Archive pour février, 2007

Chevaliers, à vos Devises…..

tableaublasons.jpg

A mari usque ad mare.
D’un océan à l’autre.
Devise du Canada.
A.M.D.G. Ad Majorem Dei Gloria.
Pour la plus grande gloire de Dieu.
Devise de l’Ordre des Jésuites.
Artibus immensis urbs fulget Massiliensis.
La ville de Marseille resplendit par ses grandes industries.
Devise de la ville de Marseille.
Arda para subire.
Brûle de t’élever.
Devise de Louis François de Vignerot, duc de Richelieu, petit neveu du cardinal.
Ars gratia artis.
L’art pour l’art.
Devise de la Metro Goldwyn Mayer.
Arverna civitas nobilissima.
La très illustre cité arverne.
Devise de la ville de Clermont-Ferrand.
Austria est imperare orbi universi.
Il appartient à l’autriche de commander à l’univers.
Devise de la maison d’Autriche.
Aut Caesar aut nihil.
Ou empereur ou rien.
Devise de César Borgia.
Citius, altius, fortius.
Plus loin, plus haut, plus vaillamment.
Devise des jeux Olympiques empruntée par P. de Coubertin au Père Didon.
Cominus et eminus.
De près comme de loin.
Devise de Louis XII.
Dat virtus quod forma negat.
Le courage donne ce que refuse la beauté.
Devise de Bernard du Guesclin.
Deo juvante.
Avec l’aide de Dieu.
Devise de la pricipauté de Monaco.
Divide ut regnes.
Diviser pour règner.
Devise de Catherine de Médicis.
Domine, dirige nos.
Seigneur, guide-nous.
Devise de la ville de Londres.
Domine salvum fac regem.
Dieu protège le roi.
Devise de la France de 1815 à 1848.
Dominus illuminatio mea.
Le Seigneur est ma lumière.
Devise de l’Université d’Oxford.
Donec totum impleat orbem.
Jusqu’à ce qu’il remplisse l’univers.
Devise d’Henri II.
Ense et aratro.
Par l’épée et par la charrue.
Devise de Thomas Bugaud.
E pluribus unum.
De plusieurs un seul.
Devise inscrite sur l’écusson des Etats Unis
Erit haec quoque cognita monstris.
Celle-ci aussi sera connue des monstres.
Devise de Louis XIII.
Etiam si omnes, ego non.
Tous peut-être, mais pas moi.
Devise du Comte de Clermont-Tonnerre, député de la noblesse aux Etats Généraux.
Expulsis piratis restituta commercia.
Les pirates chassés, le commerce restauré.
Devise des Bahamas.
Favet Neptunus eunti.
Que Neptune favorise ceux qui voyagent.
Devise de la ville de Nantes.
Ferro non auro.
Par le fer non par l’or.
Devise des Crussols d’Uzès.
Fert.
Il supporte.
Devise d’Amédée VIII, premier duc de Savoie.
Florebo quocumque ferrar.
Je fleurirai partout où l’on me portera.
Devise de l’île de la Réunion.
Fluctuat nec mergitur.
Il est battu par les flots mais ne sombre pas.
Devise de la ville de Paris.
In altum lumen et perfugium.
Au large, la lumière et le repos.
Devise de l’île d’Yeu.
In hoc signo vinces.
Par ce signe tu vaincras.
Devise de l’Eglise attribuée à Constatin 1er le Grand.
In via virtuti nulla est via.
A la vertu, il n’est pas d’obstacle.
Devise d’Henri IV.
Juvat pietas.
La piété réjouit.
Devise de Mirabeau.
Legio patria nostra.
La légion est notre patrie.
Devise de la légion étrangère.
Lex est quod notamus.
Ce que nous écrivons fait loi.
Devise des notaires.
Lex est quod cumque notamus.
Quoi que nous écrivions, c’est la loi.
Autre version de la devise des notaires.
Manet ultima caelo.
La dernière m’attend au ciel.
Devise d’Henri III.
Memento finis.
Penses à ta fin.
Devise de l’ordre des Templiers.
Melius mori quam foedari.
Il est mieux de mourir que de se désonorer.
Devise d’Anne de Bretagne.
Nec pluribus impar.
Egal à plusieurs (mondes).
Devise de Louis XIV.
Nutrisco et extinguo.
Je m’en nourris et et je l’éteins (le feu).
Devise de François 1er.
Per te, non tecum.
Par toi, mais pas avec toi.
Devise de Marie Stuart.
Potius mori quam foedari.
Plutôt mourir que se déshonorer.
Devise du cardinal Jacques de Portugal.
Pro mundi beneficio.
Pour le bienfait du monde.
Devise inscrite sur l’écusson de la République de Panama.
Pro rege saepe, pro patria semper.
Pour le roi souvent, pour la patrie touours.
Devise de Jean-Baptiste Colbert.
Quo fata ferunt.
Sur les voies de la destinée.
Devise des Bermudes.
Quo non ascendet.
Jusqu’où ne montera-t-il pas.
Devise de Nicolas Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV.
Securitas alltera.
Une autre sécurité.
devise d’Henri VIII.
Senatus Populusque Romanus S.P.Q.R.
Le Sénat et le peuple romain.
Devise inscrite sur l’écusson de Rome.
Semper fidelis.
Toujours fidèle.
Devise de la ville de Calvi (Corse).
Spoliatis arma supersunt.
A qui est dépouillé, il reste les armes.
Devise d’Emmanuel-Philibert, duc de Savoie.
Sub umbra flores.
Les fleurs éclosent à l’ombre.
Devise du Belize, ex-Honduras britannique.
Unguibus et rostro.
Avec les ongles et avec le bec.
Devise inscrite sur l’écusson de la ville d’Avignon.
Virtus unita fortior.
L’unité fait la force.
Devise da la ville d’Andorre.
Publié dans:L'ordre des Templiers |on 23 février, 2007 |53 Commentaires »

Quelques ouvrages pour aborder l’Ordre du Temple

hourglasstemplar.gif

Quelques ouvrages pour aborder l’Ordre du Temple


La littérature templière se signalant par une prolixité et une diversité extrêmes, les quelques titres donnés ici ne le sont qu’à titre de suggestion. L’absence de telle ou telle référence n’induit absolument rien quant à la valeur du contenu. De même, les quelques lignes de présentation qui accompagnent chaque titre n’ont d’autre but que de donner un éclairage, nécessairement insuffisant, avec pour seule ambition de guider qui le souhaite dans ses choix. 

AUX ORIGINES DE L’ORDRE DU TEMPLE
Textes choisis et présentés par P. GIRARD-AUGRY
Coll. Chevalerie et Tradition – Ed. Opéra.

Ce très riche ouvrage de deux cents pages contient tous les documents fondamentaux concernant l’histoire primitive de l’Ordre :
* L’Éloge de la Nouvelle Milice, de Saint Bernard
* La Règle du Temple
* Le rituel de réception des Chevaliers
* Le serment du Maître du Portugal
* Divers textes relatifs aux Templiers et aux Croisades
* Des repères chronologiques et bibliographiques

LE DOSSIER DE L’AFFAIRE DES TEMPLIERS
Textes édités et traduits par G. LIZERAND
Coll. Les Classiques de l’Histoire de France au Moyen-Age – Les Belles-Lettres
Ce remarquable ouvrage contient le texte latin et la traduction française des pièces essentielles du Procès. Il présente, entre autres documents du plus haut intérêt :
* L’ordre d’arrestation des Templiers
* Le procès-verbal d’interrogatoire
* Les dépositions des grands dignitaires (J. de Molay, G. de CharnayÉ) et de quelques Templiers
* L’inventaire des biens d’une commanderie de Normandie au matin du 13 octobre 1307
* Les documents relatifs à la suppression de l’Ordre et à la dévolution de ses biens aux Hospitaliers

VIE ET MORT DE L’ORDRE DU TEMPLE
ALAIN DEMURGERColl. Points-Histoire – Ed. du Seuil
Un excellent ouvrage, écrit par un historien tout à fait compétent : clair, de lecture agréable, il offre une approche objective de l’Ordre, son histoire, sa structure, son rôle dans la société du temps. Des notes abondantes, une chronologie, des cartes et un index très précis en font un ouvrage de référence aussi simple à manipuler qu’enrichissant.

LA VIE QUOTIDIENNE DES TEMPLIERS AU XIIIEME SIECLE
Georges BORDONOVE – Le Livre de Poche (n°5808)
Un petit ouvrage très agréable à lire, dans lequel l’auteur reconstitue, à travers la carrière d’un Templier-type, Jocelin, la vie quotidienne dans les commanderies d’Occident et d’Orient : réception, vie conventuelle, discipline, fonctionnement de l’Ordre

LA VIE DES TEMPLIERS
Marion MELVILLEGallimard
En un peu plus de 300 pages, Marion Melville, historienne et spécialiste de l’Ordre du Temple, retrace, dans tous les domaines, la vie des moines-chevaliers, depuis la naissance de l’Ordre jusqu’à sa disparition. L’ouvrage a le grand mérite d’essayer de situer dans l’esprit des croisades, dans l’histoire et la société médiévales, tant en Orient qu’en Occident, la place et la fonction de l’Ordre du Temple.

L’ORDRE DES TEMPLIERS (LES SECRETS DEVOILES)
Alain DESGRIS
Coll.Mystiques & Religions – Dervy
Un ouvrage synthétique qui présente à la fois l’aspect historique et l’aspect ésotérique, mettant l’accent sur les relations entre l’Orient et l’Occident. Après une présentation détaillée de la fin de l’Ordre du Temple au XIVème siècle, l’auteur consacre une centaine de pages à ce qu’il appelle la survivance templière, avec une large place faite à l’Ordre du Temple de Fabré-Palaprat, au début du XIXème s.

LA QUETE DES TEMPLIERS ET L’ORIENT
Daniel REJUColl. Gnose – Ed. du Rocher
Une incursion dans l’ésotérisme sur un fond historique solide. L’auteur aborde avec beaucoup d’intelligence la question délicate des origines et des différentes manifestations de l’ »esprit du Temple ». C’est tout le courant de la Gnose, avec les Esséniens, les Druses, les Ismaïliens, les Zoroastriens : une école de vie et de pensée qui prend sa source dans la spiritualité de l’Iran ancien.
 

DE LA CHEVALERIE AU SECRET DU TEMPLE
Jean TOURNIACColl. Histoire et Connaissance – Ed. du Prisme
Un petit livre extrêmement riche dans lequel l’auteur approfondit la mission particulière de l’Ordre du Temple à partir de sa place privilégiée au Moyen-Orient, et en particulier à Chypre, carrefour des grandes traditions. Jean Tourniac y aborde avec compétence et simplicité des domaines souvent difficiles à cerner : le christianisme d’Orient, le royaume du mystérieux Prêtre Jean, et ce pseudo-dualisme qui a nourri ce qu’on peut appeler la Gnose templière

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 23 février, 2007 |Pas de commentaires »

La Vierge Noire et les Templiers

 

bouclier.gif

  

LA VIERGE NOIRE

La vénération de la Vierge Noire en France,

comme partout en Europe est l’une des énigmes non élucidées au sein de l’Église catholique. Dans de nombreuses autres villes d’Europe, le culte que lui porte les fidèles n’en est pas moins indéniable. On lui désigne tous les vocables imaginaires depuis le XIVe siècle parmi lesquels «Notre-Dame la Noire, Notre-Dame la Brune, la Vierge Glorieuse, la Vierge Égyptienne, la Vierge au pilier, Notre-Dame-de-Sous-Terre, Mère de Dieu». Les Vierges Noires ont été et sont encore très populaires dans toute l’Europe et ce, dès le XIIe siècle. On en trouve tout particulièrement en France, notamment en Auvergne où trône l’une des plus célèbres, Notre-Dame du Puy. Le culte de la Vierge Marie aurait-il autant de succès et d’attirance s’il n’était pas associé à différents cultes féminins venus du plus profond de l`histoire religieuse des hommes? La Vierge, surtout quand elle était noire, a tenu une place considérable dans la spiritualité chrétienne du Moyen-Age. Elle deviendra la Protectrice des Chevaliers du Temple (Les Templiers), et, plus tard, celle de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques. Elle figurait sur les bannières des hommes de guerre aux fins de protection. Les grandes cathédrales gothiques étaient les temples de cette nouvelle déesse. Au XIIIe siècle, pas moins de quatre-vingt cathédrales dédiées à Notre-Dame et plus de cinq-cent églises, entre 1170 et 1270, seront édifiées à sa gloire, bâties pour la plupart sur des sites déjà consacrés à la Madone par la seule présence de sa statue le plus souvent noire et généralement de l’ère préchrétienne. Ces statues, taillées délibérément dans des matières noires (de pierre ou d’ébène), que disent les incrédules et sceptiques, sont plutôt associées à des cultes païens en l’honneur de divinités féminines.
La présence de ces Vierges Noires dans le monde, et surtout en Europe, est d’autant plus fantastique qu’elle pousse, au-delà des croyances, à se questionner et pose une énigme archéologique et historique passionnante.
«Comment étaient-elles auparavant? Nul ne sait car aucun texte médiéval ne spécifie leur couleur. Sans doute, pour attirer davantage de pèlerins, plusieurs ont été peintes en noir entre le XVe et le XIXe siècle (…). Mais ces statues polychromes n’ont-elles pas elles-mêmes remplacé des statues noires, désapprouvées par l’Église? Car le mystère des origines reste entier. On a parlé de visages noircis par la fumée des cierges, d’oxydation des lamelles métalliques recouvrant le visage, de bois noirci par un long enfouissement dans l’eau. On a pensé à propos de vierges rapportées par les Croisés à l’image de certaines femmes rencontrées là-bas. On a évoqué une illustration de Cantique des Cantiques (Je suis noire et pourtant belle …). (…) Une autre hypothèse fait de Marie le successeur des divinités noires qui régnaient sur le monde des morts, la plus connue étant Cybèle, mère des dieux grecs ramenée à Rome sous la forme d’une pierre noire. Le passé inconnu de ces Vierges Noires n’est pas sans leur ajouter un certain charme.»17
La plupart de ces Vierges Noires ont causé, historiquement, beaucoup de soucis à l’Église catholique. Par conséquent, depuis le XIXe siècle, plusieurs de ces Vierges Noires ont été remplacées par d’autres icônes plus conformes au dogme chrétien du modèle marial ou tout simplement repeintes. Malgré tout, elles sont jusqu’à aujourd’hui l’objet de pèlerinages, et on leur accorde de grands pouvoirs de guérison, de fertilité et de fécondité.
Mais comment expliquer que «la Vierge Noire de Tindari aurait été retrouvée dans un coffret mystérieux échoué sur la plage. Celle de Loreto se serait brutalement matérialisée en mai 1291 dans une construction»? Des anecdotes miraculeuses que l’on écoute, en général, dans les Antilles et précisément en Haïti la Mecque américaine du vaudou: Des histoires de «pierre noire» retrouvée, d’enfant revenu sous l’eau, de résurrection des morts, de fabrication de «golem» (ou de bakas), etc.
Des vierges non chrétiennes? On estime à une quarantaine environ le nombre de Vierges Noires à être vénérées en Europe. Et les sites les plus visités sont Einsiedeln (Suisse); Rocamadour, Dijon, le Puy et Avioth (France); Orval au Luxembourg; Loreto, Venise ou Rome (Italie).

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 22 février, 2007 |25 Commentaires »

L’ordre de la Chevalerie

chevsevin.jpg

Si tu veux, chevalier, beaucoup aimer l’ordre de la chevalerie, il convient de t’efforcer d’avoir la hardiesse du courage et l’espérance contre ceux qui s’opposent à la chevalerie. Et si tu meurs pour maintenir la chevalerie, tu connaîtras la chevalerie en ce que tu peux la mieux aimer, servir et maintenir ; car la chevalerie n’est en aucun lieu aussi bien agrée qu’en la noblesse du courage. Et nul homme ne peut mieux aimer, honorer et posséder la chevalerie que celui qui meurt pour l’honneur et l’ordre de la chevalerie. Il t’est signifié à toi, chevalier, qui a un grand amour de l’ordre de la chevalerie, que, comme la chevalerie, par la noblesse du courage, te fait avoir la hardiesse et te donne le mépris des périls pour que tu puisses l’honorer, la convenance de l’ordre de la chevalerie doit te faire aimer la sagesse et le savoir pour que tu puisses honorer l’ordre de la chevalerie, en luttant, contre le désordre et la défaillance qui sont en ceux qui pensent suivre l’honneur de la chevalerie par la folie et le manque d’entendement. L’office du chevalier est de défendre les veuves, les orphelins et les impotents (les sans pouvoirs, les impotents) ; car comme il est d’usage avec raison que les plus forts aident et défendent les moins forts et que les plus faibles trouvent refuge auprès des plus forts, de même il est d’usage que l’ordre de la chevalerie en ce qu’il est grand, honoré et puissant soit le secours et l’aide de ceux qui sont moins honorés et plus faibles. Et si, au chevalier, Dieu a donné un cœur, c’est pour qu’il soit le réceptacle de la noblesse de son courage ; au chevalier qui a la force et l’honneur, Dieu a donné un cœur pour qu’il ait la pitié et la miséricorde d’aider, de sauver et de garder ceux qui, les yeux en pleurs et le cœur plein d’espoir, implorent les chevaliers de les aider, de les défendre et de leur donner le nécessaire. Donc, le chevalier qui n’a pas les yeux qui se tournent vers les impotents et le cœur qui s’inquiète de ce qui leur est nécessaire n’est ni un vrai chevalier ni n’appartient à l’ordre de la chevalerie ; car tant est haute et noble la chevalerie que tous ceux qui sont usurpateurs et sans courage sont exclus de l’ordre et de son bénéfice. Il convient que le chevalier aime le bien commun, car, par la communauté, est élue la chevalerie, et le bien commun est plus important que le bien particulier. Et au chevalier s’accordent le parler courtois, les beaux vêtements, la possession de belles armes et la tenue d’une grande maison hospitalière, car toutes ces choses sont nécessaires pour honorer la chevalerie. La courtoisie et la chevalerie s’accordent, car la vilenie et les mauvaises paroles sont contre la chevalerie . L’intimité des hommes de bien, la loyauté, la vérité, la hardiesse, la vraie largesse, l’honnêteté, l’humilité, la pitié et les autres choses semblables à celles-ci appartiennent au chevalier ; car comme l’on doit reconnaître à Dieu toute noblesse, ainsi doit-on comparer le chevalier à tout ce dont la chevalerie reçoit d’honneur de ceux qui sont en son ordre.

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 18 février, 2007 |2 Commentaires »

Vie Quotidienne des Chevaliers

kgkgddd.jpg

 

 

L’entraînement à la guerre occupe beaucoup de temps de la vie d’un chevalier. 

Avec ses écuyers et, il s’exerce inlassablement aux armes dans la cour de son château fort. 

Bien souvent, deux hommes tirent un cheval factice, monté par le chevalier et celui-ci doit frapper la « quintaine » . 

Le « Rolland » (mannequin en osier, recouvert d’une armure représentant un ennemi) pivote sur un axe et le chevalier doit le frapper au plus près.

Le reste de son temps, le chevalier l’occupe à surveiller le travail de ses gens et bien sur, de jouir de son plaisir favori : la chasse à courre avec la meute de chiens, sur son domaine. 

Le gros gibier (cerf, sanglier, loup, renard, ours) ainsi rapporté, était consommé par le seigneur, grand mangeur de viandes.

La chasse au faucon (celui-ci attrape les lapins, les faisans et les oiseaux) était la plus difficile des chasses, car le dressage de cet oiseau de proie durait fort longtemps. 

A l’entraînement, il fallait leur mettre une laisse pour les empêcher de s’envoler, des grelots, pour les retrouver, un chaperon sur leur tête pour les faire tenir tranquille et une bourse de friandises pour les récompenser.

La chasse est un bon entraînement pour la guerre mais elle a également son utilité lorsqu’il s’agit de détruire des bêtes féroces qui menacent les récoltes, les animaux domestiques ou même les hommes. Tel est le cas du loup, très répandu pendant la période médiévale.

Pour les grandes occasions, le chevalier organisait des tournois ou l’on pouvait se battre pendant plusieurs jours. De grands festins accompagnés de musiciens enchantaient les invités.

Les chevaliers organisaient régulièrement des fêtes, au moins cent jours dans l’année. 

 

Chaque évènement dans la famille du chevalier (baptême, naissance, fiançailles, mariage et même décès) était une bonne occasion pour préparer une fête. 

On invitait toute la parenté et quelques vassaux ou amis. 

Ces jours-là, on se plaçait tous autour d’un grand banquet et on mettait ses plus beaux vêtements pour manger force viande et gibier.

Après le repas, les hommes invitaient les femmes pour un pas de danse pendant que les musiciens jouaient de leur instrument favori. Pendant l’été, il n’y avait pratiquement pas de fêtes car tous étaient occupés soit aux travaux des champs, soit à la guerre ou à l’entraînement militaire. 

Au contraire, pendant l’hiver, ils essayaient de faire durer les fêtes comme celle de noël qu’on pouvait célébrer pendant douze jours.

Les tournois

Apparu à la fin du XIème siècle, le tournoi est d’abord une véritable bataille, au cours de laquelle s’affrontent deux troupes de chevaliers. 

Les règles sont peu précises et la mêlée est souvent violente, en conséquence, il y a des blessés et des morts.

Cette forme de combat, primitive et brutale, se codifie peu à peu : dans la joute, deux chevaliers sont lancés au grand galop de chaque côté d’une palissade. 

Ils tentent mutuellement de se renverser à l’aide d’une longue lance de frêne. Si les deux concurrents tombent, ils poursuivent le combat avec des armes émoussées. 

Le vainqueur dispose des armes et des chevaux de son adversaire et reçoit de nombreux prix. En effet, le perdant abandonnent son cheval et ses armes, et paie aussi une rançon, pour être libéré.

A noter que certains chevaliers pauvres mais vaillants gagnent leurs vies en allant de tournoi en tournoi

Une fois dans sa vie, le chevalier fait un pèlerinage vers les lieux saints. Il manifeste aussi sa foi en participant aux travaux de l’église de son village ou de la cathédrale de sa cité.

Les pèlerins qui se rendaient à Saint Jacques de Compostelle y allaient généralement avec un coquillage accroché à leurs vêtements. 

Cette « tradition » de la coquille était liée à une légende. En effet, on racontait qu’un chevalier qui aurait été précipité dans la mer par son cheval aurait été sauvé par saint Jacques et serait ressorti de l’eau recouvert de coquilles! .

 

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 14 février, 2007 |114 Commentaires »

Idéal chevaleresque

maltese.gif

 

L’église entend faire de l’entrée en chevalerie une cérémonie chrétienne presque un sacrement et tente par la même de limiter la guerre (conciles de paix, « limitation de la guerre » dont la paix de dieu « pax dei » et la trêve de dieu « tregua dei« ) .

Le nouveau chevalier reçoit donc les bénédictions (« la veillée d’armes » ) et le serment pour sacraliser l’emploi de ses armes.

Les formules liturgiques employées rappelaient l’idéal chevaleresque, qui était sensiblement le même que l’idéal proposé aux rois : Le chevalier doit combattre pour le droit à la justice, être brave, généreux, protéger les clercs, les femmes, les faibles, les pauvres et faire preuve de chasteté, d’humilité et d’obéissance, se qui n’empêchera pas un grand nombre de chevaliers de faillir à leurs devoirs. 

Saint Bernard, en un texte célèbre, fit l’éloge de la nouvelle chevalerie: « tout chevalier devait se muer en soldat du Christ, ne pas participer aux guerres injustes et tyranniques et réserver ses efforts contre les infidèles, à la croisade » .

Disciplina Militaris

La mentalité féodale n’était guère favorable à la discipline militaire. A partir du XIIème Siècle, des penseurs suggérèrent de reprendre le modèle romain et jugèrent que devenir chevalier impliquait de prêter serment d’obéissance au prince (l’aide et le conseil : « auxilium » et « consilium » ) .

En échange, le seigneur promettait de rendre à son vassal « bonne justice« , c’est à dire de s’engager à défendre ses droits, de ne pas le léser et de le protéger contre ses ennemis sur son fief, concession qu’il détenait de ce seigneur.

Ce contrat entre les deux parties pouvaient s’interrompre en cas de mort ou d’infidélité du vassal ou du seigneur.

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 14 février, 2007 |7 Commentaires »

Cri d’armes, Cri de guerre des Chevaliers !

logoklein.jpg

 

Cri d’armes, Cri de guerre
CRI DE GUERRE ou CRI D’ARMES.

Ancienne exclamation des guerriers. On la voit inscrite sur un listel toujours flottant au-dessus du cimier des armoiries.
Les coutumes particulières et les lois municipales qui ont déféré aux aînés la prérogative de porter les armes pleines de la famille dont ils sont issus, leur ont presque toutes attribué en même temps le cri d’armes, comme une dépendance de l’écu, avec lequel il est ordinairement placé, tant sur les tombeaux et autres lieux que dans les documents et les armoriaux. Les coutumes de Troyes, de Chaumont, de Bar et de Sens portent, en termes formels, que le nom, cry et armes de la maison appartiennent à l’aîné.
La Chronique de Flandre se sert du terme de relever le cry, c’est-à-dire, le nom et les armes d’une famille, en disant : à l’assemblée fut occis le sire de Beaujeu, par trop hastivement assaillir ses ennemis ; mais Guichard son père, releva le cry de Beaujeu.
Le cri d’armes n’est autre chose qu’une clameur conçue en deux ou trois paroles prononcées au commencement ou au fort du combat ou de la mêlée, par un chef ou par tous les soldats ensemble, suivant les rencontres et les occasions ; le cri était personnel au général de l’armée ou au chef de chaque troupe.
Ces cris n’étaient pas toujours des voix incertaines et confuses, mais souvent articulées et consistant en la prononciation de quelques mots. Ils servaient à exciter ou enflammer le courage des soldats.
Les premiers cris étaient des invocations à caractère religieux dans les premiers siècles qui précédèrent les croisades. Ducange cite divers auteurs à l’appui de ce fait. Ainsi Luithprand en parlant du combat d’Henri ier dit l’Oiseleur, roi de Germanie (mort en 936) contre les Hongrois, dit : Hand mora bellum incipitur atque ex christianorum parte sancta mirabilisque vox […], ex eorum turpes et diabolica Hui, Hui, frequenter auditur. Plus tard, Ditmar, évêque de Mersebourg, décrivant une bataille entre les troupes de l’empereur d’Allemagne Henri ii (mort en 1024), et les Polonais, s’exprime ainsi : Ut primum castra visis agnovere tentoriis, alta voce per Kyrie eleison socios convocantes, hostes effugarunt. Le même Ducange ajoute que la louable coutume d’implorer la Divinité a été l’origine de cris d’armes personnels proférés par les rois et les princes. Ceux-ci invoquaient d’ordinaire l’assistance de Dieu, de la Vierge ou des Saints dans les dangers du combat. À l’appui de cette opinion, citons les voces fidei, nom donné par Roderic, archevêque de Tolède, aux cris de la chevalerie, c’est-à-dire, cris de confiance en l’assistance de Dieu.
Les Français qui prirent part à la première conquête de la Palestine avaient pour cri général ces mots : Adjuva Deus, d’après la citation de Foucher de Chartres et d’un autre auteur ancien, ou bien Eia Deus, adjuva nos, suivant l’Histoire de Hierusalem. Roderic, archevêque de Tolède, que nous venons de nommer, rapporte qu’au siège et à la prise de Cordoue sur les Sarrasins, les Chrétiens s’écrièrent : Deus adjuva. Ils ajoutaient quelquefois à cette invocation ces mots : Deus vult, ou, suivant la Chronique du Mont-Cassin, Diex el volt, dont l’origine remonte au concile de Clermont en Auvergne, où le pape Urbain ii fit une exhortation si vive aux princes chrétiens pour les engager à enlever le tombeau de Jésus-Christ aux infidèles, que les auditeurs se croisèrent aux cris de Diex le volt, Diex le volt.
Plusieurs princes réclamaient le secours de la Sainte-Vierge dans leurs cris, tels que les ducs de Bourgogne dont l’invocation était, selon Monstrelet, Georges Chastellain et quelques héraults, Nostre Dame Bourgogne ; les comtes de Vergy criaient : Vergy à Notre-Dame ; le duc de Gueldre, Nostre Dame Gueldres ; le seigneur de Coucy, Nostre Dame au seigneur de Coucy, et le comte de Hainaut, suivant Monstrelet, Nostre Dame Hainault.
En outre, des noms de saints furent invoqués ; saints qui étaient les patrons des chevaliers demandant leur intercession. Ainsi, les Liégeois criaient Saint Lambert ! C’était le patron de la ville de Liège.
Les cris dérivaient très souvent de quelque aventure notable des ancêtres, de qualifications désignant la dignité ou la suprématie de la maison, ou des armoiries mêmes des chevaliers. Ordinairement et telle était presque la règle générale, le nom de famille servait de cri. D’après la Chronique de Flandre, Jean i, duc de Brabant, prit le cri : Lembourg à celui qui l’a conquis, après la conquête du duché de Limbourg, dont la possession lui était disputée par le duc de Gueldre qu’il défit à la bataille de Woëringen en 1238, car les ducs de Brabant avaient auparavant le cri de : Louvain au riche duc. Mais ces cris ne reposent que sur une tradition.
Il y avait des cris de guerre qui marquaient la dignité annexée à la maison dont le seigneur était issu. Ainsi les premiers ducs de Bourgogne avaient pour cri : Chastillon au noble duc ! le comte de Mœurs : Mœurs au comte ! les comtes de Hainaut : Hainault au noble comte ! ou simplement : Hainault !
On voyait d’autres cris d’armes tirés de quelques épithètes d’honneur attribuées aux familles. Ainsi les seigneurs de Coucy, en Picardie : Coucy à la merveille ! les seigneurs de Guise : Place à la bannière ! les seigneurs de Vilain, issus des châtelains de Gand : Gand à Vilain sans reproche!
Il y avait des cris dérivés des symboles héraldiques. Tel est le cri des comtes de Flandres : Flandres au Lyon ! et celui de la maison de Waudripont : Cul à cul Waudripont ! allusoire aux deux lions adossés ornant le bouclier des seigneurs de Waudripont ou Wattripont.
Quelquefois les souverains ont crié le nom de la capitale de leurs états. Philippe Mouskès nous dit que l’empereur Othon cria : Rome ! à la bataille de Bouvines, en les vers suivants :
Li roi Othe pour son reclaim
Cria Roume trois fois s’enseigne,
Si come proesse li enseigne.
Les communes criaient ordinairement le nom de la ville principale de leur pays. Les Avalois, habitants des environs de Cologne, crièrent, suivant Philippe Mouskès, à la bataille de Bouvines : Cologne ! C’est ce qui ressort du vers suivant : Li Avalais crient Coulougne.
Les Flamands révoltés contre leur prince, comptaient beaucoup de Gantois dans leurs rangs et criaient, suivant Froissart : Gand ! Gand !
Les bannerets avaient le privilège du cri de guerre que l’on appelle cri d’armes, qui leur était particulier et leur appartenait privativement à tous les bacheliers, comme ayant droit de conduire leurs vassaux à la guerre et d’être chefs de troupes et d’un nombre considérable de gens d’armes. Tous les gentilshommes et tous les nobles n’avaient pas le droit au cri d’armes ; c’était un privilège qui n’appartenait qu’à ceux qui étaient chefs ou conducteurs de troupes et qui avaient bannière à l’armée. De cette façon, il y avait, sur le champ de bataille, autant de cris que de bannières. C’est de cet usage que Guillaume Guiart a dit en 1195
Et roissiez crier Montjoie,
Que la bataille ne rensaingne,
Saint Pol, Ponti, Drues, Chainpaingne,
Melun, Bourgoingne, Ferriens
Et autres diverses banuieres.
Ainsi le terme de crier bannière et crier les enseignes est parfaitement justifié.
Le cri général se prononçait unanimement par tous les soldats en même temps et avant d’en venir aux mains avec l’ennemi ou plutôt à l’instant de la mêlée en se précipitant sur les bataillons. Ces cris étaient poussés avec vigueur et allégresse.
Aux assauts des villes et au moment de l’escalade des murailles, on exprimait le cri général ; au siège d’Antioche, les croisés crièrent : Dieu le veult ! À celui de Jérusalem les mêmes guerriers crièrent : Deus adjuva, Deus vult !
À la prise de Luxembourg par les Bourguignons, les soldats y crièrent Bourgongne ! d’après les vers manuscrits du temps :
Meantmoins par subtile maniere,
Prit-on la ville en toutes parts,
Et au prendre eut mainte bannieres
Desploiées, et tant d’estendars,
Tant de glaives et tant de dars,
De lances en la compagnie,
Qu’ils bouterent hors les soldats,
En haut criant Ville gagnie.
Puis pour au chef de la besongne
Accroistre le nom en tous lieux
Crioient : Bourgongne ! Bourgongne !
Trestons ensemble qui mieux mieux.
Le chroniqueur Froissart relate le fait d’un chevalier banneret commandant plusieurs bannières ou compagnies, comme le plus âgé ou le plus qualifié, et envoyé pour attaquer une place. Le cri de ce banneret fut général pour tous ceux qui étaient sous ses ordres.
Quelquefois, le cri était une demande d’aide ou de secours. Au dire du même Froissart, le comte de Flandres descendit au marché de Bruges, escorté par un grand nombre de falots, afin de tenir tête aux Gantois qui s’étaient emparés de la ville et cria : Flandres au lyon au comte !
Nous voyons aussi qu’à la bataille de Mons-en-Puelle, en 1304, le roi Philippe le Bel, voyant que les Flamens avoient jà tué deux bourgeois de Paris, qui à son frein estoient, et messire Gilbert de Chevreuse qui gisait mort devant luy, l’Oriflambe entre ses bras, s’escria le noble roy Montjoie Saint Denys ! et se ferit en l’estour (1).
Ces cris étaient appelés : cris à la recousse.
Non seulement on proférait le cri général au commencement de la bataille, mais encore, chaque soldat criait le cri de son capitaine et chaque cavalier celui de son banneret. C’est ce qui eut lieu au combat du Pont de Comines, en 1382, où une petite troupe de cavaliers français, sous la conduite du maréchal de Sancerre, attaqua un grand nombre de Flamands. En nous parlant de ce combat Froissart dit : Là crioit-on : Saint Py, Laval, Sancerre, Anguien ! et autres cris qu’ils crièrent dont il avoit gendarmes.
La Chronique de Flandres rapporte la rencontre près de Ravensberg, en Flandres, vers l’an 1303, en ces termes : Aussi-tost que le comte Othe (de Bourgogne) et les autres hauts hommes les virent approcher, incontinent férirent à eux chascun criant son cry à haute voix et commença l’estour mult crueux. (2)
On prononçait encore le cri des chevaliers lors des tournois, lorsque les jouteurs allaient entrer en champ clos. Georges Chastellain cite plusieurs exemples en son Histoire de Jacques Lalaing, chevalier de la Toison d’or.
On proférait aussi le cri du seigneur prédominant, lorsqu’on arborait la bannière au château de son vassal, lorsque ce dernier lui rendait hommage. Un titre de l’an 1245, contenant l’hommage de Signis, veuve de Centulle, comte d’Estrac, et de son fils Centulle, au comte Raymond de Toulouse, dit que le viguier de Toulouse, sur l’ordre du comte, monta au donjon principal et que là, il arbora sa bannière ratione et jure majoris dominii ; puisqu’il y fit préconiser et crier à haute voix le cri de guerre du comte, qui était : Tolose.
En présence de la défense faite aux puînés de porter les armes de famille sans brisure, ceux-là ne pouvaient prendre le cri qu’en le modifiant sensiblement ; toujours en vertu du principe qui réservait à l’aîné seul, le droit de porter les armes pleines, le nom et le cri de race.
Les comtes d’Artois, suivant les Provinciaux (manuscrits), criaient : Montjoye au blanc esprevier ! ou Montjoye au blanc épervier ! en souvenir de l’épervier dont le roi Philippe le Bel fit présent, en 1293, à Robert ii comte d’Artois, sauf à lui rendre hommage pour son comté.
Il fut donc d’usage, chez les puînés des grandes maisons, de proférer le cri du père, en y ajoutant le nom d’une seigneurie ou d’un fief.
Mais, depuis que le roi de France Charles vii (1429-1461) eut établi des compagnies d’ordonnance ou milices permanentes et dispensé les grands feudataires de faire la guerre en y conduisant leurs vassaux, sous leurs bannières, l’usage du cri d’armes fut définitivement abandonné.
D’après cette dissertation, on peut conclure que le cri d’armes est bien différent du tessara des Latins, du […] des Grecs et du mot du guet des Français, quoique ces locutions consistent dans la prononciation de certains mots destinés à reconnaitre les partis. (Glossarium, par du Cange. — Dissertation sur les cris d’armes, tome vii.)
d’après le Dictionnaire archéologique et explicatif de la science du blason
Comte Alphonse O’Kelly de Galway — Bergerac, 1901
CRI. Dans la suite de cet ouvrage, un chapitre spécial est réservé, à ce mot d’ordre, de guerre, et de ralliement, dont l’exposé demande un long développement historique ; bornons-nous à faire remarquer que le Cri diffère de la devise par sa brièveté et que comme cette dernière, il figure généralement sur les timbres, parmi les ornements extérieurs de l’écu, et est inscrit sur une banderole.
d’après l’Alphabet et figures de tous les termes du blason
L.-A. Duhoux d’Argicourt — Paris, 1899
CRI D’ARMES, CRI DE GUERRE, subst. masc. Certains mots, certaines paroles en usage chez nos premiers Français et chez les autres peuples de l’Europe pour animer les soldats au combat, ou pour se faire connaître dans les batailles et dans les tournois. Voyez Guerre.
Le Cri le plus ordinaire des princes, des chevaliers et des bannerets, était leur nom ; quelques-uns ont pris le nom des maisons dont ils étaient sortis, d’autres celui de la ville dont ils portaient la bannière. Outre cette espèce de Cri, on en distingue encore de sept sortes :
1° Le Cri d’invocation. Les seigneurs de Montmorency criaient Dieu aide ; ensuite Dieu aide au premier chrétien ;
2° Le Cri de résolution, comme celui que prirent les croisés : Diez le volt, c’est-à-dire Dieu le veut ;
3° Le Cri d’exhortation, tel que celui du seigneur de Clermont-Montoison, à qui Charles VIII cria : À la rescousse, Montoison ;
4° Le Cri de défi, comme celui des seigneurs de Chauvigny : Chevaliers pleuvent, c’est-à-dire viennent en foule ;
5° Le Cri de terreur. Celui des seigneurs de Bar était : Au feu ! au feu ! et celui des seigneurs de Guise : Place à la bannière ;
6° Le Cri d’évènement, comme, celui des seigneurs de Prie : Cant l’oiseau, parce qu’un seigneur de cette maison avait chargé l’ennemi dans un bois où chantaient des oiseaux
7° Le Cri de ralliement, comme celui de France : Montjoye, Saint-Denis, c’est-à-dire ralliez-vous sous la bannière de Saint-Denis.
L’aîné seul pouvait porter le Cri de guerre de sa maison, les puînés y faisaient quelques changements. Ainsi les ducs de Bourgogne de la maison de France criaient : Montjoye au noble duc ! ou Montjoye Saint- Andrieu ! Voyez Montjoye Saint-Denis.
de Recourt, en Champagne : bandé de vair et de gueules ; au chef d’or. Devise : Audacter et sincere. Cri d’armes : Aux châtelains.
de Melun de Brometz, en Picardie : d’azur, à sept besants d’or. Devise : Virtus et honor. Cri de guerre : A moi, Melun !
d’après le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France
Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842)  — Paris, 1816
 
Notes de bas de page :
(1) Estour veut dire, en langage moderne : combat.
(2) Crueux, en langage moderne : cruel.

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 13 février, 2007 |3 Commentaires »

Odon de Deuil conseiller des Croisades

templar13.jpg

 

« De profectione Ludovici VII in Orientem« 

Odon de Deuil conseiller des Croisades dans L'ordre des Templiers espace01

« Il y avait en dehors des murs de Philippopolis un noble bourg de Latins, lequel fournissait à tous les arrivants, et à prix d’argent, tout ce dont ils avaient besoin, et en grande abondance. Là les Allemands prirent place dans des tavernes, et par malheur survint parmi eux un bateleur, qui, quoiqu’il ignorât leur langage, s’assit aussi, paya son écot, et se mit à boire.  Après qu’il se fut longuement gorgé, il tira de son sein un serpent ensorcelé qu’il portait, et mettant un verre par terre, il posa le serpent sur ce verre, et se mit à faire toutes sortes de tours d’escamotage, au milieu de gens dont il ne connaissait ni les mœurs ni la langue. Les Allemands croyant voir des prodiges, se levèrent tout à coup en fureur, et se jetant sur le bateleur le déchirèrent en mille pièces.  Imputant le crime d’un seul à tous, ils dirent que les Grecs avaient voulu les tuer par le poison. L’agitation répandue dans le faubourg passa dans la ville, et celui qui y commandait sortit alors, sans armes, mais en toute hâte, suivi de tous les siens, pour chercher à apaiser le tumulte. Troublés par le vin et par leur fureur, les Allemands ne regardèrent pas si les autres portaient des armes, mais les voyant accourir, ils se jetèrent dans leur colère sur ceux qui venaient apporter la paix, croyant qu’ils voulaient venger le meurtre d’un homme. Les autres alors prirent la fuite, et se retirèrent dans la ville; puis prenant leurs arcs, car ce sont là leurs armes, ils sortirent, mirent en fuite ceux devant qui ils avaient fui, tuèrent, blessèrent, et ne s’arrêtèrent enfin qu’après avoir chassé du faubourg tous les Allemands. Il en périt un grand nombre, et principalement de ceux qui s’étaient réfugiés dans des maisons ou dans des cachettes pour sauver leur argent. Ensuite cependant ayant repris courage, et s’armant de nouveau, les Allemands revinrent pour venger leurs hommes et la mort de leurs compagnons, et brûlèrent presque tout ce qui était en dehors des murs » .

« Ces Allemands étaient insupportables, même pour les nôtres. Une certaine fois quelques-uns des nôtres, voulant éviter l’incommodité de la foule qui se pressait autour du roi, prirent les devants, et se logèrent auprès des Allemands.  Les uns et les autres allèrent au marché, mais les Allemands ne voulurent pas souffrir que les nôtres achetassent quelque chose, avant qu’eux-mêmes eussent pris amplement tout ce qu’ils désiraient. Il en résulta une rixe, avec des clameurs épouvantables; car les uns n’entendant pas les autres, chacun criait à tue-tête, et parlait sans se faire comprendre. Les Français donc, frappant et étant frappés, sortirent cependant du marché, emportant aussi des vivres. Mais les Allemands qui étaient fort nombreux, dédaignant l’orgueil de cette poignée de Français, prirent leurs armes, s’élancèrent sur eux avec fureur, et ceux-ci s’étant armés de leur côté, leur résistèrent vigoureusement. Dieu mit un terme à cette lutte criminelle, en faisant bientôt survenir la nuit. Mais la nuit même ne put éteindre ni même calmer les transports des Allemands, et le lendemain matin ils se levèrent pour recommencer avec plus de violence encore. Leurs sages se roulèrent aux pieds de ces insensés, et parvinrent enfin à les arrêter à force de prières et de représentations. Ainsi les Allemands, marchant en avant, répandaient le trouble partout; en sorte que les Grecs fuyaient devant notre armée, qui s’avançait après eux, quelque pacifique qu’elle fût » .

« L »armée de Conrad poursuivit ensuite sa route jusqu’à Constantinople, où elle devait attendre l’arrivée des Français. Le 7 septembre, les croisés campèrent près de la rivière Mêlas à Choerobacchi, dans une plaine fertile. C’est à ce moment que se produit une grave catastrophe: la nuit venue, alors que tous dormaient dans leur tente, une faible pluie commença à s’abattre sur le camp. Bientôt, un terrible vent se manifesta et la pluie se transforma en déluge. La rivière tout près déborda rapidement de son lit et s’étendit sur la plaine, inondant le camp et transportant tous les bagages et les vivres. Plusieurs hommes et animaux périrent dans le déluge, au point où les Allemands croyaient fermement être les victimes d’une punition divine » .

« Revenons maintenant à notre roi, qui recevait presque tous les jours de nouveaux députés de l’empereur, et se plaignait en même temps de ne pas voir revenir les siens, ignorant entièrement ce qu’on faisait à leur égard.  Les députés de l’empereur donnaient toujours de bonnes nouvelles, mais ne les confirmaient pas par les faits; et d’ailleurs on ne les croyait pas, parce que tous employaient toujours en commençant ce même langage d’une excessive adulation. Le roi recevait leurs polychromies [acclamations, adulation],  mais sans en faire aucun cas. C’est ainsi qu’ils appellent les révérences qu’ils adressent non seulement aux rois, mais même indistinctement aux hommes les plus considérables, courbant très bas la tête et le corps, ou bien mettant les deux genoux en terre, ou même encore se prosternant de toute la longueur de leur corps. Quelquefois aussi l’impératrice écrivait à la reine; et de plus, en ce temps, tous les Grecs étaient comme brisés et changés en femmes, renonçant à toute force virile dans leur langage aussi bien que dans leur cœur. Ils nous promettaient par serment et avec légèreté tout ce qu’ils pensaient que nous pouvions désirer: mais ils ne réussissaient point à nous inspirer de confiance, ni à garder pour eux-mêmes la moindre dignité. Car c’est chez eux une opinion généralement reçue qu’on ne saurait reprocher à personne le parjure qu’on se permet pour la cause de l’empire sacré » . 

« Que personne ne pense que je poursuis injustement une race détestable, et que j’invente, en haine de ces hommes, des choses que je n’ai point vues. Quiconque aura connu les Grecs, et sera interrogé sur leur compte, reconnaîtra que, lorsqu’ils tremblent, ils s’avilissent dans l’excès de l’abaissement, et que, lorsqu’ils prennent la supériorité, ils s’enorgueillissent en opprimant durement ceux qui leur sont soumis » .

« Pour se venger de la perfidie de Manuel, certains membres de l’armée proposèrent à Louis d’attaquer Constantinople conjointement avec le roi de Sicile, Roger II. Louis, toutefois, ne retint pas leur avis et se rendit à la capitale byzantine le 4 octobre 1147. Malgré les tensions entre les deux souverains, Louis fut reçu splendidement et cérémoniellement par Manuel » .

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 12 février, 2007 |1 Commentaire »

Vous avez dit Chevalerie ?

templar5.gif

 

Un chevalier était d’abord un guerrier, « sicarius », « buccellarius », « gladiator », puis remplaçant tout les autres termes : un « miles ». Il était protégé au départ par un haubert (cotte de mailles constituée de centaines de petits anneaux de métal) , par dessus laquelle, il portait un surcot, « broigne », « gambison », qui abritait le haubert du soleil et de l’eau. Le gambison est une sorte de pourpoint, faite de toile et fortement rembourrée sur le dos, la poitrine et les jambes.
  

C’est à partir de l’époque Carolingienne (VIIIème siècle) que les cavaliers lourdement armés devinrent une vraie pièce maîtresse du dispositif militaire.

Les sources latines les appellent « milites » les opposant aux gens à pied « pedites »

Guillaume « le Conquérant » ou Godefroy de Bouillon l’emportèrent ainsi, grâce à la valeur et à l’ardeur de leurs chevaliers.
 

Ils n’étaient pas seulement des militaires au service des princes et des rois mais souvent compagnons d’armes de ces même princes et faisaient en majorité partie de l’aristocratie guerrière. Depuis leurs enfances, ils se préparaient au  métier des armes.
 

Le cavalier du Xème siècle

Sous la cotte d’armes nous trouvons une tunique longue, très colorée, descendant jusqu’au dessus des genoux.

Les jambes, non armées, sont couvertes de chausses en peaux.

Aux souliers, sont attachés les éperons.

La cotte se réunit au casque par un couvrenuque.
 

Le cavalier du XIIIème siècle

L’habillement du chevalier du XIIIème siècle gagne en élégance.

La cote d’arme d’étoffe ne descendant qu’au-dessus des genoux couvre entièrement le haubert de mailles, dont les manches seuls restent apparentes.

Le capuchon de mailles tient au haubert et est serré à la hauteur des tempes par une mince courroie bouclée ou nouée par derrière.

Les gantelets de mailles tiennent aux manches et peuvent laisser la main libre au moyen d’une fente pratiquée au poignet.

Le ceinturon, large, pendant, est retenu par une ceinture qui serre la taille.

Les jambes sont, ainsi que les pieds, revêtus de chausses de mailles.
 

Extrait de l’encyclopédie médiévale de Viollet le Duc
 

Le cavalier du XIVème siècle

Vers le début du XIVème siècle, la cotte de maille fut recouverte de plaques d’acier. Elle pesait entre vingt et vingt cinq kilos et protégeait la poitrine, les cuisses.

les genoux et les bras. Le chevalier se battait à cheval essentiellement au moyen d’une lance et d’une épée (son bien le plus précieux à qui il donnait un nom), en groupes rangés, autour d’un « dominus », d’un prince.

Ainsi monté, il ressemblait a une forteresse vivante.

Néanmoins, la moindre blessure infectée pouvait entraîner la mort car la médecine de l’époque était restée dans l’ignorance.

A noter que le cheval est « houssé » . Ainsi, la housse d’étoffe n’est pas un simple ornement : elle préserve efficacement le cheval des traits d’arbalète et même des coups d’épée.
 
 
L’armement du chevalier

Sous son haubert de maille, « osberc », « hauberc », « haubergeon », une tunique, habituellement à capuchon, de près de vingt mille anneaux, totalisant douze kilos, nous trouvons le « gambesson » ou « gambison » (c’est un habit matelassé qui sert à amortir le choc des coups divers, du XIIème, XIIIème et XIVème siècle) . 
 
A noter que le haubert de mailles est le vêtement le plus important du chevalier.
 

Par dessus tout cela, le chevalier porte une cotte, « cote », « turnicle », « cortelle », « surcot ». Cette cote d’armes (faite de soie assez forte : « cendal ») est, à proprement parler, la tunique d’étoffe ou de peau que l’on pose, à partir de la fin du XIIème siècle sur le haubert de mailles. Elle permet d’empêcher le soleil d’échauffer le tissu de fer, ou la pluie de pénétrer trop facilement. Elle n’a pas d’intérêt défensif pour l’armure. A partir du XIIIème siècle, on voit ces cottes armoyées, c’est à dire chargées de pièces du blason de ceux qui les portent.

Pour protéger le cœur et les cotes, le plastron est l’élément de protection indispensable au chevalier. Plus haut, le camail est la pour protéger la tête et le cou du porteur.
  
Sous son heaume, « helme », « hiaumet », « yaume », une armure de tête qui n’apparaît proprement dit qu’à la fin du XIIème siècle (lourd de trois kilos), le chevalier porte un bonnet molletonné qui amortit et protége des coups venant par le haut.
Par dessus son haubert de maille, il porte une broigne (trois kilos) . 

On la fabrique en cuir, riveté des carrés de cuir, de fer, ou d’os pour mieux parer les coups.
 
La lance, « hauste », à dater du XIème siècle est essentielle pour le cavalier. La hampe, dont la longueur, ne dépasse pas trois mètres (9 pieds), atteint 5 mètres (15 pieds), vers la fin du XIVème siècle.

Lorsque le cavalier ne combat pas, le bois de la lance repose sur l’étrier droit. En pleine action et bien menée, les gens de pied ne pouvaient soutenir son choc redoutable.

Dès que les lances étaient rompues, pendant les charges, alors le chevalier mettait la main à son épée.
 
Son épée, « branc » (deux kilos en moyenne) est l’arme principale autant pour l’attaque que pour la défense. C’est aussi l’arme qui représente le mieux la noblesse.

Pendant la seconde moitié du XIIIème siècle, il y a deux genres d’épée : les épées longues à lames légères et cannelées servant pendant le combat à cheval et les épées à lames lourdes et à section quadrangulaire servant à pied. Les premières sont de taille et les secondes sont d’estoc.
 
L’écu « escu », « targe », « bouclier », (trois kilos) sert à se protéger du devant.

 Écu Normand, en forme d’amande du XIIème siècle : 1.30mx36cm
 Écu français du début du XIIIème siècle : 1.50m de hauteur.
 Écu français du milieu du XIIIème siècle : 1m de hauteur maxi.
 

A la fin du XIIIème siècle et au début du XIVème siècle, les blasons peints sur les écus sont bien lisibles, de telle sorte « qu’on put les voir de loin » .

Il est suspendu au cou du chevalier ou en bandoulière part une courroie, appelée « guige » ou « giche » .

Au début du XIIème siècle, l’écu circulaire ou en forme d’amande apparaît.

Puis, il dut diminuer de hauteur pour ne pas embarrasser le cheval.

Vers 1300, l’écu devient un triangle équilatéral et n’a guère plus de 60 centimètres de largeur sur 60 centimètres de longueur.
 

Les tournois

Des règles simple mais strictes furent observés des les premiers tournois qui étaient des batailles entres deux camps de chevaliers. Il ne fallait pas blesser le cheval, touché l’adversaire aux jambes était une maladresse.

Pour gagner la joute, il fallait désarçonner son adversaire, briser sa propre lance sur l’écu de l’autre. Seuls les chevaliers et leurs écuyers étaient autorisés a pénétrer dans l’arène et il était interdit aux spectateurs d’avoir des armes. Ainsi dans les tournois, le vainqueur recevait une forte somme et aussi les armes des vaincus.

De plus il recevait les honneurs de la dame pour laquelle il s’était battue, les couleurs de la dame, à son bras. A la guerre, la capture des chevaliers représentait de fortes sommes (la rançon), les simples soldats, eux, sont tués sans pitié.

 Armes et chevaux (le prix de quatre-vingt fantassins) leur appartenant, ils ont des pages, des écuyers et des valets d’armes à leurs services. Ils possèdent des terres, en général des fiefs, qu’ils transmettent sous certaines conditions à leur descendance.
 

Le page et l’écuyer

Le page : garçon destiné à devenir chevalier, envoyé vers sept ans dans une autre famille noble.

Il sert à table, apprenant ainsi les bonnes manières, aide le seigneur à s’habiller le matin, puis apprend à monter à cheval et à se battre à l’épée (entraînement durant de longues heures à l’épée en bois) .

L’écuyer : vers quatorze ans, le page devenait alors écuyer d’un chevalier. Il suit son seigneur au combat et l’équipe pour la bataille, s’occupe de ses chevaux et de son armure.

La plupart des écuyers devenaient chevaliers vers vingt et un ans. Toutefois, un écuyer pouvait devenir chevalier sur-le-champ, s’il avait fait preuve de grande bravoure au combat. L’écuyer passait de longues heures à s’entraîner aux joutes à l’aide d’un bouclier en bois pivotant, la « quintaine », lui servait de cible.
 
L’adoubement

En raison même de la compétence militaire qu’impliquait l’état de chevalier, nul ne l’était de naissance. On devenait chevalier à la suite d’un acte volontaire et conscient qui s’insérait en général dans un rituel.

A la faveur de ce rituel, l’aspirant à la chevalerie, qualifié d’écuyer, devenait « chevalier nouveau » .

A partir du XIIème siècle, le rituel apparaît plus élaboré et étoffé de véritables liturgies, visant à donner tout sons sens dans l’adoubement. Vêtu d’une simple robe, baigné, rasé, le jeune homme qui allait devenir chevalier passait la nuit à prier dans la chapelle du château.

La nuit passée, changeant son vêtement pour de plus beaux habits, il se rendait dans la grande salle du château ou ses amis et sa famille l’attendait pour le féliciter.
 
  
Cérémonie souvent rapide, un chevalier (le parrain) faisait venir l’impétrant et le faisait chevalier « au nom de dieu et de saint Georges » en lui donnant « la colée », c’est à dire en le frappant au cou de la paume de la main, soit, plus tard, du plat de l’épée sur l’épaule.
 

Il recevait le baudrier de chevalerie (c’est une courroie servant à attacher l’épée « cingulum militiae »), les éperons (inventés en Asie, permettent de rester plus facilement en selle tout en combattant) et l’épée de la part de son parrain (en général, cadeau de son père ou du seigneur lui même) ainsi qu’un écu et une lance.

Puis le nouveau chevalier retournait à la chapelle ou le prêtre le bénissait ainsi que son épée.

Des fêtes Accompagnés d’exercice guerriers suivent l’intronisation dont le jeu de la quintaine (les jeunes chevaliers, après avoir été armés se précipitaient lance en avant pour abattre un mannequin d’osier, revêtu d’une armure, symbolisant l’ennemi) .

Ainsi, ils prouvent leurs vaillances et leurs hardiesse, mais surtout, leurs expériences. 
 
Idéal chevaleresque

L’église entend faire de l’entrée en chevalerie une cérémonie chrétienne presque un sacrement et tente par la même de limiter la guerre (conciles de paix, « limitation de la guerre » dont la paix de dieu « pax dei » et la trêve de dieu « tregua dei ») .

Le nouveau chevalier reçoit donc les bénédictions (« la veillée d’armes » ) et le serment pour sacraliser l’emploi de ses armes.

Les formules liturgiques employées rappelaient l’idéal chevaleresque, qui était sensiblement le même que l’idéal proposé aux rois : Le chevalier doit combattre pour le droit à la justice, être brave, généreux, protéger les clercs, les femmes, les faibles, les pauvres et faire preuve de chasteté, d’humilité et d’obéissance, se qui n’empêchera pas un grand nombre de chevaliers de faillir à leurs devoirs.

Saint Bernard, en un texte célèbre, fit l’éloge de la nouvelle chevalerie: « tout chevalier devait se muer en soldat du Christ, ne pas participer aux guerres injustes et tyranniques et réserver ses efforts contre les infidèles, à la croisade » .
Disciplina Militaris
La mentalité féodale n’était guère favorable à la discipline militaire. A partir du XIIème Siècle, des penseurs suggérèrent de reprendre le modèle romain et jugèrent que devenir chevalier impliquait de prêter serment d’obéissance au prince (l’aide et le conseil : « auxilium » et « consilium » ) .

En échange, le seigneur promettait de rendre à son vassal « bonne justice », c’est à dire de s’engager à défendre ses droits, de ne pas le léser et de le protéger contre ses ennemis sur son fief, concession qu’il détenait de ce seigneur.

Ce contrat entre les deux parties pouvaient s’interrompre en cas de mort ou d’infidélité du vassal ou du seigneur.
 
 Le vassal

  L’hommage 

Agenouillé devant son seigneur et les mains jointes (signe de soumission) placées dans les siennes qui sont ouvertes et prêtes à se refermer, il se proclamait son « homme », puis il prononçait le serment de fidélité, sur un livre sacré, ou une saint relique.

Alors le seigneur remettait à son nouveau vassal un objet qui représentait le fief qu’il lui confiait (de la terre, ou des brins de blé…)  : c’est l’investiture.
 
Le vassal est en premier lieu un guerrier qui doit assister son seigneur dans toutes ses expéditions militaires (service de l’ « ost ») . 

Il a aussi la charge de rendre à son seigneur « le service du conseil » en venant à sa « cour » et en étant juge à son tribunal. 

Il doit enfin lui fournir « l’aide aux quatre cas » .
 
L’aide aux quatre cas
 
1er cas Aide financière pour son seigneur lorsque celui-ci est fait prisonnier et qu’une rançon est demandée.
2ème cas Aide financière pour le mariage de la fille aînée de son seigneur.
3ème cas Aide financière pour l’adoubement du fils aîné du seigneur.
4ème cas Aide financière pour partir en croisade.
 
Les arbalétriers
 
 Au concile de Latran, en 1139, Innocent III interdit l’usage de l’arbalète, considérée comme « trop barbare et non digne des combattants chrétiens » (cette arme est autant redoutée par les hommes d’armes que par les chevaliers) .

La croisade relancera l’intérêt destructeur de l’arbalète, le roi de France, Philippe II « Auguste », et le roi d’Angleterre, Richard cœur de Lion, en autoriseront l’emploi contre les infidèles.

A la fin du XIIème siècle, l’arbalète devient une « arme de guerre », l’ arme du soldat à pied par excellence. Cette dernière dérive de l’arc (fait de deux pièces, la 1ère: un arc en bois ou en corne, la 2ème : l’arbrier, fait de bois, creusé dans le sens de la rainure) et permet un tir plus précis, son trait (ou carreaux « quarrel » : pointe à section carrée, carrelet : forme perforante mesurant en général de 15 à 30 centimètres et pesant en moyenne de 50 à 60 grammes) à courte distance, est plus puissant que la flèche elle même.

A noter que la cadence est son point faible, inférieure du fait que l’armement de la corde est plus long (2 traits, contre 10 flèches dans le même temps) .
 
 
Le trait empenné (mesurant au maximum 25 centimètres et fait de bois, de métal et de plumes), appelé « vireton » était bien meurtrier, les pennes imprimant une rotation en cours de vol, augmentant ainsi la précision et la portée (au maximum 150 mètres), une cotte de mailles était bien vite transpercée.
 
Le transport des traits, pointe en haut, se fait dans de petits carquois de bois, de cuir, ou peau, appelé « couire ». Le tout se porte à la ceinture.

En plein combat, l’arbalétrier est le plus vulnérable. Bien moins protégé (il ne porte pas de cottes de mailles), donc plus léger (sûrement pour avoir les gestes plus rapides et plus surs) .

Sa tête est protégée par un chapeau de fer (composée de plaques d’acier rivetées, ses bords larges protégent la nuque et les épaules) et un camail (pièce de mailles qui recouvre la tête, le cou et les épaules) .

Son bouclier, hors période de combat, est suspendu au cou ou au dos. Au combat, il est tenu sur l’avant-bras par des courroies « énormes » et sur sa face extérieure figure les armes du seigneur ou du prince pour lequel il combat), fait office de rempart à sa personne au moment d’armer l’arbalète, ainsi que sa jaque « gippon » (vêtement composée de toiles fortes cousues sur une matelassure de bourre ou de coton, protégeant quasiment des flèches et des coups d’épée, à manches longues, ou à manches courtes, descendant jusqu’aux genoux) .
 
Les routiers

    Souvent issues de la petite noblesse, de tous pays, les cadets de famille ou le plus souvent les « bâtards », deviennent par nécessité, des mercenaires offrant service à qui payera le bon prix.

Une « solde » leur est donnée, de là vient le nom de « soldats », et leurs bandes s’appellent des « routes », de là le nom de « routiers ».

Ces bandes se groupent en Compagnie « compaigne », ou l’on trouvent quelques chefs anglais et surtout des Bretons, des Gascons et des Espagnols.

Quand la guerre cesse, leurs revenus fondent au soleil et les routiers décident  généralement de poursuivrent leurs activités guerrières pour leur propre compte, attendant la reprise de la guerre, à leur campement.
 
L’organisation des Compagnies

Chacune à ses maréchaux-ferrants, ses bouchers, ses couturières, ses selliers, ses blanchisseuses, ses chirurgiens et aussi ses clercs pour tenir les comptes, rédiger les sommations adressées aux villages et aux châteaux, ainsi que les saufs-conduits vendus aux marchands.

A noter que toutes ces « corporations » pratiquent sous tente.
 
Voici comment Froissart fait parler un vieux routier en retraite

« Comme nous étions réjouis quand nous chevauchions à l’aventure et pouvions trouver sur les champs un riche abbé, ou un riche prieur, ou un riche marchand, ou une route (une troupe) de mulets, chargés de drap d’or ou de soie, de pelleteries, d’épiceries venant de Bruges, ou d’autres marchandises venant de Damas ou d’Alexandrie!. Tout était notre ou rançonné à notre volonté. Tous les jours nous avions nouvel argent. Les vilains d’Auvergne et de Limousin (pays ou opérait sa bande), nous pourvoyaient et amenaient en notre château les blés et la farine, le pain tout cuit, l’avoine pour les chevaux et la litière, les bons vins, les bœufs, les moutons, les brebis, tout gras, et la poulaille et la volaille… Nous étions étoffés comme des rois!. Et quand nous chevauchions, tout le pays tremblait devant nous… Par ma foi, cette vie était bonne et belle! » .
 

Licenciées après le traité de Brétigny, les Grandes Compagnies se répandent dans le royaume, ravagent et terrorisent les campagnes. L’épouvante se trouve à la porte des maisons!.

Le traité de Brétigny, signé le 8 mai 1360, découle de la défaite de Poitiers et de la captivité du roi de France, Jean II. Ce traité prévoit la cession en pleine souveraineté de l’Ouest du royaume de France au roi Édouard III, d’Angleterre.
 
 A noter que le traité de Brétigny est le premier grand traité de la guerre de Cent-ans.
 
 Charles V tente de se débarrasser des routiers en les envoyant en Hongrie contre les Turcs, mais le projet échoue.

Le roi charge alors Bertrand du Guesclin de les regrouper et de les emmener en Espagne. Celui-ci parvient à rassembler la plupart des Grandes Compagnies et ensemble, se dirigent vers l’Espagne. 

Ainsi, les Grandes Compagnies soutiendront la cause d’Henri de Trastamare contre Pierre le Cruel, avant de se disperser.
 
Les capitaines des grandes compagnies

En 1361, le connétable de France, Jacques de Bourbon, est battu et tué à Brignais par des routiers rebelles.
En 1362, Arnaud de Cervolle , capitaine d’origine périgourdine, (surnommé l’Archiprêtre car il perçoit des revenus de l’archiprêtré de Vélines) est au service de Charles V et avec Bertrand du Guesclin, tente de chasser de France les grandes compagnies. Arnaud de Cervolle commande donc un contingent de l’armée royale envoyée pour combattre les routiers en Bourgogne, mais celui-ci est écrasé par les écorcheurs, près de Lyon.

En 1364, Arnaud de Cervolle participe à la bataille de Cocherel.

En 1365, Arnaud de Cervolle prend le commandement des grandes compagnies qu’Urbain V et Charles V ont décidé, pour s’en débarrasser, d’envoyer combattre les Turcs en Hongrie. C’est un échec car ils ne peuvent traverser l’Allemagne.

En 1366, Arnaud de Cervolle est tué dans une querelle avec un homme d’armes, alors qu’il tentait une nouvelle fois de rassembler les bandes de routiers dispersées en Languedoc.

De 1390 à 1391, les dernières bandes sont anéanties dans le Massif central.

En 1410, le Castillan, Rodrigue de Vallandrando, arrive en France et se joint à la bande du seigneur de l’Isle-Adam, qui louvoie entre Armagnacs et Bourguignons. Il finit par se rallier au duc de Bourgogne. La rapidité de ses déplacements tient du prodige et l’épouvante qu’il suscite en fait presque un personnage de légende. Ses nombreux prisonniers faits à Anthon, lui assurent d’énormes rançons; les États du Dauphiné, en témoignage de reconnaissance, lui concèdent la seigneurie de Puzagnan, et Charles VII lui donne le titre d’écuyer du roi.

Vers 1430, fautes de guerres, les routiers, appelés les « écorcheurs », sèment dans les campagnes la terreur et tuent.

Entre 1430 et 1435, La bande de Rodrigue garde son autonomie, et tandis que les écorcheurs ravagent les régions de l’Est et du Nord-est, elle va exploiter le Centre et l’Aquitaine. Les sollicitations les plus vives lui viennent de Castille, où le roi Jean II et son connétable, Alvaro de Luna, sont menacés par une coalition féodale. Rodrigue passe en Espagne, écrase l’armée rebelle, et gagne le titre de maréchal de Castille.

En 1445, une grande partie des routiers est intégrée dans l’armée permanente de Charles VII. Les autres doivent se disperser.
 

Publié dans:VALEURS DE FRANCE |on 12 février, 2007 |1 Commentaire »

«Dieu vengera notre mort» — Jacques de Molay Maitre Templier

templar2.jpg

 

«Dieu vengera notre mort» — Jacques de Molay     

Pierre Rousseau, Historien et archiviste

Au début du IVe siècle, les pèlerinages sont déjà nombreux vers cette Terre sainte si chère aux chrétiens. Jérusalem ne cesse d’attirer les pèlerins qui se recueillent en grand nombre sur l’emplacement du Golgotha et sur le tombeau du Christ.

Mais au cours des siècles suivants, les musulmans s’emparent des Lieux saints. Diverses ententes entre musulmans et chrétiens permettent toutefois aux pèlerins de continuer à parcourir ces longues routes qui mènent à Jérusalem. Mais, les invasions turques, vers le milieu du XIe siècle, rendent désormais pratiquement impossible tout pèlerinage.

En 1095, le pape Urbain II appelle alors les chrétiens à la reconquête de Jérusalem et à la libération du tombeau du Christ. C’est le début des Croisades. Le souhait du pape se réalise quatre ans plus tard, lorsque, le 15 juillet 1099, les croisés s’emparent de la Ville sainte après un siège de quarante jours. Mais si les croisés tiennent Jérusalem, il n’en est pas de même pour la plupart des chemins qui y mènent. Toujours sous contrôle musulman, ces routes demeurent dangereuses pour les voyageurs chrétiens.

Ainsi, en 1118, Hugues de Payns, un chevalier champenois pieux et valeureux, fonde avec quelques compagnons un ordre de moines-soldats afin d’assurer la défense des pèlerins. Ils prennent le nom de «Pauvres chevaliers du Christ». Leurs services étant dès le départ fort appréciés, le roi de Jérusalem, Baudoin II, leur cède, bientôt, l’emplacement de l’ancien Temple de Salomon. Les membres de l’ordre adoptent alors le nom de «Chevaliers du Temple» ou plus simplement Templiers.

Au cours des deux siècles que durent les Croisades, ces soldats du Christ, en plus de fournir une aide constante aux pèlerins, participent à de nombreuses batailles. Mais avec les années et parallèlement au combat qu’ils mènent en Terre sainte, les Templiers s’enrichissent énormément. Comme Cluny et Cîteaux avant eux et les ordres mendiants après, les ordres militaires, particulièrement les Templiers, connaissent l’engouement des fidèles et reçoivent ainsi de nombreuses donations. Par exemple, de grandes familles seigneuriales pourront léguer des domaines entiers avec tous les revenus qui leurs sont rattachés. La grande renommée de courage et de droiture qui sera pendant longtemps celle des Templiers fera en sorte de multiplier ces donations.

Tant que les Croisades se poursuivent et que les richesses du Temple sont utilisées à la protection des pèlerins et à la défense du Saint-Sépulcre, personne ne proteste d’autant plus que les Templiers paient de leur vie ces responsabilités envers les Lieux saints. Mais l’opinion change après la perte définitive de la Terre sainte. De retour en Europe, ils ne sont bientôt plus perçus que comme de riches propriétaires qui, de surcroît, sont exempts de nombreuses taxes que le peuple, lui, doit payer. Cette baisse de popularité ne suffit toutefois pas à justifier le sort tragique qui les attend. Les motivations du roi de France pèsent assurément beaucoup plus lourd.

Les motifs qui pousse Philippe le Bel à faire arrêter tous les Templiers de son royaume ne sont pas clairs. Craint-il la présence d’une armée dévouée au pape sur son territoire; envie-t-il la richesse du Temple, lui qui est toujours en quête de revenus; croit-il vraiment aux calomnies colportées contre les Templiers; veut-il, en s’attaquant à une institution qui relève directement du pape, tenter de démontrer à ce dernier que dans son royaume le roi de France est le maître.

Quelle que soit la raison, le 13 octobre 1307 tous les Templiers de France sont arrêtés. Ils sont accusés, entre autres, de renier Jésus-Christ et de cracher sur un crucifix lors de la cérémonie au cours de laquelle les nouveaux membres sont reçus. Sous la torture, la plupart des accusés admettent tout ce que leurs bourreaux veulent leur faire avouer. Ces aveux et la pression exercée par le roi et son entourage incitent finalement le pape Clément V à abolir l’ordre. Il ne reste plus qu’à faire comparaître ses dignitaires.

Le 18 mars 1314, sur le parvis de Notre-Dame de Paris, Jacques de Molay, Hugues de Pairaud, Geoffroy de Charnay et Geoffroy de Gonneville sont condamnés à la prison à vie. Mais retrouvant leur courage, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay se lèvent aussitôt. Devant la foule stupéfaite, le maître proteste hautement et solennellement de leur innocence. L’ordre est saint et la règle du Temple est sainte, juste et catholique. Toutes les calomnies et les fautes qui leur sont imputées sont fausses. Ils n’ont commis qu’un seul crime, celui de se livrer à de faux témoignages dans l’espoir de sauver leur vie. Les deux dignitaires, pour être revenus sur leurs aveux, sont immédiatement condamnés à mort.

Le soir même, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay montent sur le bûcher. Alors que les flammes les entourent, Jacques de Molay prononce ces paroles qui sont aussi ses dernières: «Dieu vengera notre mort.» Moins d’un an plus tard, le pape Clément V et le roi de France Philippe IV le Bel, tous deux responsables à leur façon de la fin du Temple, meurent à leur tour.

Il est possible, bien que fort peu probable, que Jacques de Molay, certain de l’injustice de cette condamnation et confiant en la justice de Dieu, ait prononcé, voyant la mort venir, ces quelques mots demeurés dans la mémoire des siècles.

Par contre, une chose est sûre, ces deux disparitions ont bouleversé la population, d’autant plus que les ultimes protestations et la mort courageuse de Jacques de Molay et de Geoffroy de Charnay l’avaient beaucoup émue.

À partir de cette réalité, il est tentant de conclure que les contemporains virent dans ces deux morts le signe de la vengeance de Dieu contre ceux qui avaient injustement fait périr ses dignes serviteurs.

Publié dans:L'ordre des Templiers |on 12 février, 2007 |5 Commentaires »
123

Rackam |
Unité Dharma |
Thorgrime-le-rancunier |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Mon Chemin
| l'Islam Vrai
| Blog de l'Aumônerie Secteur...