Archive pour juin, 2007

Le Saint-Graal

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Le Saint-Graal

Tiré de l’ouvrage Histoire de France dans les temps les plus reculés jusqu’en 1789

par Henri Martin

Tome III Edition 1855

Epoque narrative XIIe siècle

Nous n’avons pas tout dit sur la chevalerie. Ce grand arbre de la poésie chevaleresque, qui a couvert l’Europe de son ombre, nous en avons montré les deux branches principales ; mais il y en a une autre encore, entée sur la seconde, sur celle qui est, à nos yeux, la vraie tige de l’arbre, et si bien entée sur elle qu’on les a souvent confondues. C’est le rameau du Saint-Graal.

Ceci n’a pas pour nous la même importance et ne tient pas de même au développement moral essentiel de la France ; ce nouvel élément poétique est toutefois trop curieux par lui-même et par tout ce qui s’y rattache pour ne pas mériter un coup d’oeil.

Il y aurait une étude intéressante à faire sur le rôle des évangiles apocryphes dans les traditions du Moyen-Âge. Rejetés du corps des Ecritures lors de la grande collection qui dégagea les Quatre Evangiles d’entre cette multitude de documents enfantés ou transformés par l’imagination naïve de la foule, par le mysticisme savant des gnostiques et par le symbolisme des rabbins convertis, ces monuments des premiers siècles chrétiens restèrent à l’état de légende dans la mémoire populaire, et bien des trésors de poésie religieuse sortirent de cette mine toute pleine des pierres précieuses de l’Orient. Non seulement les hérétiques, mais les mystiques orthodoxes du Moyen-Âge y puisèrent à pleine main, et l’on en retrouve la trace évidente dans des dévotions très considérables, très autorisées, mais très étrangères d’esprit et de forme aux Quatre Evangiles et aux Pères.

Une de ces légendes arriva à une grande fortune. Il lui suffit de s’enraciner dans le sol de Cambrie qui fécondait tout germe poétique.

Le christianisme avait été porté dans l’Île de Bretagne vers le même temps où se fonda notre glorieuse église de Lyon, sans doute aussi par des mains plutôt grecques que romaines. Les évangiles apocryphes étaient arrivées en même temps que les véritables. Un de ces monuments, l’Evangile de Nicodème, paraît avoir obtenu une grande et durable popularité. Un des caractères de ce livre était l’importance accordée au personnage de ce Joseph d’Arimathie, qui détacha Jésus de la croix et lui donna une sépulture.

Joseph est là le grand disciple, au-dessus de Pierre et de tous les autres. Une légende extraordinaire se construisit sur cette base. A côté du néo-druidisme ou druidisme mêlé de christianisme, il s’était établi, dans l’église galloise, un christianisme modifié par le druidisme, anti-augustinien, anti-romain. Dans un coin de ce christianisme gallois, à une époque que nous ne saurions déterminer, fut couvée la légende en question. Toute la religion reposait là sur une forme particulière et toute symbolique du mystère eucharistique. Joseph d’Arimathie avait recueilli le sang des plaies du Sauveur dans le vase qui avait servi à la Cène : Jésus-Christ, lui-même, avait confié à perpétuité la garde de ce vase à Joseph et à sa race, et le neveu de Joseph, Allan (Alain en français), l’avait porté dans l’Île de Bretagne. Ce vase avait des propriétés incomparables : il assurait à ceux qui le contemplaient la compagnie du Seigneur Jésus et les joies indicibles du ciel ; il les nourrissait d’un aliment délicieux et intarissable ; il les mettait à couvert de l’injustice et de la violence des hommes. Mais on ne pouvait le contempler sans être en état de grâce. Il disparaissait aux regards des pécheurs, et les initiés à ses mystères devaient être muets devant les profanes.

Ce vase mystérieux, ne l’a-t-on pas déjà reconnu ! n’a-t-il pas en un autre maître, avant le Seigneur Jésus ? n’est-ce pas le vase dont l’Enfant lumineux, le petit Gwyon, l’initiateur, a dérobé les secrets à la déesse nature ? Ce n’est pas de Judée qu’il vient. Il est indigène dans l’Île de Bretagne. C’est la troisième forme du bassin sacré : vase de science divine chez les bardes, simple bassin magique chez les conteurs, il devient chez les prêtres chrétiens le vase d’amour divin, le vase de la Cène et de la Passion(1).

Les premiers introducteurs des traditions bardiques et du cycle d’Arthur en France, Geoffroi de Montmouth, Wace, l’auteur, quel qu’il soit, de la vie de Merlin en vers latins, l’auteur ou les auteurs des fragments du Tristan en vers français, et même Chrestien de Troies, dans le Chevalier au Lion et le Chevalier de la Charette, n’avaient pas dit un mot de cette légende. Elle paraît être arrivée parmi les clercs et les trouvères dela cour de Henri II quelques années après la rédaction du Brut par Wace.

L’histoire du saint vase avait été, dit-on, décrite en latin par un ermite breton du huitième siècle, à qui Dieu l’avait révélée. Elle était intitulée Histoire de Gradal.  On n’a plus cet original latin, et la date du huitième siècle est fort suspecte. Ce qui est certain, c’est que vers 1160 à 1170, époque à laquelle la légende commença de se répandre, on donnait au vase mystique, le nom de gradalis ou gradale en latin et de graal en français. « Graal », dit le moine Hélinand, « signifie, en français, (gallicé), un bassin (littéralement, une écuelle large et un peu profonde) où l’on fait cuire des mets recherchés(2). - »Graal appelle-t-on le vaissel (le vase) » dit l’auteur du Saint-Graal en vers français ;

        Car nul le Graal ne verra,
       Ce croi-je, qu’il ne lui agrée(
3). »

Cette seconde étymologie ne semble pas pouvoir être prise au sérieux ; néanmoins ce double-sens, propre et figuré, le bassin et la chose agréable, suave, se retrouve précisément dans le mot gallois per, dont graal semblerait n’être que la traduction ; d’une autre part, le mot gréal se retrouve lui-même en kimro-gallois, où il signifie réunion, combinaison de principes élémentaires. Ceci convient parfaitement à l’eau du bassin de Koridwen, qui symbolise, par l’infusion des six plantes mystiques, le mélange des éléments de la nature, et révèle, à qui s’en abreuve, les principes des choses. Grëal aurait-il donc été, dans les mystères bardiques une dénomination plus profonde et plus secrète que dans per(4) ? C’est là un cercle d’idées et de termes fort singulier et fort curieux.

A peine la légende est-elle dans les mains des lettrés de la cour anglo-normande, parmi lesquels, chose remarquable, figurent plusieurs chevaliers, qu’ils la développent en vastes amplifications, et opèrent, entre elle et le cycle de la Table Ronde, une combinaison qui n’avait jamais eu lieu chez les gallois. Sous la direction, à ce qu’il semblerait, d’un chapelain de Henri II, Gautier Map(5), ils ajustent, tant bien que mal, une préface et une conclusion dévotes à ces romans d’amour, créés dans un esprit si différent, qu’ils contribuent eux-mêmes à propager, tout en entrant dans une voie opposée. La France proprement dite et la Provence reçoivent la légende. Peu à peu, à mesure que les versions en prose et en vers se remanient et se succèdent, l’écart augmente entre les deux esprits qu’on a mis aux prises dans la littérature chevaleresque ; dans les romans du Saint-Graal, la Table Ronde finit par n’avoir été fondée, par Uter et Arthur, que pour la recherche du chateau mystérieux où l’on garde le saint vase, et qui ne peut-être retrouvé que par le plus pieux et le plus chaste des chevaliers. Tous les héros de la Table Ronde, devenus les poursuivants du Graal, sont de la race de Joseph d’Arimathie, comme les chevaliers gardiens du Graal, eux-mêmes. Le prophète Merlin reparaît au centre de ce cycle tout chrétien. Le Sauveur a changé la nature diabolique que Merlin avait reçu de son père l’incube, le démon de l’air, ainsi que les gens d’église appellent nos sylphes ; et Merlin a provoqué la sainte destination de la Table Ronde.

Chrestien de Troies, lui-même, le poète de l’amour chevaleresque, prend une certaine part, assez faible, il est vrai, à ce mouvement. Esprit ouvert à tous les souffles, il a chanté l’amour sensuel des anciens en traduisant Ovide, et il effleure aussi l’ascétisme, quoique sa véritable inspiration ne soit ni païenne ni ascétique. Le Perceval, dans les mains des continuateurs de Chrestien, personnifie d’une manière frappante les transformations d’un grand type dont nous avons parlé. Le Peredur barqique était le type de l’initié : l’homme sauvage et animal s’élevant à la lumière de la vie spirituelle, à la science.

Le Pérédur des Mabinogion est l’enfant grossier s’élevant à l’héroïsme chevaleresque et amoureux. Le Perceval français, dans lequel Chrestien, et surtout ses continuateurs, combinent les Mabinogion avec le Saint-Graal, part du même point que le Peredur des conteurs, arrive d’abord au même but, puis, de la perfection chevaleresque, passe à la perfection ascétique chrétienne, et devenu le gardien du Graal, reprend là, sous d’autres formes, le caractère mystique qu’il avait eu chez les bardes.

En résumé, le cycle du Saint-Graal est une tentative de réaction ascétique contre la morale de la chevalerie. Les principales aventures et les principaux personnages de la chevalerie amoureuse y sont enveloppés, avec conclusion à la pénitence et à la fin monastique(6) ; mais il importe d’observer que cette tentative, pour venir de l’esprit ascétique, ne vient nullement de l’Eglise. On a vu qu’elle procède d’une origine non seulement étrangère à Rome, mais hétérodoxe, et ce caractère indépendant, sinon hostile, ne s’efface pas à mesure que le cycle s’étend et se modifie(7).

La légende du Graal a une dernière phase très intéressante, après une transition dont nous n’avons  pas les monuments. Les troubadours paraissent lui avoir imprimé certaines modifications, et en même temps que Chrestien de Troies s’en empare, elle est remaniée par un autre trouvère champenois, Guyot de Provins, qui, après avoir pris la robe de bénédictin à Cluni, écrit, sur la fin de sa vie (vers le commencement du treizième siècle), une espèce de grande satire intitulée la Bible Guyot, où il attaque, avec une virulence extrême, le pape et les cardinaux(8). Nous n’avons pas son poème sur le Saint-Graal(9), et nous ne connaissons son intervention dans ce cycle que par le témoignage du célèbre templier souabe Wolfram d’Eschenbach, qui, dans son Parcival, déclare avoir suivi Kiot et non Chrestien de Troies. C’est hors de la France et de la littérature française, c’est dans les deux poèmes de cet imitateur allemand, surtout dans le Titurel, que la légende du Graal atteint sa dernière et splendide transfiguration, sous l’influence d’idées que Wolfram semblerait avoir puisées en France et plus particulièrement chez les Templiers du midi de la France. Ce n’est plus dans l’Île de Bretagne, mais en Gaule, sur les confins de l’Espagne, que le Graal est conservé. Un héros appelé Titurel fonde un temple pour y déposer le saint vaissel, et c’est le prophète Merlin qui dirige cette construction mystérieuse, initié qu’il a été par Joseph d’Arimathie en personne au plan du temple par excellence, du temple de Salomon(10). La chevalerie du Graal devient ici la Massenie, c’est-à-dire une franc_maçonnerie ascétique, dont les membres se nomment les templistes, et l’on peut saisir ici l’intention de relier à un centre commun, figuré par ce temple idéal, l’ordre des templiers, parvenu, en France surtout, à une grande puissance et à une grande richesse, et les nombreuses confréries de constructeurs qui renouvellent alors l’architecture du Moyen-Âge. On entrevoit là bien des ouvertures sur ce qu’on pourrait nommer l’histoire souterraine de ces temps, beaucoup plus complexes qu’on ne le croit communément. Il y aurait des aperçus à suivre d’une part sur le mouvement de l’architecture ogivale, de l’autre sur les tendances indépendantes et hétérodoxes des templiers, qui, malheureusement pour eux, ne devaient pas rester sur les hauteurs de l’ascétisme poétique où les montrait leur confrère Wolfram, et qui ne descendirent que trop vite à des hérésies d’une autre nature.

Ce qui est bien curieux, et ce dont on ne peut guère douter, c’est que la franc-maçonnerie moderne, instrument, durant quelques temps, si efficace de la philosophie du dix-huitième siècle, ne remonte d’échelon en échelon jusqu’à la Massenie du saint Graal. Les propagateurs de Voltaire, héritiers en ligne directe des ascètes du Moyen-Âge, c’est là une des transformations les plus singulières qu’offre l’histoire.

La tentative de la chevalerie du Graal pour se substituer à la chevalerie amoureuse échoua. Dans sa dernière période surtout, la légende du Graal avait posé nettement sa chevalerie en face de l’autre, qu’elle ne voulait plus seulement dominer, mais supprimer. L’une était la chevalerie de Jésus Christ, toujours en état de grâce ; l’autre la chevalerie du monde et de Satan, toujours en état de péché mortel ; et ce n’était plus seulement l’amour charnel, mais l’amour de la créature qui était le péché. La vraie chevalerie ne se soumit pas : elle garda dans l’idéal et dans l’histoire, son caractère propre, c’est-à-dire la nouvelle conception de l’amour, et la chevalerie du Graal disparut devant elle.

La pensée du Graal, nous l’avons assez fait voir, ne procédait pas du grand centre ecclésiastique. Quelle est donc l’attitude de l’Eglise, en présence de la chevalerie, qui lui échappe après l’avoir servie ? Hostile à l’idée chevaleresque, elle doit l’être. Hostile non pas seulement à la théorie qui met l’amour en guerre avec le mariage, mais à l’amour même, l’Eglise pense, sur ce point, comme les ascètes hétérodoxes du Graal(11). Elle ne reconnaît pas le sentiment par lequel l’homme et la femme se prennent pour idéal et pour but réciproque de la vie. Elle fait du mariage un moyen, non un but. Le but est uniquement, à ses yeux, la transmission de la vie, la succession des générations. Occasionnellement, le mariage est un moyen d’éviter aux faibles le péché de la concupiscence, en tournant exclusivement leur intention à l’oeuvre nécessaire, mais subalterne de la génération. L’union des sexes, est en deux mots, suivant l’expression de Pascal, la plus basse des conditions du christianisme ; le refuge des faibles qui ne savent pas s’élever à la sainteté du célibat(12). Les conceptions ecclésiastiques sur cette vie et sur l’autre sont incompatibles avec le nouveau monde moral qui commence.

L’Eglise n’attaque pas de front la chevalerie. Nous connaissons, il est vrai, des prohibitions de conciles contre les tournois, à cause des blessures quelquefois mortelles qui résultent de ces jeux périlleux ; nous n’en connaissons point qui ait un caractère légal contre les romans, contre les cours d’amour, etc. L’Eglise eût pu s’approprier le mouvement du saint Graal, faire faire des romans orthodoxes pour disputer le terrain aux poèmes de la Table-Ronde ; mais tout cela était peu efficace. On s’y prit avec plus d’habileté, avec une habileté d’autant plus  profonde qu’elle était d’instinct, de sentiment même plus que de calcul. L’agitation morale qui attendrissait les âmes, qui élevait si haut la femme, le flot du génie féminin, peut-on dire, était aussi entré dans l’Eglise. Le monde ecclésiastique accepte ou subit la réaction contre la dure maxime du vas infirmius. Rome n’ose condamner ce Robert d’Arbrissel, qui, dans ses doubles monastères renouvelés de la vieille Irlande, soumettait les hommes au gouvernement des femmes(13). Les femmes à extase prennent une autorité croissante. Le célèbre docteur Gautier de Saint-Victor consulte la visionnaire Hildegarde sur un point capital de théologie scolastique contre Gilbert de la Poirée. Au siècle suivant, ce sera sur les révélations d’une autre extatique, la Liégeoise Julienne de Mont-Cornillon, que l’on établira la fête du Saint-Sacrement. L’Italie ne tardera pas à avoir à son tour ses saintes mystiques bien plus éclatantes.

Ce mouvement, au sein de l’Eglise, se concentre dans une forme qui est là toute préparée et qui s’agrandit pour le recevoir et l’accroître.

Il y avait dans la religion un type féminin très naturellement et très légitimement vénéré dès l’origine : la mère du Sauveur. Mais lapersonne de Marie était plus indiquée que manifestée, plus révérée que connue dans les monuments authentiques de la foi. Les évangiles apocryphes présentaient, au contraire, des traditions poétiques très développées sur son enfance, sur toute sa vie, sur son assomption au ciel. Ces traditions continuèrent à se propager et servirent d’aliment à la dévotion croissante des masses envers la Mère de Jésus, envers la MERE DE DIEU, ainsi qu’on nomma Marie définitivement Marie après une grande controverse qui ébranla l’église grecque au cinquième siècle. Un mouvement impétueux entraînait alors les populations orientales vers le culte de la Vierge, et, si ce titre de Mère de Dieu fut adopté par les Pères des conciles grecs comme une protestation contre Nestorius, qui séparait dans Jésus la personne humaine de la personne divine, ce fut par un tout autre sentiment que les foules asiatiques s’y attachèrent avec fanatisme. C’était la renaissance de ces anciens cultes féminins, si chers aux peuples de l’Orient, et qui, momentanément comprimés, mais non pas déracinés des instincts populaires, reparaissaient épurés et transformés dans le sein du christianisme.

En Occident, ce fut à un mobile bien différent que le culte de la Vierge, qui avait été longtemps grandissant, dut l’immense développement qu’il reçut à partir du douzième siècle. Ce ne fut plus là le retour de l’instinct vers les vieux cultes naturalistes, mais, au contraire, l’élan de l’âme vers la nouvelle idéalité qui reconnaissait dans la femme la grande puissance morale de la Création. L’essor du culte de la Vierge procéda chez nous de la même cause que le culte de la dame, que la chevalerie. C’est sur ce terrain si favorable que l’Eglise va porter toutes ses forces. C’est là qu’elle trouve le grand moyen d’action sur les imaginations et sur les coeurs, le seul dérivatif qui puisse être efficace contre la religion de la chevalerie. Les femmes aimeront le culte d’une femme, de la Mère par excellence. Parmi les hommes, les âmes délicates, rêveuses et froissées, celles qui n’ont pas rencontré ce qu’elles cherchaient sur la terre, pourront être détournées de l’amour humain par l’adoration de ce chaste type, qui va perdre, dans les visions extatiques, puis sous la main des artistes, la sombre austérité de l’art byzantin et roman pourdevenir touchant et tendre. L’Eglise va avoir des chevaliers de la Sainte Vierge, qui serviront beaucoup mieux la cause ecclésiastique que les chevaliers du Graal ou que leur prototype réel, les chevaliers du Temple. Les dominicains et les franciscains vont paraître.

En somme, l’Eglise accepte le mouvement irrésistible qui relève la femme, mais sans en accepter les conséquences logiques : elle met sur les autels la Vierge et la Mère, mais elle continue à tenir l’amante, l’épouse en dehors de son idéal.

La ferveur croissante du culte de la Vierge amène, avant le douzième siècle, les premières manifestations notables d’une idée qui sera, dans le catholicisme romain, le terme extrême de la réhabilitation de la femme. Le renversement des opinions antiques sur l’infériorité du sexe masculin diminue nécessairement, dans les sentiments du Moyen-Âge, la distance entre Marie et Jésus. Le dogme positif ne permet pas aux esprits d’aller jusqu’au bout de cette tendance et de se demander si Dieu ne s’est pas manifesté personnellement dans la Mère comme dans le Fils ; mais ne pouvant voir Dieu même dans Marie, beaucoup y voient du moins une créature au-dessus de toutes les créatures, une médiatrice créée à coté du Médiateur incréé. C’est là ce qu’on a nommé l’Immaculée Conception. Dès les temps anciens, la plupart des chrétiens avaient cru que Marie avait été sanctifiée dès le sein de sa mère, privilège partagé avec saint Jean-Baptiste et Jérémie, et qu’elle était immaculée, c’est-à-dire qu’elle n’avait jamais péché, privilège accordée à elle-seule(14) ; mais personne n’avait songé (du moins il n’en existe pas de trace) à la mettre hors de la solidarité d’Adam, hors de la condition humaine. Les textes de saint Paul et de saint Augustin sont formels sur ce point : « Que Jésus-Christ seul est né d’une femme sans participer au péché d’Adam.(15) » Au neuvième siècle, Paschase Radbert, que nous avons vu soutenir la présence réelle contre Jean Scott, avance que la Vierge a été conçue sans la tache originelle. C’est la première apparition certaine de cette opinion. La proposition de Paschase retentit peu et couve assez obscurément. Au onzième siècle, Pierre Damiani, le grand champion de la papauté, et saint Anselme parlent sur ce point comme saint Augustin : ils affirment et ne discutent pas. Au douzième, l’opinion de Radbert se relève : les circonstances semblent devenues propices. Les chanoines de Lyon établissent une fête de l’Immaculée-Conception de Notre-Dame (1140). Mais saint Bernard, aussitôt, leur écrit une lettre fort vive contre cette innovation(16), et Rome, à qui il s’en réfère, ne le désavoue nullement : la doctrine de saint Bernard est la doctrine reçue parmi les théologiens d’un côté comme de l’autre des Alpes. Les hommes de la tradition et de la théologie positive, les docteurs en masse, depuis les dialecticiens purs jusqu’aux mystiques eux-mêmes, secondent saint Bernard et refoulent les sympathies d’instinct qui se produisent en faveur de la nouveauté. Le treizième siècle reste sur le même terrain ; ses docteurs les plus renommés pour leur dévouement au culte de la Vierge, ceux qu’on peut appeler les moines chevaliers de Marie, ne croient pas que l’orthodoxie permette l’hésitation(17).

Ce n’est qu’au commencement du quatorzième siècle que l’opinion des écoles de Paris, si longtemps et si violemment hostile(18), se modifie en faveur de la nouveauté que tant de réprobations illustres avaient comprimé sans l’anéantir. Il n’est pas de notre sujet de dire ici comment l’opinion repoussée durant les âges encore voisins de l’antiquité chrétienne devint peu à peu l’opinion prépondérante dans le catholicisme moderne, jusqu’à ce que la papautée se fut enfin décidée à en faire un article de foi par un coup d’autorité sans exemple dans les temps de sa plus grande, de sa réelle puissance(19).

(1) Mr d’Eckstein l’avait vu clairement dès 1829; Catholique, t.XVI, p. 707. Mr de la Villemarqué l’a démontré; contes bretons , t.II, p. 181-219. Avec le bassin, les légendaires chrétiens ont emprunté un autre symbole qui l’accompagne. La lance sanglante, emblème de la seconde des vertus druidique, de la force, comme le bassin est l’emblême de la première vertu, de la science, la lance sanglante, qui est le signe de la guerre à mort contre les Germains, devient la lance avec laquelle a été percé le flanc du Sauveur, et que l’on garde avec le saint vase. Toutefois, la tradition druidique ne se perd pas et se mêle à la nouvelle interprétation chrétienne. Chose très singulière et qui atteste la variété des documents celtiques parvenus à nos trouvères. Chrestien de Troies en sait plus sur ce point que le Mabinoghi original de Peredur, qu’il imite dans son Perceval. Dans le Peredur gallois, la lance sanglante ne se rapporte, comme le bassin, qu’à un merveilleux assez vulgaire. Chrestien de Troies, au contraire, dans son Perceval, cite en propre terme une prophétie attribuée à Taliésin sur la délivrance de l’Île de Bretagne par cette lance.

        Il est escript qu’il est une ore (heure)
       Où tout le royaume de Logres (des anglo-saxons)
       ………
       Sera détruit par ceste lance.

(2) Voir la Chronique d’Hélinand, ap. D. Tissier ; Hélinand est un ancien trouvère picard devenu moine de Cîteaux. Son témoignage décide contre l’opinion de M. Fauriel, qui voulait que le mot Graal ou Grazel appartenait exclusivement à la langue d’oc. Hélinand écrivait au commencement du XIIIe siècle.

(3) Le Roman du Saint-Graal publié par Francisque Michel, Bordeaux, 1841, p. 112.

(4) Gwal Grëal veut dire pays des éléments, monde élémentaire : ce nom est synonyme d’annwn ou annwfen, l’abîme des germes. v. Owen’s Welsh Dictionn. v° Grëal et Per. Le mot Grëal a une série de dérivés se rapportant à son sens de collection, de combinaisons d’éléments divers, ce qui semble démontrer son ancienneté dans la langue kimrique.

(5) Suivant M. Paulin Pâris, Gautier Map aurait développé la légende en latin, et Luces de Gast, Robert de Borron, etc. l’auraient traduite et paraphrasée de nouveau en prose française. Il parait toutefois certain que Map a lui-même écrit en français diverses parties de ses romans.

(6) Il n’y a que Tristan et Iseult qu’on n’ait osé faire renoncer à l’amour en mourant. On a respecté ce suprême idéal de la passion. Pour Lancelot et Genièvre, les romanciers du Saint-Graal pouvaient s’autoriser des Triades, qui font fuir Gwenhyvar dans un monastère.

(7) Saint-Pierre est introduit tant bien que mal dans la légende ; mais ce n’est point à son avantage : il ne commence pas par s’installer à Rome pour envoyer de là ses missionnaires. Subordonné à Joseph d’Arimathie, qui reste toujours hors ligne, il est d’abord chargé d’aller droit aux vaux d’Avaron (à la vallée druidique d’Avallon), pour convertir l’Île de Bretagne (v. le Saint-Grall en vers français p. 131) et y attendre Alain, le gardien du Saint-Graal. Encore, dans une autre version, sans doute la primitive, est-ce Joseph en personne qui convertit le roi de Bretagne. (v. Paulin Pâris, catalog. des Mss., t. I, p. 126.) Pierre, dans le Saint-Graal en prose est assez maltraité. Il manque de foi, n’ose marcher sur les flots à la suite de Joseph et des autres ; on le laisse sur le rivage, et il lui faut faire pénitence, etc. Il est à remarquer qu’on attribue à Gautier Map, en dehors des romans, des satires très âpres contre Rome et le haut clergé.

        (8) « Molt est l’estoile et belle et claire ;
       Tel devroit estre nostre père ;
       Clers devroit-il estre et estable
       Qué jà pooir (pouvoir) n’eust déable (diable)
       En lui, n’en ses commandements.
       Quand le père occist ses enfants,
       Grand péchié fait. Ha ! Rome ! Rome !
       Encore occiras-tu maint homme !
       Vous nous occiez chascun jour ;
       Chrestientez a pris son tour. (a fini son temps)
     ……………………………..
       Tout est perdu et confondu,
       Quand li chardenal (les cardinaux) sont venu,
       Qui viennent çà tuit (tout) allumé
       Et de convoitise embrasé.
       Ca viennent plein de simonie
       Et comble de malvaise vie ;
       Ca viennent sans nulle raison,
       Sans foi et sans religion…
       Rome nous suce et nous englout (engloutit) ;
       Rome détruit et occist tout ;
       Rome est la doiz (le dais), la couverture de la malice.
       Dont sordent tuit li malvais (tous les mauvais) vice…
       Contre l’Escripture
       Et contre Dieu sont tuit leur fait.

Il ne maltraite guère moins le reste du clergé et certains des princes, v. Hist. litt. de la France, t. XVIII, p. 812-814. Hélinand que nous avons cité plus haut, ne ménage pas non plus Rome dans son remarquable poème moral, en vers français, sur la Mort. Ibid. p. 100. C’est dans le morceau de Guyot sur le pape que se trouvent les vers, souvent cités, qui attestent que la boussole étaient alors déjà connue.

(9) A moins qu’on ne lui attribue le grand fragment publié par M. Francisque Michel ; le Roman du Saint-Graal ; Bordeaux ; 1841.

(10) Perceval finit par transférer le Graal et rebâtir le temple dans l’Inde, et c’est le prêtre-Jean, ce chef fantastique d’une chrétienté orientale imaginaire, qui hérite de la garde du saint vaissel.

(11) Quand  nous disons l’Eglise, nous disons l’opinion dominante dans l’Eglise, l’interprétation reçue de la doctrine chrétienne parmi le clergé. Il ne s’agit point ici de décisions des grands conciles, de dogmes constitués. Beaucoup de clercs pensaient individuellement d’une autre façon.

(12) « Le mariage est un désinfectant, » a-t-on dit de nos jours, en traduisant dans un cynique langage la parole de saint Paul : Il vaut mieux se marier que de brûler. Ce cynisme n’est ici qu’une affectation de mauvais goût ; mais il est assez commun, de fort bonne foi, chez les vieux écrivains ecclésiastiques, quand ils parlent de ce qui touche aux relations des sexes. Ne connaissant que deux termes extrêmes, l’ascétisme et la luxure, aut coelum, aut coenum, toute mesure leur échappe pour juger la vraie valeur morale des sentiments et des actions. Il nous revient à la mémoire un exemple dont nous ne pouvons retrouver la source, mais dont l’authenticité est certaine. Un prince du midi de la France avait rompu avec sa femme pour une maîtresse. La femme délaissée fait enlever sa rivale et la livre aux outrages d’un groupe d’hommes d’armes. L’amant exaspéré, commence contre sa femme, princesse souveraine elle-même, une guerre à mort qui embrase tout le pays. L’Eglise s’interpose pour engager le prince à se réconcilier avec sa femme et à lui pardonner une faute légère ! dit le chroniqueur ecclésiastique.

 (13) Dans sa dernière maladie, il appelle ses moines, et leur dit : « Délibérez entre vous, tandis que je vis encore, si vous voulez persister dans votre résolution, à savoir, pour le salut de vos âmes, d’obéir aux commandements des servantes du Christ ; car sachez que tout ce que j’ai édifié, en quelque lieu que ce soit, je l’ai soumis à leur puissance et à leur domination. » Presque tous acclamèrent d’une même voix : « J’ai soumis à leur service, dit-il encore, et moi, et mes disciples ». Il mourut en laissant tout pouvoir à une abbesse. Acta 88, Februar, 1, III, p. 607. -Son dévouement à la réhabilitation de la femme était tel qu’il pénétrait jusque dans les bouges des prostituées pour les entraîner à sa suite et en faire des saintes.

(14) Cette croyance universelle : saint Basile, saint Jean-Chrysostôme, Tertullien ne la partageaient pas.

(15) La fête de la Conception de la Vierge, établie dans l’Eglise grecque, simultanément avec celle de la Conception de saint Jean-Baptiste, du septième au huitième siècle, n’a encore rien de commun avec l’Immaculée-Conception.

(16) « Cette fête nouvelle, l’usage de l’Eglise l’ignore ; la raison ne l’approuve pas, la tradition ne l’autorise point. La Vierge reine n’a pas besoin d’un faux honneur ; elle ne peut pas se plaire à ce qu’introduit, contre les usages de l’Eglise, la nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance. » Il se plaint de « surprendre la superstition chez les sages, » et réfute longuement l’idée de l’Immaculée-Conception, en établissant que cette qualification ne peut convenir qu’au Christ seul. » St Bernard, ep. 174, ed. Mabillon.

(17) « Si Marie, dit saint Thomas d’Aquin, eût été conçue sans péché, elle n’aurait pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. - »C’est là, dit saint Bonaventure, une opinion qu’on ne peut soutenir sans impiété ». Voir les textes rassemblés par M. de la Boulaye. – Journal des débats des 7 et 19 novembre 1854.

(18) Les théologiens de Paris ne se contentaient pas de voir la fête de l’Immaculée-Conception prohibée par les évêques, Jean de Pouilly, docteur en renom, alla jusqu’à demander le feu pour ces hérétiques.

(19) Aucun dogme, à aucune époque n’avait jamais été proclamé que par les conciles.

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La Chevalerie des Arabes

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La Chevalerie des Arabes antérieure à celle d’Europe,

De l’influence de la première sur la seconde

par M. Hammer-Purgstall

Janvier 1849

Sans vouloir compléter les arguments pour l’influence de la poésie arabe sur la poésie provençale dont a fait usage Mr Fauriel dans son histoire de la dernière, nous nous bornons ici à développer un seul point de son excellent ouvrage. Ce point est bien plus important pour l’histoire de la Chevalerie Arabe que la note cité par Mr Fauriel, de l’ouvrage de Condé, à propos des Morabithoun. C’est l’observation qu’il fait sur les différentes formes du verbe galab et galeba dont le mot arabe se prête de la manière la plus simple à toutes les formes de variations que les Provençaux y ont attaché. « Les Provençaux, dit Mr Fauriel, entendent par galaubia, cette espèce d’exaltation qui porte un homme à chercher la gloire, la renommée, particulièrement celle de la bravoure et des armes, à faire tous les efforts possibles pour disputer le prix à ceux qui ont la même prétention. » Galaubier était synonyme de valeureux, de vaillant, de chevaleresque. Le verbe arabe galebe, signifie, comme le dictionnaire de Freytag l’explique : prevoeluit, superior fuit ; et le participe galib : superior, proepollens, vincens. Les deux premières significations sont justes mais non la troisième. Le Kamous explique le mot galebe ou galabia, comme l’action d’arracher quelque chose des mains de quelqu’un, ou de s’en emparer par la force. Les formes citées dans le Kamous de la racine galebe sont aussi nombreuses que celles des Provençaux, citées par Mr Fauriel. Le Kamous donne celle de galebe, galib, galabia, galeba, agleb.

Quant à la forme galib, le sens en est si connu, que le Kamous ne se donne même pas la peine de l’expliquer. Le sens de vainqueur, dans lequel ce mot a été rendu jusqu’ici par le plus grand nombre des orientalistes, n’en est pas le sens propre et primitif, puisque la racine n’a d’autre sens que celui de se rendre supérieur et de s’emparer de quelque chose. Aussi le premier verset de la XXXè sourate du Coran sont traduits en général : les Grecs ont été vaincus, ils vaincront à leur tour ; ils seraient traduits plus justes : les Grecs ont été subjugués, ils subjugueront à leur tour. Le mot de galib ne doit pas se traduire par vainqueur dans le verset de la XIIe sourate du Coran, mais bien comme l’a traduit Maraccius : Deus es praevalens super negotium suum(1). C’est ainsi que tous les voyageurs en Andalousie traduisent mal la devise des rois de la dynastie d’Ahmer qui se trouvent répétée si souvent sur les murs de l’Alhambra : La galib illallah, par Il n’est point de vainqueur que Dieu. Le véritable sens en est : Il n’y a que Dieu qui prévaut. Si le participe du verbe français prévaloir n’est point reçu comme adjectif, c’est pourtant le mot prévalant seul qui rendrait au juste le sens du mot galib. Galib est un des noms d’Ali, et se trouve comme tel dans l’une des poésies du divan qui passe généralement sous le nom d’Ali, mais appartient probablement (comme le commentateur turc, Moustakim-Zadé, le remarque) au chérif Mortheda, mort en 436 (1044). L’opinion généralement établie, que ce divan est une œuvre du beau-fils du Prophète, n’a d’autre origine que l’idée du poète de faire parler, dans la plupart de ses poésies, le beau-fils du Prophète en son propre nom, rappelant ses hauts faits, et adressant des conseils à ses fils. La pièce dans laquelle le mot galib est l’équivalent du nom d’Ali, se trouve, page 114, dans l’édition de la presse du Caire, l’an 1225 (un in-4° de 576 pages).

Comme cette pièce n’a que deux distiques, nous nous permettons de la donner ici en texte et en traduction, en traduisant le mot de galib par héros, quoique, comme nous allons le montrer, il fût traduit plus juste par celui de chevalier.

        En présent vous envoie l’épée
       Le héros de votre épopée ;
       Elle frappe juste à sa fin,
       Car elle accomplit le destin ;
       Elle fend épaules et crânes,
       Rend les vertèbres diaphanes,
       Et protège les généraux
       Des escadrons dans les assauts.

Le mot de galib nous sert ici, comme un des noms d’Ali, de passage au mot de feta, dont le Prophète a qualifié par excellence son gendre, à la bataille d’Ohad. Ce mot est généralement traduit par vainqueur, tandis qu’il devrait être traduit par chevalier. Le commentaire du divan susdit nous apprend que le Prophète avait entendu prononcer par Gabriel, remontant au ciel après la bataille d’Ohad, les paroles suivantes : Il n’est point d’épée que Zoul-Fakar (nom de l’épée d’Ali), et point de héros (chevalier) qu’Ali.

Cette sentence, qui se trouve gravée sur beaucoup de lames de Damas, a été traduite, jusqu’à présent : Il n’estpoint d’épée que Zoul-Fakar, et point de héros qu’Ali. Cette traduction est aussi peu juste que celle de galib par vainqueur : Feta signifie, d’après le dictionnaire de Freytag, adolescens liberalis, generosus tum munificentia tum indole. C’est aussi l’explication que le Kamous donne sous le mot de feta : « il est feta, c’est-à-dire jeune homme libéral, généreux, brave et courageux. »Ces qualités sont assurément celles d’un chevalier, surtout dans ses rapports avec les dames et dans ses galanteries d’amour, qui ne conviennent qu’à la jeunesse. Cette autorité du dictionnaire ne suffirait pas cependant pour prouver que le mot juste pour traduire celui de feta est celui de chevalier, si nous n’avions d’autres preuves à produire.

D’abord le mot de héros, par lequel, faute de mieux, on a traduit jusqu’ici le mot arabe feta, n’en rend point le sens ; pour exprimer la valeur d’un héros, les Arabes ont une demi-douzaines de synonymes, tel que battal, le « batailleur », karii, hemmam, dhargam, ghadhanfer, et parmi la demi-douzaine de synonymes auxquels l’index latin du dictionnaire de Freytag se réfère, il n’y a point celui de feta. Le substantif fetouwet, tiré de la même racine, ne doit pas non plus se traduire par héroïsme, mais bien par chevalerie. Le Kamous (t.III, page 895) l’explique par générosité, libéralité, valeur. Le Taarifat de Djourdjani ajoute au sens reçu de libéralité et de générosité, l’acception mystique de ce mot, qui signifie : « l’influence de l’âme sur les créatures dans ce monde-ci et dans l’autre. » Cette signification mystique ne nous regarde point ; nous nous en tenons au sens reçu du mot qui embrasse toutes les qualités d’un chevalier, et nous allons prouver par des faits historiques que le mot de fetouwet n’a pas d’autre sens que celui de chevalerie, et désigne une institution arabe qui avait ses formes de réception, tout comme la chevalerie européenne, avec les différences éventuelles du génie des peuples de l’Orient et de l’Occident, différences dont Mr Fauriel a tenu compte. La fetouwet était une institution de chevalerie religieuse, par laquelle le grade de feta, c’est-à-dire de chevalier, était conféré, non pas par les princes, mais par des cheikhs, solennité à laquelle se liaient des festins de table et de bonne chère, auxquels les chevaliers européens n’étaient pas non plus insensibles.

Le calife de Bagdad Nassir-lidinillah, dont le long règne de quarante-cinq ans embrasse de 1180 jusqu’à 1225 de l’ère chrétienne, était un des princes les plus romanesques et les plus chevaleresques dont l’histoire orientale fait mention ; l’histoire d’Aboul-Feda et les tablettes chronologiques de Hadji-calfa font deux fois mention de l’acte du fetouwet, c’est-à-dire du grade de chevalier conféré la première fois l’an 578 (1182) : -mots en arabes que nous traduisons…- le calife Nassir revêtu du vêtement de la chevalerie par le cheikh Abdal-Djebbar. Cette cérémonie était accompagné d’un toast bu dans la coupe de la chevalerie (Kasol-fetouwet).

Ce passage, extrêmement important pour l’histoire de la chevalerie, donne en même temps l’explication la plus naturelle du graal, ce vase merveilleux, confié à la garde des Templiers, auquel ceux-ci n’ont pas manqué d’attacher un sens gnostique, comme les inscriptions arabes de ces vases le prouvent.(2) Le mot de graal n’est peut-être qu’une corruption du mot arabe al-kas, avec l’article mis en arrière. Quoiqu’il en soit de cette éthymologie, il n’est point de doute que la coupe du Saint-Graal ne soit retrouvée dans la coupe de la chevalerie arabe, kassol-fetouwet.

Reste à savoir quel était le vêtement de chevalerie, dont le chevalier était revêtu. Ce n’était point une cuirasse, ni, comme on pourrait le croire, un manteau, mais c’était des hauts-de-chausses, comme Aboul-Feda le dit expressément en deux endroits.(3)

« En cette année 607 (1210), arrivèrent des ambassadeurs du calife aux rois des provinces, afin qu’ils bussent à sa santé dans la coupe de la chevalerie, afin qu’ils se revêtissent des hauts-de-chausses de la chevalerie, et qu’ils tirassent à l’arbalète, selon la méthode du calife. »

Puis à l’an de la mort du même calife en 622 (1225) :

« Il mit tous ses soins à revêtir les hauts-de-chausse de la chevalerie, et ne permit d’autres arcs que ceux de sa façon.« 

L’acte de l’élévation au grade de chevalier était donc accompagné, non seulement d’un toast dans la coupe de la chevalerie, mais aussi d’exercices gymnastiques fort propres au métier de chevalier ; et ce grade de chevalier, qui était originairement une institution religieuse de la guerre sainte (comme Mr Fauriel l’a très bien remarqué), participait aussi à l’esprit de la chevalerie européenne par le plaisir de la coupe et par les exercices du corps. Le temps qui s’est écoulé entre le mot du Prophète, qui déclarait, par la bouche de Gabriel, son gendre Ali le chevalier par excellence, à la bataille d’Ohod (2-3—624), et les ambassades chevaleresques du calife Nassir-li dinillah (607==1210), embrasse six siècles, de sorte que la chevalerie arabe est de quatre siècles plus ancienne que l’européenne, dont la plus belle époque commença avec le temps des croisades et finit avec elle. Il est bon de remarquer que le calife Nassir-li dinillah était contemporain de Saladin, auquel il avait envoyé un diplôme de prince, un an plus tôt qu’il n’avait été revêtu lui-même du grade de chevalier par le cheikh Abdol-Djebbar. Or, le temps de Saladin, de Richard Coeur-de-Lion, du duc Léopold d’Autriche, et du roi Philippe-Auguste, c’est-à-dire la fin du XIIe siècle, est la plus belle époque de la chevalerie chrétienne. Cette époque datant de la fondation des Templiers, après la prise de Jérusalem, était à son apogée cent ans après, à la prise d’Acre par les Croisés, et finit avec la perte de cette place et l’évacuation de toute la Syrie, en 690 (1291).

Les deux capitales du califat, en Orient et en Occident, étaient Bagdad et Corfoue. La fondation de la première de ces villes, et les premières bâtisses des califes andalousiens, sont contemporaines. Al-Mansour, le grand chambellan de Hicham, est regardé par Mr Fauriel (tome 3, page 322) avec raison comme l’idéal du caractère et des sentiments chevaleresques ; mais, avant lui, le califat avait fleuri pendant deux siècles en Espagne, et, après la fin des croisades, l’esprit chevaleresque continua en Egypte jusqu’à la fin de la dynastie de Mameloucs Baharites, en 784 (1382).

La chevalerie arabe était donc bien plus vivace que la chevalerie européenne, dont le terme le plus long ne dépasse pas trois siècles. Mr Fauriel dit que c’est chez les Arabes d’Andalousie qu’on trouve les plus anciens vestiges de ces deux chevaleries, et que ces faits existent épars dans les livres arabes, la plupart encore inconnus. Le principal ouvrage dans lequel on peut puiser des renseignements sur l’esprit chevaleresque des premiers siècles, soit en Asie, soit en Europe, est l’Ikd d’Ibn Abd-rebbihi, décédé en 328 (939), puis les ouvrages historiques de Thaberi et de Masoudi. Les histoires du califat, par Soyouti, et le Gulcheni Khaulefa, imprimé à Constantinople, ne contiennent rien sur les réceptions chevaleresques du calife Nassir ; mais il s’en trouve peut-être des mentions dans les histoires d’Ibn-el-Esir, d’Ibnol-Kesir et d’autres ouvrages de la Bibliothèque de Paris.

Pour ce qui regarde les sentiments chevaleresques d’honneur, de valeur, de générosité, de délicatesse et d’égards envers les dames, ils abondent dans les poëmes les plus anciens des Arabes, et surtout dans les deux Hamasa, dans la grande d’Ebou-temmam, et dans la petite d’El-Bohtori, qui mériterait tout aussi bien que la grande les soins d’un éditeur et d’un traducteur.

Comme Ali est la fleur et le prototype des chevaliers arabes, et que Galib, c’est-à-dire celui qui prévaut, est un de ses noms, la liaison qu’il y a entre les idées et sentiments de chevalerie, attachés par les  Provençaux aux différentes formes de galoubié, et entre le nom du premier chevalier de l’Islam, saute aux yeux.

(1) Moins juste dans la traduction de Mr Kasimirski : « Dieu est puissant dans ses oeuvres. » Il fallait dire « Dieu fait prévaloir ses affaires. » Eoer (pas certain de la bonne traduction car illisible… ndr.) signifie commandement ou affaire mais non pas oeuvre.

(2)  Voir Mysterium baphometis, dans le VIe tome des mines de l’Orient…

(3) Annales muslemici, t. page 245 et 329.

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Lettre adressée au pape Urbain par les seigneurs croisés à Antioche

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Au seigneur le saint et vénérable pape Urbain, Boémond, Raymond comte de Saint-Gilles, Godefroy duc des Lorrains, Robert comte de Normandie, Robert comte des Flamands, et Eustache, comte de Boulogne, salut et fidèles services, et véritable soumission dans le Christ comme des fils envers leur père spirituel.

Nous voulons et nous désirons vous faire valoir par quelle grande miséricorde et assistance de Dieu, Antioche est tombée en notre pouvoir; comment les Turcs qui avaient couvert d’opprobre Notre Seigneur-Jésus, ont été pris et tués; comment nous, pèlerins de Jérusalem, avons vengé l’injure de Jésus-Christ, le souverain Dieu; comment nous, qui d’abord avions tenu assiégés les Turcs, fûmes ensuite assiégés par les Turcs venus du Khorassan, de Jérusalem, de Damas et d’une multitude d’autres provinces;comment enfin nous avons été délivrés par la miséricorde de Jésus-Christ. Lors donc que la ville de Nicée eut été prise; que nous eûmes, aux kalendes de juillet, comme vous l’avez su, vaincu une armée innombrable de Turcs qui s’opposait à notre passage, au milieu d’une campagne fleurie; que nous eûmes mis en fuite le grand Soliman; que ses trésors et ses domaines furent tombés en notre pouvoir; qu’enfin la Romanie fut en entier conquise et pacifiée, nous nous présentâmes pour mettre le siège devant Antioche. Dans ce siège, nous eûmes beaucoup à souffrir par les attaques des Turcs du dehors et des Païens, qui ne cessèrent de se ruer sur nous avec des forces considérables; en sorte qu’il était plus vrai de dire que nous étions assiégés par ceux que nous tenions fermés dans Antioche. Enfin, après tous ces combats et par suite des brillants succès que nous avons obtenus, la foi chrétienne a triomphé, ainsi que vous allez le voir. Moi, Boémond, ayant fait une convention avec un certain Turc, qui m’a livré la ville, j’ai appliqué des échelles contre le mur un peu avant le jour; et ainsi, le trois des nones de juillet (1), nous nous sommes mis en possession d’une ville qui précédemment refusait de reconnaître le Christ. Nous avons tué Gratien, tyran de cette ville, avec un grand nombre de ses guerriers. Nous sommes restés maîtres de leurs femmes, de leurs fils, de leurs familles, ainsi que de leur or, de leur argent et de tout ce qu’ils possédaient. Nous ne pûmes cependant nous mettre en possession de la citadelle d’Antioche, fortifiée d’avance par les Turcs. Mais lorsque le lendemain nous nous disposions à faire le siège de cette forteresse, nous vîmes se répandre dans les campagnes environnantes une multitude infinie de Turcs que nous savions être en marche pour venir nous attaquer, et que nous avions attendus hors de la ville. Le troisième jour ils nous assiégèrent et firent pénétrer dans cette citadelle un renfort de plus de cent hommes d’armes. Puis, par la porte de ce château, ils tentèrent de se jeter sur la partie de la ville située au bas et qui se trouvait commune aux uns et aux autres. Mais nous qui étions établis sur un autre monticule en face de la forteresse, nous gardâmes la voie qui descendait vers la ville entre les deux armées, pour les empêcher de faire en grand nombre irruption sur nous; et combattant nuit et jour au dedans comme au dehors, nous les contraignîmes de reprendre le chemin de la forteresse en question, et d’y rentrer par les portes par où l’on descendait dans la ville. Lorsqu’ils eurent reconnu que de ce côté ils ne pouvaient rien entreprendre contre nous, ils investirent la ville de toutes parts, en telle sorte qu’on ne pouvait plus ni sortir ni entrer. Cette extrémité porta parmi nous le comble à l’affliction et à la désolation; et au moment de succomber à la faim et à beaucoup d’autres privations, nous tuâmes les chevaux et les ânes qui étaient eux-mêmes exténués; et beaucoup d’entre nous se décidèrent à en faire leur nourriture. Sur ces entrefaites, la clémence miséricordieuse du Dieu tout puissant venant à notre aide et veillant pour nous, nous fîmes dans l’Église du bienheureux Pierre, prince des apôtres, la découverte de la lance du Seigneur, au moyen de laquelle le côté de notre sauveur avait été percé par les mains de Longin; laquelle lance avait été en trois différentes fois révélée à un certain serviteur de Dieu par l’apôtre saint André, qui avait même désigné le lieu où cette lance se trouvait enfouie. Nous fûmes tellement fortifiés et réconfortés par cette découverte et une multitude d’autres révélations divines, que nous qui étions auparavant pleins d’affliction et de terreur, devenus pleins d’audace et d’impatience, nous nous exhortions les uns les autres à combattre. Après avoir soutenu un siège de trois semaines et quatre jours, la veille de la fête des apôtres Pierre et Paul, pleins de confiance en Dieu, et après avoir confessé tous nos péchés, nous franchîmes en grand appareil de guerre les portes de la ville. Nous étions si peu nombreux, que les Turcs assuraient que nous sortions non pour les combattre mais pour fuir. Après nous être préparés et avoir disposé dans un certain ordre l’infanterie et la cavalerie, nous nous portâmes avec résolution au coeur même des forces ennemies; et, au moyen de la lance du Seigneur et dès le commencement de la bataille, nous les contraignîmes à prendre la fuite. Eux cependant, selon leur coutume, commencèrent de toutes parts à se disperser, puis ils tentèrent de nous cerner en occupant les collines et tous les passages qu’ils purent rencontrer. Ils pensaient ainsi assurer notre extermination. Mais la grâce et la miséricorde de Dieu, jointes à l’expérience que nous avions faite dans les précédentes rencontres de leurs ruses et de leurs manoeuvres, nous servirent si bien que nous qui étions si peu nombreux en comparaison d’eux, nous les forçâmes de se réunir sur un seul point; puis, la droite de Dieu combattant avec nous, nous les contraignîmes, ainsi réunis, à prendre la fuite et à nous abandonner leur camp et tout ce qu’il renfermait. Après avoir pendant tout un jour poursuivi les vaincus, et en avoir tué un grand nombre, nous revînmes à la ville pleins de joie et de bonheur. Cependant la forteresse dont nous avons parlé, et l’émir qui l’occupait avec mille hommes, se rendirent à Boémond; et tous sans exception se soumirent entre ses mains au joug de la foi chrétienne. Notre Seigneur Jésus-Christ soumit donc la ville entière d’Antioche à la religion et à la foi romaine. Mais, comme toujours quelque sujet de tristesse vient se mêler aux événements heureux, l’évêque du Puy que vous nous aviez donné comme votre vicaire, mourut le jour des kalendes d’août, après la fin de la guerre dans laquelle il s’était honorablement conduit, et la pacification de la ville.

Maintenant donc, nous tes fils privés du père que tu leur avais donné, nous t’invitons, toi notre père spirituel, qui nous as ouvert cette voie, et nous a fait à tous, par tes exhortations, abandonner nos domaines et tout ce que nous possédions sur la terre; toi qui nous a ordonné de suivre le Christ en portant nos croix, et nous as engagés à glorifier le nom chrétien, nous te conjurons de venir à nous pour accomplir ce que tu nous as conseillé, et de décider tous ceux que tu pourras gagner à se joindre à toi. C’est ici que le nom chrétien a pris son origine. Car, après que le bienheureux Pierre eut été intronisé dans la chaire que nous voyons chaque jour, ceux qui auparavant s’appelaient Galiléens, reçurent habituellement et pour la première fois alors le nom de Chrétiens.

Qu’y a-t-il donc de plus convenable dans l’univers entier, que de te voir, toi le père et la tête de la religion chrétienne, venir à la ville principale et capitale du nom chrétien, et mettre de ta personne fin à la guerre que tu as provoquée? Nous avons, nous, vaincu les Turcs et les Païens; mais nous n’avons pu vaincre les Hérétiques grecs, arméniens, syriens et jacobites. Nous t’invitons donc, notre père très-cher, en renouvelant nos instances, à venir, toi qui est notre père et notre tête, sur le siège de ta Paternité, afin de t’asseoir dans la chaire de saint Pierre, dont tu es le vicaire. Tiens-nous pour des fils obéissant dans toutes les choses bonnes à entreprendre. Tu déracineras et détruiras, par ton autorité et le secours de notre valeur, toutes les hérésies qu’elles soient. Ainsi tu ouvriras avec nous la voie de Jésus-Christ dans laquelle nous sommes entrés à la suite de tes prédications, ainsi que les portes de l’une et de l’autre Jérusalem, et le sépulcre affranchi du Seigneur; et tu élèveras le nom chrétien au-dessus de tout autre nom. Si tu viens à nous, et que tu achèves de parcourir avec nous la voie que tu nous as ouverte, le monde entier t’obéira. Que le Dieu qui vit et règne dans les siècles des siècles t’inspire cette résolution. Ainsi soit-il.

Comte Riant date cette lettre du 11 septembre 1098 dans  » Inventaire des lettres historiques des croisades « , Archives de l’Orient Latin, New York, AMS Press, 1978 (1881), pp. 181-183.

(1) Le texte est ici visiblement altéré. Au lieu de tertio nonas julii, il faut lire comme dans diverses chroniques tertio nonas junii, correspondant au jeudi 3 juin 1098.

Traduction prise dans J.F.A. Peyré, Histoire de la Première Croisade, Paris, Aug. Durand, 1859, vol. 2, pp.481-485.

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Lettre des seigneurs de la croisade aux chrétiens d’Europe

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Bohémond, fils de Robert, Raymond comte de Saint-Gilles, le duc Godefroy, et Hugues-le-Grand, aux fidèles catholiques de l’univers entier, la vie éternelle.

Pour vous faire connaître à tous comment la paix a été conclue entre nous et l’Empereur, et comment, à travers la terre des Sarrasins, nous sommes parvenus jusqu’ici, nous vous avons adressé cet Envoyé qui s’empressera de vous raconter, dans l’ordre des événements, tout ce qui nous est arrivé. D’abord il faut dire qu’au milieu du mois de mai, l’Empereur nous a donné par serment sa foi et la promesse de sa protection, le tout appuyé par des otages, à savoir son neveu et son gendre; promettant en outre de veiller à ce qu’aucun des pèlerins du Saint-Sépulcre ne fût à l’avenir molesté. Il envoya ensuite l’un de ses premiers officiers dans toute l’étendue de ses domaines, et jusqu’à Durazzo, pour porter la défense de blesser en quoi que ce soit les intérêts des pèlerins, sous peine d’encourir le supplice du gibet. Que pouvait-il faire de plus? Revenons maintenant aux événements qui devront combler vos coeurs d’une indicible joie. À la fin du mois de mai, nous nous préparâmes à combattre les Turcs, et les vainquîmes, grâce à Dieu. Dans cette bataille, ils ne perdirent pas moins de trente mille hommes. De notre côté, nous eûmes trois mille morts, qui sans aucun doute jouissent maintenant des gloires de la vie éternelle. À la suite de cette affaire nous avons rassemblé une immense quantité d’or, d’argent, d’armes et de vêtements précieux. Par la force de nos armes nous nous sommes mis en possession de la grande ville de Nicée. Au-delà de cette cité, dans une marche de dix jours, nous avons fait la conquête de plusieurs villes et châteaux. Ensuite nous avons livré une grande bataille devant Antioche, et avons, par la virilité de nos efforts, remporté une éclatante victoire; si bien que l’ennemi a eu soixante-neuf mille morts. De notre côté, notre perte a été de dix mille, qui sont morts dans la paix du Seigneur. Qui a jamais vu un pareil triomphe? Soit que nous vivions, soit que nous mourrions, nous appartenons au Seigneur. Il faut encore que vous sachiez que le roi des Perses nous a mandé qu’il nous présenterait la bataille le jour de la fête de tous les Saints, assurant que s’il reste vainqueur il ne cessera de faire la guerre aux Chrétiens de concert avec le roi de Babylone (du Caire) et la plupart des autres rois païens. S’il perd la bataille, il se fera chrétien avec tous ceux qu’il pourra entraîner à sa suite. En conséquence, nous vous supplions de pratiquer à cette intention le jeûne et les aumônes, et de célébrer la sainte Messe avec dévotion et assiduité. Et spécialement observez dévotement, par les aumônes et les prières, le troisième jour avant la fête, qui se trouve être un vendredi, jour du triomphe du Christ, que nous choisissons pour livrer cette mémorable bataille.

Moi, évêque de Grenoble, j’envoie ces lettres qui m’ont été apportées à Grenoble, à vous archevêque et chanoines de la sainte église de Tours, afin que vous les communiquiez à tous ceux qui viendront à la fête, et par leur moyen, aux différents contrées où ils doivent retourner. Que les uns prodiguent les prières et les aumônes, et que les autres se hâtent d’accourir avec leurs armes.

Comte Riant conclut que la lettre fut écrite entre le 28 juin 1098, la victoire sur Kerbogha, et le milieu de juillet, époque de départ pour Constantinople de Hugues-le-Maisné, dans  » Inventaire des lettres historiques des croisades « , Archives de l’Orient Latin, New York, AMS Press, 1978 (1881), pp. 175-176.

Traduction prise dans J.F.A. Peyré, Histoire de la Première Croisade, Paris, Aug. Durand, 1859, vol. 2, pp. 479-481.

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Découverte de la Sainte-Lance selon Raymond d’Aguilers

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Après la prise de la ville d’Antioche, le Seigneur, déployant sa puissance et sa bonté, fit choix d’un pauvre paysan, né Provençal, par lequel il nous rendit la force à tous, et adressa les paroles suivantes au comte et à l’évêque du Puy: « André, apôtre de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ, m’a invité, par quatre fois, et ordonné de venir à vous, et de vous livrer, après la prise de la ville, la lance par laquelle notre Sauveur a eu le flanc percé. Or, aujourd’hui, comme j’étais parti avec les autres pour aller combattre en dehors de la ville, j’ai été en revenant, renversé par deux cavaliers, et presque écrasé: triste et succombant à la fatigue, je me suis assis sur une pierre, la douleur et la crainte me faisaient chanceler; alors a paru devant moi le bienheureux André avec un sien compagnon, et il m’a adressé de vives menaces, si je ne m’empressais de vous livrer la lance. » Alors le comte et l’évêque du Puy lui demandèrent de leur rapporter en détail la révélation qu’il avait eue, et la vision de l’apôtre, et il leur répondit: « Lors du tremblement de terre qui eut lieu après Antioche, tandis que l’armée des Francs l’assiégeait, je fus saisi d’une si grande frayeur que je ne pus dire que ces mots: ‘Dieu, aide-moi.’ C’était au milieu de la nuit; j’étais couché, et n’avais dans ma cabane personne dont la société me rassurât. Comme ce saisissement dont j’ai parlé se prolongeait toujours et allait croissant, deux hommes parurent devant moi, portant le vêtement le plus brillant: l’un était plus âgé, avait des cheveux gris et blancs, des yeux noirs et bien adaptés à sa physionomie, une barbe blanche, large et très longue, et une taille moyenne. L’autre était plus jeune, plus grand et plus beau de forme que ne sont les enfants des hommes. Le plus vieux me dit: ‘Que fais-tu?’ Et moi je tremblais de tous mes membres, parce que je savais que personne n’était auprès de moi. Je lui répondis: ‘Qui es-tu?’ Et il me dit: ‘Lève-toi, ne crains rien, et écoute ce que je vais te dire: je suis André l’apôtre. Rassemble l’évêque du Puy, le comte de Saint-Gilles et Pierre Raymond d’Hautpoul, et alors tu leur diras: ‘Pourquoi l’évêque néglige-t-il de prêcher, d’avertir et de bénir le peuple avec la croix qu’il porte sur lui? Cela serait cependant for utile;’ et il ajouta: ‘Viens, et je te montrerai la lance de notre Père Jésus-Christ que tu donneras au comte; car Dieu la lui a destinée depuis le moment qu’il est né.’ Je me levai donc, et le suivis dans la ville, ne portant aucun autre vêtement que ma chemise. Et il m’introduisit par la porte du nord dans l’église du bienheureux Pierre, dont les Sarrasins avaient fait une mosquée. Il y avait dans l’église deux lampes qui répandaient autant de lumière que s’il eût fait jour en plein midi; il me dit: ‘Attends ici;’ et il m’ordonna de m’appuyer sur la colonne qui était la plus proche des marches par lesquelles on monte à l’autel du côté du midi, et son compagnon se tint loin devant les marches de l’autel. Étant alors entré sous terre, saint André en retira la lance, la remit entre mes mains, et me dit: ‘Voici la lance qui a percé le flanc d’où est sorti le salut du monde entier;’ et comme je la tenais en main, versant des larmes de joie, je lui dis: ‘Seigneur, si vous le voulez, je la porterai et la remettrai au comte;’ et il me répondit: ‘Tu le feras sans le moindre retard, aussitôt que la ville sera prise; alors tu viendras avec douze hommes, et tu la chercheras en ce lieu d’où je l’ai tirée, et où je vais la renfermer.’ Et il la referma. Ces choses faites, il me ramena par-dessus les murailles de la ville dans ma maison, et ils se retirèrent de moi. Alors réfléchissant en moi-même sur ma pauvreté et sur votre grandeur, je craignis de me rendre auprès de vous. Après ce temps, comme j’étais allé vers un château situé auprès de Roha [Édesse] pour chercher des vivres, le premier jour du carême et au premier chant du coq, le bienheureux André m’apparut avec les mêmes habits, et le compagnon qui l’avait suivi pour la première fois, et une grande clarté remplit ma maison, et il me dit: ‘Dors-tu?’ Étant ainsi réveillé, je lui répondis: ‘Non, mon Seigneur, je ne dors pas.’ Et il me dit: ‘As-tu dit ce que je t’ai depuis longtemps prescrit de dire?’ Et je répondis: ‘Seigneur, ne vous ai-je pas prié de leur envoyer un autre que moi? car, tremblant dans ma pauvreté, je n’ai pas osé aller à eux.’ Et il me dit: ‘Ne sais-tu pas pourquoi Dieu vous a amenés ici, combien il vous chérit, et combien il vous a spécialement élus? À cause qu’on l’a méprisé, et pour venger les siens, il vous a fait venir ici. Il vous chérit tellement que les saints qui sont déjà dans le repos, connaissant par avance la grâce de ses dispensations divines, voudraient être eux-mêmes en chair, et s’unir à vos efforts. Dieu vous a élus parmi toutes les nations comme les épis de froment sont triés au milieu de l’avoine; car vous êtes supérieurs en mérites et en grâce à tous ceux qui sont venus avant et qui viendront après vous, comme l’or est supérieur en valeur à l’argent.’ Après cela ils se retirèrent, et je fus accablé d’une telle maladie, que je perdis l’usage de la vue, et que je disposai, dans ma pauvreté, de mes petites ressources. Alors je commençai à réfléchir en moi-même, et à penser que ces maux m’étaient justement survenus à cause de ma négligence pour la vision de l’apôtre. M’étant donc rassuré, je revins auprès des assiégeants. Mais là, considérant de nouveau mon extrême pauvreté, je craignis encore, si je me rendais auprès de vous, d’être traité par vous d’homme affamé, et qui ne ferait de tels rapports que pour obtenir de quoi vivre, et cette fois encore je me tus. Cependant, un certain temps s’étant écoulé, comme je me trouvais au port de Saint-Siméon, et que j’étais couché sous une tente avec mon seigneur Guillaume Pierre, le bienheureux André se présenta suivi du même compagnon, et avec le même vêtement que j’avais vu auparavant, et me parla ainsi: ‘Pourquoi n’as-tu pas dit à l’évêque, au comte et aux autres ce que je t’avais ordonné de dire?’ Et je répondis: ‘Ne vous ai-je pas prié, Seigneur, d’envoyer en ma place un autre qui fût plus sage que moi, et que l’on voulût entendre? De plus, les Turcs sont sur la route, et ils tuent ceux qui vont et viennent.’ Et saint André me dit: ‘Ne crains rien, car ils ne te feront point de mal. Tu diras en outre au comte que lorsqu’il sera arrivé auprès du fleuve Jourdain, il ne s’y baigne point, mais qu’il passe en bateau; et lorsqu’il aura passé, revêtu de sa chemise et de son justaucorps de lin, qu’il se fasse asperger avec les eaux du fleuve, et lorsque ses vêtements seront séchés, qu’il les dépose et les conserve avec la lance du Seigneur.’ Et mon seigneur Guillaume Pierre entendit ces choses, quoiqu’il ne vît point l’apôtre. M’étant donc rassuré, je retournai à l’armée, et lorsque je voulus vous rapporter tout cela, je ne pus vous réunir tous. Je partis donc pour le port de Mamistra; là, ayant voulu m’embarquer pour aller dans l’île de Chypre chercher des vivres, le bienheureux André m’adressa les plus fortes menaces, si je ne retournais au plus tôt, et ne nous rapportais ce qui m’avait été prescrit. Je réfléchis alors en moi-même comment je retournerais au camp; car ce port était éloigné de notre armée de trois journées de marche environ, et je me mis à pleurer amèrement, ne voyant aucun moyen de m’en retourner. Alors, invité par mes compagnons et mon Seigneur, je m’embarquai, et nous nous mîmes en route pour aller dans l’île de Chypre; mais lorsque nous eûmes navigué toute la journée, et jusqu’au coucher du soleil par un bon vent et à l’aide de rames, il s’éleva tout à coup une tempête, et en une heure ou deux nous rentrâmes dans le port que nous avions quitté. Là j’essuyai une maladie très grave. Lorsque la ville d’Antioche a été prise, je suis venu vers vous, et maintenant, si cela vous plaît, assurez-vous de la vérité de mes paroles. »

L’évêque pensa que ce n’étaient là que de vaines paroles; mais le comte y crut tout aussitôt, et confia à Raymond, son chapelain, la garde de celui qui avait fait ce rapport.

[...]

Les nôtres donc s’était un peu rassurés attendirent le cinquième jour que le prêtre leur avait annoncé. Le lendemain, après avoir fait les préparatifs nécessaires avec l’homme qui avait parlé de la lance, ayant fait sortir tout le monde de l’église du bienheureux Pierre, nous commençâmes à faire une fouille. [...] Après qu’ils eurent creusé depuis le matin jusqu’au soir, vers le soir quelques-uns commencèrent à désespérer de trouver la lance. Le comte s’était retiré pour aller veiller à la garde d’un fort; et à sa place, ainsi qu’à la place de ceux qui s’étaient fatigués à travailler, nous en faisions venir d’autres, afin que l’ouvrage fût poussé avec vigueur. Le jeune homme qui avait parlé de la lance, voyant que nous nous fatiguions, ôta sa ceinture et ses souliers, et descendit en chemise dans la fosse, nous suppliant d’implorer Dieu, afin qu’il nous livrât la lance, pour rendre le courage à son peuple et assurer la victoire. Enfin, par la grâce de sa miséricorde, le Seigneur nous montra sa lance; et moi qui écris ceci, au moment où l’on ne voyait encore que la pointe paraître au dessus de la terre, je la baisai. Je ne saurais dire quels transports de joie remplirent alors toute la ville. La lance fut trouvée le 14 juin.

[Mais lorsque l’authenticité de la Lance est remise en question, Pierre Barthélemy propose de subir l’ordalie pour prouver ses dires]

« Je veux et je supplie qu’on fasse un très grand feu; je passerai au travers avec la lance du Seigneur. Si c’est la lance du Seigneur, je passerai sain et sauf; si c’est une fausseté, je serai brûlé par la feu, car je vois que l’on ne croit ni aux apparitions ni aux témoins. » Ces propositions nous plurent, et après lui avoir ordonné un jeûne, nous annonçâmes qu’on allumerait le feu le jour où notre Seigneur a été couvert de plaies, et mis sur la croix pour notre salut. Le jour où ces choses se passèrent était la veille du vendredi.

Au jour fixé et dès le matin, on fit les préparatifs du feu, qui se trouvèrent terminés après midi. Les princes et le peuple se rassemblèrent au nombre de quarante mille hommes; les prêtres y assistèrent pieds nus et portant leurs vêtements sacerdotaux. On fit en branches sèches d’olivier un bûcher qui avait quatorze pieds en longueur: il y avait deux monceaux de bois, entre lesquels on avait laissé un vide d’un pied de largueur environ, et chacun des deux monceaux de bois avait quatre pieds de hauteur. Lorsque le feu fut violemment allumé; moi, Raymond, je dis en présence de toute la multitude: « Si Dieu tout-puissant a parlé à cet homme face à face, et si le bienheureux André lui a montré la lance du Seigneur, tandis qu’il veillait lui-même, qu’il passe à travers ce feu sans être blessé: mais s’il en est autrement, et si ce n’est qu’un mensonge, qu’il soit brûlé avec la lance qu’il portera dans ses mains. » Et tous fléchissant les genoux, répondirent: « Amen! »

Cependant le feu était tellement ardent que la flamme s’élevait dans l’air à trente coudées, et que nul ne pouvait s’en approcher. Alors Pierre Barthélemy, revêtu seulement d’une tunique, fléchissant les genoux devant l’évêque d’Albar, prit Dieu à témoin « qu’il l’avait vu lui-même face à face sur la croix, et qu’il avait appris les choses qui sont écrites ci-dessus de lui et des bienheureux apôtres Pierre et André; qu’il n’avait lui-même inventé aucune des choses qu’il avait dites sous le nom de saint André, ou de saint Pierre, ou du Seigneur lui-même, et que s’il avait menti en rien, il ne pût jamais traverser le feu qui était devant lui. Quant aux autres péchés qu’il avait commis contre Dieu et son prochain, il pria que Dieu les lui remît, et que l’évêque, tous les autres prêtres et le peuple qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle priassent pour lui. » Après cela, l’évêque lui ayant remis la lance entre les mains, il fléchit encore le genou, fit le signe de la croix et entra d’un pas ferme, et sans la moindre crainte, dans le feu, portant toujours la lance; il s’arrêta sur un certain point au milieu des flammes, et traversa ensuite par la grâce de Dieu.

[...]

Après que Pierre Barthélemy fut sorti du feu, si bien que sa tunique ne fut point brûlée, et qu’on ne put non plus découvrir aucun indice de la moindre atteinte sur la pièce d’étoffe très fine avec laquelle on avait enveloppé la lance du Seigneur, le peuple se jeta sur lui, lorsqu’il eut fait sur tout le monde le signe de la croix, avec la lance du Seigneur, et crié à haut voix: « Dieu nous aide; » le peuple, dis-je, se jeta sur lui, le renversa à terre, et il fut foulé aux pieds au milieu de cette immense multitude, chacun voulant le toucher, ou prendre quelque chose de son vêtement, pour s’assurer que c’était bien lui. On lui fit ainsi trois ou quatre blessures dans les jambes; en lui enlevant des morceaux de chair, on lui brisa l’épine du dos, et on lui enfonça les côtes. Il eût même expiré sur la place, à ce que nous présumons, si Raymond Pelet, chevalier très noble et très fort, n’eût rassemblé aussitôt un groupe de ses compagnons, et s’élançant au milieu de cette foule agitée n’eût délivré Pierre, en combattant pour lui jusqu’à s’exposer aux plus grands dangers. Nous même alors nous étions rempli de sollicitude et d’angoisse, en sorte que nous ne saurions en dire davantage sur ce point. »

[Pierre Barthélemy mourut quelques jours après l’ordalie…]

Traduction par F. Guizot et R. Fougères, Histoire des Francs qui ont pris Jérusalem, Paris, Paléo, 2003, pp. 63-69; 72-74; 156-161.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 24 juin, 2007 |Pas de commentaires »

Bataille de Montgisard

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Le 25 novembre 1177

La bataille de Montgisard est probablement l’une des plus belles victoires des armées chrétiennes, principalement franque donc principalement venant de France.

Une grande partie des armées franques sont en Syrie. Saladin veut profiter de ce moment pour fondre sur Jérusalem. Saladin se dirigea d’abord sur Gaza mais les templiers prévenus de l’arrivée de Saladin ont fortifié à la hâte le château. Saladin préféra donc contourner pour aller à la ville d’Alascon. Baudouin IV avec ses chevaliers fondit vers la ville pour la défendre. Saladin encore une fois préféra rebrousser chemin et se diriger directement vers Jérusalem.

Cependant il préféra éparpiller une partie de son armée pour permettre le pillage et également de harceler par vagues d’attaques les positons chrétiens. Saladin ne pensait pas que Baudouin IV était un danger avec autant peu d’homme ce qui fut une erreur comme nous pourrons le voir plus tard. Saladin prit sur le chemin la ville de Ramala et assiégea la ville de Lydda et Arsuf. Baudouin IV comprit qu’il avait à une carte à jouer et réunit le plus de chevaliers possibles disponibles, estimés à 300 – 400 chevaliers, de 80 templiers et d’une petite centaine de fantassins.

Le lieu ou les forces franques de Baudouin IV et celle de Saladin se rejoignirent, fut sur le Montgisard à l’ouest de Jérusalem à Tell al-Safiya. Malgré qu’une partie de l’armée de Saladin était décomposée, les chevaliers se retrouvèrent à 1 contre 20. Baudouin était accompagné par le tumultueux Renaud de Châtillon, seigneur de Kerak, de Balian d’Ibelin et ‘surtout’ des reliques de la Sainte Croix, malgré les réticences des religieux. Les reliques avait également un effet dévastateur auprès des ennemis arabes, puisque utilisés dans de nombreuses victoires apportait un effet psychologique non négligeable, surtout que la croix qui représentait les reliques était visible de très loin.

L’armée dirigée par Saladin, déjà battu par Baudouin IV en 1176, est composée d’environ 30 000* éléments guerriers. Il faut cependant relativiser la grande majorité des armées Sarrazins étaient en général peu entraînées et pas très disciplinées. Ce qui n’enlève rien à la charge héroïque de l’armée franque d’autant plus que la faiblesse tactique des armées arabes était compensée par une armée largement plus nombreuse en nombre. On peut faire un rapprochement inverse avec la bataille de Thermopyles, qui malgré la bravoure de Léonidas et de 300 hoplites spartiates, ont succombé dans la totalité aux milliers de Perses. Le nombre est souvent un facteur de réussite guerrière surtout avec un effet psychologique dévastateur.

C’est donc « comme une mer » que l’armée arabe se présente contre les forces de Baudouin IV. À ce moment-là Saladin est totalement abasourdi ! il ne s’attendait pas du tout à voir Baudouin IV, c’est donc une attaque surprise et considérée comme suicidaire.

Il faut imaginer une marée humaine qui pour l’époque était déjà très impressionnante. Michel le Syrien dit : « Quand le Dieu qui fait paraître sa force dans les faibles, inspira le roi infirme… Il descendit de sa monture, se prosterna la face contre terre devant la Croix (saintes reliques) et pria avec des larmes. À cette vue le cœur de tous ses soldats fut ému. Ils étendirent tous la main sur la croix et jurèrent de ne jamais fuir et, en cas de défaite, de regarder comme traître et apostat quiconque fuirait au lieu de mourir ». Les saintes reliques étaient souvent emportées pendant les combats. On peut remarquer par ailleurs la similitude avec l’état d’esprit de l’époque des chevaliers français avec le goût du challenge et du sacrifice qui fera merveille plus tard Bouvines. On peut imaginer l’émotion face à une telle armée, surtout en étant aussi peu nombreux.

A la surprise générale, Les chevaliers francs fondirent courageusement sur les hommes de Saladin et comme dans du beurre éventrèrent l’armée arabe. Ce fut un réel carnage, l’armée de Saladin est complètement submergée par 400 chevaliers. Plusieurs officiers musulmans furent tués, mais surtout Saladin failli mourir.

Protégé par sa garde rapprochée de mameluk d’environ 1000 hommes, les chevaliers vont à nouveau fondre comme une masse, au point de se rapprocher dangereusement de Saladin. Il est à deux doigts de se faire tuer, mais réussit à la faveur d’une nuit tombante à s’enfuir dans le désert. L’armée de Saladin est presque anéantie et les rares survivants éparpillés dans le désert.

La victoire fut écrasante et pesa lourd dans l’esprit de Saladin et de son armée. Les forces franques, on pourrait presque dire française, était globalement déjà très redoutée et cette victoire à 1 contre 20 était de nature à mystifier et faire peur à une majorité de soldats arabes. Saladin semble t-il avait un respect de Baudouin IV et préférait dans certains cas ne pas pouvoir se battre, ce qui à donné à Saladin le terme « Saladin le sage ». Il fut plus sage par rapport au fait qu’il économisait son armée et des massacres inutiles que par sa générosité.

Cette victoire éclatante d’un roi diminué par la lèpre (maladie terrible pour l’époque, car atroce et profondément mutilante) fit de Baudouin IV un roi légendaire, qui préférait mourir malade au combat que dans un lit à attendre sagement la fin comme lui conseillait par ailleurs hardiment la majorité de sa cour. Elle permit par ailleurs de contracter un accord entre Saladin et Baudouin IV, permettant pendant environ quatre ans une relative paix.

Ps:

La bataille des chiffres est aussi difficile à trancher. Certains disent qu’ils étaient ‘que’ 7000 -8000 d’autres plutôt 20 000 et puis d’autres proches de 30 000. Le rationnel voudrait que qu’ils ne soit ‘que 7000 -8000 ‘ mais cela ne veut pas dire que c’est vrai. Les armées ‘professionnelles’ de Saladin étaient surtout composé de mameluck et de cavalier mais qui étaient très loin de représenter la majorité de son armée. La grande majorité était composé de guerriers pris sur le tars, souvent inexpérimenté et à pieds, face à des chevaliers ils n’avaient donc très peu de chance de survivre. De plus l’armée de Saladin à été mainte fois très largement en surnombre face aux armées francs, ce qui ne préjugeaient pas du tout des victoires. La victoire de Hattin par Saladin est lié plus à une imbécilité tactique des armées francs qu’une réelle suprématie militaire.

 http://www.montjoye.net/bataille_de_montgisard_1177

 

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 24 juin, 2007 |Pas de commentaires »

La Révolution des templiers

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La Révolution des templiers

Une histoire perdue du xiie siècle

De l’extraordinaire histoire des Templiers (1120-1312), seuls neuf manuscrits subsistent aujourd’hui qui en racontent la genèse. L’historienne Simonetta Cerrini les a longtemps cherchés avant de les trouver l’un après l’autre : à Rome, à Bruges, à Prague… jusqu’à Baltimore aux Etats-Unis - comme un jeu de piste, à la manière d’une enquête. Chaque manuscrit forme un chapitre de cet ouvrage, décrivant les règles de cet Ordre, la vie au quotidien de ses membres, mais aussi la personnalité du premier Grand Maître des Templiers, Hugues de Païens. En 1120, celui-ci eut l’idée de fonder à Jérusalem une société alternative à celle de son temps, où l’on pouvait accéder au sacré sans se couper du monde, être à la fois religieux et laïc. Mais l’Ordre du Temple voulait aussi s’ouvrir au plus grand nombre, refusant par exemple l’usage exclusif du latin, trop élitiste à ses yeux, et se montrant très tolérant, curieux des autres expériences religieuses, l’islam par exemple, comme en témoigne ici l’amitié entre les premiers Templiers et le célèbre émir Ousama.

Cette histoire perdue du XIIe siècle fait apparaître le caractère novateur et original de l’Ordre en même temps qu’elle en renouvelle profondément l’approche. On comprend ainsi combien la création de l’Ordre des Templiers fut une idée révolutionnaire. A l’aube du XIVe siècle, alors que plus rien en Terre sainte ne retenait les Européens, l’Ordre fut interdit. En France, Philippe le Bel obtint leur condamnation, mettant un terme à une aventure spirituelle qui avait duré plus de deux siècles.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 21 juin, 2007 |Pas de commentaires »

Guide Encyclopedique des Ordres Européens ?

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Pourquoi un Guide Encyclopedique des Ordres Européens

   Pour tout Contact /  Jean Y COLLIN  guideencyclopedique@neuf.fr Parce qu’il n’existe pas de guide moderne. 

Des multiples ouvrages, auxquels il sera fait référence, ont traité dans un passé plus ou moins proche, (tandis que de nouveaux travaux  en font l’ « aggiornamento »), du même sujet. Certains on traité des Ordres dans un cadre plus ou moins rapproché de l’europe, mais seulement au sens, encré dans les concepts politiques et sociaux de la première moitié du XXème siècle. 

D’autres, purement nationaux, se sont dédiés au marché des collectionneurs, négligeant le sens historique de la création et, politiquement, du message signifié par le port (ou l’absence) des insignes de ces ordres par les dignitaires politiques et diplomatiques lors de visite et cérémonies officielles ou protocolaires.[1]

Les Livres historiques, de même que les biographies, qu’elles quelles soient, n’énoncent pas toujours le détail des récompenses (Ordres, décorations, portraits de souverains en médaillon, armes d’honneur ( pour ses deux cas enrichi d’or, de diamants  et de pierreries), octroyés par les souverains, soit parce que l’information ne fut pas suffisamment connue, soit parce que les auteurs n’y attachèrent qu’une importance secondaire.

   L’Histoire, 

            L’Europe est une entité géographique mais aussi, depuis un millénaire, une entité culturelle. Les migrations des peuples qui la composent ont permis de lui donner une civilisation commune. Elle est restée pourtant avec ses différences spécifiques à chaque nation. Chacune est restée jalouse de ses spécificités, que leurs chefs n’ont pas manqué de développer à leur propre avantage pour conserver le pouvoir et porter un titre de « Prince Souverain ». Ils ont tous eu besoin d’hommes liges et en ont fait leurs chevaliers.

Cette civilisation commune fait que tous les souverains d’Europe utilisent, depuis plusieurs siècles déjà, des moyens similaires pour les fidéliser à leur couronne et distinguer leurs meilleurs sujets, « Ils les honoraient en les intronisant au sein d’un Ordre Chevaleresque ».

Ces Ordres devenus rapidement prestigieux n’avaient qu’une classe, strictement réservée, et ils furent sévèrement codifiés. Une religion commune (à cet époque chrétienne et catholique) a renforcé leur structure monolithique et discriminatoire.

Au cours du temps, et particulièrement dans la première moitié du XIXème siècle, ces distinctions ont changé de signification en perdant la notion des prérogatives attribuées à la seule classe de la noblesse chrétienne. Elles se sont diversifiées en y introduisant la notion de Mérite et divers grades au sein même de l’Ordre. Les distinctions honorifiques se sont alors transformées sur le principe même de leur affectation dans la seconde moitié de ce même siècle en les ouvrant à toutes les classes, sans distinction ethnique, ni de religion (sauf exceptions). Quelques très rares Ordres aux origines multiséculaires, ont conservé quasi intacts les symboles les rattachant à la Chevalerie.

Les Ordres ont partout en Europe un esprit et une organisation d’une similitude remarquable.

Jusqu’à maintenant, il n’existait pas d’ouvrage exhaustif mettant en relief cette marque de notre commune civilisation. Cette évidence a conduit des chercheurs spécialisés provenant de divers pays à créer notre Association pour la rédaction d’un ouvrage sur l’évolution comparative de cette Europe des Distinctions.

Il s’agissait pour l’Association des Auteurs de créer un Guide général des Ordres, ce qui constitue une forme originale de la « Maison Europe ».

***

  Présentation de l’ouvrage.

***       

              Le Guide Encyclopédique des Ordres Européens de Chevalerie et de Mérite est destiné à tout public en général, aux historiens, aux professionnels et aux amateurs éclairés.

Il a pour objet d’être, à la fois un instrument de recherche, un document culturel et scientifique, car on peut dire que la phaléristique a été presque totalement ignorée dans les formations académiques ou universitaires. Seule, l’étude personnelle permet d’acquérir une connaissance approfondie en la matière.

La phaléristique ([2]) ne se limite pas à la recherche d’objets de collection. C’est une science auxiliaire de l’histoire dont l’étude doit être conduite dans le cadre d’une vaste fresque encyclopédique.

Nous voulons également développer la philosophie qui conduit les hommes à rechercher des marques tangibles d’honneur destinées à proclamer les mérites de ceux qui les ont reçues. Nous nous efforçons de donner au lecteur les éléments nécessaires à une brève approche historique des états dont elles sont issues. Cette approche permet une meilleure compréhension des événements qui ont conduit les Empereurs, Rois ou Chefs d’états à la création de chaque Ordre. 

On ne peut dissocier l’histoire des Ordres de celle des phaléristiciens, artistes, artisans et créateurs de médailles, tenant compte de la somme de connaissances, du savoir-faire, de la dextérité, de la qualité et des soins dont elles font l’objet de la part de leurs concepteurs et fabricants. Le Guide n’obéit à aucun mobile événementiel et s’efforce de traiter, avec un maximum d’impartialité, de tous les pays de l’Europe, quels qu’aient pu être leurs régimes, passés ou présents. Confrontés à un choix difficile, nous avons arbitrairement admis de donner pour point de départ à nos travaux, les ordres existant et en vigueur au début du XVIIIème siècle.

Nous devons signaler à nos futurs lecteurs qu’il existe déjà pour chaque pays de nombreux et excellents ouvrages présentant les Ordres ayant disparu antérieurement au XVIIIème siècle. Nous en donnerons la nomenclature, non exhaustive, mais la plus étendue possible.

Nous prendrons en compte tous les Ordres existant à cette époque dans tous les états que l’Europe comportait à cette période de l’histoire.

Conscients des multiples implications et de l’influence réciproque que ces ensembles géopoli­tiques ont exercé au sein de l’Europe – d’une manière formelle les uns sur les autres -, nous recherchons les preuves de ces implications et les caractères communs de notre civilisation européenne.

 Il nous est impossible, par contre, de passer sous silence certaines grandes institutions ou congrégations reconnues internationalement qui ont leurs propres Ordres. 

L’Ordre de Malte, plus précisément, constitue un véritable État au sens du droit international public. Il est reconnu à ce jour, comme tel, par près de 60 autres États. Certains, comme la France, le reconnaissent en qualité de personne internationale. C’est d’ailleurs en ce sens, que le 5 septembre 1983, a été signé un accord entre, d’une part « l’Ordre Souverain Militaire et Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte » ; et d’autre part, la France représentée par Monsieur le Ministre des Relations Extérieures. Les décorations de l’Ordre de Malte sont, à ce titre, reconnues officiellement, en France par la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur. La plupart des états étrangers permettent également à leurs nationaux d’arborer les décorations de l’Ordre de Malte.

D’autres Ordres ne sont pas dans la même situation que l’Ordre de Malte, mais jouissent d’une reconnaissance spéciale. Compte tenu du fait que les États qui les avaient créés ont perdu leur caractère étatique, ils n’ont plus d’existence légale ; mais ils ont un tel prestige et une telle notoriété, que nul ne pourrait les qualifier de « faux Ordres».

C’est pourquoi ils prennent aussi rang dans le Guide Encyclopédique. 

***

Organisation de l’Ouvrage:

L’ouvrage est organisé de la manière suivante.

- Avant-propos

Il est inclus dans le Guide et s’efforce de faire partager aux lecteurs les idées et les intentions qui président à l’écriture de l’ouvrage.

- L’Introduction :

Elle est destinée à faire découvrir la réalité des Ordres, l’histoire de leur origine, de leur développement et des valeurs dont ils sont l’expression. Elle est suivie par

- Le Glossaire :

A l’aide de textes illustrés de dessins de différentes couleurs, il permet de suivre le vocabulaire spécifique à la Phaléristique et à l’Héraldique et de reconnaître avec certitude tous les éléments qui constituent le bijou d’un Ordre.

Mais aussi d’en comprendre la symbolique.

- La Nomenclature :

Chrono-historique, elle est la base du Guide et son épine dorsale (nous la pensons et l’espérons quasi exhaustive), elle prend en compte tous les ordres, traités par pays ou états et par date de fondation.

C’est une lourde tâche, en toute franchise, à cause de la riche et complexe histoire de l’Europe. A cela, s’ajoutent aussi leurs mutations au sein même des états, en raison de la dispersion ou du regroupement de ceux-ci.

La nomenclature permet de s’assurer rapidement que l’ordre examiné a, ou a eu, une existence légale. Elle précise également les dates de sa création, éventuellement celle de son abolition, voire de sa recréation pour certains.

- Le Corpus :

Ensemble des chapitres que l’on retrouve pour tous les pays faisant l’objet du Guide Encyclopédique.

Il se subdivise en trois grands premiers chapitres : 

- Présentation Historique,

- Dynasties,

- Listes patronymiques et alphabétiques de  personnalités.

  - Présentation Historique, Il traite de l’historique des états dans la qui donne un aperçu de l’histoire de cet état suivi des chapitres sur les « Dynasties » qui donne pour les royaumes, empires et principautés la succession des monarques et de leur généalogie succincte, qui en furent les chefs de l’état, durant la période intéressant le Guide.

-  Listes patronymiques et alphabétiques de  personnalités. Elles ont pour but d’offrir à tout particulier, chercheur, phaléristicien ou même généalogiste, un accès rapide à l’objet de sa recherche (personne dont il veut connaître les distinctions, ou ordre dont il veut connaître ou vérifier les titulaires).

Les professionnels et collectionneur pourront également trouver là matière à affiner leur étude d’un bijou et la succession éventuelle de ses possesseurs et des « Ordres», de chaque pays,  état par état, – chacun des Ordres représentant un Chapitre.

 Après le chapitre « Présentation Historique » et pour de presque tous les états sont représentés un portrait officiel du monarque ou du président de l’état avec la liste de ses distinctions honorifiques.

Il s’accompagne parfois celui d’un de ses plus remarquable gouvernant dans les mêmes conditions

Le corpus en lui-même est composé de trois parties à la fois littéraires et techniques, notamment :

  - 1ère Partie :  

Recherche historique et anecdotique ayant pour objet de présenter dans les pays, le ou les fondateurs des Ordres couverts par le Guide. Cette partie historique apportera également des renseignements plus généraux, tant sur les raisons de la création, que du développement des Ordres dans ces pays. Elle évoquera, en fin de chapitre, le plus possible de personnages historiques de premier plan, civils ou militaires, honorés de ces Ordres. Quand elles existeront auprès les Ministères ou des Archives Nationales ou dans des Almanachs et que nous en aurons connaissance, nous en publierons les listes.

  Les titres spécifiques de la première partie sont respectivement :

Création de l’Ordre, Attribution de l’Ordre, 

Nominations dans l’Ordre.   Le paragraphe Nominations dans l’Ordre est une innovation en la matière. En effet, le guide apporte, dans la mesure des possibilités archivistiques les listes les plus exhaustives possibles des récipiendaires, ordre par ordre. Cette introduction permet différents types de recherches : d’abord ceux qui en furent distingués et à quelle époque, les généalogistes familiaux y trouveront souvent confirmation d’une donnée intéressant leur généalogie. Les experts et les collectionneurs confirmeront la trace d’un bijou de l’ordre, celle de son authentification par le lien de la descendante. D’autre part, ce travail en profondeur qui pourrait sembler fastidieux, fait ressortir, par  rapprochement  la valeur relative de l’ordre pour l’État et dans la population.

   - 2ème Partie : 

Elle regroupe essentiellement tous les Ordres en vigueur ou parfois éphémères et disparus, durant le XIXème siècle et les principales modifications officielles de leurs statuts.

Le titre spécifique en est :

Structure de l’Ordre.   - 3ème Partie : 

Pratique et matérielle, elle donnera une description détaillée des différents types de bijoux, insignes des Ordres, médailles adjointes et parfois commémoratives, divers fabricants et fabrications, les noms et origines de ces principaux fabricants, les planches de rubans dans leurs couleurs d’origine avec leurs modifications. Le tout est accompagné d’un maximum d’illustrations.

Les titres spécifiques en sont:

Insignes de l’Ordre, Ruban de l’Ordre, 

Fabricants.   Suivent deux autres chapitres : 

- Les Personnages Illustres : 

Le point commun de tous ces personnages est qu’ils furent tous porteur de la Légion d’Honneur au plus haut niveau de classe de celle-ci.

C’est sur un choix, qui pourrait sembler arbitraire, d’un ensemble de personnages des XIXème et XXème siècles, de premier plan (social, politique ou militaire), qui permettent, grâce à la diversité des Ordres dont ils furent honorés, de bâtir une thèse sur la valeur toute morale des Ordres et l’analogie de ceux-ci dans leurs attributions, mais aussi une interprétations des relations diplomatiques des états et faire apparaître les contradictions créés par les modifications des alliances et leurs revirement entre les « Grands » (Angleterre, Autriche, Espagne, France, Prusse, Russie)  entre 1820 et 1900.

- Les Méthodes de Fabrication : 

Textes écrits par ou en collaboration avec différents fabricants français et étrangers, ainsi que par la Monnaie de Paris sur les Méthodes de fabrication, les problèmes inhérents à ces fabrications et les commentaires des fabricants.

- Les Index : 

Ils compléteront les moyens de recherches, permettant l’identification rapide de chaque Ordre.

Ils sont partagés en deux groupes, le premier par légendes et exergues, couleurs, symboles héraldiques et toute autre manière que chacun maîtrisera bien vite.

Le second par noms des fondateurs.

- La Bibliographie Générale : 

Ensemble des ouvrages édités ou non, soigneusement sélectionnés et auxquels le Guide se réfère. A cet égard, l’apport des spécialistes était de la plus haute importance et les nombreuses correspondances échangées avec eux nous ont largement aidés dans ses recherches. Nous publions les plus importantes, celles inédites ou provenant de personnages aux origines dynastiques nous apportant des éclairages particuliers sur les ordres de leur famille.

Dans nos investigations les collaborateurs du Guide ont été particulièrement attentifs à éviter les erreurs résultant de compilations successives, qui ont maintenu quelques méprises.

- La Nomenclature Bibliographique : 

Elle se caractérise par la liste d’un ensemble d’ouvrages édités qui permettra aux amateurs et aux chercheurs d’accéder aux ouvrages des meilleurs auteurs. Ces ouvrages sont cités, non comme ayant servi de références au Guide, mais en raison de leur existence et de leurs qualités.

L’ouvrage se terminera par la TABLE DES MATIèRES précédée des deux chapitres suivants :

- Le Rôle Général : 

Il est ouvert, pour honorer de leur active participation à notre ambitieux travail d’équipe : les Personnalités, les Membres d’Honneur, les Membres Fondateurs Coauteurs, les Membres Titulaires et les divers participants, qui seront cités avec leur accord. C’est grâce à la collaboration des Membres Coauteurs de l’Association, que ce Guide pourra se réaliser.

- Les Remerciements, 

Ils apportent à tous ceux qui ont cru et participé à la réalisation de l’ouvrage, la reconnaissance des auteurs à leur action de soutien.

Aux membres correspondants bénévoles, souvent eux-mêmes auteurs d’ouvrages qui jouissent dans leur pays d’une grande notoriété, nous adressons nos plus vifs remerciements.

Par leurs encouragements en nous accordant l’autorisation de nous référer à leurs travaux et publications, ils contribuent à l’enrichissement du Guide. En mettant à notre disposition leurs documentations et leurs collections, ils nous apportent une grande quantité de documents iconographiques ou holographiques souvent inédits.

Nous devons une mention particulière à Mesdames et Messieurs les Conservateurs des Musées et leurs collaborateurs, auxquels nous avons eu si souvent recours. En faisant confiance à notre action, ils nous ont conseillés dans nos recherches et ouvert leurs Musées et leurs vitrines pour notre documentation. 

Au début de chaque chapitre des remerciements spécifique sont présentés à ceux qui en sont les principaux collaborateurs.

C’est grâce à tous que ce Guide aura le mérite d’être une véritable Encyclopédie.  

   ***

INTRODUCTION AUX ORDRES.

     Depuis les temps les plus reculés et au moins depuis que l’homme vit en groupes constitués et hiérarchisés, le principe même des récompenses, pour l’acte ou les actes particuliers d’un individu ou d’un groupe d’individus au sein de la communauté, est connu.

Au temps les plus anciens, cette reconnaissance s’est le plus souvent exprimée par l’attribution d’une marque physique offerte par le ou les représentants du groupe, à ou aux auteurs de l’action.

Qu’il s’agisse de tatouages, de cailloux de couleurs, de coquillages pour les peuplades aux civilisations peu élaborées, de couronnes de fleurs ou de feuilles, de coiffes emplumées, de bijoux, de vêtements, d’armes spéciales, de statues et de monuments chez les Grecs et les Romains, qui créeront le premier objet destiné à récompenser les légionnaires sous la forme de Phalères (1), du partage même du butin, fait en fonction de sa place dans la hiérarchie ou de son action au cours des combats. Pourtant rien ne lie entre eux les récipiendaires, à part leur appartenance au clan ou à l’armée.

Les Ordres de Chevalerie au début de l’époque médiévale son déjà une institution internationale dont les membres étaient pairs, la chevalerie, forme chrétienne de la condition militaire, laissait à ses membres toute liberté d’évolution et ne leur imposait que le respect d’un idéal commun.

Un second lien va ce créer entre ces hommes avec l’apparition des « Ordres Charitables » qui se constituèrent pour aider et soigner les pèlerins, sur le chemin des hauts lieux de pèlerinages et de Jérusalem.

Les communautés monastiques religieuses sont à l’origine de tous les futurs ordres de chevalerie qui se constituèrent durant cette période du XIème siècle, en leur transmettant leurs règles. Ces confréries de moines soldats, très hiérarchisées, où une forte discipline était observée, devinrent vite puissantes, riches et illustres, et rendirent de si importants services aux causes qu’elles servaient que les princes, tant dans le but de renforcer leur autorité que de rehausser l’éclat de leur couronne, créèrent des ordres dont ils s’instituèrent Grands Maîtres et dont les membres étaient unis à eux par un serment d’allégeance. 

Cette institution de la chevalerie qui existait donc depuis les temps mérovingiens et le début du Moyen âge, avait donné un éclat prestigieux au titre de Chevalier. Celui-ci était conféré, aux hommes qui s’étaient distingués par leur bravoure et leur loyauté après une cérémonie particulièrement solennelle « l’Adoubement ».

Ce titre était si convoité, que la plupart des souverains de l’Europe se faisaient un honneur de le porter eux-mêmes.

La légende du roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde reste un des grands moments de la poésie féodale.

L’ensemble des Chevaliers adoubés de cette époque, ne constituait certes pas un « Ordre » obéissant à un chef ou à un Grand-Maître. Ils n’étaient même pas liés entre eux par l’Adoubement. Ils partageaient tout au plus quelques règles de vie et de morale issues de la religion chrétienne et ne portaient pas de signe distinctif.

C’est de l’origine latine du mot Ordre « ORDO » : celui qui appartient à une classe sociale (ordre des Sénateurs, ordre des Chevaliers, ordre des Plébéiens), celui qui fait partie d’un groupe social, par extension d’un groupe reli­gieux, que va naître cette notion d’Ordre Chevaleresque.

En Occident, la vie monastique se développe après 370, il lui faudra cent soixante ans avant de trouver son mode de vie. Saint-Benoît de Nursie fonde, en 529, en Italie, le monastère de Mont-Cassin. Il établit la Règle des Bénédictins qui donne au monachisme occidental sa forme définitive. Elle impose de vivre dans un monastère, pauvreté et chasteté, obéissance à l’abbé, travail obligatoire, devoir d’hospitalité en s’occupant des pauvres et de l’enseignement. Ils vivent d’élevage et d’agriculture. Ces règles ordonnent jusque dans leurs moindres détails les actes de leur vie au quotidien. Les membres de l’Ordre (abbés, moines, frères convers) font vœu pour leur vie entière de vivre et de respecter ces règles. Bientôt leurs protections vont s’étendront aux pèlerins et plus tard aux croisés sur les chemins des lieux Saints.

Ces devoirs sont édictés par un chef religieux, avec l’approbation et la garantie du siège apostolique (Saint Grégoire le Grand 590-604) ; les Ordres bénéficieront de privilèges et exemptions remarquables par rapport aux autres groupes de population.

Historiquement, les ordres religieux seront véritablement fixés à l’assemblée d’Aix-la-Chapelle dans les années 815 à 817 sous la direction de Saint Benoît d’Aniane. Ils recevront la protection de Charlemagne et des papes Étienne V et Pascal Ier. Les membres des communautés devront appliquer rigoureusement la règle bénédictine.

L’ère des croisades débutera en 1095 avec le pape Urbain II (1088-1099) et des foules entières se trouveront sur les chemins des pèlerinages. Durant celles-ci, certaines congrégations religieuses participeront à la lutte armée en s’adjoignant des laïcs qui porteront les armes pour eux.

Il faut dire que certains Ordres sont déjà installés sur la route des pèlerins et même jusque dans les lieux Saints. Ils sont protégés depuis le quatrième siècle par l’Empire byzantin devenu entre temps l’Empire Orthodoxe Grec.

Avec l’invasion seldjoukide de la Palestine et la perte de Jérusalem par l’Empire de Constantinople, l’accès en ces lieux de ferveur religieuse et de prière sera plus difficile. Au début, l’église du Saint-Sépulcre, géré par des moines, négocie avec les envahisseurs musulmans des conditions acceptables pour rester dans les lieux et y recevoir les pèlerins. Ils vivent, sinon en bonne intelligence avec les califes, du moins tolérés par l’Islam moyennant de fortes redevances

Le durcissement des rapports entre musulmans chiites et sunnites (Turcs et égyptiens) qui se disputent Jérusalem changera les relations avec les pèlerins[3]. Il faudra alors compter avec les brimades, parfois le pillage et le massacre des pèlerins qui n’ont pas la possibilité de s’acquitter des droits que les musulmans turcs exigent d’eux pour les laisser pénétrer dans l’enceinte de la ville. Cette situation, dans cette deuxième moitié de l’an mille où la ferveur religieuse en Occident est décuplée par la grande crainte de la fin du monde dont on sort tout juste, entraînèrent le pape Urbain II depuis Clairmont d’Auvergne en novembre 1095 à prêcher la première croisade ([4]).

Après le désastre et le massacre des croisés conduits par Pierre l’Ermite ([5]), la première croisade, dite des Barons ([6]) Elle empruntera quatre routes à travers l’Europe pour se retrouver à Constantinople où elle passe des accords avec l’empereur et partira pour sa destination par Nicée, première victoire et premiers massacres. Ceux-ci sur leur route sont aussi dramatiques pour les musulmans que ceux qu’ils ont fait subir aux malheureux pèlerins de Pierre l’Ermite. Ils prendront Antioche d’assaut, puis, le 15 juillet 1099, Jérusalem dans un bain de sang.

En 1099, il y a déjà dans la ville – lors de sa prise par Godefroy de Bouillon – des « Frères Hospitaliers de Saint Jean » bien implantés.

Les Frères Hospitaliers accueillent charitablement le vainqueur et s’empressent auprès des croisés, mais sans doute déjà, prévoient un sombre avenir pour leur relations futures, car, dès cet instant et grâce aux donations de Godefroy de Bouillon, ils préparent leur propre défense d’où émerge un premier Grand-Maître en la personne de Gérard.

En plus de leurs actions caritatives et charitables, ces congrégations organisent la lutte en recevant dans leurs rangs des guerriers laïcs ou des chevaliers peu fortunés, qui trouvent gîte et couverts et bientôt gloire en échange de leur force et de leur bravoure. Avec le temps on donne, à ces ensembles, un seul titre celui de « Chevaliers » : Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, Chevaliers du Temple, Chevaliers Teutoniques, Chevaliers de Calatrava, etc., en fonction de leurs origines, de leur point de résidence, de leur Saint-Patron, etc.

Ceux qui les composent sont issus d’origines diverses et les ordres sont véritablement mixtes. D’une part, les religieux qui sont voués aux tâches de dévotion à la religion catholique et se dévouent en plus à celles hospitalières. D’autre part, les chevaliers sont le bras armé de l’Ordre.

Bientôt, la renommée aidant, une sélection rigoureuse s’établit pour leur admission dans les rangs de l’Ordre. Les membres doivent être nobles et apportent avec eux leurs écuyers et gens d’armes. Ce sont eux qui font la gloire des Ordres. Pour se reconnaître entre eux, les membres d’un même Ordre portaient sur leurs habits sacerdotaux, leur côte de maille ou leur armure, une marque distinctive. Le plus souvent sous forme d’une chasuble blanche ou de couleur (la coule), ornée des marques de l’Ordre de diverses formes. Ces coules se différencient surtout par la couleur et la forme spéciale de leurs Croix. Ces marques distinctives sont restées dans la mémoire des nations bien après la disparition des Ordres.

A la perte du Levant par les chrétiens, une part importante de ces ordres disparaît ; certains, les cinq plus grands, survivent : Ordres de Saint Jean de Jérusalem (Malte), du Temple, Teutonique, du Saint Sépulcre et de Saint Lazare.

Les Ordres acquièrent une puissance et une richesse consi­dérable car leurs membres, de haute et grande noblesse, leurs apportent des biens et des dons importants. Leurs monastères constituent d’immenses fortunes mobilières et immobilières. Les Ordres s’enrichissent aussi de différents commerces de l’argent.

En principe soumis à l’autorité papale (ils doivent à ceux-ci leurs bulles d’approbation, leurs rè­gles, leurs privilèges et bien entendu  leur bénédiction), mais aussi aux différents souverains qui, en échange de leur aide, leurs ont concédé d’énormes territoires et privilèges. Ils échappent facilement à celle de ces souverains temporels auxquels leurs Grands-Maîtres ou certains grands dignitaires opposent souvent un véritable antagonisme politique. La puissance de certains ordres est telle que leurs plus hauts représentants ne cèdent le pas qu’aux monarques. Les souverains, mais aussi la noblesse, prennent ombrage de cette puissance et de cette richesse, ce qui attire les ordres dans des luttes où ils épuisent fatalement leurs forces. Ils sont sécularisés ou bien dissous, de par la volonté des souverains avec l’appui ou la connivence de la papauté, à laquelle ils ont également échappé, du fait même de leur fonctionnement. Chaque Ordre vit sous l’autorité d’un Grand-Maître élu par les dignitaires de l’Ordre et auquel les Chevaliers jurent obéissance. Cette disposition est à l’origine même du problème.

***

Très tôt pourtant, en Occident, les souverains comprennent le parti qu’ils peuvent tirer de cette notion d’Ordre, comme le définit l’origine latine du mot.

C’est ainsi que, le roi Edward III d’Angleterre (le premier en 1348), le Duc de Savoie, en 1362, le duc de Bourgogne, en 1429, les rois Louis XI en 1469, puis Henri III, en France, l’empereur et roi, Charles Quint, pour l’Espagne et l’Autriche, Marie Thérèse d’Autriche, d’autres encore et bien entendu leurs successeurs, surent attirer pour se les attacher personnellement ou à leur dynastie des hommes de fortes personnalités, en les faisant membres d’Ordres laïques sous le haut patronage de Saints, le tout avec la Bénédiction du Saint-Siège.

En France, l’Ordre de Saint Michel, par ses statuts et sa durée, est le plus ancien que nous possédions de cette sorte, créé par Louis XI. Nous en possédons les statuts. Cet Ordre de Saint Michel, qu’il crée quarante ans après l’Ordre de la Toison d’Or, est véritablement le prototype de ce qui a été exposé précédemment. Le choix en ce quinzième siècle, de l’Archange Saint Michel, est sans doute une survivance du culte voué à celui-ci durant tout le Moyen-Age. Mais il faut surtout y voir la volonté du roi de disposer d’un Ordre dont il serait l’unique Grand-Maître et dispensateur. D’autres Ordres l’ont sans doute précédé, comme les Ordres de la Sainte Ampoule, de l’étoile, de la Couronne de Frise, etc., qui paraissent bien avoir existé. Pour beaucoup ils relèvent plus de la légende que de la réalité et malheureusement, sans leurs statuts nous ne savons rien de suffisant sur leur histoire ni souvent à quoi ressemblaient leurs insignes. Ils avaient tous disparu au XVIIIème siècle.

Pour augmenter le prestige de leurs Ordres les souverains demandaient une approbation pa­pale – ce qui confère à l’Ordre un caractère sacré auquel les Chevaliers sont attachés par le Serment. De cette manière, l’appartenance à l’Ordre les contraint, en même temps, à une obéissance aveugle à leur Grand-Maître, qui était également leur souverain.

Les Ordres de Chevalerie impériaux, royaux ou princiers sont composés à l’origine uniquement de Chevaliers (nobles d’origines militaires), en nombre très restreint (24 pour la Jarretière, 25 pour la Toison d’Or, 25 pour le Saint Esprit). Ces nobles, le plus souvent de très haute lignée, sont capables soit de servir sous les armes, soit de réunir autour d’eux de nombreux hommes d’armes ou des partis influents.

Pour distinguer les membres de l’Ordre des autres dignitaires de leur cour, on leur attribue un ensemble de signes distinctifs, souvent ostentatoire. De là, la naissance des bijoux d’Ordre. Au début, la pratique la plus courante consiste en une représentation du Saint Patron de l’Ordre,’ suspendue par un cordon de soie ou de tissu, très vite ils sont remplacés par un collier (ensemble de motifs en plaques et chaînes d’or, rehaussé d’émaux et de pierreries). Plus tard on place cette représentation au centre d’une Croix émaillée, puis l’on y ajoute devises et souvent dessins héraldiques, issus des armoiries des fondateurs.

Les Chevaliers membres d’un ordre portent le vêtement de l’Ordre. Ce vêtement est essentiellement composé d’un riche manteau de cour sur lequel on a brodé ou cousu une représentation des insignes de l’Ordre. Cette représentation deviendra la Plaque métallique mobile de l’Ordre qui se portera sur la poitrine pour les grades les plus élevés, en même temps que la Croix suspendue au ruban. Peu à peu, le port du collier, sans doute en raison de son prix, est remplacé par un ruban d’une couleur déterminée, porté en sautoir (scapulaire) ou encore en écharpe et auquel est suspendu le bijou de l’Ordre. Cet usage n’a pas lieu pour les Grand-Maître et les dignitaires de l’Ordre, ou ceux des membres qui font fabriquer leur collier.

Les membres de l’Ordre obéissent à des règles de « Tradition » qu’ils doivent fidèlement res­pecter et qui s’accompagnent d’un rituel précis : « Réception dans l’Ordre », « Prestation de Serment des récipiendaires », « Procession solennelle des membres de l’Ordre » (à date fixe), « Office des morts » et surtout par le « Repas Anniversaire », présidé par le Grand-Maître (faut-il y voir un rappel de la Cène et en même temps des banquets des Chevaliers de la Table ronde du roi Arthur ?).

Tous ces Ordres de Chevalerie impériaux ou royaux n’ont qu’une classe de Chevaliers et en nombre restreint pour que l’Ordre représente la récompense suprême.

L’importance de tous ces Ordres, que l’on qualifierait aujourd’hui de confrérie très fermée ou même de secte (ce qui serait injurieux dans la mesure où le but est bien différent des sectes modernes) a une influence sur le comportement de ses membres. Les auteurs contemporains, les historiens, ont souvent décrit le déroulement des cérémonies. Certains des membres donnent souvent lieux à l’écriture de leur biographie. Par-là nous savons à quel point ils sont attachés à l’Ordre à ses devoirs et à ses prérogatives.

Tous les actes des rituels de « Tradition » sont bien connus par des récits, des gravures et de nombreux tableaux de maîtres représentant différents membres de ses anciens Ordres de Chevalerie dans l’accomplissement des rites de leurs Ordres.

De même, nous avons de nombreux témoignages de la fierté qu’en éprouvaient les récipiendaires, par la statuaire : on possède un grand nombre de bustes de Chevaliers portant les insignes de l’Ordre. On peut encore rencontrer ces derniers sur de nombreux gisants et sur tous les attributs des armoiries. A ce sujet, on peut signaler la statue du gisant de Michel de Montaigne, qui bien que titulaire de l’Ordre de Saint-Michel et de l’Ordre du Saint-Esprit, ne porte à sa dernière demeure que celui de Saint-Michel.

L’apparition de la Réforme pose d’importants problèmes aux souverains « Grand-Maître », soit qu’ils adoptent eux-mêmes la Réforme et ne peuvent alors plus conserver un Ordre qui tient une part de sa notoriété du pape (Hohenzollern), soit que des Chevaliers l’ont adopté et il faut les exclure au risque de les voir se retourner contre leur propre Ordre.

Il n’existe alors pas de méthode connue pour pallier cette situation. On assiste alors à un durcissement des règles dans les ordres eux-mêmes et à la création de nouveaux ordres qui permettent, sans exclure les anciens membres d’un Ordre, de l’abandonner et de créer de nouvelles catégories de membres avec certains des anciens et les nouveaux.

L’Ordre du Saint-Esprit en est un des exemples frappant, par rapport à l’Ordre de Saint Michel.

Il en est de même pour le « Mérite Militaire » fondé par Louis XV. Il est exclusivement réservé, dès lors, dans les pays de religion catholique, aux Catholiques, Apostoliques et Romains et qui plaçaient la religion avant tout et, dans les pays protestants, à ceux professant la Religion évangélique. Chez les protestants apparaît déjà une notion de mérite.

Par la suite, à la fin du XVIIème siècle et durant le XVIIIème siècle, lorsque la notion de « mérite » entre dans l’attribution des récompenses – pour élargir notamment le champ des possibilités d’attribution, on procède à la constitution de nouveaux Ordres. Ils se subdivisent en grades ou classes. Ils sont le plus souvent portés à trois classes (parfois deux seulement), désignées le plus souvent par les appellations de : Chevalier, Commandeur et Grand-Croix, véritable survivance de la chevalerie, ou première, deuxième et troisième classe pour en effacer cette même notion. Les échanges entre familles royales deviennent aussi une coutume diplomatique, sous forme d’échanges pour marquer la parenté ou l’alliance. Ce qui du reste présente de nombreux problèmes dans les cas de renversement d’alliances.

C’est au XIXème siècle que la nécessité d’encore élargir le champ des récompenses fait introduire une quatrième (Grand-Officier ou Grand Commandeur), puis une cinquième classe (Officier). Cette unification des formes des subdivisions a le mérite de permettre aux États des échanges à grades égaux

L’Europe suit en cela, avec un peu de retard, l’initiative de l’Empereur Napoléon Ier, qui a créé la Légion d’Honneur, en 1804, directement à cinq classes. Cet Ordre le premier où seule la notion de mérite entre en ligne de compte, peut être accordé à titre civil ou militaire, sans distinction de race ou de religion. Les récipiendaires ne peuvent être promus au grade supérieur que suivant leur mérite, mais ils partent toujours du grade le moins élevé.

Son attribution pour la première fois le 15 juillet 1804 est, à bien des égards, inspirée du faste des anciens Ordres de Chevalerie. Il en va de même que sa division en Cohortes, avec ses Membres, ses Dignitaires, sa Chancellerie et son Grand-Maître.

C’est ainsi que l’on voit naître de nouveaux Ordres en Espagne et au Portugal dès 1815.

Ainsi les États Germaniques, à partir de 1830, sont peu à peu conquis par la gloire posthume de l’em­pereur Napoléon, après la parution du Mémorial de Sainte-Hélène. Beaucoup de rois et de princes créent de nouveaux Ordres sur le même principe que celui de la Légion d’Honneur.

Pour éviter de trop différencier les membres d’un même Ordre, certains pays préférèrent conserver l’appellation de Chevalier en la qualifiant de 1ère, 2ème, 3ème, 4ème et 5ème classe – la plus basse ayant le chiffre le plus élevé.

C’est à la fin du XIXème et au XXème siècles, que l’on voit apparaître une autre sorte de récompense, les Ordres de Mérite spécialisés, réservés à récompenser certaines catégories professionnelles.

La plupart de ces Ordres ne sont qu’à trois classes (Chevalier, Officier, Commandeur) ou 1ère, 2ème et 3ème classe, mais dépendent le plus souvent du Ministère en charge de la catégorie qu’ils honorent et n’ont pas de Grand-Maître.

De nos jours la plupart des pays disposent :

- D’un Ordre de Mérite Militaire, réservé à la récompense des actions guerrières ou les longs services militaires.

- D’un ou plusieurs Ordres de Mérite Civils plus spécialement destinés à honorer les services rendus à l’État ou au développement industriel, commercial et agricole, ou au rayonnement des Arts et des Lettres et de la culture en général.

- D’Ordres de Mérite mixte ayant deux divisions bien distinctes, l’une civile et l’autre militaire.

- Souvent elle est marquée par une différence des couleurs du ruban et surtout la distinction militaire par l’adjonction d’épées croisées.

- Il existe une quatrième catégorie d’Ordres de Mérite complets qui récompensent indistinctement les Mérites Civils ou les Mérites Militaires et dont l’insigne et le ruban sont les mêmes dans les deux cas.

Actuellement, on est arrivé à une définition générale des Ordres qui permet de dire :

Les récipiendaires sont les membres d’une institution civile, créée par un État souverain et sous la protection du chef de l’État qui en est le Grand-Maître. Ils sont dotés de statuts instituant des classes à l’intérieur de l’Ordre, ainsi que les devoirs des membres. L’Ordre et ses membres sont sous la responsabilité d’un ministère ou parfois d’une chancellerie qui lui est propre. Les membres sont admis, à l’origine en fonction de leurs Mérites, Civils ou Militaires, tandis que la différence des classes et grades internes est due aux promotions successives ou en fonction de nouveaux mérites ou à l’ancienneté.

Ces deux dernières conditions ne sont pas respectées lorsqu’un État attribue une distinction, à un chef d’État lors d’une visite officielle, dans le cadre de ce que l’on appelle un échange, ou lors de l’attribution à des personnalités étrangères exceptionnelles. Cette disposition, ainsi que la précédente, et celle sur le port des décorations officielles se retrouve dans les statuts de tous les Ordres issus du XIXème siècle. Tous les Ordres modernes se portent sensiblement de la même manière, suspendus à un ruban, en écharpe, en sautoir ou en boutonnière, suivant le grade ; de même, les insignes sont de tailles variables et de matériaux différents (bronze, argent, vermeil, or) suivant les mêmes règles.

La plupart d’entre eux ont conservé du passé l’appellation de Grand-Maître réservé générale­ment au chef de l’État qui est le plus haut dépositaire de l’Ordre et qui en garantit les institutions.

Le Grand-Maître porte le collier de l’Ordre, symbole de sa charge. Certains Ordres attribuent également un collier de l’Ordre aux Grands Dignitaires de l’Ordre ou le réservent, à titre exceptionnel, aux souverains et aux autres chefs d’États. Cette pratique, assez rare, ne modifie pas les classes de l’Ordre.

Ils sont en fait gérés par une Chancellerie et les promotions se font sur proposition d’un ministère et après vérification par la Chancellerie du bien-fondé de la demande. Les promotions successives se font parfois à l’ancienneté, mais souvent pour de nouveaux mérites. Certains Ordres sont complétés par des médailles pour honorer les personnes dont les mérites sont remarquables mais insuffisants pour justifier de l’attribution de l’Ordre. Ces médailles de mérite peuvent être d’or, de vermeil, d’argent ou de bronze. Elles sont souvent suspendues au même ruban que l’Ordre, toutefois il y a parfois des diffé­rences quant à la taille et aux couleurs. D’autres ont encore une classe supérieure avec l’attribution d’un Collier de l’Ordre. Pour les mérites civils ou militaires particuliers ou réservés à des militaires de haut rang, ainsi qu’à des ministres, souverains ou  chefs d’États.

     

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PORT DES INSIGNES ET DéCORATIONS 

Le port des Ordres et décorations est, dans chaque État, régit par des lois très strictes et semblables à celles que nous citons ci-dessous et qui sont elles particulières à la France.

  Extrait du courrier de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur.

N° 1929 CB.FS.

Pon des O. Nx d. 131 FD

Du 14 juin 1994

  Adressé au Guide Encyclopédique des Ordres de Chevalerie et de Mérite Européens :


J’ai l’honneur, en réponse à votre courrier du 13 juin courant, de vous préciser qu’aux termes de l’article R 160 du code de la Légion d’Honneur et de la Médaille Militaire (décret n° 62-1472 du 28 novembre 1962).
 « Toute décoration étrangère, quelle qu’en soit la dénomination ou la forme, qui n’a pas été conférée par une puissance souveraine, est déclarée illégalement et abusivement obtenue. ».

Il suit de là, qu’aux yeux de la Grande Chancellerie, sont seules authentiques les décora­tions décernées par la République Française et celles émanant d’un État souverain. En cette dernière hypothèse toutefois, l’article R 161 du Code de la Légion d’Honneur précité, dispose que : «  Tout français qui a obtenu une décoration étrangère, ne peut l’accepter et la porter que sur autorisation délivrée par arrêté du Grand-Chancelier de la Légion d’Honneur. »

L’article R 173 du même code, punit d’une amende prévue par les contraventions de troi­sième classe, toute personne qui aura porté une décoration étrangère qui n’aurait pas été conférée par une puissance souveraine et sanctionne d’une amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe, tout français qui aurait porté sans avoir obtenu l’autorisation prévue par l’article R 161, une décoration conférée par une puissance souveraine étrangère.

Pour ce qui est « Ordres étrangers » à caractère religieux, charitable ou hospitalier, autre que ceux qui dépendent directement du Vatican, la Grande-Chancellerie ne peut reconnaître que les Ordres qui bénéficient de la protection juridique ou spirituelle du Saint-Siège : l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem et l’Ordre souverain de Malte (avec extension, pour des raisons histori­ques à sa branche du Grand Bailliage de Brandebourg de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem). En conséquence, l’acceptation et le port par des français d’une distinction conférée par les Ordres préci­tés est soumise à la procédure prévue aux articles R 161 et suivants du Code de la Légion d’Honneur et de la Médaille Militaire.

Sous le bénéfice de ce qui précède, il vous apparaîtra qu’à l’heure actuelle, du moins, outre les Ordres nommément cités au paragraphe ci-dessus, la France ne reconnaît donc que les seuls Ordres de chevalerie et de mérite créés par un État souverain. Elle ne peut consentir à l’acceptation et au port de distinctions conférées par ceux-ci que si ces dernières continuent d’émaner effectivement de cette puissance. Ceci exclut, dès lors, par exemple, qu’un Français puisse être autorisé à les accepter et à les porter dans l’hypothèse où elles lui auraient été remises par un prince n’ayant jamais régné ou un souverain ayant cessé de le faire puisque les décorations en cause seraient, alors, sus­ceptibles de tomber sous le coup de l’article R. 173 déjà cité.
S’agissant des dispositions pénales applicables à la création, à la collation et au port de certaines décorations et grades honorifiques, celles-ci sont contenues au titre IV du Code de la Légion d’Honneur et de la Médaille Militaire, issu du décret n° 81-1103 du 4 décembre 1981. Vous en trouverez, sous ce pli, reproduction pour votre information.

En outre, les infractions de port ou usage illégal de décorations réglementées par l’autorité publique, d’usurpation de titres et d’usage irrégulier de qualité, se trouvent, désormais, prévues et ré­primées par les articles 433-14 à 433-18 du nouveau Code pénal.

Je vous prie…/…

  Extrait du décret n° 81/1103 du 4 décembre 1981, Article Ier.

DISPOSITIONS PENALES

- Article R. 171

  Est interdite la création ou la collation par des personnes physiques ou morales privées ou par des personnes morales publiques autres que l’État de décorations ou insignes de distinctions honorifiques présentant une ressemblance soit avec des décorations ou insignes conférés par l’État français, soit avec des décorations ou insignes conférés par une puissance étrangère souveraine.

Est également interdite la création ou l’attribution de grades ou de dignités dont la dénomination pré­sente une ressemblance avec les grades et dignités conférés par l ’État français ou par une puissance étrangère souveraine.

Les infractions aux dispositions qui précèdent sont punies des peines prévues pour les contraventions de 5ème classe.

- Article R. 172

  Sera puni d’une amende prévue pour les contraventions de 4ème classe quiconque aura porté en public des insignes, rubans ou rosettes présentant une ressemblance avec ceux des décorations conférées par l’État français ou qui aura fait usage de grades ou dignités dont la dénomination présente une ressem­blance avec les grades et dignités conférés par l ’État.

- Article R. 173

  Sera puni d’une amende prévue pour les contraventions de 2ème classe tout Français qui aura porté, sans avoir obtenu l’autorisation prévue par L’article R. 161, une décoration conférée par une puissance souveraine étrangère.

  Sera punie d’une amende prévue pour les contraventions de 3ème classe toute personne qui aura porté une décoration étrangère qui n’aurait pas été conférée par une puissance souveraine.

Nous aborderons maintenant le sujet qui pose le plus de questions au public et qui malheu­reusement donne aussi lieu à toutes les histoires possibles.

**

A qui, pourquoi et comment donne-t-on un Ordre ? 

  La réponse à ces questions est clairement définie par la loi française et nous proposons de larges extraits significatifs du Décret n° 62-1472 du 28 novembre 1962, extraits du Code de la Légion d’Honneur et de la Médaille Militaire.

Le Président de la République.

Sur le rapport du Premier Ministre …/..Vu la Constitution et notamment son Article 37 ;

Vu l’article 1er de la loi du 29 floréal An X ;

Le Conseil d’Etat entendu ;

Le Conseil des Ministres entendu.

Décrète

Article 1er – Il est institué un code de la Légion d’Honneur et de la médaille militaire, conformément au texte annexé au présent décret. Ce code ne peut être modifié ou complété que par décret pris en Conseil d’Etat et en conseil des ministres.

Article 2 - Sont abrogés pour autant qu’ils concernent la médaille d’honneur et la médaille militaire.

Les arrêtés du 13 et du 23 messidor an X. La loi du 9 juillet 1836 article 17.

…/…

Suit une liste de 73 décrets et lois abrogés qui se terminent par : Le décret n° 61/347 du 6 avril 1961 Ainsi que toutes dispositions antérieures contraires à celles du présent code.

Article 3 - Le Premier ministre, le garde des sceaux, ministre de la Justice, le ministre des Affaires Étrangères, le ministre des Armées, le ministre des Finances et des Affaires éco­nomiques, le ministre des anciens combattants et victimes de guerre, le secrétaire d’Etat au­près du Premier ministre chargé de la fonction publique et le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui se­ra publié au journal officiel de la République française.

  Fait à Paris le 28 novembre 1962

  C. de Gaulle

Président de la République

  Reproduction intégrale des statuts de l’Ordre de la Légion d’Honneur 

  Livre premier

Légion d’Honneur

Titre premier

Objet et composition de l’Ordre.

Chapitre premier

Organisation générale

Articles R 1, R2 , R 3, R 4, R 5, R 6, R 7.

Chapitre II

LE GRAND-MAITRE

Articles R 8 et R 9

Chapitre III

Le Grand Chancelier

Article R 10

Chapitre IV

Le Conseil de l’Ordre de la Légion d’Honneur

Articles R 11, 12, 13

Chapitre V

Admission et avancement dans l’Ordre

Articles R 14 et 15

Titre II

Nomination et promotion dans l’Ordre

Chapitre Ier

Conditions de nomination et de promotion

Articles R 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27

Chapitre II

Modalités de nomination et de promotion

Articles R 29, 30, 31, 32, 33, 34 et 35

Chapitre III

Dispositions, dérogation

Articles R 36 à R 47

Titre III

Réception dans l’Ordre

Chapitre Ier

Effets de la réception

Articles R 48 à 50

Chapitre II

Brevets

Articles R73 à 76

Chapitre III

Traitements

Articles R 77 à 84

Chapitre IV

Electorat

Article R 85

Chapitre V

Honneur et préséance

Articles R 86 à 88

Titre V

Discipline

Chapitre Ier

Pleine discipline

Articles R 89 à 97

Chapitre II

Procédure disciplinaire

Articles R 98 à 105

Chapitre III

Décision et exécution

Articles R 106 à 111

Titre VI

Administration de l’Ordre

Chapitre Ier

Attribution du Grand Chancelier

Articles R 112 à 118

Chapitre II

Attribution du Conseil de l’Ordre de la Légion d’Honneur

Article R 119

Chapitre III

Régime financier

Article R 120

Titre VII

Maisons d’éducation

Chapitre Ier

But de l’institution

Articles R 121 à 123

Chapitre II

Fonctionnement des établissements

Article R 124

Chapitre III

Administration des maisons d’éducation et personnel

Articles R 125 à 127

Titre VIII

Attribution de la Légion d’Honneur aux étrangers

Chapitre Ier

conditions d’attribution

Articles R 128 à 130

Chapitre II

Modalités d’attribution

Articles 131 à 135

Le livre II est consacré à la médaille militaire.

Livre troisième.

Autorisation d’accepter et de porter des décorations étrangères.

(Ce chapitre a déjà été traité précédemment.)

Pour tous les pays de l’Europe, les dispositions sont donc très semblables avec parfois des spécificités comme pour le port des insignes et s’ils sont ouverts à tous ou réservés à une classe ou un sexe.

Nous devons aussi aborder ici le sujet de la valeur vénale des décorations.

Cette discussion fait l’objet de nombreuses polémiques, que nous allons tenter d’éclaircir.

S’il existe des prix pour l’achat des Croix et des insignes d’un Ordre auprès des marchands spécialisés, vendant des objets neufs. Fabriqués le plus souvent par la « Monnaie », aux normes des descriptifs des statuts et des décrets d’application, ou par des fabricants agréés qui exécutent les bijoux des décora­tions et dont les prix sont codifiés et affichés.

En revanche la revente de tels objets ayant été conféré par un État, mais dont l’achat est laissé à la charge du ré­cipiendaire, ne peut faire que l’objet d’une vente de gré à gré qui est du ressort de la brocante ou de l’an­tiquité.

Il n’existe pas de cote officielle, même s’il y a des catalogues de vente et de prix, proposés par des marchands ou des tentatives de cote semblable aux catalogues numismatiques ou philatéliques.

D’autre part, certains Ordres doivent, de par leurs statuts, être rendus au décès du récipiendaire.

Il n’est dès lors pas nécessaire de parler de leur prix.

 On peut toutefois expliquer leur présence sur le marché par le fait que, soit les héritiers n’ont pas respecté cette clause, le plus souvent par ignorance, soit le défunt est mort dans un pays étranger. Soit l’Ordre avait pu être attribué à titre « Etranger » et personne n’était au courant des dispositions légales.

Les ambassades et les consulats sont pourtant habilités à recevoir le retour des insignes d’un Ordre qui serait dans ce cas.

Parfois la dispersion de collections ou de fonds privés font l’objet de ventes publiques. Ces ventes tombent sous le coup des lois régissant le commerce et la valeur des objets qu’elles dispersent dépend plus de l’engouement des amateurs que d’une valeur marchande établie.

Dans cette valeur entre bien sûr des éléments tels que la matière, plus ou moins précieuse, de sa fabrication, son poids, sa taille, sa rareté, mais aussi le prestige de l’Ordre auquel il appartient, ainsi que la qualité de celui qui le portait. Ces derniers éléments étant tout subjectifs.

L’on peut dire que la valeur d’un Ordre est inestimable car en fait il représente une valeur mo­rale.

La mode (courante au XIXème siècle) pour les grades les plus élevés de faire exécuter sa décoration chez un or­fèvre, est aujourd’hui révolue à bien des égards – encore que rien dans la loi ne l’interdise, pour autant que le bijou soit conforme aux statuts.

Lorsque de tels objets sont en vente, alors entre bien entendu la notion de valeur vénale, car ils peuvent être considéré comme de simples bijoux.

Le législateur français a prévu cette situation, dans le cadre de la succession, les décorations, quelle qu’en soit la matière, sont toujours hors héritage et ne font pas partie de l’actif.

Il n’est pas de notre rôle de donner un avis sur le sort réservé aux représentations, de ce qui fut parfois l’honneur et la fierté de celui qui les avaient reçu, mais nous devons constater qu’il est bien triste de les voir sur certains marchés, à terre, au milieux des objets les plus hétéroclites.

*** 

NOMENCLATURE des Ordres

ALLEMAGNE

Empire :

Ordre pour le Mérite

1660-1740

Anhalt :

Ordre du Mérite Civil et Militaire

1811-1812

Ordre d’Albert l’Ours

1836-1918

Ordre du Mérite pour les Sciences et les Arts

1873-1918

Bade : Grand-duché

Ordre de le Fidélité

1715-1918

Ordre Militaire de Charles Frédéric

1807-1918

Ordre du Lion de Zoeringen

1812-1918 
Ordre de Berthold 1er Zoeringen 

1877-1918

Bamberg :

Ordre « Pour le Mérite »

1797 -1803

Bavière : Maison de

Ordre de Saint Hubert ou du Cor

1444 -1918

Ordre Chevaleresque de Saint Michel

1693 -1837

Ordre de Saint Georges

1729 – * * *

Bavière : Royaume de

Ordre de Saint Michel    ( 1880-1837 )

1693 -1887

Ordre Royal de Saint Michel

1887 -1918

Ordre des Dames de Sainte Anne de Wuszbourg

1714 -1918

Ordre de Sainte Elisabeth

1766 -1918

Ordre du Lion de Palatinat

1768 -1808

Ordre des Dames de Sainte Anne de Munich

1784 -1918

Ordre Militaire de Maximilien Joseph (1807 )

1797 -1918

Ordre du Mérite Civil et de la Couronne de Bavière

 1808 -1918

Ordre Royal de Thérèse

1824 -1918

Ordre Royal de Louis de Bavière

1827 -1918

Ordre de Maximilien pour les Arts et les Sciences

1853 -1918

Ordre Royal du Mérite Militaire

1866 -1918

Ordre du Service Sanitaire Militaire

1914 -1918

Brandebourg-Bayreuth :

Ordre de la Couronne

1660 -1712

Ordre de la Sincérité ou de l’Aigle Rouge

1705 -1791

Brunswick : duché

Ordre d’Henri le Lion

1834 -1918

Francfort :

Ordre de la Couronne

1813 -1814

Hanovre : duché et royaume

Ordre de Saint George

1839-1866

Ordre des Guelphes

1815-1866

Ordre d’Ernest Auguste

1837-1866 

Hesse Darmstadt : Grand Duché 

Ordre du Mérite de Hesse

1807-1831

Ordre de Louis

1831-1918

Ordre de Philippe le Magnanime

1840-1918

Ordre du Lion d’Or

1876-1918

Ordre de l’Etoile du Brabant

1914-1918

Ordre des Dames de l’Etoile du Brabant

1914-1918

Hesse Cassel : Maison

Ordre de la Maison du Lion d’Or

1770-1866

Ordre de Guillaume

1851-1866

Ordre du Mérite Militaire

1769-1866

Ordre du Casque de Fer ou du Heaume de Fer

1814-1816

Hesse Nassau :

Ordre du Mérite d’Adolphe de Nassau

1900-1918

Hohenlohe :

Ordre de la Flamme d’Or

1757-1770

Ordre des Chevaliers du Phoenix

1770-1829

Hohenzollern : Maison de

Ordre Princier de la Maison de Hohenzollern

1841-1851 
Ordre « Bene Merenti »  1935-1940 

Isenburg Birstein : 

Ordre de la Maison « Pour mes Amis« 

1809-1815

Lippe Dermolt :

Ordre Princier de la Croix d’Honneur de Lippe

1859-1918

Ordre de la Maison de Lippe

1869-1918

Ordre de Léopold

1906-1918

Ordre de Berta

1910-1918

Ordre de la Rose de Lippe pour les Arts et les Sciences

1898-1918

Mecklenbourg Schwerin : Maison

Ordre du Griffon

1864-1918

Ordre de la Couronne de Wendes

1884-1918

Mecklenbourg Strelitz :

Ordre de la Maison de la couronne de Wendes

1864-1918

Nassau Dillenbourg :

Ordre de la Chasse ou du Noble Divertissement

1712-1739

Nassau :

Ordre de la Maison de Nassau du Lion d’Or

1858-1866

Ordre du Mérite d’Adolphe de Nassau

1858-1866

Oldenburg :

Ordre du Duc Pierre Frédéric Louis

1838-1918

Croix de Frédéric Auguste

1914-1918

Prusse : Royaume

Ordre du Cygne

1843 1440 1848

Ordre de la Générosité

1667-1740

Ordre Supérieur  de l’Aigle Noir

1701-1918

Ordre de l’Aigle Rouge

1734-1918

Ordre « Pour le Mérite »

1740-1918

Ordre de Saint Jean de Prusse

1812-1852

Ordre de la Croix de Fer

1813-1918

Ordre de Louise

1814-1918

Ordre du Mérite Civil des Sciences et Arts

1842-1933

Ordre de la Maison de Hohenzollern

1851-1918

Ordre du Cerf Blanc de Saint Hubert

1859-1930

Ordre de la Couronne

1861-1918

Ordre de la Croix du Mérite

1871-1918

Ordre de Guillaume

1896-1918

Ordre du Mérite de la Couronne Prussienne

1901-1918

Reuss :

Ordre de la Croix d’Honneur

1858-1918

Ordre Noir

?

Salzburg : Évêché

Ordre de Saint Rupert de Salzburg

1701- ? ?

Saxe : Maison

Ordre Militaire de Saint Henri

1736-1918

Ordre de la Couronne de Rue

1807-1918

Ordre du Mérite Civil

1815-1918

Ordre d’Albert le Valeureux

1850-1918

Ordre de Sidonie

1871-1918

Ordre de Marie-Anne

1906-1918

Saxe Weimar : Grand Duché

Ordre du Faucon Blanc ou de la Vigilance

1732-1918 

Saxe : Duchés de Altenbourg, Cobourg, Gotha, Meiningen 

Ordre de la Maison Ernestine (Blanche)

1833-1835

Ordre du Mérite pour les Arts et Sciences

1874-? ? ? 

Saxe-Cobourg-Gotha : 

Ordre de la Probité Allemande

1690-1833

Ordre de Saint Joachim

1771-1804

Saxe : Royaume

Ordre Militaire de Saint Henri

1736 -1829 -1918

Ordre du Mérite Civil

1815-1918

Ordre d’Albert le Valeureux

1850-1918

Saxe Weissenfels

  

Ordre de la Noble Passion

1704-1746

Saxe Hildburghausen :

Ordre de l’Heureuse Alliance

1749-1756

Schaumburg-Lippe :

Ordre de la Croix d’Honneur

1890-1918 

Ordre de Sainte Anne

1753-1796

Schleswig-Holstein-Gottorp : 

Schwarzburg Sondershausen :

Ordre de la Croix d’Honneur de Schwarzburg

1816-1918 
Ordre de Schwarzburg  1868-1918 
Schwarzburg Rudolstadt    

Ordre « Pour les Dames »

1750-1799

Ordre de la Croix d’Honneur

1857-1918

Ordre pour les Arts et les Sciences

1912-1918

Thurn et Taxis :

Ordre de la Parfaite Amitié

1720-1806

Warldeck Pyrmont :

Ordre du Mérite Militaire

1854-1918

Ordre du mérite Civil

  

Ordre Princier de la croix du Mérite

1857-1918

Westphalie :Royaume

Ordre de la Couronne de Westphalie

1808-1813

Würtenberg : Royaume

Ordre de la Tête de Mort (pour Dames )

1652-1720

Ordre de Saint Hubert ou de la grande Chasse

1702 – 1807

Ordre de l’Académie

1702 – ?

Ordre du Mérite Militaire de Charles

1759 – 1818

Ordre de l’Aigle d’Or

1807 – 1818

Ordre du Mérite Civil

1806 – 1818

Ordre de la Couronne de Würtenberg

1818 – 1918

Ordre du Mérite Militaire

1818 – 1918

Ordre de Frédéric

1830 – 1918

Ordre d’Olga

1871 – 1918

Wurzburg :

Ordre de Saint Joseph

1807 – 1814

Weimar : République 1919 – 1930

Ordre pour le Mérite de l’Aigle Germanique

1922 – 1930 

IIIème Reich :( 1934-1945) 

Ordre du Sang

1937 – 1938

Ordre de l’Aigle Germanique

1937 – 1943

Ordre de la Croix de Fer

1939 – 1945

Ordre du Mérite de guerre

1939 – 1945

Ordre de la Croix Allemande de Guerre

1941 – 1945

Ordre Germanique du Grand Reich

1942 – 1945

République Fédérale :

Ordre du  Mérite de la République Fédérale

1951 – * * *

Ordre pour le  Mérite des Sciences et des Arts

1952 – * * *

Ordre Evangélique de Saint Jean

1951 – * * *

Länders  de  R. F. A.

Bavière :

Ordre du Mérite de Bavière

1957 – * * *

Ordre Bavarois de Maximilien pour les Sciences et les Arts

1980 – * * *

Hesse :

Ordre du Mérite de Hesse

1989 – * * *

Basse Saxe :

Ordre du Mérite de Basse Saxe

1961 – * * *

Saar :

Ordre du Mérite de Sarre

1974 – * * *

Rhénanie Palatinat :

Ordre du Mérite de Rhénanie Palatinat

1981 – * * *

Westphalie – Rhin du Nord : 

Ordre du Mérite de Westphalie Rhin du Nord

1986 – * * *

Berlin :

Ordre du Mérite Berlinois

1987 – * * *

  République Démocratique :

Jusqu’en 1990

Ordre de Karl Marx

1953 – 1991

Ordre de Schornhorst

1954 – 1991

Ordre national du Mérite

1954 – 1991

Ordre de la Bannière du Travail

1954 – 1991

Ordre de l’Etoile de l’amitié des Peuples

1959 – 1991

  ALBANIE :

Royaume

Ordre de l’Aigle Noir: Principauté

1914 – 1922

Collier d’Honneur d’Albanie

1922 – 1931

Ordre de la Fidélité

1926 – 1944

Ordre de Skanderbert (occupation italienne)

1925 – 1944

Ordre Héroïque de la Bravoure (Trimnia)

1928 – 1939

 République Populaire

Ordre des Héros du Peuple

1945 – * * *

Ordre des Héros du Travail Socialiste

1945 – * * *

Ordre des Mères Héroïques

1945 – * * *

Ordre de la Liberté

1945 – * * *

Ordre de Skanderbert

1945 – * * *

Ordre de l’Etoile des Partisans

1945 – * * *

Ordre du Travail

1945 – * * *

Ordre Militaire de Service

1945 – * * *

Ordre pour Acte de Courage

1945 – * * *

Ordre de l’Etoile Rouge

1945 – * * *

Ordre à la Gloire des Mères de Famille

1945 – * * *

  AUTRICHE :

Empire : 1805 – 1918

Ordre Teutonique

- 180- 1871

Ordre de la Toison d’Or.1128

1429 – 1712 – * * *

Ordre de la Croix Etoilée

1668 – 1918

Ordre d’Elisabeth Thérèse.

1749 – 1918

Ordre de Saint Etienne de Hongrie.

1764 – 1918

Ordre Militaire de Marie-Thérèse 9 avril 1693

1757 – 1918

Ordre Militaire d’Elisabeth Thérèse

1757 – 1918

Ordre de Léopold   

1808 – 1918

Ordre de la Couronne de Fer.  ( 1805 )  

1816 – 1918

Ordre de François-Joseph.             

1849 – 1918

Ordre d’Elisabeth.

1898 -1918

  République Fédérale 1919-1938

Ordre Allemand ou Ordre Teutonique

1929 – 1938

Ordre du Mérite de Malte

1929 – 1938

Insigne d’Honneur du Mérite de la Croix Rouge

1914 – 1923

Insigne d’Honneur du Mérite de la République

1922 – 1938

Insigne d’Honneur de la Croix Rouge

1929 – 1938 

III ème REICH 1938-1945 (voir IIIème REICH) 

 République

Insigne d’Honneur du Mérite

  

Insigne d’Honneur de la République d’Autriche

1952 – * * *

Insigne d’Honneur pour les Arts et les Sciences

1955 – * * *

Insigne d’Honneur du Tyrol

1955 – 1964

Ordre du Mérite de la Croix Rouge

1955 – * * *

Insigne d’Honneur du Mérite la Basse Autriche

1960 – * * *

Insigne d’Honneur du Mérite de Burgenland

1961 – * * *

Grand Insigne d’Honneur de la Haute Autriche

1963 – * * *

Insigne d’Honneur du Voralberg

1963 – * * *

Insigne d’Honneur du Salzburg

1965 – * * *

Insigne d’Honneur du Mérite de Vienne

1967 – * * *

Ordre de l’Aigle du Tyrol

1970 – * * *

Insigne d’Honneur du Steiermark

1971 – * * *

Insigne d’Honneur de la Haute Autriche

1973 – * * *

Ordre Allemand ou Ordre Teutonique (Ordre privé)

1950 – * * *

Ordre du Mérite de Malte

1950 – * * *

  BELGIQUE Royaume

Ordre de Léopold

1832 – * * *

Ordre de l’Etoile Africaine

1888 – 1961

Ordre Royal du Lion

1891 – 1961

Ordre de la Couronne

1897 – * * *

Ordre de Léopold II

1900 – * * *

  BULGARIE :

Royaume

Ordre de la Bravoure ou Royal Militaire

1879 1880 – 1950

Ordre Royal de Saint Alexandre

1881 – 1948

Ordre du Mérite

1883 – 1947

Ordre du Mérite Civil

1891 – 1947

Ordre du Mérite Militaire

1900 – 1947

Ordre des Saints Apôtres Cyrille et Méthode

1909 – 1950

Ordre de la Bienfaisance

1908 – * * *

Ordre de la Croix Rouge

1900 – * * *

République Populaire 1944-1991

Ordre du 9 Septembre

1944 – 1991

Ordre pour le Courage Militaire

1944 – 1991

Ordre des Libertés du Peuple

1945 – 1991

Ordre des Héros Socialistes du Travail

1945 – 1991

Ordre de la République Populaire de Bulgarie

1946 – 1991

Ordre de Georges Dimitrov

1950 – 1991

Ordre des Mères Héroïques

1950 – 1991

Ordre de Cyrille et Méthode

1950 – 1991

Ordre du Drapeau Rouge du Travail

1950 – 1991

Ordre du Drapeau Rouge

1950 – 1991

Ordre à la Gloire des Mères

1950 – 1991

Ordre du Cavalier de Madara

1966 – * * *

Ordre de l’Etoile de Planina

1966 – * * *

Ordre du Mérite et du Courage Civique

1966 – 1991

Ordre de la Rose (pour les Dames)

1965 – * * *

Ordre des XIII Siècles de la Bulgarie

1981 – 1991

Royaume du DANEMARK :

Ordre de l’Eléphant

1450 – * * *

Ordre du Dannebrog

1671 – * * *

Ordre de l’Union Parfaite

1732 – 1770

Ordre de Mathilde

1771 – 1772

Royaume d’ESPAGNE :

Ordre de Calatrava (Castille 1158)

1489 – * * *

Ordre de Saint Jacques de l’Epée (Castille 1170)

1493 – * * *

Ordre d’Alcantara (Castille 1156)

1495 – * * *

Ordre de Notre Dame de Montésa (Castille 1316)

1587 – * * *

Ordre de la Toison d’Or (Bourgogne 1429)

1701 – * * *

Ordre de Charles III

1771 – * * *

Ordre de la Reine Marie-Louise (pour les Dames)

1792 – 1931

Ordre de Saint Alexandre

  

Ordre Militaire de Saint-Ferdinand

1811 – * * *

Ordre de Saint Hermenegilde

1814 – * * *

Ordre d’Isabelle la Catholique

1815 – * * *

Ordre Royal Militaire d’Isabelle II

1833

Ordre de la Bienfaisance

1857 – * * *

Ordre de la Rose Blanche

  

Ordre de Marie Victoire des Arts et des Sciences

1871 – 1873

Ordre Royal de Marie Christine Militaire et Civil

1890 – * * *

Ordre Royal des Chevaliers d’Espagne

1809 – 1813

Ordre du Mérite Militaire

1864 – * * *

Ordre du Mérite de la Croix Rouge

1864 – * * *

Ordre du Mérite Naval

1866 – * * *

Ordre d’Alphonse XII

1902 – 1931

Ordre du Mérite Agricole

1905 – 1939

Ordre du Mérite Civil de la Santé

1922 – 1931

Ordre du Mérite Civil

1926 – 1931

Ordre Colonial de Mehdalia (Maroc espagnol)

1926 – 1956

République (1931-1936)

Ordre du Mérite de la République

1931 – 1936

Ordre Civil de l’Afrique

1933 – 1936

République Nationaliste (1936-1975) 

Ordre de la Libération de l’Espagne

1936 – * * *

Ordre du Joug et des Flèches

1937 – 1943

Ordre d’Alphonse X

1939 – * * *

Ordre du Mérite Agricole

1942 – * * *

Ordre du Mérite Civil

1942 – * * *

Ordre du Mérite Civil de la Santé

1943 – * * *

Ordre de Cisneros

1944 – * * *

Ordre de la Croix de Saint Raymond de Penefort

1944 – * * *

Ordre du Mérite Aéronautique

1945 – * * *

Ordre Coloniaux:

  

Maroc espagnol

Ordre Militaire de Loyauté

1946 – 1956

Ordre d’Hassania

1949 – 1956

Ordre d’Afrique

1950 – 1956

Ordre du Mérite Postal

1960 – * * *

République de FINLANDE :

Ordre de la Croix de la Liberté

1918 – 1960

Croix de la Liberté. Croix de MANNERHEIM

1940 – 1945

Ordre de la Rose Blanche

1919 – * * *

Ordre du Lion de Finlande

1942 – * * *

FRANCE : Royaume :

Ordre de Saint Michel

1469 – 1789

Ordre du Saint Esprit

1578 – 1789

Ordre de Saint Lazare et de N. Dame du Mont Carmel

1607 – 1789

Ordre de Saint Louis

1693 – 1789

Mérite Militaire (Institution)

1759 – 1789

 Empire :

Ordre de la Légion d’Honneur

1802 – * * *

Ordre de la Couronne de Fer

1805 – 1815

Ordre Royal de l’Union (Hollande)

1806 – 1815

Ordre Royal des Mérites (Hollande)

1806 – 1815

Ordre des deux Siciles (Royaume de Naples)

1808 – 1819

Ordre Royal d’Espagne

1809 – 1813

Ordre de la Couronne de Westphalie

1809 – 1815

Ordre des Trois Toisons d’Or

1809 – 1813

Ordre Impérial de la Réunion

1811 – 1816

 Restauration : (de 1814 a 1848 )

Rétablissement des Ordres de l’Ancien Régime jusqu’en 1830 et conserve la Légion d’Honneur

Second Empire :

Médaille Militaire

1852 – * * *

Les Palmes Académiques

1850 – * * *

 IIIème, IVème et Vème République :

Ordre du Mérite Agricole

1883 – 1963

Ordres Coloniaux

  

Ordre Royal du Cambodge

1864 – 1963

Ordre de l’Etoile d’Anjouan

1874 – 1963

Ordre du Dragon d’Annam

1886 – 1963

Ordre du Nichan el Anouar

1887 – 1963

Ordre de l’Etoile Noire du Bénin

1889 – 1963

Ordres des Ministères : 12

(supprimés en 1963)

Ordre du Mérite Maritime

1930 – * * *

Ordre de la Libération (n’est plus attribué depuis 1947)

1940 – * * *

Ordre des Palmes Académiques

1955 – * * *

Ordre du Mérite Militaire

1957 – 1963

Ordre des Arts et des Lettres

1957 – * * *

Ordre National du Mérite (remplace les Ordres des Ministères)

1963 – * * *

Royaume de GRANDE BRETAGNE

Ordre de la Jarretière

1348 – * **

Ordre du Bain

1399 – * * *

Ordre du chardon ou de Saint André

1540 – * * *

Ordre de Saint Patrick (Patrice)

1783 – 1922

Ordre Royal de Guelphes

1815 – 1837

Ordre de Saint Michel et Saint George

1818 – * * *

Ordre de l’Etoile des Indes

1861 – 1947

Ordre de l’Empire des Indes

1878 – 1947

Ordre de Saint Jean de Jérusalem

1888 – * * *

Ordre Royal de Victoria

1896 – * * *

Ordre du Service distingué

1802 – * * *

Ordre du Mérite

1902 – * * *

Ordre de l’Empire Britannique

1917 – * * *

Ordre des Compagnons d’Honneur

1917 – * * *

Ordre du Service Impérial

1920 – * * *

Victoria Cross

  

Victoria Royal

  

Ordre des Chevaliers Bacheliers

1926 – * * *

Ordre Familial de la Reine Elisabeth II

1953 – * * *

Ordre de Birmanie

1940 – 1948

GRECE : Royaume

Ordre Royal du Sauveur (création: 1829)

1833 – 1973

Ordre de Georges Ier

1915 – 1973

Ordre du Phénix

1926 – 1973

Ordre de la Bienfaisance

1948 – 1973

Ordre de Saint Georges et Saint Constantin

1935 – 1973

Ordre d’Olga et Sophie

1936 – 1973

Ordre de la Croix de la Valeur

  

République

Ordre de l’Honneur

1973 – * * *

Ordre du Sauveur

1975 – 1984 – * * *

HONGRIE : Royaume

Ordre des Chevaliers de l’Eperon d’Or

1310 – 1918

Ordre de Saint Etienne de Hongrie

1764 – 1918

Ordre du Vitez ou Insignes des Héros

1920 – 1944

Ordre Royal du Mérite Hongrois

1922 – 1944

Ordre des Héros

1920 – 1944

Ordre de la Croix Rouge de Hongrie

1922 -      ?

Ordre de la Couronne Sacrée de Saint Etienne

1934 – 1942 – 1949

Ordre du Mérite de la République

1946 – 1949

Ordre de la Liberté Hongroise

1946 – 1949

Ordre de Kossuth

1948 – 1949

République Populaire 

Ordre des Héros du Travail Socialiste

1953 -    *?

Ordre du Drapeau Rouge

1953 -    *?

Ordre de la Liberté Hongroise

1953 -    *?

Ordre de l’Etoile Rouge du Mérite

1953 -    *?

Ordre du Mérite Militaire

1953 -    *?

Ordre du Mérite du Drapeau Rouge

1953 -    *?

Ordre du Drapeau Rouge du Travail

1953 -    *?

ISLANDE

Ordre du Faucon Islandais

1921 – * * *

ITALIE

Royaume des Deux Siciles :

Ordre Constantinien de Saint Georges

1522 – 1734 – 1861

Ordre Royal de l’illustre Saint Janvier

1738 – 1861

Ordre de Saint Ferdinand

1808 – 1861

Ordre des deux Siciles

1808 – 1861

Ordre de Saint-Georges de la Réunification

1819 – 1861

Duché de Mantou :

Ordre de la Rédemption

1608 – 1853

Ordre Militaire de la Conception

1617 – 1853

Ordre du Duc Alexandre

1806 – 1853

Ordre de Maria Elisa (pour les Dames)

1843 – 1853

Ordre Royal de François 1er

1829 – 1861

1.  Royaume de Naples :

Ordre de Saint Ferdinand et du Mérite

1800

Duché de Parme et Lucque :

Ordre Militaire de Saint-Georges

1833 – 1847

Ordre de Saint Louis du Mérite Civil

1836 – 1847

Duché de Savoie :

Ordre de Notre Dame de l’Annonciation

1362 – 1861

Ordre de Saint Maurice

1434 – 1793

Ordre de Saint Maurice et Lazare

1793 – 1861

Ordre Militaire de Savoie

1815 – 1861

Ordre Civil de Savoie

1831 – 1861

Grand Duché de Toscane :

Ordre du Mérite de Saint Joseph

1814 – 1908

Ordre de Saint Etienne

1561 – 1839

Ordre du Mérite Militaire

1853 – 1909

Ordre du  Mérite Civil

1853 – 1909

Royaume d’Italie

Ordre de l’Annonciation

1869 – 1943

Ordre de Saint Maurice et Lazare

1449 – 1815

Ordre Militaire de la Savoie

 1816

Ordre de la Couronne d’Italie

1868 – 1943

Ordre du Mérite du Travail

1901 – 1943

Ordre Colonial de l’Etoile d’Italie

1914 – 1943

Ordre de l’Aigle Romain

1942 – 1943

République :

Ordre Militaire d’Italie

1947 – * * *

Ordre pour le Mérite du Travail

1923 -194  - * * *

Ordre des Saints Maurice et Lazare

1947 – 1951

Ordre de la Couronne d’Italie

1947 – 1951

Ordre Colonial de l’Etoile d’Italie

1947 – 1951

Ordre du Mérite de la République

1951 – * * *

Ordre de l’Etoile de la Solidarité d’Italie

1947 – * * *

Ordre de Vittorio Veneto

1968 – * * *

LIECHTENSTEIN :

Ordre du Mérite de la Principauté de Liechtenstein

1937 – * * *

LUXEMBOURG :

Ordre de la Couronne de Chêne

1841 – * * *

Ordre du Lion d’Or de Nassau

1858 – * * *

Ordre du Mérite Civil et Militaire d’Adolphe de Nassau

1858 – * * *

Ordre de la Résistance

1946 – * * *

Ordre du Mérite

1958 – * * *

Ordre National du Mérite Sportif

1976 – * * *

MONACO :

Ordre de Saint-Charles

1858 – * * *

Ordre du Mérite Culturel

1952 – * * *

Ordre des Grimaldi

1954 – * * *

Ordre de la Couronne

1960 – * * *

MONTENEGRO : Royaume

Ordre de Danilo ou de l’Indépendance

1853 – 1919

Ordre de Saint Pierre

1869 – 1919

Ordre de Pétrovich Njegosh

1897 -  ?

Pays Baltes

ESTONIE : République

Ordre de l’Etoile Blanche

1928 – 1940

Ordre de la Croix de la Liberté

1919 – 1940

Ordre de la Croix Rouge

1919 – 1940

Ordre de la Croix de l’Aigle

1928 – 1940

LETTONIE : République

Ordre Militaire de Lacplecis

1919 – 1940

Ordre des Trois Etoiles

1924 – 1940

Ordre de Vestardus

1928 – 1940

LITHUANIE : République

Ordre de la Croix de Vytis

1918 – 1940

Ordre du Grand Duc Gedeminas de Lithuanie

1928 – 1940

Ordre de Vytautas le Grand

1930 – 1940

POLOGNE :

Royaume (ou Ière République)

Ordre de l’Aigle Blanc (devint russe)

1707 – 1831

Ordre Saint Stanislas de Pologne (devint russe)

1765 – 1831

Ordre Militaire Virtuti Militari

1792 – 1832

II ème République

Ordre de l’Aigle Blanc

1921 – 1939

Ordre Militaire Virtuti Militari

1919 – 1939

Ordre de la Renaissance de la Pologne

1921 – 1939

Gouvernement en exil 1939-1945

Ordre de l’Aigle Blanc

1939 – 1945

Ordre de Guerre Virtuti Militari

1939 – 1945

Ordre Pologna Restituta

1939 – 1945

République populaire

Ordre de la Croix de Grunwald

1943 – 1985

Ordre Pologna Restituta

1944 – 1990

Ordre Virtuti Militari

1944 – 1990

Ordre des Bâtisseurs de la Pologne Populaire

1949 – 1984

Ordre de l’Etendard du Travail

1949 – 1990

Ordre du Mérite de la République Populaire de Pologne

1974 – 1990

IIIème République

(Rétablissement des distinctions anciennes en 1992)

  

Ordre de l’Aigle Blanc

1992 – * * *

Ordre Pologne Restituta

1992 – * * *

Ordre Virtuti Militari

1992 – * * *

Ordre du Mérite de la République de Pologne

1990 – * * *

PORTUGAL :
 Royaume :

Ordre du Christ

1317 – 1910

Ordre Militaire de Saint Benoit d’Aviz

1162 – 1789 – 1910

Ordre de Saint Jacques de l’Epée

1290 – 1789 – 1910

Ordre de Sainte Isabelle (pour les Dames)

1801 – 1910

Ordre de Notre Dame de Villa Viscosa

1819 – 1910

Ordre Militaire de la Tour et de l’Epée

1459 – 1832 – 1910

Insigne d’Honneur des Trois Ordres (Christ, Aviz, St. Jacques)

 1850-1910

Insigne d’Honneur des deux Ordres (Aviz, Christ)

1850 – 1910

République :

Ordre de Saint Benoit d’Aviz

1910 – * * *

Ordre de Saint Jacques de l’Epée

1910 – * * *

Ordre du Mérite et de la Valeur Militaire de la Tour et l’Epée

1917 – * * *

Ordre du Christ

1918 – * * *

Ordre de l’Instruction Publique

1919 – * * *

Ordre du Mérite Agricole et Industriel

1926 – * * *

Ordre de « Benemerencia »

1929 – * * *

Ordre Impérial (Colonial)

1932 – * * *

Ordre du Prince Henri du Portugal (Don Enrique)

1960 – * * *

Ordre du Mérite Commercial

  

ROUMANIE :

Royaume

Ordre de l’Etoile de Roumanie

1877 – 1944

Ordre de la Couronne de Roumanie

1866 -1881 – 1947

Ordre d’Elisabeth

1878 – 1947

Ordre pour le Mérite Culturel

1881 – 1947

Ordre de Charles 1er

1906 – 1947

Ordre de Michel le Brave

1916 – 1947

Ordre de la Reine Marie

  

Ordre de Ferdinand Ier

1929 – 1947

Ordre du Mérite Aéronautique

1930 – 1947

Ordre pour la Milice

1930 – 1947

Ordre du Mérite pour la Science et les Arts

1931 – 1947

Ordre Roumain de Hohenzollern

1931 – 1947

Ordre de « Bene Merenti »

1932 – 1947

Ordre de la Fidélité

1932 – 1947

Ordre du Mérite de l’Agriculture

1932 – 1947

Ordre de la Maison Régnante

1935 – 1947

Ordre « pour le Mérite »

1937 – 1947

Ordre Militaire de Saint-Georges

1940 – 1947

République Populaire

Ordre de l’Etoile de la République Populaire Roumaine

1948 – 1989

Ordre du Travail

1948 – 1989

Ordre de la Défense de la Mère Patrie

1949 – 1989

Ordre des Mères Héroïques

1951 – 1989

Ordre Maternel de la Gloire

1951 – 1989

Ordre de Tudor Vladimirescu

1951 – 1989

Ordre pour les Services Spéciaux

1958 – 1989

Ordre du 23 août 1944

1959 – 1989

Ordre Socialiste de la Mère Patrie

1963 – 1989

  2.  RUSSIE : Empire et U R S S :

Empire

Ordre de Saint-André

1698 – 1917

Ordre de Pierre le Grand

  

Ordre de Saint Alexandre Nevsky

1725 – 1917

Ordre de Saint Georges

  

Ordre de Saint Vladimir

1782 – 1917

Ordre de Sainte Anne

  

Ordre de l’Aigle Blanc

1831 – 1917

Ordre de Saint Stanislas

  

République Populaire d’URSS

Ordre de Lénine

1930 – ?

Ordre de l’Etoile Rouge

1930 – ?

Ordre du Héros de l’Union Soviétique

  

Ordre du Patriote de Guerre

1942 – ?

Ordre de Suvarov

1942 – ?

Ordre de Kutuzov

1942 – ?

Ordre d’Alexandre Nevsky

1942 – ?

Ordre de Bogdan Khmelnitsky

1943 – ?

Ordre de Ushkov

1944 – ?

Ordre de Nakhimov

1945 – ?

Ordre de la Gloire

1943 – ?

Ordre de la Victoire

1943 – ?

SAINT MARIN, République

Ordre Equestre de Saint Marin

1859 – * * *

Ordre de Sainte Agathe

1923 – * * *

SAINT SIEGE, État du Vatican

Ordre Suprême du Christ

1320 – * * *

Ordre du Saint Sépulcre

1746 – * * *

Ordre de Saint Grégoire le Grand

1831 – * * *

Ordre de l’Eperon d’Or

1841 – * * *

Ordre de Saint Sylvestre

1841 – * * *

Ordre de Pie IX

1847 – * * *

Ordre de la Rose d’Or

  

Croix Pro Ecclesia et Pontifice

1881

  

SERBIE : Royaume

(1878-1929)

Ordre Militaire de Takovo

1865 – 1903

Ordre de Nathalie

1878 – 1903

Ordre de la Croix Rouge

1878 – 1915

Ordre de l’Aigle Blanc

1883 – 1903

Ordre de Saint Sava

1883 – 1915

Ordre Royal de Miloch le Grand

1899 – 1903 
Ordre de Karagorgevitch 

1904 – 1915

SUEDE, Royaume

Ordre de l’Amour du Prochain

1708 – 1751

Ordre de Louise Ulrique ou Ordre de l’Eventail

1744 – 1780

Ordre des Séraphins

1334 – 1748 – * * *

Ordre de l’Etoile Polaire ou du Nord

1748 – * * *

Ordre de l’Epée

1748 – * * *

Ordre de Wasa

1772 – * * *

Ordre de Charles XIII

1811 – * * *

REPUBLIQUES TCHEQUE  ET SLOVAQUE :

   SLOVAQUE :

Ordre de la Croix de Slovaquie

1940 – 1945

Ordre du prince Prbina

1940 – 1945

Ordre de la Croix de Guerre Victorieuse

1939 – 1945

   TCHEQUE  :

Ordre du Faucon (Sokol)

1918 – 1938

Ordre de la Couronne de Fer de Monza

1919 – 1920

Ordre du Lion Blanc

1922 – 1938

Ordre de Charles IV

1936 – 1938

Ordre de la Liberté

1918 – 1938

Ordre de Saint-Lazare

1937 – 1938

   Gouvernement de Londres : (1942-1945) 

Ordre Militaire  du Lion Blanc pour la Victoire

1945 – 1948

Ordre National du Soulèvement Slovaque

1945 – 1948

Ordre de Jean Ziska de Tocnov

1946 – 1948

Ordre Militaire pour la Liberté

1946 – 1948

République Populaire de TCHECOSLOVAQUIE

Ordre du 25 février 1948

1949 – 1990

Ordre du Socialisme

1951 – 1990

Ordre de la République Tchécoslovaque

1951 – 1990

Ordre du Travail

1951 – 1990

Ordre de Clément Gottwald

1951 – 1990

Ordre des Héros de la République  Tchécolovaque

1955 – 1990

Ordre de l’Etoile Rouge du Travail

1955 – 1990

Ordre Militaire de l’Etoile Rouge

1955 – 1990

Ordre du Drapeau Rouge

1955 – 1990

Ordre du Mérite

1957 – 1990

Ordre du Lion Blanc

1961 – 1990

Ordre de la Victoire de Février

1973 – 1990

  TCHECOSLOVAQUIE :République Fédérative Tchèque et Slovaque

Ordre du Lion Blanc

1990 – * * *

Ordre de Thomas Garrigue Masaryk

1990 – * * *

Ordre de Milan Rastislav Stefanik

1990 – * * *

YOUGOSLAVIE : République Populaire Fédérale.

Dissolution de la Fédération en 1990

royaume

(1929-1945) 

Ordre de la Couronne de Yougoslavie

1929 – 1941

Ordre de l’Aigle Blanc

1918 – 1941

Ordre de Saint Sava

1918 – 1941

Ordre de Karageorge

1918 – 1941

   CROATIE : (10 avril 1941-1945)

Ordre Militaire de la Triple Feuille de Fer

1941 – 1944

Ordre de la Couronne du Roi Zvonimir

1941 – 1944

Ordre du Mérite de l’Oustascha (civil et militaire)

1941- 1944

YOUGOSLAVIE :

République Socialiste Fédérative  1945 – 1992

Ordre du Héros National

1943 – 1992

Ordre de l’Etoile Partisan

1943 – 1992

Ordre de la Libération Populaire

1943 – 1992

Ordre de la Bravoure

1943 – 1992

Ordre de la Fraternité et de l’Unité

1943 – 1992

Ordre du Travail

1945 – 1992

Ordre de la Liberté

1945 – 1992

Ordre du Mérite « Pour le Peuple »

1945 – 1992

Ordre du Drapeau de Yougoslavie

1947 – 1992

Ordre des Héros  du Travail Socialistes

1948 – 1992

Ordre du  Drapeau de Guerre

1952 – 1992

Ordre de l’Armée Populaire

1952 – 1992

Ordre du Mérite Militaire

1952 – 1992

Ordre de la Grande Etoile de Yougoslavie

1954 – 1992

Ordre de l’Etoile de Yougoslavie

1954 – 1992

Ordre de la République

  

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GLOSSAIRE

ÉLÉMENTS DE TYPOGrAPHIES

            Les éléments typographiques que nous donnons sont seulement destinés à une meilleure com­préhension des termes que nous employons. Ils sont tous extraits de textes héraldiques mais en raison des différents pays que nous abordons nous ne garantissons pas qu’ils soient employés de la même ma­nière partout.

            Nous nous sommes efforcés de rechercher les termes modernes les plus appropriés pour ceux que nous n’avions pas trouvé dans les traités d’héraldiques afin que les descriptions des ordres soit les plus claires possibles.

  Éléments constituant le bijoux d’une dÉcoration : 

Croix

Plaque de poitrine 

vocabulaire des Éléments héraldiques

Blasons :
Chiffres et Symboles.
Couleurs et Emaux

Les couleurs héraldiques sont codifiées d’une manière commune à tous les pays. Les principales couleurs sont les couleurs fondamentales et leurs dérivées directes, soit le bleu, le rouge et le jaune pour les couleurs fondamentales et le vert, l’orange et le violet pour les dérivées.

Plus le blanc ou argent et le noir, le jaune est souvent remplacé par l’or.

Rien n’empêche en phaléristique d’utiliser d’autres couleurs, surtout si celles qui composent l’ordre n’ont pas de rapport avec l’héraldique ou si certaines couleurs sont spécifiques à une famille.

Pour le bleu par exemple, on parlera de : bleu roi, bleu de Prusse, etc.

Les couleurs sont souvent remplacées dans les dessins anciens par leurs symboles que nous donnons ici, le thème n’est donné qu’à titre indicatif mais n’a sans doute pas une vraie valeur héraldique.

- d’Argent : argent ou blanc, pas de hachure, ou le couleur blanche (signe d’eau).

- d’Azur : bleu, hachures horizontales (représente le ciel). 

- de Gueule : rouge, hachures verticales (représente aussi le feu et la pureté).

- DE Pourpre : rouge vif légèrement violacé (représente la justice, le sommet de la hiérarchie épiscopale).

- d’Or : or ou jaune, pas de trait seulement un pointillé régulier ou non (symbole de la richesse).

- de Sable : noir, traits croisés verticaux et horizontaux (la mort, la tristesse).

- de Sinople : vert, traits diagonaux du haut droite vers la gauche (représente la nature, l’espérance).

On peut ajouter aux couleurs fondamentales :

la Sanguine :

l’Orange :

Mélange du rouge et du jaune, représenté par des traits verticaux et en diagonale de droite et de gauche.

le Tannι :

Mélange du rouge et du noir, traits en diagonale de gauche à droite et de droite à gauche et traits horizontaux.

la Carnation :

Couleur d’un carnation claire,

le Diapré :

Il faut ajouter les Pannes ou fourrures :

A/ L’Hermine :

mouchettes de Sable sur fond d’Argent, la contre Hermine, mouchettes d’Argent sur font de Sable.

B/ le Vair :

clochettes formant un ensemble dont les unes sont debout et d’Argent et les autres renversées et d’Azur.

vocabulaire

Aigle : toujours au féminin, l’aigle héraldique est de face ; l’animal peut être représenté avec une ou deux têtes. à une tête celle-ci est tournée vers la dextre, si non elle est dite « contournée », stylisé dans sa forme. Les ailes déployées de toute leur envergure vers le haut, se dit : « éployées ». Vers le bas, se dit « au vol abaissé ». Couronnées ou non. Avec fréquemment, pattes, griffes, tête et bec d’or. Les ailes, les rémiges de la queue et le reste du corps sont d’émail noir (sable) le plus souvent, mais rien n’empêche l’utilisation d’une autre couleur. L’aigle de l’empire français est représentée au naturel, en or, tête à gauche ou à droite, posée ou non sur les rayons de la foudre.

bras : paré, revêtu d’une manche, armé, revêtu d’une armure.

Couronné :

Il existe différentes couronnes symbolisant les souverains, voir couronnes.

Plantes fleurs et fruits :

CHARDON, CEP DE VIGNE, BUISSON, CHENE, SAPIN, PIN, FEUILLES DE CHENE ET GLANDS, GERBE DE BLE, EPI DE BLE servent régulièrement dans la construction des armes des royaumes et principautés.

Diamanté :

Partie d’une pièce d’un bijou, taillée en forme de diamant.

Dragon :

Animal mythique et symbolique qui représente en occident le mal ou le diable.

Partie antérieure de lion couvert d’écailles, oreilles pointues, ailes de vampire, pieds de griffon, queue terminée en dard.

ETOILE : normalement a 5 « rais » ou « rayons », la pointe supérieure est en pal. Si elle en a plus, le nombre est indiqué.

Pentalpha : étoile réduite à un filet entrelacé dite aussi étoile Chérifienne.

Didelta : étoile à 6 rais entrelacés, réunion de 2 lettres delta grecque entrelacées, dites aussi bouclier de David.

Faucon : oiseau aux ailes éployées, tête et pattes griffues de face, avec ou sans bonnette.

Paons : se dit rouant lorsqu’il est présenté de face faisant la roue.

Pal : dressé verticalement.(ex. Epée en pal)

Pélican : l’animal au naturel et aux ailes éployées, se perce la poitrine pour nourrir ses petits menacés de mourir de faim, se dit aussi « Pélican avec sa Pitié »

phénix : oiseau mythique, généralement représenté sur un bûcher

FLEUR : Tiercefeuille, Quartefeuille, Quintefeuille, fleuron héraldique à 4 ou 5 pétales ou feuilles pointues.

Fleuron : fleur de lis ou autre très stylisé servant à suspendre la croix ou en cul-de-lampe.

foi : poignée de main (deux Dextrochères se serrant la main)

franc armé : ce dit d’un cavalier bardé de fer de pied en cap, l’épée au point, le tout d’une seule couleur , sauf pour le bouclier qui parfois sert a porter l’écu d’une famille.

Griffon : Tête, poitrine, ailes et pattes d’un Aigle de profil ; corps et queue de Lion rampant a la queue léopardée.

HippocrÈme :

Hippogriffe :

HYDRE : serpent d’eau écaillé avec des pattes palmées et armées, se terminant en 7 têtes de serpent menaçantes.

LéopardÉ :

Licorne : cheval armé au milieu du front d’une corne droite.

Lion Armé :

Lion couronnÉ :

LionnÉ :

Lion Passant :

LUNE : croissant de profil

Main : se dit appaumée si elle montre sa face interne.

MONDE : dit aussi Globe Impérial ou Globe Crucigère (attributs du monde : cerclé en face, bande horizontale, cintré en demi-pal : sur l’hémisphère supérieur ; croiseté : surmonté d’une petite croix)

PASSANT : sur un blason et en héraldique, se dit d’un homme ou d’un animal placé sur ses pieds, dans l’attitude de la marche. Le léopard est passant, le lion rampant. Plusieurs animaux passants placés les un au-dessus des autres avec la tête dans le même sens de l’écu se disent :  passants l’un sur l’autre ; s’ils ont la tête dans des directions différentes ils sont dits : contre passants. 

PhylactÈres : banderole sur laquelle sont inscrites les paroles prononcées par les personnages d’un tableau ou d’un vitrail, par extension banderole sur laquelle est inscrite la devise ou une explication ayant trait au tableau.

Rameau : subdivision d’une des branches d’une famille. Petite branche d’un arbre symbolique : rameau d’olivier, rameau de laurier, rameau de chêne, etc.

RAMÉ (ée) : sur un blason et en héraldique, se dit des bois d’un cerf ou d’un daim d’un émail différent de celui du corps.

ROSE : églantine de face et sans tige, avec 5 pétales entre lesquelles apparaissent 5 feuilles. Le centre est parfois formé par 5 autres pétales. On dit que la rose est tigée et feuillée si elle porte lesdits attributs.

SOLEIL : disque d’or entouré de 16 rais alternativement droits ou flamboyants.

TREFLÉE : fleur héraldique à 3 ou 4 pétales lobées.

Trinacrie : Symbolise les trois caps de la Sicile, emblème en forme de trois jambes droites saisies en pleine course et reliées au niveau de la cuisse.

Les Chiffres et les Symboles 

  Les Anneaux

Les anneaux qui servent à la suspension des décorations sont, on peut facilement l’imaginer, tous différents en fonction de leur taille bien sûr mais aussi de la façon dont il sont fabriqués et de la manière par laquelle ils sont raccordés aux objets qu’ils doivent suspendre.

On détermine d’abord la façon dont ils sont raccordés aux bijoux : mobiles, fixes, soudés, ronds, ovales, à ressorts

Les Couronnes : 

Chaque couronne à un symbole particulier et désigne un personnage bien défini, il n’est pas de notre propos d’enseigner l’héraldique et nous nous contenterons d’aborder ici celles des couronnes qui nous incombent.

Impériales :

Les couronnes impériales se caractérisent par

Royales :

Les couronnes royales se caractérisent par

Princières :

Les couronnes princières se caractérisent par

La Tiare :

  Les Épées

Épées Croisées :

Il s’agit d’épées ajoutées à une décorations pour des raisons distinctes. Quand l’Ordre a deux divisions, une militaire et une civile, la division militaire porte les épées croisées ; elles peuvent passer par le centre de la croix ou être interposées entre l’ordre et le symbole qui la surmonte (couronnes diverses), au-dessus de ce symbole ou sur le ruban

En Pal :

Épée nue pointe en l’air

Brandie :

Dextrochère et Sénestrochère :

Bras droit ou gauche seul avec sa main, peut être armé d’une épée ou d’autre symboles.

  Palmes

Le plus souvent employées sous forme de couronnes : de laurier, de chêne, d’olivier, etc. Dans certains Ordres on les a panachées, chêne et olivier, laurier et chêne, laurier et olivier. Parfois une seule palme d’une seule sorte dans le centre ou une couronne supportant l’Ordre ou l’anglant ; toutes les compositions sont acceptables, les palmes peuvent être en or, en argent, émaillées, de vert ou plus rarement d’une autre couleur, avec ou sans fruits.

Chêne :

Dans la forme héraldique issue du Moyen Age et considérée comme conventionnelle, les feuilles de chêne représentent °°° mais, faute de connaissances ou pour d’autres raisons, ceux qui créèrent de nouvelles armoiries ou des décorations au XIXème siècle et à fortiori le XXème ne les ont pas forcément prises dans ce sens.

Lauriers :

Conventionnellement et déjà bien avant le Moyen-Age, au temps des empereurs romains, les lauriers étaient réservés au triomphe et par extension à la victoire.

Olivier :

De même les palmes d’oliviers étaient elles

  Rayons

La diversité de représentation des rayons peut se répertorier comme suit :

-Lisses, lisse entouré de godrons, lisse avec filets.

- Diamantés,

- rayons solaires, rayonnants, ondulés,  serpentants.

Centres

Le centre des bijoux des ordres

Rubans

Tous les Ordres sont associés à un ruban de couleur.

Il arrive – mais cela n’est pas fréquent – que l’insigne de l’ordre ne soit pas suspendu à ce ruban et soit porté sans ruban. Le ruban alors représente la décoration sur le vêtement porté par le récipiendaire.

La plupart des rubans sont en moire de soie à une ou plusieurs couleurs.

La largeur du ruban, des bandes de couleurs et le nombre qui le composent sont strictement définis dans les statuts de chaque ordre. Si on constate des différences sur les largeurs, il peut s’agir d’une fabrication artisanale en temps de guerre par un gouvernement en exil. Dans ce cas, ses modifications sont connues et répertoriées. Dans d’autres situations, elles peuvent être l’objet d’une indélicatesse. Dans les deux cas, l’amateur sera bien inspiré d’en parler à un expert.

Les rubans, auxquels sont suspendus les ordres, peuvent se présenter sous différentes formes suivant leurs origines territoriales. Les pays germaniques et les pays de l’Est utilisent souvent un pliage en forme de pyramide renversée. Les Allemands d’avant 1914 portaient très souvent leur décoration en brochettes dont les rubans étaient

Pour les Officiers d’un Ordre, en général, le ruban est orné d’une rosette de forme ronde faite dans un morceau du ruban de l’ordre et cousu sur le ruban. La largeur de la rosette est très souvent définie dans les statuts ou dans les ordonnances relatives à leur fabrication.

  Bibliographie générale

23 mai 1999  jeudi 8 mai 2003 19 octobre 2006 

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Aigles Foudroyés (Les) : – Frédéric Mitterrand, Paris 1996.

Almanach Français ( Royaux, Impériaux et Nationaux ) – périodes de 1732 à 1920.

Almanach Royal de Belgique : – période de 1840 à 1930.

Almanach Royal d’Espagne : – période de 1777 à 1916

Almanach Royal de Pays-Bas : – période de

Almanach Royal  d’Italie : – période de 1870 à 1920.

Almanach whitaker : de grande bretagne : période 1997

Annuaires de la Légion d’Honneur : 1927.

Annuaires de la Noblesse de France : – Borel d’Hauterive, Paris années 1843-1896.

Annuaires du Conseil Héraldique de France : Paris 1894.

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Catalogue of British Orders Decorations & Medals : – A. Litherland, B.T. Simpkin, Londres 1990.

Catalogues des ventes publiques, salle Drouot à Paris :

Expert : Christian Blondieau.

Expert : Luc Farhi.

Expert : Daniel Renaud.

Expert : J.P. Stella.

Catalogues des ventes publiques, salle Bordeaux rive droite :

Expert : François Chivaille.

Catherine la Grande : – Henri Troyat ( de l’Académie Française.) – Paris 1977.

Condecoraciones Militares Espanolas : – L. Gravalos Gonzalez, J.L.Calvo Perez, Madrid, 1988. 

Consulat et Empire, (Le) : A. Thiers, Paris 1849.

Couronnes du Monde : – A. Chaffanjon, Paris 1980.

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Dictionnaire Historique « le mélange curieux de l’histoire sacré et profane », de Mre. Louis Moréri. Paris 1732.

Dictionnaire d’Histoire et de Géographie : M.N.Brouillet, Paris 1861.

Dictionnaire d’Histoire Universelle : – Michel Moure, Paris 1968.

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Die Bayerischen Orden und Ehrenzeichen : – Georg Schreiber, München 1964. 

Distingtions Honorifiques de la Belgique : – A. C. Borné, Bruxelles, 1985.

Europe des Rois (L’) : – Stéphane Bern, Paris 1988.

Fra Korsridder til Ridderfors : – Nils G. Bartholdy, Copenhague 1993. 

Gauthier de Sibert : – Imprimerie royale 1772

Guide des Ordres, Décorations et Médailles Militaires Françaises. et Étrangères. : – A. Souyris-Rolland, (2 volumes) Paris, 1979.

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Histoire d’Allemagne : Pierre Gaxotte – Paris 1975

Histoire d’Allemagne : André Maurois (de l’Académie française) – Paris 1965.

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Histoire de l’Europe : – J. et H. Pirenne, – Bruxelles 1962.

Histoire d’Espagne : – Jean Descola – Paris 1979.

Histoire de l’Espagne : Fernando Diaz Plaja 1976.

Histoire de l’Empire des habsbourg : – Jean Bérenger – Paris 1993.

Histoire de France : – A Lavisse

Histoire de France : – Jules Michelet, 1867

Histoire de France : A. Castelot et A. Decaux (de l’Académie Française) Paris 1979.

Histoire d’Italie :

Histoire des peuples d’Europe Centrale – Georges Castellan – Paris 1994.

Histoire de la Suède :- Ingvar Andersson – Traduction de Marcel Bouvier 1973.

Histoire du Portugal :

Histoire de Russie :

Histoire de la Légion d’Honneur : – Ch. Lavauzelle, Paris, 1982.

Histoire, Législation des Ordres de Chevalerie et Marques d’Honneur : – van Hollebeck, Bruges 1875.

Histoire de la Toison d’Or ; – Reissenberg, Bruxelles 1830.

Historiographe des Ordres du Roi : – Poullain de Saint-Foix, Paris 1780.

Insigne Cavalleresche e Medaglie del Regno d’Italia : – E. Armani, Rome 1915 Italian Orders of  Chivalry and Medals of Honour : – Harrold F. Gillingham, New York 1923. 

Légion d’Honneur (La) : – Jules Regnault, Paris 1932.

Légion d’Honneur et l’Ordre du Dannebrog (La) – Nils G. Bartholdy, Chancellerie des Ordres Royaux du Danemark, 1982

Couronnes de l’Exil (Les) : – Stéphane Bern, Paris 1990.

Chevaliers Teutoniques (Les) – Georges Bordenove.

Dynasties d’Europe (Les) : – J. Louda & M. Maclagan, Bordas Paris, 1993.

Génie du Christianisme (Le) : -vte. A de Chateaubriand 1814.

Mémoires d’Europe : – Archiduc Otto de Habsbourg – Paris 1993

Mérite Militaire : –

Monaco et ses Princes : – Henri Métivier, la Flèche, 1865.

Nederlandse en Buitenlandse Ridderorden en Onderscheidingen : – baron C. van Heerdt, Amsterdam 1965. Nederlandse Ridderorden en Onderscheidingen : – Dr W.F. Bax, Rotterdam 1951 

Nobiliaire de Saint-Allais : – Dumas : Paris 1843.

Nouveau Dictionnaire des Ordre de Chevalerie : – Gourdon de Genouillac, Paris 1891.

Odlikovanja Socijalisticke Jugoslavije : – Stojan Rudez, Belgrade, 1987. Onori E Glorie : tomes I, II, III, – Antonio Spada, Brescia, 1983. 

Orden Europa : – J Nimmergut, Munich, 1991. Orden und Ehrenzeichen der Österreichisch Ungarichen Monarchie : – V. Mericka, München, 1974. 

Ordenes y Condeçoraciones de españa 1800-1975: José Manuel Pérez Guerra. Hermanos Guerra, Zaragoza 2000. Orden und Auszeichnungen : – Vaclav Méricka. Prague 1966. 

Orders, Decorations of all Nations : – R. Werlich, Washington, 1974. Orders, Medals and Decorations of Britain and Europe : – P. Hieronymussen, Londres, 1975. 

Orders of Knighthood, Awards and the Holy See : – H. E. Cardinale, Worcester, 1985. Orders Medals and Histotry of Greece (The): – Prince Dimitri Romanoff,  Copenhagen, 1987. 

Orders Medals and Histotry of the Kingdom of Bulgaria (The) : – Prince Romanoff, Copenhagen, 1982. Orders Medals and Histotry of Montenegro (The) – Prince Dimitri Romanoff, Copenhagen, 1988. 

Ordres de Chevalerie et Récompenses Nationales : Administration de la Monnaies de Paris, 1956.

Ordres et Décorations Monégasques : – J. Guiraud-Darmais, Monaco, 1985/ 1995.

Ordres et Décorations de France : – Michel Droit, (de l’Académie Française) Hachette 1981.

Ordres et Décorations : – Claude Ducourtial : édit. P.U.F. Que sais-je ?

Ordre de Malte et la France (L’)  : – Musée National de la Légion d’Honneur, Paris 1989.

Ordres Nationaux de la Finlande (Les) : – Ministère des Affaires Étrangères, Helsinki, 1975.

Ordres Nationaux Belges (Les) : – R. Cornet, Bruxelles, 1982.

Pierre Ier le Grand : – Henri Troyat ( de l’Académie Française ) – Paris 19

Templiers (Les) : – Georges Bordenove.

Templiers (Les) : – Régine Pernoux.

Pour le Mérite und Tapferkeitsmedailla : – K. G. Klietmann,Berlin, 1966. 

Quand flamboyait la Toison d’or: Jean Philippe Lecat, fayard 1997

Recueil Général des Anciennes Lois Françaises : – Jourdan, Decrusy, Isambert, Plon à Paris 1819.

Ribbons and Medals : – H.t. Dorling, Londres, 1983. Russian and Soviet Military Awards : – V. A. Durov, Musée Historique Lénine, Moscou 1990. 

Toison d’O un mythe européen (la) : sous la présidence de Jean Richard, membre de l’Institut, Somogy éditions, Paris 1998.

Whitaker’s Almanack : – Whitaker and Son publisher. London 1868-1997    [1] Maigne (1833)

[2] Phaléristique : du mot Phalère, plaque de métal que recevaient les légionnaires romains pour leurs actions méritoires et qu’ils portaient sur leur cuirasse ou sur le harnachement de leur cheval. Les Sénateurs qui avaient reçu de telles marques pouvaient les porter sur leur toge, suspendues par une chaîne ou un collier ou par un ruban en écharpe. Phaléristique : étude des médailles portables. 

[3] La ville de Jérusalem sera prise par les Turcs en 1076. 

[4] Le nom de croisé venant du fait qu’ils portent sur leur vêtement une croix de tissu cousue. 

[5] La croisade de Pierre l’Ermite et Gauthier sans Avoir se terminera après des souffrances, des privations et des maladies effroyables, par le massacre complet des pèlerins par les Turcs à   en 1096. 

[6] Elle porte ce nom en raison du fait que les deux plus éminents croisés, l’empereur germanique, Henri IV et le roi de France Philippe Ier, excommuniés, n’y participeront pas. Mais elle sera conduite par leurs grands barons : Robert de Normandie (français du Nord), Godefroy de Bouillon, Baudouin de Flandre, Robert de Flandre (Lorraine et Flandre) Bohémond de Tarente et son neveu Tancrède (Normands d’Italie), le comte de Vernandois, le duc de Normandie, le comte de Toulouse.

Pour tout Contact /  Jean Y COLLIN  guideencyclopedique@neuf.fr 

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 17 juin, 2007 |4 Commentaires »

Chevalerie et croisade

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Qu’est-ce que la chevalerie ?

C’est dans le monde barbare que la militia plonge ses lointaines racines. Qu’il s’agisse du vocabulaire, – le mot « guerre » ne provient-il pas du francique werra? –, des pratiques guerrières et des coutumes sociales, – que l’on songe au comitatus, « compagnonnage », Gefolgschaft, dont il est déjà question dans la Germania de Tacite (en 98/99 de notre ère), – qu’il s’agisse de valeurs et de mentalités guerrières, de l’admiration pour les chevaux, de la fascination qu’exerce la magie des épées…

Dans le courant du VIIIe siècle – époque cruciale de l’histoire de l’Europe occidentale [3] –, la cavalerie lourde, ancêtre direct de la chevalerie, devient la « reine des batailles » et supplante l’infanterie jusque-là prédominante : la généralisation progressive de l’étrier, – déjà connu en Chine depuis plusieurs siècles, – la fréquence des expéditions lointaines dans une Francia dilatée, l’usage de la tactique de la tenaille, notamment, ont favorisé cette nouvelle manière de combattre. Les chevaux combattants, pour reprendre les termes d’un éminent spécialiste de la chose militaire, devinrent alors « un instrument de choc, de manœuvre et de vitesse » [4].

À cette première étape, fondamentale, succédera, trois siècles plus tard, une autre révolution technique ou tactique tout aussi importante : la nouvelle escrime à la lance. Cette technique, déjà illustrée vers 1080 sur la célèbre Tapisserie de Bayeux, a sans doute été utilisée dès 1066 lors de la bataille de Hastings. Elle se diffusera vraisemblablement par l’intermédiaire des Normands – de Normandie, bien sûr – sur le Continent, en Angleterre et en Sicile. La méthode consistait à tenir la lance horizontalement, à la serrer solidement sous le bras et à transpercer son adversaire de tout le poids du cheval, solidarisé avec le cavalier et lancé au grand galop; les combattants se regroupaient en « conrois » – ou détachements militaires – et chargeaient en rang serré pour défoncer et disloquer le dispositif adverse; la force de pénétration et de rupture d’un « conroi » devait être formidable, impressionnante…

D’autant que les tournois – véritables compétitions sportives au cours desquelles les conditions de la vraie guerre étaient pratiquement reconstituées – vont donner aux guerriers, entre la fin du XIe et le début du XIIIe siècle, la possibilité de s’entraîner et surtout de maîtriser une technique particulièrement difficile, tout en la perfectionnant.

En d’autres termes, l’escrime à la lance devient, dans le courant du XIIe siècle, une technique exclusivement « chevaleresque », réservée à la cavalerie d’élite. Cette méthode révolutionnaire de combat contribua largement au développement d’une mentalité nouvelle, fondement d’une « idéologie chevaleresque »: conscience de la supériorité, recherche de la renommée et de la gloire, sens de l’honneur – entre gens d’élite on s’efforce de gagner, non pas de tuer ; on se rançonnera donc et le vaincu s’engagera, sur parole, à « honorer » sa dette au vainqueur. Par surcroît, l’escrime à la lance oblige le cavalier à mieux se protéger le corps d’une cotte de mailles – ou haubert – et le visage d’un heaume. Devenu méconnaissable, le guerrier fait peindre des signes de reconnaissance sur sa tunique, ou cotte d’armes, et sur son bouclier : ainsi naissent, vers le milieu du XIIe siècle, les armoiries qui vont également concourir à isoler, distinguer, le cavalier d’élite, à flatter son orgueil et à hypertrophier son ego! Décidément, chevalerie s’élève. Elle s’éloigne de plus en plus de « vilenie » – incarnée par les bourgeois et les roturiers – qui correspond à tout ce qu’elle ne veut pas être…

Les institutions de « paix » se diffusaient en Europe depuis la fin du Xe siècle. À leur tour, elles vont enrichir l’éthique des guerriers : militia ne doit pas être confondue avec malitia. Le chevalier est invité à mettre ses compétences militaires et sa redoutable efficacité au service de l’ordre public assumé, en période d’affaissement du pouvoir royal, par les hommes d’Église, par les évêques inspirateurs du mouvement de la « paix de Dieu ». L‘Église a besoin des chevaliers pour combattre, à l’intérieur, les brigands et les pillards, et, à l’extérieur, les Sarrazins. Au sommet de la hiérarchie ecclésiastique, à Rome, on recrute des hommes d’armes pour défendre le patrimoine de Pierre : ce sont les milites sancti Petri ou, mieux encore, les milites Christi.

En 1095, le pape Urbain II dirigera vers le Moyen-Orient les chevaliers d’Occident devenus, pour la circonstance, des croisés qui pourront à loisir décharger leur agressivité contre les ennemis de la foi, au plus grand profit de la Chrétienté à la fois préservée et défendue. Ces croisés, qui auront pour mission de libérer l’héritage du Christ, vont donc se voir attribuer, eux aussi et tout naturellement, le nom de milites Christi, « chevaliers du Christ ».

Vers l’an 1100, la chevalerie d’Occident, qui entreprend un véritable pèlerinage armé, – la première croisade, – voit son idéal transfiguré par une « résonance spirituelle » incomparablement plus forte !

Cette résonance va s’épanouir dans une cérémonie essentielle pour un guerrier : l’adoubement. À l’origine, ce « rituel de passage » est, si l’on peut dire, exclusivement laïque. Il s’agit d’un cérémonial d’«équipement » influencé par des traditions germaniques et des mythes celtiques soutenus eux-mêmes par toute une littérature profane (les romans courtois et la poésie des troubadours).

À partir du milieu du XIIe siècle, des valeurs d’Église vont influencer la cérémonie d’adoubement. Ces valeurs s’inspirent de l’idéologie royale dont les liturgies se diffusent, en quelque sorte, du haut vers le bas. L’exemple, dès lors qu’il relève du domaine du sacré, vient souvent des hauteurs.

Aux valeurs profanes et guerrières : prouesse, – le chevalier est preux, probus, proz, « réputé et digne de l’être », – orgueil, violence jubilatoire, esprit de caste et de clan, largesse, courtoisie, honneur et parole d’honneur, – « noblesse oblige », – viennent s’ajouter des vertus chrétiennes ou, ce qui revient à peu près au même, royales : protéger l’Église, ses représentants et ses biens, maintenir la « paix de Dieu », combattre la perfidie, protéger le faible, la veuve et l’orphelin, donner sa vie pour ses frères chrétiens…

Tout, à vrai dire, porte la chevalerie vers les sommets, quand bien même, à l’origine tout au moins, il n’est pas possible de la confondre avec une classe sociale. Les milites étaient initialement et restèrent longtemps des guerriers professionnels, des spécialistes du métier des armes, qui se recrutaient dans toutes les classes de la société : vassaux, cadets, bâtards, ministeriales, serviteurs armés (Ritters, knights), alleutiers, paysans enrichis, mercenaires, guerriers de tous poils. La « chevalerie » ne s’identifiait pas à l’aristocratie : « on naissait noble; on devenait chevalier » [5]. À la tête de cet ordo militum, bien évidemment, les seigneurs banaux, les princes et les rois, qui n’ont pas été les derniers à vouloir respirer les odeurs capiteuses de la guerre : celles du sang et de la sueur des hommes et des bêtes [6]. Eux aussi vont se parer, avec satisfaction, du titre de miles, premiers bénéficiaires qu’ils furent alors de la militarisation généralisée de la société.

En ce même temps, du reste, les vertus – religieuses et profanes – de la militia se sont incarnées dans de fortes personnalités qui, par leur attitude, vont contribuer à enrichir l’idéologie chevaleresque : l’empereur Frédéric Ier Barberousse (1152-1190) et le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion (1189-1199) furent de ce nombre. Ils ont été, l’un comme l’autre, de véritables « rois-chevaliers ».

Richard, dont la tumultueuse carrière est retracée par J. Flori, n’était pas seulement un homosexuel, – ou plus exactement un bisexuel puisqu’il aimait aussi le beau sexe, – un « paillard polyvalent »; il fut aussi un archétype, un modèle de chevalerie, qui voulut vivre intensément les valeurs militaires, construire et soigner son image par un véritable travail de propagande et, au bout du compte, forger sa propre légende. L’Histoire le lui a bien rendu. Ce chevalier dans l’âme vivait à une époque où la militia était encore la « noble corporation des guerriers d’élite». Quelques dizaines d’années plus tard, vers 1250, l’aristocratie, soucieuse de maintenir son rang et de protéger ses privilèges, va tout faire pour réserver à ses seuls fils l’honneur chevaleresque. Elle atteindra ses objectifs. La caste chevaleresque deviendra donc, inéluctablement, la « corporation des guerriers nobles». Au terme du processus, dans le courant des XIVe et XVe siècles, la chevalerie, « honneur suréminent », sera exclusivement réservée à la noblesse qui est devenue la « base nécessaire » de la militia. En d’autres termes, pour reprendre la formule de J.F., « la chevalerie commence de plus en plus haut, elle descend de moins en moins bas ».

Qu’est-ce que la croisade ?

Convenons-en. De la non-violence chèrement payée des premiers chrétiens à la guerre sacrée, qui conduira les chevaliers d’Occident au massacre des habitants (musulmans et juifs) de Jérusalem (1099), quel étonnant chemin parcouru. Entre ces deux attitudes, totalement contradictoires, le message de saint Augustin qui, perdu dans la tourmente de l’écroulement de l’Empire romain d’Occident, se fait le chantre de la guerre juste, fondée sur le principe de la légitime défense.

Campée au cœur même de la société brutale du haut Moyen Âge, l’Église fut obligée de s’adapter. Chef spirituel à la tête d’un vaste temporel – l’État pontifical –, le pape fut contraint, malgré les recommandations de saint Paul, de « se mêler des affaires du siècle ». À l’échelon inférieur, les seigneuries ecclésiastiques, particulièrement importantes dans l’Empire germanique en raison même de l’installation, à partir de 980 environ, du « système ottonien de l’Église impériale » (Reichskirche). Puissance territoriale, l’Église fit donc appel à la militia. Elle recruta des guerriers – milites sancti Petri, milites Christi, gregarii milites, indominicati milites ou encore ecclesiastici [7] – qui combattirent pour elle, c’est-à-dire pour une cause jugée bonne, sainte et juste. Le patron tutélaire de l’église menacée, – qu’il s’appelle saint Pierre, saint Denis ou saint Lambert, – du haut du Ciel, ne manquait pas d’apporter son aide à ses pieux guerriers.

La guerre s’en trouva donc singulièrement valorisée, alors que les évêques, responsables du mouvement de la « paix de Dieu », ceux-là mêmes qui besognaient péniblement à la pacification intérieure de l’espace chrétien, ne voyaient pas d’un mauvais œil la mobilisation des milites – avides, turbulents et redoutables – contre les ennemis du dehors, contre les musulmans que l‘on accusait, assez bizarrement, de polythéisme et d’idolâtrie ! Rien ne vaut, avant l’affrontement, une diabolisation efficace de l’adversaire…

Dans cette atmosphère de « propagande mobilisatrice » vont surgir les deux personnalités qui déclenchèrent littéralement la croisade : le pape Urbain II et l’ermite Pierre.

Au moment où il lançait son appel de Clermont (1095), le souverain pontife se proposait plusieurs objectifs : utiliser la chevalerie d’Occident pour porter aide à l’empereur de Constantinople Alexis Comnène ; reconquérir les territoires récemment tombés aux mains des Turcs ; libérer Jérusalem et les Lieux saints; réunifier la Chrétienté sous l’autorité de Rome – l’Europe était alors plongée au cœur même de la Querelle des investitures, qui opposait farouchement les « deux moitiés de Dieu », le pape et l’empereur. Pour inciter les guerriers à partir, Urbain II leur offrit la rémission des péchés et la protection de l’Église; il leur proposa un signe de reconnaissance – la croix – et un cri de ralliement : « Dieu le veut !». Quant aux milites Christi, en dehors de leur volonté de combattre les ennemis du Christ et de reconquérir Jérusalem, ils espéraient bien, conformément aux traditions de leur dur métier, se couvrir de gloire et faire main basse sur un riche butin. Effectivement, il ne s’en privèrent pas…

Guerre de pillage – comme toutes les guerres de ce temps –, la première croisade fut donc aussi une guerre juste, sainte et méritoire, un pèlerinage armé à vocation pénitentielle, dont les acteurs, animés par une force et un courage incroyables, tendirent intensément vers un objectif très précis : la délivrance du tombeau du Christ.

L’attitude du plus célèbre des croisés, Godefroid de Bouillon, nous semble à cet égard très caractéristique. Lorsque Jérusalem sera tombée et qu’il sera nécessaire d’organiser la conquête, ce duc de Basse-Lotharingie, inspiré sans doute par des hommes d’Église, refusera de porter la couronne royale là même où le Christ avait porté une couronne d’épines : il se contentera du titre d’avocatus sancti Sepulcri [8]. Les historiens se sont interrogés sur la signification et la portée de cette « avouerie ». D’aucuns ont pensé que, par ce titre, Godefroid avait placé les Lieux saints sous l’autorité du Saint-Siège. Nous ne pensons pas que cette interprétation soit exacte. Les fonctions d’« avoué du Saint-Sépulcre » font vraisemblablement référence à l’avouerie telle qu’elle était conçue en Basse-Lotharingie, c’est-à-dire une institution soumise au bannum royal [9]. Le roi dont il serait ici question ne peut être que le Christ lui-même, dont le duc Godefroid, miles Christi, reconnaît la souveraineté et dont il entend être le fidèle avoué. Pour matérialiser cette avouerie tenue du Ciel, le pieux croisé mettra sans tarder la main sur une construction hautement stratégique et symbolique : la tour de David qui dominait Jérusalem.

Le second moteur de la première croisade est fort vraisemblablement Pierre l’Ermite. La démonstration de J.F., sur ce point, nous paraît bien argumentée et solidement construite. Pierre, dont les origines nous échappent, n’était ni noble, ni chevalier, ni lettré. C’était un moine, un prêtre et un ermite, un exalté animé par une foi fanatique, un personnage isolé mais mégalomane qui a joué un rôle essentiel dans le lancement puis dans la conduite de cet événement majeur de l’histoire de l’Occident médiéval que fut la première croisade.

Pierre l’Ermite, en dernière analyse, est un témoin hors du commun de la spiritualité populaire au sein de la société guerrière de la fin du XIe siècle.

L’attitude de l’ermite Pierre, tout comme celle du pape Urbain ou du duc Godefroid, est en pleine conformité avec la définition, toute simple mais suffisante, que J.F. propose de la croisade, au terme de son propre cheminement : « une guerre sainte ayant pour objectif la libération de Jérusalem » [10].

Bien sobres termes, il est vrai, pour définir une folle et extraordinaire aventure qui jeta sur les routes de la Terre sainte une cohue fanatisée de quelque cent mille personnes encadrées par quinze mille chevaliers qui voulaient combattre pour le butin, pour la gloire et pour le « seigneur Christ ».

 NOTES

[1] Il n’est pas question de recenser ici le maître ouvrage de J. FLORI publié sous la forme de deux volumes séparés : L’idéologie du glaive. Préhistoire de la chevalerie, Genève, 1983; L’essor de la chevalerie, 11e-12e siècles, Genève, 1986. Notre article bibliographique porte, plus précisément, sur les travaux ultérieurs qui, bien évidemment, ont incorporé la substance de ce beau diptyque : J. FLORI, La première croisade. L’Occident chrétien contre l’Islam (Aux origines des idéologies occidentales), Bruxelles, Éditions Complexe, 1992 ; 1 vol. in-16, 287 p. ; ID., La chevalerie, Paris, Éditions Jean-Paul Gisserot, 1998 ; 1 vol. in-16, 128 p.; ID., Chevaliers et chevalerie au Moyen Âge, Paris, Hachette, 1998 ; 1 vol. in-16, 307 p.; ID., Croisade et chevalerie, XIe-XIIe siècles, Paris-Bruxelles, De Boeck Université, 1998; 1 vol. in-8°, VIII-433p.; ID., Richard Cœur de Lion. Le roichevalier, Paris, Payot, 1999 ; 1 vol. in-8°, 598 p.; ID., Pierre l’Ermite et la première croisade, Paris, Fayard, 1999 ; 1 vol. in-8°, 647 p. ; ID., La Guerre sainte. La formation de l’idée de croisade dans l’Occident chrétien, Paris, Aubier, 2001; 1 vol. in-8°, 406 p.

[1]
Il n’est pas question de recenser ici le maître ouvrage de J. FLORI publié sous la forme de deux v…
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[2] On ne pourra jamais reprocher à J.F. ce qu’il reproche lui-même, sans aménité mais avec raison, aux travaux d’A. Dupront dont la valeur, selon ses termes, « est malheureusement oblitérée par sa recherche trop systématique d’un style personnel. Cette démarche obscurcit sa pensée, déjà complexe en elle-même, jusqu’à la rendre totalement opaque par l’usage d’un langage abscons jusqu’à l’hermétisme. » FLORI, Pierre l’Ermite, p.503 n. 20.

[2]
On ne pourra jamais reprocher à J.F. ce qu’il reproche lui-même, sans aménité mais avec raison, au…
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[3] Période durant laquelle, ainsi que l’observait très justement H. PIRENNE dans un livre bien connu, « la tradition antique se perd » alors « que les éléments nouveaux prennent le dessus »: Mahomet et Charlemagne, réimpr., Paris, 1970, p.215.

[3]
Période durant laquelle, ainsi que l’observait très justement H. PIRENNE dans un livre bien connu,…
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[4] Ch. DE GAULLE, Mémoire rédigé en janvier 1940, cité par Ph. BARRÈS, Charles de Gaulle, Paris-Bruxelles, 1945, p.63, à propos, bien évidemment, de ce que de Gaulle appelle les « moteurs combattants » et la « force mécanique »…

[4]
Ch. DE GAULLE, Mémoire rédigé en janvier 1940, cité par Ph. BARRÈS, Charles de Gaulle, Paris-Bruxel…
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[5] Selon l’heureuse formule d’É. PONCELET, historien, injustement méconnu, de la chevalerie et de la noblesse médiévale. Cfr J.L. KUPPER, Liège et l’Église impériale, XIe-XIIe siècles, Paris, 1981, p. 212-234. J.F. n’affirme pas autre chose lorsqu’il écrit : « La chevalerie est donc très homogène dans le domaine professionnel, mais très hétérogène dans l’ordre social. » FLORI, Pierre l’Ermite, p. 204.

[5]
Selon l’heureuse formule d’É. PONCELET, historien, injustement méconnu, de la chevalerie et de la …
[suite]

[6] Les princes conduisent la troupe, donnent l’exemple, prennent des risques, provoquent, le cas échéant, le choc psychologique indispensable. Ainsi, le comte Baudouin V de Hainaut qui n’hésite pas à descendre de cheval pour contraindre ses compagnons d’armes à ne pas déserter le champ de bataille et pour ranimer leur courage : Balduinus, vivido assumpto animo, ab equo descendit super aquam que Pietencials dicitur [le Piéton, près de Binche (Hainaut)], ut sui videntes eum peditem non relinquerent, sed cum eo tam equites quam pedites ad bellum animarentur: GISLEBERT DE MONS, Chronicon Hanoniense, éd. L. VANDERKINDERE, Bruxelles, 1904, p. 102 (1170). – Épisode similaire mentionné par FLORI, Richard Cœur de Lion, p.335-336.

[6]
Les princes conduisent la troupe, donnent l’exemple, prennent des risques, provoquent, le cas éché…
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[7] Ces trois derniers mots ou expressions proviennent des sources du pays mosan et appartiennent aux XIe et XIIe siècles : KUPPER, Liège et l’Église impériale, p.232.

[7]
Ces trois derniers mots ou expressions proviennent des sources du pays mosan et appartiennent aux …
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[8] FLORI, Pierre l’Ermite, p.462, 592 n.6. Sur cette question fort controversée, voir en dernier lieu l’étude remarquable de L. FERRIER, La couronne refusée de Godedroy de Bouillon : eschatologie et humiliation de la majesté aux premiers temps du Royaume latin de Jérusalem, Le concile de Clermont de 1095 et l’appel à la croisade, Rome, 1997, p.245-265.

[8]
FLORI, Pierre l’Ermite, p.462, 592 n.6. Sur cette question fort controversée, voir en dernier lieu…
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[9] Cf. L’avouerie en Lotharingie [recueil d’études], Publications de la Section historique de l’Institut Grand-Ducal de Luxembourg, t. 98, 1984, p.7-240.

[9]
Cf. L’avouerie en Lotharingie [recueil d’études], Publications de la Section historique de l’Insti…
 

[10] FLORI, La guerre sainte, p. 357.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 16 juin, 2007 |Pas de commentaires »

LES ESSENIENS

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Les tailles respectives, des pays de l’Est de la Méditerranée, ont fait que, de tous temps, la Palestine, comme les autres contrées, eut du mal à conserver son indépendance. Sa petite taille et sa situation (de lieu de passage « presque obligé » pour accéder à l’Egypte), ont fait de la Palestine un objet de convoitise. Elle fut donc, bien souvent envahie ou dominée.

Elle le fut (entre – 200 et – 142) par son voisin la Syrie, sous la dynastie des Séleucides, ainsi qu’entre – 175 et – 164, par Antiochos IV qui, par l’intermédiaire des Kittims, peuple chypriote mercenaire au service des syriens, décrits comme des vautours dévorant le peuple, par vagues successives, attaque, persécute, torture sous prétexte de campagnes de pacification…Mais, en réalité, la cause réelle provient de la défaite de Magnésie du Sipyle contre Rome en – 189, suivie (en – 188) du traité d’Apamée, qui impose au roi de Syrie, Antiochos III, le versement de 12 000 talents (1000 par an… 1 talent d’Or pèse entre 20 et 27 kg). Ainsi les besoins syriens, en métal précieux, deviennent-ils importants. (Antiochos III mourut en – 187 lors de la tentative de pillage du Temple de Bêl en pays d’Eden). Rentrant d’une campagne militaire contre l’Egypte, Antiochos assiège et pille le Temple de Jérusalem – le Trésor est pris en – 167 et « abomination », un autel païen est dressé sur le grand autel des holocaustes. La liberté religieuse est supprimée, les populations massacrées, il ne s’agit pas de dominer un peuple mais de détruire une croyance. Les biens sont confisqués. Les terres regroupées et louées à des colons. Les femmes et les enfants sont massacrés, les survivants sont vendus comme esclaves…

En – 163, Antiochos V rend aux juifs, la liberté religieuse, mais violant son serment, il démantèle les remparts du Temple.

Démétrios Sôter, son neveu, – otage évadé de Rome – prend le pouvoir en – 161, fait tuer le prétendant, son cousin Antiochos et le régent Lysios. Il confirme, comme Grand Prêtre, le Juif Alkime, prêtre selon la tradition d’Aaron, mais c’est un fourbe qui cherche pouvoir et honneurs, il coopère avec Bacchides, un gouverneur important, et cherche à négocier avec le mouvement de l’Alliance, mouvement existant mais qui par réaction à la répression religieuse, avait pris depuis plusieurs années, une forme offensive. Ce mouvement reste fidèle à la loi et alimente la révolte.

Le chef de l’Alliance est Judas Maccabée, il a succédé à son père. Se méfiant d’Alkime, il n’assiste pas à la réunion et évite ainsi la mort… Alkime avait fait égorger ceux qui lui avaient fait confiance, et les avait  jetés dans un puit (1).

Judas Maccabée sera recherché par le gouverneur Bacchides, jusqu’à sa mort en – 160. Son frère Jonathan prendra sa succession comme guide des fidèles de l’Alliance ; recherché, menacé, il devra s’enfuir dans le désert avec les insurgés.

De ces fidèles de l’Alliance, naîtront deux tendances assidéennes

     – Les pharisiens, qui resteront dans la vie publique.

     – Les esséniens qui continueront à vivre selon leur foi dans le désert, en communautés, ils seront opposés à tous ceux qui envahiront l’état de Palestine, et se battront pour la défense de leur foi, alimentant les révoltes et fournissant des proies aux répressions, spécialement le jour du Sabbat (2) (3).

Vous excuserez cette longue introduction, mais si l’on parle souvent des Esséniens, il est beaucoup plus rare de trouver leur origine. Voilà chose faite.

Les Esséniens ont formé un courant religieux au sein du judaïsme. D’autres courants religieux existaient déjà, mais l’essénisme fut de loin, le plus important

Tout en partageant les croyances  et la loi juive, ils appliquaient ses principes avec quelques différences.

C’étaient des êtres qui voulaient vivre la Perfection et la Fraternité, ils avaient le sens de la justice, de la vérité, du droit égal pour tous. Ils étaient désintéressés, menant une vie austère et ascétique, recherchant toujours la pureté, la contemplation, la méditation, les spéculations métaphysiques, l’éternelle recherche du sens caché des oeuvres de Dieu.

Ils se référaient au Tétragramme, puisque celui-ci portait le « Nom ». Aimant les enfants, ils recueillaient et élevaient des orphelins, ils soutenaient les plus déshérités. Comme ils étaient très religieux, ils leurs apprenaient à respecter les oeuvres du Seigneur, à prier régulièrement, en choisissant de préférence les belles prières ancestrales.

Ils croyaient à la réincarnation et à l’immortalité de l’âme qui nous suit pendant des siècles. Leur recherche était permanente.

Comme ils étaient très courageux, ils pouvaient entreprendre n’importe quel travail. Ils ont développé la médecine, la chirurgie, la spagirie : l’art des plantes ou simples cueillies à des époques bien précises, selon la position de la lune ou de certaines planètes, qui étaient la base de leurs traitements. Ils joignaient à cela, des dons comme le magnétisme, ils étaient habiles à remettre en place les membres accidentés. On les appelait Thérapeutes.

Ils rêvaient du Messianisme. Très spiritualistes et très mystiques, ils espéraient la venue d’un Messie d’Israël qui pourrait être la réincarnation d’un  prophète. Ils avaient subi l’influence d’Ezéchiel le visionnaire, qui vivait au début du VIème siècle avant J. C et ils souhaitaient que le Messie attendu soit un descendant de David et soit semblable à Moïse.

Dans cette attente, ils se sont donnés des Maîtres de Justice, c’est à dire des initiés, qui étaient leurs instructeurs, interprètes de la divinité et qui devaient avoir des relations directes avec d’anciens maîtres, tel Jérémie, successeur spirituel d’Osée sept siècles avant J. C., maître membre de la classe sacerdotale, réputé comme serviteur de Dieu, Etre très bon, très compatissant, chassé de son pays par les persécutions des envahisseurs chaldéens, emprisonné et mort des suites de ses persécutions.

Les Esséniens ont formé des communautés dont certaines ont été très importantes, notamment dans la région de Quomrâm et dont on pu reconstituer la vie.

La Palestine, lieu de passage a beaucoup souffert des nombreuses invasions contre l’Egypte.

Les Thérapeutes ont toujours lutté pour défendre Israël. Ils croyaient aux anges, messagers des volontés de Dieu et des révélations. Hénoch, instruit par Ouriel (Lumière de Dieu) disait que ses guides étaient des anges, en hébreu « Elim ». Ils pratiquaient l’astronomie et considéraient les anges comme des guides des astres, manifestations de la présence divine.

Les « élim » inspirèrent des écrits formant une vaste bibliothèque répandue en Orient et dont certains écrits sont venus jusqu’à nous grâce aux découvertes de Quomrâm.

Cette notion d’ange est vieille comme le monde, pour certains c’était des Elohims, pour d’autres, des créatures non physiques qui inspiraient les êtres, et chacun avait sa mission.

C’est Henoch qui a donné aux Esséniens leur calendrier, en tous points semblable à notre calendrier actuel.

Henoch était un patriarche, personnage biblique, initié, très attachant, recherchant toujours les écrits cachés, vivant près de deux siècles avant notre ère. Il faisait respecter le sabbat, institué par Dieu dans la nuit des Temps, il prêchait qu’au jugement dernier, les « justes » seront reconnus par Dieu, et participeront dans l’avenir au bien du monde ou au bien du monde à venir ; et Dieu marquera chaque être par un nom qui lui sera propre, et en correspondance avec les astres.

Les prophètes ont une grande action dans l’évolution de l’humanité, et nous pouvons dire que chacun en son temps, eu sa spécialité…

Tous n’étaient pas oints par les prêtres, mais ils ont été le courant messianique qui a permis aux populations de supporter leurs souffrances.

Presque chaque prophète pourrait avoir un qualificatif, Osée reçoit la révélation et parle d’amour au nom de Dieu, Ezéchiel surnommé le consolateur, Elie, Elisée et Amos ont insisté sur la justice céleste, Isaïe sur la sainteté, Jérémie a laissé de nombreux écrits confiés à Baruch, Isaïe, dit le tendre, la religion intérieure émanait de lui, et surtout le prophète Elie qui assurait que Dieu amènerait un jour la paix, et qu’Israël reconstituerait sa force,  retrouverait le Temple de Salomon et sa patrie.

C’est en souvenir de lui, que le soir de la Pâque juive, à la fin de la cérémonie, l’assistance disait : « Cette année nous sommes ici, l’année prochaine à Jérusalem ». Depuis qu’Israël est né de nouveau, la phrase est supprimée.

Cette succession de prophètes, nous amène à Daniel que nous pouvons considérer comme le dernier prophète avant la venue de Jésus Christ. Il avait annoncé la venue de Jésus, la venue du fils de l’homme qui siègerait à la droite de Dieu, le jour du jugement dernier.

Le dernier Maître de justice, prophète anonyme, est mort en martyr, 70 ans avant la venue du Christ.

Il y eut de nombreuses communautés esséniennes, les unes importantes, les autres très étroites, vivant en respectant la lettre plutôt que l’esprit de la Loi de Moïse, les esséniens ont très vite été en lutte avec l’Eglise, dès qu’elle a mis en place ses structures. Eux qui vivaient dans la grande simplicité, n’ont pas admis le luxe tapageur, ni les excès de ceux qui représentaient l’Eglise nouvelle. Ils ne comprenaient pas, entre autre, que certains évêques fassent promener en litière, leur maîtresse, peu habillée mais chargée de bijoux, à la vue de chacun ; et les incompréhensions en entraînant d’autres, un véritable fossé s’est créé. Ce fut une guerre sourde, intérieure, amenant des drames… Les Esséniens se sont peu à peu fondus dans la masse…

A l’heure actuelle, seuls ceux que vous appelez sectaires subsistent, ce sont les descendants des Esséniens les plus rigides, la majorité d’entre eux, vit en Europe Centrale, et, immigrant en Palestine, y créent un vrai problème. Ils n’arrivent pas à s’intégrer.

La plupart de ces mouvements vivent en suivant la lettre, non l’esprit de la Loi donnée par Moïse, d’où procès, emprisonnements, etc… contre les juifs, indistinctement. C’est ce qui a présidé à la naissance de l’anti-sémitisme souvent latent.

La foi qui les habitait, la pratique stricte de leur religion, malgré les supplices et les déportations, et leur amour pour Dieu, ont permis à ces âmes religieuses et à de nombreux prophètes, connus ou inconnus de guider un peuple jusqu’à nos jours, et de conduire l’homme vers la vie éternelle.

Depuis que l’homme existe, il se pose toujours la même question sur la vie et la mort. La mort est l’opposée de la naissance, non de la vie ; naissance et mort sont deux facettes nécessaires à notre incessante et multiple manifestation.

Le temps est l’éternelle présence dont les activités rythmées créent le » maintenant » qui se recrée sans cesse. La queste de l’homme est toujours difficile. Elle est l’étape obligatoire de l’Initiation et provoque parfois un effroi mystique, devant le chemin à parcourir. Toute manifestation de la vie a son contraire, parfois déroutant, parfois douloureux. Mais cette résorption de la dualité se fait par des sacrifices librement assumés. La conscience d’éternité est affranchie des lois de l’espace-temps.

L’être qui est conscient de l’unité, comprend la vie et la conscience universelle. Il viendra un moment où vous aurez la conscience intégrale de votre réalité. Recherchez la lumière de l’esprit pour accomplir votre devoir dans la justice et l’amour. Si vous acceptez vie et mort, vous serez libérés. Vous ne connaîtrez plus l’opposition qui est en vous. Attachez vos pensées aux choses invisibles, aux choses spirituelles, et vous vous dégagerez de certaines contingences qui vous entravent et vous limitent, il faut les transcender et plonger dans votre conscience, jusqu’à sa source.

Nos états de conscience empruntent leurs valeurs à l’instinct émotionnel, à la pensée abstraite ou à la spiritualité pure, mais tous nous ramènent au moi. Nous avons souvent la nostalgie d’un autre monde, de l’amour et de la mort… souvent ce ne sont que des réminiscences des vies antérieures.

Etre homme, c’est trouver l’être en son centre de vie. Dieu est universel, dans l’absolu ; dans l’homme. Celui-ci n’est que sa projection, et comme telle, le plus souvent déformée. Sans sagesse, l’homme est perdu. Notre conscience est la suite d’un passé sans commencement, ou plus exactement très lointain. Nous préparons perpétuellement le futur. Dans notre inconscient, tous les courants sont perçus depuis leur origine. Il faut nous libérer du passé pour suivre la Voie et pour ne pas projeter sur l’avenir la peur du passé ; ne pas avoir la nostalgie de notre enfance car nous devons toujours aller de l’avant. Il faut construire la route des générations à venir. L’évolution de chacun doit se faire en souplesse.

Il faut arriver à dépouiller son moi, pour cela, la méditation, la réflexion, nous amènent sur le chemin occulte. La méditation nous permet, par une conception objective sur le soi, de dépasser notre moi ; nous plongeons dans notre inconscient, nous entrons dans une sphère du psychisme indépendante de notre moi. Notre être intérieur connaît le secret du sacré, la présence et la puissance divine qui nous permettent d’aider notre prochain par la parole, même silencieuse, en nous rapprochant de son âme par l’esprit et par le coeur. La femme de tout temps, a été la prêtresse de l’amour magique ; au-delà de la sexualité, elle allume le feu mystique chez les êtres, ce feu qui nous permet de franchir les plans pour arriver à l’union psychique avec le cosmos, avec l’univers. Les êtres gagnés par ce feu sentiront ce courant irréversible qui les rapprochera, aussi bien dans le monde de la nuit que dans le monde des lumières. Ils ressentiront la vie humaine dans la pensée céleste, ils ramèneront leur passé invisible dans le monde visible. Pour nous accomplir, nous devons connaître et traverser ces plans.

Dans les mystères égyptiens, les lumières avaient une grande importance, c’était la vie manifestée, tout comme les épées, signe de  pureté. Dans la chevalerie templière, nous retrouvons celà, les lumières accompagnent les réunions ainsi que la flamme de la veilleuse, symbole de l’esprit. La réunion de nos esprits et de nos coeurs perpétue la tradition. En Massenie, nous ne devons pas imposer, mais suggérer, montrer, expliquer… Ceci pour amener progressivement nos frères à l’Initiation. L’Initiation se gagne, et souvent demande de réels sacrifices. L’illumination intérieure se répandra dans notre conscience, ayons en nous le Temple immuable dont le grand symbole est basé sur la  Trinité, le moi, le divin, l’être conscient, autrement dit « le connaissant », le « connu », la « connaissance », « l’amour », tout cela formant le « Un », l’unité éternelle du multiple.

Dans le temple mathématique, vibrations et matériaux ont un sens précis. C’est pour cela que l’homme, l’univers et le sanctuaire ont des correspondances entre eux. Le nombre d’Or qui entre dans la construction du Temple, des églises et autres lieux de prière, est la mesure de la dynamique du sacré. En rapprochant la symbolique de l’homme et celle du Temple, les êtres sont capables de rendre l’invisible présent, et possible, l’impossible. Tout temple, cathédrale, etc… représentant une synthèse. Les maçons bâtisseurs nous ont permis de communier avec l’invisible dans l’immatérielle beauté des espaces qu’ils ont créé. Au-delà de la pierre, il y a le nombre, au-delà du visible, l’invisible.

Il n’y a qu’une réalité : l’absolu, transcendant et immuable qui conduit notre vie. Cela entraîne une chaîne de conséquences rigoureuses parfois très dures ; mais la route d’amour monte vers la lumière où tout est harmonie, et quand notre heure viendra de quitter notre terre, Dieu accueillera notre âme qui un jour renaîtra, car dans l’éternel cosmos, nous sommes éternels…

NB. Précisions de quelques points sur les combats :

 (1) Le rôle du prêtre impie tenu par Alkime, l’a également été à des époques différentes par Ménélas, Hyroam et Hyroam II…
(2) Les Esséniens ont été présents en Palestine du IIIème siècle avant J. C. jusqu’au XIIIème siècle après J. C.
(3) Les envahisseurs apprirent très vite que les Esséniens ne se défendaient pas le jour du Sabbat. Une grande partie d’entre eux furent massacrés par les romains de Pompée.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 16 juin, 2007 |2 Commentaires »
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