Archive pour mai, 2009

Le Portugal templier

albertozampolliaz.jpg

Le Portugal templier

 

L’Histoire du Portugal est intimement liée à celle des Templiers, cet ordre religieux et militaire qui participa activement pendant les XIIe et XIIIe siècles aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la Reconquête, ainsi qu’à la construction et à la consolidation du Royaume du Portugal, puis, après sa dissolution pour hérésie au XIVe siècle, à l’extraordinaire expansion maritime de ce petit pays sous la forme d’un nouvel Ordre, l’Ordre du Christ. Au-delà des légendes ravivées par certains best-sellers de la dernière décennie, de nombreux vestiges architecturaux sont là aujourd’hui pour témoigner de leur présence en Lusitanie : des châteaux et un chef d’œuvre, le Convento de Cristo, à Tomar.

Les richesses architecturales portugaises dues aux Templiers :
Classé patrimoine mondial par l’UNESCO, le Couvent du Christ est un hommage au savoir architectural de l’Ordre. Son église octogonale serait inspirée du lieu saint musulman du Dôme du Rocher à Jérusalem, où se situait le Temple de Jérusalem détruit en 70 avant JC. L’Ordre y a intégré des caractéristiques du lieu saint dans son iconographie et son architecture, y compris le sceau des Grands Maîtres. Sensé servir à l’origine de forteresse, le monument s’est transformé et s’est agrandit avec le temps, au fur et à mesure de l’expansion maritime portugaise, en une œuvre à laquelle chaque roi ou chaque prince, grands-maîtres de l’Ordre, a donné sa contribution, sous forme de bâtiment, de cloître, de cour, de décoration ou de sculpture. Plusieurs styles s’y marient à merveille (roman, gothique, manuélin, renaissance) et font de cet havre de paix et de recueillement un lieu unique, hors du temps, chargé d’histoire et de mystères.
Le Château d’Almourol, qui se trouve sur l’île Rio Tejo (Ilhota do Rio Tejo) dans la municipalité de Vila Nova da Barquinha, présente de nombreux points communs avec le château de Tomar. Ces forteresses qui appartiennent au même style d’architecture militaire templière, sont construits selon une disposition quadrangulaire. Les remparts sont protégés par neufs tours circulaires et il y a également une tour servant de prison au centre de la structure. La conception de murs avec des tours de taille équivalente sur les côtés est une caractéristique apportée par les templiers dans la péninsule Ibérique.
De nombreux châteaux furent édifiés (ou réaménagés) au Portugal par les Templiers dans le centre du Portugal, afin de contenir et de repousser l’invasion arabe : Tomar, Almourol, Pombal, Castelo Branco, Sabugal, Penamacor, Sore, Longroiva.

Petit rappel historique de l’Ordre du Temple :
Issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge, les membres de l’ordre étaient appelés les Templiers. Cet ordre fut créé le 22 janvier 1129 à partir d’une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, qui avait pour tâche de défendre les pèlerins se rendant à Jérusalem. Afin de mener à bien ses missions et d’en assurer le financement, l’Ordre constitua à travers toute l’Europe chrétienne et à partir de dons fonciers, un réseau de monastères appelés commanderies. Très rapidement, fût mis en place un réseau bancaire avant-gardiste qui fit de l’ordre un interlocuteur financier privilégié des puissances de l’époque (transactions sans but lucratif avec certains rois, garde de trésors royaux).
Après la perte définitive de la Terre sainte en 1291, l’Ordre est dissous par le pape Clément V le 13 mars 1312 à la suite d’un procès en hérésie.
Le roi Denis Ier du Portugal réinstaure en 1318 les Templiers de Tomar en tant que l’Ordre du Christ (Ordem dos Cavaleiros de Nosso Senhor Jesus Cristo), pour leur aide fournie pendant la Reconquista et la reconstruction du Portugal. Le nouvel ordre hérite des biens des Templiers.

Les Templiers et l’expansion maritime du Portugal :

Henri “le navigateur” devient Maître de l’ordre au début du 15e siècle.
Grâce aux fonds de l’Ordre, le prince fonde sa fameuse école de navigation à Sagres, ouvrant la voie à la suprématie maritime portugaise : de ce petit village appareillèrent les premières expéditions menant aux grandes découvertes. Son influence sur l’histoire est considérable, de par l’intérêt européen qu’il a attisé pour l’expansion coloniale qui devait transformer le monde pour les quatre siècles à venir.
Durant sa Maîtrise, il empoie les meilleurs géographes du moment et ses bateaux transportent lors des expéditions des missions pour moitié commerciales et pour l’autre religieuses.
En 1425, Henri colonise Madère et les Canaries. En 1445, il colonise les Açores et entame systématiquement l’exploration de la côte ouest de l’Afrique.

Le roi Manuel 1er, Grand Maître, envoie en 1499 Vasco De Gama, Chevalier de l’ordre lui aussi, naviguer vers les Indes par le cap de Bonne Espérance.

Dans le 1er quart du 16e siècle, l’ordre décline, les membres reçoivent l’autorisation de se marier et de mettre fin à leur voeu de pauvreté.
Les Chevaliers portaient le blanc manteau ou cape avec une croix rouge rehaussée d’une blanche à l’intérieur.

Chronologie des Templiers au Portugal :
1118
Création de l’Ordre du Temple et de nombreuses commanderies à travers l’Europe pour soutenir son effort en Terre Sainte
1128
Les Templiers s’établissent au Portugal. La reine Thérèse, veuve du comte Henri et tutrice de leur fils Alphonse, concède au Temple le château de Soure et ses dépendances.
1145
Sancie, fille de la reine Thérèse, et son mari, donnent au Temple le château de Longrovia, en Estrémadure portugaise, ainsi que de nombreuses dépendances dans le terroir de la métropole de Braga.
1147
Les templiers participent à la prise de Santarem et l’Ordre obtient du roi Alphonse la faculté de recevoir tous les droits perçus à Santarem à titre religieux.
1150
Début de l’extraordinaire croissance de l’Ordre. Le Temple reçoit du roi un important domaine agricole au confluent du Nabao et du Zezere et y entreprend la construction du château de Tomar, appelé à devenir le siège du Temple au Portugal. Le roi impose que les ressources de I’Ordre ne soient utilisées que dans le royaume notamment pour y poursuivre la reconquête.
1160
Dom Gualdim Pais, Maître de l’Ordre du Temple au Portugal, fait construire à Tomar le couvent de l’Ordre du Christ.
1171
Le château d’Almourol est confié aux chevaliers de l’ordre du Temple qui en font une base pour leurs opérations entre le Mondego et le Tage, et pour la protection de la capitale d’alors, Coïmbra.
1190
Le roi du Maroc assiége les Templiers à Tomar, lesquels résistent vaillamment grâce à leur puissance militaire. L’Ordre dévient une pièce incontournable de la défense du Nord du Portugal.
1195
Dom Pais décéde en 1195, après 50 ans de règne.
1312
Influencé par le roi Philippe IV le Bel, le pape Clément V donne l’ordre d’arrêter tous les Templiers à travers la France et l’Europe pour hérésie.
Naissance (renaissance) de l’Ordre du Christ (Ordem dos Cavaleiros de Nosso Senhor Jesus Cristo.
Les chevaliers de l’ordre font vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance au roi.
L’Ordre du Christ siége à Castro Marim, en Algarve.
1357
L’ordre déménage à Tomar, l’ancien siège de l’Ordre du Temple au Portugal.
1417
Suite à la demande du roi Jean Ier, le prince Henri « le Navigateur » devient le Grand Maître de l’ordre de 1417 à sa mort en 1460.
Le roi Alphonse V accorde à l’Ordre une taxe de 5% sur toutes les marchandises des nouveaux territoires africains.
Après Henri, le titre de Grand Maître reste au sein de la famille royale.
1496
Les frères sont dispensés de célibat puis de pauvreté
1505
Ils doivent continuer de verser un tiers de leurs revenus à l’Ordre (donation initialement prévu pour la construction et la maintenance du couvent à Tomar).
1501
Le pape substitue le vœu de pauvreté en une taxe, la « meia-anata », soit un versement des trois-quarts des revenus annuels de l’Ordre.
1516
À la fin du règne de Manuel Ier, l’ordre comptait 454 commanderies au Portugal, en Afrique et dans les Indes.
1522
L’ordre est divisé en deux branches: un religieux sous les ordres du pape et un civil répondant au roi.
1523
Jean III réunit l’ordre pour donner pour mission au frère Antoine de Lisbonne de réformer l’ordre.
1529
Les nouveaux statuts sont approuvés par les frères. Jean III démilitarise l’ordre, et le transforme en un ordre plus religieux suivant les préceptes de Bernard de Clairvaux. Le Grand Maître est démis de ses fonctions et tous les prêtres et religieux de l’Ordre doivent reprendre une vie monastique à Tomar, en embrassant les règles de l’Ordre et en portant la croix de l’Ordre.
1551
Jean III obtient l’administration perpétuelle de tous les ordres militaires et religieux, y compris l’Ordre du Christ, et le titre de Grand Maître revient à la couronne. Il crée un conseil spécial, la « Mesa das Ordens », pour l’administration de ces ordres.
1567
Sébastien Ier de Portugal proteste contre la réforme d’Antoine et demande à se faire remettre le titre de Grand Maître. Il en résulte une division de l’Ordre en deux branches, militaire et religieuse.
1627
Des nouveaux statuts sont promulgués par Philippe IV d’Espagne. Pour entrer dans l’Ordre, il faut désormais être de sang noble et avoir soit trois ans de service en Afrique soit trois ans dans la flotte.
Le pape Pie VI et Marie Ire de Portugal effectuent une dernière réforme de l’Ordre, laquelle rétablit le couvent de Tomar comme commanderie de l’Ordre. Le souverain demeure le Grand Maître de l’Ordre, mais un Prieur de l’Ordre remplace le Supérieur du couvent.
1789
L’Ordre du Christ perd son caractère religieux.
Depuis, exception faite du Grand Maître et du Grand Commandant, l’Ordre est constitué de six Chevaliers de la Grande Croix, 450 Commandants et un nombre illimité de Chevaliers. Les étrangers sont exemptés des règles mais ne perçoivent pas de revenus de l’Ordre. Seuls les catholiques de noble lignée peuvent y être admis.
L’Ordre du Christ a également survécu au Brésil jusqu’en 1889.
1834
Le gouvernement devient anti-catholique après la défaite de Michel Ier lors de la guerre civile, et l’Ordre perd ses propriétés sous la monarchie constitutionnelle. Les anciens ordres militaires sont transformés par la constitution libérale et sa législation en de simples « Ordres du Mérite ». Les privilèges associés à l’appartenance à l’Ordre sont abolis.
Liens :
http://fr.wikipedia.org
http://www.rttemplarios.pt/
http://www.viagensnotempo.com/

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 31 mai, 2009 |2 Commentaires »

Syrie : Le Crac des Chevaliers Templiers

Syrie : Le Crac des Chevaliers Templiers dans L'ordre des Templiers crac
Le Crac des Chevaliers (Qala’at Al Hosn) est le plus célèbre des forteresse du Moyen Age dans le monde. Il est à 65 Km à l’ouest de Homs et à 75 Km au sud est de Tartous. Situé à 650m au dessus du niveau de la mer, il contrôle le passage stratégique de la  » trouée de Homs  » sur l’Oronte. Or celui qui tient cette passe maitrise la Syrie entière car il isole l’arrière pays de sa façade maritime. Voilà pourquoi les croisés en firent l’élément de base de leur système de places fortes sur la côté.

Le Crac des chevaliers nous conte l’histoire de deux siècles de luttes implacables et sanglantes. Cette forteresse est si vaste, tellement inexpugnable et si parfaitement construite, les combats livrés pour sa maitrise ont été si violents… qu’elle est devenue le symbole de toute une époque qui vit les luttes atteindre leur paroxysme entre les envahisseurs, qui voulaient se maintenir dans les colonies établies loin de leurs pays, et les armées arabes et musulmanes prêtes au plus grand sacrifice pour récupérer leur terre et leurs droits.

Ces luttes dont elle était l’objet durèrent jusqu’à ce que le Sultan Baibars, utilisant une tactique militaire exceptionnelle parvienne à l’enlever en 1271 après seulement un mois de combats. Le Crac des chevaliers fut construit sur les ruines d’une forteresse fondée par les émirs de Hos et dans laquelle ils installèrent une colonie de Kurdes. Le nom de  » Crac des Chevaliers  » que lui donnèrent les Francs vient du Syriaque  » Kerak « .

Il couvre trois hectares , compte treize grande tours et comprend un grand nombre de salles, de magasins, de citernes, de passages, de ponts et d’étables, l’ensemble architectural est aujourd’hui encore d’une beauté et d’une majesté remarquable.
Cette forteresse était tellement vaste qu’elle pouvait contenir jusqu’à deux mille combattants, avec leurs chevaux et dans ses magasins, suffisamment de provisions pour les faire vivre durant cinq ans.

saladin dans L'ordre des TempliersQala’at Salaheddine:

Elle est à 35 km a l’est de Lattaquié et à 410m au dessus du niveau de la mer. On la considérait comme la plus invulnérable des forteresses croisées et on disait toujours d’elle qu’elle ne pouvait être vaincue. Son architecture militaire est des plus extraordinaires et des plus efficaces qu’ils soient. Dressée vertigineusement sur un éperon rocheux aux parois verticales, elle est protégée par des gorges naturelles profondes et escarpées.

marqabQala’at Al Marqab:

Située à 6 Km au sud de Baniyas, et à 500 m au dessus du niveau de la mer, c’est une forteresse énorme, avec les quatorze tours de son puissant rempart et son donjon principal, elle fait penser à un navire géant qui aurait été posé là, sur le sommet de la colline, regardant la plaine, la côte et les montagnes à l’horizon. Et lorsque aujourd’hui, le visiteur contemple depuis la forteresse cette mer et son rivage et au lointain ces cimes violacées…il a le sentiment de se trouver face à une toile au charme captivant.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 27 mai, 2009 |Pas de commentaires »

Les Croisades de la Baltique !

5.jpg

Habituellement, le terme de croisade est plutôt consubstantiel à des paysages arides balayés par les vents chauds du Moyen-Orient ainsi qu’à la lutte implacable contre l’infidèle musulman tant il est vrai que l’appel lancé par le pape Urbain II marqua l’histoire occidentale comme orientale. Néanmoins, la fureur des combats et l’ardeur évangélisatrice ne manquèrent aucunement en d’autres lieux que l’on aurait pu croire préservés de si féroces combats, tel le pourtour de la Baltique…

Les sombres forêts et piégeux marécages baltes, il est vrai, n’avaient rien de prédestinés à devenir une zone de lutte, mais il en advint ainsi par suite d’événements se déroulant à plus de deux mille kilomètres de là : en pleine terre sainte.
 
C’est en effet suite à l’échec retentissant de la croisade dite des pauvres [1], où plusieurs milliers de hères perdirent la vie à peine après avoir posé le pied sur le sol de l’Anatolie, qu’il fut décidé que seuls des guerriers pourraient mener une telle opération [2]. Là est la subtilité de l’entreprise qui conjugue libération des lieux saints et canalisation de la violence féodale. De cette évolution géopolitique, religieuse comme sociétale naîtront les fameux ordres militaires religieux dont il serait trop long à la fois d’en effectuer l’énumération comme de s’étendre sur leurs spécificités réciproques. Il est préférable en revanche de se focaliser sur celui qui deviendra le plus connu et redoutable des ordres en terre baltique : les teutoniques, ou plus exactement l’Ordre de la maison de sainte Marie des teutoniques.
 
Un ordre oriental puis septentrional

Les origines de l’ordre sont particulièrement difficiles à établir, notamment parce que le premier établissement accueillant des croisés d’origine germanique fut détruit lors de la conquête de Jérusalem par Saladin, le grand chef kurde ; il est néanmoins coutume généralement d’évoquer l’existence de l’hôpital des Allemands au premier quart du XIIe siècle. La « renaissance », si l’on peut l’appeler ainsi, de l’ordre est, elle, clairement notifiée en 1191 après la prise d’Âcre et le don de terres par le roi Guy de Lusignan puis la consécration par le pape Célestin III qui lui octroiera des prérogatives égales à celles des autres ordres religieux [3].
 
Ordre créé pour défendre la présence germanique dans les territoires latins du Moyen-Orient, il prospéra au point que ses biens en terre sainte devinrent minoritaires au sein de l’inventaire général. Cette richesse combinée à une diplomatie aussi active qu’efficace, permirent aux chevaliers et servants de l’ordre de se replier de Palestine une fois la dernière place forte croisée en possession des forces musulmanes, évitant un sort analogue à celui des Templiers et Hospitaliers [4].
 
Disposant de nombreux et prospères bailliages sur tout le pourtour méditerranéen, les teutoniques pourtant se dirigèrent vers les contrées rudes et ingrates du nord-est de l’Europe à l’instigation du grand maître Hermann von Salza. Ce dernier prenant acte de l’échec de sa tentative de territorialisation sur les terres hongroises, malgré une victoire sur les tribus coumanes [5], prépara au mieux l’implantation future de son ordre en se gardant de le faire cette fois dépendre d’un quelconque monarque comme ce fut le cas en Hongrie. Et l’occasion se présenta rapidement sous la forme d’une demande émanant du duc de Mazovie en 1225 pour le protéger des tribus païennes, en premier lieu des Prussiens (ou Borusses). Ce fut le début d’un établissement durable, avec la garantie de bénéficier de la part de l’empereur du Saint Empire romain germanique, Frédéric II, d’un statut de vassalité directe, évitant toute éviction future comme en Hongrie, sauf par l’empereur lui-même : le grand maître venait de doter son ordre de toutes les garanties pour l’avenir. Ne restait plus qu’à convertir les païens de la région et s’approprier leurs terres par la même occasion.
 
Des païens tout aussi fiers que redoutables

Mais lesdits païens allaient se révéler de féroces combattants. Prussiens, Lituaniens, Estoniens et Samogites furent tout d’abord ébranlés par le choc et la discipline de fer des armées teutoniques. Mais passé le premier temps de la surprise et des défaites militaires contre des forces supérieures technologiquement et tactiquement, les peuples réfractaires à cette évangélisation par la pointe de l’épée optèrent pour une redoutable guérilla qui allait obliger les teutoniques à revoir leur manière d’occuper le terrain. S’adaptant, les conquérants allaient s’implanter par une politique d’érection de châteaux forts disposant dans leur proche périmètre de villages aptes à leur assurer une autonomie en vivres et fourrage le temps de rétablir des voies de communication bloquées par l’ennemi.
 
Les Prussiens bien que mis au pas assez rapidement par la soudaineté et la violence du choc initial de la conquête reprirent leurs esprits et menèrent une révolte causant plusieurs défaites à l’ordre teutonique, notamment en 1260. Et l’asphyxièrent à tel point qu’une demande d’aide formelle fut formulée, faisant affluer de toute l’Europe chrétienne des croisés répondant à l’appel du pape Urbain IV, soucieux de la mauvaise tournure des événements et de la résistance des païens. Les Prussiens durent capituler définitivement en 1283, ployant sous les coups des renforts et lésés par leur impossibilité de prendre d’assaut les fortifications teutoniques par manque de matériel de siège.
 
Mais cette résistance n’était qu’un avant-goût de ce que les autres peuples baltes allaient leur faire endurer. Certes la colonisation en provenance du Saint Empire romain germanique amenait de nouvelles forces et permettait la mise en culture de nombreuses terres agricoles, mais parallèlement les adversaires apprenaient des nouveaux occupants et s’adaptèrent à la menace. A ce jeu-là, les Lituaniens furent les plus efficaces opposants de l’avancée de l’ordre, et même l’une des principales raisons de son déclin militaire et économique.
 
Habiles cavaliers dès que l’environnement spatial leur permettait d’évoluer efficacement, adeptes de l’embuscade au sein de l’élément sylvestre, et surtout numériquement très supérieurs à l’envahisseur, les Lituaniens empêchèrent jusqu’au bout les Etats teutoniques de communiquer entre eux en les coupant en deux parties distinctes (Livonie et Prusse). La Samogitie devint de ce fait une région âprement disputée et qui en corollaire changea souvent de maître pendant deux siècles jusqu’au traité de Melno en 1422 où elle échut définitivement au Grand Duché de Lituanie.
 
Mindaugas, roi fraîchement baptisé de Lituanie, outre une administration efficiente de son royaume et de réelles qualités militaires, entreprit de tarir le flux de croisés venant prêter épisodiquement main forte aux teutoniques en se convertissant au catholicisme [6]. Si cette décision n’arrêta aucunement les opérations militaires de ses adversaires, elle retrancha énormément de légitimité à celles-ci puisqu’il ne s’agissait plus de convertir des païens, toute croisade étant dorénavant interdite à son égard. De plus, Mindaugas entreprit de céder quelques terres pour contenter temporairement les teutoniques afin de propager prospérité économique et paix en son propre royaume dans un dessein pourtant moins irénologique. Sa patience et sa perspicacité furent récompensées lorsqu’il soutint directement la grande et dernière révolte prussienne, lui permettant de récupérer de fait une part conséquente des territoires cédés. Ses successeurs, une fois les troubles civils calmés après sa disparition, entreprirent une politique de bonnes relations diplomatiques avec les ennemis de l’ordre, aboutissant à bloquer son expansion puis à le dépecer inexorablement. A ce titre, l’année 1386 marquera avec l’union personnelle du Royaume de Pologne et du Grand Duché de Lituanie l’avènement d’une force irrésistible face à laquelle l’ordre ne pouvait que se sentir de plus en plus menacé, et ce à juste titre.
 
La fureur viking au service de la croix

Aussi curieux que cela pourrait paraître de prime abord, les descendants des redoutés Vikings furent aussi acteurs des croisades baltes. Cet engouement trouve ses racines dans la conversion au christianisme d’Harald Ier du Danemark en 965.
Il n’est par conséquent pas si étonnant de relever dans les chroniques de l’époque qu’Erik Ier du Danemark fut la première tête couronnée à se rendre dans le Royaume de Jérusalem en 1103, y effectuant là un pèlerinage censé prouver sa piété. Signalons en outre que Sigurd Jorsalafar co-régnant de Suède (appelé aussi Sigurd Ier Magnusson) se rendit aussi en terre sainte en 1107, aidant même avec sa flotte les croisés à prendre des places côtières encore aux mains des mahométans. Le nom de Jorsalafar signifiant d’ailleurs en vieux nordique… le croisé !
 
Cette christianisation récente n’entrava en rien l’efficacité guerrière des souverains scandinaves flanqués de troupes acquises à leur cause et religion. D’autant que, comme énoncé précédemment, les monarques du Nord souhaitaient montrer au reste de l’Europe qu’ils appartenaient à la même famille que les souverains du Sud. Si les expéditions au Moyen-Orient étaient une entreprise longue, dangereuse et coûteuse, ils purent en revanche avec l’autorisation papale rapidement soumettre les régions alentours encore dévouées au paganisme. De plus, leur système de recrutement, le ledung [7], favorisait les attaques rapides et ciblées pour asseoir leur domination sur les côtes de la Baltique.
 
Il est établi par les historiens que les armées levées ne dépassèrent jamais 4 000 hommes, d’où la présence de fortifications censées conserver les territoires conquis sur les païens : la progression ne se fit que progressivement et par zones juxtaposées. Stratégie raisonnée qui n’empêcha pas par ailleurs certaines de ces places fortes d’être sérieusement menacées par les forces adverses, notamment en Livonie. Si la Suède parvint à réaliser une campagne victorieuse en Finlande, de 1240 à 1292, il en alla tout autrement pour ses frères Danois qui se heurtèrent à une éprouvante résistance estonienne qui ne prit temporairement fin qu’avec l’émergence du grand chef de guerre Valdemar II dit le victorieux [8]. Toute cette agitation cependant aboutit au réveil d’un géant jusqu’alors paisible avec ses voisins occidentaux.
 
Une République marchande prête à en découdre

L’un des aspects des croisades, qu’elles soient orientales ou septentrionales, fut qu’elles dévièrent de leur intention première pour s’en prendre à des peuples et Etats qui n’étaient rien concernés par cette velléité d’évangélisation. On se souvient bien sûr de la chute de Constantinople en 1204 par les croisés à la solde de la République de Venise, mais l’on pourrait aussi évoquer l’invasion des terres orthodoxes alors menacées au même moment par les hordes tataro-mongoles.
 
C’est la République de Novgorod, première cité russe fondée selon la légende par Rurik le varègue (ou viking dans la terminologie occidentale) qui fut obligée de faire face à la déferlante de croisés scandinaves, comme aux intentions clairement belliqueuses de l’ordre teutonique. Heureusement pour elle, cette riche principauté russe, affranchie depuis 1136 de la tutelle de Kiev, se découvrira en son sein un remarquable stratège qui allait mettre à profit la force armée nombreuse et entraînée à sa disposition : Alexandre Nevsky. Tout aussi marchande qu’elle fut, la riche cité de Novgorod pouvait compter sur des milices prêtes à défendre son territoire ainsi que sur une ferveur religieuse décuplée par les intentions des croisés. Dans le même temps les Suédois avançaient depuis la Finlande dont ils venaient d’en entreprendre la conquête et manifestèrent dès le début des projets sans ambiguïté aucune : envahir les riches terres novgorodiennes et prendre possession d’un axe de communication essentiel au Moyen Âge [9].
 
Ce fut lors de la bataille dite de la Neva (du nom du fleuve prenant sa source au lac Ladoga et se jetant dans la mer Baltique) qu’Alexandre Nevsky tira son nom qui restera dans l’Histoire. La victoire éclatante du prince de Novgorod ne fut cependant que la première manche d’une série de batailles qui allaient opposer durablement la République de Novgorod au Royaume de Suède, tout du moins jusqu’en 1323 avec le Traité de Nöteborg délimitant leurs zones d’influence respective. Des escarmouches persisteront sporadiquement jusqu’au XVe siècle, ne remettant cependant pas en cause ni la partition de la Finlande entre les deux puissances ni l’intégrité du territoire novgorodien.
Mais Alexandre Nevsky n’en avait pas fini avec les croisés puisqu’il prit connaissance peu après cet affrontement de la chute de Pskov, ville florissante alors sous la tutelle de Novgorod, par les forces teutoniques qui bien qu’ayant subi de lourdes pertes lors de la bataille de Legnica continuèrent leur progression vers la cité marchande. Au son du viétché, les forces novgorodiennes se rassemblèrent une fois de plus, et rencontrèrent l’ennemi près du lac Peïpous. Il est difficile comme pour la bataille de la Neva d’avoir une vision historiquement exacte du déroulement de celle-ci [10], toutefois il semble acquis que les forces teutoniques stoppèrent là leur progression par suite d’une résistance trop conséquente.
 
Kiev rasée par la déferlante mongole, Novgorod restait la seule principauté russe à échapper à la sujétion étrangère, mais la croisade baltique faillit en décider autrement. La bataille de Rakovor (en territoire estonien alors sous contrôle danois) en 1268 clarifia la situation de manière encore plus radicale puisque se déroulant sur le territoire des croisés tout en démontrant une fois de plus par la victoire le sens tactique et la valeur guerrière des troupes novgorodiennes. La paix allait être obtenue pour plusieurs décennies.

Epilogue

Le climat de la région baltique rendant les opérations de grande envergure difficiles ainsi que la rugueuse résistance des peuples païens et même orthodoxes aboutirent à un succès des croisades en demi-teinte. Du reste, l’essoufflement de la ferveur religieuse ainsi que la conversion du peuple lituanien au christianisme laissèrent peu de combustible à la poursuite de celle-ci. Elle n’en modifia pas moins comme au Moyen-Orient la configuration géopolitique de la région pour les siècles à venir où Scandinaves, Baltes, Germains et Slaves continueront à s’affronter en ces mêmes terres.
 
[1] Subjuguée par les prédications de Pierre l’Ermite prêchant en diverses régions françaises et allemandes et popularisant le Dieu le veut ! du pape Urbain II.
[2] Ce sera la première véritable croisade (1096-1099).
[3] Ces privilèges étant de prime importance puisqu’ils permirent d’assurer l’autonomie financière de l’ordre.
[4] Les Templiers firent l’objet d’une persécution par le roi de France Philippe le Bel, tous leurs biens furent confisqués au profit de la couronne tandis que les Hospitaliers se replièrent sur l’île de Rhodes puis de Malte afin de continuer la lutte contre les musulmans, avec des actes héroïques notoires, mais sans pour autant retrouver leur lustre d’antan.
[5] Peuple d’origine turque ayant peuplé une grande partie de l’actuelle Ukraine et les abords de la mer Caspienne au XIIe siècle, appelés aussi Kiptchaks. Ils furent défaits par les Mongols en 1238.
[6] Cette conversion est sujette à des analyses variées, et ce d’autant plus que le pays lui-même ne se convertit que très tardivement au catholicisme (la dernière région en 1413) sans que pour autant la pratique ne disparaisse entièrement.
[7] Le ledung, ou fyrd dans les îles Britanniques, est un système de levée d’hommes libres censés pouvoir subvenir au besoin d’une expédition maritime tout en pourvoyant à la construction de navires devant emporter un nombre d’hommes déterminés.
[8] Anecdote historique, c’est pendant la bataille de Lyndanisse en 1219 que le roi Valdemar II aperçut tombé du ciel un étendard rouge flanqué d’une croix blanche, signe de victoire. Le Dannebrog devint dès ce jour le drapeau national du Danemark ainsi que le plus vieux drapeau au monde encore en usage.
[9] La fameuse voie des Varègues aux Grecs, qui était celle qu’empruntaient les Vikings pour commercer avec l’Empire byzantin.
[10] Ce qui n’empêche aucunement le cinéphile de se replonger dans l’Alexandre Nevsky du cinéaste soviétique Eisenstein.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 25 mai, 2009 |Pas de commentaires »

“CUM EX APOSTOLATUS” 15 février 1559

demo109.jpg

CONSTITUTION APOSTOLIQUE “CUM EX APOSTOLATUS”

15 février 1559

Paul IV, Pape

La charge apostolique, à Nous confiée par Dieu malgré notre indignité, nous impose le soin général du

troupeau du Seigneur. Pour le garder dans la foi et le conduire dans la voie du salut, Nous devons, en Berger

attentif, veiller sans cesse et pourvoir soigneusement à écarter de la bergerie du Seigneur ceux qui, à notre

époque, livrés aux péchés, confiant en leurs propres lumières, s’insurgent avec une rare perversité contre la

règle de la vraie foi et, faussant la compréhension des saintes Ecritures par des arguties subtiles et vaines, méditentde

déchirer l’unité de l’Eglise catholique et la tunique sans couture du Seigneur : s’ils dédaignent

d’être disciples de la vérité, ils ne doivent pas continuer à enseigner l’erreur.§ 1. –

Devant la situation actuelle si grave et si dangereuse, il ne faut pas que l’on puisse reprocher auPontife romain de dévier de la foi. Il est sur terre le Vicaire de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; il a la

plénitude de l’autorité sur les nations et les royaumes, il est le juge universel et n’a a être jugé par personne icibas.

D’ailleurs, plus le danger est grand, plus la vigilance doit être entière et attentive, pour que les faux

prophètes, ou même d’autres hommes, revêtus d’une juridiction séculière, ne puissent prendre lamentablement

dans leurs filets les âmes simples et entraîner avec eux à la perdition et à la ruine de la damnation les peuples

innombrables confiés à leur soin et à leur direction, au spirituel comme au temporel ; et aussi pour que jamaisNous ne soyons témoin dans le lieu saint de l’abomination de la désolation annoncée par le prophète Daniel,

alors que Nous désirons de tout notre pouvoir avec l’aide de Dieu, selon notre charge pastorale, capturer

les renards qui s’ingénient à saccager la vigne du Seigneur et écarter les loups des bergeries, afin de ne pas ressembler

à des chiens muets incapables d’aboyer, ni Nous perdre avec les mauvais agriculteurs, ni être comparé à

un mercenaire.

§ 2. – Après mûre délibération à ce sujet avec nos vénérables frères les Cardinaux de la sainte Eglise romaine,

sur leur conseil et avec leur assentiment unanime, de par notre autorité apostolique, Nous approuvons et renouvelons

toutes et chacune des sentences, censures et peines d’excommunication, suspense, interdit et privation et

autres qu’ont portées et promulguées, de quelque façon que ce soit, contre les hérétiques et les schismatiques

tous les Pontifes romains, nos Prédécesseurs – ou tenus pour tels -, jusque par leurs lettres extravagantes ou les

saints Conciles admis par l’Eglise de Dieu, ou les décrets et statuts des Saints Pères ou les saints Canons, Constitutions

et Ordonnances apostoliques.

Et Nous voulons qu’elles soient observées à perpétuité et remises en pleine vigueur, si besoin en est,

et qu’elles le demeurent. Elles s’appliquent aussi à tous ceux qui, jusqu’ici, auront été pris sur le fait, auront

avoué ou auront été convaincus d’avoir DEVIE DE LA FOI CATHOLIQUE ou d’être tombés en quelque

hérésie ou d’avoir encouru le schisme ou de l’avoir suscité ou commis. Elles s’appliquent encore (mais Dieuveuille l’empêcher dans sa clémence et sa bonté envers nous)

à ceux qui, à l’avenir, dévieront soit en tombantdans l’hérésie ou en encourant le schisme, soit en les suscitant ou en les commettant, qu’on les prenne

sur le fait, qu’ils avouent ou qu’on les en convainque.

Quels que soient leurs état, rang, ordre, condition et dignité, Évêque, Archevêque; Patriarche, Primat ou

autre dignitaire ecclésiastique supérieur, Cardinal et Légat perpétuel ou temporaire du Siège Apostolique, où

que ce soit, quelle que soit également leur autorité ou dignité dans le monde, Comte, Baron, Marquis, Duc, Roi,

Empereur : qui que ce soit parmi eux Nous voulons et décrétons qu’il encoure les sentences, censures et peines

susdites.

§ 3. – Et ne considérant pas moins qu’il convient de détourner du mal par la crainte des peines ceux qui ne s’en

abstiennent pas par amour de la vertu et que les Évêques, Archevêques, Patriarches, Primats, Cardinaux, Légats,

Comtes, Barons, Marquis, Ducs, Rois et Empereurs, chargés d’instruire les autres et leur donner le bonexemple pour les garder dans la foi catholique, pèchent plus gravement en prévariquant (ils se perdent euxmêmes,

mais aussi entraînent avec eux à la perdition et à l’abîme de la mort d’innombrables peuples confiés à

leur soin et à leur autorité, ou soumis à eux par ailleurs) ; sur un semblable conseil et assentiment des Cardinaux,

en vertu de cette Constitution nôtre valide à perpétuité, par haine d’un si grand crime, le plus grave et

2

pernicieux possible dans l’Eglise de Dieu, dans la plénitude de notre pouvoir apostolique, Nous décidons, statuons,

décrétons et définissons que les sentences, censures et peines susdites gardant toute leur force et leur efficacité,

avec leurs effets, tous et chacun des Évêques, Archevêques, Patriarches, Primats, Cardinaux, Légats,

Comtes, Barons, Marquis, Ducs, Rois et Empereurs qui à ce jour, comme il est déclaré ont dévié et sont tombésdans l’hérésie ou ont encouru le schisme, ont été pris à les susciter ou les commettre, qu’ils soient pris

sur le fait, qu’ils avouent ou qu’ils en soient convaincus, vu que leur crime les rend plus inexcusables que les

autres, outre les sentences, censures et peines susdites, seront par là-même, sans aucun recours au droit ou au

fait, privés de leurs églises cathédrales, métropolitaines, patriarcales, primatiales, de leur dignité cardinalice, de

toute charge de Légats, comme aussi de toute voix active et passive, avec ou sans charge, qu’ils soient séculiers

ou réguliers de tous Ordres, qu’ils auraient obtenus par concessions et dispensations apostoliques, comme titulaires,

commendataires, administrateurs, ou de toute autre manière, en lesquels ou sur lesquels ils jouiraient de

quelque droit ; ils seront privés également de tous les fruits, rentes et produits annuels à eux assignés et réservés

; de même, les Comtes, Barons, Marquis, Ducs, Rois et Empereurs en seront privés radicalement, totalement,

perpétuellement.

Par ailleurs, tous ces gens seront considérés comme inaptes et impropres à de telles fonctions, comme

des relaps et des subversifs, en tout et pour tout, comme s’ils avaient abjuré publiquement une telle hérésie ; jamais,

à aucun moment, ils ne pourront être restitués, replacés, réintégrés et réhabilités en leur précédent état, en

leurs églises cathédrales, métropolitaines, patriarcales, primatiales, en leur dignité cardinalice, ou quelque autre

dignité majeure ou mineure, en leur voix active ou passive, en leur autorité, leurs monastères et bénéfices, leurs

comtés, baronnies, marquisats, duchés, royaumes et empires ; bien plus, ils seront abandonnés à la décision du

pouvoir séculier pour subir leur juste punition, à moins que, montrant les signes d’un vrai repentir et les fruits

d’une pénitence proportionnée, ils ne soient, par bonté et clémence du Saint-Siège lui-même, relégués dans

quelque monastère ou autre lieu régulier, pour s’y livrer à une pénitence perpétuelle, nourris du pain de la douleur

et abreuvés de l’eau de l’affliction.

Ils seront considérés, traités et réputés comme relaps et subversifs par tous, de quelque état, rang, ordre,

condition et prééminence qu’on soit, et de quelque dignité, même épiscopale, archiépiscopale, patriarcale, primatiale

ou autre dignité ecclésiastiques même la dignité cardinalice ; ou encore, de quelque autorité séculière et

excellence qu’on soit revêtu Comte, Baron, Marquis, Duc, Roi ou Empereur : comme tels, on devra les éviter et

les priver de toute consolation humaine.

§ 4. – Ceux qui prétendront avoir un droit de patronage ou de nomination de personnes aptes à gouverner des

églises cathédrales, métropolitaines, patriarcales, primatiales, ou des monastères et autres bénéfices ecclésiastiques

devenus vacants par ces privations, pour ne pas les exposer aux inconvénients d’une longue vacance

après les avoir arrachés à l’esclavage des hérétiques, et afin de les confier à des personnes aptes à diriger fidèlement

les peuples dans les voies de la justice, ceux-là devront présenter les dites personnes aux églises, monastères

et autres bénéfices dans les limites du temps fixé par le droit canonique ou des contrats particuliers, ou statué

en accord avec le Saint-Siège ; de même ils seront tenus de les présenter à Nous-mêmes ou au Pontife romain

alors régnant ; sinon, le laps de temps écoulé, la pleine et libre disposition des églises, monastères et bénéfices

susdits reviendra de plein droit à Nous et au Pontife romain susdit.

§ 5. – En outre, quiconque prendra sur lui, sciemment et de quelque manière que ce soit, d’accueillir, défendre,

favoriser ou croire les coupables arrêtés sur aveux ou preuves d’hérésie, ou encore d’enseigner

leurs erreurs, celui-là encourra, du fait même, une sentence d’excommunication. Il deviendra hors la loi :

il ne pourra participer ni oralement, ni en acte, ni par écrit, ni par délégation ou procuration, aux fonctions publiques

ou privées, Conseils, Synodes, Concile général ou provincial, Conclave des Cardinaux, assemblée des

fidèles, élections, témoignage en justice. Il n’y sera point admis.

De plus, il sera inapte à tester, à hériter et personne ne sera contraint de répondre pour lui en aucune affaire.

S’il est juge, ses sentences n’auront aucune valeur et nulle cause ne pourra être soumise à son jugement ;

s’il est avocat, son patronage ne sera nullement accepté ; s’il est notaire, ses actes n’auront aucune portée, aucune

importance.

De plus, les clercs seront privés de toutes et chacune de leurs églises, même cathédrales, métropolitaines,

patriarcales et primatiales, de leurs dignités, de leurs monastères, de leurs bénéfices et fonctions ecclésiastiques,

même obtenus, comme il est dit, régulièrement. Eux-mêmes, comme les laïcs, bien que revêtus régulièrement

des dignités susdites, seront privés, même en possession régulière, ipso facto, de tout royaume, duché,

domaine, fief et autres biens temporels ; leurs royaumes, duchés, domaines, fiefs et autres biens de cette sorte

seront confisqués et deviendront propriété publique ; de droit, ils appartiendront au premier acquéreur si celui3

ci, avec une foi sincère, se trouve uni à la sainte Eglise romaine, sous notre obédience ou celle de nos successeurs,

les Pontifes romains canoniquement élus.

§ 6. – Nous ajoutons que si jamais il advient qu’un Évêque, même ayant fonction d’Archevêques, de Patriarche

ou de Primat ; qu’un Cardinal de l’Eglise romaine, même Légat, qu’un SOUVERAIN PONTIFE

même,

AVANT LEUR PROMOTION OU LEUR ELEVATION au Cardinalat ou au Souverain Pontificat,

ONT DEVIE DE LA FOI CATHOLIQUE OU SONT TOMBES DANS QUELQUE HERESIE,

LA PROMOTION OU L’ELEVATION – même si cette dernière a eu lieu dans l’entente et avec l’assentiment

unanime de tous les Cardinaux – EST NULLE, NON AVENUE, SANS VALEUR

et on ne pourra dire qu’elle est devenue valide ou qu’elle devient valide parce que l’intéressé accepte la charge,

reçoit la consécration ou ensuite entre en possession ou quasi-possession du gouvernement et de l’administration,

ou par l’intronisation du Pontife romain lui-même ou par l’adoration (= hommage à genoux)

devant lui ou par la prestation d’obéissance à lui rendue par tous ou par quelque laps de temps écoulé

pour ces actes : on ne pourra la tenir pour légitime en aucune de ses parties et elle ne confère ni ne peut être

censée conférer quelque pouvoir d’administration au spirituel ou au temporel à de tels hommes promus

Evêques, Archevêques, Patriarches ou Primats, ou élevés au Cardinalat ou au Souverain Pontificat.

Tous leurs dits, faits et gestes, leur administration et tout ce qui en découle, tout est sans valeur etne confère aucune autorité, aucun droit à personne. Ces hommes ainsi promus et élevés seront par le fait

même, sans qu’il faille quelque déclaration ultérieure, privés de toute dignité, place, honneur, titre, autorité,

fonction et pouvoir, même si tous et chacun de ces hommes n’a dévié de la foi, tombant dans la schisme ou l’hérésie,

qu’après son élection, soit en le suscitant, soit en l’embrassant.

§.7. – Les sujets tant clercs séculiers et réguliers que laïcs, y compris les Cardinaux qui auraient participé à

l’élection du Pontife romain déjà hors de la foi catholique par hérésie ou schisme, ou qui y auraient consenti et

qui lui auraient accordé l’obéissance et fait hommage ; le personnel du Palais, les préfets, capitaines et autres officiers

de notre Ville-Mère et de tout l’Etat ecclésiastique ; ceux qui se seraient liés et obligés par hommage,

serment, engagement envers ces hommes promus et élevés pourront toujours se dégager impunément del’obéissance et du service envers eux et les éviter comme des magiciens, païens, publicains, hérésiarques ;

ces mêmes sujets pourront néanmoins demeurer attachés à la fidélité et à l’obéissance des futurs Évêques, Archevêques,

Patriarches, Primats, Cardinaux et du Pontife romain entrant canoniquement en fonction : s’ils

veulent continuer à gouverner et à administrer, pour une plus grande confusion de ces hommes ainsi promus et

élevés, ils pourront faire appel contre eux au bras séculier et si à cette occasion ils se retirent de la fidélité et

de l’obéissance envers ces hommes promus et élevés, ils n’encourront pas, comme ceux qui déchirent la

tunique du Seigneur, la vengeance de quelque peine ou censure.

§ 8. Nonobstant [= nous annulons] les décisions et dispositions apostoliques, ou encore les privilèges, indults et

écrits apostoliques qui auraient été donnés à de tels [hérétiques promus invalidement pseudo- évêques, archevêques,

patriarches, primats ou cardinaux ou à toute autre personne. [Nous cassons de tels écrits en leur faveur,

quelle que soit la manière dont ils aient été formulés]: peu importe le contexte, la forme, les clauses. [Tout cela

est nul,] fût-ce des décrets, des motu proprio ou [des formulations telles que] « de science certaine » et « dans la

plénitude la puissance apostolique ». [Nous frappons de même de nullité] tout consistoire ou encore tout autre

moyen mis en oeuvre: approbations répétées et renouvelées, insertion dans le corps des lois ecclésiastiques,

chapitres des CONCLAVES, serment, confirmation apostolique ou toute autre confirmation, eût-elle été corroborée

par serment par nous-même!

Toutes les choses accordées à ceux qui ont été mentionnés expressément plus haut [= les clercs et les chefs de

gouvernement] conservent leur valeur par ailleurs [= ceux qui n’ont PAS dévié de la foi gardent évidemment

leur charge!]; nous les supprimons seulement et spécialement pour ces cas-là [les cas de ceux qui ONT dévié de

la foi], sans que quiconque puisse y opposer quoi que ce soit.

§ 9. Mais pour que le présent écrit arrive à la connaissance de tous les intéressés, nous voulons que l’original

(ou une copie signée par la main d’un notaire public et authentifiée par le sceau d’un dignitaire ecclésiastique;

nous déterminons que l’on doit y ajouter foi) soit publié et affiché par quelques-uns de nos hérauts – aux portes

de la basilique du prince des apôtres [= la basilique St. Pierre à Rome], – à la chancellerie apostolique, – et aussi

au bord du Campo dei Fiori, et qu’une copie y soit laissée affichée. La publication et l’affichage et le fait d’y

4

laisser une copie affichée suffisent et doivent être tenus pour solennels et légaux; il n’y a aucune autre publication

à réclamer ou à attendre.

§ 10. En conséquence, il ne sera permis à aucune personne d’enfreindre ce texte de notre approbation, innovation,

sanction, statut, dérogation, volonté et décret avec une téméraire audace. Si quelqu’un avait la présomption de le

tenter, qu’il sache que cela lui fera encourir l’indignation de Dieu tout-puissant et des bienheureux apôtres Pierre

et Paul.

Donné à Rome, à St. Pierre, en la mille cinq cent cinquante- neuvième année de l’Incarnation du Seigneur, le 15 des calendes

de mars [= 15 février 1559], en la quatrième année de notre pontificat.

Moi, PAUL [IV], évêque de l’Église catholique

LE SEIGNEUR EST MON AUXILIAIRE.

Donné le jour du 15 février 1559, en la quatrième année du pontificat.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 21 mai, 2009 |Pas de commentaires »

Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam

templsilver.jpg

Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam

1. Nous parlons tout d’abord à tous ceux qui méprisent secrètement leur propre volonté et qui désirent servir avec courage la chevalerie du souverain roi et à ceux qui veulent accomplir et qui accomplissent, avec assiduité, la très noble vertu d’obéissance. Nous vous avertissons, vous, qui avez mené jusqu’ici la chevalerie séculière, en laquelle Jésus-Christ ne fut pas mis en témoignage, mais que vous avez embrassée par faveur humaine, que vous serez parmi ceux que Dieu a élus de la masse de perdition et qu’il a choisis, par son agréable pitié, pour défendre la Sainte Eglise afin que vous vous hâtiez de vous ajouter à eux perpétuellement.

2. Avant toute chose, que ceux qui sont chevaliers du Christ choisissent une sainte conversion dans leur profession, à laquelle il convient d’ajouter une grande diligence et une persévérance ferme, digne, saine et spirituelle, car il est reconnu que si elle est gardée avec pureté et durée, ils peuvent mériter d’avoir une place parmi les martyrs qui donnèrent leur âme pour Jésus-Christ. Dans cette religion, l’ordre de la chevalerie refleurit et ressucite. Cet ordre méprisait naguère l’amour de la justice, ce qui cependant appartenait à son action, et ne faisait pas ce qui lui incombait, qui est de défendre les pauvres, les veuves, les orphelins et les églises. Au contraire, il s’efforçait de harceler, de dépouiller et de tuer. Le seigneur Dieu nous adoptera, ainsi que notre sauveur Jésus-Christ qui a envoyé ses amis dans les marches de France et de Bourgogne depuis la Sainte cité de Jérusalem qui ne cessent d’offrir leurs âmes à Dieu pour notre salut et pour que se répande la vraie Foi, ce qui est un plaisant sacrifice.

3. C’est ainsi qu’en toute joie et toute fraternité, nous nous assemblâmes à Troyes, grâce aux prières de Maître Hugues de Payns par qui ladite chevalerie commençât, avec la grâce du Saint Esprit, pour la fête de Monseigneur Saint Hilaire, en l’an l’incarnation de Jésus-Christ mil cent vingt-huit, la neuvième année depuis le commencement de ladite chevalerie. Ensemble, nous entendîmes, de la bouche même de frère Hugues de Payns, comment fut établi cet ordre de chevalerie et, selon notre jugement, nous louâmes ce qui nous sembla profitable ; tout ce qui nous sembla superflu, nous le supprimâmes.

4. Et tout ce qui, dans cette réunion, ne put être dit ou raconté, ou oublié, nous le laissâmes, avec sagesse, à la discrétion de notre honorable père, sire Honorius et du noble patriarche de Jerusalem, Etienne de la Ferté qui connaissait le mieux les besoins de la terre d’Orient et des pauvres chevaliers du Christ. Tout cela, ensemble, nous l’avons approuvé. Maintenant, et parce qu’un grand nombre de pères s’assemblèrent dans ce concile et approuvèrent ce que nous avons dit, nous ne devons pas passer sous silence les véritables sentences qu’ils dirent et jugèrent.

5. Donc, moi, Jean Michel, par la grâce de Dieu, je méritai d’être l’humble écrivain de la présente règle, comme me le demanda le concile et le vénérable père Bernard, abbé de Clairvaux, qu’on avait chargé de ce divin travail.
Les noms des pères qui étaient au Concile

6. Premièrement, c’était Matthieu, évêque d’Albano, par la grâce de Dieu légat de la Sainte Eglise de Rome ; Renaud, archevêque de Reims ; Henri, archevêque de Sens ainsi que leurs suffrageants ; Josselin, évêque de Soissons ; l’évêque de Paris ; l’évêque de Troyes ; l’évêque d’Orléans ; l’évêque d’Auxerre ; l’évêque de Meaux ; l’évêque de Châlons ; l’évêque de Laon ; l’évêque de Beauvais ; l’abbé de Vézelay qui fut, par la suite, élu archevêque de Lyon et légat de l’Eglise de Rome ; l’abbé de Cîteaux ; l’abbé de Pontigny ; l’abbé de Trois-Fontaine ; l’abbé de Saint-Denis de Reims ; l’abbé de Saint-Etienne de Dijon ; l’abbé de Molesmes et Bernard, abbé de Clairvaux, déjà nommé, etc . Ils louèrent tous cette sentence avec franchise. Il y avait aussi maître Aubri de Reims, maître Fouchier et plusieurs autres, ce qui serait long à raconter. Il y en avait d’autres, pas plus lettrés, pour lesquels nous pouvons dire que la chose la plus profitable que nous puissions garantir est qu’ils aiment la vérité : c’est à savoir le comte Thibaud, le comte de Nevers et André Baudement. En leur qualité, ils étaient au concile et, avec un souci particulier, ils examinèrent ce qui leur semblait bien et délaissèrent ce qui leur semblait sans raison.

7. Il y avait aussi frère Hugues de Payens, maître de la chevalerie, qui avait amené avec lui quelques frères : frère Rotland, frère Godefroy, frère Geoffroy Bissot, Frère Payen de Montdidier, frère Archambaud de Saint-Amand. Maître Hugues, avec ses disciples, fit savoir aux pères, après s’en être souvenu, comment prit naissance l’observance d’après ce qui est dit : Ego principium qui est loquor vobis ; c’est-à-dire : « Depuis le commencement je suis la parole ».

8. Il plut au concile que les avis qui furent donnés et examinés avec diligence, suivant l’étude de la Sainte Ecriture, fussent mis par écrit afin qu’on ne les oublie pas, cela avec la prévoyance de monseigneur Honorius, pape de la Sainte Eglise de Rome, du patriarche de Jérusalem et du consentement de l’assemblée et par l’approbation des pauvres chevaliers du Christ du Temple qui se trouve à Jéruslem.
La règle de la pauvre chevalerie du Temple
De la manière d’entendre l’office divin

9. Vous, qui renoncez à vos propres volontés pour être les serviteurs du souverain roi, par les chevaux et par les armes, pour le salut de vos âmes et cela à jamais, vous devez toujours, avec un pur désir, entendre les matines et l’office divin en entier, selon les observances canoniales et les us des maîtres réguliers de la Sainte Cité de Jérusalem. Pour cela, vénérables frères, Dieu est avec vous, car vous avez promis de mépriser le monde perpétuellement pour l’amour de Dieu et aussi les tourments de votre corps : repus de la chair divine, pleins de commandements de notre Seigneur, nous vous disons qu’après l’office divin, personne ne doit craindre d’aller à la bataille. Soyez prêts à vaincre pour la divine couronne.

10. Mais si, pour les besoins de la maison et pour ceux de la chrétienté d’Orient, chose qui adviendra souvent, un frère est envoyé hors de la maison et qu’il ne puisse entendre le service de Dieu, il doit dire pour matines treize patenôtres ; pour chacune des heures, sept, et pour les vêpres, neuf. Mais nous préférons qu’ils disent l’office ensemble. Pour ceux à qui il est commandé d’aller pour ces besoins et qui ne pourront entendre les heures établies pour le service de Dieu, il est précisé qu’ils n’en sont pas dispensés pour autant et qu’ils doivent rendre la dette à Dieu.
Des frères morts

11. Lorsqu’un frère passe de vie à trépas, chose que personne ne peut éviter, nous demandons de chanter la messe pour le repos de son âme et l’office doit être fait par les prêtres qui servent le souverain prêtre, car c’est à vous qu’il appartient d’exercer la charité. Là ou se trouve le corps, tous les frères qui sont présents doivent dire cent patenôtres durant les sept jours qui suivent. Et tous les frères qui sont du commandement de cette maison doivent dire les cent patenôtres, comme il est dit ci-dessus, pour implorer la pitié de Dieu. Nous prions aussi et commandons par notre autorité pastorale, qu’un pauvre soit nourri de viande et de vin jusqu’au quarantième jour en souvenir du frère mort, comme s’il était encore vivant. Toutes les autres offrandes, lesquelles sont faites sans discrétion pour la mort d’un frère, en la solennité de Pâques et aux autres fêtes, et que les pauvres chevaliers du Temple ont coutume de faire de leur propre volonté, nous les défendons expressément.

12. Mais, de jour comme de nuit, avec le grand courage qui est donné par la profession, que chacun puisse se comparer avec le plus sage des prophètes qui dit : Calicem salutaris accipiam, c’est-à-dire : « Je prendrai le calice du salut » ; qui est encore : « Je vengerai la mort de Jésus-Christ par ma mort ». Car ainsi que Jésus-Christ sacrifia son corps pour mon salut, je suis prêt de la même manière à mettre mon âme au service de mes frères. Cela est une offrande convenable ; là est le véritable sacrifice bien plaisant à Dieu.
Des frères qui sont debout au moutier

13. Il nous a été dit, et nous l’avons entendu par de véritables garanties, que sans aucune mesure et sans tempérance, vous entendiez debout l’office divin. Cette manière, nous ne la commandons pas mais nous la délouons. Mais nous commandons, tant aux forts qu’aux faibles, afin d’éloigner le scandale, de chanter assis le psaume qui se nomme Venite, avec tout l’invitatoire et l’hymne. Que les frères disent leurs oraisons en silence, simplement, sans crier ; celui qui parle haut détourne les autres frères de leurs prières.

14. A la fin des psaumes, quand on chante le Gloria Patri en l’honneur de la Sainte-Trinité, levez-vous et courbez-vous ; les faibles et les malades inclineront seulement la tête. Nous commandons de faire toujours de cette manière et lorsque l’évangile se lira et que le Te Deum laudanus se chantera, et jusqu’à ce que les laudes commencent et que les matines soient terminées, les frères resteront debout. De la même manière, nous commandons d’être debout aux matines et à toutes les heures de Notre-Dame.
Comment ils doivent manger

15. Au palais, qui serait mieux de nommer réfectoire, les frères doivent manger ensemble. Mais contre l’exemple d’autres gens qui n’en ont pas coutume, il convient que vous n’ayez aucune rancune, chose qui est nécessaire pour vous tous et en privé, cela en toute humilité et révérence, car l’apôtre dit : Manduca panem tuum cum silentio, c’est à dire, « Mange ton pain en silence ». Et le psalmiste ajoute : Posui ori meo custodiam, c’est à dire : « Je mets une garde à ma bouche », ce qui veut dire : « Je pense ne pas faillir avec ma langue », ce qui veut dire encore : « Je garde ma bouche afin de ne pas mal parler ».
De la lecture

16. En tout temps, pour le dîner et le souper du couvent, qu’il soit lu la sainte leçon, si cela peut-être. Si nous aimons Dieu et toutes ses saintes paroles et ses saints commandements, nous devons la désirer et l’écouter attentivement. Le lecteur qui lit la leçon vous enseigne à garder le silence dès qu’il commence à lire.
De la viande

17. Trois fois par semaine, il suffit que vous mangiez de la viande. Il en est de même à la fête de la Nativité de Notre Seigneur, à la fête de la Toussaint, aux fêtes de Notre-Dame ou à celles des douze apôtres. Car si vous avez coutume de manger de la viande, vous aurez une mauvaise corruption de votre corps. Mais s’il advient que le mardi soit un jour de jeûne, jour pendant lequel on ne doit pas manger de viande, il en sera donné le lendemain. Le dimanche, il sera donné deux plats de viande à tous les frères du Temple, aux chapelains et aux clercs, cela en l’honneur de la Sainte Résurrection de Jésus-Christ. Les autres habitants de la maison, à savoir les écuyers et les sergents, se contenteront d’un plat, et que, pour cela, ils rendent grâce à Dieu.
Des écuelles et des verres

18. En ce qui concerne la disposition des écuelles, que les frères mangent deux à deux afin que l’un se pourvoie de l’autre, qu’ils apprécient la vie dans l’abstinence et dans le fait de manger en commun. Il nous semble juste chose que chacun des frères ait une mesure égale de ration de vin dans son verre
Des mets les jours de semaine

19. Les autres jours de la semaine : c’est à savoir : le lundi, le mercredi et même le samedi, les frères auront deux plats ou trois, de légumes ou de soupe et nous entendons que ce soit suffisant et nous commandons que cela soit tenu, cela pour que si un frère ne mange d’un plat, il mange de l’autre.
Des mets du vendredi

20. Le vendredi, qu’il soit donné à toute la congrégation de la viande de carême, en révérence de la passion de Jésus-Christ. Nous demandons de jeûner de la fête de la Toussaint jusqu’à Pâques, sauf lorsque ce sera la fête de Noël, la fête de Notre-Dame ou la fête d’un des douze apôtres. Mais les frères faibles et malades ne sont pas tenus au jeûne. De Pâques à la Toussaint, ils peuvent manger deux fois par jour, à moins qu’il n’y ait un jeûne général.
Des grâces à rendre

21. En tout temps, après le dîner et après le souper, tous les frères doivent rendre grâces à Dieu. Si l’église est proche du palais où ils mangent, et si elle n’est pas proche, qu’ils rendent grâces à notre Seigneur Jésus-Christ, avec humilité, car il est le souverain procureur. Les restes du pain brisé seront donnés aux pauvres et le pain entier sera gardé. Maintenant, comme le don aux pauvres est semblable au règne du ciel et pour que la foi chrétienne vous reconnaisse comme ceux qui ne doutent pas de cela, il conviendra que le dixième du pain soit donné à l’aumônier pour les pauvres.
De la collation

22. Lorsque le jour s’en va et que la nuit approche, lorsque la cloche sonne ou que l’appel de la communauté est fait, ou selon l’usage de la contrée, que tous aillent aux complies. Nous demandons premièrement de prendre une collation générale, mais elle sera mise à l’arbitrage du maître. Quand un frère voudra de l’eau et quand il demandera, par miséricorde, du vin trempé, qu’il lui en soit donné raisonnablement. On doit en prendre avec mesure car, dit Salomon : Quia vinum facit apostatare sapientes, c’est à dire : « Le vin corrompt les sages ».
Tenir silence

23. Quand les frères sortent des complies, aucune permission ne doit être donnée pour parler publiquement, à moins d’une grande nécessité. Mais que chacun s’en aille sagement et en paix dans son lit. S’il a besoin de parler à son écuyer, qu’il lui dise ce qu’il a à lui dire bellement et en paix. Mais si, par aventure, le jour n’a pas suffit à accomplir le travail et qu’il ait besoin de parler pendant les complies, pour une grande nécessité ou pour les besoins de la chevalerie ou pour l’état de la maison, nous entendons que le maître ou une partie des frères anciens qui ont à gouverner la maison après le maître, puissent parler convenablement, et nous demandons que ce soit fait de cette manière.

24. Car il est écrit : In multiloquio non effugies peccatum, c’est à dire que trop parler incite au péché. Et en autre lieu : Mors et vita in manibus lingue, ce qui veut dire : « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue ». A celui qui parle, nous défendons, en toute manière, les paroles oiseuses et les vilains éclats de rire. Et si aucune chose n’est à dire de ce qui est dit ci-dessus, lorsque vous viendrez dans votre lit, nous vous commandons de dire l’oraison patenôtre avec humilité et dévotion.
Des frères souffrants

25. Les frères qui sont fatigués, pour avoir veillé au plus grand bien de la maison, peuvent être dispensés es matines, après avoir demandé l’assentiment et la permission du maître ou de ceux qui sont chargés de cet office. Ils doivent, cependant, dire pour les matines treize patenôtres, comme il est établi ci dessus, afin que la parole s’accorde avec le coeur, ainsi que le dit David : Psallite sapienter, c’est à dire : « Chantez avec sagesse ». Et, comme le dit ailleurs le même David : In conspectu angelorum psallam tibi, c’est à dire : « Je chanterai pour toi devant les anges ». Que cette chose soit faite suivant l’arbitrage du maître et de ceux qui sont nommés à cet office.
De la vie en commun

26. On lit dans la Sainte Ecriture : Dividetur singulis prout cuique opus erat, c’est à dire : « Qu’à chacun soit donné suivant ses besoins ». Pour cela, nous demandons qu’aucune personne ne soit choisie entre vous, mais que chacun soit prévoyant des malades, et que celui qui est mal à l’aise rende grâces à Dieu et ne se tourmente pas, mais s’humilie pour s’affermir et ne s’agenouille pas par pénitence. De cette manière, tous les membres seront en paix. Et nous défendons que quiconque fasse abstinence sans mesure ; mais qu’il vive fermement de la vie commune.
Des robes des frères

27. Nous demandons que toutes les robes des frères soient teintes d’une même couleur, à savoir blanche, noire ou de bure, et nous octroyons le manteau blanc à tous les frères chevaliers, en hiver comme en été. A nul autre, qui n’est pas chevalier du Christ, il n’est permis de porter le blanc manteau. Et que ceux qui ont abandonné la vie ténébreuse du monde, à l’exemple de ces robes blanches, puissent se reconnaître comme réconciliés avec le Créateur : ce qui signifie que la blancheur sanctionne la chasteté. La chasteté est la sûreté du courage et la santé du corps, car si un frère ne promet pas la chasteté, il ne peut venir au repos éternel, ni voir Dieu, comme le dit l’apôtre : Pacem sectamini cum omnibus et castimoniam sine qua nemo Deum videbit, ce qui veut dire : « Recherchez la paix avec tous, gardez la chasteté sans laquelle personne ne peut voir Dieu ».

28. Par le commun conseil de tout le chapitre, nous contredisons et ordonnons que soit reconnu comme un vice familier celui qui, sans discrétion, serait dans la maison de Dieu et des chevaliers du Temple. Que les écuyers et les sergents n’aient pas de robe blanche, car ce serait grand dommage pour la maison. Il advint, dans les parties d’outre-mont, que de faux frères, mariés ou autres, surgirent en disant qu’ils étaient frères du Temple alors qu’ils étaient du siècle. Ils nous procurent honte et dommage, ainsi qu’à l’ordre de la chevalerie. Que, pour cela, les écuyers ne s’enorgueillissent pas car, à cause de cette chose, ils firent naître plusieurs scandales. Donc, qu’il leur soit donné des robes noires, qu’ils mettent, si l’on ne peut trouver d’autre toile, que l’on trouvera dans la province, des toiles qui seront données ou encore qui sera le plus vil, à savoir la bure.

29. Mais ces robes doivent être sans superflu et sans orgueil. Et si nous avons décidé qu’aucun frère n’ait de fourrure, ni de pelisse à sa robe, ni autre chose qui appartienne à l’usage du corps, ni même une couverture, nous autorisons celle d’agneau ou de mouton. De toute manière, nous ordonnons à tous que chacun ne puisse se vêtir ou se dévêtir, se chausser ou se déchausser, comme un bon lui semble. Et le drapier, ou celui qui tient sa place, se doit de pourvoir et de penser à avoir le don de Dieu en toute chose, comme il est dit : que les yeux des envieux et des mauvais ne puisse noter quelque chose sur les robes qui sont données ; quelles ne soient ni trop longues, ni trop courtes, mais qu’elles soient à la mesure de ceux qui doivent en user. Le drapier, ou celui qui tient sa place, doit les répartir suivant les besoins de chacun.

30. Et si un frère, par un mouvement d’orgueil ou par présomption de courage, veut avoir, comme une chose qui lui est due, la plus belle ou la meilleure robe, qu’il lui soit donné la plus vile. Ceux qui reçoivent des robes neuves doivent rendre les vieilles pour les donner aux écuyers et aux sergents, mais le plus souvent aux pauvres, selon ce qui semblera meilleur à celui qui tient cet office.
Des draps de lit

31. Nous demandons que chacun ait des robes et le nécessaire pour le lit, suivant la prévoyance du maître. Nous entendons que cela suffise à chacun, après le sac, le coussin et la couverture. A celui à qui il en faudra en plus, nous autorisons une carpite et, en tout temps, il pourra user d’une couverture de linge, c’est-à-dire en peluche de fil. Et, en tout temps, les frères seront vêtus de chemises et de braies, de chausses et de ceintures ; dans le lieu où ils dormiront, qu’il y ait une lumière jusqu’au matin. Le drapier doit donner aux frères des habits bien taillés afin qu’ils puissent avoir bon aspect devant et derrière. De cette manière, nous ordonnons fermement qu’ils aient la barbe et la moustache sans qu’aucune superfluité de vice ne puisse être notée en leur tenue.
Des becs et des lacets de souliers

32. Nous défendons les becs et les lacets de souliers et nous défendons que quelqu’un en ait. Et, à tous ceux qui servent la maison à temps, nous ne l’octroyons pas non plus et nous contredisons de toute façon qu’ils aient des souliers avec des becs et des lacets, car cette chose est connue pour être abominable et réservée aux païens. Qu’ils n’aient pas non plus de choses superflues dans les cheveux et les robes ; car ceux qui servent le Souverain Créateur doivent nécessairement être nés dans et hors la garantie de Dieu qui dit : Estote mundi quia ego mundus sum, c’est-à-dire : « Sois net, comme je suis net ».
Des bêtes et des écuyers

33. Chaque frère chevalier peut avoir 3 bêtes et pas plus, à moins qu’il n’ait une permission du maître, et cela à cause de la grande pauvreté qui est actuellement dans la maison de Dieu et du Temple de Salomon. A chaque frère chevalier, nous octroyons donc d’avoir trois bêtes et un écuyer ; et si cet écuyer sert de son propre gré et pour la charité, le frère ne doit pas le battre pour quelque faute qu’il fasse.
Des chevaliers séculiers qui servent à terme

34. Pour tous les chevaliers séculiers qui désirent, par pure volonté, servir à terme avec Jésus-Christ et avec la maison du Temple de Salomon, nous commandons d’acheter, avec loyauté, un cheval convenable, des armes et tout ce qui leur sera nécessaire pour leurs besoins. Ensuite, nous demandons aux deux parties de mettre le cheval à prix et de noter le prix par écrit pour qu’il ne soit pas oublié. Que les choses nécessaires à la vie de l’écuyer, du chevalier et du cheval, comme les fers pour le cheval, leur soient donnés selon l’aisance de la maison et par fraternelle charité. Si d’aventure, pendant le terme, le cheval venait à mourir au service de la maison, et que la maison puisse le faire, le maître lui en donnerait un autre. Si, à la fin du terme, le chevalier désire rentrer dans son pays, la moitié du prix du cheval sera laissée par charité à la maison par le chevalier et l’autre moitié, s’il le veut, il la recevra comme aumône de la maison.
Comment doivent aller les frères

35. Il est une chose convenable à tous les frères qui sont profès, que pour faire le saint service et pour avoir la gloire du souverain bien et pour éviter le feu de l’enfer, qu’ils aient une ferme obéissance à leur maître. Car aucune chose n’est plus chère à Jésus-Christ que l’obéissance. Que lorsqu’une chose sera commandée par le maître ou par celui à qui le maître en aura donné le pouvoir, qu’elle soit faite sans aucune réserve, comme si c’était Dieu qui l’avait commandée. Comme dit Jésus-Christ par la bouche de David, et c’est la vérité : Ob auditu auris obedivit mihi, c’est à dire : « Il m’a obéi dès qu’il m’a entendu ».

36. Pour cela, nous demandons à tous les frères qui ont abandonné leur propre volonté, comme à tous ceux qui servent à terme, de ne point aller dans la ville ou dans la cité sans la permission du maître ou de celui qui tiendra sa place, excepté de nuit, au Sépulcre et aux lieux de prières qui se trouvent dans les murs de la cité de Jérusalem.

37. Ainsi peuvent aller les frères et ils ne peuvent pas aller d’une autre manière, ni de jour, ni de nuit. Lorsqu’ils sont en arrêt à l’herbage, aucun frère, ni écuyer, ni aucun sergent ne doit aller au campement d’un autre pour le voir ou pour parler avec lui sans permission, comme il est dit ci-dessus. Nous commandons aussi, par le commun conseil de la maison et qui est ordonné par Dieu, qu’aucun frère ne combatte, ni ne se repose selon sa propre volonté, mais selon les commandements du maître auxquels tous doivent se soumettre. Qu’ils s’efforcent de suivre cette sentence de Jésus-Christ, qui dit Non veni facere voluntatem meam, sed ejus qui misi me patris, c’est-à-dire : « Je ne viens pas faire ma volonté mais la volonté de mon père qui m’a envoyé ».
Que personne ne demande

38. Nous commandons de garder proprement cet usage et de le garder fermement entre tous les autres : qu’aucun frère ne demande le cheval d’un autre, ni ses armures. Il sera donc pratiqué de cette manière : si l’infirmité d’un frère ou la faiblesse de ses bêtes ou de ses armures sont reconnues telles que le frère ne puisse aller à la besogne de la maison sans dommage, qu’il vienne trouver le maître et qu’il lui montre son cas en pure foi, ou à celui qui tient cette place après le maître et, qu’en vraie fraternité, il demeure à la disposition du maître ou de celui qui tient sa place.
Que nul frère n’ait de harnais dorés

39. Nous défendons totalement que les frères aient de l’or et de l’argent à leurs brides, à leurs étriers et à leurs éperons. Si cela arrivait, qu’ils les mettent de côté. Mais s’il advient qu’un vieil harnais leur soit donné par charité, que l’or et l’argent soit gratté afin que la beauté resplendissante ne soit pas vue des autres, non plus que l’orgueil qu’on en peut ressentir. Mais si c’est un harnais neuf qui est donné, c’est le maître qui le fera.
Du maître

40. Le maître peut donner à qui il veut le cheval d’un autre frère ainsi que ses armures et ce qu’il voudra. Le frère à qui cette chose sera donnée, ou aura été ôtée, ne doit pas se courroucer, car sachez bien que s’il se courrouçait, il le ferait contre Dieu.
Des serrures

41. Sans la permission du maître ou de celui qui est à sa place, aucun frère ne peut avoir de loquet, ni dans son sac, ni dans sa malle. A cela ne sont pas tenus les commandeurs des maisons ni des provinces, ni même le maître. Sans autorisation du maître ou de son commandeur, un frère ne doit recevoir de lettres ni de ses parents, ni d’autres personnes ; mais lorsqu’il en aura la permission, les lettres seront lues devant lui, si cela plaît au maître ou au commandeur.
Que nul ne se glorifie de ses fautes

42. Bien que toutes les paroles oiseuses soient connues généralement pour être un péché, que devront dire ceux qui s’en glorifient, devant Jésus-Christ, le juge suprême, nous démontrons ce que dit le prophète David : Obmutui et silui a bonis, c’est à dire que l’on doit se garder même de bien parler et observer le silence. Ainsi, pour fuir le péché, on doit cesser et s’interdire de mal parler. Nous défendons et contredisons fermement qu’un frère raconte à un autre frère les procès qu’il a eus dans le siècle, ce qui est une mauvaise chose en travail de chevalerie, et qu’il narre aussi les délits de chair auxquels il a pu succomber avec des femmes assujetties. Et s’il advenait qu’un frère l’entende raconter d’un autre frère, qu’il le fasse taire aussitôt ; et s’il n’y parvenait pas, qu’il abandonne aussitôt sa place et ferme les oreilles de son coeur à ce marchand d’huile.
Des dons séculiers

43. Si, par grâce, une chose qui ne peut être conservée, comme la viande, est donnée à un frère par un homme du siècle, il doit aussitôt présenter ce don au maître ou au commandeur de la viande. Mais s’il advient qu’un de ses amis ou un parent ne veuille le donner qu’à lui, il ne peut le prendre sans congé du maître ou de celui qui tient sa place. A ce commandement, nous voulons que soient tenus les commandeurs et les baillis, auxquels cet office est spécialement demandé.
Des victuailles

44. Ce commandement, établi par nous, est une chose profitable que tous doivent garder et pour cela nous demandons fermement que rien ne soit gardé et qu’aucun frère ne possède rien, ni victuaille, ni linge, ni laine, ni autre chose, hormis son sac.
Comment ils doivent changer

45. Sans congé du maître ou de celui qui tient sa place, aucun frère ne doit changer une chose avec une autre, ni ne doit demander si cette chose est petite ou vile.
De la chasse

46. Ensemble, nous contredisons qu’un frère prenne un oiseau avec un autre oiseau. Il ne convient pas à des religieux de se procurer des plaisirs, mais d’entendre volontiers les commandements de Dieu et d’être souvent en prière, pour reconnaître chaque jour, avec Dieu, par des larmes et des pleurs, le mal qui l’aura tué. Qu’aucun frère ne cherche à accompagner spécialement un homme qui tue un oiseau avec un autre oiseau. Il est plus convenable à tout homme religieux d’aller simplement et humblement, sans rire et sans parler, raisonnablement et sans hausser le ton. Et pour cela, nous commandons spécialement à tous les frères qu’on ne les voie pas dans les bois avec des arcs et des arbalètes pour chasser les bêtes, ni avec l’homme qui chasse, à moins que ce ne soit pour le préserver des délits païens. Vous ne devez pas non plus aller après les chiens, ni crier, ni bavarder, ni pointer le cheval pour tenter de capturer une bête sauvage.
Du lion

47. Il est une chose que vous devez considérer comme une dette, ainsi que le fit Jésus-Christ : défendre la terre des mécréants païens qui sont les ennemis du fils de la Vierge Marie. Cette défense de chasser, dite ci-dessus, ne s’entend pas du lion, car il tourne et cherche qui il peut dévorer, les mains levées contre tous et toutes les mains levées contre lui.
Des jugements

48. Nous savons, pour l’avoir vu, que les persécuteurs sont sans nombre et que les gens aiment les querelles et s’efforcent de tourmenter cruellement leurs amis et les fidèles de la Sainte Eglise. Aussi, par la claire sentence de notre concile, nous défendons d’écouter quelqu’un, dans les parties d’Orient ou en autre lieu, mais, à cause de la faiblesse des hommes et par amour de la vérité, nous commandons de juger l’affaire, si l’autre partie veut accepter. Que ce même commandement soit tenu à tout jamais pour toutes choses qui vous seront dites ou enlevées.
Comment peut-on avoir des terres et des hommes

49. Cette manière de nouvelle religion, nous croyons qu’elle prit naissance dans la sainte Terre d’Orient par la Divine Ecriture et par la Divine Providence. Nous faisons savoir que cette chevalerie armée doit, sans culpabilité, tuer les ennemis de la Croix. Pour cela, nous jugeons par droit que vous soyez appelés chevaliers du Temple, avec le double mérite de beauté et de prouesse, et que vous puissiez avoir des terres, des hommes, des vilains, tenir des champs et les gouverner avec justice et prendre votre droit de ces choses comme cela est spécialement établi.
Des frères malades

50. Aux frères malades, qu’il soit donné une fidèle garde et une grande bonté et qu’il soient servis selon ce que dit l’Evangile et Jésus-Christ : « Infirmus fui et visitastis me, c’est-à-dire : « Je fus malade et vous m’avez visité ». Que cela ne soit jamais oublié, car les frères qui sont malades doivent être traités en paix et avec soin : on gagne le règne du paradis si l’on fait un tel service avec foi. Nous commandons donc à l’infirmier qu’il se pourvoie soigneusement et fidèlement des choses qui sont nécessaires aux divers malades, commes les viandes, les chairs, les oiseaux et toutes les autres viandes qui rendent la santé, et ce la selon l’aisance et le pouvoir de la maison.
De la paix

51. Chaque frère se doit de ne pas inciter son frère au courroux, ni à la colère, car la grande pitié de Dieu protège le frère puissant comme le faible, et cela au nom de la charité.
Des frères mariés

52. Si des frères qui sont mariés demandent la fraternité et le bénéfice des prières de la maison, nous vous octroyons de les recevoir de la manière suivante. Qu’après leur mort ils vous donnent la part de leur bien et tout ce qui affèrera. Entre-temps, ils doivent mener une honorable vie et s’efforcer de faire du bien aux frères. Mais ils ne doivent jamais porter des robes blanches, ni les blancs manteaux ; mais si le baron meurt avant sa femme, les frères doivent prendre la part de ses biens, et l’autre part, la dame en aura jouissance pendant toute sa vie. Il ne semblerait pas juste aussi que de tels confrères habitasses dans une maison où les frères ont promis la chasteté à Dieu.
Des soeurs

53. La compagnie des femmes est une chose dangereuse. Nombreux sont ceux, que par la fréquentation des femmes, le Diable a rejetés du droit sentier du paradis. Que les dames, en qualité de soeurs, ne soient jamais reçues en la maison du Temple. Pour cela, très chers frères, comme il est dit ci-dessus, il ne convient pas de vous accoutumer de cet usage et que la fleur de chasteté apparaisse en tout temps entre vous.
Des chevaliers excommuniés

54. En aucune manière, un homme excommunié ne doit avoir de compagnie avec les frères du Temple. Et cela, nous vous le défendons fermement, parce que c’est pour une chose honteuse qu’il fut excommunié. Mais s’il lui est seulement interdit d’entendre le service de Dieu, on peut bien user de relations avec lui et prendre son bien par charité, suivant la permission du commandeur.
Comment on doit recevoir les frères

55. Si un chevalier séculier, ou tout autre homme, veut s’en aller de la masse de perdition et abandonner ce siècle et choisir la vie commune du Temple, ne vous pressez pas trop de le recevoir. Car ainsi le dit messire saint Paul : Probate spiritus si ex Deo sunt, c’est-à-dire : « Eprouvez l’esprit pour voir s’il vient de Dieu ». Mais pour que la compagnie des frères lui soit donnée, que la règle soit lue devant lui et s’il veut obéir à ses commandements, s’il plait au maître et aux frères de le recevoir, qu’il montre sa volonté et son désir aux frères assemblés en chapitre et devant tous et qu’il fasse sa demande avec courage.
Des frères envoyés

56. Les frères qui sont envoyés à travers les diverses contrées et les diverses parties du siècle doivent s’efforcer de pratiquer les commandements de la règle selon leur pouvoir, et ils devront vivre sans reprendre des viandes ou du vin ou autre chose afin qu’ils donnent un bon témoignage à ceux qui sont dehors. Qu’ils ne faillissent en rien dans le propos de l’ordre et qu’ils donnent l’exemple des bonnes oeuvres et de la sagesse. Et même chez ceux où ils séjourneront et chez celui dans la maison duquel ils hébergeront, qu’ils soient honorés de bien et de bonté. Et si cela peut se faire, que la nuit ne soit pas sans lumière dans cette maison ou s’ils guerroient ou s’ils sont à l’herbage, afin que l’ennemi ténébreux ne leur donne raison du péché, ce dont Dieu les défende.
De la confiance des sergents

57. Pour les écuyers et les sergents qui veulent servir à la charité du Temple, pour le salut de leur âme et à terme, venant de diverses provinces, il nous semble profitable qu’ils soient reçus en toute confiance, pour que les ennemis envieux ne les mettent en courage de se repentir, ni ne leur retirent leurs bons propos.
De ne pas recevoir les enfants

58. Malgré que la règle des saints pères accepte de recevoir les enfants en religion, nous ne vous conseillons pas de vous en charger. Car celui qui voudra donner pour toujours son enfant à la religion de la chevalerie doit le nourrir jusqu’à l’heure où il pourra porter les armes et arracher de la terre les ennemis de Jésus-Christ. Mais si, auparavant, le père et la mère le conduisent à la maison et font savoir aux frères ce qu’ils veulent, il est meilleur qu’ils s’en abstiennent de le recevoir tant qu’il est enfant, car il est meilleur qu’il ne se repente pas lorsqu’il atteindra la maturité. Et dès ce moment, qu’il soit mis à l’épreuve selon la prévoyance du maître et selon l’honnêteté de celui qui demande la fraternité.
Des vieux frères

59. Nous commandons par pieux égard que les vieux frères et les faibles soient honorés et soient traités selon leur faiblesse et suivant l’autorité de la règle pour les choses qui sont nécessaires à leur corps et que rien ne leur soit retenu en aucune manière.
Du conseil

60. Le maître doit connaître la sagesse des frères qui sont appelés en conseil, ainsi que le profit de leur conseil ; car nous le commandons de cette manière et non pas à tous : lorsqu’il advient qu’ils aient à traiter de choses importantes, comme donner une terre de l’ordre, ou parler des affaires de la maison ou recevoir un frère, s’iI plaît au maître, il est convenable de réunir toute la congrégation et d’entendre le conseil de tout le chapitre. Ce qui semblera plus profitable et meilleur au maître, qu’il le fasse alors.
Des chevaliers excommuniés

61. Là où vous saurez qu’il y a une réunion de chevaliers excommuniés. ncus vous commandons d’y aller. Si aucun ne veut se rendre et s’ajouter à l’ordre de chevalerie des parties d’outre-mer, songez au salut éternel de leurs âmes et non seulement au profit temporel. Nous vous commandons, par cette condition de réception, qu’il aille d’abord devant l’évêque de la province et qu’il fasse savoir son propos. Lorsque l’évêque l’aura entendu et absous, s’il l’envoie au maître et aux frères du Temple et si sa vie est honnête et digne de leur compagnie, s’il semble bien au maître et aux frères, qu’il soit reçu avec miséricorde. Mais s’il meurt entre-temps, à cause de la crainte et du travail dont il aura souffert, qu’il lui soit donné tous les bénéfices de la fraternité comme à l’un des pauvres chevaliers du Temple.
Des dîmes

62. Vous qui avez abandonné les délicieuses richesses de ce siècle, nous pensons que vous êtes opprimés de par bonne volonté, à vous qui vivez en communauté, nous vous conservons l’avoir des dîmes. Si les évêques du lieu où la dîme doit être rendue par le droit, veulent vous la donner par charité, avec l’assentiment du chapitre de cette même église, il peut le faire. Mais si un homme laïc retire les dîmes de son patrimoine et à son dommage, contre l’église, et veut vous les laisser, il peut le faire par la concession du prélat et de son chapitre.
Des fautes

63. Si un frère fait une faute, en chevauchant ou en parlant ou en toute autre manière, il doit, de son propre gré, montrer la faute au maître et il doit le faire avec pur courage de satisfaction. S’il n’est pas coutumier de faire des fautes, il en aura une légère pénitence, mais si la faute est trop grave, qu’il se retire de la compagnie des frères, qu’il ne mange, ni ne boive à aucune table, mais seul, et qu’il soit soumis au pardon et au jugement du maître et des frères afin qu’il soit pur au jour du dernier jugement.
Des petites fautes

64. Avant toute chose, nous devons prévoir qu’un frère, puissant ou non, fort ou faible, qui ne veut pas s’amender petit à petit, s’humilier ou défendre sa faute, ne demeure pas sans discipline. S’il veut s’amender, qu’il soit mis à la plus petite peine. Mais s’il refuse de se plier à de petites admonestations et si malgré les prières faites pour lui à Dieu, il ne s’amende pas et s’enorgueillit de plus en plus, qu’il soit ôté du petit troupeau suivant ce que dit l’apôtre : Auferte malum ex vollis, c’est-à-dire : « Enlevez les mauvais parmi vous ». Il est besoin que vous enleviez la mauvaise brebis de la compagnie des frères faibles.

65. Mais que le maître, qui doit tenir en sa main le bâton et la verge pour soutenir les faiblesses et les forces des uns – la verge pour guérir les vices de ceux qui fauteront – par amour du droit et par conseil du patriarche, étudie ce qu’il doit faire comme le dit monseigneur saint Maxime : « Que la bonté ne soit plus grande que la faute et qu’aucune détresse démesurée ne fasse retourner le pécheur à mal faire ».
Des chemises

66. Parmi toutes les choses, nous commandons, avec miséricorde, qu’à cause de la grande chaleur qu’il y a en pays d’Orient, de Pâques à la Toussaint, par grâce et non par devoir, il soit donné à chaque frère une chemise de toile pour celui qui voudra en user.
Du murmure

67. Nous vous commandons de fuir comme la peste : l’envie, le murmure et la calomnie. Ainsi donc que chacun se garde avec sagesse de ce que dit l’apôtre : Ne sis criminator et susurro in populo, c’est-àdire : « ne fais pas de blâmes, ni ne sois médisant du peuple de Dieu ». Mais lorsqu’un frère connaîtra clairement que son frère a fauté, en paix et avec fraternelle pitié, qu’il soit corrigé entre eux deux en privé ; s’il ne veut rien entendre, il ajoute un autre frère et s’il méprise l’un et l’autre, qu’on le reprenne devant le chapitre. Car ceux qui méprisent les autres sont atteints de grande cécité et beaucoup sont remplis de malheur. Qu’on se garde de porter envie les uns sur les autres afin de ne pas être plongés dans la vilenie du démon.
Qu’ils n’aient pas de familiarités avec les femmes

68. Nous croyons qu’il est une chose périlleuse à toute religion de regarder les femmes en face. Et pour cela qu’aucun d’entre vous ne présume pouvoir embrasser une femme, une veuve, une pucelle ni sa mère, ni sa soeur, ni sa tante, ni aucune autre femme. Ainsi donc, la chevalerie de Jésus-Christ doit fuir de toute manière d’embrasser les femmes par quoi les hommes ont continué maintes fois de tomber ; qu’ils puissent conserver et demeurer perpétuellement devant Dieu avec pure conscience et une vie sûre.
Des couvertures

69. Qu’aucun frère n’ait de couverture, ni pour l’écu, ni pour la lance, car ce n’est d’aucun profit, ainsi nous entendons que ce soit grand dommage.
Des prêtres et des clercs qui servent par charité

70. Toutes les offrandes de toutes sortes et de quelque manière qu’elles seront faites aux chapelains et aux clercs et à ceux qui servent à terme, par l’universalité du commun concile, nous commandons de les rendre. Les serviteurs de l’Eglise, selon l’autorité du nom de Dieu, ont la viande et la robe et ne peuvent prétendre à autre chose à moins que le maître, de son bon gré, ne leur donne par charité.
Des chevaliers séculiers

71. Sont chevaliers de la maison de Dieu et du Temple de Salomon ceux qui servent par miséricorde et qui demeurent près de vous. Donc nous, par pitié, nous vous prions et pour la perfection, nous vous commandons fermement que si la puissance de Dieu emmena l’un d’eux pendant son temps, par charité fraternelle qu’un pauvre soit reçu et nourri sept jours pour le repos de son âme et que chaque frère qui sera dans cette maison dise trente patenôtres.
Du baptème

72. Nous commandons à tous les frères qu’aucun ne lève un enfant sur les fonts baptismaux et n’ait aucune vergogne à refuser les compères et les commères et que cette vergogne anime plus la gloire que le péché.

73. Tous les commandements qui sont dits et écrits ci-dessus en cette présente règle sont à la discrétion et à l’égard du maître.
Ce sont les fêtes et les jeûnes que tous les frères du Temple doivent célébrer

74. Qu’il soit connu à tous les frères du Temple présents et à venir qu’ils doivent jeûner les vigiles des douze apôtres, c’est à savoir : saint Pierre et saint Paul, la saint André, saint Jacques et saint Philippe, saint Thomas, saint Barthélemy, saints Simon et Judes, saint Jacques, saint Matthieu, la vigile de saint Jean-Baptiste, la vigile de l’Ascension, et les deux jours avant les rogations ; la vigile de Pentecôte, les Quatre-temps, la vigile de saint Laurent, la vigile de Notre Dame de la mi-aoùt, la vigile de la Toussaint. Pour toutes ces fêtes nommées, ils doivent jeûner selon les commandements du pape Innocent et par le concile qui fut fait dans la cité de Pise. Et si une de ces fêtes tombait un lundi ou un samedi, ils doivent jeûner le jour avant. Si la fête de la Nativité de Notre Seigneur tombe un jour de vendredi, les frères doivent manger de la chair en l’honneur de la fête. Mais le jour de la fête de saint Marc, ils doivent jeûner à cause des Litanies, car cela est établi par Rome pour la mortalité des hommes. Mais si la fête tombe dans les octaves de Pâques, ils ne doivent pas jeûner.
Ce sont les fêtes qui doivent être célébrées en la maison du Temple

75. La Nativité de Notre Seigneur, la fête de saint Etienne, saint Jean l’Evangéliste, les Innocents, les huitaines de Noël qui est le jour du Nouvel An, le baptême, sainte Marie de la Chandeleur, saint Mathias l’Apôtre, l’Annonciation de Notre Dame de mars, la Pâques et les trois jours suivants, la Saint-Georges, Saint Philippe et Saint Jacques, deux apôtres, l’Invention de la Sainte Croix, l’Ascension de Notre Seigneur, la Pentecôte et les deux jours suivants, la Saint-Jean-Baptiste, saint Pierre et saint Paul, deux apôtres, sainte Marie-Madeleine, saint Jacques l’Apôtre, saint Laurent, l’Assomption de Notre-Dame, la Nativité de Notre-Dame, l’exaltation de la Sainte-Croix, saint Matthieu l’apôtre, saint Michel, saint Simon et saint Jules, la fête de tous les saints, saint Martin hors les charrues, sainte Catherine hors les charrues, saint André, saint Nicolas hors les charrues, saint Thomas l’Apôtre.

76. Aucune autre fête plus petite ne doit être célébrée dans l’ordre du Temple. Et nous voulons et conseillons que cela soit gardé et tenu fermement. Tous les frères du Temple doivent jeûner du dimanche avant la Saint-Martin jusqu’à la Nativité de Notre Seigneur, à moins d’une infirmité. S’il advenait que la fête de saint Martin tombât un dimanche, le dimanche avant tous les frères doivent laisser la chair.

A bannieres desployées.

Honneurs deubs de droict.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 14 mai, 2009 |3 Commentaires »

L’Ordre des Umiliati – Les Templiers – Les Femmes

jgjfjhfk.jpg

L’Ordre des Umiliati est un ordre monastique qui a été actif en Lombardie, dans la partie des lacs aujourd’hui suisse italienne, et dans l’Italie du nord pendant les XIIe et XIIIe siècles. Il était caractérisé, comme beaucoup des ordres pénitents de cette époque, par un retour vers une spiritualité plus austère, une vie frugale, en contraste avec la richesse et le pouvoir affichés par le clergé de l’époque.

Les humiliés de Lombardie sont à l’origine une association de travailleurs laïcs mariés qui ont choisi de pratiquer la pauvreté volontaire et de prêcher la pénitence, sans aucun vœux et obligation de vie commune. Selon le Chronicon anonymi Laudunensis canonici, certains d’entre eux se rendent de Milan à Rome en 1178 pour obtenir du pape l’approbation de leur mode de vie. Leur prédication leur vaut d’être condamnés par l’Église en 1184 au concile de Vérone. Le pape Innocent III approuva finalement leur mode de vie ou « Propositum » en 1201, celui des Poveri Cattolici en 1208, et celui des Poveri Lombardi en 1210.

Ils se sont occupés principalement du travail de la laine, fondèrent des manufactures textiles, accumulèrent des gains considérables, avec lesquels ils financèrent l’activité bancaire : comme, par exemple, en 1248, en garantie d’un prêt concédé au chapitre du Dôme de Monza, le couvent Sant’Agata de Monza qui reçut en gage la Couronne de fer et d’autres biens du trésor du Dôme. La couronne fut rachetée seulement en 1319.

Les origines de l’ordre sont obscures. Selon certains chroniqueurs, des nobles de Lombardie, faits prisonniers par l’Empereur Henri V (1081-1125) à la suite d’une révolte, furent gardés captifs en Allemagne. Après avoir endurées les épreuves de l’exil pendant un certain temps, « s’humiliant » devant l’empereur et portant la robe de pénitent, un certain mode de vie leur fit gagner leur libération.

En ce temps-là, il est écrit qu’ils étaient appelés les Berettini, d’après la forme de leur coiffure. Leurs relations avec les marchands de laine allemands leur permirent d’introduire des méthodes innovantes en Italie, favorisant de ce fait l’essor de l’industrie, fournissant du travail aux pauvres et distribuant leurs biens à ceux dans le besoin. Les Umiliati, comme ils furent appelés, doivent être vus à travers le mouvement foisonnant des pénitents au Moyen Age, qui donnèrent naissance à des ordres établis tels que les Franciscains de saint François d’Assise et d’autres encore qui ne furent pas reconnus par l’Eglise.

Retournés dans leur propre pays, les Umiliati prirent contact avec Saint Bernard. Sur son conseil, en 1134, beaucoup d’entre eux, avec l’accord de leur femme, se retirèrent dans un monastère fondé à Milan. Malgré les nombreuses tentatives de Saint Bernard, au commencement de leur vie monastique, les Umiliati n’avaient pas de règle établie. Leur nom Umiliati résulterait de leurs vêtements très simples, qui étaient d’une seule et même couleur contrairement à la mode en ce temps-là. La fraternité s’étendit rapidement et donna naissance à deux nouvelles branches, un « second ordre » composé de femmes, et un « tiers ordre » composé de prêtres. L’ordre des prêtres, une fois formé, déclara son ascendance sur les deux autres branches. Sur le modèle des frères mendiants, comme les Dominicains et les Franciscains, l’ordre des prêtres devint le premier ordre. Leur habit d’origine, couleur cendre, fut remplacé par un vêtement de couleur blanche.

Consolidation de l’ordre

Quelques années plus tard, sur les conseils de saint [Jean de Meda] (env.1159), ils embrassèrent la règle de [saint Benoît], adapté par saint Jean à leurs besoins. Les détails relatant cette réforme sont mal authentifiés, les Acta de Jean de Meda (Acta sanctorum, Sept., vii. 320) étant presque entièrement mis à défaut par la critique contemporaine.

Les « Chronicon anonymi Laudunensis Canonici » (Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, xxvi, 449), indiquent qu’en 1178 un groupe de Lombards vint à Rome avec l’intention d’obtenir du pape l’approbation de la règle de vie qu’ils se s’étaient spontanément choisis. Tout en continuant de vivre dans leur maison, avec leur famille, ils souhaitaient suivre une existence plus religieuse, abandonnant serments et litiges, heureux modestement vêtus et vivant dans un esprit de piété. Le pape approuva leur souhait de vivre humblement mais leur interdit de tenir des rassemblements ou de prêcher en public. Le chroniqueur ajoute que les Umiliati désobéirent et furent donc excommuniés. Un autre détail rapporté est qu’ils reçurent l’assentiment du pape [Innocent III] aux environs de 1201, et de plusieurs de ses successeurs. Le pape Innocent III reconnut une règle à la branche laïque du « tiers ordre » qui ressemblait à la Regula de poenitentia du mouvement franciscain.

Il put y avoir également une tentative d’utiliser les Umiliati pour ramener [les Vaudois] à l’Eglise. La règle des Umiliati interdisait de prononcer des vœux vainement et de prononcer le nom de Dieu pour rien. Elle autorisait la pauvreté volontaire et le mariage, régulait les exercices de piété et approuvait la solidarité qui existait déjà parmi les membres de l’ordre. Plus inhabituelle fut l’autorisation donnée aux frères de se rassembler le dimanche pour écouter la parole d’un frère « à la foi éprouvée et de piété prudente », à condition qu’ils ne discutent pas entre eux ni des dogmes de la foi ni des sacrements.

La « Chronicon Urspergense » (Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, xxiii, 376-377) mentionne les Umiliati comme l’une des deux sectes vaudoises. Une décrétale promulguée en 1184 par le pape Lucius III au Concile de Vérone contre les hérétiques condamne à la fois « les Pauvres Hommes de Lyon » et « ceux qui s’attribuent faussement à eux-mêmes le nom d’Umiliati. » Bien qu’orthodoxe, l’ordre des Umiliati fut toujours entaché d’une certaine suspicion.

Les membres de l’ordre augmentèrent rapidement et un bon nombre d’entre eux furent déclarés saints et bienheureux. Ils formèrent également des associations de commerce et jouèrent un rôle important dans la vie civique de chaque communauté où ils étaient implantés. Les Umiliati ont également laissé quelques églises toujours utilisées aujourd’hui.

Déclin et suppression

Cependant, au fil du temps l’accumulation des possessions matérielles et les limitations du nombre de frères autorisés (ils ne furent pour un temps qu’environ 170 membres répartis entre 94 monastères) mena au laxisme et à de sérieux abus. [Saint Charles Boromée], archevêque de Milan, fut envoyé par le pape [Pie V] pour remédier à la situation. Sa trop grande rigueur dans la réforme provoqua une telle opposition que plusieurs frères en virent à mener un complot. Un des Umiliati, Girolamo Donati, surnommé Farina, tenta d’assassiner Charles. Cela mena à l’éxécution du principal conspirateur par les autorités civiles et la suppression de l’ordre par la Bulle de Pie V du 8 février 1571. Les maisons et les possessions des Umiliati furent léguées à d’autres ordres religieux, notamment les Bernardins et les Jésuites. Une partie de leurs biens fut donnée charitablement.

La branche féminine de l’ordre

Les femmes des premiers Umiliati, qui appartenaient à quelques unes des principales familles de Milan, formaient également une communauté, sous la direction de Clara Blassoni. Elles furent rejointes par tant d’autres femmes qu’il devint nécessaire d’ouvrir un second couvent, dont les membres étaient dévoués au soin des lépreux dans l’hôpital attenant. Les religieuses étaient aussi connues sous le nom des Hospitalières de l’Observance.

Le nombre de monastères augmenta rapidement mais la suppression de la branche masculine de l’ordre, qui administrait leur affaires séculières, amena un retournement important, causant dans de nombreux cas la fermeture de monastères, bien que la congrégation elle-même ne fut pas affectée par la Bulle de suppression.

Les sœurs récitaient les Heures canoniques, jeûnaient rigoureusement et étaient engagées dans d’autres formes de pénitence comme la « discipline » et l’auto flagellation. Certaines communautés gardèrent l’ancien bréviaire de l’ordre tandis que d’autres adoptèrent le Bréviaire Romain. L’habit des religieuses consistait en une robe, un scapulaire blanc sur une tunique gris cendré, le voile était habituellement blanc quoique dans certaines maisons il ait pu être noir. Les sœurs laïques, qui conservèrent le nom de Barettine, étaient habillées de gris. Dans les années 1900, il y avait encore en Italie cinq maisons indépendantes de religieuses Umiliati.

Membres illustres de l’ordre

  • Bonvensin della Riva, maître de grammaire et tertiaire milanais, auteur de De Magnalibus Meldiolani ( « Des Merveilles de la ville de Milan »).
  • Luca Manzoli, évêque de Fiesole et cardinal sous le pape Grégoire XII.
  •  P. Romagnoli, Gli umiliati a Modena (XIII-XIV sec.) (Histoire de la communauté du mouvement des spirituels « Umiliati » à Modène ; liste des personnes ; un acte latin de 1268, un autre de 1341…), Rivista di storia della chiesa in Italia, 1992, (ISSN 0035-6557)

    Lieux de Culte :

    EGLISE DES TEMPLIERS TRANI
    XII Siècle

    via ognissanti 5 – Trani (Bari)
    Téléphone: 0883 494210

    L'Ordre des Umiliati - Les Templiers - Les Femmes dans L'ordre des Templiers spacer

    L’église d’Ognissanti, dite aussi des Templiers, dont les absides se reflètent dans les eaux du port, fut bâtie par l’Ordre des Chevaliers Templiers au cours de la première moitié du XIIè s. Son plan est basilical à trois nefs séparées par une colonnade, sans transept.

    L’entrée de l’église est protégée par un portique, ce qui constitue une singularité de valeur dans l’architecture romane des Pouilles.

    A l’intérieur de l’église sont gardées des peintures de grand intérêt, datant du XVIè siècle.
    Des chevaliers normands de la première croisade, menés par Bohémond de Hauteville, prêtèrent serment dans ces lieux.

     

    Publié dans:L'ordre des Templiers |on 7 mai, 2009 |4 Commentaires »

    Rackam |
    Unité Dharma |
    Thorgrime-le-rancunier |
    Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Mon Chemin
    | l'Islam Vrai
    | Blog de l'Aumônerie Secteur...