Archive pour novembre, 2007

Ami, tu connaîtras le doute……

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Ami, tu connaîtras le doute, comme les anciens l’ont connu avant toi. Le doute est un voile de l’obscurité, mais il t’empêchera aussi de commettre les erreurs du téméraire. Il va te falloir t’asseoir sur les bancs de notre école pour de longues années et apprendre sans relâche mais au bout du chemin, aucun diplôme ne te sera remis. Ne confond pas non plus la porte de notre Maison avec celle de ton temple intérieur. Tu peux sortir d’ici quand bon te semblera mais, je te le rappelle, tu ne pourras renoncer au chemin qui commence sur le parvis de ton temple.
Oswald Wirth disait : « La vocation initiatique se rencontre seulement parmi des vagabonds spirituels et mystiques, qui errent dans la nuit après avoir déserté leurs églises, leurs écoles philosophiques ou leurs gourous, faute d’y avoir trouvé la vraie lumière. »

L’initiation, tout comme l’art, ne doit pas être une fin en soi pour toi. Il te faut connaître pourquoi tu désires te faire initier. Fais attention que ton vœu ne soit pas dicté par la simple curiosité car le désir de sensationnel occulte risquerait de te décevoir.

Ton désir d’être initié doit venir de l’amour de servir ou du désir de connaissance (connaître voulant dire naître avec). Tu dois désirer de tout ton cœur et de toute ton âme la connaissance des mystères de la vie universelle.

L’initiation n’est qu’une clé qui ouvre une porte, celle de ton devenir. Elle te donne accès à un monde beaucoup plus vaste que celui que tu foules aujourd’hui. Nous te donnerons, au fil du temps, tout ce que nous avons aujourd’hui. Tu seras des nôtres et tu auras en partage notre connaissance ainsi que notre pain de vie. Nous t’enseignerons la Sagesse de nos Maîtres transmis de siècle en siècle. Mais avant, il nous reste quelques mots à te dire sur notre Ordre : nos compagnons pratiquent comme principaux devoirs :


Honorer Dieu.

Honorer et conserver les biens de l’Ordre.
Soutenir leurs frères et sœurs compagnons en toute circonstance.

Les compagnons partagent entre eux tous les bienfaits qu’ils reçoivent de la vie car ils savent que ces bienfaits leur sont transmis par Dieu pour qu’ils puissent venir en aide aux autres. N’oublie pas que le mot compagnon veut dire « partage du pain ». Compagnon vient du mot latin « companis » et veut dire : qui partage le pain. Les compagnons partagent entre eux un enseignement philosophique Traditionnel, transmis depuis des siècles par l’initiation. Cet enseignement est holistique. Il comprend la philosophie, la théosophie, la gnose christique et la psychologie mystique. Il préfigure la transformation du vieil homme en un homme nouveau, spirituel et divin. La croix qu’il porte sur l’épaule représente le vieil homme et ses souffrances dans ce monde.

Le but du compagnon est de partager son pain avec ses frères et sœurs, au sens propre comme au figuré.
Notre Ordre n’est ni une société secrète, ni une secte, ni un ordre laïc mais un rassemblement d’hommes libres œuvrant dans un même but. Rien ne sera caché à celui qui se montre digne de recevoir les arcanes de nos pères. Si tu nous trouves discrets, c’est tout simplement parce que nous n’avons aucune ambition prosélytiste. Nous ne courons après personne et ne cherchons à convaincre qui que ce soit. Nos Maîtres sont anonymes et souvent inconnus de tous. Pour éviter tout culte de la personnalité, ils vivent parmi les hommes, comme le commun des mortels. Ici, nul gourou n’est à vénérer…

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 27 novembre, 2007 |1 Commentaire »

Précision sur la tenue Templier du XIII°

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La regle de 1129 legifere sur les effets des frères.

Les templiers sont avant tout des moines, avant d’etre des combattants, je te conseil donc de t’atteler à la réalisation d’un costume de moine du temple avant de t’atteler au militaire (les elements de base te serviront de toute façon dans le costume guerrier).

Pour la base:
- des braies en laine (pas de lin, trop de confort…)
- une chainse en laine (le lin est autorisé en été en terre sainte exclusivement)
- chausses de laine
- chaussures (pas de bottes comme tu l’evoquais)

pour le costume monastique XIIIème:
- une tunique longue en laine sombre (marron ou noire?) nommée aussi « cappa », avec des trous sous les bras pour permettre le passage du bras, parfois munie d’une capuche
-en guise de ceinture une corde de laine tressée.
- une chapeau de type « Biret » de couleur sombre (noir ou marron?)
- un manteau, nommé « l’habit » assez leger de couleur claire (blanche?) qui symbolise la pureté. Les sergents de l’ordre ont un manteau marron ou noir quant a eux. A partir de 1145, Eugenius III autorise le port de la croix rouge sur le coté gauche de la poitrine du manteau.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 25 novembre, 2007 |2 Commentaires »

Nous chevalier,

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« Extrait du temps hors du temps de G. CARMI »

Nous chevalier,

Prêtons serment au Seigneur

De passer notre vie

Avec le signe caché

De respecter le silence

De cultiver notre intérieur

Afin de nous élever.

Nous acceptons

De nous charger d’âmes

Et par notre conduite

Et notre enseignement

De les amener à la Connaissance.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 21 novembre, 2007 |Pas de commentaires »

L’architecture Croisée religieuse

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Eglise de la Croix

Le monastère de la Croix est niché dans la verdure d’une vallée de Jérusalem, à côté de l’avenue ben-Zvi, en contrebas de la Knesset et du Musée d’Israël. C’est une relique des jours où cette vallée était le vignoble des rois croisés de Jérusalem.

Le monastère est construit entre 1039 et 1056 par le roi Bagrat de Géorgie, sur le site d’une église du 5e siècle. La légende chrétienne veut qu’ait poussé à cet endroit l’arbre dans lequel est taillée la croix de Jésus. L’église actuelle date en grande partie du 11e siècle.

Les Géorgiens ont d’excellentes relations avec les Mamelouks. Ceux-ci perdent le monastère en 1300 suite à l’invasion tartare. Restauré en 1305, le monastère est vendu aux Grecs orthodoxes en 1685.

Gethsémani

Gethsémani est situé sur le Mont des Oliviers. C’est l’endroit où Jésus se recueille avant d’être arrêté suite à la trahison de Judas. Appelée Eglise de toutes les nations, l’église actuelle date de 1924. Elle est la dernière de toute une série d’églises.

La première église fut construite entre 379 et 384 par la communauté chrétienne pré-constantinienne pour commémorer la prière du Christ. Cette église est détruite par un tremblement de terre en 745.

Les Croisés construisent ensuite un oratoire dans les ruines, puis le remplacent par une église en 1170. Ils lui donnent une orientation un peu différente afin d’avoir une part de rocher dans chaque abside, une manière d’interpréter matériellement la triple prière du Christ. Le destin de cette église est inconnu. Toujours utilisée en 1323, elle est abandonnée en 1345.

Saint-Etienne

L’église Saint-Etienne est située route de Naplouse, à l’est de la Porte de Damas. Construite en 1900, elle est incluse dans les bâtiments de l’Ecole biblique et archéologique française.

La première église est construite à l’endroit présumé de la lapidation du saint. Des fouilles révèlent le plan de l’église byzantine, qui appartenait à un immense monastère détruit par les Perses en 614. Une petite chapelle est construite avant 638 par le patriarche Sophronius. Cette chapelle est restaurée par les Chevaliers Hospitaliers. Ils construisent des écuries et des âneries à côté de la chapelle. Ils détruisent l’ensemble pendant l’été 1187 pour éviter que Saladin n’utilise ce point stratégique situé près des remparts.

Saint-Jacques

L’église Saint-Jacques est le plus bel édifice religieux du quartier arménien de la Vieille Ville.

Selon la tradition arménienne, une église abrite depuis le 4e siècle la tête de Saint Jacques, frère de Saint Jean l’apôtre, décapité par Agrippa Ier en 44. Sa tête est enterrée sous le pavement actuel d’une petite pièce située au nord de la nef de l’église. Toujours selon la tradition arménienne, un deuxième Saint Jacques est enterré sous l’autel principal de l’église. Il s’agirait d’un des trois Jacques de la tradition chrétienne: Jacques fils de Zébédée, l’un des douze apôtres, Jacques fils d’Alpheus, un autre apôtre, ou encore Jacques frère de Jésus [1].

Jusqu’au 7e siècle, le patriarche grec orthodoxe est à la tête de l’Eglise arménienne. Elle a ensuite son propre patriarche. Le patriarche arménien de Jérusalem est considéré comme le successeur de saint Jacques, frère de Jésus. Dans une charte conservée à la bibliothèque du patriarcat arménien, Omar ibn al-Khattab reconnaît les droits du patriarche arménien sur les lieux saints chrétiens de Jérusalem, Bethléem, Naplouse et Samarie.

Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien, visite l’église à l’époque croisée: “En bas de la descente et au-delà d’une autre rue, se trouve une grande église construite en l’honneur de saint Jacques le Grand, habitée par des moines arméniens, et ils ont au même endroit un grand hospice pour recevoir les pauvres de leur nation.” [2]

Le patriarche arménien est en faveur auprès des Croisés, qui comptent des Arméniens venant de Cilicie. Les Arméniens sont les seuls alliés des Croisés au Moyen-Orient. De nombreux mariages ont lieu entre chevaliers croisés et femmes arméniennes. Les Croisés coopèrent avec enthousiasme à la reconstruction de l’église Saint-Jacques. L’authenticité de la première église est établie puisqu’ils y retrouvent la tête de saint Jacques et la main de saint Etienne.

Plus tard, toujours selon la tradition arménienne, Saladin accorde aux Arméniens un firman, à savoir un permis concernant les lieux saints. Après la conquête turque de 1517, le sultan Sélim Ier leur accorde également un firman les assurant de leurs droits et leur donnant autorité sur les communautés syriennes, coptes et éthiopiennes de la ville.

A l’origine, l’église Saint-Jacques était très large. Elle est en partie détruite par l’invasion perse, et restaurée au 8e siècle. L’église actuelle, qui date du 11e siècle, est bâtie par les Croisés après la prise de Jérusalem en 1099.

On ne voit pas l’abside de l’extérieur. L’arcade romane est haute et étroite, avec une coupole elle aussi tout en hauteur. La superficie est de 17,5 m x 24 m. L’abside est divisée par quatre larges colonnes carrées recouvertes de faïences bleues pour former une nef centrale et des portiques. Les colonnes supportent les huit arches de la coupole. Les murs sont recouverts de carreaux bleus sur une hauteur de deux mètres.

Dans le choeur, les trois autels sont: au centre celui de saint Jacques, frère de Jésus, à droite celui de saint Jean-Baptiste, à gauche celui de la Vierge Marie. L’intérieur de l’église est entièrement médiéval. La voûte de la coupole centrale est typiquement arménienne. Les travaux du 12e siècle ont servi à consolider l’édifice des 10e et 11e siècles. La chapelle Saint-Etienne, qui date du 11e siècle, sert à la fois de sacristie et de baptistère. La chapelle de Echmiadzin était sans doute le narthex de l’église médiévale. La porte, à la décoration élaborée, était probablement l’entrée principale.

Saint-Jean-Baptiste

Située dans une zone en retrait du Mauristan, l’église est en partie enterrée autour de rues dont le niveau a grimpé avec les siècles. On y entre par la rue du quartier chrétien.

Une église existe dès le milieu du 5e siècle. Après sa destruction par les Perses en 614, elle est restaurée par Jean l’Aumônier. Les fondations du 5e siècle sont utilisées par les marchands d’Amalfi pour l’église du 11e siècle. L’église devient ensuite le berceau des Chevaliers Hospitaliers.

Voici la description qu’en fait Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien à l’époque croisée: “En face de l’église du Saint-Sépulcre, sur le côté opposé, on trouve une belle église construite en l’honneur de Jean le Baptiste, à côté de laquelle un hôpital reçoit dans plusieurs pièces une multitude énorme de malades, à la fois hommes et femmes, qui sont secourus et soignés chaque jour à très grands frais…” [3]

La façade actuelle avec ses deux petits clochers est une addition moderne.

Saint-Sépulcre

Le Saint-Sépulcre est situé au coeur du quartier chrétien, dans la partie nord-ouest de la Vieille Ville, au bout de la Via Dolorosa. Construit à l’endroit où Jésus-Christ a été crucifié et enterré, il est considéré comme “la” grande église de la chrétienté.

En 326, l’impératrice Hélène, mère de Constantin, fait construire plusieurs églises pour commémorer les grandes étapes de la vie du Christ. Erigée entre 326 et 335, l’église constantinienne reste en place pendant trois cents ans. Elle était la plus grande de Jérusalem, avec une longueur de 115 m. On y entrait par trois portails situés à l’est. L’abside de l’église était à l’ouest, en direction de la tombe de Jésus, celle-ci étant considérée comme le principal site sacré de la chrétienté.

Sur la partie supérieure droite de la mosaïque de Madaba, qui montre Jérusalem vers 570, le Saint- Sépulcre est représenté au centre d’une Vieille Ville entourée de remparts. On voit son escalier, ses trois portes, sa basilique et sa coupole. Considéré au 6e siècle comme le monument le plus important de Jérusalem, il a sur la mosaïque une importance considérable par rapport aux 19 autres bâtiments.

L’église constantinienne est détruite par les Perses en 614. Le patriarche Modestus utilise les matériaux de l’église pour construire un édifice plus petit. Grâce au pèlerin chrétien Arculfe, on a une description de l’édifice de 680 et un plan, résultat des diagrammes qu’Arculfe fait sur des tablettes de cire [4].

Cette seconde église est détruite par un tremblement de terre en 746. En 967, les Musulmans brûlent la nouvelle église et tuent le patriarche. En 1009, Al-Hakim, gouverneur fatimide d’Egypte, ordonne la destruction de toutes les églises chrétiennes, y compris celle du Saint-Sépulcre.

La reconstruction a sans doute lieu entre 1030 et 1048, sous les auspices de l’empereur byzantin Constantin IX Monomaque. Les architectes byzantins sauvent les lignes de la rotonde au-dessus du Sépulcre. Mais ils ne reconstruisent pas l’immense basilique de Constantin le Grand, qui allait du Calvaire à la grande rue du marché. L’emplacement reste un champ de ruines jusqu’à l’arrivée des Croisés. Une galerie supérieure est ajoutée dans la rotonde, ainsi qu’une abside sur le côté est.

Le voyageur musulman Nasir-I Khusraw décrit le Saint-Sépulcre de 1047: “L’église actuelle est une très grande construction qui peut contenir 8.000 personnes. L’édifice est très habilement construit de marbres colorés, avec une ornementation et des sculptures. A l’intérieur, l’église est partout ornée de broderie byzantine travaillée avec de l’or et de tableaux. Et ils ont représenté Jésus – que la paix soit avec lui – qui est parfois montré montant un âne. Il existe aussi des tableaux représentant d’autres prophètes, Abraham, par exemple, et Ishmael et Isaac, et Jacob avec son fils – que la paix soit avec eux tous… Dans l’église on trouve une peinture divisée en deux parties représentant le Ciel et l’Enfer. Une partie montre les sauvés au Paradis, alors que l’autre décrit les damnés en Enfer, avec tout ce qu’il y a là-bas. Assurément il n’existe pas d’autre lieu au monde avec une peinture semblable. Dans l’église sont assis un grand nombre de prêtres et de moines qui lisent l’Evangile et disent des prières, jour et nuit ils sont occupés de cette façon.” [5]

Nasir-I Khusraw s’intéresse beaucoup aux peintures et les décrit en détail, comme nombre de voyageurs musulmans pendant la période croisée. La religion musulmane interdisant l’art figuratif, ces voyageurs sont fortement intrigués par toutes ces représentations de personnages et scènes bibliques.

C’est dans cette église que pleurent les Croisés le 15 juillet 1099 après avoir conquis la ville. Ils restaurent le Dôme de l’église byzantine et la crypte Sainte-Hélène. L’Igoumène Daniel visite la ville en 1106: “L’église de la Résurrection est de forme circulaire; elle comprend douze colonnes monolithiques et six piliers, et elle est pavée de très belles dalles de marbre. Il existe six entrées et galeries avec soixante colonnes. Sous les plafonds, au-dessus des galeries, les saints prophètes sont représentés en mosaïque comme s’ils étaient vivants; l’autel est surmonté d’un portrait du Christ en mosaïque. Le dôme de l’église n’est pas fermé par une voûte de pierre, mais il est formé d’une structure de poutres en bois, de façon que l’église soit ouverte dans sa partie supérieure. Le Saint Sépulcre est sous ce dôme ouvert.” [6]

En 1144, la cour intérieure est absorbée par un édifice roman composé d’une basilique surmontée d’un dôme, entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde. Depuis cette époque, l’église du Saint-Sépulcre possède deux dômes, et les cinq sites les plus sacrés du christianisme sont sous un toit. Ancune rénovation majeure n’a été entreprise depuis.

Suite à la prise de Jérusalem en 1187, et après de nombreux débats, Saladin décide de laisser le Saint-Sépulcre aux Chrétiens grecs et aux Chrétiens orientaux [7].

En 1555, on rénove les plaques de marbre recouvrant le Tombeau. En 1648, le dôme est restauré. Il menace à nouveau de s’effondrer en 1719, si bien qu’il est consolidé. La mosaïque qui le couvre est découpée en petits morceaux, qui sont vendus comme souvenirs. L’église est endommagée par un incendie en 1808 et réparée l’année suivante. Le dôme actuel est construit entre 1863 et 1868 grâce aux aides financières des gouvernements français, russe et turc.

A l’heure actuelle, le Saint-Sépulcre se divise en cinq grandes sections: le Golgotha, la Tombe, la Basilique, le Corridor et la Crypte de la Croix. Il a six occupants: les Catholiques latins, les Grecs orthodoxes, les Catholiques arméniens, les Syriens, les Coptes et les Ethiopiens.

Dans l’édifice actuel, la rotonde se trouve sur la gauche de l’entrée du Saint-Sépulcre. Située au-dessus de la tombe de Jésus, la Rotonde est formée de 18 piliers ronds en marbre, qui supportent le dôme. Les piliers sont pris dans de larges blocs carrés pour résister aux tremblements de terre. Le diamètre de la Rotonde est de 20,9 m et la coupole culmine à 21,5 m du sol. Dans la Rotonde, la Tombe de Jésus inclut la Chapelle de l’Ange (de la Résurrection).

L’arche byzantine relie la Rotonde, construction du 6e siècle, à l’ouest et l’église croisée, du 12e siècle, à l’est. Dans l’église Sainte-Hélène, les piliers supportant le dôme sont des piliers du 7e siècle. La coupole est restaurée par les Croisés.

L’église croisée est située entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde. L’abside de l’église, tournée vers l’est, est restaurée en 1850, puis restaurée à nouveau dans les années 1980. Le centre de l’église est marqué d’une pierre ronde, qui représente l’Omphalos Mundi, le centre du monde pour les Chrétiens, de la même façon que le Rocher de la Fondation sur le Mont du Temple représente le centre du monde pour les Juifs.

La façade sud, érigée par les Croisés, se divise en plusieurs parties: portails principaux, dôme du Golgotha et clocher. Les portails principaux sont ornés d’archivoltes sculptées de feuilles d’acanthe et de médaillons. A la droite des portails, le dôme du Golgotha s’élève au-dessus des deux étages du bâtiment. A la gauche des portails, les six étages du clocher sont ramenés à quatre aujourd’hui.

A la droite de l’entrée, un escalier conduit au Golgotha. Les marches sont recouvertes de plaques de marbre pour éviter les dépradations. A l’est de l’église Sainte-Hélène, treize marches conduisent à une chapelle croisée, la Chapelle de la Découverte de la Croix, qui est la cave dans laquelle la croix de Jésus et celles des deux voleurs ont été retrouvées.

Sainte-Anne

L’église Sainte-Anne, construite en 1140, est le plus bel exemple d’art roman croisé en Terre Sainte. Elle est située dans le quartier musulman de la Vieille Ville, à côté de la porte Saint-Etienne. A l’époque, elle se trouvait être au sud-est de l’église byzantine et de la piscine de Béthesda.

Selon la tradition byzantine, la crypte est située à l’endroit où habitaient Marie et ses parents Joachim et Anne. Une église est construite au milieu du 5e siècle. Elle est détruite lors du passage du calife Al-Hakim en 1009. Les Croisés construisent la belle église romane de Sainte-Anne pour commémorer la maison de la Vierge et desservir une communauté de religieuses. Bientôt trop petite pour contenir une communauté toujours croissante, la façade est repoussée de 7 mètres pour gagner de la place.

Saladin conquiert Jérusalem en 1187. Le 25 juillet 1192, il transforme l’église en école théologique musulmane appelée Salahiyeh. Au-dessus du portail d’entrée, l’inscription de 588 (1192 selon le calendrier chrétien) invoque l’aide de Dieu pour tous les croyants.

Arnold von Harff, pèlerin chrétien, visite Jérusalem à la fin du 15e siècle et force l’interdiction faite aux Chrétiens de pénétrer dans les lieux musulmans: “Nous allâmes vers l’est et arrivâmes à la Maison de Sainte Anne, dont les Chrétiens avaient fait une belle église autrefois, mais maintenant le païen (à savoir le musulman, ndlr) l’a transformé en maison de prière ou mosquée, de façon que les Chrétiens ne puissent y entrer. Mais grâce à une aide secrète nous fûmes autorisés à y entrer. Nous traversâmes le transept, et sur le côté de l’église nous grimpâmes à travers un trou étroit dans l’arcade d’une large fenêtre, forcés de porter des bougies allumées pour y voir, et nous arrivâmes dans une petite pièce voûtée où sainte Anne, la mère de notre Dame Bénie, quitta ce monde. Ensuite nous arrivâmes dans une autre pièce voûtée dans laquelle naquit notre Dame Bénie. Ici est le pardon de tous les péchés… Le jour suivant, le Mamelouk me ramena à l’église du Mont Sion, et personne ne sut que je n’avais pas passé la nuit dans la maison du Mamelouk.” [8]

Plus tard, les Turcs commencent à construire un minaret, mais ce projet est abandonné. Après la guerre de Crimée, en 1856, le Sultan Abd-al-Majid donne le site à l’Eglise catholique française, et l’église est restaurée entre 1863 et 1877. Depuis cette époque, elle est la propriété des Pères Blancs, qui fondent aussi un séminaire de théologie et un musée d’antiquités. La Guerre des Six Jours provoque quelques dégâts dont les réparations sont payées par le gouvernement d’Israël.

Le plan de l’église est cruciforme. La nef et les deux côtés du transept sont terminés par des absides, comme c’est la coutume dans les églises croisées. L’église a une largeur de 18,5 m et une longueur de 34 m. Sur le mur nord, on voit bien l’endroit à partir duquel la nef a été allongée de 7 mètres pour agrandir l’édifice.

La façade penche légèrement vers la gauche pour symboliser la tête penchée du Christ sur la croix. La crypte est plus ancienne que l’église. Les fondations des piliers se confondent avec la structure originale du sanctuaire primitif.

Sainte-Marie-Latine

Située dans le Mauristan, l’église du Rédempteur, construite en 1898, épouse le plan de l’église croisée Sainte-Marie-Latine. Elle possède quelques vestiges croisés. La porte de l’entrée nord est médiévale. Elle est décorée des signes du Zodiaque et des symboles des mois. Dans l’hospice attenant au sud de l’église, un magnifique cloître à doubles piliers date du 11e siècle, avec une restauration de l’époque ayyubide datant du 13e siècle.

Tombeau de la Vierge

Le Tombeau de la Vierge est situé à Gethsémani, sur le Mont des Oliviers. On l’appelle aussi l’église de l’Assomption. La tombe de la Vierge peut être vue dans une crypte assez profonde qui ressemble à la grotte de la Croix dans l’église du Saint-Sépulcre. Le Nouveau Testament ne dit rien de la mort de Marie. C’est Transitus Mariae, un ouvrage anonyme datant du 2e ou du 3e siècle, qui mentionne son enterrement dans une grotte de la vallée de Jehosaphat.

L’existence d’une église est attestée par des auteurs de la fin du 6e siècle. L’église est probablement détruite par les Perses en 614, et reconstruite par la suite puisqu’elle est décrite par Arculfe en 670.

Les Croisés trouvent les ruines laissées par le calife Al-Hakim en 1009. En 1130, les Bénédictins reconstruisent une double église, à l’emplacement probable de l’église byzantine. Les Chrétiens l’appellent l’église de l’Assomption, conformément à la croyance chrétienne qui veut que Marie soit montée au ciel.

En 1187, Saladin détruit partiellement léglise. Celle-ci est restaurée par les Franciscains au 14e siècle, puis reconstruite par l’Eglise grecque orthodoxe en 1757.

La façade et l’escalier monumental datent du début du 12e siècle. On voit aussi la tombe de la Reine Mélisende, morte en 1161, et la niche où sont enterrés d’autres membres de la famille de Baudouin II. Un linteau médíéval surplombe la deuxième porte. Les murs de la grotte de Gethsémani ont été peints au 12e siècle. La superficie de la grotte est de 17 m x 9 m, avec une hauteur maximale de 3,5 m. Le sol était recouvert d’une mosaïque dont il ne subsiste que quelques vestiges.

La Jérusalem médiévaleMarie Lebert – 2006


[1] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Steimatsky, 1985, p. 31.[2] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. Palestine Pilgrims Text Society, volume 5, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 45.

[3] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. Palestine Pilgrims Text Society, volume 5, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 44.

[4] Arculfe I, 2-3, 6, 7-8. Cité dans: Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 204-206.

[5] Nasir-I Khusraw. Diary of a Journey Through Syria and Palestine. Palestine Pilgrims Text Society, volume 4, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 60.

[6] The Pilgrimage of the Russian Abbot Daniel in the Holy Land. Palestine Pilgrims Text Society, volume 4, 1895. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 11-15.

[7] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1969, p. 174-175.

[8] The Pilgrimage of Arnold von Harff, 1496-1499. London, The Harkluyt Society, NS 94, 1946, p. 211-212.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 15 novembre, 2007 |Pas de commentaires »

L’architecture Croisée civile

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La Jérusalem médiévaleMarie Lebert – 2006

L’architecture croisée n’est pas seulement présente dans nombre d’édifices religieux. On la retrouve aussi dans la Citadelle et la Tour de David, le quartier du Mauristan et quelques portes des remparts.

Citadelle

La citadelle est située sur le rempart ouest de la Vieille Ville, à côté de la porte de Jaffa. Selon la tradition musulmane, la Tour de David, appelée aussi Tour de Goliath, aurait été le siège du combat de David et de Goliath. Quand Hérode le Grand (37-4 avant Jésus-Christ) fortifie Jérusalem, l’entourant d’un double rempart, il construit son palais sur le site le plus haut et le mieux fortifié, à 777 m au-dessus du niveau de la mer. La citadelle est dégagée entre 1934 et 1939 par l’archéologue C.N. Johns, membre du Département des Antiquités durant le mandat britannique [1]. Dans la cour de la tour sud, C.N. Johns découvre les restes d’un mur et d’une tour ronde, qu’il attribue à la construction du 8e siècle.

Plusieurs fois détruite et reconstruite, la citadelle est utilisée au fil des siècles par les gouverneurs successifs de la ville: romains, byzantins, arabes, séleucides, croisés, ayyubides kurdes, mamelouks, turcs et jordaniens.

En 1099, les Fatimides de Jérusalem ont toute confiance dans les fortifications de la ville. Ses remparts sont réputés parmi les plus solides du monde. La citadelle, appelée aussi Tour de David, est un fort dans un fort, avec un mur de 12 mètres de haut. Le 15 juillet 1099, les Croisés remplissent les douves et attaquent la ville en quatre points vers le rempart nord et en un point vers le mur sud. Ils font d’abord une brèche près de la Porte d’Hérode, puis deux autres brèches près de la Porte de Sion et près de la Nouvelle Porte, dans la zone de la Tour de David. Il s’ensuit un massacre de tous les habitants juifs et musulmans, hommes, femmes et enfants.

Au 12e siècle, les rois croisés de Jérusalem élargissent les limites de la citadelle et construisent de nouveaux remparts tout autour. La citadelle est pour eux une bonne place stratégique et elle n’est pas loin du Saint-Sépulcre. La Tour de David est appelée aussi Tour de Tancrède. C’est dans cette tour que luttent les troupes du prince croisé Tancrède pendant le siège de Jérusalem en 1099. La tour est reconstruite durant la première moitié du 12e siècle, pour protéger le point faible formé par l’angle nord-ouest des remparts dans la défense de la ville. Les Croisés divisent la citadelle en deux parties: une partie intérieure qui englobe les tours occidentales dans les limites de la Vieille Ville, et une partie extérieure, avec les tours orientales, à l’extérieur du rempart.

Saladin l’Ayyubide marche d’abord sur Jérusalem en 1177, mais il est arrêté en route, à Gézer. En 1187, il réussit à prendre la ville, à la fin d’une campagne victorieuse en Terre Sainte, et les Francs partent après le paiement d’une rançon. Saladin reconstruit ensuite le rempart situé entre les Portes de Damas et de Jaffa, par lequel il a attaqué la ville. En 1219, les remparts sont en grande partie détruits par le gouverneur musulman Al-Muazzem, afin de prévenir le retour des Croisés. Pour la même raison, la forteresse est détruite en 1238 et 1239, puis rebâtie en 1247 par Al-Malik al-Salih Ayyub.

Une nouvelle forteresse est reconstruite par le Mamelouk Al-Nasir ibn Kalaoun en 1310. Le mur qui sépare la Citadelle en deux parties est détruit, et de nouveaux bâtiments sont construits sur ses fondations. La forme générale de la citadelle est restée inchangée depuis, à l’exception de quelques ajouts ottomans aux 16e et 17e siècles. Le sultan turc Soliman le Magnifique ajoute ensuite la mosquée, la tourelle et la porte principale de la citadelle.

Quant aux remparts, ils sont en partie reconstruits par le roi Al-Adel Zein al-Din en 1295, puis par Al-Malik al-Mansour Qalaoun en 1330. Ils sont à nouveau reconstruits entre 1536 et 1540, dans leur totalité, avec l’ajout de plusieurs tours.

Mauristan

Le Mauristan est une zone carrée au sud du Saint-Sépulcre, zone délimitée d’un côté par l’église la plus récente de la Vieille Ville, l’église luthérienne du Rédempteur, et de l’autre par l’église la plus ancienne, l’église Saint-Jean-Baptiste.

Ce secteur est le Forum de la Ville pendant les temps romains et byzantins. Les marchands d’Amalfi, habitants du quartier, font ensuite construire trois églises attenant à des hôpitaux-hospices: Saint-Marie-la-Latine pour les hommes, Sainte-Marie-la-Grande pour les femmes et Saint-Jean-Baptiste pour les pauvres. La charge en revient à l’ordre bénédictin.

Guillaume de Tyr pense que le monastère de Sainte-Marie vient de la fondation de Charlemagne. Les marchands d’Amalfi restaurent l’ensemble après la destruction d’Al-Hakim, probablement entre 1063 et 1071, date à laquelle les Chrétiens réparent les remparts de la ville [2]. Le secteur est donné aux Chevaliers de Saint-Jean de l’Hôpital, devenus ensuite l’ordre des Hospitaliers, et dont le siège reste au cours des années la petite église Saint-Jean-Baptiste, en souvenir de leurs modestes origines. Le premier maître de l’Hôpital Latin est Gérald. Son successeur et véritable fondateur de l’ordre est Raymond du Puy (1120-1160). La Règle des Hospitaliers date de 1153. C’est à partir de cette date qu’ils ont aussi des activités militaires.

Le Mauristan est décrit dans un texte anonyme chrétien, The City of Jerusalem: “A gauche du marché sont les boutiques des bijoutiers latins, et au bout de ces boutiques on trouve un couvent de religieuses qui est appelé Sainte-Marie-la-Grande; et à côté un monastère de moines appelé Sainte-Marie-la-Latine. Ensuite vient la résidence de l’hôpital, avec son entrée principale. A la droite de l’hôpital se trouve l’entrée principale du Sépulcre.” [3]

Quand Saladin prend Jérusalem, il autorise dix Hospitaliers à rester un an pour soigner les malades de l’hôpital. Les bâtiments sont ensuite utilisés pour d’autres besoins. Le neveu de Saladin, Shihab al-Dîn, en fait à nouveau un hôpital en 1219. Le nom de Mauristan, qui signifie hôpital en kurde, date de cette époque.

Au 15e siècle, le bâtiment peut recevoir 400 pèlerins, mais il commence à tomber en ruines, des ruines qui impressionnent le voyageur Felix Fabri: “A côté du bâtiment dans lequel séjournent les pèlerins, existait autrefois un grand palais, l’habitation majestueuse des nobles chevaliers de Saint-Jean… comme cela peut encore être vu par ces ruines, et par le bâtiment qui est seulement en partie ruiné, qui est si grand que quatre cents pèlerins peuvent y vivre. En face de l’hôpital sont les ruines de vastes remparts, les restes de la maison des Chevaliers Teutoniques, avec lesquels étaient hébergés autrefois les pèlerinages de nobles allemands. A côté de cette même maison se trouvait une autre grande salle, dans laquelle devaient séjourner les femmes pèlerins, puisqu’elles n’étaient en aucun cas autorisées à vivre avec leur mari dans le grand hôpital.” [4]

Au 16e siècle, les maçons de Soliman le Magnifique utilisent les immenses ruines comme carrières pour reconstruire les remparts de Jérusalem. Plus tard, une partie de cette zone adandonnée est donnée aux Allemands, qui construisent l’Eglise du Rédempteur à l’emplacement de l’Eglise Sainte-Marie-Latine. La partie ouest est donnée aux Grecs en 1905, et ils y bâtissent leur zone commerciale.

Portes

La Porte de Damas est ouverte dans le rempart sud de la ville. Sous la construction actuelle, datant de l’époque de Soliman le Magnifique, on trouve les fondations de la porte croisée qui suit la ligne de la porte romaine, mais qui était fortifiée. Juste après la porte elle-même, la construction croisée forme un angle droit avec la porte des remparts. Cet angle droit permettait de réduire le flot des ennemis entrant dans la ville.

Deux des trois portes visibles dans le mur sud du Mont du Temple datent de la période croisée. Ce sont la Porte Simple et la Porte Triple, portes par lesquelles les Croisés accèdent à leurs écuries, les écuries de Salomon. La Porte Simple, située à 37 m de l’angle sud-est du mur, est une construction croisée remaniée par les Mamelouks. La Porte Triple, située à 183 m de l’angle sud-ouest et à 90 m de l’angle sud-est, est une porte double hérodienne transformée à l’époque croisée.


[1] Ses conclusions sont publiées dans: Excavations at the Citadel, in: Palestine Exploration Quarterly, avril 1940.

[2] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond The Sea. New York, Columbia University Press, 1943, volume 2, p. 240-245.

[3] The City of Jerusalem. Palestine Pilgrims Text Society, volume 6, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 7.

[4] The Book of the Wanderings of Felix Fabri. Palestine Pilgrims Text Society, volumes 7-10, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, volume 1, p. 395.

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La période croisée (1099-1187)

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La période croisée (1099-1187)

http://www.etudes-francaises.net/jerusalem/histoire.htm#croisee

Les Croisades sont une série d’expéditions militaires qui, entre 1099 et 1291, établissent et maintiennent une présence chrétienne européenne en Terre Sainte. Les Croisées étant à la fois des administrateurs et des chroniqueurs, pratiquement toute la documentation sur les aspects si différents de leur vie est arrivée jusqu’à nous [10].

Les hommes de la première Croisade prennent Jérusalem le 15 juillet 1099. Vers midi, ils font une brèche dans le mur nord, près de la Porte d’Hérode. Ils sont quinze mille. Avec un fanatisme incroyable, ils commencent par massacrer Musulmans et Juifs. Ils pillent aussi la ville. Ils incendient de nombreux quartiers et détruisent les maisons, les mosquées et les synagogues. Ils tuent notamment tous les Musulmans réfugiés dans la mosquée al-Aksa.

Un témoin de la prise de Jérusalem raconte que la ville est pleine de cadavres et de sang. Dans les rues s’amoncellent des piles de têtes, de mains et de pieds. Dans le Temple de Salomon, autrement dit la mosquée al-Aksa, les cavaliers ont du sang jusqu’aux genoux et jusqu’aux rênes des chevaux [11]. Guillaume de Tyr, qui n’était pas présent, mais dont le récit émane de témoins directs, écrit lui aussi que les Croisés ont du sang des pieds à la tête et que, sur le seul Mont du Temple, dix mille « infidèles » périssent. Toutes les maisons sont méthodiquement dévastées et pillées. [12]

Le chiffre de la population est éloquent. De trente mille avant la conquête croisée, il passe à trois mille après la conquête, nombre qui inclut aussi les Chrétiens syriens que le roi Baudouin a amenés à Jérusalem.

Une ordonnance des Croisés interdit tout établissement juif ou musulman à Jérusalem. En vue de renforcer le peuplement chrétien, l’ancien quartier juif est remis à des tribus chrétiennes de Transjordanie. Afin d’encourager leur implantation dans la ville, ils n’ont pas de taxes à payer.

Godefroi de Bouillon est nommé chef. Les deux premiers chefs chrétiens de Jérusalem sont Godefroi de Bouillon et son frère Baudouin. Godefroi de Bouillon refuse la couronne de Jérusalem. Il ne veut pas porter une couronne d’or sur le lieu où le Christ a porté une couronne d’épines. Il accepte seulement les titres de baron et de protecteur du Saint-Sépulcre. Baudouin, lui, est roi de Jérusalem avec tous les privilèges attribués à cette charge. A la même date, Tancrède, un Normand de Sicile, fait la conquête du premier territoire, la Galilée. »

La Jérusalem de cette époque est décrite par Guillaume de Tyr, Foucher de Chartres et l’Igoumène Daniel, voyageur russe.

Voici le récit de ce dernier: “Jérusalem est une grande ville, protégée par des remparts très solides, et construite en forme de carré dont les quatre côtés sont d’égale longueur. Elle est entourée de nombre de vallées arides et de montagnes rocheuses. L’eau est complètement absente de cet endroit. On ne trouve ni rivière, ni puits, ni source près de Jérusalem, à l’exception de la piscine de Siloam. Les habitants de la ville et le bétail ne peuvent disposer que d’eau de pluie. Malgré cela, le grain pousse bien dans ce pays rocheux qui manque de pluie. On sème une mesure et on en récolte quatre-vingt-dix à cent. La bénédiction de Dieu ne repose-t-elle pas sur ce saint pays? Dans les environs de Jérusalem on trouve en nombre des vignes et des arbres fruitiers: figuiers, sycomores, oliviers, caroubiers, et un nombre infini d’autres arbres.” [13]

Les fondations du Royaume Latin sont établies par Baudouin I, qui règne de 1100 à 1118 et qui donne au royaume des bases solides. Entre 1101 et 1105, il rend d’abord la côte sûre. Puis, de 1106 à 1110, il fait reculer la frontière nord jusqu’à la principauté de Tripoli. En 1115 et 1116, il coupe les communications entre Damas et Le Caire en installant une ligne de forteresses sur la côte est de l’Araba, une vallée joignant la Mer Morte au Golfe d’Aqaba.

Les Croisés importent en Palestine le système féodal et son administration efficace. Ils utilisent pleinement les subsides qui leur viennent d’Europe. Les châteaux, abbayes et manoirs qu’ils construisent sont entourés de terres fertiles.

La deuxième Croisade apporte des renforts en 1147, avec une plus grande main-mise sur les territoires acquis. Sur place, l’armée permanente est constituée par deux grands ordres militaires, les Hospitaliers, ordre fondé en 1109, et les Templiers, ordre fondé en 1128. Ces ordres, qui ont d’abord débuté comme de petits groupes de chevaliers consacrés, deviennent des organisations immensément riches et puissantes, fournissant des unités de cavaleries hautement entraînées et qualifiées.

Les Hospitaliers s’occupent aussi des pèlerins malades. Leur hôpital se trouve près de l’église du Saint-Sépulcre, dans le secteur appelé le Mauristan. Voici la description qu’en fait Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien: “Un hôpital reçoit dans plusieurs pièces une multitude énorme de malades, à la fois hommes et femmes, qui sont secourus et soignés chaque jour à très grands frais. Quand j’étais là, j’ai appris que le nombre de ces malades s’élevait à deux mille, parmi lesquels de temps à autre, au cours d’une journée et d’une nuit, cinquante étaient emportés morts à l’extérieur, alors qu’arrivaient constamment de nouveaux venus. Que puis-je dire de plus? La même maison nourrit autant de gens à l’extérieur qu’à l’intérieur, en addition à la charité sans limite quotidiennement donnée aux pauvres gens qui mendient leur pain de porte en porte et ne logent pas dans la maison, si bien que la somme de toutes les dépenses ne peut sûrement jamais être calculée, même par les responsables et les servants. En addition à toutes ces sommes dépensées pour les malades et les pauvres, la même maison entretient aussi dans ses divers châteaux de nombreux hommes entraînés à toutes sortes d’exercices militaires pour la défense de la terre des Chrétiens comme l’invasion des Sarrazins.” [14]

Les Templiers assurent la sécurité du voyage des pèlerins entre la côte et la Ville Sainte. Leur quartier général est la mosquée al-Aksa, qu’ils ont transformée en église. Les débuts des Templiers sont modestes. Leur Règle leur est donnée en 1128, lors du Concile de l’Eglise à Troyes, alors qu’ils ne sont que neuf membres. Bernard de Clairvaux les soutient, de nouveaux membres affluent, et une croix rouge apparaît sur leur habit blanc. Leur richesse et leur pouvoir s’accroissent rapidement. La dépendance du royaume à leur égard est totale puisqu’ils sont chargés de la sécurité. A ce titre, leur puissance grandit au fil des années.

Les deux ordres monastiques et militaires des Templiers et des Hospitaliers sont d’authentiques créations croisées. Il n’existait auparavant aucun lien entre les vocations de moine et de chevalier. Ce sont les Croisades qui sont à l’origine de l’image du moine-soldat.

Les Templiers et les Hospitaliers ne sont pas sous la dépendance du roi, et l’Eglise Romaine obtient qu’ils ne soient pas non plus sous la dépendance du patriarche de Jérusalem. Ils sont directement sous la juridiction papale. En 1170, les Hospitaliers sont au nombre de quatre cents et les Templiers au nombre de trois cents [15].

Dans les cent mille personnes que la population croisée compte sur la Terre d’Israël, trente mille vivent à Jérusalem. Le centre politique et économique est cependant à Acre et non dans la Ville Sainte.

Les Croisés construisent des fortifications le long des côtes de Syrie et de Palestine, notamment à Antioche, à Tyr ou à Acre, villes permettant de rejoindre directement les grands ports d’Europe. Des châteaux protègent les voies de communication majeures. Deux groupes de forteresses ont une fonction particulière: le groupe du nord protège Tyr et le groupe du sud protège Ascalon.

Dans un mouvement inverse, les Musulmans maintiennent leurs capitales loin à l’intérieur des terres, au Caire, à Damas ou à Alep, pour les mettre à une distance suffisante de la mer où l’ennemi a de puissants bastions.

Pendant ce temps, la concentration des institutions militaires, religieuses et administratives des Croisés et les milliers de pèlerins venus de toute l’Europe contribuent à la prospérité économique de Jérusalem. En 1149, le Saint-Sépulcre est reconstruit suivant le plan de la Croix. C’est à cette époque que de nombreuses traditions chrétiennes liées à la vie de Jésus sont établies, notamment celle de la Via Dolorosa. Des édifices musulmans sont transformés en églises, et le Dôme du Rocher est rebaptisé Temple du Seigneur par les Croisés.

Entre 1166 et 1171, le Juif espagnol Benjamin de Tulède visite la Terre Sainte, et son récit est considéré comme le meilleur témoignage jamais écrit sur cette époque. “Jérusalem… est une petite ville, fortifiée par trois remparts, écrit-il. Elle est pleine de gens que les Musulmans appellent Jacobites, Syriens, Grecs, Géorgiens et Francs, et de gens de toutes langues… Jérusalem a quatre portes: la Porte d’Abraham, la Porte de David, la Porte de Sion et la Porte de Gushpat, qui est la porte de Jehosaphat, faisant face à notre ancien Temple, maintenant appelé le Templum Domini.” [16] Jérusalem “possède une teinturerie, pour laquelle les Juifs paient au roi un loyer annuel modeste, à la condition qu’excepté les Juifs aucun autre teinturier ne soit accepté à Jérusalem. Environ deux cents Juifs habitent sous la Tour de David à un coin de la ville.” [17]

 

La période ayyubide (1187-1250)

En Egypte, le sultan ayyubide Saladin, un Kurde arménien de foi musulmane, arrive au pouvoir en 1170. Il succède au fils de Zengi comme gouverneur de Syrie et d’Egypte, et ses contemporains le considèrent comme un homme de foi.

Avec Saladin pour chef, la guerre sainte musulmane vainc les armées franques le 4 juillet 1187 dans le défilé de Galilée nommé Hattîn, près du lac de Tibériade. La veille, Saladin ralentit l’avance de la colonne que constitue l’armée du Royaume latin. Le lendemain, il s’assure le succès de la bataille. Les chevaliers ont épuisé leurs réserves d’eau et ne peuvent plus se battre avec leur fougue habituelle. Saladin fait tuer tous les Templiers et tous les Hospitaliers, si bien que la principale force militaire du Royaume latin disparaît. [18] L’armée musulmane marche ensuite sur Jérusalem et s’en empare le 2 octobre 1187. Les défenseurs sont peu nombreux. Beaucoup de réfugiés venant de toute la Palestine se sont regroupés dans la ville.

L’historien Imad al-Din écrit que les Francs envisagent un suicide collectif dans l’église du Saint-Sépulcre. Le chef franc Balian d’Ibelin, seigneur de Naplouse, mène les négociations avec Saladin. Balian menace de tuer les femmes et les enfants francs, les cinq mille prisonniers musulmans, les chevaux et les animaux, et menace aussi de détruire le Dôme du Rocher et Al-Aksa. Suite à ces menaces, Saladin accepte de laisser la vie sauve à ceux qui peuvent payer une rançon de dix dinars pour les hommes, cinq dinars pour les femmes et deux dinars pour les enfants. Ceux qui peuvent payer dans les quarante jours sont libres de quitter la ville avec leurs biens, pour aller à Tyr. Les quinze mille qui ne peuvent payer sont envoyés en esclavage. [19]

Les Musulmans enlèvent aussitôt la croix surplombant le Dôme du Rocher, et ils fêtent leur retour dans la Ville Sainte après une absence d’un peu moins de deux cents ans. Par une coïncidence extraordinaire, ce jour se trouve être aussi l’anniversaire de l’ascension du prophète Mahomet.

A leur tour, les Chrétiens se voient interdits de séjour, à l’exception des Chrétiens orientaux, qui sont chargés de l’entretien du Saint-Sépulcre et des diverses églises. Saladin autorise les Juifs à revenir dans la Vieille Ville, et reconnaît les droits de la communauté juive de Jérusalem. Le groupe le plus important est le groupe yéménite. D’autres groupes viennent d’Afrique du Nord et d’Europe.

La troisième Croisade (1189-1192) voit l’apparition d’un nouvel ordre militaire, les Chevaliers teutoniques. Le Royaume latin est alors constitué de territoires situés en Galilée et autour de Jérusalem.

En 1229, l’empereur d’Allemagne Frédéric II prend le pouvoir après les négociations menées avec le sultan égyptien Al-Kamil, et les Musulmans conservent le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aksa. En effet, suite à son mariage en 1225 avec Isabelle de Brienne, prétendante au trône de Jérusalem, Frédéric II peut lui aussi prétendre à la couronne. Les négociations aboutissent au traité de Jaffa, pour un accord de dix ans qui prend effectivement fin en 1239. Ce changement de pouvoir paisible est tout à fait exceptionnel dans l’histoire de Jérusalem. [20]

Pendant la première moitié du 13e siècle, une série de traités donne davantage de terres aux Croisés, notamment une partie des territoires pris par Saladin, mais cette nouvelle domination est de courte durée. Le vent tourne en faveur des Mamelouks d’Egypte qui commencent à faire des incursions en Palestine.

En 1244, des hordes de Tartares arrivent dans le pays. Nomades turcs venus d’Asie centrale, ils sont à la solde d’Ayaub, sultan d’Egypte. Ils pillent Jérusalem, massacrent les Chrétiens et dévastent le Saint-Sépulcre.

Les Croisés sont repoussés vers la mer. Ensuite le chef mamelouk Baybars, de 1260 à 1277, fait tomber la dynastie ayyubide de Saladin et mène une série de campagnes en prenant ville après ville et en progressant peu à peu vers la côte. Acre, la dernier bastion croisé, tombe en 1291.


La période mamelouke (1250-1517)

En 1249, à la mort d’Ayaub, Jérusalem revient sous la domination de Damas pour une courte période. En 1260, une invasion mongole provoque la fuite des habitants de Jérusalem. Lorsque les Mamelouks parviennent à battre les Mongols à Ein-Harod, Jérusalem passe sous leur contrôle jusqu’à la conquête ottomane de 1516.

Ramban, père de la communauté juive moderne de Jérusalem, émigre d’Espagne pour arriver à Jérusalem en 1267, à l’âge de soixante treize ans. Appelé aussi le rabbin Moshe Ben Nahman, il est exégète de la Torah et du Talmud, poète et physicien. Dans une lettre adressée à son fils, il raconte qu’il ne trouve que deux Juifs, frères et teinturiers de métier. Tous trois voient une maison en ruines avec des piliers en marbre et un beau dôme, et ils en font une synagogue. Ils font venir de Shem (Naplouse) les rouleaux de la Loi, transportés là-bas lors de l’invasion tartare. [21]

Pendant les trois dernières années de la vie de Ramban, sa synagogue est le lieu de rencontre de la communauté juive, décimée depuis le massacre croisé de 1099. La communauté commence à se concentrer dans le quartier juif actuel, établi au sud-ouest du Mont du Temple, entre la Porte des Ordures et la Porte de Sion. [22]

Les Mamelouks sont continuellement en lutte interne pour le pouvoir en Egypte, et ils doivent défendre la Syrie contre les hordes mongoles. Ils n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à la Palestine, négligée par les grands courants politiques. Suite aux vols, aux pillages ou à l’exploitation des paysans, le pays fertile est laissé à l’abandon. Durant leur long règne, Jérusalem devient une ville de pèlerins et d’érudits. Elle est aussi une ville d’exilés politiques qui s’y installent après les disgrâces suivant régulièrement les changements de gouverneur.

L’historien Mujir al-Din vit dans la Ville Sainte presque toute sa vie. Il fait une description de Jérusalem au 15e siècle: “Les rues principales de la ville sont ou plates ou en pente. Pour un grand nombre de constructions, vous pouvez trouver les fondations de constructions anciennes sur lesquelles les récentes ont été élevées. Ces maisons sont tellement serrées les unes contre les autres que, si elles devaient avoir la distance qu’elles ont dans la plupart des villes du monde islamique, Jérusalem occuperait plus de deux fois l’espace qu’elle occupe maintenant. La ville a de nombreuses citernes pour recevoir l’eau puisque ses ressources en eau viennent des chutes de pluie… Les bâtiments de Jérusalem sont extrêmement solides, tous faits de murs et voûtes en pierre. Les briques ne sont pas présentes dans les constructions, ni le bois dans les charpentes. Les voyageurs affirment qu’on ne trouve pas dans l’empire de bâtiments plus solides et de plus belle apparence qu’à Jérusalem.” [23]

Mujir al-Din explique ensuite que, comme d’autres cités islamiques, Jérusalem est divisée en quartiers. Les neuf quartiers principaux sont le quartier maghrébin, le quartier du Sharaf appelé auparavant le quartier des Kurdes, le quartier d’Alam dénommé ensuite le quartier de la Haydarira, le quartier des habitants d’Al-Salt, le quartier juif, le quartier de la Plume, le quartier de Sion à l’intérieur des remparts, le quartier de Dawaiyya, et enfin le quartier des Banu Hârith à l’extérieur des remparts et à côté de la citadelle. [24]

Les théologiens musulmans créent de nombreuses écoles religieuses, appelées madrasas. Al-Aksa et le Dôme du Rocher sont restaurés et embellis. L’architecture chrétienne décline, parce que soumise à de coûteux permis. Les non-Musulmans sont fréquemment persécutés. La société mamelouke impose le port de signes distinctifs à chaque communauté: turbans jaunes pour les Juifs, turbans rouges pour les Samaritains, turbans bleus pour les Chrétiens, turbans blancs pour les Musulmans. Des conflits ont lieu au sujet de certains sites du Mont Sion, convoités par les Chrétiens, par les Musulmans et parfois par les Juifs. Des fanatiques musulmans démolissent l’église Sainte-Marie-des-Allemands, construite à l’emplacement supposé de la maison de Marie, mère de Jésus. Et le Saint-Sépulcre est une fois de plus dévasté.

Felix Fabri, frère dominicain allemand, fait deux pèlerinages en Terre Sainte, le premier en 1480 et le second en 1483. Jérusalem, « ville de destructions et de ruines », ne doit pas avoir plus de dix mille habitants. La ville est dans un grand état de désolation. De nombreux bâtiments sont détruits. Environ mille Chrétiens et un peu plus de cinq cents Juifs y vivent. Felix Fabri donne son sentiment sur la vie politique de Jérusalem: “En ce jour, les Chrétiens se préoccuperaient peu de la responsabilité des Sarrazins sur Jérusalem s’ils avaient la liberté d’entrer et de sortir du temple du sépulcre du Seigneur sans peur et sans vexations ni extorsions. De même les Sarrazins ne verraient pas d’inconvénient à ce que les Chrétiens soient les maîtres de la Ville Sainte s’ils leur rendaient leur Temple. Mais, depuis le désaccord des Chrétiens et des Sarrazins sur ce sujet, la malheureuse Jérusalem a souffert, souffre encore et souffrira plus tard de plus de sièges, dégradations, destructions et terreurs qu’aucune autre ville au monde.” [25]

Le rabbin Ovaria de Bartinora (1450-1510), exégète du Talmud, visite lui aussi Jérusalem vers 1487. “Mais que dois-je vous dire sur ce pays? Grande est la solitude et grandes sont les pertes et, pour décrire cela brièvement, plus les lieux sont sacrés, plus grande est leur désolation! Jérusalem est plus désolée que le reste du pays.” [26]

En 1517, la Terre d’Israël, et avec elle Jérusalem, passe sous la domination de l’Empire ottoman, domination qui va durer quatre siècles (1517-1917).


Notes

[10] Voir: Itinera Hierosolymitana Crucesignatorum (Saec. XII-XIII). Jerusalem, Franciscan Printing Press, 1979-1984, 4 vol. De nombreux documents sont présentés en latin, avec une traduction italienne de S. de Sandoli.

[11] Krey (A.C.), ed. The First Crusade: The Accounts of Eye-Witnesses and Participants. Princeton University Press, 1921, p. 261.

[12] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond the Sea. New York, Columbia University Press, 1943, vol. 1, p. 372-378.

[13] The Pilgrimage of the Russian Abbot Daniel in the Holy Land. New York, AMS Press, 1971, p. 25-26. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 4, 1895.)

[14] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. New York, AMS Press, 1971, p. 44-45. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Society, 5, 1896.)

[15] Adler (M.N.). The Itinerary of Benjamin of Tudela. New York, P. Feldheim, 1965, p. 21. (Réimpression de l’édition de 1907.)

[16] Adler (M.N.). The Itinerary of Benjamin of Tudela. New York, P. Feldheim, 1965, p. 21-23. (Réimpression de l’édition de 1907.)

[17] Un autre manuscrit n’indique pas “deux cents Juifs” mais “quatre Juifs”. Il est donc possible qu’il n’y ait eu qu’une famille juive. Voir: Adler (E.N.). Jewish Travellers: A Treasury of Travelogues From Nine Centuries. New York, Hermon Books, 2nd ed., 1966, p. 88.

[18] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of California Press, 1969, p. 123-125, 128-131, 136-139.

[19] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of California Press, 1969, p. 141-142, 148, 162-163.

[20] Voir le récit de l’historien musulman Ibn Wasil dans: Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of California Press, 1969, p. 267-271.

[21] Une copie de la lettre est affichée dans la synagogue actuelle.

[22] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Kiryat-Sefer, 1985, p. 281-282.

[23] Histoire de Jérusalem et d’Hébron. Fragments de la chronique de Mujir al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 174-175.

[24] Histoire de Jérusalem et d’Hébron. Fragments de la chronique de Mujir al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 183-184.

[25] The Book of the Wanderings of Felix Fabri. New York, AMS Press, 1971, vol. 2, p. 262. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 7-10)

[26] Kobler (F.), ed. Letters of Jews Through the Ages From Biblical Times to the Middle of the Eighteenth Century. New York, East & West Library, 1978, vol. 1, p. 226.


 

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 15 novembre, 2007 |3 Commentaires »

Fraternité, Solidarité, Réciprocité…..

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Le mot fraternité vient du latin Fraternita qui définit le lien de consanguinité indissociable, existant entre les enfants d’une même parenté. Progressivement, cette définition s’est étendue aux liens profonds, mais virtuels, pouvant exister entre proches amis.

Le terme solidarité apparaît seulement à la fin du XVIIIème siècle au dictionnaire de l’Académie Française dans lequel il est défini en 1835, comme :

« Responsabilité mutuelle qui s’établit entre une ou plusieurs personnes ». Le grand Larousse la définit actuellement comme « un devoir moral fondé sur l’interdépendance d’un groupe social.»

 

La solidarité indique une relation entre personnes ayant conscience d’une communauté d’intérêt (économique, social, politique, moral, spirituel) qui entraîne une obligation morale de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance. Le concept de solidarité introduit également la notion de dépendance réciproque. Le devoir de fraternité et l’obligation morale de solidarité sont assez proche l’un de l’autre, par la démarche volontaire qu’ils impliquent, par contre la réciprocité indissociable de la solidarité est totalement indépendante de la notion de fraternité.

La notion de réciprocité permet également d’établir la différence entre solidarité et assistance, solidarité et charité. La nuance qui n’est pas toujours claire est cependant d’importance

A la différence de la fraternité ou de la charité dans lesquelles le sentiment prend une part importante, la solidarité peut être impersonnelle et ne pas comporter de dimension affective. La fraternité qui implique l’égalité diffère également de la charité et de l’assistance dans lesquelles celui qui donne et celui qui reçoit ne sont pas placés au m^me niveau.

 La fraternité est un lien, un sentiment irraisonné, temporel entre une ou plusieurs personnes qui n’a pas besoin de matérialité pour s’exprimer. La solidarité implique une prise de position, un engagement, donc au minimum : un sujet de réflexion et l’identification de « partenaires en solidarité ». Elle doit logiquement déboucher sur une action. La fraternité est une façon d’être, la solidarité une façon d’agir.

« La fraternité, ce n’est pas de donner ce que l’on a, c’est avant tout offrir ce que l’on est ». C’est de cette manière que Marie Solemme définit la fraternité, la distinguant ainsi clairement de la solidarité.

 Parabole :

Un homme tombe dans un trou et se blesse, viennent à passer différents personnages, qui l’abordent de la sorte :

La cartésien lui dit : « Vous n’êtes pas rationnel, vous auriez pu éviter ce trou »

Le spiritualiste : « Vous avez dû commettre quelques fautes »

Le scientifique mesure la profondeur du trou

Le journaliste : l’interroge sur ces douleurs

Le yogi lui explique que le trou n’existe que dans son imagination, tout comme sa douleur.

Le médecin lui propose deux comprimés d’aspirine

Le psychanalyste l’incite à chercher dans sa relation avec sa mère les causes de sa chute

Le positiviste l’exhorte : « Quand on veut, on peut ! »

L’optimiste lui dit : « Cela aurait pu être pire, vous auriez pu vous casser quelque chose ».

Le pessimiste : « Vous risquez des complications ! »

C’est alors qu’un  Ami passa et lui tendit la main.

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 14 novembre, 2007 |1 Commentaire »

Silentium…..

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Les cieux rayonnent dans la splendeur saphirique de la gloire de Dieu, et le firmament proclame l’œuvre de ses mains.

Le jour en fait le récit au jour,

La nuit en donne connaissance à la nuit.

Point de discours, point de paroles,

Leur voix ne se fait pas entendre

Et sur toute la terre s’étend leur harmonie,

Et leurs accents vont jusqu’aux confins du monde …

 Si dans la Bible, on lit que le silence de Dieu est la punition suprême, on trouve également que le silence d’attente et de soumission au silence divin est le lot humain.

 Le mot silence apparaît dans notre langue au XII ème siècle, très exactement en 1190. Il vient du latin silentium, dont il est la traduction exacte. Notre ancienne langue employait même, à la place du latin silere, le verbe siler qui signifiait : se taire. On trouve autour de lui un adjectif : silencieux, silencieuse ; un adverbe : silencieusement ; et un curieux nom venu aussi de l’antiquité romaine : silenciaire, mot qui désigne l’officier qui faisait observer le silence aux esclaves et, par extension, les religieux qui gardent un grand silence, tel les Trappistes et tous ceux qui se taisent longtemps.

Ainsi, parmi nous, les frères apprentis qui n’interviennent jamais lors d’une tenue mais qui écoutent, reçoivent et s’imprègnent des principes, des rituels et des quêtes que leur enseignent ceux qui ont reçus la lumière bien avant eux pourraient porter le nom de silenciaires.

 Si l’on peut pratiquement dire qu’il n’existe pas de silence total car il se produit toujours quelque chose qui émet un son, on peut affirmer aussi que le silence ne cesse jamais d’impliquer son contraire et que seul, le fond sonore de notre environnement nous permet de le reconnaître.

  

Silence : le sens premier de ce mot se trouve dans l’état de se taire, de garder le mutisme. Autour de cette signification première, l’usage a inventé de nombreuses variations.

Le Littré définit d’abord l’état d’une personne qui s’abstient de parler.

Bossuet lui, définissait trois sortes de silences :

Le silence de zèle, qui devait être celui de la concentration sur une tâche,

Le silence de prudence … dans les conversations

et … Le silence de patience dans les contradictions.

 Le silence attentif permet de coller au temps juste … et donc à l’action adéquate.

 Par analogie, il s’utilise aussi à propos du langage écrit : la discrétion des journaux sur tel ou tel fait ou événement « passé sous silence ». L’expression, « le silence de la loi » s’emploie en parlant d’un cas que la législation n’a pas prévu.

Le mot marque aussi l’interruption dans une correspondance : « pourquoi ce long silence ? »

 Quelques notions plus techniques :

 les interruptions dans un bruit sont un silence,

les pauses dans la musique : on y distingue sept silences, la pause, la demi-pause, le soupir, le demi-soupir, le quart, le huitième et le seizième de soupir.

 Il s’avère également une excellente définition du secret, parfaitement illustrée par la formule :

la loi du silence.

Et aussi celle de l’oubli :

le silence a recouvert cette affaire.

 Employé au sens figuré, il marque le calme, l’absence de bruit : une forêt silencieuse, marcher en silence … ainsi que l’absence d’agitation morale et intérieure : on impose le silence à ses sens, à ses passions, à son mental.

 Dans la parole, le mot définit :

les suspensions dans le discours,

dans l’écriture : les ellipses,

et en peinture, il définit un calme dans la composition d’un tableau.

Mais le mot « silence » est assez riche pour faire éclater le cadre de ces définitions :

On le retrouve dans le vocabulaire de l’amour ( aimer en … silence )

Dans celui de la douleur : ( souffrir en … silence ) et des émotions diverses.

Il y a sans doute autant de silences que d’adjectifs et d’états psychologiques. En effet, un silence peut être obstiné, mécontent, boudeur, consterné, glacial, pudique, discret, confondu, haineux, lourd, mortel etc… etc …

Il y a le silence du confessionnal, pour ceux qui le fréquentent, de la posture de méditation pour ceux qui la pratiquent et celui du cercueil, pour tous.

Il y a le silence du théâtre après les trois coups, le silence des monastères, des cloîtres et des moines, de tous ceux qui pratiquent « la science du retrait enchanté » comme disait si bien Henri Michaux.

 Le silence se manifeste aussi par toutes ces choses qu’on est incapable de dire

Et toutes ces autres qu’on ne veut à aucun prix entendre.

 C’est le même silence qui est silence non pas parce qu’il se tait mais parce que les autres ne le perçoivent pas. Je veux parler de notre silence intérieur, du silence de notre conscience.

 Paul Valéry disait joliment : Celui qui sourit et se tait regarde un sablier invisible.

Citons par contraste quelques proverbes de la sagesse populaire :

En France on dit le silence est d’or.

En Allemagne : Tais toi ou dis quelque chose qui soit meilleur que le silence.

En Israël : savoir bien se taire est plus difficile que de bien parler.

En Roumanie : Même le silence est une réponse.

En Espagne : Entendre, voir et se taire, sinon la vie tourne à l’amer.

Au Danemark : Celui qui veut économiser doit commencer par sa bouche.

En Turquie : La bouche du Sage est dans son cœur, le cœur du fou est dans sa bouche.

En Chine : Tel a parlé toute sa vie qui n’a rien dit, tel de toute sa vie n’a point parlé et pourtant n’est jamais resté sans rien dire.

Et enfin au Japon, on dit que les mots qu’on a jamais prononcé sont les fleurs du silence.

 Bien d’autres expressions populaires s’y rapportent : mettre sa langue dans sa poche, la tourner sept fois dans la bouche, couper la chique, clouer le bec, demeurer motus et bouche cousue, ne pas desserrer les dents ou plus trivial : la fermer. Mais on peut aussi museler, bâillonner, réduire ou condamner au silence.

Le général De Gaulle disait lui-même : « Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuges des faibles »

Et puis n’oublions pas ce si joli geste, l’index sur la bouche, employé depuis le plus jeune âge.

 Et si le silence n’était qu’un leurre ?

En effet, l’oreille humaine ne perçoit que certaines vibrations acoustiques, donc tout un univers sonore est là que nous n’entendons pas.

 Le silence est déchiré par le bruit, ce n’est que du temps perforé par des bruits.

 Le secret, pour vivre loin de l’agitation des imbroglios, des séductions, des attentes, et surtout à l’écart de sa propre intensité, c’est d’organiser le silence ; de considérer la plénitude du sommet de la montagne comme un capital, et le silence comme une richesse qui connaît une progression exponentielle. De considérer ce silence qui vous encercle comme un privilège acquis par choix, et d’y trouver votre seul ami intime.

 Le silence est la couleur des évènements : il peut être léger, épais, gris, joyeux, vieux, triste, désespéré, heureux … Il se teinte de toutes les infinies nuances de nos vies. Sans cesse, si on l’écoute, il nous parle et nous renseigne sur l’état des lieux et des êtres, sur la texture et la qualité des situations rencontrées. Il est notre compagnon intime, l’arrière-fond permanent sur lequel tout se détache.

C’est le lieu de la conscience profonde, il fonde notre regard, notre écoute, nos perceptions.

 C’est peut-être cette sorte de silence que j’ai ressenti il y a peu de temps, avec pour décor une salle ronde d’hôpital, des médecins, des internes, des externes, des infirmières, tous dans la lumière et le bruit, courant après les alarmes, s’appelant, riant et parlant fort entre eux. Autour de ce foyer grouillant d’agitation, des chambres dont la mienne, plongées dans une semi-obscurité. Allongé sur son lit, faible, las, on regarde malgré soi la fenêtre aveuglante et assourdissante qui donnent sur le monde des bien portants.

Soudain, sans que l’on s’y attende et sans que rien ne le l’ait signalé, on ressent une sensation étrange, celle d’être comme tiré en arrière, doucement, très doucement, sans soubresauts comme un travelling de cinéma. La grande fenêtre rapetisse petit à petit, les lumières et les bruits s’estompent remplacés par un silence vide et une torpeur noire qui vous enveloppent. Cela ressemble bien à la vie qui s’éloigne, et cela provoque une terreur panique et en même temps un étrange soulagement il faut bien l’avouer,.

Alors, sans jamais l’avoir rencontrée ni même croisée, vous la reconnaissez  sans aucun doute, c’est la mort qui vient vous faire du charme, elle rôde et tourne autour de vous, elle vous observe, elle vous sourit même, elle est venue vous chercher, elle n’est pas pressée, elle va vous emmener. La notion du temps disparaît totalement et vous ne sauriez dire si cela se passe dans un monde parallèle ou si c’est tout simplement la fin de votre vie ici-bas.

Toutefois si par hasard, vous avez soudain le culot de rompre le silence qui l’entoure et de lui parler mal, et la chance qu’elle se vexe, vous la verrez sans doute comme je l’ai vue vous tourner le dos et repartir d’où elle vient sans que vous sachiez jamais si à ce moment là, son visage affiche l’échec ou un sourire narquois. Dans tous les cas, ce silence qui s’effrite en accompagnant cette silhouette qui s’éloigne, qui s’atténue jusqu’à disparaître pendant ce lent retour vers le vrai monde, celui dans lequel nous vivons, ce silence la … ne s’oublie jamais.

  Nous qui aimons pénétrer dans les temples de rencontre pour savourer un instant, la simple et envoûtante magie des lieux où l’on se recueille, où l’on se retrouve, où l’on partage et médite les silences divers qui nous mettent en contact avec un essentiel qui fonde notre quête car il est vrai que chaque être qui recherche l’harmonie a le sens sacré  … le secret qui est en chaque être, ce grand vide illimité où l’on peut loger ou ne pas loger sa propre notion du sacré.

Cela s’appelle aussi la conscience et c’est cet outil de mesure des responsabilités ou des effusions qui est étendu du saisissable à l’insaisissable.

 La journée a vingt quatre heures. La vie a aussi son entrée et sa sortie. Chacun est à l’intérieur de sa peau, dans le sac de sa peau. Un délai est à sa disposition, un temps. Même s’il y a un grand architecte de l’univers, ses œuvres se font et se défont comme celles de ses créatures.

 P.B.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 14 novembre, 2007 |1 Commentaire »

Naissance de l’Ordre du Temple

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Tout d’abord, pour comprendre les motivations des hommes du Moyen Age il faut resituer le contexte de la fin du XI et du début du XIIe siècle et en accepter les règles qui le régissent.

L’Église romaine tente de sortir de la crise qu’elle a connue au début du Xe siècle. Le clergé a perdu de son prestige : il se prête aux simonies[1] et au nicolaïsme[2] et sape ainsi l’autorité morale de l’Église. . Le mal est grand et profond, au douzième siècle. En 1107, le roi Philippe 1er , avec le consentement du pape Pascal, expulse les religieuses de Saint-Éloi, à cause de leur impudicité. En 1119, le pape Calixte II excommunie les simoniaques, ceux qui exigent de l’argent pour administrer les sacrements, et interdit le concubinage aux prêtres, aux diacres et sous-diacres. En 1127, le pape Honorius renouvelle les mêmes défenses . En 1129, Suger expulse de leur couvent les religieuses d’Argenteuil, à cause de leur mauvaise conduite, au nombre desquelles se trouve Héloïse, femme d’Abélard théologien, philosophe et compositeur français, père de la méthode scolastique[3] considéré comme hérétique au vu de ses positions théologiques et doctrinaires sur la question de la trinité.

Les premiers objectifs du concile de Clermont sont donc de tenter de poursuivre l’œuvre entamée par Grégoire VII afin de restaurer une certaine rigueur : Urbain II est issu du mouvement clunisien et réaffirme les grands principes édictés par ses prédécesseurs : la « trêve de Dieu » et la « paix de Dieu ». Plus largement, la Paix et la Trève de Dieu sont une  tentative de contrôle de la violence féodale par l’application de sanctions religieuses. Ce mouvement a constitué la première tentative organisée de contrôle de la société civile dans l’Europe médiévale par des moyens non-violents. Il débute en 989 et a survivra sous des formes variées jusqu’au XIIIe siècle

Mais les dernières années du XIe siècle sont une succession de mauvaises récoltes et le peuple, encouragé par certains prédicateurs, y voit une punition divine et un appel à la pénitence.

L’appel à la croisade est l’occasion de souder la chrétienté dans une quête sacrée et d’offrir aux seigneurs l’occasion de « purifier leur âme ». En effet, une indulgence plénière (absolution de tous les péchés) est accordée à ceux qui entreprennent le voyage.

Elle permet en outre de restaurer une certaine paix en offrant un exutoire aux pulsions belliqueuses des nobles européens qui peuvent ainsi assouvir leur soif de conquête et de richesse tout en assurant le salut de leur âme.

Mais ce siècle est aussi une explosion des savoirs. Philosophes, rhétoriciens, dialecticiens, grammairiens, mathématiciens, musiciens, sont tous en France et donnent des cours dans toutes les villes. Les étudiants du monde entier y affluent, et reçoivent leur savoir en latin. Un savoir au centre duquel le Sacré occupe une place privilégiée. L’homme est à la recherche de Dieu, il pense pouvoir le trouver en lui. Les regards se tournent naturellement vers la Terre Sainte. vers Jérusalem.

En 1119, Hugues de Payns, originaire de Champagne, Geoffroy de Saint-Omer et sept compagnons d’arme proposent au roi Baudoin II de Jérusalem la mise en place d’une troupe permanente. Un ordre à la fois militaire et religieux qui garantirait la défense de la ville sainte. Il assurerait également la liberté et la protection des routes aux pèlerins allant de Jaffa à Jérusalem.

Ils font voeux devant Gormond de Piquigny, Patriarche de Jérusalem, de se consacrer à la protection des pèlerins en Terre Sainte et ils obtiennent de Baudoin II le droit de demeurer dans l’aile du Palais-Royal. Le Palais qui jouxte l’ancienne Mosquée El Aqsa, là où s’élevait l’antique Temple d’Hérode détruit mille ans plus tôt, et qui avait été lui-même reconstruit sur les ruines du Temple de Salomon.

Faisant vœux de chasteté de pauvreté, et d’obéissance, ils porteront le nom de Pauvres Soldats du Christ. Pendant neuf ans, ils oeuvreront sans faille. En 1128 le Saint-Siège s’engage officiellement,à l’issue du concile de Troyes.

L’ordre des chevaliers du Temple est né et va rayonner sur toute l’Europe.

Mais, tout cela est l’histoire officielle de sa naissance. On aurait pu la poursuivre en disant « Ils vécurent heureux, et eurent beaucoup de petits Templiers »…

Mais, un véritable mystère plane encore autour des motivations, les vraies, qui ont poussé quatre hommes remarquables à créer l’Ordre. Il s’agit du comte de Champagne, de Hugues de Payens son vassal, de Bernard de Clervaux et de son oncle André de Montbard. Ils oeuvrent tous en Champagne et sont étroitement liés.

Hugues de Payns a effectué au moins deux voyages en Orient au lendemain de la première Croisade, en 1104-1105 et en 1114-1115, les deux fois en compagnie du Comte. Le comte est très proche de l’abbé de Citeaux et fait venir dès son retour de Terre Sainte, un moine de l’Abbaye de la Chaise-Dieu, spécialiste des textes hébraïques. Etrange cette passion soudaine pour l’hébreux…

Bernard de Clervaux, jeune moine de Citeaux, sera installé sur les terres offertes par le comte quelque temps plus tard, où il fera construire une abbaye. Quatre années passent, le comte renvoie Hugues de Payens en Terre Sainte, et reste en France auprès de sa femme qui lui impose de tenir ses engagements de Seingneur, d’Epoux et de père.

Mais, ne tenant plus, sept ans plus tard, il renie sa femme et son fils, abandonne ses terres et ses richesses (il était plus riche que le roi)., et rejoint les neufs chevaliers.

Pour quelle raison, un homme riche, possédant des terres, une femme, et un héritier aurait-il tout abandonné ? Surveiller des routes et protégé des pèlerins ? Peut-on objectivement penser qu’une armée de dix chevaliers aurait été suffisante pour une action d’une telle envergure ? De nos jours certainement, mais au sein d’une grande production hollywoodienne …

A ce moment, ce qui l’attend en Terre Sainte est, à l’évidence, plus important…

Dès lors on peut penser à beaucoup de choses. Pendant neuf ans, les neufs chevaliers vécurent à proximité du Temple de Salomon, ils y auraient trouvé quelque chose. Selon G. Delaforge, ils auraient découvert certaines reliques,  des manuscrits contenant l’essence des traditions secrètes du Judaïsme et de l’Egypte ancienne, certains remontant probablement à Moise, d’autres prétendent qu’ils seraient tombés sur des rapports d’espions juifs relatant de la véritable identité et des agissements de Jésus. Selon Louis Charpentier, ils y auraient dégagé l’arche d’alliance contenant les tables de la loi.

Mais ce dont nous sommes certains est qu’un rapport officiel d’un archéologue israélien atteste que les neuf chevaliers y pratiquèrent des fouilles : Qu’un tunnel s’étendait à plus de trente mètres depuis le mur Sud et s’arrêtait devant des éboulis.

Un autre mystère reste à prendre en considération : Pourquoi l’Eglise aurait-elle cautionné la création de cet ordre ? Qu’avait-elle a y gagner ? Si les fouilles du Temple ont réellement rapporté ce que l’on suppose alors tout devient clair : Le Saint-Siège était redevable, mais il devait aussi protéger son secret.

Mais, mes très chers F\, mes très chères S\, n’oublions pas le contexte de l’époque, celui qui plaçait le Sacré au centre de l’homme. Dans les campagnes, les provinces, et dans les villes la nuit, l’insécurité règne : « La bourse ou la vie ? » Rappelez-vous ces paroles, elles proviennent du moyen-âge. Les peuples d’Europe sont encore païens. De  l’Ecosse, jusqu’en Espagne les hommes et les femmes restent attachés aux traditions celtiques et le clergé manque de rigueur. Ce qui est intolérable aux yeux de l’Unique et Vrai Dieu.

L’Eglise va donc créer l’Ordre dans l’unique but d’accroître le nombre de ses fidèles, d’apporter rigueur à son clergé, et d’étendre la « trêve de Dieu » et la « paix de Dieu », tout en payant sa dette aux neufs chevaliers.

Comment s’y prend elle ?

Premièrement, elle cautionne à l’issue de concile de Troyes la création de l’Ordre. Elle le rend officiel devant Dieu, les rois et les hommes.

Deuxièmement, elle s’assure de l’action des chevaliers de l’Ordre en faisant écrire en séance lors du même concile, une règle qui fait des chevaliers des moines. Elle s’assure donc de pouvoir les juger et s’en débarrasser en cas d’hérésie.

Troisièmement, elle renforce son pouvoir vis-à-vis de celui des rois. Elle fait des templiers des hommes d’Eglise, sans pour cela les faire appartenir au clergé. Soumis à aucun impôt. L’Ordre est un état dans l’Etat, une Eglise dans l’Eglise. Elle rappelle ainsi qu’elle est au-dessus des hommes, au-dessus des rois.

Quatrièmement, elle rend son secret inaccessible, l’Ordre ne rend des comptes qu’au Pape en personne.

Cinquièmement, elle donne une image différente de celle véhiculée par les déviances de ses propres abbés.

Sixièmement, elle encourage les Seigneurs et petits propriétaires terrien de faire don d’une partie de leur bien. Par l’intermédiaire des chevaliers, elle s’installe partout en Europe et propagera la parole de Dieu.

Septièmement, pour donner une raison mystique à la création d’un ordre armé, et ainsi cacher ses intérêts premiers, elle conçoit une immense campagne publicitaire en relançant les Croisades qui ont cessé depuis plus de trente ans. Car l’Eglise est toujours obsédée par la reconquête de la Terre Sainte.

Tout est en place, le pouvoir du Temple et de l’Eglise va s’étendre sans commune mesure et vivre plus de deux siècles…

Mon F\ Jean-pierre, aux colonnes d’Harmonie, va vous faire entendre une chanson composée par Thibault de Champagne, arrière petit fils du neveu de Hugues de Champagne, j’ai bien dit neveu, n’oubliez pas le comte a renié son fils. L’autre branche de la famille a donc pris la succession de ses terres (TROUBADOURS piste 2. durée : 1 :54)

Leurs actions

Dès lors, des centaines de nobles, de milliers de vilains, et même certains rois confient la protection de leur richesse, de leur Terre, de leurs réseaux routiers, aux milices frappées de la croix rouge. D’autres dans les mêmes proportions prêtent serment et rejoignent les rangs des troupes ou des chevaliers moines. Car ne l’oublions pas, il s’agit bien d’une armée à la tête de laquelle commandent des moines armés qui ont fait vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance. Deux théâtres d’opérations militaires : l’Orient et l’Occident.

En orient, les Croisades causent des milliers de morts. Sarrasins, et templiers se disputent sans cesse la moindre parcelle de terre. L’Eglise n’a pas, à l’évidence, mesuré les pertes en vie humaine que ses guerres provoqueraient. Elle n’a pas non plus pensé que certains cadets de la noblesse, dépourvus de bien par droit d’aînesse, vont pour leur profit personnel s’allier avec l’ennemi, n’hésitant pas à poignarder leur frères.

A cette époque en ces lieux éloignés, la Terre Sainte est piétinée, déchirée par la haine, les massacres, les pillages et les viols, mais encore par la trahison, et la barbarie d’hommes et de femmes qui de toute façon n’ont rien à perdre. La rédemption de leurs péchés leur est déjà accordée… et les trésors des pillages leur reviennent…

En Occident, les Templiers ne prennent part à aucun combat (excepté contre les musulmans en Espagne et au Portugal). Ils sont en place pour réaliser une grande oeuvre civilisatrice, une mission sociale plus importante que les croisades : Ils vont nourrir les hommes, les protéger, les instruire, développer leur commerce et leurs relations et enfin les aider à construire leur spiritualité. Une spiritualité dont le vecteur est celui de la Foi et non celui de la connaissance.

Pour rassembler les fidèles, l’ordre lance les grandes constructions, des constructions qu’il finance à lui tout seul : C’est l’essor du style gothique issu de l’ordre cistercien de l’abbaye de Citeaux, vous avez bien entendu : encore Citeaux. En 2 siècles 200 cents églises laïques sont construites et ce sont des églises pour le peuple, ainsi que la majorité des principales cathédrales et des abbayes… soit plus que durant les 7 siècles à venir !

Les templiers patrouillent sans cesse le long des routes marchandes, ils sécurisent les échanges, permettent la mise en place d’un commerce à l’abri des bandits de grands chemins. Les commanderies templières, en dehors de la juridiction royale, ne sont pas soumises aux taxes et impôts. Les artisans et les commerçants y affluent. Ils inventent la « lettre de change ». Cryptée et infalsifiable, elle est l’ancêtre du chèque. Elle permet dès le XIIe siècle de déposer de l’or dans une commanderie et d’en retirer l’équivalent dans une autre et ce jusqu’à Jérusalem. Tous ces échanges de biens et de personnes jusqu’en Orient véhiculent aussi les modes de pensées. Le pont culturel entre l’Orient et L’Occident prend un envol considérable avec l’Ordre et ceci malgré les Croisades dévastatrices.

Les Templiers sont aussi à l’origine des noms de famille. Le nom que nous portons à certainement pris naissance à cette époque.

Leur action est semblable dans toutes l’Europe. De L’Ecosse jusqu’en Espagne, l’Ordre du Temple unifie les peuples. La communauté européenne existe déjà au XIIe siècle et s’étend au-delà de la Méditerranée …

Aux colonnes d’harmonie, vous allez entendre un chant grégorien, « Ave Maria ». Ce chant  est chanté par les moines bénédictins de l’abbaye de Clervaux, mais je l’ai aussi choisi parce qu’il est l’un des plus connue, mis en musique par Schubert, Brahms, Verdi, et d’autre mais aussi par Mozart. (CHANT GREGORIENT piste 11. durée : 1:05)

Les symboles de l’Ordre

La règle donna aux chevaliers de nombreux symboles dont Bernard de Clervaux était à l’origine.


Le vêtement blanc, la blanche chlamyde : Ce signe de l’innocence et de la chasteté. Les Frères inférieurs, « famuli et armigeri » durent porter le vêtement noir. « Les servants, les escuiers », doivent porter robes « noires ». Les simples chapelains devaient aussi conserver le vêtement noir; mais du moment où ils devenaient chevaliers de sainte Église, c’est-à-dire, s’ils étaient élevés à la dignité de l’épiscopat, ils avaient le droit de revêtir le manteau blanc, après en avoir demandé avant, « mult humblement et dévotement », l’autorisation au maître et au couvent (art. 434 Règle française).

La Croix Rouge pattée : En 1146, Bernard fera accorder par le pape Eugène III, son disciple, tant aux chevaliers qu’aux Frères servants, le droit de mettre la croix rouge sur leurs manteaux du côté gauche, a sinistra. La croix rouge, ce signe du martyre , ce signe qui obligeait ceux qui en étaient décorés à ne jamais lâcher pieds dans les batailles , armés ainsi du signe de la croix contre les ennemis du Christ.

Le crâne rasé la barbe longue : Les chevaliers avaient le crâne rasé et la barbe longue. Le crâne rasé est comme la tonsure riche en symbolisme : Il indique le renoncement aux amours sensuelles, l’abandon des désirs, et des biens temporels, un sacrifice pénitentiel de soi-même, et surtout une ouverture aux influences célestes. La Barbe est un symbole de virilité, de courage et de sagesse. Dans le chapitre deuxième, Bernard de Clervaux met les chevaliers en garde contre les « habitudes et la fin » de la chevalerie. Je ne dirai pas écrit-il, en qualifiant la chevalerie du moment « de cette milice, mais de cette malice », « hujus non dico  rnilitiœ, sed malitiœ ». A quoi vous servirait-il de combattre, alors que le résultat serait la mort ou le crime? Vous ornez vos chevaux de housses de soie brodée et de riches caparaçons,  vous faites peindre vos armes et vos boucliers, vos selles sont incrustées de pierres précieuses, les harnachements de vos chevaux, vos étriers, vos éperons sont d’or et d’argent, et vous allez ainsi imprudemment à la mort; ce sont là des ornements à l’usage des femmes. Est-ce que le fer de l’ennemi ne pénètre pas ces soieries et ces ornements ? Rien de tout cet attirail n’est nécessaire à un combattant qui doit toujours veiller et rester sur ses gardes, prompt à l’attaque et à la défense. Vous entretenez votre chevelure comme les femmes, « fœmineo ritu comam nutritis » ; vous laissez croître vos cheveux longs et épais, vous vous gênez ainsi la vue, vous enveloppez vos mains de longues manches; parmi vous surgit le vain désir de la gloire et des promesses terrestres ». Il leur rappelle ainsi qu’ils sont là pour faire la guerre et non pour parader.

 Le Baucent est le gonfanon de l’ordre. C’est un tissu bicolore noir et blanc. Un damier à deux carreaux. Trois versions majeures existent, une simple sans la Croix pattée, une  avec la croix uniquement dans la partie blanche, une dernière avec la croix à cheval sur les deux carreaux. Le blanc représente le Divin, Jésus-Christ. Il est pur comme leur blanche chlamyde. Le noir, ce contre quoi ils se battent, les ennemis du Seigneur, les ennemis de l’Unique et Vrai Dieu. La croix à cheval sur les deux carreaux implique de par sa position que pour passer des ténèbres à la lumière, il faut appliquer sa Foi en Jésus-Christ. Une autre façon de faire son chemin. Mais plus généralement, l’étendard est associé à l’idée de mobilité, aux phases de la respiration, il est le pont entre l’air et la Terre, entre le Divin et sa création. Il capte les énergies divines et les distribue grâce à l’axe vertical former par la hampe. La Règle précise encore que la bannière est portée par le maître (ce qui devait être rarement le cas, compte tenu de ses fonctions de commandement) ou par le maréchal ou son assistant et gardé par des frères-chevaliers qui doivent l’entourer « le mieux qu’ils pourront ». Un frère-chevalier ne doit « laisser le gonfanon pour aucune raison ». Ce n’est que lorsque le dernier étendard aura « tourné à déconfiture » qu’il pourra lui-même s’enfuir et se réfugier « là où Dieu le conseillera ».

 L’abacus du maître : Bâton surmonté d’un disque sur lequel est gravé la croix pattée. C’est à la fois bâton de commandement spirituel et temporel, proche de la crosse pastorale de l’évêque. Son étymologie est incertaine, mais si on considère sa racine latine « abactio » qui veut dire chasser, éloigner cet objet possède symboliquement des pouvoirs magiques.

Le Sceau de l’ordre : Un cheval monté par deux chevaliers regardant de front, parfois ils sont représentés dos-à-dos. Certains disent que les chevaliers étaient si pauvres qu’ils n’avaient qu’un cheval pour deux. Mais il est évident que c’est un symbole de Dualité. Chacun des deux chevaliers protège l’autre. Ils sont complémentaires, ils sont frères. Bernard de Clervaux voulait associer pour la conquête et la conservation de la Terre sainte l’épée spirituelle et l’épée temporelle, qui, à cette époque, étaient solidaires en matière de gouvernement et de juridiction. « Il faut sortir les deux glaives», écrit-il au pape Eugène . « Deux espées sunt, par lesquelles toz li pueples doit être governés espirituellement et temporalement, car l’une des espées doit être espirituel, et l’autre temporel. L’espirituel doit être laissé à Sainte Église, et le temporel aux princes de la terre; quand une espée a mestier l’autre, elles s’entredoivent aider… l’espée temporel doit toz jors estre appareillé pour garder et deffendre Sainte Église toutes les fois que mestier est ».

Abraxas Panthée : La figure centrale en est un être composite réunissant un buste et des membres supérieurs d’homme, le buste vêtu d’une cuirasse à l’antique, les bras étant nus. La tête est celle d’un coq, bec droit ou levé vers le ciel, tournée vers la droite ou vers la gauche. Les membres inférieurs sont constitués de deux serpents recourbés vers le haut. Le monstre tient deux objets, une rondache dans la dextre et un fouet ou flagellum dans la sénestre, parfois remplacé par un bâton. Cette curieuse figure cumule plusieurs symboles de nature « mythicodivine » dont la valeur initiatique ne pouvait pas échapper aux Templiers. D’après Bernard Marillier, dans son livre intitulé « Essai sur la Symbolique Templière », il écrit que les deux symboles sont complémentaires le coq – qui remplace en l’occurrence l’aigle – et le serpent. Symbole de la sagesse et de la vigilance, le coq, par son chant, chasse les ténèbres et permet au soleil de se lever et de briller. Il incarne l’Initié qui renaît après la mort initiatique de la nuit à la lumière d’une vie nouvelle et purifiée de toutes les souillures. Je me rappelle encore mes interrogations, alors que j’étais plongé dans l’obscurité, quelque temps avant ma naissance.

Les nombres du Temple :

Le 2 : La dualité. Deux chevaliers sur un seul cheval. Les deux couleurs du Baucent. La guerre blanche et noire. L’Ordre officiel et l’ordre occulte. L’Orient et L’Occident. La construction Gothique : Deux arcs-boutants opposés et reflets l’un de l’autre. Les deux épées nécessaires à leur mission, l’épée spirituelle et temporelle.

Le 3 : Les 3 voeux de religion (communs à tous les ordres monastiques), les 3 aumônes obligatoires par semaine, les 3 jeûnes annuels, les 3 repas par jour ,les 3 repas carnés par semaine, les 3 présentations du novice devant le Chapitre avant sa réception, l’obligation d’accepter le combat à un contre trois, les 3 assauts de l’ennemi avant la riposte du Temple,       les 3 chevaux que le Templier recevait lorsqu’il partait en expédition, l’obligation pour tout Templier de se figer à 3 pas devant l’abacus du maître, les 3 messes par semaine que les chapelains de l’Ordre devaient célébrer, les 3 baisers initiatiques, dits « baisers obscènes », les 3 signes de croix que les Templiers devaient faire avant d’engager le combat, les 3 couleurs du Temple, les 3 provinces du Temple d’Orient, les 3 hauts dignitaires de l’Ordre ayant préséance sur tous les autres Templiers : le maître, le sénéchal et le maréchal, les 3 groupes à cheval de frères-chevaliers composant un escadron du Temple, les 3 fenêtres ou groupes de fenêtres qui éclairent souvent les églises et chapelles de l’Ordre, les 3 travées des églises et chapelles templières.

8 : Les 8 jours de pénitence que doit subir un Templier fautif d’une faute vénielle, les 8 sacrements que recevaient les Templiers, les 8 angles de la croix pattée et alésée, les 8 articles du serment prêté par le futur Templier. Le 8, succédant aux 7 jours de la Création, représente le « passage » à une autre vie, une renaissance et une résurrection.

Le 9 : Les 9 fondateurs traditionnels de l’Ordre, les 9 Templiers nécessaires pour constituer une commanderie, les 9 provinces du Temple d’Occident. Selon Bernard Marillier, le 9 est la mesure des gestations et symbolise la récompense des efforts et l’accomplissement de la création. Nombre de la neuvaine (neuf jours de prière), source de grâce, le 9 (Énée) est le nombre de degrés (les échelles de Jacob et de joseph d’Arimathie comptent 9 barreaux) que doit franchir celui qui cherche Dieu. Pour trouver Dieu il faut ressusciter en Lui et par Lui, il faut donc passer par le huit avant. Pour ceux qui connaissent le Tarot, la neuvième lame est l’Ermite ou le Pèlerin. Enfin, le 9 est le nombre de celui qui réalise la volonté divine.

L’Ordre du Temple en quelques chiffres

Au début du XIIe siècle, les rangs du Temple comptent 9000 hommes !

Peu avant sa dissolution :

-         9000 Commanderies dans toutes l’Europe.

-         Au XIVe siècle, les revenus estimés ont une valeur équivalente à 10 millions d’Euro d’aujourd’hui.

-         Plusieurs milliers d’hommes. Il fallait au moins neuf templiers pour tenir une commanderie. Soit près de 100 000 hommes rien que pour cette fonction.

-         Une flotte d’une dizaine de galères, et de galions. Certains navires spécialisés dans le transport des troupes, d’autres des chevaux, et enfin des vivres et des armes.

-         Des ports ouverts sur toutes les mers : Majorque pour la méditerranée, La Rochelle pour l’Atlantique, et au nord, les ports de Boulogne, Barfleur, ainsi que les ports des villes flamandes. Toulon était une commanderie maritime importante.

Déjà bien des raisons de le jalouser sa puissance et d’ entreprendre sa destruction.


Gaucelm Faidit (1172 – vers 1203) est l’un des troubadours les plus féconds de son temps. Il aurait pris part à la quatrième croisade (1202 – 1204) avant de revenir dans son Limousin natal pour y mourir vers 1203. Il reste de lui 65 chansons ainsi qu’une dizaine d’autres compositions d’attribution moins certaine. Nous allons écouter une de ces compositions « jamais nuill temps ». (TROUBADOURS 1 :35.         piste n°9)

Raisons de la dissolution de l’Ordre

Les banques templières sont tellement sûres que les rois eux-mêmes y déposent leurs richesses, comme les bijoux de la couronne en Angleterre. En France, le comptable du roi ainsi que beaucoup de receveurs des impôts sont des templiers. Le Temple cède à la pression et finit par fournir la rançon demandée pour la libération de St Louis (somme de 30.000 livres d’or que lui seul peut rapidement réunir. Il prête 500.000 livres d’or à Philippe le Bel pour la dote de sa fille. Il est interessant de noter que la dote de sa fille est plus importante que celle de la rançon d’un Roi. A son apogée, le Temple dispose rien qu’en France de plus de 2000 commanderies… or chaque commanderie dirige des fermes, des granges, des forêts. Plus de 2000 km² du territoire français échappent à toute taxe, impôt et appartiennent aux Templiers !

L’Ordre du Temple était détesté du clergé, de la noblesse, du tiers-état et du peuple. Du clergé à cause de ses privilèges d’exemption, de son indépendance, de son affranchissement de toute juridiction ecclésiastique. De la noblesse, parce que l’Ordre tenait, sous sa mainmorte, des fonds des possessions considérables, dont il ne devait aucun des services féodaux réels et personnels. Du tiers-état, à cause de son orgueil et du faste qu’il étalait partout dans Paris.

Philippe le Bel eut pour objectif de faire rentrer dans son domaine ces biens considérables. Le Roi voulut combler les vides du trésor épuisé, créer des ressources au moyen de perceptions de droits de mutation, de droits de lods et ventes, de droits de francs-fiefs à payer par de nouveaux possesseurs. Le but du Roi était de réunir en sa main tous les démembrements de fiefs des barons acquis par le Temple, amortis en partie au profit de l’Ordre, et surtout ceux non amortis.

Philippe le Bel trouvait d’un seul coup des ressources financières ; il avait sa nouvelle noblesse, les chevaliers avides de biens et de récompenses, la bourgeoisie aspirant à la noblesse, des roturiers devenus, sous Philippe le Hardi, capables de détenir et posséder des fiefs. Tous auraient procuré immédiatement au Roi, les avantages pécuniaires dont le Trésor avait besoin.

Philippe Le Bel a-t-il cherché à frapper en même temps la noblesse de son royaume, comme on l’a prétendu ? Sans doute, l’Ordre du Temple se composait de nobles. Philippe le Bel, en provoquant la destruction du Temple, frappa les nobles qui composaient cet Ordre; mais ce coup terrible n’atteignit pas directement la noblesse. Le but du Roi fut au contraire d’en ouvrir les rangs à ceux qu’il jugeait dignes et capables de rendre des services à l’État, avec tous les droits et privilèges de la noblesse, mais aussi avec tous les devoirs et obligations de celle déjà existante.

Le Roi avait plus besoin d’une noblesse que la noblesse n’avait besoin du Roi. Sans la noblesse, à cette époque, la France n’aurait pas eu d’armées, pas de généraux, pas d’officiers, pour conduire leurs hommes et ceux des communes à la bataille ; pas d’argent, pas d’armements, d’approvisionnements nécessaires aux guerriers que Philippe le Bel avait à soutenir.

Mais l’intention du Roi, son intention bien caractérisée, fut de porter un coup à l’Église romaine, de diminuer la richesse, l’influence, la puissance territoriale dont l’Église jouissait en France au XIIe et au XIVe siècle.

De plus, depuis 1291, l’Ordre du Temple a perdu la guerre en Orient. La dernière ville Sainte a été prise par les Sarrasins. Une raison publique justifiant son abolition.

Depuis ce moment les desseins de Philippe le Bel sont perçus sans illusion. Il tente tout d’abord de leur prendre de l’argent en les signifiant de payer des impôts. Boniface VIII, Pape à ce moment, le menace d’excommunication. Le Roi ne se laisse pas faire et un bras-de-fer terrible va se faire entre les deux pouvoirs. Boniface VIII rappelle que les ecclésiastiques ne peuvent payer aucun subside aux princes sans l’autorité du Saint-Siège. Il s’empresse de promulguer la constitution connue sous le nom de « Unam sanclam », dans laquelle on lit : « Il y a deux glaives ; à l’église appartiennent les deux pouvoirs : le spirituel et le temporel ; elle a en main les deux glaives. Le pouvoir temporel, qui est entre les mains des rois, ne s’exerce que grâce à la bonne volonté, et à la pure tolérance du prêtre. Le pouvoir temporel est entièrement subordonné au pouvoir spirituel. C’est le pouvoir spirituel qui institue celui des puissants de la terre ; il a aussi le droit de le juger s’il n’est pas bon. Si le pouvoir des rois dévie de la voie droite, il sera jugé par le pouvoir spirituel. Toute créature humaine est sujette au Pontife romain ; nous le déclarons, nous le disons, nous le proclamons ». Le Pape va jusqu’à demander à Edouard II, roi d’Angleterre, de déclarer la guerre à la France. Edouard refuse. Philippe Le Bel est excommunié, mais lui envoie une armée. Nogaret arrête le Pape  à Anagni. Il voulait l’amener en France pour le faire juger par un concile. Boniface meurt à la suite des mauvais traitement qu’il reçoit en prison. Benoit XI son successeur mettra tout en oeuvre pour réinstaurer la paix. Il réhabilite le roi et meurt un an plus tard. Philippe Le Bel réussit à placer sur le siège de Saint Pierre un homme qu’il pourra manipuler. Clément V est élu, il va jusqu’à installer le Pape en Avignon. Tout le pouvoir est entre les mains de Philippe Le Bel.

Entre le 14 et le 25 septembre 1307, le Roi s’exprime ainsi dans une lettre adressée à tous ceux qui sont en mesure d’arrêter les chevaliers du Temple. Une arrestation fixée au vendredi 13 octobre 1307.

« Les chevaliers du Temple sont des loups ravissants, cachés sous la peau d’un agneau; nous avons appris qu’ils outrageaient gravement Notre Seigneur Jésus-Christ, le Rédempteur du monde, qu’ils le crucifiaient une deuxième fois en l’accablant d’injures. Nul n’est admis parmi eux, si  dans un aveuglement criminel il ne renie trois fois Notre Seigneur, si par trois fois il ne crache sur la croix . Lors de sa réception, après avoir quitté ses vêtements séculiers  et s’être mis tout nu devant le visiteur de l’Ordre, ou celui qui le remplace, le nouveau Templier embrasse trois fois celui qui le reçoit, la première fois sur la partie du corps où finit l’épine dorsale, la seconde fois sur le nombril, la troisième fois sur la bouche; puis il s’engage par son voeu professionnel à se soumettre aux plus ignobles lubricités. Nous avons cru d’abord que les délateurs de ces faits avaient agi sous l’empire de l’envie, de la haine et de la vengeance; nous avons donc accepté avec défiance leurs déclarations, mais les dénonciateurs se sont multipliés, et de soupçons en présomptions et en probabilités, le Saint-Père et moi,  nous avons voulu rechercher la vérité, nous nous sommes entretenus de cette affaire à Poitiers, et nous l’avons traitée avec diligence. »

Le vendredi 13 octobre 1307, tous les chevaliers Templiers sont arrêtés (La veille Jacques de Molay assistait en grande pompe au mariage de la fille du Roi). Ils se rendent sans résister. Delà débutera le procès odieux, et machiavélique. Les moyens de preuve employés (et qui étaient toujours infaillibles) consistèrent dans la torture, la question, les violences, les menaces de mort, la terreur, les promesses d’argent, de subsides et de pensions, la subornation des témoins, le mensonge, les manoeuvres pratiquées dans les prisons, la partialité des juges ecclésiastiques, la pression exercée sur le plus grand nombre, la corruption de quelques-uns. Les aveux arrachés par la torture, la douleur et les menaces de mort constituaient à cette époque des preuves juridiques. Un grand nombre de Templiers se rétractèrent, mais ils furent condamnés au feu, comme impénitents, obstinés et relaps.

 

 

 

Le Roi trouva même que cela n’allait pas assez vite. Il proposa à l’Eglise de détacher des hommes à lui pour pratiquer ces tortures. Il demanda au Roi d’Angleterre de transférer ses propres Templiers en France pour que lui-même s’en occupe avec bonne mesure.

Tous les pays d’Europe ne suivirent pas le délire de Philippe le Bel. Beaucoup restèrent modérés dans leur agissement. De nombreux templier survécurent, certains rejoignirent d’autres ordres religieux en Espagne et au Portugal, d’autres se mêlèrent à la population locale ou s’expatrièrent.

L’Eglise s’en sortit, car tout au long du processus, on différencia les hommes de l’Ordre. Les hommes ont été accusés, jugés. L’ordre a été dissout parce qu’il n’avait plus raison d’être.

On parle d’une survivance de l’ordre en Ecosse, qui sous la protection de Robert Bruce premier Roi d’Ecosse, aurait perpétuer l’ordre, leur rite, jusqu’à l’époque des Sinclair et la naissance de l’art Royal, puis jusqu’à la naissance de la Franc-Maçonnerie. Tout ceci pourra fait l’objet d’une autre planche.

Quelles ont été les conséquences de la dissolution de l’Ordre.

Conséquences de la dissolution de l’Ordre

Philippe Le bel a manqué son objectif. L’Eglise Romaine a peu souffert, et bien au contraire elle à mis en évidence qu’elle était capable de juger ceux et celles qui s’écartaient du Droit chemin, même s’ils étaient hommes et femmes d’Eglise. Les biens des Templiers sont donnés aux Hospitaliers. Le Roi récupèrera quelques terres mais pas autant qu’il l’aurait souhaité.

Le dernier Grand maître, Jacques de Molay, est brûlé en 1314. Il ôtera sa blanche Chlamide en cellule et se rendra en sous-vêtement sur le bûcher. L’ordre ne brûlera pas avec lui.

Dès lors, l’Europe est désunie, les famines et les guerres reprennent. La guerre de cent ans s’installe. Vingt années de famine et de maladie détruiront plus d’un tiers de la population française en moins d’un siècle.

Conclusion

En conclusion, je citerai Jules Michelet qui en réponse à la question : « selon vous quelle            a été la plus grande catastrophe du Moyen-âge ? » avait répondu sans hésiter « La disparition de l’Ordre du Temple ». J’ajouterai à cette parole celle du Templier Gaucerand de Montpezat qui pendant son interrogatoire, sous la torture a dit : « Nous avons trois articles que nul ne connaîtra jamais, hormis Dieu, Le Diable et les Maîtres ». Placait-il les Maîtres au même rang que Dieu et le Diable?

Les Templiers ont réussi à organiser, à humaniser l’Europe, qui a prit un essort considérable pendant deux siècles. En s’appuyant sur la règle de Saint Bernard, ils ont su répandre leur humanisme aux confréries ouvrières, aux artisans, commerçants, avec lesquels ils avaient des liens étroits et qui ont pu certainement les accueillir durant leur fuite. On dit que ceux qui rejoignirent les confréries de constructeurs se nommèrent « maçons libres et acceptés », mais ce n’est peut-être qu’une légende édifiée par ceux qui cherchent à tout prix à donner à ce que nous sommes une filiation templière.

 

 

Un dernier élément important dont je n’ai pas parlé, et cela pourrait encore faire l’objet d’une planche : Le mal n’est pas venu uniquement de l’extérieur. Les rangs des Templiers augmentaient sans cesse, de nombreuses personnes s’y sont engagées pour de mauvaises raisons et sont restées profanes. Ce qui a permis d’alimenter en témoignage les accusations de ceux qui ne comprenaient pas le sens du rituel.

Il me reste encore de nombreuses pierres à apporter aux frêles fondations de ce travail. Le temps m’a manqué pour mes études, et ce soir dans ce Temple, car il y a bien encore des choses dont j’aurais aimé vous parler avec force et vigueur.

Il me resterait quelques planches à faire, une sur la survivance de l’ordre et des liens qu’il pourrait y avoir avec ce que nous sommes, une deuxième sur le regard que des non initiés peuvent portés sur ce que nous sommes. Et je dirais une troisième encore, dont le sujet serait des riques que cours la F\ M\ française face au phénomène de mode qui se répand, celle-ci devenant de moins en moins discrète, et encore moins secrète. Une F\M\ où ses secrets commencent à se répandre sans le sens profond qu’on doit leur donner.

Frédéric BAR.°.


[1] Simonie : Action de vendre des biens spirituels. Vient de Simon le Magicien qui voulut acheter le pouvoir de faire des miracles à Saint Pierre.

[2] Nicolaisme : Action de vivre en concubinage et/ou d’avoir des enfants en tant que prêtre.

[3] Scolastique vient du latin schola, école. Il s’agit d’une philosophie développée et enseignée dans les universités du Moyen Âge, et visant à réconcilier la philosophie antique, et en particulier l’enseignement d’Aristote, avec la théologie chrétienne

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 14 novembre, 2007 |1 Commentaire »

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Publié dans:L'ordre des Templiers |on 10 novembre, 2007 |1 Commentaire »
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