Archive pour mars, 2009

Don Fernando Campella Pinto Pereira de Sousa Fontes, actuellement Prince Régent de O.S.M.I.T.H.

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Les Templiers aujourd’hui

 

Jacques de Molay aurait confié ses pouvoirs à Jean Marc Larmenius, à travers une charte, dite Charte de Larmenius dite de

Le 13 février 1324, le décret de transmission perpétue l’Ordre à travers les siècles. Tous les Grand Maîtres signeront cette charte.

En Espagne, en 1319, le Maître de l’Ordre de Calatrava envoie dix chevaliers pour former une nouvelle milice en accord avec le Pape Jean XXII.

Au Portugal, l’Ordre Militaire du Christ est fondé le 15 mars 1319 par l’ancien Maître de l’Odre d’Avis, Frei Gil Mortins, toujours avec l’approbation du Pape Jean XXII.

 

En France, l’Ordre est contraint de vivre dans la clandestinité durant des siècles.  En 1705, le Régent Philippe d’Orléans en devient le Grand Maître et modifie les statuts. 

 

Débus du XIXème siècle, Bernard Raymond Fabré-Palaprat devient Grand Maître. A partir de 1827, l’Ordre n’a plus de Grands Maîtres mais connaît des Régences.

 

 

En 1940, pour prévenir l’Occupation Allemande, le Frère Emile Clément Joseph Vandenberg, Régent depuis 1935, transmet les documents de l’Ordre au Frère Antonio Campello Pinto de Sousa Fonts, Grand Croix et Grand Prieur du Portugal. 

Par Décret Magistral du 23 décembre 1942, il fait transmettre la Régence et la garde de l’Ordre avec tous les pouvoirs, droits et prérogatives de la Grande Maîtrise. 

 

En date du procès-verbal du 20 août 1948, le Prince Régent, Don Antonio Campella Pinto de Sousa Fontes, désigne comme successeur à la régence, son unique fils, Don Fernando Campella Pinto Pereira de Sousa Fontes, actuellement Prince Régent de O.S.M.I.T.H.

Il existe de nos jours divers ordres de chevalerie.

Le Haut magistere de l’Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolomytani (Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem). 

 

Le Haut magistere de l’Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolomytani (Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem). 

L’œuvre et les travaux du Haut Magistere sont imprégnés par le désir d’harmonisation de la personne et de son environnement naturel et social. 

 

Le Haut Magistere propose un cheminement divisé en cinq degrés, à commencer par Chevalier du Temple. 

 

On acquiert les degrés par élévation pour le deuxième, par exaltation pour le 3ème, par  communication pour le 4ème, et par proclamation pour le dernier degré. Bien entendu, chaque degré à ses insignes et bijoux symboliques. 

 

En 1988, le Grand Prieuré Magistral de Suisse s’est rattaché à l’O.O.M.T.H (Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolymitani)

Source: Grand prieuré magistral de Suisse.(http://www.templiers.ch/ )

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 23 mars, 2009 |5 Commentaires »

Règles Pour Etre(s) Humain(s)

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Règles Pour Etre(s) Humain(s)

Un corps t’a été donné. Tu peux l’aimer ou le détester, mais ce sera
le tien pour toute la durie de cette vie.
Tu vas apprendre des leçons. Tu es inscrit(e) dans une école
informelle à plein temps appelée « Vie ». Chaque jour tu auras
l’occasion d’apprendre des leçons dans cette école. Tu pourras aimer
les leçons, ou penser qu’elles sont idiotes ou sans pertinence.
II n’y a pas de fautes, seulement des leçons. La croissance est un
processus d’essai et d’erreur, d’expérimentation. Les expériences
« ratées » font tout autant partie du processus que celles qui
réussissent.
Une leçon sera répitée jusqu’à ce qu’elle soit apprise. Une leçon te
sera présentée sous diverses formes, jusqu’à ce que tu l’apprennes.
Quand tu l’auras apprise, tu pourras passer à la leçon suivante.
Apprendre des leçons ne finit jamais. Il n’y a pas de partie de « Vie »
qui ne contienne de leçon. Si tu es en vie, il y a des leçons à
apprendre.
Ailleurs n’est pas meilleur qu’ »ici ». Quand ton « ailleurs » est devenu
« ici », tu obtiens à nouveau un autre « ailleurs » qui à son tour te
semblera meilleur qu’ »ici ».
Les autres sont essentiellement des miroirs de toi-même. Tu ne peux
aimer ou détester quelque chose chez autrui que si ce quelque chose
reflète une chose que tu aimes ou que tu détestes en toi.
Ce que tu fais de ta « Vie » dépend de toi. Tu as tous les outils,
toutes les ressources dont tu as besoin. Ce que tu en fais dépend de
toi. Le choix t’appartient.
Tes réponses sont en toi. Les réponses aux questions de la « Vie » sont
en toi. Tout ce qu’il te faut, c’est regarder. écouter et faire
confiance.
A mesure que tu t’ouvres à cette confiance, tu te souviendras de plus
en plus de tout ceci.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 20 mars, 2009 |3 Commentaires »

18 MARS 1314

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18 MARS 1314

FIN TRAGIQUE DE NOTRE DERNIER GRAND MAITRE JACQUES DE MOLAY SUR L’ILE DES JAVIAUX DITES ILE AUX JUIFS FACE A NOTRE DAMEAUJOUD’HUI SQUARE DU VERT GALANT SUR L’ILE DE LA CITE A PARIS

SUR LE BUCHER

 

Jacques de Molay

Né entre 1240 à 1250, fut le 23e et dernier Maître de l’Ordre du Temple.
Il s’était distingué par sa valeur au combat en Terre sainte avant d’accéder à la tête de l’ordre mais, une fois en France, il se montra piètre politique face à Philippe IV le Bel, Guillaume de Nogaret et Enguerrand de Marigny, et il ne put empêcher la chute de son ordre. Son nom est un des plus connus parmi les Templiers (avec le fondateur de l’Ordre Hugues de PAYNS), bien que l’on ne dispose que de peu d’informations sur les deux premiers tiers de sa vie.
Lors de son élection, qui eut lieu avant le 20 avril 1292, Jacques de Molay promit de réformer l’ordre et de l’adapter à la situation prévalant désormais en Terre sainte. L’ordre traversait en effet une grave crise d’identité provoquée par la disparition des États latins d’Orient consécutive à la chute en mai 1291 de Saint Jean d’Acre : créé au départ pour assurer la protection des pèlerins, l’ordre du Temple avait rapidement été amené à participer à la défense des États latins d’Orient, dont la survie était perçue comme la meilleure des protections pour les pèlerinages. Deux décennies plus tard, Jacques de Molay ne réussit pas à sortir vainqueur de la procédure inquisitoriale lancée contre le Temple. Il mourut le 18 mars 1314 sur un bûcher dressé sur l’Île de la Cité à Paris. L’exécution fut mise en œuvre par le roi de France Philippe le Bel, après que l’Église eut remis Jacques de Molay au bras séculier car le templier était revenu sur ses aveux (ainsi que Geoffroy de Charnay), ce qui faisait de lui un relaps.

Sa jeunesse
Il est aujourd’hui communément admis1 que le lieu de naissance du dernier Maître de l’Ordre du Temple se situe à Molay en Haute-Saône, dans l’actuel canton de Vitrey-sur-Mance, à la limite de la Haute-Marne, en Franche-Comté. Son lieu de naissance donna lieu à polémique car il y a un autre village dénommé Molay en Franche-Comté mais dans le Jura. La famille De Molay, du village de Molay en Haute-Saône, était semble-t’il de petite noblesse, le seigneur de Molay étant vassal du seigneur de La Rochelle, un village voisin distant de 2 kilomètres. C’est à cause de cette modeste descendance que le doute s’installa au XIXe siècle. Le principal indice d’une naissance de Jacques de Molay à Molay en Haute-Saône réside dans le témoignage de Jacobus de Rupella (Jacques de La Rochelle), parrain de l’accusé, lors de son procès.
La date exacte de sa naissance reste inconnue, mais Jacques de Molay expliqua aux juges qui l’interrogeaient à Paris le 24 octobre 1307 qu’il avait rejoint les templiers 42 ans plus tôt. Sachant que l’âge minimum pour entrer à l’Ordre du Temple était de dix-huit ans (article 58 de la Règle), on peut en déduire qu’il devait être né aux alentours de 1244 ou 1245. Plusieurs documents historiques indiquant cependant que de jeunes hommes de moins de vingt ans avaient été acceptés dans l’Ordre, il faut rester prudent sur cette datation. Quoi qu’il en soit, interrogé sur le même sujet quelques mois plus tard, en août 1308 par les envoyés du pape à Chinon, Jacques de Molay répéta qu’il avait été admis 42 ans auparavant, soit en 1266.

Réception dans l’ordre du Temple
Il fut reçu dans l’ordre en 1265 à la commanderie de Beaune par Humbert de Pairaud, qui occupait le poste de Visiteur de France et d’Angleterre. À cette occasion, Amaury de La Roche, maître en France et ami du roi de France Louis IX, était présent. Indépendamment de Guillaume de Beaujeu, qui fut élu maître de l’ordre en 1273, Jacques de Molay se rendit en Orient aux environs de 1270. Il passa de longues années en Outremer, mais on sait qu’il était en France en 1285. On ne connaît pas les postes qu’il aurait occupé, ni en France ni en Orient, ou s’il était présent au moment de la chute de Saint-Jean-d’Acre, la dernière forteresse croisée tombée au terme d’un long siège mené par les Mamelouks.

Blason de Jacques de Molay comme grand maître
Le Maître de l’Ordre du Temple

L’activité militaire
Jacques de Molay dirigea l’Ordre du Temple de 1292 à 1312, date à laquelle le pape Clément V abolit à tout jamais l’ordre en fulminant la bulle pontificale Vox in excelso. Cependant, on connaît peu de choses sur la vie du dernier Maître du Temple avant la date de son accession à la tête de l’ordre.
À la chute de Saint Jean d’Acre, les Francs qui en eurent la possibilité se retirèrent à Chypre, terre chrétienne la plus proche de Jérusalem, ce que firent Jacques de Molay et Thibaud Gaudin, le 22e Maître de l’Ordre du Temple. La maison cheftaine de l’ordre fut alors installée à Limassol.
Lors d’un chapitre général de l’Ordre, qui se réunit sur l’île à l’automne 1291, Jacques de Molay prit la parole et se présenta comme une alternative et un réformateur possible de l’ordre. Thibaud Gaudin mourut avant le 16 avril 1292, laissant la maîtrise ouverte à Jacques de Molay. Il n’y avait pas de concurrents sérieux pour cette tâche et Jacques de Molay remporta l’élection organisée avant le 20 avril, comme l’indique un document conservé aux archives de la Couronne d’Aragon qui reconnaît déjà à cette date Jacques de MOLAY comme le nouveau Maître de l’Ordre du Temple. Cependant, au moment du procès, un certain sergent du Faur parle d’une compétition entre Jacques de MOLAY et Hugues de Pairaud, Visiteur en France.
Cependant une fois élu, Demurger remarque que nous n’avons pas trace de contestation de l’autorité de Jacques de MOLAY sur l’Ordre, même par Hugues de Pairaud.
À peine élu, le maître dut se consacrer de toute urgence aux dossiers les plus lourds du moment, à savoir des questions liées à Chypre, à l’Arménie et à la Cilicie. Ces deux royaumes étaient en effet sous la menace d’une attaque par les mamelouks.
Au printemps 1293, il quitta Chypre pour un voyage de trois ans en Occident, pour la tenue de deux chapitres généraux de l’ordre, tout d’abord à Montpellier en 1293 et ensuite à Arles en 1296. Son voyage le conduisit en Provence et en France, mais aussi en Catalogne, en Italie et en Angleterre. Il profita de son passage pour régler plusieurs problèmes internes et locaux, mais son principal objectif était de solliciter l’aide des souverains et de l’Église pour la reconquête de la Terre Sainte, le renforcement de la défense de Chypre et la reconstruction des forces templières. Le lancement d’une nouvelle croisade semblait possible, mais un sujet problématique fut alors soumis à Jacques de Molay : la fusion des ordres du Temple et de l’Hôpital. En effet la rivalité indéniable entre les ordres du Temple et de l’Hôpital avait un impact désastreux en Occident, où elle était perçue comme une raison des défaites en Orient. Le maître de l’ordre du Temple s’opposa fermement à plusieurs reprises à une telle hypothèse. Il est vrai que lorsque les circonstances le demandaient, les deux ordres savaient faire cause commune. En l’état de la documentation disponible, nous ne connaissons pas le point de vue de l’ordre de l’Hôpital sur cette question.
Durant ce voyage, Jacques de Molay établit des liens étroits avec le pape Boniface VIII et des rapports de confiance avec les rois Edouard Ier d’Angleterre, Jacques Ier d’Aragon et Charles II de Naples. On ne sait en revanche rien de ses rapports d’alors avec le roi de France Philippe le Bel.
L’offensive franco-mongole de 1300-1301 en Terre Sainte.
À l’automne 1296, Jacques de MOLAY était de retour à Chypre afin d’y défendre son ordre contre les velléités de Henri II de Chypre dans un conflit qui remontait à l’époque où Guillaume de Beaujeu était à la tête de l’Ordre du Temple (soit avant 1291).
De 1299 à 1303, Jacques de MOLAY plaida en faveur d’une alliance avec les Mongols contre les Mamelouks. Selon ce plan, les ordres militaires chrétiens, le roi de Chypre, l’aristocratie chypriote et du Royaume de Petite-Arménie et les Mongols du khanat des Houlagides (situé sur le territoire de l’Iran actuel) devaient coordonner leurs efforts. D’ailleurs, en 1298 ou 1299, Jacques de MOLAY stoppa une invasion mamelouk avec une force militaire en Arménie, sans doute à cause de la perte de Roche Guillaume, dernier bastion templier en Cilicie. Néanmoins, lorsque le khan mongol de Perse, Ghazan, remporta la troisième bataille de Homs en décembre 1299 contre les troupes mamelouks, le camp chrétien ne sut pas en tirer avantage.
En 1300, Jacques de MOLAY lança plusieurs raids templiers le long des côtes syriennes et égyptiennes pour affaiblir les lignes d’approvisionnement ennemies et harceler les Mamelouks. En novembre de la même année, il participa en personne à la prise de la petite île fortifiée de Ruad (l’actuelle Arouad) qui fait face à la ville syrienne de Tortose. Il s’agissait d’établir une tête de pont, conformément à l’accord conclu avec les Mongols, mais ces derniers ne se montrèrent ni en 1300, ni durant les deux années suivantes. En septembre 1302, les Templiers furent chassés de Ruad par les forces mamelouks venues d’Égypte, après que nombre d’entre eux furent massacrés une fois piégés sur l’île. Ruad était perdue et lorsque Ghazan mourut en 1304, la perspective de reconquérir rapidement la Terre Sainte avec l’appui des Mongols, le rêve de Jacques de Molay, s’effondra. L’épisode de Ruad a été interprété, à tort, par les contemporains comme une tentative désespérée de Jacques de Molay qui cherchait par tous les moyens à conserver une proximité permanente avec la Terre Sainte. En réalité, il s’agissait juste d’un élément clé de la stratégie qui impliquait les Mongols dans la reconquête de la Terre Sainte. Quoi qu’il en soit, les critiques au sujet de la raison d’être de l’ordre du Temple commençaient à se faire de plus en plus insistantes.

Les démêlés politiques
En 1305, le pape Clément V, récemment élu, consulte les responsables des ordres militaires à propos d’une éventuelle nouvelle croisade et de la fusion des ordres. Le Pape a ainsi demandé à Jacques de MOLAY de rédiger deux textes, l’un sur chacune de ces problématiques et le Maître de l’Ordre du Temple s’exécuta durant l’été 1306. Le 6 juin, les responsables furent officiellement convoqués à Poitiers, où le Pape avait son siège, afin de débattre de ces questions. Le Pape tomba malade et la rencontre de Poitiers en fut reportée, mais Jacques de MOLAY avait déjà quitté Chypre le 15 octobre et n’était donc pas au courant de cet ajournement. Il arriva en France à la fin du mois de novembre ou au début du mois de décembre et on ne sait rien de ses activités pendant les cinq premiers mois de 1307.
Durant la deuxième moitié du mois de mai, il se trouve cependant à Poitiers pour assister à la rencontre organisée par le Pape. Le Maître de l’Ordre y entra en conflit avec le roi Philippe le Bel car il s’opposait toujours à la fusion des ordres qui auraient ensuite à leur tête le monarque français : en effet, Jacques de MOLAY présenta au Pape un rapport sur la croisade. Il y refusait la fusion de son ordre avec celui de l’Hôpital, arguant que les deux ordres étaient trop différents pour être efficacement mêlés. Ce faisant, il compliquait aussi la position de Clément V qui avait un problème avec le roi au sujet de la condamnation de la mémoire du pape Boniface VIII que Philippe le Bel voulait obtenir à tout prix. Tout cela contrecarra encore davantage les tentatives de relancer une croisade. L’ordre du Temple en ressortait aussi affaibli, sans compter un autre facteur, nettement plus sérieux, que Jacques de Molay allait bientôt découvrir durant son séjour en France : des rumeurs scandaleuses et perverses commençaient à circuler au sujet de l’ordre. Le roi et ses conseillers, parmi lesquels figurait Guillaume de Nogaret, sauraient comment tirer profit de cette faiblesse.
Malgré tout, Jacques de MOLAY continuait à assumer son rôle de Maître de l’Ordre du Temple : il nomma Exemen de Lenda au poste de Maître de Province de l’Ordre du Temple en Aragon le 8 septembre 1307, alors qu’il se trouvait encore à Poitiers.

L’arrestation
Le 24 juin 1307, à Paris, Jacques de Molay s’entretint avec le roi au sujet des accusations pesant contre son ordre, et il fut partiellement rassuré. Il rentra à Poitiers et demanda au pape d’ouvrir une enquête pour laver rapidement l’ordre des rumeurs et des accusations qui circulaient sur son compte. Lorsque le pape annonça qu’une enquête serait lancée le 24 août, le roi réagit de manière énergique. Le 14 septembre, dans le plus grand secret, il envoya des ordres d’arrestation dans tout le royaume de France, ce qui conduit aux arrestations en masse des templiers, et à la confiscation de leurs biens le vendredi 13 octobre 1307. Jacques de Molay fut arrêté comme les autres, à Paris où il se trouvait dans l’intention d’assister aux funérailles de Catherine de Valois, la belle-sœur du roi Philippe le Bel. Il fut incarcéré au Temple de Paris (qui servira de prison parisienne pour les templiers de la capitale), puis au château royal de Chinon et au château de Gisors.

L’interrogatoire de Jacques de Molay. Gravure du XIXe siècle.
« Texte de l’inquisition
Au nom du Christ, amen. Soit patent à tous, par le présent instrument public, qu’en l’an du Seigneur mil trois cent sept, sixième indiction, au mois d’octobre, le vingt-quatrième jour dudit mois, la seconde année du pontificat du très Saint-Père le seigneur Clément V, pape par la divine Providence, en présence de religieux homme et honnête frère Guillaume de Paris, de l’ordre des Prêcheurs, inquisiteur de la perversité hérétique, député dans le Royaume de France par l’autorité apostolique, dans la maison de la milice du Temple à Paris, pour informer contre certaines personnes qui s’y trouvent et sont accusées devant le dudit crime d’hérésie, en présence aussi de nous, notaires publics, et des témoins soussignés, frère Jacques de Molay, grand maître de l’ordre de la Milice du temple, comparaissant en personne et ayant juré sur les Saints-Évangiles, à lui présentés et touchés par lui, de dire sur soi-même et sur les autres, dans un procès touchant la foi, la vérité pure, simple et entière, et interrogé sur l’époque et le mode de sa réception, dit sous serment qu’il y a quarante-deux ans passés qu’il fut reçu à Beaune, au diocèse d’Autun, par frère Humbert de Pairaud, chevalier, en présence de frère Amaury de La Roche et de plusieurs autres frères, des noms desquels il ne se souvient pas.
Il dit aussi sous serment qu’après qu’il eut fait plusieurs promesses relatives aux observances et aux statuts de l’Ordre, ils lui mirent le manteau au cou. Et celui qui le recevait fit apporter en sa présence une croix de bronze sur laquelle était l’image du Christ, et lui dit et lui prescrit de renier le Christ dont l’image était là. Et lui, quoique malgré lui, le fit ; et alors celui qui le recevait lui prescrivit de cracher sur elle, mais il cracha à terre. Interrogé sur le point de savoir combien de fois il le fit, il dit sous serment qu’il ne cracha qu’une fois ; et de cela il se souvient bien.
Interrogé sur le point de savoir si, quand il fit le vœu de chasteté, on lui dit de s’unir charnellement avec ses frères, il répondit sous serment que non et qu’il ne le fit jamais.
Requis de déclarer sous serment si les autres frères dudit Ordre sont reçu de cette manière, il dit qu’il croyait qu’on ne lui avait rien fait qu’on eût fait aux autres ; d’ailleurs il ajouta qu’il créa peu de Templiers. Il dit cependant sous serment qu’après avoir reçu ceux qu’il créa, il prescrivait à quelques-uns des assistants de les conduire à part et de leur faire ce qu’ils devaient. Il dit aussi sous serment que son intention était qu’on leur fît et leur prescrivît ce qui lui avait été fait et prescrit, et qu’ils fussent reçus de la même façon.
Interrogé sur le point de savoir s’il avait mêlé à sa déposition quelques fausseté, ou tu la vérité par la suite de violences, de la crainte des tortures ou bien de la prison ou pour quelque autre cause, il dit sous serment que non ; qu’au contraire il avait dit la pure vérité pour le salut de son âme».

Durant son interrogatoire par l’Inquisiteur de France Guillaume de Paris le 24 octobre, Jacques de Molay avoua avoir « renié — malgré lui — le Christ et craché à terre » (l’inquisiteur lui demanda s’il avait craché par trois fois sur la croix, à cela il répondit que non), dans le cadre du rituel de son initiation. L’intention probable de Jacques de Molay était sans doute d’avouer quelque chose qu’il ne pensait pas trop dommageable pour l’ordre dans son ensemble, mais lorsqu’il fut forcé de répéter ses aveux en public le lendemain, l’effet fut dévastateur pour les templiers. Pour rendre les choses encore plus graves, il fut contraint d’écrire une lettre dans laquelle il déclarait que chaque templier devrait admettre ces actes. Philippe le Bel avait désormais la haute main sur la situation et, afin de reprendre l’avantage, le pape Clément V ordonna l’arrestation des templiers à travers toute la Chrétienté.
Le pape souhaitait néanmoins entendre Jacques de Molay et, en décembre 1307, il envoya deux cardinaux en mission à Paris. Devant eux, Jacques de Molay revint sur les aveux qu’il avait faits aux agents de Philippe le Bel.
Dès lors, l’affaire des templiers était devenue une question de lutte de pouvoir entre le roi et le pape, qui ne fut résolue qu’en août 1308, quand le roi et le pape acceptèrent de se partager les condamnations. Par la bulle pontificale Faciens misericordiam, le pape décrétait que la procédure pour poursuivre les templiers était divisée en deux parties : une première commission jugerait les individus tandis qu’une deuxième commission jugerait l’ordre en tant que tel. Dans la pratique, cela signifiait qu’un concile, convoqué à Vienne, devrait décider du sort futur du Temple, alors que les dignitaires de l’ordre, dont Jacques de Molay faisait partie, seraient jugés par le pape seul.
Jacques de Molay était détenu au château de Chinon4, où il fut interrogé à nouveau par les cardinaux, mais cette fois en présence d’agents royaux. Il réitéra à nouveau ses aveux du 24 octobre, et reçut l’absolution de la commission de cardinaux, avant qu’un silence d’un an ne s’abatte sur son cas. Peu à peu, des commissions et des tribunaux d’inquisition se mirent en place et finalement, en novembre 1309, la commission pontificale pour le royaume de France commença ses auditions. À deux occasions, le 26 et le 28 novembre, Jacques de Molay déclara explicitement qu’il n’admettait pas les accusations portées contre l’ordre.
En agissant de la sorte, il adoptait une stratégie du silence devant la commission, plaçant tous ses espoirs sur la puissance de l’Église pour l’emporter sur la volonté du roi. Mais l’effet escompté ne se concrétisa pas, bien au contraire. En restant silencieux, Jacques de Molay priva les templiers d’une direction claire. À partir de ce moment-là, l’ordre ne fut plus en position d’opposer une forte résistance aux menaces qui pesaient sur lui. Toute velléité d’opposition fut définitivement brisée lorsque l’archevêque de Sens, Philippe de Marigny, condamna à mort 54 templiers. Ils furent brûlés au bûcher du 10 au 12 mai 1310.
Plaque commémorative sur l’île de la Cité.
Au concile de Vienne, qui se réunit enfin en 1312, l’ordre fut officiellement suspendu par décret pontifical le 22 mars. Quelque trois ans plus tard, soit le 18 mars 1314, trois cardinaux dépêchés par le pape condamnèrent les principaux dignitaires de l’ordre du Temple (Jacques de Molay, Hugues de Pairaud, Geoffroy de Charnay et Geoffroy de Gonneville) à la prison à vie.
Comprenant alors que tout était perdu, Jacques de Molay se leva et se rétracta. Suivi en cela par Geoffoy de Charnay, il proclama l’innocence de son ordre, avant de défier le roi et le pape devant Dieu. Ce faisant, ils devenaient relaps, ce qui permit à Philippe IV d’ordonner que tous deux soient envoyés au bûcher. Au soir du 18 mars 1314, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay furent emmenés à l’Île aux Juifs (aujourd’hui rattachée à l’Île de la Cité de Paris) où ils furent mis à mort. Les deux autres dignitaires ayant admis leur culpabilité personnelle, ils eurent la vie sauve mais la terminèrent derrière les murs de la prison.
Gravure du XIXe siècle représentant le bûcher de Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, par Auguste Maquet.
Selon le témoignage du chroniqueur Geoffroy de Paris, Jacques de Molay est mort dignement :
« Le maître, qui vit le feu prêt, s’est dépouillé immédiatement, et se mit tout nu en sa chemise… Il ne trembla à aucun moment, bien qu’on le tire et bouscule. Ils l’ont pris pour le lier au poteau, et lui, souriant et joyeux, se laisse faire. Ils lui attachent les mains, mais il leur dit : « Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s’abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir »»

Mythes et légendes autour de la figure historique
Le destin tragique de Jacques de MOLAY a fait du dernier Maître des Templiers un sujet d’intérêt pour les groupes et cercles ésotériques ou mystiques qui ont construit plusieurs mythes et légendes se greffant, sans preuve véritable, sur les faits historiques avérés décrits ci-dessus.
La malédiction
Peu après la dissolution de l’ordre (1312), un enchaînement de faits va faire naître toutes sortes de légendes sur une « malédiction du Temple ». Suite au bûcher du 18 mars 1314, certains acteurs de la fin de l’ordre vont mourir :
• le pape Clément V le 20 avril 1314 (vraisemblablement d’un cancer des intestins) ;
• le roi Philippe le Bel le 29 novembre 1314 à l’âge de 47 ans (d’une chute de cheval) ;
• Guillaume de Nogaret était mort bien avant ceux qu’il avait poursuivis, au mois d’avril 1313, suivi par son bras droit, le légiste Guillaume de Plaisans ;
• le grand argentier du roi, Enguerrand de Marigny le 30 avril 1315, exécuté par pendaison.
• Esquieu de Floryan, ancien prieur de Montfaucon et Templier rénégat qui fut payé par les services royaux afin de diffuser au sein de la population les idées de « Reniement du Christ et crachat sur la croix, relations charnelles entre frères, baisers obscènes exercés par les chevaliers du Temples »… Il mourut poignardé.
La plus célèbre légende est sans doute la prétendue « malédiction de Jacques de MOLAY », basée sur les dernières déclarations du Templier et sur laquelle le romancier Maurice Druon extrapolera dans la saga Les Rois maudits qui relate la fin de la dynastie tricentenaire des Capétiens en moins de 14 ans

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 20 mars, 2009 |1 Commentaire »

Gloire à Jacques de MOLAY !, dernier Grand Maitre des Templiers

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Grand Prieuré de France des Templiers de Jérusalem

O S M T H

organise à PARIS

les 20, 21 ET 22 MARS 2009

«Les cérémonies de Commémoration de la mort de notre dernier
Grand Maître Jacques de MOLAY».

PRECISIONS ET INFORMATIONS AUPRES DU SECRETARIAT NATIONAL

osmth.france@wanadoo.fr
Jacques de MOLAY, grand maître des Templiers mort sur
le bûcher

(D’après Revue des deux mondes paru en 1891,
Biographie universelle paru vers 1860,
L’Investigateur : journal de l’Institut historique paru en 1856
et Les jurassiens recommandables par des bienfaits,
des vertus, des services, etc. paru en 1828)

Concertée par le roi Philippe IV le Bel et ses agents, la destruction de l’Ordre du Temple dont Jacques de Molay est le vingt-deuxième grand maître, débute le 13 octobre 1307 par l’arrestation à la même heure et dans toute la France de l’ensemble des Templiers. S’assurant habilement le soutien de l’opinion publique, le roi de France calme également les scrupules du pape Clément V, qui prononce l’abolition de l’Ordre lors du concile de Vienne, en 1312. Lorsque Jacques de Molay nie publiquement ses prétendus aveux le 18 mars 1314, il est jeté au bûcher, sur lequel il aurait, selon la légende, maudit le pape, ainsi que les rois de France « jusqu’à la treizième génération ».

Dernier grand maître des Templiers, Jacques de Molay, né vers 1245 au château de Rahon (Haute-Saône), tirait son origine des sires de Longwy et son nom d’un petit village dépendant de cette terre. Vers l’an 1265, il fut admis, encore très jeune, dans l’ordre des Templiers et reçu par Imbert de Peraudo, visiteur de France et de Poitou, dans la chapelle du Temple, à Beaune. A peine arrivé en Palestine, il se distingua contre les infidèles. A la mort de Guillaume de Beaujeu, quoique Molay ne fût pas en Orient, une élection unanime le nomma grand maître.

Il se trouva en 1299 à la reprise de Jérusalem par les Chrétiens. Forcé ensuite de se retirer dans l’île d’Arad et de là dans l’île de Chypre, il allait rassembler de nouvelles forces pour venger les revers des armes chrétiennes, lorsque le pape l’appela en France (1305). Arrivé avec 60 chevaliers et un trésor très considérable, il fut reçu avec distinction par Philippe le Bel, qui le choisit pour parrain de l’un des enfants de France. En rappelant le grand maître, la politique, qui préparait la destruction de l’ordre, avait donné pour prétexte le projet de réunir l’ordre du Temple et celui de l’Hôpital. Le plan de cette destruction, concerté par le roi et ses agents, fut caché avec tant d’adresse, que, le 13 octobre 1307, tous les Templiers furent arrêtés à la même heure dans toute la France. L’opération avait été conduite par Guillaume de
Jacques de Molay, grand maître de l’Ordre des Templiers
 
Nogaret, qui arrêta lui-même les 140 Templiers de Paris, accompagné de gens d’armes. Originaire du Languedoc, il était légiste du roi. La veille de l’arrestation, le grand maître avait porté le poêle à la cérémonie de l’enterrement de la princesse Catherine, héritière de l’empire de Constantinople, épouse du comte de Valois.

Depuis l’arrestation des chevaliers et du grand maître, les destinées de cet illustre chef furent liées à celles de l’ordre entier. On sait que cet ordre avait été institué en 1118 par des croisés français, dans l’unique but de protéger et de défendre les pèlerins qui se rendaient aux saints lieux. La noblesse et la bravoure des chevaliers, l’utilité et le gloire de leur institution, la rendirent recommandable dès son origine. Les statuts en furent dressés lors du concile de Troyes (14 janvier 1128) ; et, pendant deux siècles, les privilèges accordés par les papes, la reconnaissance des rois, des grands et du peuple, l’autorité et le crédit qu’augmentaient chaque jour les exploits et les grandes richesses des Templiers, en firent l’ordre le plus puissant de la chrétienté.

Il dut exciter la jalousie, même des rois, car dans le haut rang où il s’était élevé, il était difficile que tous les chefs et tous les chevaliers se maintinssent toujours et partout dans cette sage modération qui aurait pu seule prévenir ou désarmer l’envie et la haine. Malheureusement pour l’ordre, le roi de France eut plusieurs motifs de le perdre et le principal peut-être, ce fut la pénurie du trésor royal, laquelle le rendit moins difficile sur les moyens de s’approprier une partie des biens de l’ordre, et de jouir de tous pendant longtemps.

A l’instant où furent arrêtés le grand maître et tous les chevaliers qui étaient avec lui dans le palais du Temple à Paris, le roi occupa ce palais et s’empara de leurs possessions et de leurs richesses. En arrêtant les autres chevaliers dans les diverses parties de la France, on saisit aussi leurs biens. Des inquisiteurs procédèrent aussitôt contre tous, les interrogèrent en les livrant aux tortures, et en les menaçant de les livrer. Partout, ou presque partout, ils arrachèrent au plus grand nombre des chevaliers l’aveu de quelques-uns des crimes honteux dont on les accusait et qui offensaient à la fois la nature, la religion et les mœurs : aux menaces on joignait des moyens de séduction pour obtenir les aveux qui devaient justifier les rigueurs des mesures employées.

Au commencement des procédures, trente-six chevaliers étaient morts à Paris dans les tortures. Philippe le Bel mit en usage tous les moyens qui pouvaient perdre l’ordre et les chevaliers dans l’opinion publique. Le pape, croyant sa propre autorité blessée par les agents du roi, avait d’abord réclamé en faveur des chevaliers. Philippe sut bientôt calmer les scrupules du pontife. La faculté de théologie applaudit aux mesures du roi, et une assemblée convoquée à Tours (24 mars 1308), s’expliquant au nom du peuple français, demanda la punition des accusés, et déclara au roi qu’il n’avait pas besoin de l’intervention du pape pour punir des hérétiques notoirement coupables.

Jacques de Molay avait été envoyé avec d’autres chefs de l’ordre auprès du pape, pour s’expliquer devant lui, mais sa marche fut arrêtée à Chinon, où des cardinaux vinrent l’interroger. Des historiens ont cru que Philippe le Bel avait procuré la tiare à Clément V, en lui imposant diverses conditions, l’une desquelles était l’abolition de l’ordre. Dans les premières informations, un très grand nombre de chevaliers firent les aveux exigés ; et l’on croit généralement que le grand maître lui-même céda, comme ceux-ci, ou à la crainte des tourments et de la mort, ou à l’espérance qu’il obtiendrait quelques conditions favorables pour l’ordre, s’il ne résistait pas aux projets de la politique du roi.

Cependant le pape, obligé de donner une apparence juridique aux moyens violents qui devaient amener la destruction de l’ordre, convoqua en 1308 un concile œcuménique à Vienne pour 1310 (il s’ouvrira finalement en 1311), et nomma une commission qui se rendit à Paris, afin de prendre contre l’ordre en général une information nécessaire et même indispensable pour motiver la décision du concile. La bulle porte que l’ordre comparaîtra devant le concile, par le ministère de ses défenseurs.
Philippe IV le Bel
 
Jacques de Molay fut amené en présence de ces commissaires du pape, et on lui lut, en langue vulgaire, les pièces de la procédure. Quand il entendit des lettres apostoliques qui supposaient qu’il avait fait à Chinon certains aveux, il manifesta son étonnement et son indignation contre une telle assertion.

Un grand nombre de Templiers comparurent après leur chef. L’affaire prit alors un caractère imposant et extraordinaire ; les chevaliers se montrèrent dignes et de l’ordre et d’eux-mêmes, et des grandes familles auxquelles ils avaient l’honneur d’appartenir. La plupart de ceux qui, forcés par les tourments ou la crainte, avaient fait des aveux devant les inquisiteurs, les révoquèrent devant les commissaires du pape. Ils se plaignirent hautement des cruautés qu’on avait exercées envers eux, et déclarèrent en termes énergiques vouloir défendre l’ordre jusqu’à la mort, de corps et d’âme, devant et contre tous, contre tout homme vivant, excepté le pape et le roi.

Le grand maître demandait sans cesse qu’on le conduisît en présence du pape, qui devait le juger. 546 Templiers, soit de ceux qui avaient fait des aveux, soit de ceux qui avaient toujours résisté aux moyens des oppresseurs, se déclarèrent et se constituèrent défenseurs de l’ordre. Bientôt d’autres chevaliers, détenus dans les diverses prisons de la France, demandèrent à partager cet honorable péril, et ils furent traduits à cet effet dans les prisons de la capitale. Alors le nombre des défenseurs fut d’environ 900. Il était facile de justifier l’ordre ; et, comme ils commençaient à le faire avec un succès qui déconcertait le roi et ses agents, on imagina un moyen aussi cruel que prompt : ce fut de livrer au jugement des inquisiteurs les chevaliers qui, ayant rétracté les aveux précédents, soutenaient l’innocence de l’ordre.

Les affaires des Templiers semblaient donc en bonne voie, vers le printemps de 1310. L’ordre avait trouvé à Paris une légion de défenseurs, représentés par des procureurs réguliers. Pour ceux qui voulaient étouffer la vérité, il n’était que temps d’agir. Ils agirent, en effet : et ils n’avaient encore imaginé rien d’aussi scandaleux que l’expédient dont ils usèrent. Ils profitèrent de ce que les procès contre l’ordre et contre les personnes se poursuivaient parallèlement, et de ce que les juges du procès contre les personnes étaient, à Paris, à leur dévotion, pour effrayer mortellement les témoins du procès contre l’ordre. Le jugement des personnes, dans l’évêché de Paris, appartenait, en vertu des lettres du pape, au concile provincial, présidé par l’archevêque de Sens, métropolitain de Paris.

Or, l’archevêque de Sens était le frère de l’un des principaux ministres du roi, Enguerrand de Marigny. Il assembla à Paris le concile de sa province. Ce tribunal d’inquisition avait le droit de condamner sans entendre les accusés et de faire exécuter ses arrêts du jour au lendemain. Les procureurs des prisonniers comprirent la terrible menace impliquée dans la brusque convocation de cette assemblée. Ils la signalèrent, dès le 10 mai 1310, à la commission pontificale. Mais le président de ladite commission, l’archevêque de Narbonne, se retira dès qu’ils eurent dénoncé l’attentat projeté,
Exécution de Templiers. Illustration extraite de
De Casibus, de Boccace (XVe siècle) disant « qu’il avait à entendre ou à célébrer la messe ». Les autres commissaires ne surent que répondre : « Nous vous plaignons de tout notre cœur ; mais l’archevêque de Sens agit régulièrement contre les personnes ; nous ne pouvons rien. »

Tous ceux qui persistèrent dans leurs rétractations furent déclarés hérétiques relaps, livrés à la justice séculière et condamnés au feu. Ceux qui n’avaient jamais fait d’aveux et qui ne voulurent pas en faire furent condamnés à la détention perpétuelle, comme chevaliers non réconciliés. Quant à ceux qui ne rétractèrent pas les aveux des impiétés et des turpitudes imputées à l’ordre, ils furent mis en liberté, reçurent l’absolution et furent nommés Templiers réconciliés. Pour accuser, interroger, juger les prétendus relaps, les condamner aux flammes et faire exécuter le jugement, il suffit du temps qui s’écoula du lundi 11 mai au lendemain matin. 54 chevaliers périrent à Paris ce jour-là. Condamnés comme relaps par l’archevêque de Sens et ses suffragants, ils furent empilés dans des charrettes, et brûlés publiquement entre le bois de Vincennes et le Moulin-à-Vent de Paris, hors de la porte Saint-Antoine.

La procédure indique nominativement quelques-uns des chevaliers qui subirent cet honorable supplice. Parmi eux, Gaucerand de Buris, Guido de Nici, Martin de Nici, Gaultier de Bullens, Jacques de Sansy, Henry d’Anglesy, Laurent de Beaune, Raoul de Frémi. Tous les historiens qui ont parlé du supplice des chevaliers du Temple ont attesté la noble intrépidité qu’ils montrèrent jusqu’à la mort : entonnant les saints cantiques et bravant les tourments avec un courage chevaleresque et une résignation religieuse, ils se montrèrent dignes de la pitié de leurs contemporains et de l’admiration de la postérité. « Ils souffrirent, dit un chroniqueur du temps, avec une constance qui mit leurs âmes en grand péril de damnation, car elle induisit le peuple ignorant à les considérer comme innocents. »

C’en était fait ; il n’était plus possible d’entretenir la moindre illusion sur la liberté de la défense. Deux des procureurs élus, sur quatre, avaient disparu. La commission n’en reprit pas moins, le 13, l’ironique comédie de ses séances dans la chapelle Saint-Éloi. Mais quelque chose était changé depuis la veille. L’apparition du premier témoin qu’on introduisit fut émouvante. C’était un chevalier du diocèse de Langres, Aimery de Villiers-le-Duc, âgé d’une cinquantaine d’années, templier depuis vingt-huit ans. Comme on lui lisait les actes d’accusation, il interrompit, « pâle et comme terrifié », protestant que, s’il mentait, il voulait aller droit en enfer par mort subite, se frappant la poitrine de ses poings, levant les bras vers l’autel, les genoux en terre. « J’ai avoué, dit-il, quelques articles à cause de tortures que m’ont infligées Guillaume de Marcilly et Hugues de La Celle, chevaliers du roi, mais tout est faux. Hier, j’ai vu cinquante-quatre de mes frères, dans les fourgons, en route pour le bûcher, parce qu’ils n’ont pas voulu avouer nos prétendues erreurs ; j’ai pensé que je ne pourrais jamais résister à la terreur du feu. J’avouerais tout, je le sens ; j’avouerais que j’ai tué Dieu, si on voulait. »

Et il supplia les commissaires et les notaires de ne pas répéter ce qu’il venait de dire à ses gardiens, de peur qu’il ne fût brûlé, lui aussi. Cette déposition tragique fit assez d’impression sur les gens du pape pour qu’ils se décidassent à surseoir provisoirement. Ils ne reprirent leurs opérations, désormais fictives, qu’après six mois d’interruption, et seulement pour la forme. 

Les témoins entendus à partir de décembre 1310 furent tous des Templiers réconciliés par les synodes provinciaux, c’est-à-dire soumis, qui comparurent « sans manteau et barbe rase ». Quand l’enquête fut enfin close, on l’expédia en deux exemplaires pour servir à l’édification des pères du prochain concile de Vienne. Elle remplit deux cent dix-neuf feuillets d’une écriture compacte.

Le concile de Vienne, prorogé à plusieurs reprises, avait été fixé en dernier lieu au mois d’octobre 1311 et s’ouvrit le 13 de ce mois, jour anniversaire de l’arrestation, quatre ans plus tôt, des Templiers dans toute la France. Clément V employa les mois qui précédèrent ce terme à réunir, contre ceux qu’il avait condamnés d’avance, un immense arsenal de preuves. Il savait qu’on disait couramment en Occident : « Les Templiers ont nié partout, excepté ceux qui ont été sous la poigne du roi de France ». Il fallait couper court à ces rumeurs ; c’est pour cela qu’il rédigea alors des bulles pour exhorter les rois d’Angleterre et d’Aragon à employer la torture, malgré les coutumes locales de leurs royaumes, qui interdisaient cette procédure. Des ordres de torture furent expédiés aussi, au dernier moment, en Chypre et au Portugal. Il y eut encore, à cette occasion, des effusions de sang martyr. Nous avons la relation des supplices infligés en août et septembre 1311, par l’évêque de Nîmes et l’archevêque de Pise ; ces prélats n’envoyèrent, du reste, au pape, que les dépositions agréables ; ils passèrent sous silence les témoignages des obstinés.

Guillaume Le Maire, évêque d’Angers, convoqué au concile œcuménique de Vienne, comme tous les prélats de la Chrétienté, rédigea son « avis » par écrit, en ces termes : « Il y a, dit l’évêque, deux opinions au sujet des Templiers ; les uns veulent détruire l’ordre sans tarder, à cause du scandale qu’il a suscité dans la Chrétienté et à cause des deux mille témoins qui ont attesté ses erreurs ; les autres disent qu’il faut permettre à l’ordre de présenter sa défense, parce qu’il est mauvais de couper un membre si noble de l’Église sans discussion préalable. Eh bien, je crois, pour ma part, que notre seigneur le pape, usant de sa pleine puissance, doit supprimer ex officio un ordre qui, autant qu’il a pu, a mis le nom chrétien en mauvaise odeur auprès des incrédules et qui a fait chanceler des fidèles dans la stabilité de leur foi. » Guillaume Le Maire avait son siège fait. Mais supposé qu’un évêque, moins zélé royaliste, eût voulu s’éclairer sincèrement au moment de l’ouverture du procès, voici comment la question de la culpabilité du Temple se serait posée à sa conscience.

Au cours de la lecture des procédures faites contre l’ordre, 9 chevaliers se présentèrent comme délégués de 1500 à 2000, et offrirent de prendre la défense de l’ordre accusé. L’auguste assemblée s’attendait à ce dernier acte d’équité, d’intérêt ou de pitié. Or le pape les fit mettre aux fers, et l’ordre ne fut point défendu par ces dignes mandataires, quoique les membres du concile fussent d’avis de les entendre. Clément V se vanta de cet acte dans une lettre du 11 novembre 1311 adressée au roi. La session se termina donc brusquement sans que l’incident eût d’autre suite.

L’ordre du Temple était accusé d’être tout entier corrompu par des superstitions impies. D’après les formulaires d’enquête pontificaux, qui contiennent jusqu’à cent vingt-sept rubriques, il était notamment inculpé d’imposer à ses néophytes, lors de leur réception, des insultes variées au crucifix, des baisers obscènes, et d’autoriser la sodomie. Les prêtres, en célébrant la messe, auraient omis volontairement de consacrer les hosties ; ils n’auraient pas cru à l’efficacité des sacrements.

Enfin les Templiers auraient été adonnés à l’adoration d’une idole (en forme de tête humaine) ou d’un chat ; ils auraient porté nuit et jour, sur leurs chemises, des cordelettes enchantées par le contact de cette idole. Telles étaient les accusations majeures. Il y en avait d’autres : le grand-maître et les autres officiers de l’ordre, quoiqu’ils ne fussent pas prêtres, se seraient cru le droit d’absoudre les frères de leurs péchés ; les biens étaient mal acquis, les aumônes mal faites. Le réquisitoire représentait tous ces crimes comme commandés par une Règle secrète.

Il va de soi que les officiers de Philippe le Bel pratiquèrent dans tous les « Temples » de France de sévères perquisitions, en vue d’y découvrir des objets compromettants, à savoir : 1° des exemplaires de la Règle secrète ; 2° des idoles ; 3° des livres hérétiques. La lecture des inventaires nous apprend qu’ils ne trouvèrent que quelques ouvrages de piété et des livres de comptes ; çà et là, des exemplaires de la règle irréprochable de saint Bernard. A Paris, Guillaume Pidoye, administrateur des biens séquestrés, présenta aux commissaires de l’Inquisition « une tête de femme en argent doré, qui renfermait des fragments de crâne enveloppés dans un linge ».

C’était un de ces reliquaires comme il y en a dans la plupart des trésors ecclésiastiques du XIIIe siècle ; il était exposé, sans doute, les jours de fête, à la vénération des Templiers, et il n’est pas impossible que des chevaliers aient déposé dessus, pour les sanctifier, les cordelettes ou scapulaires dont la règle primitive leur imposait de se ceindre, en signe de chasteté ; mais il n’y a pas là d’idole ni d’idolâtrie, puisque les fidèles qui font toucher, encore aujourd’hui, des chapelets aux reliques ne passent point pour des idolâtres.

L’enquête ne produisit donc contre l’ordre aucun document matériel, aucun « témoin muet ». Toute la preuve repose sur des témoignages oraux. Mais les dépositions à charge, si nombreuses qu’elles soient, perdent toute valeur si l’on considère qu’elles ont été arrachées par la procédure inquisitoriale. Le mot d’Aimery de Villiers-le-Duc est décisif : « J’avouerais que j’ai tué Dieu. » Il ne reste donc qu’à examiner les faits allégués, au point de vue du bon sens.

Si les Templiers avaient réellement pratiqué les rites et les superstitions qui leur sont attribués, ils auraient été des sectaires ; et alors il se serait trouvé parmi eux, comme dans toutes les communautés hétérodoxes, des enthousiastes pour affirmer leur foi en demandant à participer aux joies mystiques de la persécution. Or, pas un templier, au cours du procès, ne s’est obstiné dans les erreurs de sa prétendue secte. Tous ceux qui ont avoué le reniement et l’idolâtrie se sont fait absoudre.

Chose surprenante, la doctrine hérétique du Temple n’aurait pas eu un martyre ! Car les centaines de chevaliers et de frères sergents qui sont morts dans les affres de la prison, entre les mains des tortionnaires, ou sur le bûcher, ne se sont pas sacrifiés pour des croyances ; ils ont mieux aimé mourir que d’avouer, ou, après avoir avoué par force, que de persister dans leurs confessions. On a supposé que les Templiers étaient des Cathares ; mais les Cathares, comme les anciens montanistes d’Asie, avaient la passion du supplice ; au temps même de Clément V, les « dolcinistes » d’Italie se sentaient fortifiés miraculeusement par la proclamation répétée et frénétique de leurs doctrines. Chez les Templiers, pas de joie sacrée, pas de triomphe en présence du bourreau. C’est pour une négation qu’ils ont tout enduré.

Si les Templiers s’étaient réellement livrés aux excès, non seulement monstrueux, mais stupides, qui leur furent reprochés, tous, interrogés l’un après l’autre, et forcés de confesser, auraient décrit ces excès de la même manière. D’accord entre eux quand ils parlent des cérémonies légitimes de l’ordre, ils varient grandement, au contraire, sur la définition des prétendus rituels blasphématoires. Michelet, qui croyait aux désordres du Temple, a très bien observé « que les dénégations sont identiques, tandis que les aveux sont tous variés de circonstances spéciales » ; il en tire la conclusion « que les dénégations étaient convenues d’avance et que les différences des aveux leur donnent un caractère particulier de véracité ». Mais quoi ? Si les Templiers étaient innocents, leurs réponses aux mêmes chefs imaginaires d’accusation ne pouvaient pas ne pas être identiques ; s’ils étaient coupables, leurs aveux auraient dû être pareillement identiques.

L’invraisemblance des charges, la férocité des procédés d’enquête, le caractère contradictoire des aveux étaient sûrement de nature à inquiéter des juges, même des juges de ce temps-là. Et quels cœurs auraient résisté à la comparution des suppliciés de l’enquête, à l’exhibition de leurs plaies, à leurs protestations d’amour pour l’Église persécutrice, à ces accents douloureux dont l’écho, recueilli par les notaires de la grande commission, émeut et persuade encore ! Ceux qui avaient leurs raisons pour que la lumière ne se fit pas devaient chercher, par tous les moyens, à supprimer, jusqu’au bout, les débats publics. Le bâillon qui fut mis, en effet, sur la bouche des derniers défenseurs de l’ordre au concile de Vienne, réuni pour les entendre, est encore un argument en faveur des Templiers.

L’histoire du concile de Vienne est mal connue. Mais on devine des intrigues du roi de France pour forcer la main du pape, du pape pour escamoter la sentence du concile. Clément V était disposé à en finir ; il disait, au rapport d’Alberico da Rosate : « Si l’ordre ne peut pas être détruit per viam justitiae, qu’il le soit per viam expedientiae, pour que notre cher fils le roi de France ne soit pas scandalisé. » Mais il ne se sentait pas maître des trois cents pères assemblés : il n’était sûr que des évêques français ; ceux d’Allemagne, d’Aragon, de Castille et d’Italie, qui avaient presque tous acquitté les Templiers de leurs circonscriptions diocésaines, inclinaient à instituer une discussion en règle.

Pour comble d’embarras, il avait fallu que Clément fît enfermer les neuf chevaliers du Temple qui avaient paru inopinément dans Vienne, comme représentants des Templiers fugitifs qui erraient dans les montagnes du Lyonnais : ce qui revenait à supprimer une seconde fois la défense, en violation du droit. Des prélats étrangers s’étaient indignés. On comprit alors autour de Philippe le Bel qu’il y avait lieu de sortir l’ultima ratio de la force. De Lyon, d’où il surveillait le concile, et où il avait convoqué une nouvelle assemblée des prélats, nobles et communautés du royaume « pour la défense de la foi catholique », le roi se rendit à Vienne (mars 1312) avec une armée. Il s’assit à côté du pape. Celui-ci, raffermi, s’empressa de faire lire, devant les pères, une bulle qu’il avait élaborée d’accord avec les conseillers royaux.

C’est la bulle Vox in excelso, du 3 avril 1312 : le pape avoue qu’il n’existe point contre l’ordre de quoi justifier une condamnation canonique ; mais il considère que l’ordre n’en est pas moins déshonoré, qu’il est odieux au roi de France, que personne n’a « voulu » prendre sa défense, que ses biens sont et seraient de plus en plus dilapidés au grand dommage de la Terre Sainte pendant la durée d’un procès dont on ne saurait prévoir la fin ; de là, la nécessité d’une solution provisoire. 
 
Il supprime donc l’ordre du Temple, non par voie de « sentence définitive », mais par voie de provision ou de règlement apostolique, « avec l’approbation du Saint Concile ». Ainsi périt l’ordre du Temple, supprimé, non condamné, égorgé sans résistance.

Les actes du concile de Vienne ont été soustraits dans le temps, et la bulle qui supprime par voie de provision l’ordre du Temple, n’a été imprimée pour la première fois qu’en 1606. Dans sa bulle Considerantes, publiée quatre jours seulement après la bulle d’abolition, le pape déclare que l’ensemble des informations faites contre l’ordre et les chevaliers n’offre pas des preuves suffisantes pour les croire coupables, mais qu’il en résulte une grande suspicion. C’est de cette forme employée par Clément V contre les Templiers, que Clément XIV se prévalut quand il abolit l’ordre des Jésuites ; dans le bref du 31 juillet 1773, on lit : « Le pape Clément V a supprimé et totalement éteint l’ordre militaire des Templiers, à cause de la mauvaise réputation où il était alors, quoique cet ordre eût été légitimement confirmé, quoiqu’il eût rendu à la république chrétienne des services si éclatants que le saint-siège apostolique l’avait comblé de biens, de privilèges, de pouvoirs, d’exemptions et de permissions, et quoique enfin le concile de Vienne, que ce pontife avait chargé de l’examen de l’affaire, eût été d’avis de s’abstenir de porter un jugement formel et définitif. »

Les Templiers de France n’ont pas eu la moindre velléité de se servir de leurs armes. N’est-ce pas une preuve de plus de la soumission de ces hommes que des modernes, afin d’excuser à toute force un criant déni de justice, ont gratuitement accusés d’avoir formé un État dans l’État et d’avoir mis en péril l’unité de la monarchie française ? La bulle Vox in excelso laissa en suspens deux questions difficiles : le sort des templiers prisonniers, le sort des biens du Temple supprimé.

La curée des biens du Temple avait commencé pendant le procès, en dépit de la vigilance des administrateurs. L’appétit des princes avait été aiguisé par cette affaire au point que quelques-uns songèrent à faire partager le sort des Templiers aux hospitaliers et aux chevaliers Porte-Glaive. L’ordre teutonique fut accusé d’hérésie en 1307 par l’archevêque de Riga. C’est déjà l’avidité spoliatrice des princes protecteurs de la Réforme. Après le concile de Vienne, on procéda au dépècement méthodique de la proie. En théorie, toutes les propriétés de l’ordre furent transférées au Saint-Siège, qui les remit aux hospitaliers, mais ce transfert fictif n’empêcha pas la Couronne de retenir la meilleure part. D’abord les dettes du roi envers l’ordre furent éteintes, car les canons défendaient de payer leur dû aux hérétiques.

En outre, il avait saisi tout le numéraire accumulé dans les banques du Temple. Il alla plus loin lorsque les dépouilles des Templiers eurent été officiellement attribuées à l’Hôpital : il prétendit que ses anciens comptes avec le Temple n’ayant pas été réglés, il restait créancier de l’ordre pour des sommes considérables, dont il était d’ailleurs hors d’état de spécifier le montant. Les hospitaliers, substitués aux droits et aux charges du Temple, furent obligés de consentir, pour ce motif, à une transaction : ils payèrent deux cent mille livres tournois, le 21 mars 1313 ; et ce sacrifice ne les délivra même pas des réclamations de la Couronne, car ils plaidaient encore, à ce sujet, au temps de Philippe le Long. Quant aux biens immobiliers, Philippe le Bel en perçut paisiblement les revenus jusqu’à sa mort, et plus tard les hospitaliers, pour en obtenir la délivrance, durent indemniser la Couronne de ce qu’elle avait déboursé pour l’entretien des Templiers emprisonnés de 1307 à 1312 : frais de geôle et de torture. Il paraît avéré, en résumé, que les hospitaliers furent plutôt appauvris qu’enrichis par le cadeau fait à leur ordre.

Restaient les prisonniers. Il paraît qu’après l’abolition de l’ordre, la persécution contre les chevaliers cessa. On relâcha ceux qui voulurent passer par l’humiliation des aveux. Parmi ces libérés, les uns vagabondèrent, d’autres essayèrent de gagner leur vie par des travaux manuels ; quelques-uns entrèrent dans des couvents, et quelques-uns, dégoûtés du métier, se marièrent. Les impénitents et les relaps furent frappés des châtiments de la loi inquisitoriale. Les plus célèbres de ces relaps de la dernière heure furent deux des hauts dignitaires que le pape avait réservés à son jugement personnel : Jacques de Molay et le précepteur de Normandie, Geoffroy de Charnay. Les premiers aveux du grand maître et la longue persécution dont il avait été l’objet permettaient d’espérer qu’abattu par l’infortune, il renouvellerait publiquement la confession des crimes de l’Ordre et par là justifierait les rigueurs exercées par la justice du roi.

Le grand maître de l’Ordre du Temple avait toujours réclamé son jugement, que le pape s’était réservé personnellement ; mais le pontife, craignant la présence du grand maître, nomma trois commissaires pour le juger à Paris, ainsi que trois autres chefs de l’ordre. C’est donc seulement le 22 décembre 1312 que Clément V, de concert avec Philippe le Bel, appointa trois cardinaux français, Arnaud de Farges son neveu, Arnaud Novelli moine de Cîteaux, et Nicolas de Fréminville frère prêcheur, pour examiner ces grands chefs, qui naguère, pour se sauver eux-mêmes, avaient abandonné leurs frères. Ils étaient chargés d’entendre la dernière déposition de Jacques de Molay, et celle des trois chefs détenus avec lui, dont Geoffroy de Charnay. Que leur demandait-on ? De reconnaître la justice du double arrêt de condamnation, fondé sur la vérité des accusations imputées à l’Ordre des Templiers et conformes aux témoignages déjà nombreux recueillis par les tribunaux : c’eût été pour les deux souverains un triomphe éclatant et ils s’y attendaient.

Le 18 mars 1314, les quatre chevaliers furent amenés au portail de Notre-Dame pour écouter leur sentence ; à savoir le « mur », la détention à perpétuité. Molay et Charnay avaient été soutenus jusque-là par l’assurance d’une délivrance prochaine, plusieurs fois promise : ils étaient en prison depuis sept ans ; ils refusèrent d’y rentrer désespérés. Dans son Histoire des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, l’abbé de Vertot affirme qu’au moment où tous ses juges et tout Paris s’attendaient à voir Jacques de Molay confirmer publiquement ses prétendus aveux, « on fut bien surpris lorsque ce prisonnier secouant les chaînes dont il était chargé, s’avança jusqu’au bord de l’échafaud, d’une contenance assurée ; puis, élevant la voix pour être mieux entendu : il est bien juste, s’écria-t-il, que dans un si terrible jour, et dans les derniers moments de ma vie, je découvre toute l’iniquité du mensonge, et que je fasse triompher la vérité. 
 
Je déclare donc, à la face du ciel et de la terre, et j’avoue quoiqu’à ma honte éternelle, que j’ai commis le plus grand de tous les crimes ; mais ce n’a été qu’en convenant de ceux que l’on impute avec tant de noirceur, à un ordre que la vérité m’oblige aujourd’hui de reconnaître pour innocent. Je n’ai même passé la déclaration qu’on exigeait de moi que pour suspendre les douleurs excessives de la torture, et pour fléchir ceux qui me les faisaient souffrir. Je sais les supplices que l’on a fait subir à tous ceux qui ont eu le courage de révoquer une pareille confession. Mais l’affreux spectacle qu’on me présente n’est pas capable de me faire confirmer un premier mensonge par un second, à une condition si infâme : je renonce de bon cœur à la vie qui ne m’est déjà que trop odieuse. Et que me servirait de prolonger de tristes jours que je ne devrais qu’à la calomnie ?…. »

Illustre par sa naissance qui le faisait parent du roi, Geoffroy de Charnay, maître de Normandie et frère du dauphin d’Auvergne, confirma cette déclaration et s’associa au repentir de son maître. Les deux autres chevaliers présents persistèrent dans leurs aveux. Comme la foule remuait, les cardinaux, partageant le trouble commun et n’osant décider du sort des relaps, livrèrent sans délai au prévôt de Paris les deux confesseurs tardifs de la vérité ; le roi fut prévenu, et le conseil assemblé à l’instant les condamna à la mort, sans réformer la sentence des commissaires du pape, sans faire prononcer aucun tribunal ecclésiastique. Le soir du même jour, un échafaud se dressa, dans l’île de la Cité, en face du quai des Augustins. Les deux chevaliers, Molay et Charnay, montèrent sur le bûcher, que l’on alluma lentement, et ils furent brûlés à petit feu.

Semblable aux martyrs qui célébraient les louanges de Dieu, Jacques de Molay chantait des hymnes au milieu de la flamme. Mézeray rapporte qu’on entendit le grand-maître s’écrier : « Clément ! juge inique et cruel bourreau ! je t’ajourne à comparaître, dans quarante jours, devant le tribunal du souverain juge. » Quelques-uns écrivent, dit Vertot, qu’il ajourna pareillement le roi à y comparaître dans un an. Peut-être que la mort de ce prince, et celle du pape, qui arrivèrent précisément dans les mêmes termes, ont donné lieu à l’histoire de cet ajournement. Une autre légende affirmera plus tard que le grand maître du Temple se serait écrié : « Maudits ! Maudits ! vous serez tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races !… ». Tout le monde donna des larmes à un si tragique spectacle, et on prétend que des personnes dévotes recueillirent les cendres de ces dignes chevaliers. Si ces sortes de traditions ne sont pas toujours véritables, elles permettent du moins de croire que l’opinion publique, qui les accueillit, jugeait que les condamnés étaient innocents. Toute l’affaire s’explique par ce mot profond de Bossuet : « Ils avouèrent dans les tortures, mais ils nièrent dans les supplices ».

Clément V succomba un mois (20 avril 1314) après l’exécution de Molay, d’une maladie affreuse ; Guillaume de Nogaret, qui avait supervisé l’arrestation des Templiers à travers toute la France en 1307, mourut le 27 avril 1314, empoisonné ; Philippe le Bel, à son tour, disparut quelques mois plus tard, le 29 novembre 1314,
Mort de Philippe IV le Bel au cours
d’une chasse au sanglier le 29 novembre 1314 au cours d’une chasse au sanglier (il serait tombé de cheval). A sa mort, c’est son premier fils, Louis X le Hutin qui monte sur le trône. Mais il meurt deux ans plus tard, à l’âge de 26 ans, d’une fièvre qu’il aurait contractée en entrant dans une grotte dont la fraîcheur l’avait saisi après qu’il se fût trop échauffé à jouer à la paume. Son épouse, la reine Clémence, étant enceinte, Philippe le Long, frère de Louis, ne prit que le titre de régent : Clémence accoucha, le 15 novembre 1316, d’un fils auquel on donna le nom de Jean, et qui ne vécut que cinq jours (Jean Ier le Posthume).

Philippe prit alors le titre de roi sous le nom de Philippe V ; mais ce ne fut pas sans contestation. Louis X avait eu de Marguerite, sa première femme, une fille, nommée Jeanne, héritière du royaume de Navarre : le duc de Bourgogne, son oncle, prétendait qu’elle devait hériter aussi du royaume de France ; et comme depuis Hugues Capet c’était la première fois que la couronne cessait d’être transmise directement du père au fils, pour remonter du neveu à l’oncle, on pouvait essayer d’opposer la coutume des pays où les femmes règnent aux coutumes des deux premières dynasties qui les excluaient du trône. Cette contestation fut solennellement jugée dans une assemblée tenue à Paris ; et l’on y approuva les anciens usages qui ont toujours eu force de loi, quoiqu’on n’en trouve le texte écrit nulle part, pas même dans la loi salique, qui ne contient pas un seul article relatif à la couronne. Philippe V régna six ans et mourut à 29 ans. C’est le dernier fils de Philippe le Bel, Charles IV, qui monta sur le trône en 1322 avant de mourir lui aussi six ans plus tard. Il était âgé de 33 ans.

Ainsi, en l’espace de quatorze ans, les trois fils de Philippe le Bel, qui tenaient de leur père cette beauté mâle qui donne l’espoir d’une longue vie et d’une nombreuse postérité, montèrent sur le trône, et disparurent sans laisser d’héritiers. La couronne passa à une branche collatérale, dans la personne de Philippe de Valois, premier prince du sang ; mais comme la veuve du feu roi se trouvait enceinte, il ne prit que le titre de régent, jusqu’au jour où elle accoucha d’une fille. La loi salique, invoquée en 1316 par le second fils de Philippe le Bel pour s’emparer du trône, scellait en 1328 l’extinction de la dynastie capétienne.

Aucun chroniqueur italien ne fut dupe du procès inique fait aux Templiers : ni Villani, ni Dino Compagni, ni Boccace (dont le père était à Paris à l’époque du procès), ni l’auteur des Storie Pistolesi, ni Dante. Tous ont goûté l’ironie d’une aventure où périrent comme hérétiques les plus fidèles serviteurs de la Cour romaine, les défenseurs les plus obstinés de la foi. Les écrivains français du temps furent, naturellement, plus prudents ; ils n’osaient s’inscrire en faux contre le pape et le roi, mais on voit bien ce qu’ils en pensent :

Bien gaaingnié l’avoient celz,
Se voirs estoit qu’en disoit d’elz… (si ce qu’on disait d’eux était vrai)
Plusieurs, ou monde condampnez
Sont lassus au ciel couronnez,
Et les aime Diex et tient chiers.
Mais ça aval (ici-bas), en ceste Eglise,
Nous convient trestouz (il nous faut tous) la devise
Tenir du pape et l’ordinance…
L’en puet bien decevoir (on peut bien tromper) l’Eglise ;
Mes l’en ne puet en nule guise (aucunement)
Diex decevoir ; je n’en dis plus. Qui voudra die le surplus.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 14 mars, 2009 |5 Commentaires »

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A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto ————- Prends garde au bœuf par devant, à l’âne par derrière, à l’imbécile par tous les côtés Absentem lædit, qui cum ebrio litigat ————- Celui qui se querelle avec un ivrogne frappe un absent Abusus non tollit usum ————- L’abus n’exclut pas l’usage Abyssus abyssum invocat ————- L’abîme appelle l’abîme (Psaume de David) Ad augusta per angusta ————- Vers les sommets par des chemins étroits (La gloire ne s’acquiert pas facilement.) Ad impossibilia nemo tenetur ————- À l’impossible nul n’est tenu Ægroto dum anima est, spes est ————- Tant que le malade a un souffle, il y a de l’espoir Amicus certus in re incerta cernitur ————- C’est dans le malheur qu’on reconnaît ses amis Aquila non capit muscas ————- L’aigle ne prend pas les mouches Audaces fortuna juvat ————- La fortune sourit à ceux qui osent Audi, vide, tace, si tu vis vivere ————- Écoute, observe, et tais-toi, si tu veux vivre Avaro omnia desunt, inopi pauca, sapienti nihil ————- À l’avare, tout manque, au pauvre, peu, au sage, rien Barba non facit philosophum ————- La barbe ne fait pas le philosophe (l’habit ne fait pas le moine) Beati pauperes spiritu ————- Bienheureux les pauvres d’esprit (citation extraite du Sermon sur la montagne de Jésus) Beatus qui prodest quibus potest ————- Heureux qui vient se rendre utile à ceux qu’il peut aider Bis dat, qui cito dat ————- Donner rapidement, c’est donner deux fois Bis repetita placent ————- Ce qui est répété séduit Bis repetita non placent ————- Ce qui est répété deux fois ne séduit plus Bene diagnoscitur, bene curatur ————- Bien diagnostiquer, c’est bien soigner Bona valetudo melior est quam maximæ divitiæ ————- Une bonne santé vaut mieux que les plus grandes richesses Canis sine dentibus vehementius latrat ————- Un chien sans dents aboie plus vigoureusement (chien qui aboie ne mord pas) Carpe diem ————- Cueille le jour (mets à profit le jour présent ; Horace) Caveat emptor ————- Que l’acheteur soit vigilant Cave ne cadas ————- Prends garde à la chute Cibi condimentum est fames ————- La faim est l’épice de tout plat Citius, Altius, Fortius ————- Plus vite, plus haut, plus fort ! (il s’agit de la devise olympique) Cogito ergo sum’ ————- Je pense donc je suis (Descartes) Consuetudinis vis magna est ————- La force de l’habitude est grande Consuetudo altera natura est ————- L’habitude est une seconde nature Contra vim mortis non est medicamen in hortis ————- Il n’y a dans le jardin aucun remède à la puissance de la mort Contraria contrariis curantur ————- Les contraires se guérissent par les contraires Cuiusvis hominis est errare ————- Il appartient à tout homme de se tromper Dat veniam corvis, vexat censura columbas ————- La censure pardonne aux corbeaux et poursuit les colombes (Juvénal) De gustibus et coloribus, non disputandum ————- Des goûts et des couleurs, il ne faut pas discuter De mortuis nihil nisi bene ————- Des morts, on ne doit parler qu’en bien Divide et impera ————- Divise pour régner Dolus an virtus quis in hoste requirat ? ————- Ruse ou courage, qu’importe contre l’ennemi ? Ducunt volentem fata, nolentem trahunt ————- Le destin porte ceux qui l’acceptent et lynchent ceux qui le refusent Dulce et decorum est pro patria mori ————- Il est doux et beau de mourir pour la patrie (Horace) Dum spiro, spero ————- Tant que je respire, j’espère Dura lex, sed lex ————- La loi est dure, mais c’est la loi E fructu arbor cognoscitur ————- On connaît l’arbre par les fruits Errare humanum est ————- L’erreur est humaine (Sénèque le Jeune) Errare humanum est, sed perseverare diabolicum ————- Il est humain (dans la nature de l’homme) de se tromper, mais persévérer (dans l’erreur) est diabolique. Felix qui potuit rerum cognoscere causas ————- Heureux celui qui a pu pénétrer le fond des choses (Virgile) Finis coronat opus ————- La fin justifie les moyens Fortes fortuna juvat ou Audaces fortuna juvat ————- La fortune favorise les audacieux Furor arma ministrat ————- La fureur fournit des armes Gutta cavat lapidem non vi, sed sæpe cadendo ————- La goutte fait un trou dans la pierre, pas par la force, mais en tombant souvent Habent sua fata libelli ————- Les livres ont leur propre destin Hodie mihi, cras tibi ————- Aujourd’hui pour moi, demain pour toi Homines quod volunt credunt Les hommes croient ce qu’ils veulent croire Homo homini lupus est ————- L’homme est un loup pour l’homme Homo sum, humani nihil a me alienum puto ————- Je suis un homme ; rien de ce qui est humain ne m’est étranger (Térence) Horas non numero nisi serenas Je ne compte les heures que si elles sont sereines Ignorantia iuris nocet ————- L’ignorance du droit porte préjudice Ignorantia legis non excusat ————- L’ignorance de la loi n’est pas une excuse Ignoti nulla cupido ————- On ne désire pas ce qu’on ne connaît pas (vers d’Ovide) In cauda venenum ————- Dans la queue le venin In dubio pro reo ————- Le doute profite à l’accusé (en cas de doute, on acquitte) In medio stat virtus ————- La vertu se tient au milieu… et non aux extrêmes Inter arma silent leges ————- En temps de guerre, les lois sont muettes Ira furor brevis est ————- La colère est une courte folie Iurare in verba magistri Jurer par les paroles du maître Iuventus stultorum magister ————- La jeunesse est le professeur des fous Labor omnia vincit improbus ————- Le travail opiniâtre vient à bout de tout Laborare est orare ————- Travailler, c’est prier Lacrimis struit insidias cum femina plorat ————- Lorsque la femme pleure, elle tend un piège avec ses larmes (Caton) Macte animo ! Generose puer, sic itur ad astra ————- Courage noble enfant ! C’est ainsi que l’on s’élève vers les étoiles. Major e longinquo reverentia ————- De loin, l’admiration est plus grande Medicus curat, natura sanat ————- Le médecin soigne, la nature guérit Memento mori Souviens-toi que tu es mortel ou souviens-toi que tu mourras Memento audere semper ————- Souviens toi de toujours essayer/oser Memento quia pulvis es ————- Souviens-toi que tu es poussière Mens sana in corpore sano ————- Un esprit sain dans un corps sain (Juvénal) Multi sunt vocati, pauci vero electi ————- Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus Mutatis mutandis ————- En changeant ce qui doit être changé ou en faisant les changements nécessaires Natura abhorret a vacuo ————- La nature a horreur du vide Nemo auditur propriam turpidudinem allegans ————- Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude Nemo censetur ignorare legem ————- Nul n’est censé ignorer la loi Nemo judex in causa sua ————- Nul ne peut être à la fois juge et partie Neque ignorare medicum oportet quæ sit ægri natura ————- Il ne faut pas que le médecin ignore quelle est la nature de la maladie Nihil lacrima citius arescit ————- Rien ne sèche plus vite qu’une larme Nil novi sub sole ————- Rien de nouveau sous le soleil Nil sine numini ————- Il n’y a rien sans la volonté des dieux Nomen est omen ————- Le nom est un présage Non nobis domine, non nobis nomine sed tuo da gloriam ————- Non pour nous Seigneur, non pour nous, mais en votre nom et pour votre gloire Non omnia possumus omnes ————- Tous ne peuvent pas tout Non scholæ, sed vitæ discimus ————- Nous n’apprenons pas pour l’école mais pour la vie Non ut edam vivo, sed ut vivam edo ————- Je ne vis pas pour manger, mais je mange pour vivre Non vestimentum virum ornat, sed vir vestimentum ————- Ce n’est pas l’habit qui embellit l’homme, mais l’homme qui embellit l’habit Non vini vi no, sed vi no aquæ ————- Je ne nage pas grâce au vin, je nage grâce à l’eau (Jeu de mots) Nondum amabam, et amare amabam ————- Je n’aimais pas encore, pourtant je brûlais d’envie d’aimer Nosce te ipsum ————- Connais toi toi-même ! Nulla poena sine lege ————- Nulle peine sans loi Nulla regula sine exceptione ————- Pas de règle sans exception O tempora, o mores ! Ô temps, ô mœurs ! (Cicéron) ————- Autres temps, autres moeurs Oculi plus vident quam oculus ————- Plusieurs yeux voient mieux qu’un seul Oculos habent et non videbunt ————- Ils ont des yeux mais ne voient pas Omne ignotum pro terribili ————- Tout danger inconnu est terrible Omnes homines sibi sanitatem cupiunt, sæpe autem omnia, quæ valetudini contraria sunt, faciunt ————- Tous les hommes désirent leur propre santé mais ils agissent souvent contre elle Omnes vulnerant, ultima necat ————- Les heures blessent toutes, mais la dernière tue Omnia mea mecum porto ————- Je transporte avec moi tous mes biens Omnia vincit amor ————- L’amour triomphe de tout Omnibus viis Romam pervenitur ————- Tous les chemins mènent à Rome Omnis homo mendax ————- Tout homme est menteur Omnium artium medicina nobilissima est ————- De tout les arts, la médecine est le plus noble Optimum medicamentum quies est ————- Le meilleur médicament est le repos Pax melior est quam iustissimum bellum ————- La paix est meilleure que la plus juste des guerres Pecunia non olet ————- L’argent n’a pas d’odeur (Vespasien) Plenus venter non studet libenter ————- À plein ventre l’étude n’entre Plures crapula quam gladius perdidit ————- L’ivresse a causé la perte de plus de gens que le glaive Post cenam non stare sed mille passus meare ————- Après dîner ne reste pas, mais va flâner mille pas Præsente medico nihil nocet ————- Quand le médecin est là, pas de danger Prævenire melius est quam præveniri ————- Précéder vaut mieux que d’être précédé Primus inter pares ————- Le premier parmi ses pairs Qualis pater, talis filius ————- Tel père, tel fils Qui nescit dissimulare, nescit regnare ————- Qui ne sait dissimuler, ne sait régner Qui rogat, non errat ————- Poser des questions n’est pas une erreur Qui scribit, bis legit ————- Celui qui écrit lit deux fois Qui tacet, consentire videtur ————- Qui ne dit mot semble consentir Quia pulvis es et in pulverem reverteris ————- Parce que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière Quidquid agis, prudenter agas, et respice finem ! ————- Quoi que tu fasses, fais-le avec prudence, sans perdre de vue la fin Quidquid discis, tibi discis ————- Quoi que tu apprennes, tu l’apprends pour toi-même Quis custodiet ipsos custodes ? ————- Qui gardera les gardiens ? (Juvénal) Quo fata ferunt ————- Là où les destins l’emportent Quod erat demonstrandum (Q.E.D.) ————- Ce qu’il fallait démontrer (CQFD) (Ponctue la fin d’une démonstration.) Quod licet Iovis, non licet bovis ————- Ce qui est permis à Jupiter n’est pas permis au bœuf Quod medicina aliis, aliis est acre venenum ————- Ce qui est un remède pour certains est poison violent pour d’autres Quot capita, tot sententiæ ————- Autant d’avis différents que d’hommes Reddite ergo quæ Cæsaris sunt Cæsari et quæ Dei sunt Deo ————- Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Repetitio est mater studiorum ————- La répétition est la mère des études Requiescat in pace (R.I.P.) ————- Qu’il repose en paix Sæpe morborum gravium exitus incerti sunt ————- Souvent, l’issue des maladies graves est incertaine Salus ægroti suprema lex ————- Le bien-être du malade, voilà la loi suprême Sapientia est potentia ————- La sagesse est pouvoir Si napo leo viveret, hominem non esset ————- Si le lion vivait de navets il ne mangerait pas l’homme Si tacuisses, philosophus mansisses ————- Si tu t’étais tu, tu serais resté un philosophe Si vis pacem, para bellum ————- Si tu veux la paix, prépare la guerre Si vis pacem, para iustitiam ————- Si tu veux la paix, prépare la justice Sine labore non erit panis in ore ————- Sans travail il n’y aura pas de pain dans ta bouche, ou pour conserver le jeu de mots : Sans boulot, pas de fricot Solem lucerna non ostenderent ————- On ne montre pas le soleil avec une lanterne (pour montrer l’évidence d’une chose) Spoliatis arma supersunt ————- À ceux qui ont été dépouillés, une ressource reste : les armes Tarde venientibus ossa ————- Pour les retardataires, des os. (se dit en parlant de ceux qui arrivent en retard à un repas) Tempora mutantur et nos mutamur in illis ————- Le temps bouge, nous bougeons avec lui Testis unus, testis nullus ————- Un seul témoin, pas de témoin Ubi bene, ibi patria ————- La patrie est là où l’on se sent bien Ubi concordia, ibi victoria ————- Là où il y a concorde, il y a victoire Ubi lex non distinguit, non distinguere debemus ————- Là où la loi ne distingue pas, il ne faut pas distinguer Ubi tu Gaius, ibi ego Gaia ————- Là où tu seras Gaïus, je serai Gaïa (formule de fidélité dite par les époux romains lors du mariage) Ultima ratio regum ————- Le dernier argument des rois (devise inscrite sur les canons par ordre du Cardinal de Richelieu) Ultra posse nemo obligatur ————- À l’impossible nul n’est tenu Unum castigabis, centum emendabis ————- Si tu réprimes une erreur, tu en corrigeras cent Usus magister est optimus ————- L’expérience [ou la pratique] est le meilleur maître. Ut ameris, amabilis esto ————- Pour être aimé, sois aimable Ut sis nocte levis, sit cena brevis ————- Si tu veux passer une bonne nuit, ne dîne pas longuement Vade retro satana ————- Retire-toi, Satan ! Vanitas vanitatum et omnia vanitas ————- Vanité des vanités, tout est vanité (Cri de l’Ecclésiaste) Veni vidi vici ————- Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu (Phrase de Jules César) Verba docent, exempla trahunt ————- Les mots enseignent, les exemples entraînent Verba volant, scripta manent ————- Les paroles s’envolent, les écrits restent Veritas odium parit ————- – La franchise engendre la haine (équivaut à l’actuel « Toute vérité n’est pas bonne à dire ») Veritas odium parit, obsequium amicos ————- La franchise crée des ennemis, la flatterie des amis Victrix causa diis placuit, sed victa Catoni ————- La cause du vainqueur a séduit les dieux, mais celle du vaincu a séduit Caton (Lucain, Pharsale, I, 128). Vide supra ————- Voir plus haut Video meliora proboque deteriora sequor ————- Je vois le bien, je l’aime et je fais le mal Vinum aqua miscere ————- Mettre de l’eau dans son vin Virtus post nummos ————- La vertu après l’argent Vox populi vox dei ————- La voix du peuple est la voix de Dieu V.S.L.M abréviation de « Votum Solvit Libens Merito » ; ————- Il s’est acquité de son vœu, de bon gré, comme il se doit. Vulnerant omnes, ultima necat ————- Toutes blessent, la dernière tue

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 14 mars, 2009 |14 Commentaires »

VENDREDI 13 OCTOBRE 1307

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ARRESTATION DES TEMPLIERS
LE VENDREDI 13 OCTOBRE 1307.
La plus extraordinaire « OPÈRATION DE POLICE » de tous les temps.
Par Philippe Ritter

Ce matin, dès l’aube, toutes les polices et les gens d’armes de France et de Navarre, ont investi près de trois mille demeures sur l’ensemble du territoire, pour en arrêter tous les occupants. En fin de journée, l’opération est terminée et il est encore impossible de connaître le nombre exact de ces arrestations. Elles continueront plus tard, dans toute l’Europe, jusqu’à la fin de l’année. Nous sommes le vendredi 13 octobre 1307.
C’est bien ce vendredi 13 qui sera à l’origine d’une croyance populaire, de bon ou de mauvais présage, qui persiste encore aujourd’hui, 700 ans après. Jaloux de leur puissance et de leur richesse, inquiet de leur pouvoir auprès du pape, ou bien mal informé par une campagne délétère, le roi de France, Philippe IV Le Bel, fait arrêter tous les Templiers du royaume, pour apostasie et mauvaises mœurs. L’Affaire est menée par Guillaume de Nogaret, qui fait adresser, dans le plus grand secret, dés le 14 septembre, des « lettres closes » à tous les Baillis et Sénéchaux du royaume, à n’ouvrir « qu’à jour dit ». Ce matin du vendredi 13, de Nogaret lui-même, dirige l’arrestation de près de 140 Templiers de la Maison Centrale de Paris. Sur tout le territoire, ils sont incarcérés, puis interrogés et torturés. Ceux qui réussissent à s’échapper sont repris le jour même. On leur propose le pardon ou la mort. Très peu abjureront. Peu de temps après, ils sont condamnés au bûcher, et dés le 12 mai 1310, 54 Templiers sont brûlés à Paris.
La malédiction : Lors du Concile de Vienne, le 20 mars 1312, l’Ordre est dissout, et leurs biens sont confisqués. Ce n’est que le 18 Mars 1314, que le Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay monte sur le bûcher. Ce jour-là, il va maudire ses tortionnaires, pour leur « traîtrise du vendredi 13 ». En effet, la veille, le jeudi 12 Octobre 1307, Jacques de Molay assistait aux obsèques de Catherine de Valois, belle sœur du roi, pendant lesquelles, il porta même un des « Cordons du Poêle », honneur suprême.
La Mémoire populaire retiendra la mort du pape Clément V, à Roquemaure du Gard, dans la nuit du 19 au 20 avril 1314, puis celle de Philippe le Bel, dans les six mois qui ont suivi, comme le prévoyait la malédiction de Jacques de Molay .
« Pape Clément, roi Philippe, Chevalier Guillaume, avant qu’il soit un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu ! Maudit ! Maudit ! Soyez maudits jusqu’à la septième génération ! »
  
A Nîmes et sa région, tout a commencé par cette « lettre close » du 14 septembre 1307, adressée à Bertrand Jourdain de l’Isle, Sénéchal de Beaucaire. Les chevaliers du roi, Henry de la Celle et Oudard de Maubuisson, sont nommés commissaires de la sénéchaussée, pour l’arrestation du 13 octobre. La suite de cette mission est de faire l’inventaire de leurs biens, et de les interroger sur les faits qui leur sont reprochés. De Nîmes, oú réside le Sénéchal de Beaucaire, les ordres sont donnés, là aussi dans le plus grand secret, sur toute la région.
Ce vendredi 13, donc, aux premières lueurs du jour, les « Gens d’armes » de la sénéchaussée investissent près d’une dizaine de Commanderies, et plus d’une cinquantaine de maisons. Trente-trois Templiers sont arrêtés à la commanderie d’Alès, quarante-cinq à Aigues-Mortes enfermés à la Tour de Constance, soixante à Beaucaire et cent cinquante à la commanderie de Nîmes ; soit deux cent quatre-vingt-huit membres de l’Ordre. C’est dire l’importance de la Maison de cette ville, à Paris par exemple, ils n’étaient que cent quarante. Parmi les Templiers arrêtés dans notre région, il y avaient quelques commandeurs, et quelques chevaliers, mais surtout, un très grand nombre de servants. Ils venaient des maisons oú eurent lieu les arrestations, mais aussi des maisons de Calvisson, Aubais, Générac, Montfrin, et Saint-Gilles. A Alès, certains même, venaient des commanderies de Montpellier, Jallès en Ardèche et Le Puy-en-Velay.

Dés le 08 novembre 1307, de Maubuisson lui-même, dirige les interrogatoires des prisonniers d’Aigues-Mortes, oú était retenu Bertrand de Falgues, Commandeur de Saint-Gilles. Le 16 novembre suivant, il poursuit ses investigations à Nîmes, c’est le début de l’Inquisition et des tortures. En 1308 et 1309, débutent les enquêtes pontificales, Clément V est déjà installé en Avignon depuis 1305, l’évêque de Nîmes Bertrand de Languissel prend à son tour les réponses des Templiers. On transférait facilement les détenus d’une prison dans l’autre, d’Aigues-Mortes à Alès, ou de Beaucaire à Nîmes, pour éviter les « réponses convenues »et les faire passer entre les mains de plusieurs inquisiteurs différents. Il y a eu torture, et peut-être bûcher. Toujours est-il qu’en juin 1310, le Concile de Nîmes prononça la condamnation des Templiers du Languedoc. Certains meurent sous la torture, d’autres se parjurent et sont libérés, d’autres enfin sont transférés à Carcassonne ou à Paris et passeront par le bûcher entre 1310 et 1314. Vers la fin de 1312, vingt-deux Templiers, arrêtés en 1307 et incarcérés à Alès, sont absouts.
A cette même époque, Guillaume de Nogaret achète de nombreux biens sur Nîmes, sa région, et en Vaunage, avant de mourir au printemps 1313, à Paris.
A Montpellier et ses environs, les évènements de 1307 ont marqué, là aussi l’histoire de notre région. Lors de l’inventaire des biens des Templiers, entamé dés la fameuse « lettre close » du 14 septembre, car il fallait bien répertorier les sites avant d’organiser les arrestations du vendredi 13 au matin, Oudard de Maubuisson donne une liste impressionnante de commanderies et de maisons, dépendantes de l’Ordre en Provence, réparties le long de la côte méditerranéenne, et limitées au Nord, par les autres possessions du Temple en Quercy et Rouergue. Ce patrimoine, dans certains cas, est encore bien visible de nos jours. Il faut citer à l’Ouest de Montpellier les commanderies du Mas neuf et de Launac, à l’Est Vauguières près de Mauguio, puis Castries et Saint-Michel de Bannières, Lunel et Marsillargues, et enfin Bruyère, sur la commune actuelle de Saint Christol. Dans un périmètre plus large, autour de Montpellier, on notera Lodève, Clermont-l’Hérault, Tiberet, Cazouls, Nébian, Pézenas, Peyrat et Périès, pour ne citer que les plus significatives. Imaginons qu’il en est de même pour l’Aude avec Narbonne, Douzens, Carcassonne, Bezu ou Campagne sur Aude, on comprend facilement que sur la France entière, près de trois milles commanderies ont été visitées, ce vendredi 13, au même instant. C’est cette dernière prouesse, pour l’époque, qui rend l’évènement aussi exceptionnel. Tous les Templiers ont été arrêtés, enfermés dans les places fortes, de Nîmes à Carcassonne, certains même, à l’intérieur de leurs propres commanderies, dans lesquelles ils ont subi la Question, et parfois la torture.

Après son arrestation à Aigues-Mortes, puis son transfert à Alès pour interrogatoires sous la torture, le Commandeur de Saint-Gilles, Bertrand de Falgues (appelé sur certains documents Bernard de Salgues), finira par faire des aveux le 29 août 1311, quatre ans plus tard. Il était accompagné de Pons Gaillard, Commandeur de Launac, et Bertran da Silva, chevalier lui aussi de la Maison de Montpellier. Ce même jour, ils avouent tous les trois, qu’à Montpellier une « Tête magique » est conservée, et qu’elle est apparue sous la forme d’un « Chat parlant la langue des hommes ». Selon la tradition, un trésor serait enfoui à l’emplacement de la commanderie de Montpellier.

Le 20 mars 1312, Clément V, par le Concile de Vienne, confisque tous les biens ayant appartenu aux Templiers pour les confier à la Couronne, puis plus tard aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Entre temps, certains droits, et quelques domaines ont été acquis par des Seigneurs peu scrupuleux. Nous ne retiendrons que Guillaume de Nogaret, qui avait déjà réalisé la même démarche en 1294, avec les biens des Anglais, et en 1306, avec ceux des juifs, sur notre seul Languedoc.

La légende du Trésor des Templiers : L’existence même du Trésor des Templiers est niée par certains historiens. Ces derniers avancent une thèse : Les templiers étaient très riches en domaines, ils gagnaient beaucoup d’argent, avaient de nombreux bénévoles et ne payaient aucun impôt… malgré cela il n’y aurait rien eu dans les caisses lors de leur arrestation, le vendredi 13 octobre 1307…
Un rapport écrit d’Alain de Pareilles, conservé aux Archives Nationales, relate par écrit que le Temple de Paris a été trouvé pratiquement vide lors des arrestations !
A l’opposé, plusieurs hypothèses sont avancées, elles tentent d’expliquer la fuite du trésor : Celle des 3 chariots, sortis de Paris la veille du 13 fatidique, et rejoignant l’Angleterre… pour étayer le tout certains nous parlent des archives secrètes du Vatican, avec des frères Templiers enfuis, Gérard de Villers et Jean de Châlon… d’autres préfèrent la piste d’Aquitaine, pays inaccessible et mal venu aux hommes de Philippe le Bel, donc terre de refuge pour les Templiers et leur Trésor.
Une certitude, les templiers brassaient beaucoup d’argent sous forme de valeurs précieuses. A cette époque point de billets ni de comptes numérotés… comment imaginer que cette machine à fric fut désamorcée le vendredi 13 octobre 1307. Que les préteurs qu’étaient les Templiers, ceux qui ont financé la rançon de Louis IX, ceux qui finançaient la dette du pouvoir Royal, en souscrivant aux emprunts de Philippe le Bel, étaient quasiment ruinés lors de leur arrestation ?
Leur « trésor » n’était, peut-être, pas perdu pour tout le monde… il a probablement servi d’autres causes… plus ou moins avouables… ceux qui en ont disposé, l’ont fait avec discrétion et intelligence, pour preuve, ils n’ont laissé aucun indice… mais peut être que ces derniers étaient tellement gros, qu’il fallait prendre du recul pour les identifier… ce recul c’est le temps, seul un historien méticuleux et averti peut s’atteler à une telle tache… un jour peut être…

Georges Mathon, octobre 2007.

-oOo-

Chronologie régionale sous Philippe IV Le Bel

- 05/10/1285 : Mort de Philippe III, Le Hardi, à Perpignan. Son fils Philippe IV Le Bel, remonte à Reims, pour son sacre, et passe à Nîmes les 25 et 26 octobre. Le 27, il part pour Le Puy en Velay.
- 1288 : Philippe Le Bel permet aux marchands de Montpellier de commercer à Nîmes, et interdit aux marchands italiens établis à Nîmes, (les Lombards) de « trafiquer » à Montpellier.
- 1294 : Philippe Le Bel ordonne au Sénéchal de Beaucaire et de Nîmes, de saisir les biens des Anglais de la sénéchaussée.
- 1295-1302 : Guerre des Flandres : Le Sénéchal de Beaucaire envoie, à trois reprises, des troupes de la région, pour rejoindre le roi.
- 12/03/1302 : Guillaume de Nogaret, professeur ès lois, chevalier, ayant auparavant exercé la fonction de Juge Mage de la sénéchaussée de Nîmes en 1294, se porte accusateur contre le pape Boniface VIII, dans le conflit qui l’oppose au roi.
- 13/04/1304 : Boniface VII excommunie Philippe Le Bel, qui charge de Nogaret d’arrêter le pape, pour le juger et le remplacer. À son tour de Nogaret sera excommunié.
- 11/10/1304 : Mort de Boniface VIII. Election pour quelques mois de Benoît XI.
- 1305 : Le conclave met en place l’évêque de Bordeaux, Bertrand de Goth, sous le patronyme de Clément V, qui s’installe en Avignon, avec la bienveillance de Philippe Le Bel.
- Les 21, 22 et 23/10/1305 : Bertrand de Goth, le futur Clément V, est de passage à Nîmes, sur la route de Lyon, pour son couronnement.
- 1306: Philippe Le Bel confie à Guillaume de Nogaret, Seigneur de Calvisson, la mission de faire arrêter les juifs de la sénéchaussée, et de confisquer leurs biens. Cette opération sera menée, par Nogaret, sur la France entière, et dans une seule journée…
- 14/09/1307 : « Lettre close » de Philippe IV, à Bertrand Jourdain de l’Isle, Sénéchal de Beaucaire, ordonnant de saisir tous les Templiers de sa juridiction, et leurs biens. Elle est rédigée dans le plus grand secret, à Maubuisson, par Philippe Le Bel et Guillaume de Nogaret.
- 22/09/1307 : De Nogaret accède à la plus haute dignité du royaume : Garde du Sceau Royal.
Il se fera secondé, dans ses actions, par Guillaume de Plaisians, Seigneur de Vézénobres.
- 13/10/1307 : Plus de 280 arrestations sur la sénéchaussée. Seulement sur Beaucaire, 66 Templiers, y compris ceux de St Gilles sont arrêtés. Ils sont 45 sont mis en prison à Aigues-Mortes, 15 à Nîmes, et 6 dans le Château Royal d’Alès. Par ailleurs, à Nîmes, près de 150 Templiers sont enfermés dans leur commanderie ; à Alès, ce sont 33 d’entre eux qui subissent le même sort.
- 08/11/1307 : Début de la procédure d’inquisition à Aigues-Mortes, par Oudard de Maubuisson. « Il faut prendre la réponse des Templiers » ; Tortures dans toutes les prisons.
- 1312 : Concile de Vienne. Comme dans toute l’Europe, les domaines templiers du Languedoc, sont confisqués au bénéfice de la Couronne, puis remis à l’Ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem.
- Fin 1312 : Vingt-deux Templiers, arrêtés en 1307 et incarcérés à Alès, sont absouts.
- Entre le 25 Mars et le 20 Mai 1313 : Mort de Guillaume de Nogaret à Paris.
- 01/03/1314 : Philippe Le Bel cède à l’abbé de St Gilles les biens saisis aux juifs, sur son territoire, en 1295.
- 19/03/1314 : Mort de Jacques de Molay, sur le bûcher à Paris. Le pape et le roi sont maudits.
- 20/04/1314 : Mort du pape Clément V, à Roquemaure du Gard.
- 29/11/1314 : Mort du roi Philippe IV Le Bel.
- 06/06/1316 : Mort de Louis X Le Hutin, son fils.
- 1316 : Naissance et mort de Jean 1er, Le posthume, fils de Louis X, petit fils de Philippe IV.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 13 mars, 2009 |2 Commentaires »

Benoît XVI et les Templiers

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Benoît XVI citant st Bernard, souligne la primauté de la vie sur le discours

La frénésie des occupations porte à la « dureté du coeur », signale le Pape Benoît XVI

Il souligne la primauté de la vie sur le discours

En priant l’Angélus, ce midi, devant plusieurs milliers de pèlerins depuis  la résidence pontificale de Castel Gandolfo, le Pape Benoît XVI a lancé un appel pressant au discours et la contemplation, au milieu de la « montée subite » de la vie quotidienne.

Il l’a fait en utilisant les paroles ardentes de saint Bernard de Clairvaux (1091-1153), docteur de l’Église, dont la fête à lieu ce 20 août.

En s’adressant au Pape de son époque, le saint français écrivait :  » Voilà – écrit-il – chaque fois que tu es entraîné par ces maudites occupations, tu continues à te perdre en elles, en ne laissant rien de toi à toi même »

Saint Bernard, un grand promoteur de l’Ordre Cistercien, considéré par certains comme l’homme le plus important du  XII siècle en Europe, est chronologiquement le dernier Père de l’Église.

« Il est nécessaire de prêter attention aux dangers d’une activité excessive, indépendamment de la condition et de la charge que l’on effectue, observe le saint, — comme il dit au Pape de son temps, et à tous les Papes et à nous tous  — les nombreuses occupations portent fréquemment à la « dureté du coeur », » ils ne sont pas plus que souffrance pour l’esprit, perte de l’intelligence, dispersion de la grâce », a ajouté Benoît. XVI.

« Cette exhortation est valable pour tous types d’occupations, y compris celles inhérentes au gouvernement de l’Église », a reconnu le pape dans son intervention ce qui a suscité beaucoup d’applaudissements des personnes présentes, dont beaucoup, n’ayant pas pu entrer dans la cour par manque d’espace, ont écouté ses paroles hors du palais.

« Son exemple et ses enseignements se révèlent particulièrement utiles même à notre époque », a reconnu l’évêque de Rome en présentant le modèle de saint Bernard, « celui qui a su harmoniser l’aspiration du moine à la solitude et à la tranquillité du cloître avec l’urgence de missions importantes et complexes au service de l’Église ».

« Pour lui, la force la plus grande de la vie spirituelle est l’amour – a rappelé Benoît XVI, en reprenant des arguments de sa première et pour le moment unique encyclique « Deus Caritas Est ». Dieu, qui est Amour, croit à l’homme par amour et par amour il le sauve »

Benoît XVI a conclu en présentant un des conseils les plus célèbres de saint Bernard, celui qui par sa dévotion à la Vierge Marie est passé à l’histoire avec le titre de « docteur en mariologie ».

 » Ne détourne pas les yeux de cette étoile resplendissante, si tu ne veux pas être englouti par les vagues. Celui qui regarde l’étoile, invoque Marie. En la suivant, tu ne te trompes pas de route. Si Elle te protège, tu n’as pas peur, si Elle te guide, tu ne te fatigues pas et tu arrives au but « .

« Si elle te protège, tu n’auras plus peur ; si elle te guide, tu ne te fatigueras pas ; si elle t’est propice, tu arriveras à l’objectif « , il t-il conclu.

Vie

Naissance et jeunesse de saint Bernard de Clairvaux

saint Bernard de Clairvaux naît à Fontaines les Dijon en 1090. saint Bernard de Clairvaux est le troisième fils de Tescelin le Roux et D’Aleth de Montbard.

Tescelin, son père, est de petite origine nobiliaire au service du duc de Bourgogne. Comme tous les chevaliers de son rang, il cherche une alliance prestigieuse.

Aleth de Montbard, sa mère, appartient à une puissante famille seigneuriale qui possède des biens en Bourgogne et en Champagne. A sa mort, elle fut enterrée dans la crypte Saint Bénigne à Dijon, honorée et accompagnée par de hauts membres du clergé, évêques et abbés. Presque comme une sainte et bien avant saint Bernard de Clairvaux , son fils.

Saint Bernard de Clairvaux fait ses études chez les chanoines de Saint Vorles à Châtillon sur Seine. Son père y tient le château pour le compte du duc Hugues II. saint Bernard de Clairvaux s’exerce aux matières de l’époque : le trivium et le quadrivium. Il semble que saint Bernard de Clairvaux se destinait à des études littéraires avant d’entendre l’appel monastique.

1112 : saint Bernard de Clairvaux se présente à Cîteaux pour y devenir moine avec deux de ses frères, un oncle et des amis. Plus tard saint Bernard de Clairvaux convaincra son père, des frères et soeurs, ainsi que d’autres amis : la noblesse volontairement rentre dans les ordres.

En effet, une des caractéristiques de l’ordre de Cîteaux, au début, réside dans l’origine des hommes qui rentrent dans l’ordre : ce sont des nobles qui généralement ont déjà eu une autre vie avant la vie monastique. Chevaliers, seigneurs ayant déjà guerroyé. Ce ne sont plus comme à Cluny des enfants confiés à un monastère par piété familiale ou autre raison.

1115 : Après un noviciat fort court, Etienne Harding, l’abbé de Cîteaux, confie à saint Bernard de Clairvaux la fondation d’une autre abbaye pour approfondir la réforme spirituelle. Le lieu choisi sera Clairvaux, anciennement nommé le Val d’Absinthe.

C’est une réussite : un juste équilibre entre travail manuel et intellectuel, rythmé par le silence et les prières communautaires en font le succès. saint Bernard de Clairvaux est fait abbé par l’évêque de Châlons, Guillaume de Champeaux, dont saint Bernard de Clairvaux devient l’ami.

1119 : Fondation de l’abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux. L’ordre s’organise sous l’autorité et la personnalité de saint Bernard de Clairvaux et la spiritualité particulière de l’école cistercienne connaît un grand succès.

Le concile de Troyes

1128 : Le but de ce concile est de fixer la règle du nouvel ordre crée en Palestine, les pauvres chevaliers du Christ. Il deviendra l’ordre du Temple. Parmi les neufs premiers chevaliers, on trouve un oncle de saint Bernard de Clairvaux , André De Montbard.

Participants à ce concile les cisterciens sont bien représentés : Hugues de Mâcon l’abbé de Pontigny, saint Bernard de Clairvaux lui-même mais aussi Etienne Harding l’abbé de Cîteaux.

saint Bernard de Clairvaux est-il à l’origine de la règle des Templiers ? Celle-ci est d’essence augustinienne plutôt que cistercienne. Elle doit être adaptée à des guerriers. La règle cistercienne est adaptée à des moines. Bien que saint Bernard de Clairvaux semble ne pas être parmi les plus enthousiastes, saint Bernard de Clairvaux a certainement donné son avis et fait admettre quelques unes de ses idées ainsi que des idées d’essence cisterciennes.

Il faut noter son regret public de voir le comte de Champagne abandonner son comté pour rejoindre l’ordre du Temple.

Le concile approuve la règle du nouvel ordre : elle tente de concilier la règle de Saint Augustin avec les nécessités de la vie militaire.

1129 : Hugues de Payns, maître de l’ordre du Temple, sollicite saint Bernard de Clairvaux pour qu’il appuie l’ordre et adresse une exhortation aux frères templiers. Après trois demandes, saint Bernard de Clairvaux rédige  »la louange de la nouvelle milice ». A cette époque, saint Bernard de Clairvaux travaille lui-même à la rédaction des  »sermons sur le cantique des cantiques ».

Le schisme

1130 : Le roi de France Louis VI réunit à Etampes un concile pour conforter le pape Innocent II face au schisme de l’antipape Anaclet. Cîteaux et Cluny soutiennent le pape. saint Bernard de Clairvaux est présent au concile.

saint Bernard de Clairvaux devient pour les huit années qui suivent le principale avocat d’Innocent II. Celui-ci rencontre saint Bernard de Clairvaux à l’abbaye de Saint Benoît sur Loire et le charge de défendre sa cause face aux partisans d’Anaclet. Alors commence pour saint Bernard de Clairvaux une campagne qui le mènera à travers la Flandre, la Normandie, l’Aquitaine, l’Allemagne et l’Italie.

1131 : rencontre avec Henri I Beauclerc, roi d’Angleterre et duc de Normandie. il se rallie à la cause d’Innocent.

1132 : A Poitiers, Bernard essaie de convaincre Guillaume X duc d’Aquitaine d’abandonner la cause d’Anaclet. Il n’y parvient pas et adresse un réquisitoire à tous les évêques d’Aquitaine contre l’évêque d’Angoulême, principal responsable du schisme dans la région.

1133 : Italie. Il rallie des princes italiens et assiste au couronnement du nouvel empereur du saint Empire : Lothaire. Celui-ci devient l’allié théorique d’Innocent.

1134 : Parthenay. Il rencontre et réussit à rallier Guillaume X d’Aquitaine.
La légende s’est emparée de l’histoire. C’est au cours d’une messe dite en l’église du Couldre que l’épisode a lieu. Au moment de l’élévation de l’hostie, Bernard a l’idée de se retourner et majestueusement porte l’hostie devant Guillaume X qui écoutait la messe sur le parvis car excommunié. Vivement impressionné, celui-ci s’agenouille et Bernard lui tient un sermon. Guillaume demande pardon.

Le voici réconcilié avec l’église, la levée d’excommunication viendra plus tard, et il se rallie à Innocent II.

1135 : après avoir traversé les pays rhénans et la Suisse, saint Bernard de Clairvaux revient en Italie pour tenter de régler les différents entre le pape et l’empereur d’une part et Roger II roi de Sicile d’autre part, qui reste un farouche opposant d’Innocent II.

Anaclet meurt le 25 janvier 1138. Le schisme disparaît. saint Bernard de Clairvaux va pouvoir se consacrer à nouveau à Clairvaux, à son ordre, aux sermons et prédications, mais aussi à combattre les thèses d’Abélard.

Bernard De Clairvaux est devenu l’arbitre auquel on fait appel. Il est de tous les litiges et de tous les conciles. saint Bernard de Clairvaux est même présent lors de la signature de certaines chartes. saint Bernard de Clairvaux rencontre Aliénor d’Aquitaine à Saint Denis en 1144. On dit qu’il ne l’appréciait guère Auparavant saint Bernard de Clairvaux aura converti à la vie monastique de
nombreux étudiants à Paris en 1140 mais aussi ailleurs. Tout au long de ses voyages, inlassablement, saint Bernard de Clairvaux harangue et convertit.

Aquitaine et Languedoc

1145 : saint Bernard de Clairvaux effectue un long périple à travers le sud de la France pour lutter par la parole contre les hérésies en général et plus particulièrement l’hérésie  »henricienne ». saint Bernard de Clairvaux passera par Poitiers, Bordeaux, Sarlat, Périgueux, Cahors, Toulouse et Albi. saint Bernard de Clairvaux ne réussira pas et sera même hué dans certaines villes. saint Bernard de Clairvaux ne convainc pas. Y a-t-il déjà une scission entre l’état d’esprit du nord et celui du sud de la France ?

Il faut noter qu’en cette occasion saint Bernard de Clairvaux ne se montrera nullement violent vis à vis des hérétiques.

La croisade

1146 : La seconde croisade est voulue par le pape Eugène III et le roi Louis VII. Elle sera conduite par Louis VII et l’empereur du Saint Empire Conrad. Elle se terminera par un échec. Suger, qui n’approuvait pas cette croisade, opposait au roi l’intérêt de l’état.

Quand à saint Bernard de Clairvaux il n’était peut-être pas présent à Vézelay lors de l’appel. Néanmoins, ou bien le pape réussit à le convaincre ou bien il lui en donna l’ordre : saint Bernard de Clairvaux mis sa fougue au service de la popularité de la croisade.

saint Bernard de Clairvaux alla même participer à la Diète de Francfort réunie pour l’organisation de la croisade. Lui-même n’a jamais voulu la croisade et pourtant saint Bernard de Clairvaux subira les critiques de l’échec et les attaques de ses ennemis.

Mais saint Bernard de Clairvaux sait que les foules ferventes qu’il avait rassemblées ont été mal conduites par des chefs médiocres :
 »Malheur aux chefs responsables ! Ils n’ont rien su faire de bon » écrit saint Bernard de Clairvaux à son oncle André de Montbard devenu maître de l’ordre du Temple. D’ailleurs, c’est peut-être dans cette lettre que saint Bernard de Clairvaux montrera toute son amitié et son affinité avec l’ordre. Cette lettre est un véritable  »ordre du jour » dans laquelle saint Bernard de Clairvaux met tout son enthousiasme à remonter le moral des chevaliers qui sont en droit de se poser bien des questions.

En 1147, Suger prévoit une nouvelle expédition. A Chartres, saint Bernard de Clairvaux est nommé chef de cette expédition et il accepte cette charge ! Mais le départ n’eut jamais lieu.

La Mort

1153 : Dans les dernières années de sa vie, saint Bernard de Clairvaux analyse les échecs de la croisade.

Voici une citation que tous les chrétiens devraient longuement méditer :

saint Bernard à Mayence, s’adressant à la foule ameutée contre les Juifs :

 » Marchez sur Sion, leur dira-t-il, défendez le sépulcre de votre Christ, mais ne touchez
pas aux fils d’Israël et ne leur parlez qu’avec bienveillance car ils sont la chair et les os
du Messie, et si vous les molestez vous risquez de blesser le Seigneur à la prunelle de
l’œil.
 » [...]

 » … Et pourquoi tourner votre zèle ou plutôt votre fureur contre les Juifs ? Ils sont les
images vivantes de la Passion du Sauveur. Il n’est pas permis de les persécuter ni de les
massacrer, ni même de les chasser
…  » ( La Croisade allemande, p. 331 )

Sources: Vatican – abbaye cistercienne

Eucharistie sacrement de la miséricorde – 20.08.2006 – BENOÎT XVI

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 10 mars, 2009 |Pas de commentaires »

Devenir et être chevalier

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Devenir et être chevalier

Danielle Quéruel



Issu en général d’un lignage noble, mais parfois de naissance modeste, accepté par sa seule valeur, le chevalier doit mériter son intégration dans la communauté qui entoure le roi. Devenir chevalier et rencontrer le roi qui fait les chevaliers est le rêve qui habite le personnage de Perceval le Gallois, dans le Conte du Graal, à partir du moment où il a vu apparaître devant ses yeux éblouis les armures étincelantes des chevaliers qui sortent des profondeurs du bois où il chasse. Grâce à l’enseignement que lui donne le « preudomme », Gornemant de Goort, il va découvrir que la chevalerie ne se réduit pas à ces apparences brillantes et apprend non seulement le maniement des armes, mais aussi les obligations du chevalier : le respect de la vie de l’adversaire, l’utilisation raisonnable de la force qui doit servir la justice et le droit, l’aide à apporter aux dames, aux faibles et aux victimes, la fréquentation des églises et le salut de son âme. Perceval est alors adoubé et reçoit l’ordre de chevalerie, « l’ordre le plus élevé que Dieu ait établi et inspiré » qui « ne souffre aucune bassesse » [vv.1636-38]. La dernière étape que le chevalier doit parcourir est la découverte progressive de la charité, de l’ouverture aux autres et de la foi. Loin de n’être qu’un ordre militaire, la chevalerie est présentée comme l’aspiration aux plus hautes missions humaines.
 
Au cours du XIIIe siècle, sous l’influence grandissante de l’église et en particulier des ordres religieux, l’éthique chevaleresque se fait de plus en plus exigeante : le chevalier doit exclusivement mettre sa force et ses capacités guerrières au service de la foi et de la chrétienté. Y a-t-il ici la volonté de canaliser les forces vives d’une jeunesse souvent turbulente et brutale, qui aime se battre, qui cherche à s’enrichir dans les tournois et qui n’hésite pas à faire couler le sang dans des combats exclusivement mondains ? Il est probable aussi que le souvenir des croisades de la fin du XIIe siècle en particulier de la troisième croisade qui, pour venger la prise de Jérusalem par Saladin, vit partir outremer le roi Philippe-Auguste et la chevalerie de France, a fait réfléchir sur le rôle que devait jouer l’élite militaire du pays. Quant aux clercs qui écrivent au XIIIe siècle les suites romanesques de l’histoire arthurienne comme la Queste du Graal ou le Lancelot en prose, ils sont issus d’un milieu religieux et ont contribué à la christianisation de l’idéal chevaleresque.
 


Le soldat de Dieu

L’un des développements les plus complets sur les droits et les devoirs du chevalier se trouve dans le Lancelot en prose. La définition de la chevalerie donnée par la Dame du Lac au jeune Lancelot, âgé de dix-huit ans, se situe au moment où il va la quitter pour rejoindre la cour du roi Arthur.
 

Au commencement, quand l’ordre de chevalerie fut établi, on imposa à celui qui voulait devenir chevalier, et qui en avait reçu le don par droit d’élection, d’être courtois sans vilénie, magnanime sans félonie, hardi sans couardise, rempli de compassion à l’égard des malheureux, généreux et tout prêt à secourir ceux qui étaient dans le besoin, tout prêt aussi à confondre les bandits et les tueurs, juge impartial sans sympathie ni antipathie : sans sympathie qui le pousse à aider le parti en tort pour causer du mal au parti en droit, sans antipathie qui le fasse nuire à ceux qui ont raison pour favoriser ceux qui ont eu tort. Un chevalier ne doit pas faire par peur de la mort quelque chose qui puisse lui être imputé à déshonneur, mais il doit davantage redouter la honte que la mort. Les chevaliers ont été établis, fondamentalement, pour protéger la sainte Eglise, car elle ne doit pas se défendre par les armes, ni rendre le mal pour le mal : le chevalier a la tâche de protéger celui qui tend la joue gauche quand on l’a frappé sur la joie droite.

 Lancelot en prose, vers 1220-1230

 
La chevalerie n’est pas un privilège dû à la naissance et l’ordre a été créé pour protéger les faibles et assurer la justice et la paix. Le chevalier est devenu le bras de Dieu. Et la Dame du Lac ajoute :
 

Le chevalier doit être le seigneur du peuple et le soldat de Dieu, puisque son devoir est de protéger, défendre et soutenir la sainte Eglise.

 Lancelot en prose, vers 1220-1230

 
Ce discours nouveau, qui cherche à christianiser l’ordre profane de la chevalerie en le mettant au service de l’Eglise, fait écho aux discussions du XIIIe siècle sur l’articulation entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel. Ecrits sous l’influence cistercienne, ces préceptes ne pouvaient qu’être favorables à une Eglise qui s’impose comme puissance hégémonique de l’Occident.
Cependant les chevaliers arthuriens, tout en cherchant à atteindre cet idéal, ont leurs faiblesses et leurs limites. Ils ne pourront jamais complètement répondre à ces hautes exigences. C’est pourquoi les clercs du XIIIe siècle ont inventé le personnage de Galaad, le fils de Lancelot, seul parmi tous les chevaliers arthuriens à correspondre à la définition donnée.
 

De la chevalerie terrestre à la chevalerie célestielle


La littérature propose au XIIIe siècle un mythe de la chevalerie qui privilégie le salut individuel et l’oubli des valeurs terrestres. Le roi et sa cour n’occupent plus le centre des récits. Les chevaliers, même ceux de la Table ronde, n’ont plus comme priorité de rester auprès du roi Arthur. L’aventure suprême se présente à eux : la conquête de la royauté du Graal. Pourtant réputé pour sa valeur, Gauvain qui, dans les romans de Chrétien de Troyes, est la « fleur de chevalerie », demeure trop attaché aux valeurs mondaines et à la gloire. Lancelot, valeureux lui aussi, a aimé la reine Guenièvre et cela le disqualifie de la quête. La chevalerie terrestre représentée par ces chevaliers est condamnée au profit de ceux qui représentent la chevalerie célestielle. Trois chevaliers seulement parviennent à franchir un certain nombre d‘épreuves et à rejoindre Sarras : Bohort, Perceval et Galaad. Bohort est l’un des meilleurs chevaliers de la Table ronde ; célibataire, capable d’abstinence, il est généreux et en toutes circonstances il fait son devoir, aide les dames et répond à toutes les exigences de l’idéal chevaleresque. Il est le seul à revenir vivant à Camelot pour témoigner de ce qu’il a vu à Sarras. Perceval non plus ne peut arriver jusqu’au Graal. Bien qu’il ait parcouru toutes les étapes de l’intégration chevaleresque, il ne peut accéder à cette suprême aventure à cause du péché qu’il a commis en oubliant sa mère ou peut-être de sa rencontre avec Blanchefleur. S’il avait achevé le Conte du Graal, Chrétien de Troyes lui aurait-il permis d’accéder aux valeurs de la plus haute chevalerie célestielle et aux mystères du château du Roi-Pêcheur ? Les auteurs des Continuations en vers – Wauchier de Denain, Gerbert de Montreuil ou Manessier – insistent sur l’importance de la confession pour retrouver la pureté de l’âme et sur l’aspiration au divin qui dirige le héros vers la sainteté. Mais les grands cycles romanesques en prose composés au XIIIe siècle vont remplacer Perceval par Galaad, le fils de Lancelot. Valeureux, il demeure cependant étranger à l’univers arthurien. Dégagé des contingences terrestres, il ne combat pas des adversaires humains, mais des démons ou des allégories du péché. Il est le seul parmi tous les chevaliers à s’asseoir sur le Siège Périlleux, guérir le roi Mehaigné et voir le Graal. Emporté au ciel, il est alors, non plus un chevalier, mais une figure christique.
Selon Dominique Boutet : « L’assomption célestielle de la chevalerie arthurienne s’accomplit dans l’oubli de ce symbole terrien qu’est le royaume. » (Charlemagne et Arthur ou le roi imaginaire)

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 7 mars, 2009 |5 Commentaires »

Principes de la Quête

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Principes de la Quête

1 Un vrai chevalier doit être gentilhomme et ne point faillir à son honneur.

2 Un vrai chevalier doit soutenir la dignité de l’Homme et de la Femme et se rappeler que tous sont nés égaux en dignité et en droits.

3 Le savoir-vivre d’un vrai chevalier est un exemple pour la jeunesse.

4 Un vrai chevalier ne saurait jamais agir de façon outrageante ni tuer ou être cruel envers aucun homme ni animal.

5 Un vrai chevalier respecte et défend les droits de tous les hommes et femmes à avoir et pratiquer des croyances religieuses qu’il ne partage pas.

6 Un vrai chevalier ne prend pas part à de mauvaises querelles mais en toutes circonstances soutient les droits légitimes de tout homme et de toute femme.

7 Un vrai chevalier est l’esclave de sa parole.

8 Un vrai chevalier doit être honorable en toutes choses et discerner le bien du mal.

9 La conduite d’un vrai chevalier doit être modeste, il ne doit pas rechercher les honneurs pour lui-même.

10 Un vrai chevalier doit chercher à protéger les opprimés et ne jamais faillir à la charité, la fidélité et la vérité.

11 Un vrai chevalier ne dit du mal de personne. Une langue médisante apporte honte et opprobre à un honorable chevalier.

12 Un vrai chevalier ne trahit jamais la confiance ou les confidences qui lui sont faites par un de ses frères chevaliers.

13 Un vrai chevalier doit consacrer sa vie à ce que les peuples du monde puissent vivre ensemble dans la plus grande paix et la plus grande tolérance.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 7 mars, 2009 |Pas de commentaires »

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