tôt ou tard son chaos. Certains maçons, soucieux d’organisation, s’avisent de récupérer une partie de cette énergie omnidirectionnelle dans des systèmes structurés de leur invention ou d’importation, dont ils seraient, bien entendu, les chefs. Et voici qu’apparaissent, ici et là : le chapitre de Clermont, la Stricte Observance Templière, le Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident, le Conseil des Chevaliers d’Orient, l’Ordre de l’Etoile Flamboyante, le Régime Ecossais Trinitaire, les Illuminés Théosophes, les Philalèthes, et j’en passe, non sans signaler quelques grades des plus savoureux à mon goût : les Architectes Africains, et quelque système pratiquant le grade d’Ecossais Vrai d’Ecosse ou mieux encore, celui d’Ecossais Napolitain…

La maçonnerie de Louis XV, surnommé le Bien-Aimé, connaît non seulement la pagaille, mais encore le commerce des hauts grades de pacotille, le trafic des influences, des malversations, des escroqueries, la vente au prix fort de diplômes et de décors, même dans des charrettes suivant les troupes en campagne…

C’est dans ce contexte trouble qu’apparaît, en 1750 et à Lyon, Jean-Baptiste Willermoz. Il est né en 1730. Initié à 20 ans, il est Vénérable de sa loge l’année suivante. Quoique fort déçu et insatisfait de cette maçonnerie frivole et équivoque ( il n’est heureusement pas le seul !), il crée, en 1760 et à l’âge de 30 ans, une Grande Loge des Maîtres lyonnais qu’il affilie à la Grande Loge de France. Cette dernière, qui connaît de profonds désordres sous la grande maîtrise du prince de Clermont, voit ses travaux suspendus en 1766 et voici notre Jean-Baptiste en chômage maçonnique.

La grande idée de J.B. Willermoz.

C’est à cette époque que naît probablement l’idée centrale de toute sa vie et qu’il s’efforcera de mener à bien en dépit de la brutale interruption des activités maçonniques causée par la Révolution d’abord, et la Terreur ensuite. Cette idée est celle de la réforme spirituelle de l’Ordre maçonnique, par un retour aux sources authentiques qu’il a abandonnées.

Retour aux sources, fort bien ; mais quelles sources ?

Plusieurs rencontres capitales vont l’aider à préciser ce point essentiel et à mettre en œuvre un projet remarquable et unique dans toute l’histoire de la maçonnerie [6], car il résulte, au plan de de la pensée, de la volonté et de l’action et de l’organisation, des efforts inlassables d’un seul homme.

Willermoz.

Cet homme est moyennement doué au plan intellectuel, avouons-le d’emblée, bien que sa réussite professionnelle et son aisance sociale ne fassent pas de doute. Sa formation est élémentaire : il ne fréquente pas l’école. A 20 ans, il est déjà un négociant en soieries établi et sérieux. Toute sa vie, il poursuivra des grades maçonniques susceptibles de lui apporter « des mystères de plus en plus sublimes ». Il créera un système maçonnique cohérent et riche en symboles ; il correspondra avec les princes et les aristocrates les plus en vue de la future Allemagne. Il faut aussi l’imaginer, le carnet de commandes à la main, discutant chiffons dans l’arrière-boutique de quelque décorateur-garnisseur du faubourg Saint Honoré…Il importe donc, à présent, de consacrer un certain temps aux rencontres maçonniques que fait Willermoz ; il en naîtra une œuvre réformatrice dont nous sommes les héritiers plus ou moins fidèles. Encore faut-il que nous en soyons bien conscients.

Et voici qu’apparaît Martinez.

En 1766 donc, Willermoz est en chômage maçonnique. Peu après, il est accueilli à Paris par un catholique converti d’origine espagnole, Don Martinez de Pasqually de Latour. Je ne nous parlerai que très peu de ce personnage modérément recommandable.  Dépeint comme inculte, prétentieux, besogneux, occultiste buvant à toutes les sources, Martinez possède toutefois un magnétisme tel qu’il s’impose à certains comme un prophète inspiré. Vers la fin du siècle, la maçonnerie verra ainsi surgir nombre d’individus du même style, toujours issus de la tendance dite mystique de l’ordre et jamais de sa branche rationaliste, pataugeant dans les plus discutables substituts de la spiritualité chrétienne : Joseph Balsamo, obscur artisan sicilien se disant comte de Cagliostro qui finira étranglé dans les prisons du pape ; le comte de Saint Germain, un industriel délirant qui avait déjeuné avec Jésus et César ; Anton Mesmer et ses baquets à magnétiser ; et enfin Casanova, aventurier rocambolesque et obsédé sexuel impénitent, qui, délaissant un instant l’érotisme pour l’ésotérisme, a laissé un des textes initiatiques les plus intelligents de toute la maçonnerie du XVIIIe siècle.

Le douteux Pasqually crée l’Ordre des Chevaliers Maçons élus Coëns de l’Univers. Il y reçoit aussitôt des hommes importants et distingués, tels Bacon de la Chevalerie, Louis-Claude de Saint Martin et, bien entendu, Jean-Baptiste Willermoz. L’Ordre Coën comportait sept grades, trois classiques plus quatre purement Coëns, coiffés par le grade de Réau Croix, qui est davantage une ordination destinée à ceux qui sont aptes à reconnaître des preuves d’ordre surnaturel. Ce dernier grade doit rendre son détenteur semblable à Dieu.

Vaste programme pour un illettré. Pour un lettré aussi, du reste.

Je ne m’étendrai pas sur ce personnage. Si on essaie de comprendre quelque chose à la pensée obscure que Martinez communique en un langage approximatif, on s’aperçoit qu’elle se résume en fait à ceci : l’homme possède en lui une parcelle de divinité, engluée dans la matière. Ce germe lui permet de se réconcilier avec Dieu, ce qui garantit son salut après la mort. Cela s’appelle la « réintégration »  dans la divinité. [7]

Clavel résume comme ceci l’Initiation Coën : «  l’initiation doit régénérer le sujet, le réintégrer dans sa primitive innocence et dans tous les droits qu’il a perdus par le péché originel ». Nous retrouverons bientôt ces notions dans le rite rectifié de Willermoz que nous analyserons dans quelques instants. Martinez disparaît pour les îles en 1772 et pour l’Orient céleste en 1774.

Revenons donc à Willermoz qui, tout en vivant son état de Réau Croix, n’en demeure pas moins en recherche d’une maçonnerie sérieuse, ordonnée, riche d’un enseignement utile aux hommes : mais la France ne lui offre pas ce qu’il attend. Il entre alors en correspondance avec la RL ‘La Candeur’ de Strasbourg, loge qui a quitté la GL de France pour s’affilier à la GL d’Angleterre. Elle entre aussi en contact avec le système allemand dit de la Réforme de Dresde, que l’on connaît mieux sous son appellation de la Stricte Observance  (Templière).

La Stricte Observance dite Templière.

Le promoteur essentiel de ce régime, de cette obédience ou de ce système, comme l’on voudra, est le baron Carl von Hund. Initié à Paris en 1741, il médite lui aussi dès 1743 un nouveau régime destiné à se propager en Allemagne. En 1751, il crée une loge templière et en 1754 il participe à la fondation du célèbre chapitre de Clermont. En principe, il va alors propager ce système de hauts grades français et templiers en Allemagne. On y trouve les trois grades symboliques habituels, trois grades écossais, soit le Maître Ecossais, le Novice et le Chevalier du temple, et enfin, trois grades nouveaux : le chevalier élu de l’Aigle, le chevalier illustre ou Templier, et le Sublime chevalier illustre.

En Allemagne non plus, on ne craint pas l’enflure des adjectifs. Hund prétend avoir été investi, par un Supérieur Inconnu venu d’Ecosse, de la dignité de Grand Maître du Temple. Il établit sur cette base, vers 1763-1764, le régime de la Stricte Observance Templière. Il divise l’Europe en neuf provinces templières, chacune se subdivisant en prieurés, ceux-ci en préfectures, celles-ci en commanderies qui coiffent les loges écossaises elle-mêmes souchées sur des loges symboliques. C’est déjà toute l’armature du futur Rite Ecossais Rectifié qui est conçue en 1763.

Hund est mal entouré ; on lui souffle une idée saugrenue qu’il traduit dans un «  plan économique » ( on dirait aujourd’hui un plan financier ou un business plan) consistant tout simplement à réclamer au prochain concile les biens matériels considérables confisqués aux Templiers en 1314. Ces extravagances précipitent la chute de Hund.

Les divers Convents se suivent…

Au convent de Kohlo, en 1772, il est déchu de la grande maîtrise. Ce convent met sérieusement en doute l’origine templière de l’Ordre, l’existence des Supérieurs Inconnus fondateurs, et rejette le « plan économique ». Néanmoins, ce système, maintenant moribond, aura été, de 1754 à 1772, soit 18 ans durant, le facteur déterminant d’unification de la maçonnerie allemande, et même de la maçonnerie scandinave.

Deux ans après son cuisant échec, en 1774, Hund se préoccupe de la France. Il délivre une patente au baron Weiber, avec pleins pouvoirs pour rétablir les Directoires des provinces templières de langue française.

Les Français surestimaient l’importance qu’avait ce régime en Allemagne, qui n’a jamais dépassé 80 loges, mais qui comptait dans ses rangs des personnages de premier plan, avec lesquels Willermoz se flattera d’entretenir une correspondance. Celle-ci, planquée par lui durant la Terreur, fut partiellement retrouvée au XIXe siècle par le plus rocambolesque des hasards : les correspondants principaux étaient Ferdinand de Brunswick, Charles de Hesse-Cassel et Charles de Sudermanie. Cette correspondance, publiée par Steel-Maret, est essentielle pour comprendre la pensée de Willermoz.

Les Français vont donc prendre contact, en Allemagne, avec ce nouveau régime templier. Et plus particulièrement Jean-Baptiste Willermoz, toujours appâté par tout régime étranger qui lui assurerait l’ordre au sein de l’Ordre, qui lui donnerait des règles précises et minutieuses à l’observance desquelles il vouerait toute sa besogneuse dévotion.

Willermoz crée donc avec Weiber un nouvel Ordre templier, selon l’axe Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Narbonne, plus la Savoie. Il va aussi convaincre l’ex Grande Loge, devenue Grand Orient de France en 1773, de reconnaître son régime ou système, comme seule structure régulière de hauts grades. Accord que Philippe d’Orléans, duc de Chartres et Grand Maître, ratifie en 1776.

Brillante victoire de Willermoz !

En Allemagne, la SOT est en pleine déconfiture. Les fantasmes templiers et les mensonges « maçonnico-stuartistes » de Hund sont découverts. Il perd tous ses pouvoirs au convent de Brunswick en 1775 et meurt l’année suivante.

Les Français s’aperçoivent alors que leur système avait en réalité peu de rapport avec celui des loges allemandes. Ils en profitent pour se débarrasser de toute sujétion et convoquent bien entendu un nouveau convent dans ce but. Willermoz jubile une fois encore ! Il s’agit en effet d’organiser.

Avec le F. Salzman, il décide d’utiliser le cadre formel de la maçonnerie réformée pour y introduire l’enseignement Coën hérité de Pasqually.

Le Convent dit des Gaules se réunit à Lyon en 1778. C’est une pleine réussite. Les 4 grades de la maçonnerie réformée française comprennent désormais : l’apprenti, le compagnon, le maître et le Maître Ecosssais (et) de Saint André. Les rituels sont complètement revus par Willermoz lui-même. Après les quatre grades symboliques vient alors l’Ordre Intérieur, suivi,  à cette époque, d’une structure secrète comportant les classes de Profès et de Grands Profès

(ce qui est encore une invention de Carl von Hund, aujourd’hui disparue, quoique feignent de prétendre certains amateurs de mystères romantiques, profondément nostalgiques des Supérieurs Inconnus…). De nos jours, c’est la « classe » qui a disparu ; pas nécessairement la qualité.

Mais le contenu de ces grades est l’œuvre de Willermoz et se trouve complètement transformé par l’introduction, dans la classe des Profès, de sa version de la doctrine de la réintégration élaborée par Martinez de Pasqually.

Le Convent des Gaules change le nom de l’Ordre, qui devient : «  Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte ». Cette appellation est un démarquage à peine voilé de :

« Ordre des Templiers de Jérusalem ». Le même Convent donne pleins pouvoirs, pour toutes les provinces françaises, à Jean Baptiste Willermoz : une obédience templière purement française est enfin née !

Le fameux Convent de Wilhelmsbad.

Quatre ans plus tard, en 1782, le fameux convent de Wilhelmsbad ( non loin de Francfort) n’est qu’une répétition du précédent. Willermoz y fait approuver une réforme et un plan concernant les provinces templières de France. Il précise enfin clairement que rien ne permet à l’Ordre de se dire héritier temporel des Templiers, mais il convient toutefois de conserver la légende templière dans le dernier grade de l’Ordre.

Le Convent décide de refondre les rituels et les règlements qui seront désormais exclusivement qualifiés de rectifiés.

Willermoz rédige les rituels des trois premiers grades symboliques qui furent adoptés, mais ne furent jamais ratifiés par l’ensemble des loges du régime ; fut aussi adoptée une esquisse du 4e grade, dont la version définitive attendra jusqu’en 1809 pour voir le jour. L’Ordre Intérieur est enfin composé de Novices et de Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, dont les rituels restaient à refaire.

La « Règle maçonnique à l’usage des loges réunies et rectifiées » est arrêtée au Convent de Wilhelmsbad. Elle enregistre en neuf articles toutes les idées de Willermoz : principes spiritualistes Coëns, espoir de régénération et de bonheur parfait. Mais les Maçons du Nord de l’Allemagne refusent de se soumettre. Les dirigeants (Hesse, Brunswick) apparaissent comme des rêveurs. Une opposition très vive se fait jour et s’appuie sur le thème : Liberté, Egalité, Indépendance, dont on devine l’inspiration. Certains rejettent alors toute influence française et veulent en revenir au régime de Hund. Les rituels d’Ecossais, de Novice et de Chevalier Bienfaisant ne furent jamais promulgués à cette époque .

La Révolution et surtout la Terreur de 1792-1793 mettent un terme à tout cela. Willermoz cache ses archives et prend la fuite. En 1795, après Thermidor, Willermoz est devenu vieux. Il a maintenant 65 ans, ce qui est beaucoup au XVIIIe siècle. On ne s’adresse plus à lui que parce qu’il possède des rituels et des documents. Il va néanmoins recopier et retravailler diverses versions de ses rituels qui nous parviendront finalement conformes à diverses étapes de sa pensée. Ceci est important pour les «  puristes » qui s’acharnent à trouver LE rituel authentique de Willermoz. En effet, peut-on dire que les plus récents soient plus authentiques que les plus anciens, ou peut-on au contraire prétendre l’inverse ? Vain débat.

Certains héritiers spirituels de Willermoz se sont crus autorisés à le « décréter », mais rien n’autorise pareille déduction, qu’il convient d’éviter, sous peine de subjectivisme partisan.

En conclusion provisoire de l’épopée willermozienne, résumons en quoi consiste la réforme ou la rectification du RER :

1. Dans un contexte maçonnique fortement dégradé, la maçonnerie nouvelle est une société

    qui cultive la morale et la religion, qui transcende celle des églises particulières.

2. Cette maçonnerie se réfère aux principes les plus purs du Christianisme qui deviennent

   assez semblables à ceux du droit naturel.

3. Cette réforme aboutit à une synthèse et à une simplification : elle revient aux origines

   chrétiennes de la maçonnerie, tout en écartant avec insistance les éléments hermétiques et

   alchimistes, dont Willermoz a horreur.

4. Les doctrines martinézistes perdent néanmoins leur poids dans le Régime rectifié, qui prend

    désormais une courbe nettement maçonnique et chevaleresque, avec une tendance finale

    proche d’une gnose johannique, c’est à dire d’une gnose chrétienne.

Caractères principaux du Rite Ecossais Rectifié.

Voyons successivement, dans la Belgique d’aujourd’hui, d’abord sa logique interne et spirituelle ; voyons ensuite les 4 points de repère des 4 grades symboliques ; et voyons enfin les problèmes soulevés par son caractère ouvertement chrétien, en répondant à plusieurs questions traditionnelles concernant cette dernière spécificité, qui est en réalité la plus importante.

1. La logique interne du Rite.

Les trois premiers grades d’apprenti, de compagnon et de maître, dits grades symboliques ou encore grades bleus, sont aussi dits « vétéro-testamentaires », c’est à dire qu’ils se rapportent à plusieurs thématiques tirées de l’Ancien Testament. L’Ancien Testament, ou Loi Ancienne, comme nous l’avons étudié en 2001, est la partie de la Bible allant de la Genèse jusqu’avant la naissance de Jésus qui, elle, inaugure le Nouveau Testament, dit aussi Nouvelle Alliance, ou encore Nouvelle Loi. [8]

Bien sûr, ces loges symboliques, de même que toutes les autres loges de tous les rites authentiques, sont dites «  loges de Saint Jean » ; toutes, elles contiennent, en Occident à tout le moins, une Bible, ouverte le plus souvent à l’évangile de Jean. Les rituels eux-mêmes font des allusions aux Ecritures, soit à celles de l’Ancienne Loi, soit à celles de la Nouvelle :

«  cherchez et vous trouverez, etc… ».

Mais le fil rouge, le thème fondamental des trois grades symboliques, y compris les grades rectifiés, est et demeure celui de la construction du Temple de Jérusalem, figuré aux deux premiers grades par le tapis de loge, et au troisième, par une légende mettant en scène son architecte. Ceci émane de l’Ancien Testament, principalement du Livre des Rois et du Livre des Chroniques.

Quant aux deux derniers grades du Rite ou Régime Rectifié, ils ont pour cadre la Loi Nouvelle. Ils sont chevaleresques, ou plus exactement équestres (de eques = chevalier) et évoquent le rôle spirituel rempli par la « Milice des pauvres Chevaliers du Christ » qui avait établi ses quartiers près du temple de Jérusalem, d’où le nom de Templiers qui lui fut donné par facilité. Ces deux grades n’ont pas de lien organique avec l’Ordre maçonnique proprement dit, si ce n’est qu’ils ne recrutent leurs membres que dans son sein.

Le grade le plus essentiel, le plus significatif, le plus « rectifié », le plus riche en ésotérisme chrétien est celui qui jette un pont entre les trois grades vétéro-testamentaires et les deux classes chevaleresques et néo-testamentaires. Il s’agit du grade de Maître Ecossais et de Saint André, quatrième et dernier grade symbolique dans la structure définitive du RER telle que nous la connaissons aujourd’hui, en France et en Belgique principalement. Il a remarquablement été analysé et commenté par notre BAF Roland Bermann. [9]

On peut donc considérer que le Rite Ecossais Rectifié mène le postulant de l’Ancienne Loi à la Nouvelle par la médiation active de Saint André, lui qui autrefois quitta le sillage de Jean le Baptiste, dernier prophète de l’Ancienne Loi, pour suivre celui du Christ, dont est née la Loi Nouvelle.

C’est dans ce grade, en vérité capital, original et tout à fait spécifique au Rectifié [10], que se retrouvent les éléments essentiels de la pensée willermozienne, mais aussi et surtout, du christianisme non-confessionnel, convenant à tout chrétien ou à tout Frère bien disposé à suivre sa morale et son enseignement. Ce grade n’est pas réservé, en Belgique, aux Frères qui fréquentent les loges bleues du Rite. Il est ouvert à tout Maître-Maçon accompli, ayant pratiqué l’un des rites maçonniques dont les grades symboliques sont, eux aussi et par définition, vétéro-testamentaires.

2. Les quatre points de repère des grades symboliques rectifiés

Les Vertus chrétiennes sont groupées en trois vertus théologales ( la Foi, l’Espérance et la Charité), et en quatre vertus dites cardinales [11]( la Justice, la Tempérance, la Prudence et la Force).

L’édifice patiemment conçu par Willermoz repose tout entier et avec une merveilleuse cohésion, sur la pratique de chacune des « vertus particulières du grade ». Chacune des vertus cardinales préside à l’enseignement et à la morale propre d’un grade considéré. On pourrait penser que, à l’issue de l’écolage moral basé sur les vertus cardinales, le sommet de la construction willermozienne déboucherait logiquement sur les trois vertus théologales. Il n’en est rien. C’est le grade de Rose-Croix, profondément chrétien et rien d’autre [12] qui en est le dépositaire. Mais, circonstance troublante, des études récentes montrent et confirment de plus en plus souvent que, contrairement à ce que l’on pensait, il y aurait maintenant des présomptions très solides donnant à penser que l’auteur du rituel de Rose-Croix, qui date de 1760 environ, serait probablement…Jean-Baptiste Willermoz ! Quel édifice cohérent, complet et profondément chrétien eût constitué, dans cette hypothèse, un système maçonnique menant, par l’exercice répété de la Justice, de la Tempérance, de la Prudence et de la Force, à la Foi, à l’Espérance et à la Charité.

Mais il n’en fut pas ainsi, et on ne peut que subodorer ce qui, éventuellement, a distrait Willermoz de ce projet. Martinez et sa théosophie ?  Hund et son templarisme ?  On pourrait éprouver à cet égard comme une nostalgie. Espérons que la recherche donnera un jour les preuves documentaires nécessaires pour asseoir la  thèse du Rose-Croix willermozien.

La structure du Régime Rectifié est donc d’une parfaite orthodoxie chrétienne, partant au début du Temple de Salomon dans l’Ancienne Loi, pour revenir, à la fin, à la Jérusalem Céleste de l’Apocalypse de Jean de Patmos..

3. Pourquoi un rite chrétien dans une maçonnerie universaliste ?

La question qui se pose à certains de nos FF est la suivante : comment un rite maçonnique peut-il se revendiquer d’une seule religion, ou croyance, alors que la maçonnerie est par définition universaliste et constitue de nos jours le centre d’union de toutes les croyances ? Pourquoi favoriser la Bible, et singulièrement le Nouveau Testament, alors que bien d’autres livres sacrés sont admis comme supports locaux des serments ? N’est-ce pas réduire l’ouverture du compas ?

La réponse nous amène à faire un nouveau flash back à caractère historique.

La Franc-Maçonnerie britannique et protestante est en effet devenue universaliste et ouverte à toutes les religions depuis1813, date de la réconciliation et de l’union entre la Grande Loge des Anciens et celle des Moderns. En France, dès ses débuts en 1730, la maçonnerie est très majoritairement fréquentée par des catholiques apostoliques et romains. Toutes les structures de l’Etat, les corps constitués, la société civile d’Ancien Régime, les associations privées, tout est soumis au pouvoir de l’Eglise catholique. Le Roi lui-même est oint par un évêque et tient ses pouvoirs, qui sont du reste absolus et aucunement constitutionnels, de Dieu. Louis XVI est roi de France et de Navarre par la grâce de Dieu.

En 1813, nous sommes à la fin des guerres d’Empire. Les Français ne se soucient aucunement des évolutions de la maçonnerie anglaise, l’ennemi acharné de la France. La maçonnerie française, après son éclipse révolutionnaire, est totalement domestiquée par Napoléon, ses frères et ses maréchaux . Bien que déjà laïcisée, elle demeure chrétienne, par fidélité à ses origines sociologiques propres, mais aussi par loyauté envers les valeurs qui ont constitué l’Ordre maçonnique moderne en 1717.

Quelles sont ces valeurs ?

Nous les trouvons explicitées sans ambiguïté dans le premier document constitutionnel que l’obédience-mère du monde publie, six ans après sa naissance.  En 1723, les pasteurs Anderson et Désaguliers établissent clairement ceci : le métier de la construction manuelle, qui a partiellement servi de modèle symbolique à la nouvelle association intellectuelle, était chrétien, et même catholique romain jusqu’à Henri VIII. L’ensemble des Anciens Devoirs, rédigés depuis le XIVe siècle, est encore partiellement disponible pour en attester. Ces textes ont été publiés en anglais et en traduction française et devraient être connus de tout maçon. De plus, les Constitutions d’Anderson elles-mêmes reprennent à leur compte le christianisme qui imprègne la société du temps, mis à part quelques originaux débauchés et sans morale tels mylord Wharton et son Hell’s Fire Club.

Il convient donc de passer quelque temps sur le texte de ces Constitutions, et pas seulement sur l’article 1er des Obligations que tout maçon connaît par cœur. Je rappelle rapidement qu’on a voulu faire dire bien des choses à ce texte. Par exemple, que si «  les athées stupides » étaient exclus du projet andersonien, cette exclusion, entraînait l’admissibilité a contrario[13] d’hypothétiques « athées non stupides ».Thèse insoutenable ! Outre qu’il était impensable, à l’époque, d’imaginer un athée qui ne fût pas stupide, [14] un raisonnement symétrique, appliqué au second terme de la phrase, rendrait donc possible l’accès dans l’Ordre aux « libertins religieux »[15], expression tout aussi contradictoire que «  athée non-stupide ».

Les Constitutions d’Anderson sont chrétiennes, rédigées par deux chrétiens, à l’intention d’une association peuplée de chrétiens. Cette dernière est essentiellement protestante d’ailleurs, puisque le mot «  denomination » en anglais se réfère aux nombreuses chapelles qui constituent le monde issu de la Réforme. Le Centre d’Union est donc celui des chrétiens, quelle que soit leur chapelle particulière. [16]

Je ne veux pas me contenter d’affirmer ceci, alors que des dizaines de volumes ont été consacrés à la défense de thèses opposées, pour une large part issues du GODF et du GOB.[17]

Je vous donne donc rapidement six exemples tirés de la totalité du texte des Constitutions, dont on ne connaît trop souvent que le chapitre disciplinaire. Les numéros de page sont ceux de l’édition originale anglaise, qui connaît des paginations diverses dans ses innombrables traductions.

1.  L’identité de Dieu et du Grand Architecte de l’Univers est tout d’abord posée : « Adam, notre premier ancêtre, créé à l’image de Dieu, le Grand Architecte de l’Univers…(page 1 ).

2.  « De plus, cette branche sacrée de Sem,  de laquelle, par la chair, le Christ est venu, ne dut pas être maladroite dans les arts savants d’Assyrie etc. » (page 7 ).

3.  « Rome devint le centre de la Connaissance aussi bien que du pouvoir impérial, jusqu’à ce que les Romains arrivent au zénith de la gloire sous Auguste César, sous le règne de qui est né le Messie de Dieu, le Grand Architecte de l’Eglise ». ( page 24 ).[18]

4.  «  Les nations asiatique et africaine subirent la même calamité à la suite des conquêtes des Musulmans ( Mahométans dans le texte anglais) dont le grand dessein est seulement de convertir le monde par le feu et par l’épée, au lieu de cultiver les arts et les sciences ».[19]

(page 28 ).  Ces derniers sont donc exclus, de même du reste que les Juifs, dont fort peu de représentants peuplent alors les loges anglaises et continentales, et dont la présence rarissime suscite  la colère des FF chrétiens. [20]

5. Dans son édition de 1738, Anderson insiste sur les mérites de la Résurrection : «  le Seigneur J.C., âgé de 36 ans (sic) a été crucifié hors des murs de Jérusalem…et est ressuscité d’entre les morts le 3° jour, pour la justification de tous ceux qui croient en lui » 

6.  Et plus étrange et plus fort encore, le GADLU est cette fois assimilé au seul Jésus-Christ : «  La parole s’est faite chair et le Seigneur J.C. Immanuel (sic) est né, le Grand Architecte de l’Eglise chrétienne ».

En France, le Rite Ecossais Rectifié a presque cessé d’exister tout au long de la Révolution française et de la Terreur, nous allons le voir dans quelques instants. Il disparaît même  dans ce pays durant la presque totalité du XIXe siècle. Pour cette raison d’ordre historique, il a pu retrouver, lors de sa résurrection, le caractère chrétien inaltéré de ses origines, alors que d’autres futurs rites, tel le Rite Français en puissance, se voyaient raboter le leur sous la pression des événements politiques. Tel la Belle au Bois Dormant, le RER se réveillera intact et toujours jeune après un long sommeil, alors que d’autres ( futurs) rites auront mal vieilli et se seront dénaturés.

Le RER tient à préserver ce caractère, mais ceci n’implique pas, de nos jours et en Belgique, que le Rite soit fermé aux FF non-chrétiens ; il leur est ouvert, à condition que ceux-ci respectent sa spécificité et se conforment à ses usages. Il n’en va pas autrement dans les universités telles l’Université Catholique de Louvain et l’Université Libre de Bruxelles. La première s’affirme catholique, la seconde libre-exaministe. Aucune de ces deux institutions n’exige plus de ses étudiants qu’ils partagent les croyances religieuses ou la méthode philosophique qu’elle proclame. Mais toutes deux exigent qu’ils s’abstiennent de contester ou de combattre les valeurs qui constituent leur essence spirituelle même.

De hautes autorités du RER telles Jean Tourniac en France et certains dirigeants du rite en Belgique ont précisé l’esprit dans lequel un F. non-chrétien peut accéder de bonne foi au RER. Les rituels de Maître Ecossais de Saint André et même le célèbre armement de CBCS expriment, avec nuance, sensibilité et compréhension, cette ouverture aux non-chrétiens.

Permettez-moi de clôturer ce point de mon exposé par une conclusion personnelle : l’Ordre maçonnique est d’essence chrétienne et tous les rites maçonniques authentiques le sont aussi. Tous, ils se vivent dans des loges de Saint Jean.

Tous travaillent à la gloire du Grand Architecte de l’Univers et en présence, dans nos régions, de la Bible ; ceci a duré pendant tout le XVIIIe siècle, avant les déviations doctrinales et politiques du XIXe.

Tous, ils comportent des prières dans leurs versions originales et authentiques, et quand je dis tous, j’entends notamment : le RER, le RF, le REAA. Et j’en tiens les textes à la disposition des FF qui seraient surpris voire sceptiques.Il nous faut maintenant aborder le point crucial de cet exposé….

 Jean van Win

 

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 9 novembre, 2009 |5 Commentaires »

OSMTH France

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OSMTH           
                   France 

  

  

GRAND PRIEURÉ DE FRANCE DES TEMPLIERS DE JERUSALEM 

  

OSMTH – G.P.F.T.J. 

XXXXXXXXX 

  

 

  

2 0 0 8 

Un ordre Templier en pleine lumière 

  

  


Non Nobis Domine Non Nobis Sed Nomini Tuo Da Gloriam 



Si d’aventure, quelques décennies après l’An Mil, vous traversiez l’Europe et la France, vous auriez certainement ressenti quelque surprise devant le chaos où s’était peu à peu enlisé l’Occident. 

  

La première croisade, « la Croisade Populaire » prêchée par Pierre l’Ermite avait entraîné sur les routes une foule immense de malheureux qui périrent en masse bien avant d’apercevoir les rives de la Terre Sainte. 

  

Disloquée et vidée, l’Europe centrale se défend tant bien que mal contre les invasions des Sarrasins et des Normands. 

  

Dans la France divisée, des luttes d’influence entre seigneurs féodaux empêchent la réalisation de l’unité, souhaitée par le Roi. Seuls, les monastères restent des havres de paix et de culture. 

  

Au-delà des mers, les progrès de l’Islam, la nouvelle religion révélée par  Mahomet, représentent une terrible menace pour la chrétienté d’Occident. 

  

Dans le temps même où la croisade de Pierre l’Ermite se dispersait aux quatre vents, des armées féodales commandées par Godefroy de Bouillon atteignaient la ville de Jérusalem en juillet 1099. En tant qu’Avoué du Saint Sépulcre, Godefroy de Bouillon y crée un royaume latin et d’autres États, comme ceux d’Antioche et de Tripoli. 

  

Bien que divisés eux aussi, les nouveaux croyant, qualifiés  « d’infidèles » étaient loin d’être vaincus. Ils harcelaient, pillaient, massacraient les pèlerins qui se lançaient sur des pistes aventureuses en direction des Lieux Saints, tels que l’avaient fait les croisés notamment au sac de Constantinople comme le relate Chrétien de Troyes. 

  

En 1118, groupés autour d’Hugues de PAYENS, huit autres chevaliers, décidèrent de se dévouer à la cause des pèlerins perdus en Palestine (officiellement du moins), sous l’appellation de «Pauvres Chevaliers du Christ» Après quelque temps, le roi de Jérusalem Baudouin II leur donna comme résidence une partie des écuries de l’ancien Temple du roi Salomon, d’où leur nom : les Chevaliers de la Milice du Temple, ou Templiers. 

  

Le trône de Baudouin était fragile, aussi le roi de Jérusalem chargea Hugues de PAYENS d’aller plaider auprès du Pape Honorius l’organisation d’une nouvelle croisade. 

  

En 1128, eut lieu à Troyes un important Concile, auquel assista Bernard de Fontaine, fondateur de l’abbaye de Clairvaux, dont il portera le nom, et dont le rayonnement spirituel s’étendra sur toute l’Europe. 

  

C’est au cours de ce Concile que l’Ordre du Temple fut officialisé et reçut sa première Règle. En 1148, le Pape Eugène III autorise les Templiers à porter une croix de gueule (couleur rouge), sur le côté gauche de leur manteau blanc, qu’ils choisirent «pattée à pointes rentrées». 

  

Quant à l’étendard de l’Ordre il sera baussant (baucéant ou bausséant), de deux couleurs : de sable et d’argent, sur lesquelles brochait, depuis le concile de 1145, une croix de gueules. Rapidement, après plusieurs voyages, grâce à son intelligence et à son habileté, Hugues de PAYENS développe son Ordre et redonne un idéal à la Chevalerie. 

  

Le Temple correspond par ses structures et ses buts, aux aspirations du moment : pauvreté, charité, lutte contre les infidèles, puissance et unité face au chaos. 

  

A cela s’ajoute un étonnant réseau d’amitiés de fidélité qui fait de ce moine-soldat un citoyen du monde, avant la lettre. Bénéficiant de franchises administratives, juridiques, religieuses, par la bienveillance de Rome, l’Ordre du Temple essaime, en Orient et en Occident. 

  

Les  Maîtres qui se succèdent vont alors, bâtir Châteaux et Commanderies. 

Admirablement protégées, les Commanderies templières deviennent les gardiennes des trésors royaux, seigneuriaux, et monastiques. 

  

Les Templiers font creuser des mines, construisent des forges, des fermes et des manufactures, ouvrent des « banques » ; ils lancent sur les mers une flotte qui commerce bien loin de ses ports d’attache. 

  

A côté d’une vie temporelle intense et fructueuse, se développe une vie spirituelle, nourrie de prières, de symbole et de recherche. Par exemple, le nombre «trois» conduit la vie journalière et annuelle de ces moines-soldats : ils communient trois fois par an, font l’aumône trois fois par semaine. Ils célèbrent trois grandes fêtes : La Trinité, la Pentecôte et les deux Saint Jean. Noël et Pâques sont considérées comme fêtes secondaires. Fiers de leur force morale et économique, les Templiers ne seront jamais réellement au service des Rois et des Papes. 

  

En Orient, ils ne travaillaient pas tant à faire triompher la politique royale ou romaine qu’à servir avant tout la grandeur de l’Ordre. En Occident, ni les Seigneurs, ni les Rois, ni la Papauté ne purent supporter cette attitude pendant longtemps, et elle sera l’une des causes de leur perte. 

  

Enfin, les Templiers tentèrent, semble-t-il, de mettre fin à la rivalité entre chrétiens et musulmans en préparant le syncrétisme en cherchant à unir au moins les religions du Livre. Ils ont essayé, et nous touchons là un des mystères de l’Ordre, de réaliser une forme de foi œcuménique très large, acceptable pour les uns et les autres, et englobant dans un tout cohérent, les tendances les plus diverses de la pensée occidentale et des pensées orientales, en particulier islamique. 

  

Cette recherche d’unité allait, par conséquent, les conduire à imaginer un nouveau type de société, qui allait bouleverser la vie du Moyen-âge. 

  

Estimant que le Christ était venu pour réunir tous les hommes, les Templiers avaient fait serment de ne pas combattre d’autres chrétiens et ne traitaient pas les croyants d’une autre foi ni même les païens comme des ennemis. 

  

Certes, ils avaient dû lutter contre eux, mais ils avaient aussi dialogué, essayé de les comprendre, sans pour autant remettre en cause leur propre foi. 

  

Gardiens de la Terre Sainte, ils la voulaient une terre d’unité, pour les vivants de toutes religions. 

  

Allier la puissance, la richesse, la force politique aux plus hautes réflexions philosophiques, tel fut, peut-être leur projet et leur but. 

  

Cette ambition stimulée par une réussite totale dans tous les domaines, portait en elle, les germes mêmes de sa destruction. 

  

S’ils ont fasciné « les gens du siècle », les Seigneurs, les autres Ordres de Chevalerie, ils en ont également provoqué l’hostilité. 

  

En 1244, Jérusalem tombe aux mains des musulmans et l’armée franque est défaite. 

  

En 1291, la prise de Saint Jean d’Acre marque la fin des États Latins d’Outre-mer. 

  

Les Templiers se retirent alors vers Chypre, la Sicile et la France. Cette France qu’ils n’ont jamais véritablement quittée, ils la retrouvent au bord d’un gouffre financier. En l’an 1306, l’émeute secoue les rues de Paris et le roi Philippe le Bel est contraint de se placer pendant quelques temps sous la protection du Grand Maître, Jacques de MOLAY, dans l’enceinte du Temple. 

  

Ambitieux, jaloux, soucieux de préserver la royauté, Philippe le BEL ne pouvant y être accepté et encore moins en être le Grand Maître, rêve d’abattre l’Ordre et de s’emparer de ses richesses, encouragé par son principal conseiller NOGARET, 

  

Le Roi tient à sa merci le Pape Clément V (Bertrand de Got). Élu grâce à son appui, au Conclave de Pérouse en 1305 et qui, craignant pour sa sécurité dans Rome, est venu s’installer en Avignon, au milieu d’une cour presque exclusivement française. Clément V.  Faible et hésitant, laissera Philippe le BEL et ses ministres préparer la machine qui  broiera l’Ordre du Temple. 

  

Le 13 Octobre 1307, selon les directives de NOGARET expédiées secrètement aux officiers royaux, les Templiers de France se laissent arrêter sans résistance et jeter en prison, ne pouvant croire à une telle forfaiture. 

  

Commencèrent alors les procès que nous connaissons, les aveux, les rétractations, les tortures, les accusations les plus monstrueuses. 

  

Le sang, les crachats souillent la blancheur du manteau de ces moines-soldats qui traversaient naguère, au grand galop de leurs chevaux, les provinces du royaume de France où, de Commanderie en Commanderie, de Château en Château, ils jetaient les fondements d’une vie et d’une société nouvelle, imaginée à l’ombre des collines de Jérusalem. 

  

Certes, la conduite de quelques-uns permit de fonder bien des accusations, car avec le temps et l’élargissement du recrutement, certains membres de l’Ordre s’étaient écartés de la Règle primitive et sévère instaurée à la fondation. 

  

Et si ce relâchement de la doctrine et de la morale avait affaibli les structures templières, l’Ordre restait malgré tout la source authentique d’un renouveau que cette époque ne pouvait supporter. 

  

Le 3 avril 1312, par la bulle  »Vox in Excelsis » Clément V, sans toutefois le condamner, prononce la suspension modo provisionis de l’Ordre du Temple, en attendant la convocation d’un concile qui n’aura jamais lieu. 

  

Deux ans plus tard, le 18 mars 1314, sur ordre de la justice du roi Philippe le BEL, Jacques de MOLAY, dernier Grand Maître de l’Ordre, meurt comme relaps sur un bûcher dans l’île aux juifs (île Saint Louis) à Paris. 

  

Mais en ce soir tragique de mars 1314 seule l’enveloppe chamelle du Temple est réduite en cendres. Seuls des hommes ont brûlé et les flammes qui les consumèrent n’ont pas détruit ce qu’ils portaient en eux, l’Esprit de l’Ordre, son message d’harmonie et d’équilibre qui flotte à jamais sur le temps.                                                        Texte de ROBERT G. 

  

SUCCESSION 

  

L’un des points les plus controversés par les historiens a été la succession, véritable ou hypothétique de l’Ordre du Temple. Plusieurs obédiences templières se réclament, il est vrai, de cette succession. 

  

Le Grand Prieuré de France est rattaché historiquement à l’O.S.M.T.H. (Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolymitani). Tout porte à croire que cet Ordre serait parmi les plus crédibles des Obédiences templières. 

  

Le plus important, pour ceux qui désirent faire partie de la Chevalerie Templière, est de pratiquer l’Idéal de l’Ordre du Temple. Depuis 1374, la succession de l’Ordre a survécu dans plusieurs pays, notamment en Espagne et au Portugal. Également dans d’autres pays, mais de manière clandestine. Une des filiations probables serait celle de Jean Marc LARMENIUS. C’est à ce dernier que Jacques de MOLAY aurait confié ses pouvoirs à travers la Charte dite de « Larmenius ». 

  

Le 13 février 1324, le décret de transmission perpétua l’Ordre à travers les siècles. Cette charte a été signée par tous les Grands Maîtres qui se sont succédés jusqu’à nos jours. De grands noms de l’aristocratie, tels Bertrand du Guesclin, se sont retrouvés à la tête de l’Ordre. 

  

En Espagne, l’Ordre de Montesa devint le successeur légitime du Temple. En 1319, le Maître de l’Ordre de Calatrava envoya dix chevaliers pour former une nouvelle Milice, à la suite d’un accord signé avec le Pape Jean XXII. 

Au Portugal l’Ordre prit le nom de l’Ordre Militaire du Christ. Il fut fondé le 15 mars 1319, par l’ancien Maître de l’Ordre d’Avis, Frei Gil Mortins, et comme en Espagne, avec l’accord du Pape Jean XXII. 

  

En France, l’Ordre vécut dans la clandestinité. En 1705, le Régent Philippe, duc d’Orléans en devint le Grand Maître et modifia les Statuts. Les Templiers de Larmenius, furent considérés à Paris comme les dignes successeurs du Temple. Au début du XIXème siècle, Bernard Raymond Fabré-Palaprat devint Grand Maître. 

  

A partir de 1827, il n’y eut plus de Grands Maîtres, mais des Régences. La guerre de 1940 et l’occupation de la Belgique par les Allemands menacent l’existence de l’Ordre. Le Frère Émile Clément Joseph Vandenberg, Régent depuis 1935, fit remettre les Archives de l’Ordre au Frère Antonio Campello Pinto de Sousa Fontes, Grand Prieur du Portugal. Par Décret Magistral du 23 décembre 1942, il lui fit transmettre la Régence et la garde de l’Ordre avec tous les pouvoirs, droits et prérogatives de la Grande Maîtrise. 

  

En date du procès-verbal du 20 août 1948, le Prince Régent, Don Antonio Campella Pinto de Sousa Fontes, désigne comme successeur à la régence, son unique fils, Don Fernando Campella Pinto Pereira de Sousa Fontes, actuellement Prince Régent de O.S.M.T.H. 

  

TEMPLIER D’AUJOURD’HUI 

  

De nos jours encore, le nom de « Templier » évoque un aspect magique et mystérieux. Depuis l’extinction officielle de l’Ordre du Temple en 1314, les Templiers ont attiré l’attention des foules, et déchaîné les passions, bonnes et mauvaises. 

  

La succession officieuse de l’Ordre a aussi fait l’objet de multiples recherches par d’éminents historiens. Ici encore, les passions se sont données libre cours. Vraie ou fausse cette succession a permis à nombreuses Obédiences Templières de se réclamer de cet héritage spirituel. 

  

Quoi qu’il en soit, tous ces différents groupes recherchent à travers cet héritage, le même idéal : Amour, Sagesse, Élévation Spirituelle de l’homme, Épanouissement personnel. 

  

Être Templier aujourd’hui, c’est essayer de sauvegarder toutes ces valeurs, qui ont fait la richesse de notre civilisation et de les transmettre à notre tour. 

  

Être Templier aujourd’hui, c’est essayer, à travers la vision futuriste de la Chevalerie du Temple, de continuer en l’adaptant à notre temps, l’œuvre entreprise par nos Aînés. 

  

Ceux-ci avaient pour règle, le courage, la bravoure, la loyauté. Ils avaient pour but, la sauvegarde de ces mêmes valeurs, et la défense de la FOI. Aujourd’hui, la Chevalerie n’a d’autre armure que l’Amour, la Tolérance, l’abnégation et le Dévouement. Elle n’est plus une noblesse de nom mais de cœur. 

  

La Chevalerie, longtemps délaissée, revient en force. Sans doute parce que l’Homme, à notre époque actuelle, manque d’un idéal et de buts dans sa Vie. 

  

L’affairisme, la convoitise, le matérialisme à outrance sont les ennemis du Chevalier. 

  

Être Templier aujourd’hui, c’est essayer de retrouver le juste équilibre. 


  

PRINCIPE FONDAMENTAL 

  

Obligation est faite à tous les Templiers du Grand Prieuré de France de n’appartenir, sous peine d’exclusion immédiate, directement ou indirectement à aucune organisation tendant à provoquer la discrimination, la haine et la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance vraie ou supposée à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. 

  

PHILOSOPHIE  

  

Le Grand Prieuré de France, s’engage à Offrir la garantie à chaque Templier, Commanderie, Bailliage, d’un fonctionnement porteur des hautes valeurs héritées des 9 pauvres Chevaliers du Christ dans la fraternité du cœur. 

  

Il propose également à chacun les éléments de règle de vie qui suivent

  

- Marche tranquillement au milieu de la hâte et du bruit et rappelle toi quelle paix il peut y avoir dans le silence. 

  

- Autant que possible et sans te soumettre, soit en bons termes avec tous. 

  

- Dis la vérité tranquillement et clairement et écoute les autres, même les sots et les ignorants, eux aussi ont leur histoire. 

  

- Évite les gens bruyants ; ils sont une offense à l’esprit. 

  

- Si tu te compares aux autres, tu risques de devenir vaniteux ou amer ; car il y a toujours des gens plus grands ou plus 

   petits que toi. 

  

- Réjouis-toi de tes réalisations autant que de tes projets. 

  

- Intéresse-toi à ta carrière, mais reste humble ; ce sera ta richesse dans les fortunes changeantes de la vie. Sois prudent dans tes affaires car le monde est plein de pièges. 

  

- Mais que cela ne te fasse pas oublier que la vertu existe, que beaucoup combattent pour un idéal et que partout la vie 

  est pleine d’héroïsme. 

  

- Sois toi même. En particulier ne feins pas l’affection. Ne sois jamais cynique à propos de l’amour car en face toute aridité 

  et désenchantement, il se renouvelle comme l’herbe. 

  

- Prends avec plaisir le conseil des années en abandonnant gentiment les pensées de la jeunesse. 

  

- Nourris la force de l’esprit pour te renforcer contre les ennuis imprévus. Mais ne te laisse pas décourager par des idées 

   imaginaires et de la solitude. 

  

- Dans une stricte discipline, soit aimable avec toi-même. 

  

- Tu es un enfant de l’univers autant que les arbres et les étoiles et comme eux tu as le droit d’exister. Et que cela soit clair 

   ou non pour toi, tu ne peux douter que le monde soit bâti comme il doit l’être. 

  

- Sois donc en paix avec Dieu, quelle que soit la conception que tu en aies et, quelles que soient tes peines et tes aspirations, dans la bruyante confusion de la vie, soit en paix avec ton âme, malgré la honte, la tromperie et les rêves brisés, le  monde est encore beau. Enfin sois prudent, et bats-toi pour être heureux. 

  

Fort de ces dimensions, le Templier pourra au titre de Membre d’un ordre héritier spirituel et traditionnel de l’Ordre du Temple, travailler aujourd’hui à la réalisation des mêmes buts qui ont animé les anciens Frères Templiers, soit : 

  

. Participer activement à la création d’un monde dans lequel tout être humain puisse se réaliser pleinement dans l’épanouissement harmonieux et équilibré de toutes ses possibilités, 

  

. Perpétuer les nobles traditions de notre ancienne chevalerie, 

  

. Défendre les libertés acquises, la promotion des réformes nécessaires, la pratique des œuvres de miséricordes, de bienfaisance et de charité. 

  

La spiritualité templière, est  porteuse d’un christianisme œcuménique très large, l’Ordre restant comme à son origine aux côtés de l’Eglise catholique romaine ; Elle se différencie des divers et nombreux mouvements, comme la Franc-Maçonnerie par exemple, mouvements qui s’en sont parfois inspirés, et qui l’ont souvent suivis par des chemins parallèles, suivant les époques de l’Histoire. 

  

Sans réfuter systématiquement ni repousser les uns et les autres, on peut considérer que son approche tout en étant médiane, se situe plus, dans la dimension ésotérique qu’exotérique, le tout, au service et avec un profond respect de l’homme.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 8 novembre, 2009 |5 Commentaires »

DEVENIR HUMBLE

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DEVENIR HUMBLE

1 Frères, la sainte Bible nous dit avec force : « L’homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14, 11).

2 Cette parole nous montre ceci : toutes les fois qu’on se fait grand, on est d’une certaine façon orgueilleux.

3 Le Prophète dit qu’il se méfie de cela : « Seigneur, je n’ai pas le coeur fier. Je ne regarde pas les autres avec mépris. Je n’ai pas cherché de grandes choses ni des merveilles qui me dépassent. »

4 Pourquoi donc ? « Voilà : si mon coeur n’est pas humble, si je veux me faire grand, tu vas me traiter comme le petit enfant que sa mère ne nourrit plus de son lait » (Psaume 130, 1-2).

5 Alors, frères, si nous voulons parvenir au plus haut sommet de l’humilité, si nous voulons arriver rapidement à la magnifique hauteur du ciel, le seul moyen d’y monter, c’est de mener une vie humble sur la terre.

6 Pour cela, nous devons dresser l’échelle de Jacob et monter là-haut par nos actions. Oui, pendant qu’il dormait, Jacob a vu les anges descendre et monter le long de cette échelle (Gn 28, 12).

7 Descendre et monter, c’est sûr, voici ce que cela veut dire : quand on se fait grand, on descend ; quand on se fait petit, on monte.

8 Cette échelle qui est debout, c’est notre vie sur la terre. Et quand notre coeur devient humble, le Seigneur dresse notre vie vers le ciel.

9 A notre avis, les deux côtés de cette échelle représentent notre corps et notre âme. Il y a plusieurs échelons entre ces côtés. Ce sont les échelons de l’humilité et d’une bonne conduite. C’est Dieu qui les a fixés et il nous invite à les monter.

  • LE PREMIER ÉCHELON

-Fuis l’oubli , Dieu te regarde

10 Le premier échelon de l’humilité pour un moine, qui a toujours devant les yeux le respect confiant envers Dieu, c’est de fuir absolument l’oubli.

11 Il se rappelle à tout moment tout ce que Dieu commande. Il pense sans cesse : ceux qui méprisent Dieu seront loin de lui pour toujours à cause de leurs péchés, et une grande souffrance les brûlera comme un feu. Au contraire, ceux qui le respectent avec confiance Dieu les prépare à vivre avec lui pour toujours.

12 A tout moment, ce moine évite les péchés et les graves défauts : ceux des pensées, de la langue, des mains, des pieds, de la volonté égoïste. Il évite aussi les mauvais désirs du corps.

13 L’homme doit être tout à fait sûr qu’à chaque instant Dieu le regarde du haut des cieux. Partout, Dieu voit ce que l’homme fait et, sans cesse, les anges lui en rendent compte.

-Surveille tes pensées

14 Le Prophète nous fait voir cela. Il montre que Dieu est toujours présent à nos pensées et dit : « Dieu regarde au plus profond des reins et des coeurs » (Psaume 7, 10).

15 Et encore : « Le Seigneur connaît les pensées des hommes » (Ps 93, 11).

16 Il dit aussi : « De loin, tu connais mes pensées »(Psaume 138, 3).

17 Et : « Les pensées de l’homme sont très claires pour toi » (Psaume 75, 11).

18 Alors, pour surveiller ses pensées mauvaises, le vrai moine 1 dira toujours dans son coeur : « Je serai sans faute devant Dieu, si je fais attention à ne pas pécher » (Psaume 17, 24).

-Surveille ta volonté

19 Notre volonté égoïste, Dieu nous interdit de la suivre. La Bible nous dit : « Tourne le dos à tes volontés » (Siracide 18, 30).

20 Et dans la prière du Seigneur nous demandons : « Fais que ta volonté se réalise en nous ! » (Matthieu 6, 10).

21 Avec raison, on nous apprend à ne pas faire notre volonté. Faisons bien attention aux paroles de la sainte Bible : « Certaines routes semblent droites aux hommes. Pourtant, elles nous conduisent loin de Dieu pour toujours » (Pr 16, 25).

22 Ayons peur aussi de cette parole que la Bible dit pour les négligents : « A force de faire leurs volontés, ils sont devenus très mauvais et complètement corrompus » (Ps 13, 1). Surveille tes désirs

23 Quand les mauvais désirs du corps nous tentent, croyons fermement que Dieu est toujours là, près de nous. En effet, le Prophète dit au Seigneur : « Tout mon désir est devant toi » (Psaume 37, 10).

24 C’est pourquoi nous devons nous méfier du désir mauvais. Oui, la mort est là, juste à l’entrée du chemin qui conduit aux plaisirs.

25 A cause de cela, la Bible nous donne ce commandement : « Ne suis pas tes désirs mauvais » (Siracide 18, 30).

-Sois vigilant , car Dieu te regarde

26 « Donc, les yeux du Seigneur regardent avec attention les bons et les méchants » (Proverbes 15, 3).

27 « Du haut du ciel, le Seigneur regarde toujours les enfants des hommes pour voir s’il y a quelqu’un de sage et qui cherche Dieu » (Paume 13, 2).

28 Et les anges qui sont chargés de veiller sur nous présentent sans cesse tous nos actes au Seigneur, jour et nuit.

29 Alors, frères, méfions-nous ! Comme le Prophète le dit dans un psaume, Dieu pourrait nous surprendre à un moment donné en train de tomber dans le péché et de devenir de faux moines 1 (voir Psaume 13, 3).

30 Il est patient avec nous actuellement parce qu’il est bon, et il attend que nous devenions meilleurs. Mais, plus tard, il nous dira peut-être : « Voilà ce que tu as fait, et je n’ai rien dit ! » (Psaume 49, 21).

  • LE DEUXIÈME ÉCHELON

31 Le deuxième échelon de l’humilité pour un moine, c’est de détester sa volonté égoïste. Alors il n’aime pas satisfaire ses désirs.

32 Au contraire, il imite par ses actions le Seigneur qui a dit cette parole : « Je ne suis pas venu pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 6, 38).

33 On a écrit aussi : « Faire sa volonté entraîne la punition. être obligé d’obéir à un autre fait gagner la récompense » (Actes des Martyrs).

  • LE TROISIÈME ÉCHELON

34 Le troisième échelon de l’humilité pour un moine, c’est d’obéir parfaitement à un supérieur parce qu’on aime Dieu. Par là, le moine imite le Christ. En effet, l’apôtre Paul dit du Seigneur : « Il a voulu obéir jusqu’à la mort » (Philippiens 2, 8).

  • LE QUATRIÈME ÉCHELON

35 Le quatrième échelon de l’humilité pour un moine, c’est, dans ce chemin de l’obéissance, de s’attacher très fort à la patience, avec un coeur qui garde le silence, même quand on lui commande des choses pénibles et contrariantes, même s’il faut souffrir l’injustice.

36 C’est aussi de ne pas perdre courage et de ne pas reculer quand il faut supporter tout cela. La Bible dit : « Celui qui restera fidèle jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (Mt 24, 13).

37 Et encore : « Rends ton coeur fort et attends le Seigneur » (Psaume 26, 14).

38 La Bible veut montrer ceci : celui qui croit en Dieu doit tout supporter pour le Seigneur, même les choses les plus contrariantes. C’est pourquoi elle fait dire à ceux qui souffrent : « A cause de toi, on nous condamne à mort tous les jours. On nous traite comme des brebis qu’on va bientôt tuer » (Psaume 43, 22 ; Romains 8, 36)

39 Mais ces frères sont tout à fait sûrs de la récompense de Dieu qu’ils espèrent. Et, pleins de joie, ils ajoutent : « Dans toutes ces souffrances, nous remportons la victoire à cause de Celui qui nous a aimés » (Romains 8, 37).

40 A un autre endroit, la Bible dit encore : « O Dieu, tu nous as mis à l’épreuve, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer l’argent par le feu. Tu nous as fait tomber dans un piège. Sur notre dos tu as mis des poids très lourds » (Psaume 65, 10-11).

41 Et pour montrer que nous devons être sous l’autorité d’un supérieur, la Bible continue en disant : « Tu as placé des hommes au-dessus de nos têtes » (Psaume 65, 12).

42 C’est par la patience que ces moines accomplissent le commandement du Seigneur au milieu des souffrances et des injustices. On les frappe sur une joue, ils présentent l’autre. On prend leur vêtement, ils donnent celui qui leur reste encore. On leur demande de faire un kilomètre, ils en font deux (Mt 5, 39-41).

43 Avec l’apôtre Paul, ils supportent les faux frères (2 Corinthiens 11, 26). Et à ceux qui leur jettent des malédictions, ils répondent par des bénédictions (1 Corinthiens 4, 12).

  • LE CINQUIÈME ÉCHELON

44 Le cinquième échelon de l’humilité pour un moine, c’est d’avouer humblement à son abbé toutes les pensées mauvaises qui arrivent à son coeur ou bien les fautes qu’il a faites en secret, sans rien lui cacher.

45 La Bible nous invite à faire cela quand elle dit : « Découvre ta conduite au Seigneur et espère en lui » (Psaume 36, 5).

46 Elle dit aussi : « Avouez vos fautes au Seigneur, parce qu’il est bon et sa tendresse dure toujours » (Psaume 105,1).

47 Le Prophète dit encore : « Je t’ai fait connaître mon péché et je n’ai pas caché mes fautes.

48 J’ai dit : A haute voix je présenterai mes fautes devant toi, Seigneur, et toi, tu as pardonné à mon coeur coupable » (Psaume 31, 5).

  • LE SIXIÈME ÉCHELON

49 Le sixième échelon de l’humilité pour un moine, c’est d’être content de la condition la plus ordinaire et la plus basse. Dans tout ce qu’on lui ordonne de faire, il pense qu’il est un ouvrier mauvais et incapable.

50 Il dit avec le Prophète : « Je ne suis plus rien du tout et je ne sais rien. Je suis comme une bête devant toi. Pourtant, moi, je suis toujours avec toi » (Psaume 72, 22-23).

  • LE SEPTIÈME ÉCHELON

51 Le septième échelon de l’humilité pour un moine, ce n’est pas seulement de dire avec la bouche : « Je suis le dernier et le plus misérable de tous », c’est aussi de le croire du fond du coeur.

52 Le moine se fait petit et dit avec le Prophète : « Et moi, je suis un ver et non pas un homme. Les gens se moquent de moi, le peuple me rejette » (Psaume 21, 7).

53 « Je me suis élevé, puis on m’a abaissé. et je suis couvert de honte » (Psaume 87, 16).

54 Le Prophète dit encore : « Tu m’as abaissé. Pour moi, c’est une bonne chose. Ainsi, j’apprends tes commandements » (Psaume 118, 71).

  • LE HUITIÈME ÉCHELON

55 Le huitième échelon de l’humilité pour un moine, c’est de faire ce que la Règle commune de son monastère et les exemples des anciens l’invitent à faire, et rien d’autre.

  • LE NEUVIÈME ÉCHELON

56 Le neuvième échelon de l’humilité pour un moine, c’est d’interdire à sa langue de parler, c’est de garder le silence et de se taire jusqu’à ce qu’on l’interroge.

57 En effet, la Bible enseigne ceci : « Quand on parle beaucoup, on n’évite pas le péché » (Proverbes 10, 19).

58 Et : « Le bavard ne sait pas se conduire sur cette terre » (Ps 139, 12).

  • LE DIXIÈME ÉCHELON

59 Le dixième échelon de l’humilité pour un moine, c’est de ne pas rire trop facilement et pour n’importe quoi. En effet, la Bible dit : « C’est l’homme stupide qui éclate de rire » (Siracide 21, 23).

  • LE ONZIÈME ÉCHELON

60 Le onzième échelon de l’humilité pour un moine, c’est de parler doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en peu de mots, avec des paroles de bon sens. Il ne criera jamais.

61 Quelqu’un a dit : « On reconnaît un homme sage au peu de paroles qu’il dit. »

  • LE DOUZIÈME ÉCHELON

62 Le douzième échelon de l’humilité pour un moine, c’est non seulement d’être humble dans son coeur, mais encore de le montrer à tout moment dans son attitude devant ceux qui le voient vivre.

63 Pendant le Service de Dieu, à l’oratoire et dans le monastère, au jardin et en chemin, dans les champs et partout où il se trouve, assis, debout ou en marche, le moine a toujours la tête penchée et il regarde vers la terre.

64 A tout moment, il se juge coupable de ses péchés. Il pense qu’il est déjà devant le terrible tribunal de Dieu.

65 Dans son coeur il répète les paroles du publicain de l’Évangile. Il disait en gardant les yeux fixés vers la terre : « Seigneur, je ne suis pas digne de lever les yeux vers le ciel, parce que je suis un pécheur » (Luc 18, 13).

66 Avec le Prophète il dit aussi : « Je me tiens courbé et je me fais tout petit » (Psaume 37, 7 et 9).

67 Alors, quand le moine a monté tous ces échelons de l’humilité, il parvient bientôt à aimer Dieu d’un amour parfait. Et quand l’amour de Dieu est parfait, il chasse la peur dehors (1 Jean 4, 18).

68 Quand le moine aime de cette façon, tout ce qu’il faisait avant avec une certaine crainte, il commence à le pratiquer sans aucune peine, comme si c’était naturel et par habitude.

69 Il n’agit plus parce qu’il a peur de souffrir loin de Dieu pour toujours. Mais il agit parce qu’il aime le Christ, qu’il a pris de bonnes habitudes et qu’il goûte la douceur de faire le bien.

70 Voilà ce que le Seigneur voudra bien montrer, par l’Esprit Saint, dans son ouvrier purifié de ses penchants mauvais et de ses péchés.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 6 novembre, 2009 |Pas de commentaires »

Les Forteresses Templières en Europe !

Les Forteresses Templières en Europe: 

 En orient :

Pour pallier la faiblesse de leurs effectifs, les croisés entreprirent la construction de forteresses dans les États latins d’Orient. Les Templiers ont participé à cet élan en faisant édifier pour leur besoin de nouveaux châteaux forts.

Les Forteresses Templières en Europe ! dans L'ordre des Templiers Forteresses_templi%C3%A8res

Ils entreprirent également de reconstruire ceux qui avaient été détruits par Saladin vers 1187 et acceptèrent d’occuper ceux que les seigneurs d’Orient (ou d’Espagne) leur donnaient faute de pouvoir les entretenir. Certains d’entre eux permettaient de sécuriser les routes fréquentées par les pèlerins chrétiens autour de Jérusalem. Servant d’établissement à la fois militaire, économique et politique de l’ordre, la place forte représentait pour les populations musulmanes un centre de domination chrétienne. Les Templiers occupèrent un nombre plus important de places fortes dans la péninsule ibérique afin de participer à la Reconquista.

380px-Levant_1102-fr.svg dans L'ordre des Templiers

Au XIIe siècle, après la chute de la ville de Jérusalem devant les forces de Saladin en 1187, les Templiers parvinrent à résister quelques mois dans certaines de leurs places fortes mais, peu à peu, en perdirent la plus grande partie.

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Il fallut attendre l’issue de la troisième croisade, menée par les rois de France, d’Angleterre et l’empereur d’Allemagne, pour que les Templiers reconstituassent leur dispositif militaire en Terre sainte.

Au XIIIe siècle, dans le royaume de Jérusalem, les Templiers possédaient quatre forteresses :

le château Pèlerin construit en 1217-1218, la forteresse de Safed reconstruite en 1240-1243, le château de Sidon et la forteresse de Beaufort tous deux cédés par Julien, seigneur de Sidon en 1260.

Le château de Beaufort, appellé aussi Qalaat ash-Shqif en arabe (le château du haut du rocher), a été construit en 1139 par les croisés après la première croisade. On sait que les croisés y possédaient, en plus des forces armées, un tribunal, ce qui permet de conclure que le fort devait servir de centre administratif pour toute la région. Lors des avancées militaires du chef mamelouke, Baïbars, dans les années 1266-1268, le fort fut repris par les musulmans. C’est le 15 avril 1268 que les templiers perdirent le château.

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Dans le comté de Tripoli, ils disposaient du château de Tortose reconstruit en 1212, d’Arima et du Chastel Blanc.

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Tortose

Le Chastel Blanc couronne une éminence qui s’élève à 380 mètres au-dessus de la plaine. Le donjon occupe le point culminant. Deux enceintes s’étagent sur les pentes de la colline; la première constitue un ovale presque régulier. Elle s’étend sur 175 m de long et, dans sa plus grande largeur, sur une centaine de mètres..

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Chastel Blanc

Au nord, dans la principauté d’Antioche, les places fortes templières étaient Baghras (Gaston) récupérée en 1216, ainsi que Roche de Roissel et Roche-Guillaume qu’ils détenaient toujours, Saladin ayant renoncé à les conquérir en 1188.


Péninsule Ibérique :

Dès 1128, l’ordre reçoit une première donation au Portugal, des mains de la comtesse régnante du Portugal, Thérèse de León, veuve d’Henri de Bourgogne : le château de Soure et ses dépendances. Le Château de Soure fut l’une des premières possessions templières, et sans aucun doute la première d’une telle importance militaire au Portugal. Il fut donné par la reine Thérèse de León, alors régente, deux mois à peine après le Concile de Troyes. Après un conflit de succession, son fils Alphonse confirma la donation à l’ordre. Les templiers fondèrent notamment la ville proche de Coimbra, et y repoussèrent une attaque arabe en 1144.

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En 1130, l’ordre a reçu 19 propriétés foncières. Vers 1160, Gualdim Pais achève le château de Tomar, qui devient le siège du Temple au Portugal.

En 1143, Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone, demanda aux Templiers de défendre l’Église d’Occident en Espagne, de combattre les Maures et d’exalter la foi chrétienne. Les Templiers acceptèrent non sans réticence, mais se limitèrent à défendre et pacifier les frontières chrétiennes et à coloniser l’Espagne et le Portugal.

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 Château de Tomar

Une nouvelle population chrétienne venait en effet de s’installer autour des châteaux donnés aux Templiers, la région étant pacifiée. La Reconquista fut une guerre royale.

 
De ce fait, les ordres de chevalerie y étaient moins autonomes qu’en Orient. Ils devaient fournir à l’armée royale un nombre variable de combattants, proportionnel à l’ampleur de l’opération militaire en cours.

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 Chevalier de Santiago (successeur des Templiers au Portugal)

Ainsi, les Templiers espagnols ont participé à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, à la prise de Valencia en 1238, de Tarifa en 1292, à la conquête de l’Andalousie et du royaume de Grenade. Au Portugal, les Templiers ont pris part à la prise de Santarém (1146) et à celle d’Alcácer do Sal (1217).

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L’action de l’ordre du Temple dans la péninsule ibérique fut donc secondaire, car l’ordre tenait à privilégier ses activités en Terre sainte. Cependant, il possédait bien plus de places fortes dans la péninsule ibérique qu’en Orient.

En effet, on dénombre au moins soixante-douze sites rien que pour l’Espagne et au moins six pour le Portugal (on compte seulement une vingtaine de places fortes en Orient). C’est également dans cette zone que l’on trouve les édifices qui ont le mieux résisté au temps (ou qui ont bénéficié de restaurations), comme par exemple les châteaux d’Almourol, Miravet, Tomar et Peñíscola.

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Almourol
Europe de l’Est :

À la différence de l’Orient et de la péninsule ibérique où les Templiers faisaient face aux musulmans, l’Europe de l’Est, où les ordres religieux-militaires étaient également implantés, les a confrontés au paganisme. En effet, les territoires de la Pologne, de la Bohême, de la Moravie, de la Hongrie, mais aussi de la Lituanie et de la Livonie formaient un couloir de paganisme, constitué de terres sauvages en grande partie non encore défrichées, pris en tenailles entre l’Occident catholique et la Russie orthodoxe. Borusses (Prussiens), Lituaniens, Lives ou Coumans, encore païens, y résistaient à l’avancée – lente mais inexorable – du christianisme depuis plusieurs siècles. La christianisation catholique, qui nous intéresse ici, se faisait à l’initiative de la papauté mais avec le soutien des princes germaniques convertis (qui y voyaient l’occasion d’agrandir leurs possessions terrestres en même temps que de renforcer les chances de salut pour leur âme) et avec l’appui des évêques, notamment celui de Riga, qui tenaient en quelque sorte des places fortes en territoire païen.

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Après la disparition en 1238 de l’ordre de Dobrin (officiellement reconnu par le pape Grégoire IX sous le nom « Chevaliers du Christ de Prusse »), qui avait procédé aux premières conversions, les Templiers se virent invités formellement à prendre pied en Europe orientale. À cet effet, furent octroyés à l’ordre trois villages le long de la rivière Bug ainsi que la forteresse de Łuków (qu’ils se virent confier en 1257, en même temps que la mission de défendre la présence chrétienne dans cette région). Tout au long du XIIIe siècle, la présence des Templiers en Europe orientale est allée en augmentant et on compta jusqu’à quatorze établissements et deux forteresses templières.

Cependant, les Templiers (tout comme les Hospitaliers, qui furent également présents en Europe orientale) cédèrent rapidement la place à l’ordre Teutonique dans la lutte contre le paganisme dominant ces régions reculées.

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Les deux ordres hésitaient à ouvrir un troisième front venant s’ajouter à ceux de la Terre sainte et de la péninsule ibérique, alors que l’idée première de cette installation aux frontières du christianisme était surtout de diversifier les sources de revenus afin de financer la poursuite des activités principales de l’ordre en Terre sainte.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 3 novembre, 2009 |Pas de commentaires »

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