L’île de Chypre et les Templiers
Le culte de la tête au Moyen Orient
En 1191, l’Ordre du Temple avait acquis de Richard Cœur de Lion l’île de Chypre. Ne pouvant cependant se permettre le luxe d’entretenir une île privée, l’Ordre fut obligé de la revendre, et c’est ainsi que, l’année successive, l’île devint la propriété du roi de Jérusalem Gui de Lusignan.
Les dix-sept Lusignan qui résidèrent, entre 1192 et 1489, dans l’île d’Aphrodite, et notamment à Nicosie, laissèrent derrière eux un trésor de culture française ; ils y instaurèrent une société de type féodale, et créèrent à Nicosie une cour prenant pour modèle celles de l’Occident. C’est ainsi que, pendant trois siècles, Chypre fut un avant-poste de la culture européenne, se peupla d’européens, et surtout de français, qui introduisirent, en architecture, le style gothique ; en musique, « l’ars nova » et plus tard l »’ars subtilior ». L’Église catholique romaine et l’Église grecque orthodoxe locale mélangeaient leurs rites, et dans les églises, on chantait aussi bien en latin qu’en grec.
L’Ordre du Temple garda toujours, néanmoins, des places fortes à Chypre ; et il est curieux, « que personne n’ait songé à rapprocher le nom de Baphomet de Bapho, le port de Chypre [...]. D’autant que, dans l’antiquité, Bapho (ou Baffo) avait un temple fameux consacré à Astarté, qui était à la fois Vénus et la Lune, vierge et mère, et on l’adorait sous la forme d’une pierre noire » (A. Ollivier in Les Templiers, Paris – 1958.
Macrobe écrit que dans l’île de Chypre, Aphrodite a une statue qui la représente portant la barbe (ou le corps velu), un phallus et des parties viriles, mais aussi des vêtements féminins, et qu’on pense qu’elle soit en même temps mâle et femelle. Aristophane l’appelle Aphroditos. Levius dit Vénus le fécond, qui est mâle et femelle comme la féconde Noctiluque (Celle qui éclaire la Lune la nuit). Philochorus également, dans son « Atthis », dit qu’elle se confond avec la Lune, et que, pour lui offrir des sacrifices, les hommes s’habillent en femmes, et les femmes en hommes, puisqu’elle est considérée en même temps mâle et femelle.
Dans la Monographie du coffret de Monsieur le Duc de Blacas, en parlant de l’image principal du coffret d’Essarois, et en l’identifiant à un éon androgyne, Prosper Mignard fera justement allusion à « la Vénus barbue de Chypre réunissait les deux sexes [...] regardée comme une divinité lunaire ». Dans son ouvrage sur l’Ordre des Templiers, en considérant les statues conservées au musée impérial de Vienne et étudiés par Hammer-Purgstall, John Charpentier écrit qu’ « on se trouve en présence de représentations d’éons, selon toute vraisemblance, c’est-à-dire d’émanations divines, intermédiaires entre le Créateur et la créature, selon la pneumatologie de la Gnose, et d’origine ophite probablement, ce qui donne raison à Hammer-Purgstall. [...] »
N’oublions pas que l’un des chevaliers interrogés, Guillaume de Giac, du diocèse de Besançon, dit que c’est « dans l’île de Chypre, et dans la ville de Limesson », qu’il avait vu la tête qui était l’objet d’un culte secret des Chevaliers. Frère Gaucher vit la même tête deux fois à Paris.
« L’horrible et merveilleuse histoire de la tête parlante est racontée dans les fragments [trouvés par M. Dozy] avec détails. Le patriarche jacobite Dionysius 1er raconte qu’en 765, un homme destiné à être immolé, averti du danger qui le menaçait par la vue de la tête sanglante de son prédécesseur, réussit à s’enfuir et accusa les prêtres harraniens auprès du préfet de la Mésopotamie, Abbas, frère du calife al-Mançour, qui les punit sévèrement. Mamoun dit, en 830, aux députés harraniens : « Vous êtes sans doute ces gens de la tête (parlante) à qui mon père Rachid à eu affaire ». D’après le morceau de la Ghâya, c’est à l’époque du calife al-Moctadir qu’en entrant inopinément dans le temple on aurait découvert la tête, qu’on aurait alors ensevelie. Avons-nous là trois récits différents d’un seul événement, ou bien s’agit-il de trois faits distincts ?
On a émis aussi l’hypothèse « que les têtes découvertes dans le temple par les fonctionnaires musulmans ne fussent pas des véritables têtes humaines, mais des imitations auxquelles on faisait pousser des sons, voire même prononcer des mots, au moyen de certains méchanismes dont parle Masoudî,c’est ce que M. Chwolson a rendu assez probable et on trouvera la chose plus vraisemblable encore si l’on sait que l’expression de la « préparation de la tête » était devenu déjà chez les anciens alchymistes un terme technique ».
Au sujet de la préparation de la tête, « quand le soleil entre dans le signe du Lion, ils (les Sabéens) font venir de Chypre un garçon blond » qu’ils conduisent au temple dit la maison du serpent, le placent dans le puits creusé contenu dans ce temple, le trempent dans l’huile de sésame, lui font manger des feuilles de roses rouges séchées dans une espèce de soupe faite de sept ingrédients : moutarde, lentilles, pois chiches, riz, pois mungo, lupins et blé. Au 28 jour du mois (mai) on le fait éternuer au moyen d’une poudre qu’on lui donne après l’avoir rendu aveugle, on le mène à un chemin qui n’est guère fréquenté, on sépare sa tête de son corps, que l’on enterre, puis on porte sa tête au temple de Câdî (situé près d’une porte de Harran) où on la place sur une colonne, et alors elle pousse un grand hurlement.Là-dessus ils pronostiquent que le nombre des Sabéens augmentera ou diminuera, et qu’ils seront heureux ou malheureux. » (Mémoire posthume de M. Dozy contenant de nouveaux docuemnts pour létude de la religion des Harraniens)
« La cérémonie de la tête humaine est pratiquée par une des nations qui ont le culte des astres. Ils placent cette tête vis-à-vis du garçon qui subit l’épreuve. Pour obtenir la tête il s’emparent d’un garçon blond aux yeux d’un bleu très foncé et mêlé de rouge, aux sourcils réunis, à chevelure abondante… il y a des variantes à cette histoire. La tête est placée dans une niche sur un monceau de cendres d’olives criblées auxquelles on a mêlé une petite quantité de cendres produites par la crémations des corps. Ils garnissent le tout de coton épluché. Ils brûlent de l’encens près de la tête, et celle-ci leur fait des révélations sur la cherté des vivres ou le bon marché, sur les changements de dynasties et sur les événements futurs. Son œil ne cesse pas de voir, quoiqu’il n’ait plus la faculté de cligner. S’ils ont négligé quelques cérémonies du cultes des astres, le tête réclame la réparation. … Au temps du calife al-Moctadir, le magistrat eut avis de leurs manèges ; on entra dans le temple, chassa les prêtres et trouva la tête, qu’on enterra. »
On peut aussi se reporter à ce que Fulcanelli écrit à son sujet :
« Cette image, sur laquelle on ne possède que de vagues indications ou de simples hypothèses, ne fut jamais une idole, comme certains l’ont cru, mais seulement un emblème complet des traditions semtes de l’Ordre, employé surtout au-dehors, comme paradigme ésotérique, sceau de chevalerie et signe de reconnaissance. On le reproduisait sur les bijoux, aussi bien qu’au fronton des commanderies et au tympan de leurs chapelles. Il se composait d’un triangle isocèle à sommet dirigé en bas, hiéroglyphe de l’eau, premier élément créé, selon Thalès de Milet, qui soutenait que « Dieu est cet Esprit qui a formé toutes choses de l’eau ». Un second triangle semblable, inversé par rapport au premier, mais plus petit, s’inscrivait au centre et semblait occuper l’espace réservé au nez dans la face humaine. Il symbolisait le feu, et, plus précisément, le feu enclos dans l’eau, ou l’étincelle divine, l’âme incarnée, la vie infuse dans la matière. Sur la base inversée du grand triangle d’eau s’appuyait un signe graphique semblable à la lettre H des Latins, ou à « l’eta » des Grecs, avec plus de largeur cependant, et dont la barre centrale se coupait d’un cercle médian. Ce signe en stéganographie hermétique, indique l’Esprit universel, l’Esprit créateur, Dieu. À l’intérieur du grand triangle, peu au-dessus et de chaque côté du triangle de feu, on voyait à gauche le cercle lunaire à croissant inscrit, et à droite le cercle solaire à centre apparent. Ces petits cercles se trouvaient disposés à la manière des yeux. Enfin, soudée à la base du petit triangle interne, la croix posée sur le globe réalisait ainsi le double hiéroglyphe du soufre, principe actif, associé au mercure, principe passif et solvant de tous les métaux. Souvent, un segment plus ou moins long, situé à la pointe du triangle, se creusait de lignes à tendance verticale où le profane reconnaissait, non point l’expression du rayonnement lumineux, mais une sorte de barbiche. Ainsi présenté, le baphomet affectait une forme animale grossière, imprécise, d’identification malaisée. C’est ce qui expliquerait sans doute la diversité des descriptions qu’on en a faites, et dans lesquelles on voit le baphomet comme une tête de mort auréolée, ou un bucrâne, parfois une tête d’hapi égyptien de bouc, et mieux encore, la face horrifiante de Satan en personne » Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, Tome I, P. 287-289.
Fulcaneli lui-même cite un fragment d’une étude que Pierre Dujos consacre aux chevaliers du temple dans sa « Bibliographie générale des sciences occultes » et qui dit : « Les frères du Temple – on ne saurait plus soutenir la négative – furent vraiment affiliés au Manichéisme. Du reste, la thèse du baron de Hammer est conforme à cette opinion. Pour lui, les sectateurs de Mardeck, les Ismaéliens, les Albigeois, les Templiers, les illuminés, etc…, sont tributaires d’une même tradition secrète émanée de cette Maison de la Sagesse (Dar-el-hickmet), fondée au Caire vers le XIe siècle. »
Enfin Pierre Dujols admet la variante de von Hammer : « Baphe Meteos, qu’on pourrait traduire par baptême de Mété. On a constaté, justement, un rite de ce nom chez les Ophites. En effet, Mété était une divinité androgyne figurant la Nature naturante. Proclus dit textuellement que Métis, nommé Natura germinans, était le dieu hermaphrodite des adorateurs du Serpent. On sait aussi que les Hellènes désignaient, par le mot Métis, la Prudenœ vénérée comme épouse de Jupiter. En somme, – il conclut – de cette discussion philologique que le Baphomet était l’expression païenne de Pan. Or, comme les Templiers, les Ophites avaient deux baptêmes : l’un, celui de l’eau, ou exotérique ; l’autre, ésotérique, celui de l’esprit ou du feu. Ce dernier s’appelait le baptême de Mété.[...] Cette purification,se trouve indiquée sur une des idoles gnostiques découvertes par M. de Hammeér, et dont il a donné le dessin reproduit ici. Elle tient dans son giron, – remarquez bien le geste : un bassin plein de feu. C’est de cette allégorie que le fameux mythe du Graal tire son origîne.

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Perchè non pubblicate anche le figure del testo di von Hammer Purgstall?
Bien entenu Baphomet au Temple de Paris est arrivé en Terre de France en 1301 à MArseille, un navire templier le Faucon rapatriait les Templiers depuis Chypre. Ce brave Baphomet cachait ce qui était devenu en 1215 environ le Saint Graal, qui n’était pas un objet mais le secret de Rennes Le Château, autre transsubstantiation . C’est une traduction d’un livre énigmatique qui m’a place sur cette voie. Le secret Templier était la graal , pourquoi etait il apparu et installé dans la légende d’Arthur en plein Moyen Âge et dans les Croisades? Et où: À saint jean d’Acre.
Bien à vous