Archive pour mars, 2008

L’art chevaleresque de l’épée longue

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Par Sigmund Ringeck l’aîné (1440 environ)

Jeune chevalier, apprends à aimer Dieu et à respecter les femmes afin que ton honneur grandisse. Cultive les qualités chevaleresques, et étudie cet art qui te glorifie afin de remplir honorablement ton devoir à la guerre.

Lutte bien et manie virilement la lance, la pique, l’épée et le braquemart. Frappe dedans durement, submerge-le: touche ou bien laisse courir le coup. Car les sages détestent celui qui se laisse acculer. Tu dois saisir ceci : tous les arts ont une longueur et une mesure.

Voici le texte de leçons fort bonnes, traitant de l’épée longue dans son ensemble
Si tu veux faire preuve d’art, viens de ta gauche en frappant à droite. Et la gauche avec la droite, c’est ainsi que tu combattras bien fortement.
Glose
Retiens, ceci est la première leçon d’épée longue et tu dois apprendre à porter correctement tes coups des deux côtés si tu veux escrimer avec autrement plus de force et de précision.

Retiens aussi ceci : lorsque tu veux donner un coup du côté droit, ton pied gauche doit être placé devant. Veux-tu maintenant donner un coup haut depuis ton côté droit, fais suivre celui-ci par ton pied droit. Si tu ne le fais pas, le coup est mauvais et inefficace, parce que ton côté droit reste derrière. De ce fait la taille est trop courte et ne peut finir sa course adéquate du bon côté, en bas devant le pied gauche.
De même, si tu frappes depuis ton côté gauche et que la taille n’est pas suivie du pied gauche, elle est également incorrecte. Retiens donc bien que, quelque soit le côté d’où tu inities ton coup, tu dois faire suivre le coup par le pied correspondant. Ainsi tu pourras exécuter avec force et justesse toutes tes pièces.
C’est ainsi que toutes les autres tailles devront être exécutées.

Le texte d’une autre leçon
Celui qui n’agit qu’après les coups (adverses) ne tirera guère profit de son art. Frapper en avançant est ce que tu souhaites, pas de changement ne viendra à ton bouclier. Tu n’éviteras pas les tressautements de la tête au corps. Combattre avec tout ton corps est ce à quoi tu t’exerces bien durement.
Glose
Quand tu viens à ton adversaire lors de l’approche, tu ne dois pas guetter ses coups, ni attendre alors qu’il en fait usage contre toi. Tous les escrimeurs qui restent ainsi à l’affût des coups de l’autre et ne veulent rien faire d’autre que repousser ne tirerons peu profit de leur art car ils seront à cause de cela souvent battus.
De même, tu dois aussi retenir : lorsque tu combats, tu dois le faire avec toute la force de ton corps ! Frappe-le ainsi en t’avançant, à la tête et au corps. Ainsi il ne sera pas capable de dégager devant ta pointe. Et avec le coup, à partir de l’engagement des épées, tu ne dois pas négliger de l’érafler à l’ouverture la plus proche, comme il est décrit ci-après dans les cinq coups et autres pièces.

Encore une leçon
Ecoute, ce qui est mauvais, ne combats pas d’en haut à gauche si tu es à droite, et si tu es à gauche là encore à droite tu seras faible.
Glose
Retiens que cette leçon s’adresse à deux types de personnes : les gauchers et les droitiers.
Cela se comprend ainsi : quand tu viens vers ton adversaire lors de l’approche, si tu es droitier et que tu pense pouvoir le frapper, ne porte pas le premier coup à partir du côté gauche, parce que tu es faible de ce côté, et que de ce fait tu ne pourrais résister s’il venait à engager ton arme avec force.
C’est pourquoi, frappe du côté droit : ainsi tu pourras, à ta guise, oeuvrer puissamment à son épée avec art. De même : si tu es gaucher, ne porte pas tes coups à partir de la droite, puisque les gauchers ne sont généralement pas habitués à le faire efficacement du côté droit. Il en est de même des droitiers pour le côté gauche.

Voici le texte et une leçon sur  » l’avant  » et  » l’après  »
L’avant et l’après sont deux choses à la source de tous les arts. Faible et fort , « Même-temps » avec ce mot tu dois te souvenir. Ainsi tu dois apprendre avec art à oeuvrer et te garder. Si tu t’effrayes facilement tu ne dois jamais plus apprendre à combattre.
Glose
Retiens qu’avant tout tu dois comprendre ce qu’est  » l’avant  » et  » l’après « , parce que ces deux choses sont à la source de laquelle jaillit tout l’art de combattre.
Cela se comprend ainsi :  » l’avant  » signifie que tu dois toujours le devancer avec un coup de taille ou d’estoc à ses ouvertures, avant qu’il ne le fasse vers les tiennes. Ainsi il est obligé de te repousser !
Aussi, oeuvre habilement dans la répulsion avec l’épée d’une ouverture à l’autre ; alors il ne pourra pas s’opposer à ton ouvrage avec ses pièces. Mais s’il te rentre dedans, alors devance-le par la lutte.

Ici retiens ce que désigne  » l’après « .
Retiens que si tu n’arrives pas avec  » l’avant « , alors attends  » l’après « . Ce sont les rompures de toutes les pièces qu’il utilise contre toi.
Cela se comprend ainsi : lorsqu’il avance et que tu es obligé de le repousser, alors oeuvre habilement avec la répulsion dans le « même-temps » à l’ouverture la plus proche. Tu le toucheras donc avant qu’il n’accomplisse sa pièce. Tu gagnes donc encore  » l’avant  » et lui reste dans  » l’après « . De plus, tu dois distinguer dans  » l’avant  » et  » l’après « , comment oeuvrer avec le mot  » même-temps  » au  » faible  » et au  » fort  » de son épée.
Cela se comprend ainsi : de la croix de la garde jusqu’au milieu de la lame, il y a le fort de l’épée, avec lequel tu peux correctement résister si quelqu’un t’engage là. En outre, du milieu jusqu’à la pointe, il y a le faible, avec lequel tu ne peux pas résister.
Si tu comprends correctement ces choses, tu peux oeuvrer bien et adroitement et, avec cela, prendre garde à toi.

Par ailleurs tu pourras enseigner, avec l’adresse même, aux princes et seigneurs ce qui leur convient le mieux pour le divertissement et le combat. Mais si tu t’effrayes facilement, alors n’apprends pas l’art de combattre. Parce que craintifs et cœurs défaillants ne font rien de bon, ils seront vaincus quelle que soit leur habileté.

Le texte des cinq coups.
Apprends les cinq frappes de la main droite. Prends garde à celles-ci, alors nous jurons de te récompenser volontiers par la connaissance.
Glose
Retiens que le recueil pose cinq coups secrets, sur lesquels beaucoup de maîtres d’épée ne savent pas parler.
Tu ne dois pas apprendre autrement à porter ces coups à partir du côté droit sur celui qui se fonde (uniquement) sur la défense contre toi.
Essaye si tu peux toucher le premier avec un coup parmi les cinq.
Celui qui pourra les briser sans dommage pour lui sera loué par le maître du recueil et aura plus de mérite pour son habileté qu’un autre escrimeur incapable de combattre contre les cinq coups.
Tu trouveras comment tu dois exécuter les cinq coups dans les mêmes cinq coups ci-après décrits.

Voici le texte des pièces du recueil.
Le coup furieux, le tordu, le travers, le coup bigle, avec le crânien, le fou; répulsions, rattrapage, débordement, écartés, dégagement, tressautement, traversée, entailles, presse-mains, suspension et aux ouvertures, frappes, rayages, entaille avec les estocs.
Glose
Retiens qu’ici seront nommées les vraies pièces maîtresses de l’art de l’épée longue et comment maintenant chaque (pièce) particulière est désignée par le nom que tu puisses le plus facilement comprendre.
Leur nombre est de dix-sept et commence par les cinq coups.

Maintenant retiens :
la première se nomme le coup furieux,
la deuxième, le coup tordu,
la troisième, le coup travers,
la quatrième, le coup bigle,
la cinquième, le coup crânien,
la sixième : ce sont les quatre gardes,
la septième : les quatre répulsions,
la huitième : les rattrapages,
la neuvième : les débordements,
la dixième : les écartés ,
la onzième : les dégagements,
la douzième : les tressautements,
la treizième : les traversées,
la quatorzième : les entailles,
la quinzième : les presse-mains,
la seizième : les suspensions,
la dix-septième : ce sont les rotations.

Comment tu dois te découvrir avec les suspensions et les rotations, et comment tu dois exécuter toutes les pièces susnommées, tu le trouveras décrit ci-après.

 

Voici le coup furieux avec ses pièces.

 

Qui te frappe haut, la pointe du coup furieux le menace.
Glose
Cela se comprend ainsi : quand quelqu’un te porte un coup haut depuis son côté droit, assène-lui un puissant coup furieux avec le long tranchant aussi depuis ton épaule droite. S’il est alors tendre au fer, alors tire-lui la pointe contre son long (le long de la lame) à son visage. Et menace-le de l’estoquer.

Encore une pièce du coup furieux.
S’il y prend garde, alors détache-la par-dessus sans danger.
Glose
Lorsque tu estoques avec (à partir de) le coup furieux, qu’il prend alors garde à la pointe et repousse l’estocade avec force, alors déplace ton épée au dessus toi, loin de la sienne et donne lui de nouveau un coup de l’autre côté de son épée en haut à la tête.

Encore une pièce du coup furieux.
Mords plus fort encore (ou contre ?) et estoque ! S’il le voit, alors prends encore (3).
Glose
Lorsque tu l’attaques avec le coup furieux, qu’il te repousse cela et reste avec ça ferme au fer, alors mords fort au fer contre lui encore( ou contre ?), monte le fort de ton épée dans le faible de la sienne et tourne tes quillons devant ta tête en restant au fer. Puis estoque en haut à son visage.

Encore une pièce du coup furieux.
Lorsque tu l’estoques en haut avec (après) la rotation – comme il est décrit précédemment – qu’il monte avec les mains et repousse avec les quillons l’estocade en haut, alors reste comme tu te trouves dans la rotation et mets-lui la pointe vers le bas entre ses bras et sa poitrine.

Une rompure contre le détachement.
Retiens que lorsque tu engages au fer avec force, qu’il déplace alors son épée par-dessus lui, loin de la tienne, et donne un coup de l’autre côté en haut à la tête, de nouveau contre ton fer, alors engage le fort avec le long tranchant en haut à la tête.

Ici retiens une bonne leçon.
Retiens bien ceci : taille, estoque, poste-toi tendre ou ferme.  » Même-temps  » et  » avant  » ou  » après  » sans heurt. Que ton conflit ne soit pas sot. Qui rechigne au conflit par-dessus sera ridiculisé en bas
Glose
C’est-à-dire que tu dois très précisément remarquer – lorsqu’il engage ton épée avec un coup de taille, d’estoc ou autrement – s’il est tendre ou ferme au fer. Et lorsque tu l’auras ressenti, alors tu dois en « même-temps » savoir ce qui est le meilleur pour toi : si tu dois le heurter avec  » l’avant  » ou avec «  l’après « . Mais tu ne dois pas en le heurtant te laisser être sot avec le conflit, car le conflit n’est rien d’autre que les rotations au fer.

Le conflit se fait ainsi : quand tu lui portes un coup furieux, qu’il le repousse aussitôt, alors monte bien avec les bras et tourne lui au fer la pointe à son ouverture haute. S’il repousse alors l’estocade, reste ainsi posté dans la rotation et estoque avec la pointe son ouverture basse. Si dès lors il suit l’épée avec la répulsion, alors passe à travers avec la pointe sous son épée et suspends-lui la pointe en haut à l’autre ouverture de son côté droit. Ainsi il sera ridiculisé avec le conflit dessus et dessous, c’est ainsi que tu peux encore une fois correctement exécuter les conduites.

Comment on doit dans tout les rotations correctement frapper et estoquer.
Dans tous les rotations apprends à trouver correctement les frappes et les estocs. Aussi  » avec  » tu dois tester les frappes, estocs ou entailles dans toutes les rencontres avec les maîtres, si tu veux les berner.
Glose
C’est-à-dire que tu dois trouver convenablement dans toutes les rotations le coup de taille, d’estoc ou l’entaille : lorsque tu tournes, tu dois tester avec les mains laquelle parmi les trois sera la meilleure à exécuter ; ainsi, ne taille pas lorsque tu dois estoquer, n’entaille pas lorsque tu dois tailler et n’estoque pas lorsque tu dois entailler.
Et retiens : lorsqu’on repousse une des tiennes, alors touche-le avec une autre. Donc : si on repousse ton coup d’estoc, fais-en un de taille. Si on te rentre dedans, alors exécute une entaille de dessous à ses bras. C’est pourquoi tu dois remarquer cela dans toute les rencontres et engagements d’épées, tu berneras encore une fois les maîtres qui s’opposeront à toi.

Des quatre ouvertures.
Connaît les quatre ouvertures, vise : afin que tu saches frapper, avant tout, sans doute, comment il se comporte.
Glose
Ici tu dois apprendre les quatre ouvertures de l’homme, vers lesquelles tu dois toujours combattre.
La première ouverture est le côté droit, la suivante est le côté gauche de la moitié supérieure à la ceinture de l’homme. Les deux autres sont les côtés droit et gauche de la moitié inférieure à la ceinture.
Saisis précisément et attentivement les ouvertures lors de l’approche. Celles qu’il t’expose, vise-les habilement sans détour : avec l’estocade de la pointe longue, avec le rattrapage et autrement avec toutes les conduites. Ne prête pas attention à sa manière de se conduire contre toi. Aussi combats sûrement, frappes-en remarquablement ceux qui sont excellents et ne les laisse pas par ce moyen venir avec leurs pièces.

Le texte et les Gloses du doublement et de la mutation : comment briser les quatre ouvertures.
Si tu veux te venger, brise les quatre ouvertures habilement: par-dessus double, par-dessous mute correctement. Je te le dis pour vrai: aucun maître ne peut arriver à se protéger. Si tu l’apprends, il ne pourra que difficilement venir frapper.
Glose
C’est que lorsque tu veux ainsi te venger de quelqu’un, que tu veux briser ses quatre ouvertures avec habileté, alors exécute un doublement aux ouvertures hautes contre le fort de son épée et mute à ses autres ouvertures. Ainsi je te dis pour vrai qu’il ne peut alors pas se protéger de ça, et qu’il ne peut venir ni frapper, ni estoquer.

Le doublement
Lorsque tu lui portes un coup haut avec le coup furieux ou autrement, qu’il le repousse avec force, alors boute en « même-temps » le pommeau de ton épée sous ton bras droit avec ta main gauche et frappe au fer derrière la lame de son épée avec les mains croisées, entre l’épée et le corps, en travers de la gueule. Ou frappe-le avec cette pièce à la tête.

Retiens la mutation.
La mutation se fait ainsi : quand tu l’engages à l’épée avec un coup haut ou autrement, alors tourne le court-tranchant à son fer, monte bien avec les bras et suspends-lui la lame de ton épée à l’extérieur dessus son épée. Puis estoque-le à son ouverture basse. Cela se fait aux deux côtés.  

 

Le coup tordu et ses pièces.

 

Tords avec agilité, jette la pointe aux mains.
Glose
Voilà comment tu dois frapper tortueusement sur les mains. Cette pièce se fait ainsi : Lorsqu’il te porte un coup haut ou bas depuis ton côté droit, sur l’ouverture, alors bondis en dehors de sa frappe avec ton pied droit contre lui, bien à son côté gauche, et frappe avec les bras croisés de la pointe sur les mains.
Cette pièce se fait aussi contre lui s’il se tient dans la garde du boeuf.

Encore une pièce du coup tordu.
Tords qui bien écarte d’un pas, il veux frapper le dernier.
Glose
Voilà comment tu dois écarter les coups hauts avec le coup tordu. La pièce se fait ainsi : lorsque il te frappe haut à l’ouverture depuis son côté droit, alors marche avec ton pied droit sur son côté gauche par-dessus son épée avec la pointe jusqu’au sol dans la garde de la barrière.
Ceci se fait sur les deux côtés. Aussi tu peux à partir de l’écarté le frapper à la tête.

Encore une pièce du coup tordu.
Frappe tortueusement sur le plat des maîtres, si veux les affaiblir.
Glose
Si tu veux affaiblir un maître, alors fais donc cette pièce : lorsqu’il te donne un coup haut depuis son côté droit, frappe-le tortueusement avec les mains croisées contre son coup sur son épée.

Encore une pièce du coup tordu.
Quand ça s’entrechoque par-dessus alors écarte, que je te loue.
Glose
Si tu lui donnes un coup tordu sur son épée, alors frappe-le depuis l’épée immédiatement avec le court-tranchant vers le haut à sa tête. Ou tourne-lui avec (après) le coup tordu, le court-tranchant à son épée, et estoque-le à la poitrine.

Encore une pièce du coup tordu.
Ne frappe pas court le tordu, dégage-la avec l’exposition.
Glose
C’est-à-dire que lorsque il te porte un coup haut depuis son épaule droite, alors fais donc comme si avec le coup tordu tu engageais son épée et raccourcis-le (le coup). Puis va avec la pointe par-dessous et à travers son épée. Puis tourne à son côté droit tes quillons dessus ta tête et estoque-le au visage.

Retiens comment on doit briser le coup tordu.
Tords celui qui te trouble, le noble conflit l’embrouille, qu’il ne sait pas vraiment où il arrive.
Glose
C’est-à-dire que quand tu lui portes un coup haut ou bas depuis ton côté droit, qu’il fait alors aussi de son côté droit un coup tordu avec les bras croisés sur ton épée et qu’il t’égare toi et ton coup, alors reste avec ton épée fort contre la sienne. Et tire-lui loin la pointe sous son épée à la poitrine.

Une autre rompure sur la frappe tordue.
Retiens que lorsque tu lui donnes un coup haut depuis ton côté droit, qu’alors il tord, aussi de son côté droit, avec les bras croisés sur ton épée et qu’ainsi il te l’abaisse sous lui contre terre, alors tourne contre ton côté droit ; et monte avec les bras bien dessus ta tête. Et place lui en haut ta pointe à la poitrine.
Glose
S’il te repousse cela, alors reste dans cette position, avec les quillons devant la tête, et oeuvre prestement avec la pointe d’une ouverture à l’autre : cela s’appelle le noble conflit. Avec cela tu l’embrouilleras tant, qu’il ne saura pas où il devra vraiment rester.

 

Le coup travers et ses pièces.

 

Le travers prend, ce qui vient ici du toit.
Glose
Retiens que le coup travers brise toute les coups qui seront frappés de haut en bas. Et ce coup s’exécute ainsi : Lorsqu’il te porte un coup haut à la tête, alors bondis avec le pied droit contre lui, hors de son coup à son côté gauche. Et dans le bond tourne ton épée – avec tes quillons hauts devant ta tête, (de telle façon) que ton pouce vienne en bas – et frappe-le avec le court-tranchant à son côté gauche. Ainsi tu attrapes son coup dans tes quillons et tu le touches à la tête.

Une pièce du coup travers.
Travers avec le fort: retiens avec ceci ton ouvrage.
Glose
C’est-à-dire, voilà comment tu dois oeuvrer à partir du coup travers avec le fort. Et cela se fait ainsi : lorsque tu lui portes un coup travers, pense alors à asséner ce travers puissamment avec le fort de ton épée contre la sienne. S’il tient alors avec force contre cela, alors frappe-le au fer avec les mains croisées, derrière la lame de son épée, à la tête, ou entaille-le avec cette pièce en travers de la gueule.

Encore une pièce du coup travers.
Retiens que, lorsqu’à partir du coup travers tu l’engages avec le fort de ton épée à son épée, qu’il tient avec force contre cela, alors boute avec tes quillons son épée vers l’extérieur et vers le bas de ton côté droit, et frappe-le aussitôt avec le coup travers, encore une fois contre son côté droit à la tête.

Encore une pièce du coup travers.
Lorsque tu engages son épée avec le coup travers, s’il est tendre au fer, alors mets lui le court-tranchant à son côté droit au cou, et bondit avec ton pied droit derrière son gauche. Puis bascule-le par-dessus avec l’épée.

Une autre pièce.
Lorsque tu engages son épée avec le coup travers, s’il est alors tendre au fer, alors presse avec le coup travers son épée vers le bas, et mets-lui le court-tranchant derrière son bras devant à son cou.

Une rompure contre le coup travers haut.
Lorsque tu l’engages à son épée à partir de ton côté droit avec un coup haut ou autrement, qu’il te frappe entour avec un coup travers à l’autre côté, alors devance-le aussi avec un coup travers sous son épée à son cou.

Comment on doit frapper les quatre ouvertures avec le coup travers.
Travers à la charrue, au boeuf durement réprimés.
Glose
Voilà comment tu dois forcer un passage vers les quatre ouvertures avec le coup travers. Cela se comprend ainsi : lorsque tu viens vers lui lors de l’approche, alors retiens : quand il t’est opportun, bondis donc vers lui et frappe-le avec le coup travers à l’autre ouverture de son côté gauche. Cela s’appelle : frapper la charrue.

Encore une pièce du coup travers.
Dès que tu l’as frappé avec le coup travers à son ouverture basse, alors frappe-le immédiatement avec un coup travers l’autre côté du haut de la tête. Cela s’appelle : frapper au boeuf. Et frappe de nouveau prestement d’un coup travers le boeuf et un autre à la charrue, de manière croisée d’un côté à l’autre. Puis porte-lui avec cela un coup haut en haut de la tête et sur ce, tu peux te retirer.

Qui frappe bien travers avec des bonds, protège la tête.
Glose
C’est-à-dire qu’avec chacun des coup travers, tu dois bien bondir sur ses côtés, (à savoir vers) celui sur lequel tu veux le frapper. Ainsi tu peux bien toucher sa tête. Et prends garde dans le bond de bien te couvrir en haut devant ta tête avec tes quillons.

Ci après, retiens encore une pièce du coup travers qui s’appelle la feinte.
Feinte, qui bien dirige, de dessous souhaite toucher.
Glose
C’est-à-dire qu’avec la feinte, les escrimeurs qui aiment bien repousser, seront trompés et battus. La pièce se fait ainsi : quand tu viens à lui lors de l’approche, alors fait comme si tu voulais le toucher avec un coup franc haut à son côté gauche. Ainsi il est touché par-dessous à souhait et battu.

Encore une pièce du coup travers qui s’appelle l’inversion.
L’inversé contraint à une traversée et à la lutte. Le coude prends sûrement, bondis dans son équilibre.
Glose
Retiens que tu dois savoir exécuter cette pièce ainsi: lorsque tu l’engages à son épée avec un coup bas ou haut, alors inverse ton épée (de façon à ce) que ton pouce vienne en bas et estoque-le en haut au visage. Ainsi tu le contrains et l’oblige à te repousser. Dans la répulsion saisis son coude droit avec la main gauche et bondis avec ton pied gauche devant son droit. Puis boute-le par-dessus. Ou bien traverse avec l’inversion et lutte, comme tu le trouveras ci-dessous dans la partie sur la traversée.

Encore une pièce de la feinte.
Double feinte touche l’homme. Fait avec l’entaille.
Glose
Retiens ce qui s’appelle la double feinte parce qu’on doit à l’approche égarer de deux façon. La première feinte se fait ainsi : quand tu viens à lui avec l’approche, bondis avec ton pied devant lui et fait comme si tu voulais le frapper au côté gauche de sa tête avec un coup travers. Puis renverse ta frappe sur son autre côté à la tête.

Encore une pièce de la feinte.
Deux fois plus loin, marche à gauche et ne délaisse pas la morsure.
Glose
C’est-à-dire que quand tu l’as frappé avec le premier fourvoiement à son côté droit de la tête, comme il est indiqué précédemment, alors frappe-le immédiatement derechef au côté droit de la tête. Puis va en décroisant les bras avec le court-tranchant sur son épée et  » dans la gauche « , c’est-à-dire vers ton côté gauche, entaille-le avec le long tranchant en travers de la gueule.  

 

Le coup bigle et ses pièces.

 

Le bigleux brise, ce que les bourrins frappent ou estoquent. Qui menace d’un dégagement, le bigleux l’en dérobera.
Glose
Ici retiens que le bigle est un coup qui brise les coups de taille et d’estoc des bourrins, qui adoptent les enseignements avec violence. Ce coup se fait ainsi : S’il t’assène de cette façon un coup de son côté droit, frappe aussi de ton côté droit, avec le court-tranchant et les bras étendus dans son coup, dans le faible de son épée et frappe-le à son épaule droite.
S’il dégage, alors tire-lui avec (depuis ce) le coup loin à sa poitrine. Et aussi frappe-le ainsi, quand il se tient contre toi dans la garde de la charrue, ou quand il veut t’estoquer de dessous.

Encore une pièce du bigle.
S’il te bigle court, dégage, il se vaincra lui-même.
Glose
Retiens car voici une leçon : le coup bigle doit être (fait) avec le regard. Cherche bien de cette façon s’il combat court contre toi. Tu le reconnaîtras à ce qu’il te frappe et que ses bras ne sont pas étendus au loin. Alors frappe-le aussi et va avec la pointe à travers de ce coup sous son épée au visage.

Encore une pièce du coup bigle.
Bigle à la pointe et saisi la gorge sans crainte.
Glose
Retiens que le bigleux brise la pointe longue et cela s’exécute ainsi : quand il te fait face avec les bras tendus et dirige la pointe contre ton visage ou ta poitrine, alors mets le pied gauche devant et louche du regard sur la pointe. Fais comme si tu voulais donner un coup à la pointe et frappe fort à son épée avec le court-tranchant. Puis, de là, tire la pointe au loin à son cou avec un pas en avant du pied droit.

Encore une pièce du coup bigle.
Bigle au sommet de la tête, si tu veux attraper la main.
Glose
Retiens que lorsqu’il veut te donner un coup haut, alors louche du regard, comme si tu voulais le frapper à la tête. Mais frappe-le du court-tranchant contre son coup, et frappe, sur la lame de son épée, avec la pointe sur les mains.

 

Le crânien et ses pièces.

Le crânien est hostile au visage.
Glose
Ici retiens que le coup crânien est dangereux au visage ou à la poitrine. Il se fait ainsi : lorsqu’il te fait face en garde du fou, alors frappe-le avec le long-tranchant verticalement depuis le sommet de la tête, de haut en bas. Avec le coup reste les bras élevés, et suspends-lui la pointe à son visage.

Une pièce du coup crânien.
A son tour à la poitrine prends fermement garde.
Glose
C’est-à-dire que quand tu suspends en haut la pointe au visage avec le crânien, si alors dans la répulsion il te boute la pointe avec les quillons fortement au-dessus de lui, alors inverse ton épée avec les quillons en haut devant ta tête et place-lui la pointe en bas à sa poitrine.

Comment la couronne brise le coup crânien.
Ce qui vient à elle, la couronne le saisit.
Glose
Retiens que lorsque tu le frappes en haut avec le coup crânien, qu’il repousse avec les quillons placés en haut au-dessus de sa tête : cette répulsion s’appelle la couronne. Et (de là) il te rentre dedans.

Comment l’entaille brise la couronne.
Entaille à travers la couronne, tu le brises ainsi bien durement. Presse la pièce, avec les entailles enlève-la.
Glose
Retiens que quand il te repousse un coup crânien ou un autre avec la couronne, et qu’il te rentre dedans, alors utilise l’entaille dessous ses mains à ses bras et presse fortement vers le haut. Ainsi la couronne est encore brisée. Puis tourne ton épée de l’entaille de dessous vers celle de dessus et retire-toi de cette manière.

 

Voici les quatre postures.

 

Prends seulement parmi ces quatre postures et fuit les communes. Boeuf, charrue, fou, du toit ne te sont pas indignes.
Glose
C’est que tu ne dois pas prendre d’autre garde que ces quatre, qui sont décrites ci-dessous.
La première garde :
Le boeuf (Ochs).
Fais-la ainsi : place-toi avec le pied gauche devant et tiens ton épée à côté de ton côté droit, devant ta tête, et laisse pendre la pointe contre le visage (de ton adversaire).
La deuxième garde :
La charrue (Pflug).
Fais-la ainsi : place-toi avec le pied gauche devant et tiens ton épée les bras croisés de ton côté droit, au-dessus de ton genou, que ta pointe soit vers son visage.
La troisième garde :
Le fou (Alber)
Fais-la ainsi : place-toi avec le pied droit devant, tiens ton épée avec les bras étendus devant toi et la pointe sur le sol.
La quatrième garde :
Du toit (vom Tach)
Fais-la ainsi : place-toi avec le pied gauche devant et tiens ton épée à ton épaule droite. Ou tiens-la avec les bras étendus au-dessus de ta tête. Tu trouveras dans ce livre comment combattre à partir de ces quatre gardes.

 

Voici les quatre répulsions, qui nuisent ou brisent les quatre postures.

 

Quatre sont les répulsions qui nuisent aussi beaucoup aux postures. Des répulsions garde-toi, si cela t’arrive, cela te blesse beaucoup.
Glose
Retiens que tu as déjà entendu que tu devais combattre seulement à partir de quatre gardes. Ainsi il te suffit de connaître seulement les quatre répulsions. Ce sont quatre coups de taille.
Le premier coup est le coup tordu, il brise la garde du boeuf ;
Le deuxième est le coup travers, il brise la garde du toit ;
Le troisième est le coup bigle, il brise la garde de la charrue ;
Le quatrième est le coup du crâne, il brise la garde du fou.

Prends garde à toutes les répulsions, celles que font les mauvais escrimeurs.
Et retiens que lorsqu’il porte un coup, frappe toi aussi, et s’il estoque, alors estoque aussi.
Tu trouveras décrit dans les cinq frappes et dans l’écarté comment tu dois frapper et estoquer.

Une pièce contre la répulsion.
Si tu es repoussé et quand cela arrive, entends ce que je te conseille: arrache et frappe rapidement avec surprise.
Glose
C’est-à-dire que, comme il vient (à toi), que tu vas être repoussé, alors retiens : Si on te repousse un coup haut, alors va à lui dans la répulsion avec le pommeau par-dessus sa main avancée et arrache-la sous lui. Et avec l’arrachage frappe-le de l’épée à la tête.

Encore une pièce contre la répulsion.
Lorsque tu portes un coup bas depuis ton côté droit, s’il s’abat avec son épée sur la tienne de manière que tu ne puisses plus la relever, alors élève prestement ton pommeau au-dessus de son épée et frappe-le avec un happement avec le long-tranchant à sa tête. Ou bien s’il s’abat sur ton épée à ton côté gauche, alors frappe-le avec le court-tranchant.

Encore une pièce contre la répulsion.
Pose quatre fins, restes-y si tu veux apprendre à finir.
Glose
Si tu lui portes un coup haut de ton épaule droite et qu’alors tu veux finir le combat rapidement, alors retiens : lorsqu’il repousse, frappe entour immédiatement avec le coup travers. Saisis ton épée avec la main gauche au milieu de la lame et mets-lui la pointe au visage, ou place-la lui à l’ouverture que tu peux le mieux atteindre parmi les quatre.

Encore une pièce contre la répulsion.
Lorsque tu lui mets la pointe au visage avec la demi-épée, s’il te repousse cela, alors boute-le avec le pommeau à l’autre côté de sa tête. Ou bondis avec le pied droit derrière son gauche, passe-lui ton pommeau au-dessus de son épaule droite autour du cou et pousse-le par-dessus ta jambe droite.  

 

Du rattrapage.  

 

Apprends les rattrapages deux fois ou entaille dans la défense.
Glose
C’est-à-dire que tu dois bien apprendre les rattrapages car ils sont de deux sortes. Le premier se fait lorsqu’il veut te porter un coup haut. Alors retiens : Tandis qu’il veut lever son épée pour frapper, rattrape-le avec un coup de taille ou d’estoc et touche-le à l’ouverture haute avant qu’il ne vienne avec son coup. Ou bien tombe-lui avec le long-tranchant en haut sur ses bras et pousse-le loin de toi.

Un autre rattrapage.
Lorsqu’il te donne un coup haut, et qu’il laisse alors avec le coup l’épée en bas vers le sol, rattrape-le avec un coup haut à sa tête avant qu’il ne vienne avec son épée.
Ou s’il veut t’estoquer, alors retiens : pendant qu’il tire à lui l’épée pour estoquer (qu’il arme son estoc) rattrape-le et estoque-le avant qu’il n’ait bien fini son estoc.

De la prise extérieure.

 

Prends deux fois à l’extérieur. Ton ouvrage commence vers cela. Et teste la conduite, s’ils sont tendres ou fermes.
Glose
Retiens : il y a deux prises extérieures, qui sont deux rattrapages au fer.
Cela se fait ainsi : s’il a loupé devant toi, alors rattrape-le. S’il te repousse alors cela, reste avec l’épée à (contre) la sienne et contrôle s’il est tendre ou ferme dans sa conduite. Si alors il soulève de son épée avec force la tienne au-dessus de lui, alors allonge ton épée à l’extérieur sur la sienne et estoque-le à son ouverture basse.

L’autre prise extérieure.
Lorsque tu combats contre lui à partir de coups bas ou autrement de dessous, s’il se précipite sur toi et te tourne sur ton’épée avant que tu ne puisses agir, alors reste avec l’épée fort sous la sienne. S’il tourne et oeuvre à ton ouverture haute, alors suis-le avec ton épée, et avec le long-tranchant prends-lui le faible de son épée, pousse vers le bas et estoque-le au visage.

De la sensibilité et du mot  » même temps ».  

Apprends la sensibilité. Ce mot  » Même-temps  » entaille puissamment.
Glose
C’est-à-dire que tu dois apprendre et comprendre le ressentir et le mot  » même-temps « , parce que ces deux choses se conçoivent ensemble et constituent le sommet de l’art du combat.
Cela se comprend ainsi : quand quelqu’un engage l’épée de l’autre, alors tu dois, comme (au moment où) les lames s’entrechoquent l’une et l’autre, bien ressentir tout de suite s’il a engagé ferme ou tendre. Et aussitôt que tu l’as trouvé, alors souviens-toi du mot  » même-temps  » : ce qui signifie qu’au moment même où tu ressens habilement, tu dois avec l’épée oeuvrer après le faible et après le fort à l’ouverture la plus proche. Ainsi il sera battu avant qu’il n’y prenne garde. Tu dois penser au mot  » même-temps  » à chaque engagement des épées, parce que  » même-temps  » mute et  » même-temps  » double,  » même-temps  » traverse et  » même-temps  » utilise l’entaille,  » même-temps  » lutte avec (lui),  » même-temps  » lui prend l’épée,  » même-temps  » fait dans l’art tout ce que ton coeur désire.  » Même-temps  » est un mot tranchant, avec lequel tous les combattants qui ne connaissent rien à ce mot seront coupés. Et le mot «  même-temps  » est aussi la clé avec laquelle tout l’art du combat sera révélé.  

Rattraper.  

Rattrape deux fois, tu atteindras l’homme de la vieille entaille avec puissance.
Glose
C’est-à-dire que s’il loupe devant toi, rattrape le avec un coup de taille à son ouverture haute. S’il remonte alors et te tourne à ton épée par-dessous. Alors retiens encore : dès qu’une épée s’entrechoque avec l’autre, tombe-lui depuis l’épée sur ses bras avec le long tranchant et pousse-le loin de toi, ou entaille-le en travers de la gueule. Ceci se fait des deux côtés.

Du débordement.

Qui vise par-dessous, déborde-le, il sera ridiculisé. Quand il entrechoque par-dessus, alors force: ceci je veux le louer. Fais ton oeuvre ou presse durement deux fois.
Glose
C’est-à-dire que lorsque dans l’approche ton adversaire te vise une ouverture basse avec un coup de taille ou d’estoc, tu ne dois pas le repousser. Au contraire attends, que tu le débordes avec un coup haut à la tête ou que tu lui places en haut ta pointe, alors tu le rempliras de honte. Parce que tous les coups hauts et placements (de pointe) hauts débordent ceux du bas.

Comment on doit écarter les coups de taille et d’estoc.  

Apprends à écarter, frappe, estoque pour finir avec art. Qui t’estoque, que ta pointe touche la sienne est brisée. Des deux côtés touche à chaque fois, si tu veux marcher.
Glose
C’est-à-dire que tu dois apprendre à écarter avec art les coups de taille et d’estoc, que ta pointe touche et que la sienne soit brisée.
Et cela se comprend ainsi :
Lorsque quelqu’un est devant toi et tient son épée comme s’il voulait t’estoquer par-dessous, alors tiens-toi contre lui dans la garde de la charrue de ton côté droit et découvre-toi sur la gauche. S’il t’estoque alors par-dessous à cette même ouverture, alors tourne avec ton épée contre son estoc vers ton côté gauche et avance vers lui avec ton pied droit. Ainsi ta pointe touche et la sienne tombe.

Une autre pièce de l’écarté.
Lorsque tu te tiens en face de lui dans la garde de la charrue de ton côté gauche, s’il te porte alors un coup à l’ouverture haute de ton côté gauche, monte alors avec l’épée sur le côté gauche contre son coup, les quillons devant ta tête, marche vers lui avec le pied droit et estoque-le au visage.

Du dégagement.  

Apprends les dégagements des deux côtés, estoque avec puissance. Qui t’engage, trouve le dégagement en hâte.
Glose
C’est-à-dire que tu dois bien apprendre le dégagement. Cela se fait ainsi : quand tu lui donnes un coup de taille ou d’estoc lors de l’approche, qu’il veux engager l’épée avec un coup de taille ou une répulsion, alors laisse la pointe se glisser par-dessous son épée et estoque-le avec puissance à l’autre côté. Ainsi tu lui trouves en hâte l’ouverture.  

Des tressautements.  

Marche vers lui en engageant que le tressautement te donne de bonnes trouvailles. Tressaute ! Si tu le touches, tressaute à nouveau. Trouve l’ouvrage: cela fait mal. Tressaute à chaque rencontre avec les maîtres si tu veux les berner.
Glose
C’est-à-dire que lorsque tu viens à lui lors de l’approche, assène-lui un coup haut avec force depuis ton épaule droite à sa tête. S’il engage à l’épée avec une répulsion ou autrement, alors marche dans l’engagement en t’approchant de lui et fais tressauter ton épée en haut loin de la sienne et frappe-le de l’autre côté de nouveau en haut à la tête. S’il te repousse pour la seconde fois, alors frappe encore de l’autre côté en haut et oeuvre habilement après l’ouverture haute qui pourra se faire, avec le doublement ou avec d’autres pièces.

Des traversées.  

Traverse ! Laisse pendre avec le pommeau. Agrippe si tu veux lutter. Qui force contre toi: traverse par ce moyen retiens.
Glose
Retiens, cela signifie que lorsque l’un rentre dans l’autre, qu’il monte alors avec les bras et veut dominer en haut avec force, alors monte aussi avec tes bras, tiens ton épée avec la main gauche près du pommeau dessus ta tête et laisse pendre la lame derrière sur ton dos. Avec ta tête traverse sous son bras droit et bondis avec ton pied droit derrière son droit. Puis avec le bond, va vers lui avec ton bras droit avancé bien autour de son corps, prends-le sur ta hanche droite et projette-le devant toi.

Encore une traversée.
Lorsque dans l’entrée il veut te dominer en haut en force avec l’épée, alors tiens ton épée avec la main gauche près du pommeau et laisse pendre la lame sur ton dos. Puis traverse avec ta tête sous son bras droit, reste avec le pied droit devant son droit, va par derrière avec ton bras droit bien autour de son corps, prends-le sur ta hanche droite et projette-le derrière toi.

Une lutte d’épée.
Lorsque l’un rentre dans l’autre, alors lâche ton épée de la main gauche et tiens-la de la droite. Boute son épée avec tes quillons vers ton côté droit loin de toi. Bondis du pied gauche devant son droit et passe le bras gauche par-derrière bien autour de son corps, prends-le sur ta hanche gauche et projette-le devant toi.

Regarde quand même qu’il ne te fasse pas tomber.

Encore une lutte d’épée.
Lorsque l’un rentre dans l’autre, lâche ton épée de la main gauche et tiens-la avec la droite. Boute avec tes quillons son épée vers ton côté droit loin de toi. Bondis avec le pied gauche derrière son droit et passe-lui avec ton bras gauche avancé sous sa poitrine bien autour de son corps, et projette-le par-dessus ton pied vers l’arrière.

Encore une lutte d’épée.
Lorsque tu rentres dans l’autre, alors lâche ton épée de la main gauche et tiens-la avec la droite. Passe ton pommeau par-dessus son bras droit, tire-le avec par-dessous et avec ta main gauche attrape son coude droit. Puis bondis avec le pied gauche devant son droit et pousse-le par-dessus le pied vers ton côté droit.

Encore une lutte d’épée.
Lorsque l’un rentre dans l’autre, alors passe avec ta main gauche inversée par-dessus son bras droit et saisis-le avec ton bras droit. Presse avec ton bras droit son droit par-dessus ton gauche, bondis avec ton pied droit derrière son droit, et tourne-toi de lui vers ton côté gauche. Ainsi tu le projettes par-dessus ta hanche droite.

Encore une lutte d’épée.
Lorsque l’un rentre dans l’autre, inverse ta main gauche, passe avec elle par-dessus son bras droit et saisis-en son épée par la poignée entre ses deux mains. Puis pousse-le vers ton côté gauche. Ainsi tu lui prends son épée.
   Ca se passerait mal pour lui.

Un désarmement.
Quand il engage ton épée avec une répulsion ou autrement, attrape avec ta main inversée gauche chaque épée par la lame. Tiens-les solidement ensembles et passe avec ta main droite contre ton côté gauche avec le pommeau par-dessous et à travers, puis par-dessus ses deux mains. Et pousse-le avec par-dessus ton côté droit. Ainsi il te reste les deux épées.

 

De l’entailler.

Entaille les fermes de dessous à chaque conduite. Quatre sont les entailles: Deux dessus et deux par-dessous.
Glose
Retiens qu’il y quatre entailles. Les premières se font ainsi : lorsqu’il te rentre dedans, qu’il monte avec ses bras et qu’il veut te dominer en haut avec force contre ton côté gauche, alors retourne ton épée et tombe-lui sur ses bras avec ton long tranchant et les mains croisées sous les quillons de son arme. Puis presse avec l’entaille vers le haut. Ou s’il te rentre dedans contre ton côté droit, alors tombe avec le court tranchant sur ses bras et presse vers le haut comme précédemment.

Encore une entaille.
Quand tu l’engages fortement à son épée avec un coup de taille ou autrement et qu’il laisse alors son épée happer de la tienne pour t’en frapper en haut à la tête, alors détourne ton épée avec tes quillons prêt de la tête et entaille-le sous ses bras. Puis place avec l’entaille ta pointe à sa poitrine.

Encore une entaille.
L’entaille se fait ainsi : quand on t’engage à l’épée contre ton côté gauche et qu’on te frappe autour de l’épée avec le (coup) travers ou autrement au côté droit. Alors bondis avec le pied gauche à partir de la taille à son côté droit et tombe avec le long tranchant sur ses deux bras. Ceci peut s’exécuter des deux côtés.

Du retournement de l’entaille.
Tourne ton tranchant, aux poignets presse la main.
Glose
Ceci ce fait quand tu peux lui rentrer dedans avec l’entaille de dessous, sous son bras, que ta pointe aille de là vers son côté droit et presse avec l’entaille fortement par-dessus lui. Pendant que tu presses bondis avec le pied gauche sur son côté droit et tourne ton épée, avec le long tranchant en haut, sur son bras, que ta pointe aille contre son côté droit et presse son bras avec ceci loin de toi.

 

Des deux suspensions.  

 

Il y aura deux suspensions d’une main par rapport à la terre. A chaque conduite: frappe, estoque, poste-toi tendre ou ferme.
Glose
Retiens qu’il y a deux suspensions pour une main et d’un côté par rapport à la terre. Cela se fait ainsi : si tu l’engages à son épée par un écarté-bas contre ton côté gauche, alors pends le pommeau de ton épée vers la terre et estoque-le par-dessous à partir de la suspension au visage. Boute-t-il alors avec une répulsion ta pointe par-dessus lui, alors reste à l’épée et va avec lui. Puis suspends-lui la pointe de dessus vers le bas à son visage. Dans les deux suspensions tu dois exécuter habilement dans toute les conduites les tailles, estocs et entailles, comme tu as éprouvé dans l’engagement l’épée, si elle est de ce fait ou tendre ou ferme.

 

Du Parloir.  

 

Fait le parloir: mets-toi franchement et examine sa matière. Frappe-le qu’il happe. Quand il se retire de toi, je te le dis pour vrai: personne ne peut arriver à se protéger sans danger ! Si tu as appris correctement, il ne pourra que difficilement venir frapper.
Glose
Retiens : ce qu’on appelle le Parloir : quand il t’engage à l’épée avec un coup de taille ou une répulsion, alors reste ferme avec les bras étendus, le long tranchant à son épée et la pointe à son visage, tiens-toi franchement et examine sa matière, ce qu’il veux exécuter contre toi.
S’il te frappe de l’autre côté de l’épée avec un coup haut, alors engage avec le fort de ton long tranchant sa taille par-dessus en direction de sa tête. Ou s’il frappe entour avec un (coup) travers, alors tombe sur lui avec une entaille haute au bras. Ou s’il fait tressauter son épée à lui et veux t’estoquer de dessous, alors rattrape-le à l’épée et place la pointe en haut.
S’il ne veut ni se retirer de ton épée ni frapper entour, alors oeuvre à l’épée, avec les doublements et autrement avec les autres pièces, suivant que tu éprouves la tendreté ou la fermeté à l’épée.

 

Ici retiens ce qu’on appelle la longue pointe.  

 

Retiens, quand tu viens lors de l’approche vers lui, alors mets ton pied gauche devant et arrête-le de la pointe avec les bras tendus au loin vers le visage ou la poitrine. Te frappe-t-il de dessus vers le bas à la tête, alors tourne avec l’épée contre son coup et estoque-le au visage. Ou s’il te frappe de haut en bas ou de dessous à ton épée et veut chasser ta pointe, alors dégage et estoque-le de l’autre côté à l’ouverture. Ou s’il touche ton épée avec force d’une taille, alors laisse ton épée happer entour de l’autre côté. Ainsi tu le toucheras à la tête. S’il te rentre dedans, alors fait la lutte ou une entaille.
Regarde qu’il ne te fasse pas tomber.  

 

Le texte de la conclusion du recueil  

A qui dirige bien, brise correctement et finalement fait tout correctement.
A qui brise particulièrement toute chose en trois vulnérants.
A qui bien correctement suspends.
A qui donne les rotations.
A qui examine les huit rotations de manière correcte.
A qui associe une des rotations lui-même aux trois (vulnérants).
A celui là je signifie qu’il y en a vingt-quatre, compte-les uniquement de chaque côté. Retiens les huit dessus en marchant. Et teste la conduite précisément, tendre ou ferme.
Glose
Voici une leçon, puisque les courts discours de ce recueil sont saisis.
Apprends aussi ceci : que dans l’art tu dois rester complètement et bien correctement exercé contre (celui) avec qui tu combats. Que tu saches aussi faire tes rompures contre ses pièces. Qu’à partir de chaque rompure particulière tu puisses oeuvrer avec les trois vulnérants. Tu dois aussi bien suspendre à l’épée et à partir des suspensions tu dois aller aux huit rotations, et des rotations tu dois aussi considérer, afin que tu saches exécuter un des trois (vulnérants).
 

 

Ici retiens comment tu dois pendre et faire les rotations.

 

Cela se comprends ainsi : il y a quatre engagements de l’épée, deux dessus et deux dessous. Maintenant tu dois à partir de chaque engagement particulier de l’épée faire deux rotations. Cela se comprend ainsi : s’il t’engage de dessus contre ton côté gauche, alors tourne du court tranchant contre son épée, lève bien les bras, suspends-lui la pointe par-dessus et estoque-le au visage. S’il repousse l’estoc, alors laisse la pointe de l’épée en suspension au-dessus et tourne à ton côté droit. Il y a deux rotations pour chaque côté de l’épée.

Ou s’il t’engage de dessus contre ton côté droit, alors tourne aussi contre ton côté droit, le long tranchant à son épée, lève bien tes bras, suspends-lui la pointe par-dessus et estoque-le au visage. S’il repousse l’estoc avec force, alors laisse, à l’épée, la pointe en suspension par-dessus, tourne de ton côté gauche et estoque. Il y a quatre rotations à partir des deux engagements supérieurs des côtés gauche et droit.

Tu dois maintenant savoir qu’à partir des deux engagements de dessous, tu dois aussi faire quatre rotations avec toutes les conduites, comme pour ceux de dessus. Cela fait huit rotations de dessus et de dessous. Pense qu’à partir de chaque rotation tu as la possibilité d’exécuter de façon particulière une taille, une entaille ou un estoc. Ils s’appellent les trois vulnérants et cela fait vingt-quatre possibilités qu’on pourra et devra faire à partir des huit rotations. Tu dois bien apprendre à exécuter les huit rotations de tous les côtés, qu’avec chaque vulnérant tu testes sa conduite précisément, s’il est tendre ou ferme à l’épée. Et quand tu as éprouvé les deux choses, alors exécute bien les pièces qui appartiennent aux rotations. Si tu ne le fais pas, alors tu seras frappé lors dans toutes les rotations.  

 

Ici retiens, à partir de la garde de côté, c’est-à-dire à partir des rayages, à combattre.

 

Sache qu’à partir des rayages ont peut bien combattre. Bien qu’elles ne soient pas décrites dans le recueil, il y a cependant des pièces hors du recueil avec lesquelles on doit combattre. On doit exécuter les rayages du côté gauche, parce que de la droite elles ne sont pas aussi certaines que de la gauche.

Quand tu te postes en la garde de côté à ton côté gauche et qu’on te frappe de dessus vers le bas, alors raye de dessous durement sur son épée avec le court tranchant. S’il résiste fortement et qu’il n’a pas les mains trop hautes, alors double entre lui et son épée avec le court tranchant à son cou à gauche.

Quand tu rayes, comme précédemment, à son épée et qu’il est alors tendre au fer et a les mains basses, alors frappe-le adroitement avec le long tranchant aux ouvertures hautes. Ou s’il tombe fortement avec son épée sur la tienne alors passe immédiatement ton pommeau par-dessus son épée, reste avec les mains au-dessus et laisse la pointe vers l’arrière à ton côté gauche. Puis happe-le avec le court tranchant à la tête.

Quand tu le rayes à son épée, qu’il monte haut et tourne son fer, alors frappe-le au côté droit avec les mains étendues et sur ce marche en arrière.

Quand tu le rayes à son épée et qu’il monte haut et tourne son fer, alors force avec le long tranchant. S’il frappe alors entour avec un coup travers, frappe-le au côté gauche avec une retraite.

Quand tu fais un rayage à quelqu’un, et qu’il tient alors son épée en travers devant lui, qu’il a les bras hauts et qu’il veux tomber sur ton épée, alors raye lui par-dessous à son épée et frappe-le au bras ou boute-le à la poitrine.

S’il a les mains basses et qu’il veux te tomber dessus alors raye à travers à son autre côté et estoque-le à la poitrine. C’est dégager.

Quand tu rayes à travers, alors tombe-lui avec le long tranchant sur son épée et tourne sur ton côté gauche, que ton pouce vienne en bas. Puis mets le fort de ton long tranchant à son cou droit, bondis avec le pied droit derrière son gauche et bouscule-le avec l’enjambée par-dessus.

Quand tu dégages à partir d’un rayage et que tu viens de l’autre côté par-dessus son épée, alors tu peux de même aussi bien faire la pièce, à partir de chaque côté, avec les éraflures et avec toutes les choses.

 

Retiens, une approche à partir de l’écarté.  

 

Quand tu combats avec quelqu’un et que tu viens prêt de lui, alors mets-toi en la charrue, exécute habilement des rotations d’un côté à l’autre, que ta pointe reste (où elle est). A partir de là tu peux repousser, ce qui vient et forcer avec le long tranchant, puis de là faire toutes les pièces ci-dessus nommées. Tu peux aussi écarter les tailles et estocs, briser les attaquants avec des rotations et chercher l’ouverture avec la pointe.

 

La garde de la barrière se fait ainsi:  

Quand tu combats avec quelqu’un et tu viens prés de lui, alors mets-toi avec ton pied gauche devant et pose ton épée avec la pointe à terre à ton côté droit, le long tranchant au-dessus. Au côté gauche, mets le court tranchant dessous et le pied (droit) devant. Les pièces à faire à partir de la garde de la barrière.
S’il te frappe de dessus ou de dessous, alors frappe-le d’un coup tordu à son ouverture avec un pas sortant.
S’il te frappe d’un coup tordu avec le plat, aussitôt que ça (les lames) s’entrechoquent, cherche la (l’ouverture) suivante avec le court tranchant.
Ou bien fait une inversion avec la pointe à son visage. Et quand il t’engagera, alors soit ferme avec le long tranchant. Et tu pourras faire toutes les pièces qui sont vues dans le rayage.

Ce qui s’appelle  » la rouelle »

Quand tu combats avec quelqu’un, allonge tes mains loin de toi que ton pouce reste au-dessus de l’épée, et fais tournoyer habilement l’épée avec la pointe autour de toi pareillement à une roue, de dessous à partir de ton côté gauche en avançant vers ton adversaire. De là, tu peux dégager ou engager de quelque côté que tu veuilles. Quand tu as engagé, tu peux alors faire toutes les pièces que tu souhaites et qui te sembleront les mieux, comme auparavant.  

 

Brise ainsi le coup travers.

 

Quand tu te tiens dans la garde-avant du toit et qu’on te frappe d’un coup travers, alors frappe-le pareillement d’un puissant coup furieux son épée et cherche les ouvertures avec la pointe. S’il veux te frapper de l’autre côté avec un coup travers, alors devance-le avec un coup travers sous son épée à son cou, ou entaille-le avec le long tranchant au bras quand il frappe entour.

Une pièce contre la pièce.
Quand tu fais un coup travers et qu’il veux aussi te devancer en venant sous ton épée au cou, alors tombe fortement sur son épée avec le long tranchant, ainsi il est brisé. Puis prends (attaque) la plus proche ouverture que tu pourras.  

 

Contre une entaille sous les bras.

 

Quand tu frappes de dessus quelqu’un, qu’il le repousse et monte haut avec ses quillons, que tu fait de même, et que vous rentriez l’un dans l’autre, qu’il puisse entailler par-dessous. S’il veux te mettre une entaille dessous tes mains aux bras, alors suis son épée vers le bas avec le long tranchant et presse vers le bas. Ainsi tu l’as brisé, et tu peux rechercher les ouvertures.

Quand tu viens encore en levant les bras et que lui aussi fait ainsi, que tu entres encore dedans et qu’il veut alors te passer son pommeau entre les bras sous ta main pour te bouter sous les yeux ( ?) ou à la poitrine, alors va vers le bas avec le pommeau en poussant fortement des bras ainsi tu l’as rompu.

Quand tu as engagé quelqu’un, et qu’il dégage avec le pommeau et passe en demi-épée, brise cela tout simplement avec une entaille de dessus. Et en l’entaillant tu peux aussi passer en demi-épée en lui plaçant ta pointe.  

Ci-après sont décrites les pièces avec la boucle.  

 

La première pièce avec la boucle à partir du coup haut: quand tu fais un coup haut à ton adversaire, alors mets toi avec le pommeau de ton épée à l’intérieur de ta boucle près de ton pouce. Puis estoque-le de dessous à son visage, tourne contre son épée et laisse happer par-dessus. Cela se fait de chaque côté.

La deuxième pièce.
A partir du coup bas : quand il te donne un coup haut de son épaule droite, alors tourne contre lui à ton côté gauche contre ton bouclier, ainsi tu te tiens entre deux boucliers. Puis tourne vers l’ouverture de ton côté droit et prends-le (frappe-le) à la gueule. S’il se garde de toi et lève son bouclier, alors prend (frappe) la jambe gauche. Cela se fait de chaque côté.

La troisième pièce.
De la boucle, à partir du coup changeant: raye durement du côté gauche à partir de la boucle vers le haut à son épée et frappe-le du côté gauche à la tête, tourne aux ouvertures et boute-le à la gueule. S’il lève le bouclier et l’épée et se garde, alors donne un coup de taille avec le long tranchant à sa jambe gauche. Cela se fait aussi de chaque côté.

La quatrième pièce.
A partir du coup médian : fais un coup travers à chaque côté et un crânien avec le long tranchant. Puis estoque-lui de dessous à ses testicules.

La cinquième pièce.
A partir du coup plongeant: Comme tu veux l’estoquer à son côté gauche par-dessus son bouclier, passe la pointe à travers par-dessous et estoque-le à l’intérieur de son bouclier à son ventre. Et en  » même-temps  » tourne à ton côté gauche. S’il s’en garde, alors prend (frappe) sa jambe droite avec ton long tranchant.

La sixième pièce.
Prends ta lame avec la boucle dans ta main gauche et tourne contre lui comme pour la demi-épée. S’il t’assène un coup de taille ou d’estoc par-dessus au visage ou par-dessous aux jambes, alors lâche ta main droite de la poignée et repousse-le avec le bouclier et avec l’épée. Saisis alors avec ta main droite à son côté droit après le bouclier bien par-dessous et tourne-le vers ton côté droit. Ainsi tu lui as pris le bouclier.  

(1) Albrecht III., der Fromme, Herzog von Bayern-München 1438-1460 Né le 27-Mar-1401, München Mort le 29-Feb-1460, München

(2) La phrase « Doch lug, das es dir nit fel » est encadrée dans le texte original

(3) Le mot « encore », wider se retrouve toujours différement dans les autres manuels, où l’on trouve à la place en bas, nider. Ce dernier est beaucoup plus logique et est probablement ce qu’il faudrait lire.

 Source : http://ardamhe.free.fr/

Association pour la Recherche et le Développement des Arts Martiaux Historiques Européens – Ile de France

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 31 mars, 2008 |Pas de commentaires »

Joyeuses Pâques!

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Joyeuses Pâques!

Des voeux de Pâques en langues étrangères

Afrikaans
Geseënde Paasfees

Albanais
Gëzuar Pashkët

Allemand
Frohe Ostern

Allemand (Suisses)
schöni Oschtere

Anglais
Happy Easter

Arabe
Id-Foss’h Mubarak

Aromanian
Ti mults-anji Pashtili! Hristolu-nye! – Dealihea cà-nye!

Basque
Ondo izan Bazko garaian

Breton
Pask Seder

Bulgare
cestit Velikden)

Chinois (cantonais)
Fuhkwuhtjit faailohk

Chinois (mandarin)
fùhuójié kuàilè

Catalan
Bona Pasqua

Cornouaillais
Pask Lowen

Croate
Sretan Uskrs

Danois
God pske

Ecossais
Happy Whissunday

Espagnol
Felices Pascuas

Espéranto
Felican Paskon

Estonien
Häid lihavttepühi

Finlandais
Hyvää pääsiäistä

Gaélique (irlandais)
Cáisc Shona Dhuit – Dhaoibh, Beannachtaí na Cásca

Gaélique (Mannois)
Caisht sonney dhyt

Galicien (écossais)
A’ Chàisg sona

Gaélique
Boas Pascuas

Gallois
Pasg Hapus

Grec
Kaló Páskha

Hébreu
chag pascha same’ach

Hollandais
Vrolijk Pasen, Zalige paasdagen, Zalig Pasen

Hongrois
Kellemes Húsvéti Ünnepeket

Islandais
Gleilega páska

Indonésien
Selamat Paskah

Italien
Buona Pasqua

Japonais
isuta omedeto

Jèrriais
Jouaiyeux Pâques

Latin
Prospera Pascha sit

Letton
Priecigas Lieldienas

Lithuanien
Su Sventom Velykom

Maltais
L-Ghid it-tajjeb

Norvégien
God pske

Polonais
Wesolych Swiat Wielkanocnych

Portuguese
Boa Páscoa, Páscoa Feliz, Feliz Páscoa

Romain
Paste Fericit

Russe
S prazdinkom Pasxi

Serbe
Srecan Yskrs

Sicilien
Bona Pasqua

Slovaque
Milostiplné preitie Velkonocnch sviatkov

Slovène
Vesele velikonocne praznike

Sovahéli
Heri kwa sikukuu ya Pasaka

Suédois
Glad Psk

Tchèque
Veselé Velikonoce

Turc
Paskalya bayraminiz kutlu olsun

Ukrainien
Z Velykodnimy svjatamy – Volapük Lesustanazäli yofik

Meilleurs Voeux à Tous et à Toutes

En Union dans la Prière

Frater

SJ

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 23 mars, 2008 |1 Commentaire »

LA MAISON NATALE DE JACQUES DE MOLAY

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Au village de Gourgeon, situé sur la RN 19, après Combeaufontaine, on tourne à gauche,  direction le village de Molay. C’ est là que se trouve la maison natale du dernier  Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay. Il  était le fils d’ un simple gentilhomme, vassal du Sire de la Rochelle(le village voisin). Jacques de Molay a été élu Grand Maître du Temple en 1293 et  mourut sur le bûcher le 13 mars 1314 sur l’ ordre de Philippe le Bel et du Pape Clément V.

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Publié dans:L'ordre des Templiers |on 18 mars, 2008 |8 Commentaires »

« Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum »

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« Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum »


La devise des chevaliers de l’ordre hospitalier de Saint jean de Jérusalem signifie défense de la Foi et assistance aux pauvres,

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 14 mars, 2008 |Pas de commentaires »

Memento finis : Pense à ta fin, en chrétien… et Pense à ton but en soldat.

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Oeuvre de Fiction 

Le 10 juin 1179, les troupes de Salah-ad-Din remportent une victoire éclatante contre les Frères du Temple au Marj’ Ayun. Au cours de cette bataille, Eudes de Saint-Amand est fait prisonnier. L’histoire dit qu’il pérît quelques temps plus tard dans les geôles damasquines. Vos frères vont sans aucun doute en apprendre un peu plus…

 

 

16 JUIN 1179, jour de la St Cyr, une bien triste nouvelle arrive à la Commanderie de Jérusalem où se trouvent les Frères.

 

Les Frères sont tous réunis dans la Chapelle afin d’écouter la messe de Prime. Alors qu’ils prient avec ferveur, leur attention est troublée par la soudaine agitation qui règne au dehors. Toute la Commanderie aura tôt fait de découvrir l’origine de ce trouble: un Frère Templier du nom de VALFROY est affalé presque mort sur sa monture. Il est accompagné de quelques hommes en armes en piteux état également. Aussitôt, le Frère Infirmier se précipite en sa direction, le Frère Commandeur prenant quant à lui la mine sombre de celui à qui arrive ce qu’il craignait. La nouvelle fera rapidement le tour de la Commanderie, et envahira ensuite les rues de Jérusalem: les croisés ont subi une violente défaite contre les troupes sarrasines au Marj’ Ayun. Le fait le plus inquiétant cependant reste que le maître de l’ordre du Temple, Eudes de St Amand, a été fait prisonnier par les hommes de Salah-ad Din

 

Les quelques survivants présents sont immédiatement assaillis de questions de la part des Frères de la commanderie jusqu’à ce que Hélinand de Saint Omer exige le silence. Il convie les rescapés en question à le suivre dans une grande salle, où les Frères du Temple pourront le suivre. Il demande alors aux nouveaux arrivés de lui conter en détail les événement, les écoutant d’un air grave. Hésitant quelque instant, les hommes, visiblement apeurés, entameront alors un récit confus où il est question d’un armée sarrasine aux effectifs très nombreux, d’un homme de noir vêtu commandant aux morts de se relever de leur Eternel Repos afin d’attaquer les croisés et de moult autre événements inexplicables. Après quelques minutes de ce discours décousu, le commandeur remerciera les hommes en leur précisant qu’ils peuvent bénéficier l’hospitalité du Temples pour les jours à venir. Enfin il ordonnera au Frère Chapelain de réunir les Frères à l’église afin qu’il prient pour le Maître…

 

Au cours de la journée, le Temple plongera dans la morosité la plus sombre. Les Frères auront tout le loisir d’aller interroger les rescapés de la bataille, mis à part le Frère Valfroy qui bénéficie des soins du Frère Infirmier. Les Frères pourront de la sorte se faire répéter le fantasque récit concernant le « sorcier démoniaque louant ses services aux hérétiques ». Ce dernier point pourrait par ailleurs étonner les Frères ayant quelques connaissances de l’Islam. En effet, même si leur religion est fausse, il ne saurait être dit que les sarrasin pratiquent le commerce avec le Malin. Vers None, le Frère infirmier annonce la mort du Frère Valfroy.

 

Après la messe de Vêpres, au cours de laquelle on recommandera l’âme du Frère Valfroy au Seigneur, le Commandeur Hélinand de Saint Omer demandera aux Frères de se réunir en la salle du Chapitre afin qu’il leur expose les décisions qu’il a prise.

 

Où les Frères s’engagent vers la mission la plus noble qui soit…

 

Un silence de mort règne dans la salle à peine éclairée par quelques torches. Tous semblent perdus dans leurs pensées et certains dissimulent mal leur tristesse. Après quelques minutes pénibles, Hélinand s’éclaircit la gorge puis prend la parole:

 

 » Mes beaux doux Frères, ce jour de la St-Cyr restera dans les mémoires comme étant l’un des plus sombres de l’histoire de notre Ordre. Ainsi que vous le savez tous, nos troupes ont été défaites par les hommes de Salah-ad Din et notre maître est désormais retenu prisonnier à Damas. Ne pensez pas que Frère Valfroy ait pêché de quelque façon que ce soit: il n’a pas fuit devant l’ennemi. Tout au contraire, il m’a conté ces tristes événements et, s’il est en vie, c’est sur l’ordre du souverain de Damas. En effet, Salah-ad Din a préféré lui laisser la vie sauve afin qu’il nous porte une missive. Celle-ci contient une demande de rançon, rançon contre laquelle notre maître nous sera rendu… »

 

Immédiatement un murmure s’élève parmi les Frères. Tous savent qu’il est strictement interdit au Temple de verser une rançon autre que le couteau d’armes que chacun d’entre eux possède. Hélinand reprend la parole:

 

« Oui, je sais, il s’agit là d’une provocation de notre ennemi car il n’est pas sans ignorer ce que prescrit notre règle sur ce point. Il n’est donc évidement pas question de verser le moindre besant.  » Quelques soupirs de soulagement se font entendre.

 » Cependant, il me semble possible de tirer avantage de cet affront. Ainsi ai-je décidé qu’un petit nombre d’entre vous se rendra à Damas en tant qu’émissaires, afin de parlementer avec les autorités sarrasines en prétextant le versement de cette rançon. Ces Frères devront alors profiter de leur présence dans les murs du Palais pour si possible délivrer le Maître… »

 

La plupart des Frères présent marqueront leur surprise face à la dangerosité de cette mission, d’aucuns se demandant visiblement si le Commandeur n’a pas perdu la raison. Puis le Commandeur désignera les Frères chargés de cette mission (les joueurs, évidement !) nommant parmi eux le gonfanonier. Ils devront partir dès le lendemain, en compagnie de 2 frères sergent et de quinze turcopoles. Ils disposeront d’un sauf conduit délivré par Salah ad Din au défunt Frère Valfroy qui justifiera leur entrée sur les terres sarrasines. De plus, une caissette leur est confiée contenant la moitié de la somme demandée en rançon, soit 15.000 besant d’or en pierres précieuses. Bien entendu il leur est strictement interdit d’ouvrir la caissette et de donner le moindre denier aux sarrasins: cet argent est uniquement là pour faire croire à la bonne volonté du Temple. C’est l’esprit chargé des implications de la tâche qui leur est confié que vos Frères pourront regagner leur cellule.

 

Le sergent et le Templier.

 

Au sortir de la messe de Mâtine, les Frères pourront entr’apercevoir (Sens 6) dans l’ombre d’un porche, deux hommes en vive discussion. L’un d’eux porte le Blanc Manteau. Il s’agit de Frère Nicodème, un Templier âgé de la quarantaine. L’autre interlocuteur est le Frère sergent Julien qui accompagnera les Frères vers Damas. Si les Frères s’approchent, la discussion cessera immédiatement et Frère Nicodème se tournera vers eux en souriant. Il leur expliquera qu’il précisait au frère sergent qu’elle été la façon la plus utile de les aider dans leur tâche et qu’il le rassurait sur la sagesse du Commandeur.

 

En réalité, le discours a été tout autre…

 

Il nous faut ici apporter un éclaircissement historique: en 1173, les Ismaéliens du Djebel Nosairi proposèrent de s’allier au roi Amaury 1er contre les musulmans en échange de quoi ils demandèrent la levée des charges qui pesaient sur eux. Or, les templiers de Chastel Banc assurant leur garde, c’est à eux que devaient bénéficier les sommes versées. Le pacte fut néanmoins signé. Certains templiers considérèrent cela comme une trahison. Frère Gautier de Mesnil emmena un conroi de frères et, croisant la route des émissaires Ismaéliens, les massacra jusqu’au dernier.

Le roi Amaury 1er, furieux de l’outrage, exigea que l’on châtie sur le champ les coupables. Eudes de Saint-Amand s’y opposa violemment arguant du fait que ses hommes ne relevaient que de sa seule autorité et, en dernier recours, de celle du Pape. Il fit donc enfermer les coupables au sein du Temple. Amaury refusa néanmoins de s’incliner et ce fut sous le regard d’Eudes de Saint Amand que les frères coupables furent jetés dans les geôles de la prison royale de Tyr.

 

Frère Nicodème fut de ces hommes: il participa au massacre des Ismaéliens et fut, finalement, conduit à Tyr. On peut imaginer la grande tendresse dont savent faire preuve les geôliers et c’est donc le corps et l’esprit meurtri qu’il fut remis en liberté en 1178. Il regagna alors sa seule famille: le Temple. Néanmoins, ces trois années passées en prison, lui ont passablement troublé les pensée. Il fallait un responsable à son malheur et ce fut, contre toute attente, Eudes de Saint-Amand. Frère Nicodème lui reproche notamment de s’être incliné devant la décision du roi, considérant que son sort aurait été beaucoup plus supportable dans les prisons du Temple, auprès de ces Frères. Il voue dès lors une haine féroce à Saint-Amand.

 

Frère Nicodème et Frère Julien se connaissent fort bien et pour cause. Depuis son entrée au Temple, le Frère sergent Julien a bénéficié de tous les sages conseils de son mentor le Frère Nicodème. Ce dernier lui a enseigné avec exactitude comment agir en conformité avec la Règle. Cette fois cependant, c’est l’élève qui devra rendre service au maître. Nicodème a en effet ordonné au sergent de faire tout son possible au cours du voyage pour ralentir l’avancée des Frères. Quoiqu’il en soit, Frère julien, ne doutant pas des bonnes motivations de Frère Nicodème lui obéira, ce qui ne sera pas sans poser des problèmes intéressants à vos joueurs.

 

Mais revenons à notre histoire… Le 18 juin 1179, au matin, les frères accompagnés de leurs écuyers et d’une quinzaine de turcopoles, partent en direction de Damas…

 

Un périlleux voyage

 

Le voyage sera effectué dans la hâte et prendra 6 jours. Le conroi passera par Jaferia, Naplouse, Le Bessan et Tibériade avant de gagner Damas le 25 juin 1179 (Saint Pretextat) au matin. Je vous laisse le soin de prévoir quelques événements au cours du voyage. Néanmoins, n’oubliez pas que Frère Julien fera tout son possible pour retarder le conroi. Ainsi, certains chevaux pourront avoir du mal à avancer, Frère Julien pourra simuler un malaise etc.. etc… Pourtant, à aucun moment frère Julien ne laissera de trace de ses méfaits. Et si vos frères ont des doutes et qu’ils les expriment, demandez-vous si ce n’est pas pécher contre la courtoisie que d’accuser un frère sans la moindre preuve…

Après avoir franchi le Gué de Jacob, le conroi entrera en terre sarrasine. Ils seront interpellés, très peu de temps après, par une troupe de mamelouks (une vingtaine d’hommes au total), peu satisfaits de voir des chrétiens sur leurs terres. Ceux-ci leur demanderont de préciser la raison de leur présence. Les frères auront simplement à présenter leur sauf-conduit: les mamelouks, visiblement étonnés, se retireront laissant la route libre au conroi…

 

Pendant ce temps, le sort d’un autre homme se joue… En effet, Frère Nicodème, quelques heures après le départ des Frères, entreprend de quitter Jérusalem en direction de Damas accompagné de cinq turcopoles. Il sera moins chanceux que les vos Frères et sont expédition n’arrivera jamais à terme…

 

Un bien étrange tisserand

 

Le 24 juin 1179, le conroi est non loin de Damas. Alors qu’ils font une halte pour la nuit, les Frères sont réveillés par l’arrivée d’une dizaine d’hommes. Ceux-ci sont accompagnés par un turcopole, visiblement leur prisonnier.

Les nouveaux arrivants, même s’ils semblent méfiants, ne sont pas agressifs. Ils sont vêtus à la mode sarrasine et armés de cimeterres. Il reste à espérer que les Frères ne vont pas passer à l’attaque immédiatement. Si tel devait être le cas, glissez à l’oreille du gonfanonier qu’il est clair que ces hommes ne désirent pas verser le sang : leur petite troupe n’a pas la moindre chance face à un conroi templier. De plus, abattre des sarrasins à quelques lieues de Damas risquerait de grandement compliquer les négociations à venir si l’événement parvenait aux oreilles des hautes autorités damasquines.

 

Après quelques instants d’un silence gêné, l’un des sarrasins demandera à être entendu. Un turcopole du conroi pourra, si cela est nécessaire, servir d’interprète.

 

«  Moi et mes compagnons saluons les fiers guerriers du Temple. Nous venons en paix et demandons à être entendus en qualité d’alliés et non d’ennemis dans la lutte qui nous oppose au Sultan.

Nous savons que l’un des vôtres est retenu dans les geôles du Palais et que vous venez le libérer. Nous désirons voir votre entreprise couronnée de succès. Tel n’est cependant pas le cas de tous vos suivants. En guise de preuve de notre bonne foi, nous vous remettons un des suivants du traître à votre cause (il désigne le turcopole prisonnier).

Le traître quant à lui est entre de bonnes mains et nous nous proposons de vous mener à lui  ».

 

Il y a fort à parier que les Frères désireront s’entretenir quant à la marche à suivre et, vraisemblablement, voudront glisser quelques mots au turcopole détenu. Les sarrasins n’auront aucune objection à cela. Le turcopole, Abou, leur dira simplement que le jour suivant le départ de leur conroi, Frère Nicodème a exigé que cinq turcopoles le suivent sur les traces des Frères en affirmant qu’il avait une nouvelle de la plus haute importance à leur communiquer. Abou précisera que selon ce qu’il avait compris, cette nouvelle devait conduire à annuler la mission.

 

Note : effectivement, Frère Nicodème comptait communiquer aux Frères un contre ordre annulant la mission. Il s’agissait d’un faux, évidemment. Mais cela, Abou l’ignore !

 

Les Frères devront dès lors décider s’ils font confiance à ces curieux personnages. Il est vraisemblable qu’ils décident de les accompagner, ne serait-ce que pour avoir quelques éclaircissements quant à la suite de leur mission.

 

Ils seront amenés jusqu’à un petit village de quelques maisonnées se situant en périphérie de Damas. Là les attend un jeune garçon d’une douzaine d’année qui prendra la suite des hommes en arme. Le garçon leur fera signe aux Frères de laisser le conroi en compagnie des hommes armés et de le suivre. Il les guidera jusqu’à une petite habitation que rien ne distingue des autres édifices. Entrant à sa suite, les Frères verront un homme assis derrière sur un tapis sur lequel trônent divers fruits fort appétissants. Ce dernier ce lèvera à leur venue et leur adressera un sourire. Il s’agit de Jaafar Ibn Sa’Adi (référez-vous aux annexes pour une description physique des PNJs). Les Frères remarqueront un petit métier à tisser dans un coin de la pièce.

 

Jafaar priera ses invités de prendre place à ses côtés et de partager son repas. Il comprendra néanmoins que les Frères soient méfiants et ne s’offusquera pas d’un refus poli (néanmoins, cela constituerait un péché contre la courtoisie). Jafaar s’exprime en un oil certes maladroit mais pourtant compréhensible. Désignant le jeune garçon qui les a amené jusqu’à lui, il leur précisera qu’il s’agit de Selim, son fils. Il demandera alors à celui-ci de bien vouloir quitter la pièce. Selim s’exécutera soulevant une tenture et plaçant dans la pièce adjacente. Ceci fait, Jafaar prendra un air plus grave et tentera d’expliquer la situation aux Frères :

 

«  Avant toute chose, je vous demande de bien vouloir excuser les moyens employés pour vous mener jusqu’à moi, mais l’heure est grave et la discrétion est de mise. Celui des vôtres que nous avons arrêté se trouve dans cette pièce (il indique la tenture) et aucun mal ne lui a été fait. Nous vous laisserons le soin de le juger par la suite. Je me nomme Jafaar Ib’n Sa’adi et suis un bâtini  ». Vos Frères seront sans doute étonnés de cette grande marque de confiance.

 

«  Mes compagnons et moi-même savons que votre Maître est retenu prisonnier auprès de Salah-Ad-Din et croyez-moi, nous avons des intérêts communs dans cette affaire. Je ne peux et ne saurais vous en donner la teneur et vous prie de me faire confiance. Nous ignorons pour quelle raison Salah-Ad-Din vous a exigé une rançon en échange de la libération du Maître puisqu’il connaît votre Règle et sait que vous n’y dérogerez pas.

Nous allons nous mettre à votre service et libérer votre Maître, nous avons, à Damas, des amis dont l’aide nous sera à tous utile. Vous comprendrez néanmoins que je dois taire leur nom. Rendez-vous à Damas et agissez ainsi qu’il vous a été commandé. Ces amis vous feront savoir quand l’heure de la libération sera venue. Et alors, il faudra agir vite et bien !  ».

 

Jafaar s’arrêtera quelque instant attendant la réaction des Frères. Ceux-ci auront sans doute de nombreuses question à lui poser :

 

Quel est l’intérêt des Bâtinis à voir Eudes de Saint-Amand libéré ? Jafaar expliquera qu’il ne peut exposer en détail les raisons qui poussent les compagnons à agir de la sorte, lui-même n’étant qu’un exécutant. Néanmoins, il précisera simplement que lorsque deux personnes ont un ennemis commun, l’intelligence veut qu’elles allient leurs forces.

Comment les Bâtinis ont-ils eu connaissance de leur venue ? Il n’était pas très compliqué de savoir que les Frères du Temple tenteraient de libérer leur Maître. De plus, sachant qu’il n’est pas dans leur habitude d’agir dans la plus grande discrétion, il était aisé de s’attendre à la venue d’un conroi chargé, sous couvert de négociation, de libérer le Maître.

Qu’en est-il de Frère Nicodème ? les compagnons, après avoir observé le conroi, se sont aperçus de l’approche de Frère Nicodème. Voulant savoir de quoi il en retournait, ils ont tenté de l’arrêter. Malheureusement, Frère Nicodème les a attaqué. Ce n’est qu’après l’avoir maîtrisé qu’il ont trouvé sur lui un contre ordre annulant la mission. Ce dernier est visiblement un faux. Jafaar leur donnera le document en question et les Frères devront se rendre à l’évidence : le propos de leur interlocuteur est exact. Les Frères pourront demander à voir Frère Nicodème et à s’entretenir avec lui. Jafaar les priera de se rendre dans la pièce attenante. Frère Nicodème est alité et veillé par une femme (l’épouse de Jafaar) ainsi que par Selim. Il est cependant inconscient et il est impossible d’en tirer le moindre propos.

 

La vérité : les propos tenus par Jafaar sont tout à fait exacts, mais incomplets cependant. Si les Bâtinis désirent voir Eudes de Saint Amand libéré c’est qu’ils savent qu’il est détenteur d’un secret partagé avec eux (nous dévoilerons plus loin de quoi il s’agit). De plus, ce n’est pas par hasard qu’ils ont arrêté Frère Nicodème, mais bel et bien par le biais du renseignement fourni par l’un des leurs infiltré à Jérusalem.

 

Après cette conversation riche en enseignement, Jafaar demandera aux Frères de sceller leur accord en s’engageant à ne pas dévoiler qu’il est un Bâtini. Pour ce faire, il proposera à l’un des Frères d’échanger son couteau d’armes contre un présent : une sarbacane. S’il est interrogé à ce sujet, Jafaar prétendra qu’il s’agit là d’une coutume habituelle. Si les Frères refusent, Jafaar insistera néanmoins pour qu’ils acceptent la sarbacane.

 

Les Frères pourront alors prendre congé et quérir quelque repos aux abords de Damas

Où les Frères font leurs premiers pas à Damas

 

Au matin de la Saint Pretextat de l’an de grâce 1179 de l’incarnation de notre Seigneur, le poussiéreux conroi de Templiers entre en les murs de Damas en passant par la Porte As-Sagîr. La désagréable sensation de se jeter dans la gueule du loup assaille chacun.

Rapidement, une troupe d’hommes en armes rejoindra le conroi : des mamelouks jetant des regards haineux en direction des ‘Blancs-Manteaux’. Ils exigeront des Frères qu’ils les suivent afin de les mener ‘en toute sécurité’ jusqu’au Palais. C’est donc sous bonne escorte que les Frères traverseront Damas en direction du Palais de l’Atabeg de Damas, Shams Al Dwa Turanshah, le propre frère de Salah-Ad-Din.

 

NB : un plan de Damas au XIIème siècle sera donné en annexe dès que mon scanner aura décidé de fonctionner à nouveau…. Le Palais y sera indiqué avec la référence Citadelle.

 

La Citadelle est une enceinte fortifiée de grande taille au Nord Est de Damas. L’intérieur est constitué d’un jardin au Nord duquel se trouvent les différentes bâtisses, vers lesquelles les Frères seront amenés. Ils sont accueillis par un homme d’une quarantaine d’année, extrêmement courtois à leur encontre. Il s’agit du Dey Ibn Tahir, le secrétaire particulier de Salah-Ad-Din. Après quelques mots de bienvenue, Ibn Tahir proposera aux Frères de se reposer de leur longue route en se rendant aux bains : que vont faire les Frères ? Pécher contre la courtoisie en refusant ou bien pécher contre la Règle en quittant l’habit ? La sagesse voudrait qu’ils acceptent la proposition afin de démontrer leur bonne volonté. Après tout, il est nullement précisé qu’il doivent se dévêtir avant d’effectuer leur ablutions…

 

Si les Frères demandent à entamer les négociations de suite, Ibn Tahir rétorquera qu’il n’est pas nécessaire de se hâter. Il est de culture musulmane d’user et d’abuser de manœuvres dilatoires dans ces circonstances et Ibn Tahir ne saurait faire autrement : il faudra donc que les Frères s’arment de patience avant de pouvoir en venir au nœud du problème.

 

Après le bain, des chambres seront attribuées à chacun des Frères : elles sont confortables et particulièrement luxueuses en comparaison des rudes cellules templières.

 

Peu avant Tierce, Ibn Tahir viendra proposer aux Frères de les mener jusqu’à l’église Sainte Marie où ils pourront prier. C’est donc sous bonne escorte qu’il traverseront une nouvelle fois Damas, en direction de l’Est.

Ils rencontreront là le Père Sacharie qui marquera sa satisfaction de voir des frères du temple en son église à grands renforts de gestes de bienvenue… Il semblera évident que ces gestes sont en réalité bien plus destinés à démontrer aux quelques chrétiens de Damas que leur congrégation a quelque importance aux yeux de Jérusalem. C’est donc dans une église remplie de chrétiens curieux que les Frères pourront prier.

Interrogé sur la situation des chrétiens à Damas, le Père Sacharie répondra que, si leur communauté est restreinte, il n’en reste pas moins qu’elle prie avec ferveur et, de plus, il ne peut reprocher quoi que ce soit aux autorités damasquines qui se montrent des plus tolérantes. Enfin, le Père Sacharie dira avoir toute confiance en l’avenir de sa communauté. En effet, le Seigneur lui a envoyé un signe, dira-t-il avec un air faussement mystérieux à l’attention des Frères. Si ceux-ci veulent en savoir plus sur la nature de ce ‘signe’, le Père Sacharie les priera de revenir vers none, pour assister au miracle…

 

A sixte un repas copieux sera servi aux Frères au Palais. Ils pourront à cette occasion faire la connaissance de l’émir Ibn Jobair qui accompagne les Frères tout comme le Dey Ibn Tahir. La conversation sera courtoise et les hôtes déclineront poliment toute question quant à la suite des événements.

 

Vers none, les Frères ne manqueront pas de gagner l’église Sainte Marie. Ils pourront une nouvelle fois écouter la messe dite par le Père Sacharie. A l’issue de celle-ci, le prêtre demandera aux Frère de les suivre dans une petite Chapelle attenante à l’église. Il prendra un air empreint de mystère et de religiosité alors qu’il leur fera cette demande. A n’en point douter, les Frères le suivront.

 

Alors qu’ils traverseront quelques couloirs éclairés par les rares rayons de soleil qui arrivent à percer le verre épais des fenêtres, ils entendront, provenant de derrière une porte se trouvant au bout de leur chemin, des exclamations de joie et d’étonnement suivi de prières retentissantes. Le père Sacharie ne pourra réprimer un large sourire de satisfaction.

 

Ouvrant la porte, les Frères du Temple pénètreront dans une pièce où se trouve amassée une trentaine de personnes qui, à leur entrée, se mettront à genoux et loueront le Seigneur d’une plus vive voix encore. Au fond on aperçoit une statue de la Vierge. Au bout de quelques secondes, celle-ci se mettra à pleurer des larmes de sang. Vraisemblablement, les Frères resteront cois quelques secondes devant ce miracle. Les fidèles, eux, seront presque en transe. Néanmoins, si un Frère réussit un test de Sens (difficulté 9), il se rendra rapidement compte que tout ceci n’est, en réalité, qu’une supercherie : un complexe système de tuyauterie à base de boyaux de porc reliés à une panse du même animal sert à approvisionner la statue en sang.

 

Laissez vos joueurs se démener avec le problème suivant : que faire ? Dénoncer la supercherie serait juste mais contribuerait grandement à ébranler la foi de nombre des personnes présentes. Inversement, ne rien faire, serait incontestablement un mensonge.

 

La meilleure solution consiste sans doute à en parler, discrètement, au Père Sacharie, qui reconnaîtra, rapidement, qu’il s’agissait là d’un moyen efficace en vue de raffermir la foi des chrétiens de Damas. Il faudra le convaincre de cesser la mystification, sans pour autant porter atteinte à sa bonne volonté. En effet, n’oublions pas que le Père Sacharie est un des grands représentants de la chrétienté à Damas…

 

Aux alentours de Vêpres, les Frères seront de retour à la Citadelle. Un repas copieux sera servi aux émissaires du Temple. Mangeront avec eux : Soraka, Tahir et Tarek Ad Faat’I. Rien de notable n’arrivera au cours de ce repas, si ce n’est qu’une des servantes jettera des œillades appuyées à l’un des Frères. Si celui-ci se débrouille pour lui glisser quelques mots – pensant sans doute qu’il s’agit là de leur contact – la femme aura un petit sourire et proposera un rendez-vous, vers Mâtines dans les jardins de la Citadelle. Le repas se poursuivra jusque vers Complies, repas à l’issue duquel on annoncera aux Frères une visite de Damas pour le lendemain.

 

NB : ces différents repas ont un double objectif en termes de jeu. En premier lieu, il s’agit de bien faire comprendre aux joueurs que ce sont eux qui sont en situation difficile. Les sarrasins ont tout leur temps et ils comptent bien l’utiliser. En second lieu, il serait bon de profiter de ces interludes culinaires pour présenter plus précisément le caractère des différents PnJ. Ceux-ci sont, nous vous le rappelons, présentés en annexe.

 

Si le Frère concerné se rend dans les jardins de la Citadelle à Mâtines, il retrouvera effectivement la servante qui lui avait donné rendez-vous. Cependant, le templier s’apercevra également rapidement que le rendez-vous n’a rien à voir avec sa mission : il s’agit, dans l’esprit de la Dame tout du moins, d’un strict rendez-vous galant… Au frère de se tirer de cette situation pénible avec le plus d’élégance (attention au péché de chasteté…).

 

Où les Frères visitent la ville plus avant

Nous sommes le jour de la Saint Jean et Paul (le 26 juin).

 

La journée débutera, comme à l’accoutumée, par la messe de Prime. Peu après celle-ci, les Frères seront invités à une visite des souks de la ville. Sous bonne escorte (Tahir et Jobair les accompagnant), ils traverseront une nouvelle fois Damas en direction de différents marchés. Décrivez des lieux hauts en couleurs, des paroles prononcées fortement, des senteurs enivrantes etc… Vers Tierce, les Frères assisteront à une scène qui pourra leur être pénible. Ils arriveront à hauteur du marché aux esclaves à l’instant où est mise en vente une femme blanche dont le vendeur présentera (de manière outrageusement ostentatoire…) les avantages au demeurant forts grands. Les enchères s’envoleront rapidement. Laissez les Frères décider de ce qu’il convient de faire. Sachez qu’il serait bon que l’enchère soit, en définitive, remportée par un soldat qui paiera un fort prix.

 

Le repas de Sixte sera pris au souk. Au cours de celui-ci, changeant brutalement de sujet, Ibn Tahir leur annoncera sur un ton égal, le début des négociations pour le lendemain. Dans le même temps, il sortira de ses vêtements le couteau d’arme de Saint-Amand qu’il remettra, en gage de bonne volonté, aux Frères. Un Frère attentif pourra voir poindre un léger sourire sur le visage de Jobair à ce moment… Tahir précisera également que le repas de ce soir sera pris en compagnie de l’Atabeg Turanshah, le Frère de Salah Ad Din. N’en doutons pas, la tension devrait monter d’un cran parmi les Frères !

 

L’après-midi, les Frères pourront vaquer à leurs occupations. Il est vraisemblable qu’il passent une bonne partie de celle-ci à s’interroger sur l’attitude à tenir pour les quelques heures à venir.

 

NB : nous ne pouvons que vous conseiller de laisser vos joueurs mariner quelques temps. Leur situation est, pour le moment, effectivement assez inconfortable. Reçu dans une ville ennemie, il savent devoir mener des négociations sans avoir grand chose à négocier. De plus, l’aide extérieure promise n’a toujours pas donné signe de vie. Si vos joueurs sont comme les miens, ils passeront sans doute l’après-midi à échafauder des théories les plus fumeuses les unes que les autres : gardez-vous d’éclater de rire ! ! !

 

Le repas du soir sera servi vers Vêpres. Seront réunis tous les conseillers sous la houlette de l’Atabeg. Tous les convives seront déjà attablés lorsque les Frères arriveront. Un silence pénible emplira la pièce alors que les Frères la pénètrent. Après qu’ils ont pris place, L’Atabeg, de sa voix essoufflée, prendra la parole :

 

«  Emissaires du Temple, sachez pouvoir, en cette soirée, vous considérer comme mes convives plus que comme mes adversaires dans la lutte qui nous oppose  »

 

Cette phrase maladroite prononcée, il fera signe aux servantes de distribuer les plats. Ceux-ci se succèderont à un rythme effréné, l’Atabeg prenant un visible plaisir à ingurgiter toute le nourriture qui se présente à lui, ponctuant les quelques phrases qu’il pourrait prononcer de rots sonores.

 

Le repas sera l’occasion pour les Frères d’être l’objet de différentes provocations, plus ou moins maladroites au demeurant. Ainsi, l’Emir Abu Ali entreprendra-t-il de mener une conversation avec l’un ou l’autre Frère sur les différences notables d’organisation militaires de leurs camps respectifs. C’est au cours de cette conversation qu’il glissera, avec perfidie, le fait que l’art de la guerre Sarrasin a démontré sa supériorité à Chastel Blanc, bataille à laquelle il a eu la joie de participer. De même, certains plats seront servis par l’esclave blanche qu’ils ont pu voir l’après-midi au souk. Cette dernière jettera des regards implorants aux Frères.

 

Il conviendrait qu’à l’issue de ce repas les Frères se soient rendu compte des éléments suivants :

 

  • Aux yeux de l’Emir Abu Ali, la négociation est dépourvue d’objet. 

     

  • Soraka ne semble faire aucun cas des Frères et ne leur adressera que des propos empreint d’une haine et d’un dédain marqués. 

     

  • L’Atabeg est incapable de prendre une décision et préfère s’en référer à son Frère. 

 

Au cours du repas, une altercation surviendra entre Soraka et une femme, restée en retrait parmi le personnel servant. Cette jeune personne, d’une vingtaine d’années, n’est autre que la femme de Soraka, Si’Hem. L’altercation a lieu en arabe et porte, visiblement, sur la façon de disposer les plats. Soraka s’emportant, il vocifèrera à l’encontre de la Dame qui, outrée, quittera la pièce…

 

A l’issue du repas, vos Frères pourront voir le Dey Ibn Tahir quitter la salle en compagnie de l’esclave blanche : sans doute une ultime provocation.

Où les Frères mènent d’âpres négociations

 

En ce jour de la Saint Maclou (27 juin), les Frères se réveilleront certainement tendus : c’est aujourd’hui que doivent débuter les conversations. Celles-ci commenceront après la messe de Primes. Une nouvelle fois, les Frères seront en compagnie de tous les conseillers et de l’Atabeg. Celui-ci prendra la parole :

 

«  Mes chers amis, nous sommes réunis en ce jour pour recevoir les doléances des émissaire du Temple. Dois-je rappeler qu’à la suite de notre écrasante victoire au Marj-Ayun, nous avons eu la clémence d’épargner l’un des leurs, le Frère Eudes. C’est de la libération de ce dernier qu’il convient que nous nous entretenions.

 

Avant toute chose, je précise que Nous ne sommes guère favorable à cette libération. Néanmoins, en Notre grande clémence, Nous restons à l’écoute des propositions du Temple  ».

 

Il se tournera vers les Frères et les interrogera du regard. A eux de plaider au mieux la libération de Eudes de Saint-Amand. Quelque soit leur proposition, et surtout si elle tient au versement de la rançon, l’Atabeg fera la moue. Dans ce dernier cas, Soraka prendra la parole et marquera son étonnement : «  Je croyais qu’il était de coutume, chez les Frères du Temple, de ne verser aucune rançon si ce n’est un couteau d’arme ?… Si votre Loi n’a que si peu de valeur à vos yeux que vous la transgressez à la première occasion, comment pouvons-nous avoir confiance en vos dires ? Pour ma part (se tournant vers l’Atabeg), je ne vois pas ce que nous pourrons tirer d’une telle négociation… (l’Atabeg fera signe à Soraka de garder patience)  ».

 

Au cours de cette première journée de négociation, aucun accord ne pourra être trouvé. L’Emir Abu Ali changera de position néanmoins : d’un refus entêté de procéder à la libération de Saint-Amand, il passera à une acceptation éventuelle à la condition que le Temple cède des territoires de grande importance (proposition proprement inacceptable…).

 

Ibn Tahir, quant à lui, écoutera attentivement les dires des Frères pour finalement faire systématiquement montre d’une insatisfaction quant à leurs propositions. Ibn Jobair, lui, semblera plus prompt à la négociation. Les Frères pourront arriver à s’en faire un allié en plaidant la libération contre la rançon s’ils argumentent dans le sens d’une pacification des territoires frontaliers (ce qui ne fera que grandir la colère d’Abu Ali). Le conseiller Ad Faat’I, quant à lui, semblera ne pas saisir la moitié des engagements proposés, ces remarques tombant systématiquement à plat…

 

C’est épuisés que les Frères sortiront de cette première journée sans avoir réussi à arracher quoique ce soit, si ce n’est la certitude que la rançon ne sera vraisemblablement pas suffisante…

 

NB : il n’y a rien que de très logique dans tout cela. En effet, non seulement l’Atabeg est proprement incapable de prendre la moindre décision par soi-même mais, de plus, Salah-Ad-Din lui-même a demandé à ce qu’on fasse durer les négociations. Nous ne pouvons que trop vous conseiller, notamment à cause de cette scène précise, de maîtriser ce scénario à deux. Cela permettra une interactivité largement accrue entre les PNJs.

 

A Vêpres, le repas sera servi et les négociations prendront fin. Les Frères seront placés entre les conseillers cette fois. C’est sans peine que ceux-ci feront abstraction des négociations pour parler aux Frères, sur un ton égal, de sujets divers et variés.

 

Au cours de ce repas, les Frères, sur un test de sens (difficulté 6) pourront voir la femme de Soraka glisser quelques mots à l’oreille de la servante avec laquelle l’un des Frères avait rendez-vous. Celle-ci commencera à servir les plats et, arrivant à hauteur du Frère auquel elle avait donné rendez-vous, fera tomber un message écrit sur un petit vélin. Au même instant, Soraka se penchant en direction du Frère assis à ses côtés lui glissera simplement «  Nous interviendrons demain, dans la nuit…  ».

 

Voilà enfin l’allié des Frères qui se dévoile…

 

Sur le vélin, il est simplement inscrit : «  ce soir à minuit  ». Effectivement, vers minuit, les Frères recevront en leur cellule la visite de Si’Hem, les gardes la laissant passer sans difficulté. Celle-ci prendra à peine le temps de leur glisser quelques instructions avant de s’en aller :

 

«  Demain soir, traversez le jardin et pénétrez dans la piscine qui s’y trouve. Rassurez-vous, elle n’est pas très profonde.

Une fois dans l’eau, vous trouverez, face à la cascade, une conduite d’évacuation qui vide le bassin. La grille qui la fermen’est pas fixée. Enlevez-là. La conduite n’est pas très haute, mais on a de l’eau jusqu’aux genoux.

Après quelques dizaines de mètres, vous aboutirez dans un grand bassin qui récupère les eaux usagées du Palais. Ne prêtez pas attention aux odeurs mais cherchez sur votre gauche un éboulis dans la paroi. Il y a là un étroit passage, creusé dans la terre qui aboutit dans un passage secret, souterrain.

Une fois que vous y serez, prenez sur votre droite et tournez à gauche dès que vous le pourrez. Au bout de vingt mètres environ, il y aura une intersection et il vous faudra tourner à droite.

Il y a là un couloir plus large que le précédent et c’est dans celui-ci que vous trouverez, à mi-hauteur dans un mur, une grille. Otez la, elle ferme une petite conduite d’aération qui permet de renouveler l’air vicié des prisons souterraines du Sultan. Les cellules sont équipées de soupiraux qui donnent sur cette conduite.

 

Maintenant, je dois y aller, qu’Allah vous protège, que votre Christ vous vienne en aide…  »

 

Et elle s’en ira, laissant certainement les Frères dubitatifs…

 

Où les Frères explorent les souterrains du Palais

 

Peu après Laudes, les Frères seront réveillés par un important bruit provenant de la Cour intérieure du Palais. Jetant un rapide coup d’œil par la fenêtre, ils verront un important conroi s’arrêter : Salah-Ad-Din vient d’arriver en Damas…

 

Après la messe de Primes, une rapide collation sera servie et les négociations reprendront, cette fois en présence du Sultan. Celui-ci accueillera les Frères d’un hochement de tête, ne laissant paraître aucun animosité à leur égard sans pour autant se montrer obséquieux. Il se présentera et demandera à ce que chacun des Frères fasse de même avant de s’assurer qu’ils ont été traités avec les meilleurs égards.

 

Puis se tournant vers Ad Fahti, il l’interrogera :

 

«  Un accord a-t-il pu être trouvé ?

  • Nous sommes en bonne voie… 

     

  • Excellente nouvelle. Précisez-moi les termes de cet accord… 

     

  • Et bien, votre Excellence, nous avons su convaincre les dignes émissaires du Temple d’envisager avec le plus grand sérieux la cession de quelques terres frontalières ! 

     

  • Tiens donc… (le Sultan aura un haussement de sourcil significatif)  » 

 

A n’en point douter, les Frères pousseront des cris d’indignation (si tel ne devait pas être le cas, il conviendrait d’envisager un manquement à la Règle de l’Ordre – seul un couteau d’arme en rançon…). S’en suivra une discussion animée où les uns attesteront les propos d’Ad Fahti et se montreront outrés du fait que les Frères reviennent sur une parole donnée alors que les autres préciseront ne pas avoir le souvenir d’un tel engagement…

 

La querelle durera une bonne heure. Finalement, il en ressortira que Ad Fahti a sûrement dû se méprendre sur les propos du Temple (sans doute la langue…). Salah-Ad-Din reprendra les choses en main en demandant simplement à ce que les Frères lui montrent les 15.000 besants.

 

Laissez vos joueurs décider de la conduite à tenir. S’ils venaient à montrer la somme, le Sultan demandera rapidement si un accord peut-être trouvé sur ce montant. Soraka prendra, à cet instant, un risque conséquent en faisant un signe de dénégation à l’intention des Frères : il est évident qu’il convient de gagner du temps. A vos Frères de trouver les arguments nécessaires pour que les négociations ne trouvent pas d’issue avant le lendemain…

 

NB : cela ne devrait pas être trop dur. En effet, Salah-Ad-Din a, lui également, besoin de temps comme nous le verrons par la suite.

 

La journée se déroulera donc de la sorte, la tension étant, néanmoins, à son comble à l’issue de celle-ci puisque une bonne partie des Sarrasins (Ad Fahti en tête) tiendront rigueur aux Frères d’avoir renié leur parole…

 

Finalement, Mâtines approchera…

 

 

Il convient, pour les Frères, et à la condition qu’ils suivent les instructions de Si’Hem, de se rendre auprès du bassin. Cela ne devrait pas poser de problème particulier (demandez leur néanmoins s’ils gardent leur blanc manteau qui, après tout, est très visible… On ne sait jamais, ils pourraient être tenté de pécher…).

 

Une fois arrivé auprès de l’eau, les Frères auront l’agréable surprise de constater que les dires de Si’Hem s’avèrent exacts : effectivement il y a une grille au fond du bassin (sur le mur Nord) qui est déscellée et autorise, de ce fait, un passage par un conduit d’évacuation.

 

NB : Vos Frères, s’ils ont gardé tout leur attirail de soldat seront vraisemblablement grandement gênés dans leurs mouvements. N’hésitez pas à le leur faire remarque et, pourquoi pas, leur attribuer quelques malus…

 

Les Frères n’auront alors qu’à suivre les instructions qui leur ont été fournies la veille, sous réserve de s’en souvenir (Diff. 6). Il parcoureront (dans le noir s’ils n’ont aucun moyen pour s’éclairer…) les souterrains emplis d’une odeur peu ragoûtante avant d’arriver à hauteur des conduits d’aération. Vous pouvez, à cet instant, leur créer quelques frayeurs avec des petits bruits qui s’approchent, s’éloignent (des rats…) etc… Une fois l’accès du conduit d’aération débloqué – sans aucune difficulté – il apparaitra clairement que seul un ou deux Frères peuvent s’y introduire, tout demi tour s’avérant impossible et le retour (si retour il y a) devant se faire à reculons…

 

A cet instant précis, un grand tumulte proviendra de la surface (des bruits sourds, des cris etc…) : visiblement, quelque chose ne tourne pas rond à l’extérieur !

 

Quoiqu’il en soit, je suppose que vos Frères vont s’introduire dans le conduit…

 

 

Memento finis…

 

Celui-ci se poursuivra sur une cinquantaine de mètres, donnant l’opportunité de jeter quelques coup d’œil dans certaines cellules du Palais. Il reste à espérer qu’aucun prisonnier voyant le templier ramper dans le conduit ne commence à vouloir attirer l’attention des gardes…

 

NB : les Frères peuvent voir dans les cellules par un soupirails qui se trouve à 2 mètres de hauteur par rapport au sol de chaque cellule. Evidemment, chaque soupirail est barré par une grille solidement fixée. Donc les Frères peuvent regarder dans les cellules mais en aucun cas y entrer (comme toute lapalissade, c’est évident, mais ça va mieux en le disant ! ! !).

 

A l’issue de ce périple, les Templiers assisteront à un spectacle qui, certainement, marquera leurs esprits à jamais. Ils auront la vue sur une cellule dans laquelle gît Eudes de Saint-Amand, attaché à une sorte de table, torse nu et visiblement affaibli. Dans un coin de la pièce, son Banc Manteau, tâché de sang repose à même le sol. Devant le Maître de l’Ordre, un personnage en aube sombre interroge le Maître en latin. Il s’agit vraisemblablement du mage au service des sarrasins dont parlaient les Frères rescapés de la bataille du Marj Ayun…

 

«  Où est le lapis e locei, ton Graal ? dira le sinistre personnage

  • Imbécile, pourquoi existons-nous ? répond Eudes de Saint Amand 

     

  • Le Porteur du Sang est-il déjà désigné ? 

     

  • Ce n’est pas parce que je porte le Blanc Manteau que je suis dans le secret des neufs… 

     

  • Qui sont-ils ? 

     

  • Les plus purs d’entre nous ! !  » 

 

A cet instant précis, Eudes de Saint-Amand verra le Frère qui l’observe depuis le soupirail. Il écarquillera les yeux et dira à son encontre : «  Tue-moi, c’est un ordre !  ».

 

Espérons qu’à cet instant la sentence Memento Finis prendra tout son sens : que faire ? Tuer Eudes de Saint-Amand ? Peut-être avec la sarbacane donnée par le Bâtini. Oui, mais le Maître est un Chrétien et cela est formellement interdit par la Règle (sans parler de l’utilisation d’une arme de jet…).

 

Désobéir… Oui, mais il s’agit d’un ordre du Maître de l’ordre après tout…

 

En toute hypothèse, après que Eudes de Saint Amand a donné son ordre, les Frères disposent de trois minutes pour se décider. Il serait bon de jouer ces trois minutes en temps réel. Si, à l’issue de ce temps, les Frères n’ont pas réagi, des gardes entreront dans la cellule et emmèneront le Maître. Celui-ci se débattra mais sera finalement traîné au dehors. Il est alors grand temps pour les Frères de prendre la fuite.

 

Inversement, s’ils utilisent la sarbacane, Eudes de Saint Amand mourra en quelques secondes sous l’effet du poison se trouvant sur les flêchettes, le sourire au lèvres.

 

Les Frères peuvent également décider de tuer le mage : cela leur semblera peut-être la solution la plus avisée. Néanmoins, et au bout d’une trentaine de secondes, les gardes entreront et emmèneront le Maître tout comme dans la première solution.

 

A n’en point douter, les Frères rebrousseront chemin en toute hâte. A la sortie du bassin, ils verront qu’au dehors, la bataille fait rage : des hommes, apparemment de paisible habitants de Damas, s’en prennent aux gardes, quelques bâtisses sont en feu. Sorraka, sortant de l’ombre, leur fera signe de le suivre. Une véritable course dans les couloirs du Palais débutera. Vous pouvez émailler cette scène de quelques combats.

 

Finalement, les Frères, toujours en compagnie du Bâtini, arriveront, in extremis, à quitter l’enceinte de Palais et, en définitive de la ville.

 

A l’extérieur, près de la maisonnée de Jaafar, les attendront des montures. Sur l’une d’entre elle se trouve, ligoté, Frère Nicodème. Les adieux seront rapides et les Frères pourront repartir vers Jérusalem, l’esprit chargé des implications de leurs actes…

 

 

Un Chapitre démoniaque

 

Le retour ne présentera aucune difficulté. Cependant, au cours de celui-ci, les Frères auront la désagréable sensation de se sentir menacés en permanence, voire observés.

 

A Jérusalem, Hélinand de Saint Omer les accueillera et leur demandera un rapide compte rendu de leur mission : qu’en est-il du Maître, que sont devenu les 15.000 besants etc…

 

Finalement, un Chapitre sera tenu. Comme à l’accoutumé, il sera demandé à chacun des Frères quels sont les péchés dont ils demandent l’absolution.

 

S’ils ont obéi à Eudes de Saint Amand en le tuant, il ne leur en sera pas tenu rigueur. Inversement, s’ils ont désobéi, Hélinand prendra un air grave et affirmera qu’il s’agit là d’un péché de la plus grande importance (minimum un carré grisé en obéissance…).

 

Puis viendra le tour de Nicodème. Celui-ci aura l’air troublé et commencera à balbutier quelques mots incompréhensibles. Puis, il prendra, assez rapidement, l’apparence des différents représentants du Malin que vos Frères ont pu croiser au cours de leurs missions. Des exclamations d’étonnement se feront entendre dans la salle du Chapitre. Enfin, Nicodème finira par se transformer en la représentation la plus caricaturale d’un démon et… passera à l’attaque. Les Templiers pousseront des cris de terreur pour finalement se ressaisir et c’est tout le Chapitre qui s’unira pour occir le serviteur du Malin… Ceci sera, en définitive, chose rapidement faite, l’ensemble des Templiers assaillant le Démon tout comme une horde d’Anges guerriers.

 

Hélinand ordonnera à tous de se rendre à la Chapelle pour prier pour le salut de leurs âmes…

 

NON NOBIS DOMINE, NON NOBIS, SED NOMINE TUO DA GLORIAM…

 

CONCLUSION :

 

De nombreuses questions restent posées. Qui est le Nécromant ? Que signifiait la discussion entre lui et Eudes de Saint-Amand ? Pourquoi Frère Nicodème s’est-il transformé en Démon ? Ces questions trouveront réponse, un jour…

Pour le moment, tout ce que je puis vous dévoiler (et que vous aurez sans doute compris) c’est que le Temple semble détenir quelque chose ou quelqu’un qui intéresse au plus haut point non seulement les sarrazins mais également les serviteurs du Malin…

http://cdefours.club.fr/MILES.htm

Demehet et Pochikalaan (ou David)

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 14 mars, 2008 |1 Commentaire »

Les quatre trésors des Templiers

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Les quatre trésors des Templiers

1 Trésor d‘Asie

Neuf chevaliers se sont installés sur l’esplanade de l’ancien temple du Roi Salomon peu après la chute de Jérusalem. Ils se sont aussitôt fait affecter les sous-sols de l’édifice, les écuries du Roi, qui pouvaient accueillir plus de mille chameaux et mille cinq cents chevaux. Et ils réalisèrent là les fouilles qu’ils avaient prévues. C’est là que, d’après la Tradition, se trouvait le rocher sur lequel Abraham était prêt à sacrifier son fils. C’est là que le Roi Salomon a fait construire le premier temple juif entre 960 et 953 avant J.-C. où ont été déposés les deux tables de la loi et le bâton d’Aron et l’Arche d’Alliance, fait d’or pur et de bois d’acacia, que Dieu commanda à Moïse. Le Temple du Roi Salomon a été détruit et reconstruit plusieurs fois, notamment par le Roi Hérode au Ier siècle. C’est le Temple qui recevait la contribution d’or, d’argent et de bronze, ordonnée par Yahvé dans la Bible. Les Rois y ont fait des dons magnifiques. Et c’est au temple de Jérusalem qu’ont été accueillis l’Arche et les Tables scellant l’alliance entre Dieu et son peuple, à 600 m de la colline où Christ a été crucifié. C’est aussi au Rocher du sacrifice que l’ascension du Prophète Mahomed s’est déroulée et que la Mosquée du dôme a été édifiée par les premiers khalifes. On a beaucoup spéculé sur ce que les neuf chevaliers ont pu mettre à jour, mais il reste certain que l’Ordre des Templiers, créé peu après la prise de Jérusalem est devenu, grâce à eux immédiatement très puissants et s’est développé très rapidement. Même les rois d’Asie ont fait dons aux Templiers de leur or et de leur finance.

2 Trésor d’Espagne

Les Templiers n’ont pas subi le même sort dans la péninsule ibérique qu’en France. Le roi Jacques d’Aragon obtint du Pape la création de l’Ordre de Montesa qui les regroupa. Au Portugal, où ils ont été acquittés, le roi Denis 1er fit renaître l’Ordre du Temple sous l’appellation d’Ordre des Chevaliers du Christ. Ces ordres ont ensuite accru leur puissance par la maîtrise des mers et leur lutte contre les Maures. Et c’est sous leur pavillon frappé de la Croix pattée qu’au XVe siècle Christophe Colomb et Vasco de Gamma ont ouvert la route des Amériques et des Indes. Le port des Templiers sur l’Atlantique, La Rochelle, aurait eu pour fonction de recevoir d’Amérique centrale l’or et l’argent extraits des mines. Et en toute logique, une partie de l’or venant des Amériques, transportée par les galions espagnols a dû grossir leur trésor.

3 Trésor Mongol

Au milieu du XIIIe siècle les armées de Gengis Khan se lancent à la conquête de la Terre Sainte et arrivent à Jérusalem. L’empire des Mongols s’étendra à la Chine, l’Indonésie, l’Inde, la Russie, l’Arabie, les côtes de l’Est de l’Afrique, Constantinople, et leur trésor de guerre s’enrichira de très nombreux butins colossaux, fruits de leurs victoires. Les affrontements militaires de Terre Sainte feront place ensuite à des échanges culturels et commerciaux avec les croisés et donc avec les Templiers. Des relations illustrées par le périple de Marco Polo, qui appartenait à l’ordre des Chevaliers du Christ : ex-Templiers.

4 Trésor d‘Europe

L’Ordre du Temple était en Europe à la tête d’un patrimoine immense, vastes domaines de plusieurs milliers d’hectares dont ils percevaient des redevances. Ils ont aussi construit des milliers de châteaux, de forteresses et cathédrales. Commerçants et militaires, Les Templiers possédaient une flotte et de nombreux ports comme, selon l’historien Michel Lamy auteur d’un ouvrage sur les Templiers en 1997, Saint-Raphaël, Monaco, Majorque, Collioure, Martigue, Saint-Tropez, Saint-Valérie-en-Cauc, Saint-Valéry sur Somme, Barfleur et La Rochelle port d’attache de leur armada. Ils étaient aussi des banquiers redoutables. On leur attribue l’invention des effets de commerce. Ils ont financé les rois de France et d’Angleterre qui leur ont confié la garde de leurs propres trésors. Lorsque le Roi de France, Philippe le Bel les a fait arrêter en 1307, les richesses du temple avaient déjà disparu. On dit qu’elles avaient rejoint l’armada pour être évacuées. Et lorsque la milice du Roi est arrivée à La Rochelle, les Templiers avaient déjà quitté le port. Vers où… C’est toujours une énigme.

http://www.clicanoo.com/index.php?page=article&id_article=176802

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 9 mars, 2008 |8 Commentaires »

Cérémonie en l’honneur de Jacques de Molay

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Cérémonie en l’honneur de Jacques de Molay,

Le lieu de rendez vous est mission orthodoxe de la Sainte Croix – chemin du Seyronnel – 30700  Flaux – à 10h – dimanche  16 mars 2008 - apres la liturgie, agapes, mais places à retenir.

Contact : leonide_achard@hotmail.com

fraternellement
Pere Leonide

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 5 mars, 2008 |Pas de commentaires »

Le code chevaleresque

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Le code chevaleresque

Cependant, une fois entré en scène, l’élément religieux ne borna point ses

effets à fortifier, dans le monde chevaleresque, l’esprit de corps. Il exerça

également une puissante action sur la loi morale du groupe. Avant que le futur

chevalier ne reprît son épée sur l’autel, un serment lui était ordinairement

demandé, qui précisait ses obligations . Tous les adoubés ne le prêtaient

point, puisqu’ils ne faisaient pas tous bénir leurs armes. Mais, avec Jean de

Salisbury, les écrivains d’Église estimaient volontiers que, par une sorte de

quasi-contrat, ceux-là même qui ne l’avaient point prononcé des lèvres s’y

étaient « tacitement » soumis, par le seul fait d’avoir accepté la chevalerie.

Peu à peu les règles ainsi formulées pénétrèrent dans d’autres textes : d’abord,

dans les prières, souvent fort belles, qui scandaient le déroulement de la

cérémonie ; plus tard, avec d’inévitables variantes, dans divers éc rits en

langue profane. Tel, peu après 1180, un passage célèbre du Perceval de

Chrétien de Troyes. Puis ce sont, au siècle suivant, quelques pages du roman

en prose de Lancelot ; dans le Minnesang allemand, une pièce du

« Meissner » ; enfin et surtout, le petit poème didactique français intitulé

L’Ordene de Chevalerie. Cet opuscule eut un vif succès. Bientôt paraphrasé

en une « couronne » de sonnets italiens, imité, en Catalogne, par Raimon Lull,

il ouvrit la voie à la foisonnante littérature qui, p.442 durant les derniers siècles

du moyen âge, devait épuiser jusqu’à la lie l’exégèse symbolique de

l’adoubement et, par ses outrances, dénoncer, avec la décadence d’une

institution passée du droit à l’étiquette, l’affadissement de l’idéal même qu’on

affectait de faire sonner si haut.

Dans sa fraîcheur, pourtant, cet idéal n’avait pas été sans vie. Il se

superposait aux règles de conduite dès auparavant dégagées par la spontanéité

des consciences de classe : code de fidélité des vassaux — la transition

apparaît clairement, vers la fin du XIe siècle, dans le Livre de la VieChrétienne de l’évêque Bonizon de Sutri, pour qui le chevalier, visiblement,

est encore, avant tout, un vassal fieffé ; — surtout code de classe des gens

nobles et « courtois ». A ces morales mondaines, le nouveau décalogue

emprunta les principes les plus acceptables à une pensée religieuse : largesse,

poursuite de la gloire, le « los » ; mépris du repos, de la souffrance et de la

mort — « celui-là », dit le poète allemand Thomasin, « ne veut pas faire

métier de chevalier qui ne veut vivre que doucement » . Mais c’était en

colorant ces normes mêmes de teintes chrétiennes ; et, plus encore, en

nettoyant le bagage traditionnel des éléments de nature très profane qui y

avaient tenu et, en pratique, continuaient d’y tenir une si large place : ces

scories qui, sur les lèvres de tant de rigoristes, depuis saint Anselme jusqu’à

saint Bernard, avaient amené le vieux jeu de mots, tout gonflé du mépris du

clerc pour le siècle non militia, sed malitia . « Chevalerie égale

méchanceté » après l’annexion définitive, par l’Église, des vertus

chevaleresques, quel écrivain désormais eût osé répéter cette équation ? Enfin

aux préceptes anciens, ainsi épurés, d’autres étaient venus s’ajouter, qui

portaient l’empreinte de préoccupations exclusivement spirituelles.

Du chevalier, clercs et lais s’accordent donc à exiger cette piété, sans

laquelle Philippe Auguste lui-même estimait qu’il n’était point de vrai

« prudhomme ». Il doit aller à la messe, « tous les jours » ou, du moins,

« volontiers » ; il doit jeûner le vendredi. Cependant ce héros chrétien

demeure, par nature, un guerrier. De la bénédiction des armes, n’attendait -on

pas avant tout qu’elle les rendî t efficaces ? Les prières expriment clairement

cette croyance. Mais l’épée,  ainsi consacrée — si nul ne songe à interdire

de la tirer, au besoin, contre des ennemis personnels ou ceux d’un maître — le

chevalier l’a reçue, avant tout, pour la mettre a u service des bonnes causes.

Déjà les vieilles bénédictions du Xe siècle finissant mettent l’accent sur ce

thème, que développent largement les liturgies postérieures. Ainsi une

discrimination, d’intérêt capital, s’introduisait dans le vieil idéal de la gu erre

pour la guerre, ou, pour le gain. Avec ce glaive, l’adoubé défendra la Sainte

Église, particulièrement contre les païens. Il protégera la veuve, l’orphelin, le

pauvre. Il poursuivra les malfaiteurs. A ces préceptes généraux, les textes

laïques joignent volontiers quelques recommandations plus spéciales qui

touchent la conduite au combat : ne point tuer le vaincu sans défense ; — la

pratique des tribunaux et de la vie publique : ne point participer à un faux

jugement ou une trahison ; si on ne peut les empêcher, ajoute modestement

l’Ordene de Chevalerie, quitter la place ; — enfin les incidents de la vie

quotidienne : ne pas donner de mauvais conseils à une dame ; aider, « si l’on

peut », son prochain dans l’embarras.

Que, tissée de beaucoup de ruses et de violences, la réalité fût loin de

répondre toujours à ces aspirations, comment s’en étonner ? Inclinera-t-on,

d’autre part, à observer que du point de vue, soit d’une morale d’inspiration

« sociale », soit d’un code plus purement chrétien, une pareille table des

valeurs peut sembler un peu courte ? Ce serait se laisser aller à juger, là où

l’historien a pour seul devoir de comprendre. Il est plus important de noter

qu’en passant des théoriciens ou liturgistes d’Église aux vulgarisateurs

laïques, la liste des vertus chevaleresques paraît bien avoir souvent subi un

assez inquiétant amenuisement. « Le plus haut ordre que Dieu ait fait et

commandé, c’est l’ordre de chevalerie », dit, avec son ampleur coutumière,

Chrétien de Troyes. Mais il faut avouer qu’apr ès ce préambule sonore les

enseignements que son prudhomme donne au jeune garçon par lui armé

paraissent d’une déconcertante maigreur. Peut -être, à vrai dire, Chrétien

représente-t-il plutôt la « courtoisie » des grandes cours princières du XIIe

siècle que la « prudhommie », pénétrée de souffles religieux, comme, au

siècle suivant, on l’entendait autour de Louis IX. Ce p.444 n’est pas hasard sans

doute si l’époque et le milieu mêmes où vécut ce saint adoubé ont donné

naissance à la noble prière qui, recueillie dans le Pontifical de Guillaume

Durant, nous offre comme le commentaire liturgique des chevaliers de pierre,

dressés par les imagiers au portail de Chartres ou au revers de la façade de

Reims : « Seigneur très saint, Père tout Puissant… toi qui as permis, sur terre,

l’emploi du glaive pour réprimer la malice des méchants et défendre la

justice ; qui, pour la protection du peuple as voulu instituer l’ordre de

chevalerie… fais, en disposant son coeur au bien, que ton serviteur que voici

n’use jamais de ce glaive ou d’un autre pour léser injustement personne ; mais

qu’il s’en serve toujours pour défendre le Juste et le Droit. »

Ainsi l’Église, en lui assignant une tâche idéale, achevait de légitimer

l’existence de cet « ordre » des guerriers qui, conçu comme une des divisions

nécessaires d’une société bien policée, s’identifiait de plus en plus avec la

collectivité des chevaliers adoubés : « O Dieu, qui après la chute, as constitué

dans la nature entière trois degrés parmi les hommes », lit-on dans une de ces

prières de la liturgie bisontine. C’était en même temps fournir à cette classe la

justification d’une suprématie sociale, dès longtemps ressentie en fait. Des

chevaliers, le très orthodoxe Ordene de Chevalerie ne dit-il pas qu’il convient

de les honorer par-dessus tous les autres hommes, prêtre excepté ? Plus

crûment, le roman de Lancelot, après avoir exposé comment ils furent

institués « pour garantir les faibles et les paisibles », ne poursuit-il pas,

conformément au goût du signe, familier à toute cette littérature, en montrant

dans les chevaux qu’ils montent le propre symbole du « peuple » qu’ils

tiennent « en droite subjection » ? « Car dessus le peuple doit seoir le

chevalier. Et de même qu’on point le cheval et que celui qui dessus sied le

mène où il veut, de même le chevalier doit mener le peuple à son vouloir. »

Plus tard, Raimon Lull ne croira pas heurter le sentiment chrétien en déclarant

conforme au bon ordre que le chevalier « tire son bien-être » des choses que

lui procurent « la fatigue et la peine » de ses hommes . État d’esprit

nobiliaire, s’il en fut, éminemment favorable à l’éclosion de la noblesse la

plus stricte.

Marc BLOCH La société féodale

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 2 mars, 2008 |Pas de commentaires »

L’adoubement

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La chevalerie

I. L’adoubement

A partir de la seconde moitié du XIe siècle, divers textes, qui bientôt

vont se multipliant, commencent à mentionner qu’ici o u là une cérémonie a eu

lieu, destinée, disent-ils, à « faire un chevalier ». Le rituel en est à plusieurs

actes. Au postulant, généralement à peine sorti de l’adolescence, un chevalier

plus ancien remet d’abord les armes significatives de son futur état.

Notamment, il le ceint de l’épée. Puis vient, presque toujours, un grand coup

que, du plat de la main, ce parrain assène sur la nuque ou la joue du garçon : la

« paumée » ou « colée » des documents français. Épreuve de force ? Ou bien,

comme le pensèrent, dès le moyen âge, certains interprètes un peu tardifs,

mode de fixation du souvenir, qui, au jeune homme, devra, selon le mot de

Raimon Lull, rappeler, sa vie durant, la « promesse » ? De fait, les poèmes

montrent volontiers le héros appliqué à ne point plier sous cette rude gifle, la

seule, observe un chroniqueur, qu’un chevalier doive jamais recevoir, sans la

rendre . Nous le savons, d’autre part, le soufflet était, dans les moeurs

juridiques du temps, un des procédés de commémoration le plus fréquemment

infligés aux témoins des actes de droit — plutôt, en vérité, qu’à leurs

participants. Mais de ce geste, originellement conçu comme si essentiel à la

cérémonie que celle-ci, tout entière, en prit son nom habituel

d’ » adoubement », (d’un vieux verbe germanique qui voulait dire : frapper),

le sens premier  était, semble-t-il, bien différent et beaucoup moins

purement rationnel. Le contact ainsi établi entre la main de l’adoubeur et le

corps de l’adoubé transmettait de l’un à l’autre une sorte d’influx : tout

comme cet autre soufflet, que l’évêque donne au clerc qu’il consacre prêtre.

Une manifestation sportive, enfin, terminait souvent la fête. Le nouveau

chevalier s’élance à cheval et va, d’un coup de lance, transpercer ou abattre

une panoplie fixée à un pieu : la « quintaine ».

Par ses origines et par sa nature, l’adoubement se rattache visiblement à

ces cérémonies d’initiation dont les sociétés primitives, comme celles du

monde antique, fournissent tant d’exemples — pratiques qui, sous des formes

diverses, ont toutes pour objet commun de faire passer le jeune garçon au rang

de membre parfait du groupe, dont jusque-là son âge l’avait exclu. Chez les

Germains, elles étaient à l’image d’une civilisation guerrière. Sans préjud ice

peut-être d’autres traits — tels que la coupe des cheveux, qui parfois se

retrouvera plus tard, en Angleterre, unie à l’adoubement chevaleresque — ,

elles consistaient essentiellement en une remise des armes, que Tacite a

décrite et dont la persistance, à l’époque des invasions, est attestée par

quelques textes. Entre le rituel germanique et le rituel de la chevalerie, la

continuité n’est pas douteuse. Mais, en changeant d’ambiance, l’acte avait

également changé de sens humain.

Chez les Germains, tous les hommes libres étaient des guerriers. Il ne s’en

trouvait aucun, par suite, qui n’eût droit à l’initiation par les armes : du moins,

là où la tradition du peuple imposait cette pratique, dont nous ignorons si elle

était partout répandue. Par contre, une des caractéristiques de la société

féodale fut, comme l’on sait, la formation d’un groupe de combattants

professionnels, constitué avant tout par les vassaux militaires et leurs chefs. A

ces soldats par excellence devait naturellement se restreindre l’appl ication de

l’antique cérémonie. Celle -ci, à vrai dire, risquait de perdre dans ce transfert

tout substrat social tant soit peu fixe. Elle avait servi de rite d’accès au peuple.

Or le peuple, au sens ancien — la petite cité des hommes libres — n’existait

plus. Elle commençait à servir de rite d’accès à une classe. Mais cette classe

manquait encore de p.437 tous contours précis. Il arriva que, par endroits,

l’usage disparut : tel semble avoir été le cas chez les Anglo-Saxons. Dans les

pays qu’avait marqués la coutume franque, il se maintint, au contraire ; mais

sans être, pendant longtemps, d’un emploi bien général, ni, à aucun degré,

obligatoire.

Puis, à mesure que les milieux chevaleresques prenaient une conscience

plus nette de ce qui les séparait de la masse « sans armes » et les élevait

au-dessus d’elle, le besoin se fit sentir plus impérieusement de sanctionner, au

moyen d’un acte formaliste, l’entrée dans la collectivité ainsi définie : soit que

le nouvel admis fût un jeune garçon qui, né parmi les « nobles », obtenait

d’être accepté dans la société des adultes ; soit qu’il s’agit, beaucoup plus

rarement, de quelque heureux parvenu qu’une puissance récemment acquise,

sa force ou son adresse semblaient égaler aux membres des anciens lignages.

Dès la fin du XIe siècle, en Normandie, dire du fils d’un grand vassal : « iln’est pas chevalier » équivalait à le supposer encore enfant ou adolescent .

Assurément, le souci de signifier ainsi, par un geste sensible aux yeux, tout

changement d’état juridique comme tout contrat répondait à des tendances

caractéristiques de la société médiévale : témoin, le rituel, souvent si

pittoresque, de l’accession aux corps de métier. Encore fallait -il, cependant,

pour imposer ce formalisme, que le changement d’état fût clairement perçu

comme tel. C’est pourquoi la généralisation de l’adoubement se présenta

vraiment comme le symptôme d’une modification profonde dans la notion de

chevalerie.

Durant le premier âge féodal, ce qu’on avait entendu par le terme de

chevalier était, avant tout, tantôt une situation de fait, tantôt un lien de droit,

mais purement personnel. On se disait chevalier parce qu’on combattait à

cheval, avec l’équipement complet. On se disait le chevalier de quelqu’un

lorsqu’on tenai t de ce personnage un fief, qui obligeait à le servir ainsi armé.

Or, voici que, maintenant, ni la possession d’un fief, ni le critère, forcément

un peu flottant, du genre de vie ne vont plus suffire à mériter ce nom. Il y

faudra, en outre, une sorte de consécration. La transformation était accomplie

vers le milieu du XIIe siècle. p.438 Un tour de langage usité dès avant 1100

aidera à en saisir la portée. On ne « fait » pas seulement un chevalier. On

l’ » ordonne » tel. Ainsi s’exprime, par exemple, en 109 8, le comte de

Ponthieu, qui s’apprête à armer le futur Louis VI . L’ensemble deschevaliers adoubés constitue un « ordre » : ordo. Mots savants, mots d’Église,

mais que l’on trouve, dès le début, dans des bouches laïques. Il s ne

prétendaient nullement, du moins dans leur premier emploi, suggérer une

assimilation avec les ordres sacrés. Dans le vocabulaire que les écrivains

chrétiens avaient emprunté à l’Antiquité romaine, un ordo était une division

de la société, temporelle aussi bien qu’ecclésiastique. Mais une division

régulière, nettement délimitée, conforme au plan divin. Une institution, en

vérité. Non plus seulement une réalité toute nue.

Comment, cependant, dans une société habituée à vivre sous le signe du

surnaturel, le rite, d’abord purement profane, de la remise des armes,

n’aurait -il pas reçu une empreinte sacrée ? Deux usages, l’un et l’autre fort

anciens, servirent de point de départ à l’intervention de l’Église.

D’abord, la bénédiction de l’épée. Elle n’avait o riginellement rien eu de

particulier à l’adoubement. Tout ce qui était au service de l’homme semblait

alors mériter d’être mis ainsi à l’abri des pièges du Démon. Le paysan faisait

bénir ses récoltes, son troupeau, son puits ; le nouveau marié, le lit nuptial ; le

pèlerin, son bâton de voyage. Le guerrier, naturellement, agissait de même

pour les outils propres à sa profession. Le vieux droit lombard ne

connaissait-il pas déjà le serment « sur les armes consacrées » ? Mais,

plus que toutes autres, celles dont le jeune guerrier se parait pour la première

fois semblaient appeler une pareille sanctification. Un rite de contact en était

le trait essentiel. Le futur chevalier déposait un moment son glaive sur l’autel.

Des prières accompagnaient ou suivaient ce geste. Inspirées du schéma

général de la bénédiction, on les voit cependant, de bonne heure, se produire

sous une forme spécialement appropriée à une première vêture. Telles, elles

apparaissent déjà, peu après 950, dans un pontifical rédigé dans l’abbaye de

Saint-Alban de Mayence. Fait sans doute, pour une bonne part, d’emprunts à

des sources plus anciennes, ce p.439 recueil se propagea rapidement dans toute

l’Allemagne, la France du Nord, l’Angleterre et jusqu’à Rome même, où il fut

imposé par l’influence de la cour ottonienne. Il répandit au loin le modèle de

la bénédiction de l’épée « nouvellement ceinte ». Entendons bien, d’ailleurs,

que cette consécration ne constituait alors dans la solennité qu’une sorte de

préface. L’ado ubement se déroulait ensuite selon ses formes particulières.

La encore, pourtant, l’Église pouvait tenir son rôle. Le soin d’armer

l’adolescent n’avait pu appartenir, originellement, qu’à un chevalier déjà

confirmé dans ce titre : son père, par exemple, ou son seigneur. Mais il arriva

aussi qu’on le confiât à un prélat. Dès 846, le pape Serge avait passé le

baudrier au Carolingien Louis II. De même, Guillaume le Conquérant fit plus

tard adouber un de ses fils par l’archevêque de Canterbury. Sans doute

l’ho nneur ainsi rendu allait-il moins au prêtre qu’au prince de l’Église, chef de

nombreux vassaux. Un pape ou un évêque, cependant pouvaient-ils renoncer à

s’entourer d’une pompe religieuse ? La liturgie, par là, était comme invitée à

imprégner la cérémonie tout entière.

C’était chose faite au XIe siècle. Un pontifical de Besançon, qui fut établi

en ce temps, ne contient, il est vrai, que deux bénédictions de l’épée, l’une et

l’autre fort simples. Mais de la seconde il ressort clairement que l’officiant

était supposé remettre lui-même l’arme. Cependant, pour trouver un véritable

rituel religieux de l’adoubement, c’est plus au nord qu’il faut regarder, vers

ces pays d’entre Seine et Meuse qui furent l’authentique berceau de la plupart

des institutions proprement féodales. Notre plus ancien témoin est ici un

pontifical de la province de Reims, compilé, vers le début du siècle, par un

clerc qui, tout en s’inspirant du recueil mayençais, n’en puisait pas moins

abondamment dans les usages locaux. La liturgie comporte, avec une

bénédiction de l’épée, qui reproduit celle de l’original rhénan, des prières, de

même sens, applicables aux autres armes ou insignes : bannière, lance,

bouclier, à la seule exception des éperons dont la remise sera jusqu’au bout

réservée à des mains laïques. Vient ensuite une bénédiction du futur

chevalier lui-même. Enfin, la mention expresse que l’épée sera ceinte par

l’évêque. Puis, après une lacune de près de deux siècles, le cérémonial

apparaît pleinement développé, en France encore, dans le Pontifical de

l’évêque de Mende, Guillaume Durant, rédigé vers 1295, mais dont les

éléments essentiels datent vraisemblablement du règne de saint Louis. Ici le

rôle consécrateur du prélat est poussé aux dernières limites. Il ne ceint plus

seulement le glaive ; il donne aussi la paumée ; il « marque », dit le texte, le

postulant « du caractère chevaleresque ». Passé au XIVe siècle dans le

Pontifical Romain, ce schéma, d’origine française, devait devenir le rite

officiel de la chrétienté. Quant aux pratiques accessoires — le bain

purificateur, imité de celui des catéchumènes, la veillée des armes — , elles ne

semblent pas s’être introduites avant le XI Ie siècle ni avoir jamais été autre

chose qu’exceptionnelles. Aussi bien, la veillée n’était -elle pas toujours vouée

entièrement à de pieuses méditations. A en croire un poème de Beaumanoir, il

arrivait qu’elle se fît, profanement, au son des vielles .

Ne nous y trompons pas — aucun de ces gestes religieux ne fut jamais

indispensable à l’acte. Les circonstances, d’ailleurs, en eussent assez souvent

empêché l’accomplissement. Ne fit -on pas, de tout temps, des chevaliers sur le

champ de bataille, avant ou après le combat ? Témoin encore, après Marignan,

la colée que — de l’épée, selon l’usage du moyen âge finissant — Bayard

donna à son roi. En 1213, Simon de Montfort avait entouré d’un pieux éclat,

digne d’un héros croisé, l’adoubement de son fils, que deux évêques, au chant

du Veni Creator, armèrent chevalier pour le service du Christ. Au moinePierre des Vaux-de-Cernay, qui y assista, cette solennité arrache un cri

caractéristique : « O nouvelle mode de chevalerie ! Mode jusque-là inouïe. »

Plus modeste, la bénédiction de l’épée elle -même, au témoignage de Jean de

Salisbury , n’était pas générale vers le milieu du XI Ie siècle. Elle semble

cependant avoir été alors très répandue. L’Église, en un mot, avait cherché à

transformer l’antique remise des armes en un « sacrement » — le mot, qui se

rencontre sous la plume de clercs, n’avait rien de choquant à une époque où, la

théologie étant encore p.441 bien loin de la rigidité scolastique, on continuait

volontiers à confondre sous ce nom toute espèce d’acte de consécration. Elle

n’y avait pas réussi pleinement. Mais elle s’était du moins taillé une part, ici

plus large, là plus restreinte. Ses efforts, en marquant l’importance qu’elle

attachait au rite d’ordination, contribuèrent grandement à aviver le sentiment

que la chevalerie était une société d’initiés. Et, comme à toute institution

chrétienne il fallait la sanction de fastes légendaires, l’hagiographie vint à la

rescousse. « Quand on lit, à la messe, les épîtres de saint Paul », dit un

liturgiste, « les chevaliers restent debout, pour l’honorer, car il fut

chevalier. »

Marc BLOCH

La société féodale

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 2 mars, 2008 |4 Commentaires »

LA COMBATTANT A L’EPOQUE DES CROISADES

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FRÉDÉRIC ARNAL

L’ADAPTATION TECHNIQUE ET TACTIQUE DU

COMBATTANT FRANC À L’ENVIRONNEMENT

PROCHE-ORIENTAL À L’ÉPOQUE DES CROISADES

(1190-1291)

par Frédéric ARNAL

doctorant en histoire médiévale, Université Paul-Valéry/Montpellier III

Lors des différentes croisades et expéditions militaires que lancèrent les

Occidentaux et les Francs de Syrie à partir des États croisés, ils durent faire face à

de nombreuses contraintes et problèmes tout à fait nouveaux pour eux. Tout d’abord,

un milieu et un climat fort différents du leur : un relief rocailleux et difficile,

des déserts de sable, des conditions climatiques éprouvantes alternant entre les plus

fortes chaleurs ou au contraire des pluies diluviennes. Une autre difficulté majeure

fut la rencontre avec un ennemi ayant une tradition du combat complètement

opposée à la leur. En effet, la méthode de combat des Musulmans était basée sur la

rapidité, la mobilité et le harcèlement, tandis que celle des Occidentaux était basée

sur la défense et le choc. La tactique d’une armée relève toujours, entre autres et

dans une certaine mesure, les possibilités techniques qui lui sont offertes par son

équipement. Or, on a longtemps reproché aux Francs une incapacité à s’adapter aux

conditions de combat de l’Orient et à imiter les méthodes des Musulmans.

Cependant, le fait que les Francs aient pu conserver les États latins pendant près de

deux siècles, face à un ennemi largement supérieur en nombre et malgré des problèmes

aigus de ravitaillement en armes, en chevaux et en hommes, nuance ces

accusations. Faut-il voir cette présence de deux cents ans comme une victoire ou

comme une défaite ? Il apparaît en fait que les Francs, souvent contraints par les

événements, se sont livrés à un certain nombre d’adaptations au niveau de leur

équipement, et plus encore au niveau tactique. Les forces franques ont dû s’adapter,

notamment après la remise en cause de la toute puissance de la cavalerie

franque par les Musulmans. Quelle ampleur ont connu ces adaptations ? Dans quelle

mesure ces adaptations étaient-elles nécessaires ? Est-ce qu’inversement le maintien

d’une certaine forme d’inadaptation n’a pas pu être une force, un atout

déterminant ? Tout d’abord, il convient de souligner les adaptations techniques auxquelles

se sont livrés les Francs. Ensuite, nous verrons comment bien plus qu’une

adaptation technique, il faut parler d’une adaptation tactique des combattants

francs. Enfin, nous verrons quelles limites se sont posées à un plus grand nombre

d’adaptations.

LES ADAPTATIONS TECHNIQUES

Les adaptations techniques, c’est-à-dire les adaptations de l’équipement et de la

remonte, n’ont sans doute pas été aussi peu nombreuses qu’on l’a souvent cru.

Cependant, ce furent souvent des adaptations contraintes par la pénurie d’équipement

ou de chevaux, plus que le résultat d’une véritable prise de conscience de la

nécessité de s’adapter. On peut ainsi isoler trois causes d’adaptations techniques

pour le combattant franc. La première est due aux conditions topographiques et climatiques

de l’Orient. La seconde relève de la nécessité de se procurer de l’équipement

compte tenu de l’éloignement des bases occidentales et de la durée accrue des

campagnes militaires. La troisième, enfin, est à rattacher à un certain désir d’imitation des

Francs envers les Musulmans et à une volonté de s’adapter à leurs méthodes de combat.

Les contraintes du terrain et du climat

Les armées franques n’étaient pas prêtes à affronter les dures conditions de

l’Orient. En effet, qu’ils fussent chevaliers, fantassins ou archers, les combattants

francs avaient en commun à des degrés divers, un équipement lourd, chaud et

encombrant. Ainsi, Jacques de Vitry raconte que, lors de la Cinquième croisade, à

Damiette en 1219, « le soleil était chaud et brûlant, les hommes de pied succombaient

sous le poids de leurs armes, la fatigue de la marche accrut encore celle qui provenait

de l’excessive chaleur [...] ils mouraient sans avoir reçu de blessures et succombaientd’inanition »(1). À Hattin, en 1187, l’armée franque fut anéantie en partie parce qu’elle

avait négligé de rechercher un terrain où les sources d’eau étaient abondantes ;

les Francs sous leurs lourdes armures étaient exténués avant d’avoir commencé le

combat(2).

Après les grandes chaleurs, les combattants francs durent aussi affronter les

grandes pluies. En hiver, des pluies diluviennes se produisaient parfois. Jacques de

Vitry raconte par exemple que ces pluies duraient trois à quatre jours et étaient si

fortes que la terre en était tout inondée, comme pour un déluge(3). Lors d’une

pareille pluie, au cours de la Troisième croisade, l’armée de Richard Coeur-de-Lion

perdit de nombreux chevaux et les hauberts se couvrirent d’une rouille que l’on pouvait

très difficilement enlever. Par ailleurs, la plus grande partie du littoral syrien

était couverte de sable et de dunes(4). En 1239 à Gaza, les Francs, ainsi que leurs

chevaux lourdement armés, s’enfonçaient dans le sable jusqu’à mi-genoux. L’armée

franque se trouvait également en difficulté dans les montagnes de Syrie, très

rocailleuses et très difficiles d’accès pour des Francs dont l’équipement était très

mal adapté au terrain ; d’ailleurs, les tribus nomades ne manquaient pas d’y trouver

refuge. Ces montagnes étaient tellement impraticables pour les chevaux francs, en

1190, qu’Imâd ad-Dîn les comparait à des citadelles(5). En 1242, l’armée impériale

débarqua à Chypre dans un paysage montagneux où les chevaux francs trébuchaient

et se blessaient les pattes sur les rochers(6).

Pour se protéger des chaleurs, des tempêtes de sable et des grandes pluies, les

Francs développèrent l’usage de la housse pour le cheval et de la cotte d’armes pour

le combattant. Cette dernière était un type de tunique sans manche, descendant jusqu’aux

genoux, en peau ou toile épaisse. Elle était un moyen d’empêcher les armures

de chauffer au soleil ou de rouiller sous la pluie. Ces deux protections étaient

connues avant les croisades mais leur usage n’était pas encore très répandu. Les

Templiers, eux, étendirent le port de la cotte d’armes à tous leurs combattants, ainsi

que le port d’une chemise d’été. Par ailleurs, outre la housse de cheval destinée à

protéger celui-ci des coups ou projectiles ennemis, la Règle du Temple opta pour

une chemise de cheval, plus légère, destinée seulement à arrêter les rayons du

soleil(7). La nuit, les Templiers disposaient aussi d’un grand manteau devant protégerleur selle de l’humidité de la nuit, qui était très grande(8). La couleur blanche du

manteau et de la cotte des Templiers et des Teutoniques devait aussi être appréciée

pour ses propriétés réfléchissantes. À l’inverse, le manteau brun ou noir des hospitaliers

et des sergents des ordres précédemment cités, était moins adapté.

Bien plus qu’à de véritables modifications de l’équipement, on a assisté à une

modification des usages. Ainsi, il semble que les chevaliers aient parfois opté pour

des protections plus légères, qu’ils possédaient déjà en complément de leur équipement.

Ainsi, lors de la bataille de la Mansourah, en 1250, Joinville et ses compagnons

portaient tous un gambeson et un chapel de fer(9). Le chapel de fer était le

casque des sergents, rond à bord larges, protégeant du soleil ; le gambeson, lui, était

une protection rembourrée que l’on portait sous le haubert. Le heaume était particulièrement

étouffant pour les chevaliers : Saint Louis demanda par exemple à

Joinville de lui prêter son chapel de fer car il étouffait sous son heaume. Les chevaliers

templiers, eux, disposaient, en complément de leur heaume, d’un chapel de

fer, dont le port était moins éprouvant sous les fortes chaleurs. De même, le haubergeon,

étant plus court et plus léger que le haubert, pouvait être une solution. À

la bataille de Jaffa, par exemple, en 1192, le roi Richard avait remplacé son haubert

par un haubergeon. Les historiens se sont aussi beaucoup interrogés sur le couvrenuque

que les Francs auraient fixé sur leur casque pour se protéger de la chaleur(10) :

certains sceaux montrent en effet un voile recouvrant plus ou moins le casque et

flottant au vent. Il ne serait effectivement pas surprenant que les Francs aient

essayé d’empêcher leur casque de chauffer alors que beaucoup d’entre eux mouraient

d’insolation.

Lorsqu’on s’intéresse aux miniatures des différents manuscrits réalisés dans

l’Orient latin, on peut supposer quelques modifications supplémentaires de l’équipement.

Ainsi, de nombreux chevaliers représentés portent non pas des cottes d’armes,

mais des tuniques plus courtes et plus amples(11). On sait que les Francs de

Syrie ont adopté en partie les vêtements amples, moins chauds, des Orientaux. De

même, le mortier, ou coiffe, qui apparut au XIIIe siècle et que l’on portait sous le

casque, faisait penser au turban des musulmans et pouvait lui aussi protéger la tête

des coups d’épée. Toujours sur les mêmes miniatures, on s’aperçoit que beaucoup

de Francs portent le petit bouclier rond des Musulmans, dont l’usage était très rare

en Occident(12). Peut-être y a-t-il eu là une volonté de s’alléger. De même, sur deux

miniatures de l’Histoire universelle, on semble distinguer un modèle de « haubertjaserant»

(13). Ce haubert, d’origine musulmane ou byzantine, aurait été un vêtement

de maille ou un haubert couvert d’une toile matelassée. D’autres historiens ont

pensé que le haubert jaserant était plutôt formé de plaquettes de métal reliées entre

elles par des anneaux ; un haubert plus léger, en fait(14).

Enfin, il faut signaler, dans le cadre des adaptations aux conditions climatiques

et topographiques de l’Orient latin, l’adoption du dromadaire comme bête de

somme. Cet animal pouvant supporter de grosses chaleurs et traverser des terrains

difficiles, les Francs ne tardèrent pas à l’utiliser, et en premier lieu les ordres militaires(

15). Saint Louis en acheta personnellement quinze lors de son séjour en Terresainte

(16).

En résumé, l’équipement des Francs n’a été modifié que modérément. Ce qui a

changé, ce sont surtout les pratiques : un port plus accentué de protections contre

la pluie et le soleil, ou de pièces d’armure plus légères, comme le chapel ou le gambeson.

Cependant, on peut discerner d’autres adaptations techniques du combattant,

celles-ci plus indirectes. En Orient, en effet, le combattant a été soumis à la nécessité

de se procurer de l’équipement alors que ce dernier manquait et que la durée

des campagnes militaires était bien supérieure à celles habituellement pratiquées en

Occident.

La nécessité de se procurer de l’équipement

L’éloignement des États latins, les difficultés de transport maritime, la succession

d’armées sur un même sol, conduisaient à un manque chronique d’armes et de

chevaux en Orient latin. Malgré les donations, les envois de matériel par les rois ou

les ordres militaires, l’équipement était difficile à trouver et cher. Ce qui manquait

le plus était les chevaux. Il était difficile de les amener en bateau et la mortalité de

ceux-ci était très grande pendant le transport ; par ailleurs, les chevaux francs résistaient

mal au climat et aux longues campagnes militaires. Les Musulmans avaient

de plus comme tactique l’habitude de diriger leurs attaques contre le cheval, qui

était en quelque sorte le point faible du chevalier.

Les combattants eux, avaient du mal à remplacer leurs armes perdues ou cassées,

et ce d’autant plus que les guerres étaient longues. C’est pour cela que, pour

s’équiper, ceux-ci eurent recours à la manne du butin ainsi qu’au commerce avec les

Musulmans. Du matériel et des chevaux arabes circulèrent donc en quantité dans

les armées franques. Sur les champs de bataille, les combattants pouvaient trouver

tout ce dont ils avaient besoin. Ainsi, Ambroise décrit l’aubaine que pouvait représenter

un champ de bataille :

Vous auriez pu ramasser là tant de bonnes épées tranchantes, de javelots acérés,

d’arcs, de carquois, de masses d’armes, de carreaux, de dards, de flèches que vous

auriez pu en remplir vingt charrettes(17).

Les guerriers les plus pauvres, sergents et pèlerins, se jetaient sur les corps

ennemis pour les dépouiller et s’équiper. L’armement ennemi se répandait également

hors des armées, sur les marchés des villes, notamment sur le grand marché d’Acre.

Ce que les Francs appréciaient particulièrement dans l’armement ennemi était le

« gasiganz », le gambeson porté par les Musulmans, réputé très solide, ainsi que les

vêtements de maille : « de belles armures, fortes, légères et sûres », disaitAmbroise(18). Pour les mêmes raisons de légèreté, les targes sarrasines étaient très

recherchées. Chez les Templiers, les armes provenant du « gain », du butin, étaient

aux mains du maréchal, qui gérait l’approvisionnement en équipement des maisons

du Temple(19). En résumé, les Francs furent donc amenés, par l’intermédiaire du

butin, à utiliser de nombreuses armes et armures musulmanes, soit parce qu’ils

avaient perdu les leurs, soit parce qu’ils les trouvaient meilleures.

Les Francs ne manquèrent pas non plus de s’emparer des chevaux et bêtes de

somme des Musulmans. Parmi les prises des troupes de Richard, en 1192, on comptait

des milliers de chameaux et chevaux turcomans. Le turcoman était un cheval

grand et robuste, qui avait l’avantage d’être adapté au climat. Ambroise disait que

les Sarrasins avaient des chevaux tels qu’il n’y en avait pas de pareil au monde(20).

Les chevaux arabes étaient en général de petite taille, mais endurants et rapides. En

1250, les chevaliers d’Acre pillèrent la bourgade de Bethsam et ramenèrent plus de

seize mille bêtes. De nombreux croisements ont dû avoir lieu entre les différentes

races de chevaux, mules et ânes francs et musulmans(21).

Les adaptations ne se limitèrent pas au seul rapport Francs-Musulmans, les différents

peuples occidentaux qui se trouvaient en Orient au même moment, s’influencèrent

les uns les autres. Ainsi, l’équipement italien se trouvait aux antipodes

de celui des Allemands : les Italiens étaient connus pour la légèreté de leur équipement,

tandis que les Allemands, surnommés « la nation de fer » par les Musulmans,

étaient, eux et leurs chevaux, les plus lourdement armés. La cohabitation et les luttes

entre ces peuples ont provoqué un même effet d’influences réciproques entre les

différents équipements.

Toutefois, comme les ressources du butin ne suffisaient pas à se procurer tout le

matériel nécessaire, les Francs commercèrent avec les peuples orientaux. Ainsi,

dans la première moitié du XIIIe siècle, les Chrétiens furent de grands clients des

armureries de Damas, dont ils appréciaient les armes et les armures. Le commerce

était si lucratif que, malgré les guerres, les Musulmans ne l’interdirent qu’en

1251(22). De même, le fabricant d’armes de Saint Louis se rendit à Damas pour chercherde la corne et de la colle pour la fabrication d’arbalètes(23). En 1288, un vizir

fut également condamné pour avoir vendu une grande quantité d’armes et d’armures

aux Francs(24). Les Francs importaient aussi des arcs et des javelots des

territoires voisins ainsi que des plumes pour fabriquer des pennes de flèches et des

cimiers pour les casques(25). Les Francs étaient aussi très intéressés par l’achat de

chevaux arabes. Les chevaux lourds de la tribu de Kilâb étaient très renommés, par

exemple, ainsi que les chevaux de Houma : ils s’achetaient à prix d’or(26). Les Francsfaisaient également venir un grand nombre de chevaux de Cilicie(27). Le commerce,

bien plus que le butin, était la preuve que les Francs appréciaient les armes et les

montures ennemies, plus adaptées que les leurs à l’Orient. Il est toujours difficile

de savoir si ce fut le manque d’équipement qui poussa les Francs à ces adaptations

ou si ce fut la prise de conscience de leur relative inadaptation. C’est là la différence

entre une adaptation directe ou indirecte. Un certain nombre d’adaptations relèvent

pourtant directement d’une volonté de contrecarrer les méthodes et les moyens

de combat des Musulmans.

Emprunts et adaptations face aux méthodes de combat des Musulmans

On peut remarquer un certain nombre d’emprunts directs aux Musulmans.

Plusieurs fois dans les manuscrits de l’Histoire universelle, nous voyons apparaîtrele caparaçon musulman sur les chevaux(28). Le caparaçon musulman était une protection

de feutre capitonnée qui couvrait le cheval des cavaliers lourds musulmans.

Les peuples orientaux protégeaient leurs chevaux depuis longtemps : Byzantins,

Arméniens, Musulmans les utilisaient. La tactique des Sarrasins visant à tuer de

leurs flèches les montures ennemies a conduit rapidement les Francs à adopter les

housses et autres protections pour leurs chevaux. À la fin du XIIIe siècle, on a également

vu apparaître le chanfrein et la picière, pièces qui protégeaient la tête et le

poitrail des chevaux et qui étaient depuis longtemps utilisées par les Musulmans.

De même, il semble que les Francs aient été très intéressés par l’arme favorite des

Musulmans : la masse. Les sergents et les chevaliers du Temple avaient par exemple

dans leur équipement une masse turque. La masse était une arme qui existait en

Occident, mais peu utilisée en comparaison avec l’Orient. À partir du XIIIe siècle, au

contact des Musulmans, l’emploi de la masse se diffusa largement en Occident,

après les croisades. On vit d’ailleurs se modifier une partie de l’équipement franc :

la masse turque défonçait les armures et les casques. Par conséquent, pendant la

période des croisades, certaines modifications sont apparues : le renforcement du

heaume à fond plat des Francs qui s’est bombé et ovalisé au XIIIe siècle pour offrir

une meilleure résistance. De même, se sont développées, pour protéger les épaules,

les espalières, carrés de métal fixé aux épaules, servant à dévier les coups de

masse, notamment(29).

Le séjour des Francs en Orient, a aussi apporté des nouveautés en terme de

musique militaire : de très nombreux instruments furent empruntés aux Musulmans,

notamment des cornets de bois, des trompettes d’airain, sistres, timbales, de nombreuses

variétés de tambours, de clairons et de cors(30).

Une des dernières grandes adaptations que l’on peut relever est une adaptation

au statut un peu particulier : il s’agit de l’apparition des premiers uniformes par le

biais des ordres militaires. Cela représentait une adaptation de tout premier ordre

aux conditions de combat de l’Orient latin. En effet, un des grands problèmes qu’y

rencontrèrent les Francs fut un problème d’identification des combattants. Les

armées croisées n’étaient en rien des armées nationales : des guerriers venus de tous

les pays d’Occident s’y côtoyaient, ainsi que des mercenaires d’origine très diverses

et parfois même de pays ennemis. De plus, il faut souligner qu’aucun uniforme

n’existait ; chaque combattant s’équipait selon son goût et ses moyens. Les guerres

civiles furent très nombreuses dans l’Orient latin, comme celle qui opposa de 1228

à 1242 la famille chypriote des Ibelins aux Lombards et qui constitua un véritable

imbroglio de peuples et de mercenaires(31). En 1232, un chevalier d’origine italienne

qui combattait pour les Chypriotes fut tué par ceux-ci, qui le prirent pour un

Lombard(32). En effet, il avait mal prononcé le cri de ralliement qu’avaient choisi les

Chypriotes pour se reconnaître entre eux. Les armées franques mêlaient donc en

leur sein tous les styles d’armes et d’armures venus d’Occident. Il n’était pas toujours

évident par ailleurs de reconnaître les armées ennemies. Les troupes musulmanes

étaient très variées : Égyptiens, Numides, Turcomans, Turcs, etc. Et tout cela

avec une très grande diversité d’armement. De plus, comme les Francs, les

Musulmans employaient des mercenaires de l’autre bord, comme le sultanat de Rûm

qui employait des Génois. Saint Louis, par exemple en débarquant à Damiette, ne

parvint pas à identifier de prime abord les Sarrasins et demanda à ses hommes de

qui il s’agissait(33). De même, Joinville raconte qu’il passa à côté de Turcs qui le prirentpour l’un des leurs(34). Par conséquent, l’apparition des premiers uniformes dans

les ordres militaires au cours des croisades est réellement une adaptation de première

importance qui fut très certainement à l’origine du développement des tout

premiers uniformes en Occident aux XIV et XVe siècles.

En conclusion, les adaptations techniques des Francs ont été nombreuses et

variées, sans toutefois changer l’aspect général des armées franques. Car plus qu’un

changement radical de l’équipement occidental, les croisades ont marqué en fait

avant tout un bouleversement tactique chez les Francs.

ADAPTATION TACTIQUE DES FRANCS

La remise en cause de la tactique franque

Les méthodes de combat des Musulmans ont posé d’énormes problèmes aux

Francs qui voyaient là une mise en défaut de leur armement et de leur tactique. Par

de nombreux côtés, la tactique des Musulmans était à l’opposé de celle des Francs.

Les Musulmans disposaient d’armées plus mobiles, avec un équipement, pour les

cavaliers comme pour les fantassins, plus léger que celui de leurs ennemis. Toute la

tactique des Musulmans était basée sur la rapidité : des vagues successives d’archers

montés se succédaient, noyant l’ennemi sous une pluie de flèches, pendant

que les fantassins tiraient aussi. Joinville raconte qu’à la Mansourah, « il y avait bien

un journal d’étendue, criblé à ce point que la terre y disparaissait sous les flèches lancées

par les Sarrasins »(35). Lorsque les Francs se décidaient à charger, ils ne trouvaient

que le vide devant eux. Ce que confirme le témoignage d’Ambroise :

… Car les Turcs ont un avantage par lequel ils nous nuisent beaucoup : les Chrétiens

ont de lourdes armures, et les Sarrasins n’ont d’autres armes qu’un arc, une masse,

une épée ou un javelot acéré [...] : et quand on les poursuit, ils ont des chevaux qui

n’ont pas leur pareil au monde et qui semble voler comme des hirondelles. On a beau

poursuivre le Turc, on ne peut l’atteindre et il ressemble à la mouche venimeuse et

insupportable : poursuivez-le, il prendra la fuite, revenez, il vous poursuivra(36).

Or, la méthode de combat franque était basée sur le primat de la cavalerie lourde.

En Occident, c’est elle qui donnait la victoire, le choc final. L’infanterie n’avait

qu’un rôle secondaire, d’appoint. Le cavalier franc était impuissant face à la rapidité

du cavalier musulman. Cette impuissance était renforcée par le fait que la tactique

des Musulmans consistait aussi à viser les chevaux francs. En 1269, une

troupe entière de Chrétiens fut massacrée par les Sarrasins qui avaient dirigé leurs

tirs uniquement sur les montures des chevaliers, pour pouvoir les achever ensuite(37). La cavalerie franque perdit en Orient une partie de sa puissance. À la bataille

de Gaza, en 1239, la cavalerie lourde franque, s’enfonçant dans le sable, fut incapable

de déloger ses adversaires du pas étroit où ils se trouvaient(38). Très vite, les

Francs se sont rendus compte du rôle indispensable de l’infanterie, jusque-là méprisée.

À partir de la Troisième croisade, l’infanterie ne quitta plus la cavalerie. Grâce

à leurs grands boucliers et à leurs piques, les fantassins servaient de remparts aux

cavaliers. On mettait souvent les piquiers bien en avant des cavaliers, comme cela

les cavaliers ennemis n’osaient s’approcher : ainsi au débarquement à Damiette, en

1249, les chevaliers se mirent en avant, agenouillés derrière leur écu et leur lance

tandis que l’on débarquait les chevaux(39). Les cavaliers musulmans n’osèrent approcher.

Le rôle de protection de l’infanterie était bien connu par les Francs de Syrie.

Ainsi, en 1197, alors que le seigneur de Jaffa était attaqué, il demanda au comte

Henri pour le protéger, non pas des cavaliers, mais des sergents et des arbalétriers.

Les fantassins servaient aussi de refuge pour le chevalier qui s’épuisait vite sous la

chaleur et sous le poids de ses armes, harcelé par ses ennemis.

Par ailleurs, les arbalétriers et les archers eurent un plus grand rôle. Face à des

adversaires qui utilisaient massivement l’arc, il fallait pouvoir aussi se battre à distance.

L’arme reine des croisades fut l’arbalète. La puissance et la précision de tir

de cette arme la rendaient redoutable contre les archers montés. Par deux fois,

Joinville raconte que la seule arrivée d’une troupe d’arbalétriers sur les lieux du

combat, suffit à faire fuir les cavaliers ennemis(40). Les Musulmans étaient sans

pitié pour les arbalétriers qu’ils capturaient : ils les tuaient ou leur coupaient le

pouce afin qu’ils ne puissent plus tirer(41). L’arbalète avait une portée plus grande

que l’arc court sarrasin. Cela permettait donc aux arbalétriers d’éloigner les archers

musulmans et de les garder à distance. En 1218, une troupe de chevaliers et de sergents

à cheval eurent de grandes pertes car ils avaient négligé d’amener avec eux

des archers et des arbalétriers(42). À Jaffa, Richard Coeur-de-Lion adopta la mêmetactique que les Musulmans en visant leurs chevaux avec ses arbalétriers(43). Les

armes de trait des Francs étaient supérieures à celles des Musulmans. Ainsi, l’arc

franc était plus puissant que l’arc musulman : il tirait moins vite mais avec plus de

force. Lors de la bataille de Gaza, en 1239, un duel se produisit entre tireurs des

deux camps : les archers musulmans durent se retirer après avoir subi de lourdes

pertes(44). Les archers et les arbalétriers francs acquirent donc un rôle de première

importance durant les combats de l’Orient latin. Les Francs furent obligés de modifier

leur tactique, qui se basait avant tout sur la cavalerie, et d’accroître la coopération

ce cette dernière avec l’infanterie et les archers. Cette coopération engendra

même ce que l’on peut désigner comme de véritables formations tactiques.

Les formations tactiques

La cavalerie, l’infanterie, les archers et les arbalétriers comptaient chacun leurs

forces et leurs faiblesses. Face à la polyvalence du cavalier léger musulman, chaque

corps pris séparément était affaibli et risquait le massacre. Aussi, le but des

Musulmans était-il toujours de chercher à séparer les piétons des cavaliers. La formation

classique que les Francs développèrent en Orient, pendant les marches

notamment, était le carré formé de fantassins sur les côtés équipés de piques et de

targes, les cavaliers à l’intérieur attendant que l’ennemi soit suffisamment près pour

charger(45). Souvent, l’infanterie était sur deux lignes : la première était composée depiquiers, la seconde d’archers et d’arbalétriers(46). À Jaffa en 1192, Richard fit

cacher sous les targes, intercalés entre deux piquiers, un arbalétrier et un homme

qui lui chargeait une seconde arbalète pendant qu’il tirait : on obtenait donc un tir

aussi rapide que celui des Musulmans(47). Les piquiers, eux, avaient solidement

fiché leurs piques dans le sol. Dans cette formation, l’alternance de porteurs de

javelots, d’archers et d’arbalétriers devait être particulièrement redoutable. En 1197,

un Franc de Syrie, Hue de Thabarie, conseilla à un seigneur croisé nouvellement

arrivé, d’adopter une formation semblable, la mieux adaptée pour s’opposer aux

Musulmans disait-il(48). Les Chrétiens utilisèrent presque toujours les arbalétriers et

les archers ensembles : l’arc avait une cadence de tir supérieure à l’arbalète tandis

que celle-ci avait un tir plus puissant, il s’agissait là de combiner les deux effets.

Il faut noter en outre qu’un rôle de harcèlement leur fut également confié, calqué

sur la tactique des Musulmans. En 1192, par exemple, Richard envoya en avant

archers et arbalétriers pour harceler une caravane turque de façon à ce que sa cavalerie

puisse arriver. Joinville rapporte le même rôle de harcèlement à Acre en 1251.

Il semble qu’une autre formation issue directement des croisades soit la création

de corps d’archers et d’arbalétriers montés. Saint Louis dépensa par exemple

39 000 livres de 1250 à 1252 pour un corps de sergents et d’arbalétriers montés(49).

Les Templiers aussi avaient adopté l’usage de l’arbalète à cheval, sans doute pour

compenser leur absence d’infanterie(50). En résumé, la conséquence directe des combats

de terre sainte, fut la recherche d’une plus grande complémentarité entre les

différents corps de combattants et la mise en avant de l’infanterie.

Une adaptation plus complète encore

Une des grandes adaptations tactiques fut sans aucun doute l’emploi de troupes

indigènes. En premier lieu, les turcoples ou turcopoles, cavaliers d’origine demibyzantine,

arménienne, bédouine ou même franque de Syrie(51). Ces turcoples combattaient

à la turque, légèrement armés et avec des chevaux arabes. Les turcoples

avaient adopté l’arc sarrasin, ce qui dotait les Francs d’archers montés, comme les

troupes musulmanes(52). Ces turcoples étaient en fait des mercenaires utilisés par les

deux camps comme guerriers, mais aussi comme espions. On leur confiait encore

des missions de harcèlement, de raid ou d’éclaireurs. Les Francs en ont utilisé de

très nombreux, et en particulier les ordres militaires(53). On voit là la grande utilité

de ces combattants qui avaient avant tout le rôle d’offrir un pendant au cavalier

monté sarrasin.

Les Francs utilisèrent aussi parmi les communautés indigènes de l’Orient latin

de nombreux fantassins, et notamment des archers syriaques. En 1258, le seigneur

de Gibelet avait dans sa troupe près de 200 archers syriens(54). L’utilisation des troupes

indigènes a dû permettre aux Francs de compenser le manque de troupes légères

dans leur armée. C’est une adaptation majeure, la prise de conscience d’un

besoin de troupes rapides, connaissant mieux le terrain, utilisant des armes mieux

adaptées. Cela leur permit peut-être de ne pas avoir à trop adapter leur propre matériel.

Une autre adaptation des Francs résida dans la pratique du raid, sur le modèle

de la razzia musulmane(55). Les Francs pratiquèrent de nombreux raids en territoire

musulman afin de ramener du bétail, des vivres ou plus largement du butin. On s’aperçoit

que, la plupart du temps, alors que le raid est en principe fondé sur la rapidité,

les Francs emmenèrent avec eux des piétons, notamment ceux équipés d’armes

de trait. Il s’agissait de protéger les cavaliers francs contre les flèches des Sarrasins.

Beaucoup de turcoples et d’écuyers étaient utilisés dans ces raids en raison de leur

équipement plus léger. En 1192, lorsque Richard attaqua une grande caravane

turque, il ordonna que chaque cavalier prît en croupe un sergent à pied et que tout

le monde s’équipe légèrement afin d’être plus rapide(56).

En Orient, les Francs apprirent aussi à pratiquer les opérations terre-mer, et plus

précisément à mener des coups de main et prises d’assaut avec l’aide des marins.

Les marins étaient des troupes légèrement armées afin d’assurer leurs fonctions sur

le bateau. Les marins vénitiens, par exemple, portaient un javelot, une épée, un

bouclier rond, un vêtement de cuir(57). Les marins génois, lors d’une bataille contre

des Vénitiens, portaient des cuirasses de lame de fer et des chapels de fer : un équipement

relativement léger lui aussi. Ces troupes, par leur mobilité et la possibilité

qu’elles avaient d’accomplir des opérations de débarquement, furent beaucoup utilisées

dans l’Orient latin. Ainsi, le comte de Jaffa opéra-t-il un débarquement

remarqué lors de la bataille de Damiette, en 1251(58). En 1228, l’infanterie de

Frédéric II, composée en grande partie de marins, investit le château du seigneur de

Beyrouth(59).

Enfin, les Francs durent gérer au niveau tactique les contraintes imposées par

l’Orient latin. La mauvaise résistance du cheval franc à la chaleur de l’Orient, le

poids des armures des combattants, l’effort physique du combat poussaient à

rechercher un combat court. Richard Coeur-de-Lion et ses hommes à la bataille de

Jaffa firent tant d’effort qu’ils en tombèrent malades(60). De même, à la Mansourah,

la cavalerie de Saint Louis fut rapidement épuisée et il fallut aller chercher des sergents

à cheval pour qu’ils les secourent et leur portent de l’eau(61). Le commandement

devait donc prévoir de ne pas exposer au soleil, pendant de longues heures,

les combattants sous leur armure. Aussi, les Francs s’efforcèrent-ils de développer

une tactique fondée sur le combat court et décisif. Richard, en 1192, alors que son

armée était assaillie de tous côtés par les Musulmans, plaça six trompettes en trois

points de l’armée afin qu’à leur signal la cavalerie fonde sur eux et les écrase. Il y

avait bien là une recherche du combat décisif(62). Il fallait ménager les efforts de ses

troupes et trouver, par exemple, le moment opportun pour s’équiper. Lors d’une

bataille entre Pisans et Génois, les Pisans firent l’erreur de s’équiper dès le matin.

Les Génois eux, ne s’équipèrent pas, mangèrent et laissèrent l’armée ennemie se

fatiguer sous la chaleur. Ils attendirent que le soleil soit passé derrière eux pour que

leurs adversaires aient le soleil dans les yeux(63). De même en 1219, à Damiette, le

légat et le patriarche qui commandaient l’armée croisée commirent l’erreur de faire

trop patienter les troupes déjà équipées sous le soleil : beaucoup en moururent(64).

En conclusion, les Francs dans l’Orient latin durent affiner leurs tactiques, en

tenant compte, à la fois, des contraintes du terrain et du climat, et celles de la lutte

avec un ennemi ayant des pratiques guerrières radicalement différentes. Pourtant,

aussi nombreuses que soient les adaptations techniques et tactiques, celles-ci ne

furent jamais complètes : il n’y eut pas de bouleversement total de l’équipement ou

de la tactique des Occidentaux. Il faut donc se demander quelles limites se sont

posées à une adaptation plus profonde, ainsi que l’intérêt qu’avaient les combattants

francs à conserver leurs traditions guerrières.

LES LIMITES DE L’ADAPTATION

Les impossibilités techniques

Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer le maintien de l’équipement

franc. En premier lieu, l’afflux constant de combattants croisés : les grandes

croisades apportaient des armées entières d’hommes qui arrivaient en Orient avec

leur équipement. Par ailleurs, de nombreuses petites croisades décidées par un prince

ou un seigneur avaient lieu, telle celle du futur roi Édouard I r d’Angleterre, en

1270(65). Certains seigneurs se croisaient avec quelques dizaines d’hommes seulement,comme Eudes de Nevers en 1265

(66). Bref, le lien avec l’Occident ne fut

jamais coupé pour les Francs de Syrie. Il est probable que, si ce lien n’avait pas

existé, les Francs de Syrie auraient davantage adapté leur équipement sous l’influence

de leurs voisins orientaux, mais aussi parce qu’ils auraient été à cours de

matériel. En effet, même s’ils furent souvent insuffisants, l’approvisionnement et

les dons ne cessèrent d’arriver depuis l’Occident. Par ailleurs, les Francs ne purent

pas véritablement adapter leur équipement à cause de l’oliganthropie chronique des

États latins et de la supériorité numérique des armées musulmanes par rapport aux

armées franques. À Gaza en 1239, pour chaque Franc, il fallait compter treize ennemis(

67). Par la résistance qu’il offrait, l’équipement franc garantissait tout de même

une certaine supériorité à ceux qui le portaient.

Efficacité de l’armement franc

L’équipement franc était, en termes de résistance et de qualité, le meilleur au

monde. Ce sont sans nul doute ces caractéristiques qui permirent aux Francs de

tenir aussi longtemps face à un ennemi très supérieur en nombre. Les Musulmans

ne cessèrent de se plaindre des qualités de cet armement. Bahâ-Ed-Din raconte :

J’ai vu de ces fantassins francs qui avaient d’une à dix flèches fichées dans le dos et

qui marchaient de leur pas ordinaire sans quitter les rangs(68).

Le manuscrit de Rothelin rapporte aussi le cas de Richard ressemblant à un

hérisson, lui et son cheval entièrement couvert de flèches(69). Ambroise raconte

l’exaspération des Musulmans :

Les Turcs, les gens du diable, enrageaient. Ils nous nommaient les gens de fer, parce

que nous avions des armures qui garantissaient nos gens… (70)

Devant cette supériorité de l’équipement, il est aisément compréhensible que les

Francs aient opéré quelques modifications mais n’aient pas abandonné leur équipement.

Il faut en outre invoquer des raisons psychologiques au manque d’adaptation

complète. Les combattants francs étaient habitués à leur armement et avaient acquis

avec lui des habitudes de combat. Ayant l’habitude d’être lourdement armés, ils en

retiraient aussi une impression de sécurité. De plus, le coût de l’équipement était

très élevé, ces combattants qui avaient peut-être fait d’importants sacrifices pour

l’obtenir y étaient par conséquent très attachés. Certains chevaliers avaient une

impression d’invulnérabilité avec leur armure : ainsi Gauchet de Châtillon, lors de

la Septième croisade, s’amusa dans un château à chasser à plusieurs reprises tout un

groupe de Sarrasins(71). La peur de se trouver au combat insuffisamment armé était

grande. L’ost de Richard dut s’arrêter deux jours à Caiphas, pour se décharger en

équipement, car les fantassins, par peur de manquer d’armes, s’étaient suréquipés et

beaucoup en étaient morts(72). De même, aller au combat sans armure est toujours

décrit dans les sources comme une preuve de grande bravoure ou plutôt de grande

témérité(73).

Une certaine continuité tactique

Les Francs n’abandonnèrent pas non plus leur tactique basée sur le choc et sur

la puissance de la cavalerie lourde. En effet, lorsque celle-ci était utilisée au bon

moment, elle gardait son effet dévastateur. Lorsque Richard attaqua la grande caravane

en 1192, les rangs adverses cédèrent dès le premier choc et tous ceux qui restèrent

combattre furent massacrés(74). Les Musulmans craignaient particulièrementcette force et hésitaient à attaquer quand elle était trop nombreuse(75). La charge en

trois lignes de la cavalerie franque continua à être utilisée : les chevaliers pour la

première ligne, les sergents à cheval pour la seconde, les écuyers pour la troisième

ligne(76). La règle du Temple décrit la même tactique chez les ordres militaires(77).

De la même manière, dans de nombreuses batailles, l’infanterie continua, notamment

pendant la guerre civile entre Ibelins et Lombards, à être utilisée de la même

façon en suivant la cavalerie et en achevant les cavaliers démontés(78). En bref,

l’équipement et la tactique des Francs ne perdirent pas toute leur validité en Orient.

Il fallait surtout prendre en compte tous leurs handicaps et toutes les contraintes de

l’Orient latin. Les armes et méthodes de combat franques démontrèrent pendant

longtemps leur supériorité.

Les guerres dans l’Orient latin marquent un profond bouleversement dans l’histoire

militaire occidentale. Tout d’abord, la fin du monopole de la chevalerie sur les

champs de bataille. Les premières limites du chevalier y apparurent et l’art de la

guerre se modifia avec la montée en puissance de l’utilisation des armes de trait et

de l’infanterie. De grands bouleversements sont à noter au niveau de la remonte :

beaucoup de croisements ont été réalisés en Orient et beaucoup de chevaux furent

ramenés en Occident. Les adaptations tactiques sont celles qui ont modifié le plus

durablement la pratique de la guerre chez les Francs, mais les adaptations techniques

sont aussi à noter : des adaptations qui se sont faites de manière hétéroclite,

hasardeuse, au fil du butin, des achats, du choix de chacun. Les ordres militaires

sont sans nul doute ceux qui ont démontré la plus grande force d’adaptation avec,

par exemple, la constitution de deux cavaleries légères : celle des écuyers et celle

des turcoples. Enfin, s’il s’agissait de réhabiliter le combattant franc et son équipement,

il nous suffit de penser à l’exemple de Joinville et ses six compagnons, criblés

de flèches et défendant victorieusement un pont contre des centaines

d’ennemis.

(1) Jacques de Vitry, Lettres, in Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, trad.

M. Guizot, Paris, 1825, p. 365.

(2) Cécile Morisson, Les Croisades, Paris, PUF, 1994, p. 51.

(3) Jacques de Vitry, ibid., p. 172.(4) D. Marshall,

Warfare in the Latin East, 1192-1291, Cambridge, 1992, p. 91.(5) Imâd ad-Dîn, Conquête de la Syrie et de la Palestine par Saladin, trad. Henri Massé, Paris,

1972, p. 327.

(6) Gestes des Chiprois, dans R.H.C. Arm., T.II, Paris, 1906, p. 738.

(7) Laurent Dailliez, Les Templiers et les règles de l’ordre du Temple, Paris, 1972, p. 30 et art.140.

(8) Ibid., art.149.(9) Jean de Joinville,

Histoire de Saint Louis, in Historiens et chroniqueurs du Moyen Âge, Paris,

Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléïade », 1963, p. 250-260 et p. 45.

(10) E. Rey, Les Colonies franques de Syrie au XIIe et XIIIe siècles, Paris, 1883, p. 27.(11) H. Buchtal, Miniature Painting in the Latin Kingdom of Jerusalem, Oxford, 1957, Pl. 130c,

Pl. 130 F.

(12) Ibid., Pl.111 a.

(13) D.C. Nicolle, Arms and Armour of the Crusading Era 1050-1350, 2 vols, New York, White

Plains, 1988, Pl. 831 g, Pl. 833 b.

 

(14) Claude Gaier, Armes et combat dans l’univers médiéval, Bruxelles, 1995, p. 358.

(15) Laurent Dailliez, ibid., art.115.(16) « Dépenses de Saint Louis pour sa croisade », dans J.-F. Michaud,

Histoire des croisades, T. IV,

Paris, 1859, p. 426.

(17) Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, éd. Gaston Paris, Paris, 1897, p. 177.

(18) Ibid., p. 283.(19) Laurent Dailliez,

ibid., art. 102.

(20) Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 151.(21) Jean Richard,

Le Royaume latin de Jérusalem, Paris, 1953, p. 269.

(22) Henri Delpech, La Tactique au XIIIe siècle, 2 vols., Paris, Picard, 1886, p. 179.

(23) Joinville, ibid., p. 299.

(25) Assises de Jérusalem, dans R.H.C., Lois, Vol. 2, Paris, 1843, p. 180.(26) Al Harawî, « Les conseils du sayh Al-Harawî à un prince ayyûbide », in

Bulletin d’études orientales,

T. XVII, Paris, 1961-1962, p. 234.

(27) E. Rey, ibid., p. 34.

(28) H Buchtal, ibid., Pl. 104b, Pl. 112c.(29) E.E. Viollet-le-Duc,

Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 10

vols., Paris, 1854-1868, p. 403-404.

(30) Chronique d’Ernoul et de Bernard le Trésorier, Paris, éd. L. de Mas Latrie, 1871, p. 253-259.

(35) Ibid., p. 260.(36)

Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 151.

(37) Gestes des Chiprois, p. 767.(38)

Continuation de Guillaume de Tyr de 1229 à 1261, dite du manuscrit de Rothelin, dans R.H.C.

Occ, Vol. II, Paris, 1859, p. 545.

(39) Joinville, ibid., p. 234.

(40) Ibid., p. 254-288.

(24) Al Makrîzî, Histoire des sultans Mamlûks de l’Égypte, vol. 1, trad. Quatremère, Paris, 1845,

p. 93-94.

(31) D. Marshall, ibid., p. 37.

(32) Gestes des Chiprois, p. 719.(33) Joinville,

ibid., p. 235.

(34) Ibid., p. 252.

(41) Raymond Stambouli, Les Clefs de Jérusalem, Deux croisades françaises en Égypte (1200-1250),

Paris, 1991.

(42) Chronique d’Ernoul et de Bernard le Trésorier, p. 331.(43)

Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 300-301.

(44) Gestes des Chiprois, p. 709.(45) Bahâ ed-Dîn,

Anecdotes et beaux traits de la vie du sultan Youssouf, dans R.H.C. or., T. III, Paris,

1884, p. 258.

(46) Ibid., p. 251.

(47) Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 307.

(48) La Continuation de Guillaume de Tyr, 1184-1197, Paris, éd. M.R. Morgan, 1982, p. 189.

(49) « Dépenses de Saint Louis pour sa croisade », p. 450.

(50) Laurent Dailliez, ibid., art. 315.

(51) Joshua Prawer, The World of the Crusaders, Londres, 1972, p. 32.(52) Alain Demurger,

Vie et mort de l’ordre du Temple, Paris, Le Seuil, 1989, p. 107.

(53) Laurent Dailliez, ibid., p. 30.(54)

Gestes des Chiprois, p. 746.

(55) D. Marshall, ibid., p. 183-195.

(56) Bahâ ed-Dîn, ibid., p. 306.(57) Frédéric C. Lane,

Venise, une république maritime, Paris, 1985, p. 85.

(58) Joinville, ibid., p. 235.(59)

Gestes des Chiprois, p. 679.

(60) Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 313.(61) Joinville,

ibid., p. 251.

(62) Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 171.(63)

Gestes des Chiprois, p. 709.

(64) Jacques de Vitry, ibid., p. 365.

(65) Chronique d’Ernoul et de Bernard le Trésorier, p. 461.(66) « Inventaire et comptes de la succession d’Eudes, comte de Nevers (Acre 1266) », in

Mémoires

de la société nationale des antiquaires de France, Paris, T. XXXIX, 1878, p. 178-180.(67) Rothelin,

ibid., p. 543.

(68) Bahâ ed-Dîn, ibid., p. 251.

(69) Rothelin, ibid., p. 613.(70)

Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 170.

(71) Joinville, ibid., p. 287.(72)

Estoire de la guerre Sainte par Ambroise, p. 156.

(73) Ibid., p. 298.(74)

Ibid., p. 279.

(75) Chronique d’Ernoul et de Bernard le Trésorier, p. 324.(76) Alain Demurger,

ibid., p. 91.

(77) Laurent Dailliez, ibid., art. 172.

(78) Rothelin, ibid., p. 601

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 2 mars, 2008 |3 Commentaires »

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